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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 05:28
Photo L'Humanité - Léon Deffontaines sur un chalutier à Lesconil

Photo L'Humanité - Léon Deffontaines sur un chalutier à Lesconil

Léon Deffontaines, tête de liste PCF, et Fabien Roussel, secrétaire national, sont partis à la rencontre de la filière halieutique, frappée par une crise similaire à celle des agriculteurs. Ils ont ensuite tenu meeting à Quimper.

L'Humanité, 27 mars 2024 - Diego Chauvet

« J’ai fait mon apprentissage sur ce bateau de mes 12 ans à mes 17 ans », raconte Julien Le Brun à Léon Deffontaines, alors que les flots les secouent tous les deux, lors d’une sortie en mer. Cet armateur de 42 ans a repris ce chalutier qui a le même âge que lui. Puis le jeune apprenti pêcheur a pris de la bouteille, et a acheté huit autres navires. Celui qui fend les eaux sous leurs pieds part tous les matins à 5 heures, pour être de retour dans le port de Lesconil à 18 heures chargé de langoustines.

« Avec un bateau de cette taille, il faut en faire 15 tonnes dans l’année. C’est ce qu’on a fait l’an dernier. Les bonnes années, on peut en faire 20. » Une quantité nécessaire pour rentabiliser les sorties en mer, « à condition que le prix du gasoil n’explose pas », précise Julien. 42 ans, c’est vieux pour un chalutier au regard des normes requises. Il faudrait investir des centaines de milliers d’euros pour le moderniser.

L’Inizan, puisque c’est son nom, a bénéficié de quelques améliorations techniques, bien sûr. « Autrefois, il fallait quatre à cinq personnes pour une journée de pêche. Aujourd’hui, on part à deux », explique Julien. Mais le renouvellement de la flotte reste un véritable défi pour les pêcheurs bretons. « Il faut qu’on cherche tous les leviers pour aider la filière à changer ses navires », note le candidat communiste aux élections européennes. « On est encore à l’ère de la 2 CV, et l’État nous impose les normes de la dernière Mercedes », résume un autre pêcheur…

La filière halieutique menacée de disparition

Ce jour-là, le 26 mars, Léon Deffontaines est accompagné du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, dans le pays bigouden, au sud-ouest de la Cornouaille finistérienne. Leur visite démarre sur le port de Loctudy, où les attendent les professionnels de la filière halieutique (l’exploitation de ressources vivantes aquatiques), organisés au sein du Collectif pour le maintien de l’activité portuaire à Loctudy.

Car les nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontés menacent la survie même de leur activité dans la région (300 emplois). « Nous, nous sommes des artisans. On n’ira pas vendre des saucisses à Strasbourg ! » lance ainsi Bruno Mourrain, mareyeur (revendeur) local. La saillie peut sembler logique. Elle tient pourtant du défi face au marché organisé par l’Union européenne. Marie Le Guen, présidente de l’association Demain Saint-Gué, cite un exemple : « Nous n’avons pas de quotas pour les maquereaux. On n’a pas le droit d’en pêcher. »

Les pêcheurs de Loctudy observent donc des bateaux étrangers pêcher ces poissons juste sous leur nez pour les ramener en Écosse, où ils sont conditionnés puis renvoyés à la vente… en France. « On achète en Écosse, alors qu’on a des maquereaux juste devant nous. » « Et les palangriers ont peur parce qu’ils ont épuisé leur quota de lieu jaune, explique également Marie Le Guen. Le problème, c’est qu’il y a toujours du lieu jaune. Résultat, quand ils en attrapent, ils les rejettent morts à la mer. On gaspille du poisson à cause de ces quotas… »

« C’est la guerre des prix »

Les professionnels de la filière halieutique sont par ailleurs confrontés aux effets des traités de libre-échange. Des églefins venus d’autres mers sont vendus 12 euros le kilo, contre les 14 ou 15 euros des pêcheurs bigoudens. « Dans des plats de paella conditionnée, on va retrouver des moules du Chili », souligne Guillaume Nicolle, lui-même mytiliculteur et vice-président de l’association interprofessionnelle.

« C’est la guerre des prix », résume-t-il. Avec des conséquences : les jeunes tournent le dos à la profession, des bateaux sont envoyés à la casse, et remplacés par des subventions. « Il faut des années pour assurer la transmission », souligne Marie Le Guen. « Moins il y aura de marins, moins il y aura de savoir-faire. Et un jour, on ne pourra plus redresser la barre. »

Pour Léon Deffontaines et Fabien Roussel, cette visite a un air de déjà-vu, même si c’est leur première parmi les pêcheurs dans le cadre de la campagne des européennes. « Ça rappelle clairement la situation des agriculteurs », résume le secrétaire national du PCF. Avant de rejoindre une réunion publique qui a rassemblé 400 personnes à Quimper, Léon Deffontaines formule de premières propositions.

Il compte mener la lutte au Parlement européen pour « taxer les importations, et redonner un peu d’oxygène ». « Quand on parle de souveraineté alimentaire, on ne peut pas laisser de côté les produits de la mer. On mange de plus en plus de poisson, et c’est tant mieux », souligne Léon Deffontaines, pour qui il va falloir sauver la filière halieutique face à la « concurrence libre et très faussée ». Un combat qui se mène aussi à Bruxelles.

 

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