Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 16:15

 

Lampedusa : le PCF dénonce des politiques sécuritaires et égoïstes

Combien faudra-t-il de morts pour que les gouvernements européens et l'Union européenne s'aperçoivent que « l'Europe forteresse » est une impasse ?

Combien faudra-t-il de morts pour qu'ils s'aperçoivent que les murs, les barrières, pour empêcher l'immigration sont à la fois inhumains, coûteux et inefficaces ?

Combien de morts encore faudra-t-il encore pour que l'on prenne conscience que l'avenir est à la coopération, et non à la concurrence ?

Combien de morts encore pour que cesse la cynique hypocrisie des gouvernements européens qui versent des larmes de crocodiles sur les victimes des guerres mais leur refusent tout asile ?

 

Les peuples européens, eux, ne sont pas égoïstes. Les habitants de Lampedusa l'ont encore une fois prouvé en portant assistance aux naufragés et s'occupant des corps sans vie rejetés par la mer.

Mais la crise est prétexte à d'immenses reculs sociaux et démocratiques qui menacent la solidarité. La paix, la justice, la solidarité censés être aux fondements de l'Union européenne ne sont plus que des oripeaux qui cachent à peine la cruauté du marché et de la concurrence.

Le PCF et ses partenaires du Front de gauche ont dénoncé et dénonceront toujours des politiques sécuritaires égoïstes inhumaines.

 

Il faut répondre « humanité » à ceux qui risquent leur vie pour fuir la misère et la guerre. Il faut répondre « solidarité et coopération » avec les peuples du monde. La concurrence et le libre-échange portent des logiques criminelles parce qu'elles divisent et mettent en compétition les peuples. Il faut répondre « paix » pour que l'Union européenne et l'ONU usent de tout leur poids diplomatique pour mettre fin aux conflits ; et ne pas se contenter d'une politique de la canonnière, a fortiori quand elle est à géométrie variable.

 

logo

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 05:45
Naufrage à Lampedusa: la politique d'immigration de l'UE montrée du doigt
Des bateaux patrouillent pour tenter de retrouver les disparus après le naufrage au large de l'île de Lampedusa, le 3 octobre.
Des bateaux patrouillent pour tenter de retrouver les disparus après le naufrage au large de l'île de Lampedusa, le 3 octobre.
REUTERS/Enza Billeci

Par RFI

Selon le dernier bilan, le naufrage d'un navire de migrants clandestins qui s'est déroulé dans la nuit de mercredi à jeudi, a fait au moins 130 morts. Il s'agit de l'une des catastrophes les plus meurtrières que l'île italienne de Lampedusa ait connue. Alors qu'on dénombre encore 200 disparus, ce drame soulève une nouvelle fois la question de la politique migratoire répressive de l'Union européenne.

Avec notre bureau à Bruxelles,

Tous les pays riverains de la Méditerranée en appellent depuis dix ans à la solidarité des pays du reste de l'Europe. La règle qui prévaut depuis 2003 est en effet que les candidats à l'asile dans l'Union européenne n'ont le droit de déposer de demande que dans le pays par lequel ils sont entrés dans l'UE. Les pays du sud ont donc l'impression d'être laissés seuls face à un afflux de migrants de plus en plus important.

► À (RE)ECOUTER : Lampedusa, l’île des faux espoirs pour des milliers de migrants

Une série d'outils communs ont cependant été mis en place, parmi lesquels on peut citer des aides financières ou encore l'agence Frontex de surveillance des frontières

européennes. Il y a aussi un important volet de communication avec les pays de départ, en particulier les accords de réadmission par lesquels plusieurs pays du sud de la Méditerranée s'engagent à accepter le retour d'immigrés partis clandestinement vers l'Union européenne.

Les débats vont repartir de plus belle dès la rencontre lundi des ministres de la Justice à Luxembourg. Une rencontre où sera lancé le système Eurosur, destiné à repérer et à sauver les embarcations de migrants. Même si la Commission européenne souligne qu'il y a plus de candidats à l'asile en Allemagne ou en France que dans les pays méditerranéens.

« Couloirs humanitaires »

A la télévision italienne, la ministre de l'Intégration, Cécile Kyenge, originaire de République démocratique du Congo et première Noire dans un gouvernement italien, a réclamé l'instauration de « couloirs humanitaires pour rendre plus sûres ces traversées sur lesquelles spéculent des organisations criminelles ». Elle demande aussi des facilités administratives pour accueillir ces migrants.

 

Cecile Kyenge

Ministre de l'Intégration italienne

Nous sommes face à une situation d'urgence (...) C'est donc la responsabilité de l'Europe.

 

04/10/2013 par RFI

 

→ À (RE)LIRE : Les migrants africains souvent «aux mains de mafieux sans scrupules et racistes»

 
Partager cet article
Repost0
29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 19:25

 

20 ans après Oslo, il faut imposer le droit à l’autodétermination du peuple palestinien

Plateforme des ONG françaises pour la Palestine et associations membres - LA CROIX, samedi 28 septembre 2013

 

un drapeau pour Gaza...à Morlaix

Négocié en secret en Norvège et endossé par les États-Unis, l’accord devait ouvrir la voie à la paix entre les peuples israélien et palestinien, une paix fondée sur la coexistence entre deux États, la négociation devant porter sur les modalités d’application du droit international, dans un calendrier limité à cinq ans au plus.

Vingt ans plus tard, les Palestiniens ont certes célébré l’adhésion de l’État de Palestine aux Nations unies, mais en tant que simple État observateur, non-membre. Et la Palestine vit toujours sous occupation ; la colonisation israélienne s’y intensifie en toute arrogance et en toute impunité ; une ceinture de colonies sépare Jérusalem de son arrière-pays palestinien morcelé ; un réseau de murs annexe de facto à Israël une partie substantielle de la Cisjordanie, de ses terres, de ses ressources en eau en dépit des condamnations, jamais contraignantes, des Nations unies ; le contrôle israélien du territoire palestinien et des mouvements de population enclave les villes et villages, asphyxie toute vie économique et entrave toute vie sociale ou culturelle palestinienne ; la bande de Gaza survit sous blocus ; les bombardements et les morts parmi la population civile se succèdent ; les réfugiés palestiniens le demeurent, génération après génération.

La détention de plusieurs milliers de prisonniers politiques se poursuit dans les geôles israéliennes, otages d’une négociation à durée indéterminée. En Israël même, plusieurs dizaines de milliers de Bédouins palestiniens, citoyens israéliens, sont victimes d’un transfert forcé. Si l’occupation militaire reste la première préoccupation de la population palestinienne, le conflit intra palestinien entre le Fatah et le Hamas, qui se traduit par une division de la société, est une nouvelle source de difficultés.

Vingt ans après Oslo, le peuple palestinien s’enfonce dans un profond sentiment de désespoir et d’injustices, qui le condamne à poursuivre sa résistance contre la violation quotidienne de ses droits, à commencer par le principal, son droit à l’autodétermination.

Voici près de vingt ans, peu après la signature de cet accord intérimaire, plusieurs associations, en France, décidaient de faire converger leurs efforts pour contribuer, à côté de la résistance de la société palestinienne et des militants anticolonialistes israéliens, au rapport de force nécessaire à l’aboutissement des négociations.

Ensemble, dans la diversité de leurs vocations, de leurs histoires, de leurs cultures, de leurs pratiques, elles revendiquaient pour leur démarche commune une triple dimension : la défense du droit international, appelant le gouvernement et les élus de la République à mettre en œuvre les principes dont se réclame notre diplomatie ; la défense des droits de la personne humaine ; l’aide sinon au développement, du moins à la sortie du développement imposé par des décennies de confiscation et d’occupation. La Plate­forme des ONG françaises pour la Palestine était née.

Ses deux premières campagnes ont fondé son orientation. La première : obtenir une contribution financière de l’État français pour des projets dans trois domaines - l’agriculture, la santé et l’éducation -, en lien avec la plate­forme des ONG palestiniennes, PNGO, mais aussi les institutions de l’État palestinien se construisant sous occupation. La seconde : refuser l’impunité, obstacle majeur à la paix, en exigeant du gouvernement français qu’il respecte ses principes et renonce à accorder à l’économie d’occupation israélienne les bénéfices d’un accord d’association fondé sur le respect du droit international et des droits de la personne humaine, tant qu’Israël violerait ce droit.

Depuis, le monde a changé. Les États dits émergents ébrèchent la vision unipolaire de Washington, dont les stratèges militaires eux-mêmes reconnaissent que la pérennisation de l’occupation de la Palestine perturbe les ambitions régionales. Les peuples arabes se soulèvent contre des régimes dictatoriaux pour faire prévaloir la liberté et la justice. Un mouvement de solidarité interna­tional avec la Palestine se développe, autour de campagnes “Boycott, désinvestissement, sanction” (BDS) diversement déclinées.

Alors que l’Europe élargie à vingt-huit membres, condamne l’occupation et les pratiques israéliennes, elle continue de manière incohérente à donner des gages d’un soutien aux dirigeants successifs de Tel-Aviv. Ainsi, la politique européenne de voisinage (PEV) fait d’Israël depuis 2005 un quasi État européen bénéficiant de privilèges dans tous les domaines : commercial, économique scientifique, technologique, stratégique…

Nos gouvernements en appellent avec hypocrisie à la reprise d’une négociation directe, c’est-à-dire dans le seul tête-à- tête israélo-palestinien dont ces vingt dernières années ont montré qu’elle soumettait le droit du peuple palestinien au bon vouloir de la puissance occupante. Or, de la tribune des Nations unies à celle du Congrès américain comme sur le terrain, les dirigeants israéliens refusent un État palestinien dans les frontières de 1967, refusent le démantèlement des colonies et de l’ensemble des infrastructures coloniales qu’ils entendent annexer, refusent de restituer à Jérusalem son histoire plurielle et rejettent tout partage de souveraineté politique faisant de la Ville trois fois sainte la capitale des deux États, refusent toute reconnaissance de l’expulsion de 1947-1949 des Palestiniens devenus et restés réfugiés, et toute reconnaissance de leur droit au retour et à l’indemnisation.

Il est temps de sortir de ce cercle vicieux. Il est temps de mettre un terme à l’impunité et d’imposer le droit. L’Europe a décidé de rendre ses accords commer­ciaux conformes au droit international, en excluant les colonies israéliennes illégales des subventions, bourses et instruments financés par l’UE, en conformité avec le droit international et la législation de l’UE. C’est un premier pas dont nous nous félicitons. Mais pour rendre la paix possible, il faut conditionner la mise en œuvre de la politique européenne vis-à-vis d’Israël au respect par Tel-Aviv de ses engagements internationaux et du droit international. Il ne suffit pas de se déclarer “disponible” pour aider “le moment venu” l’État palestinien indépendant. Il faut faire advenir ce moment.

Pour sa part, c’est ce combat, celui du droit, celui de la paix, celui de la justice et de la liberté, que la Plate­forme des ONG françaises pour la Palestine entend continuer aujourd’hui, avec le soutien des citoyens français.



Signataires

Claude Léostic, présidente de la Plate­forme des ONG françaises pour la Palestine

François Picart, président de l’ACAT, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture

Taoufiq Tahani, président de l’AFPS, Association France Palestine solidarité

Salim Arab, président d’Amani, Association franco-palestinienne d’aide et de formation médicale

Guy Aurenche, président du CCFD-Terre Solidaire, Comité catholique contre la faim et pour le développement

André Sirota, président des CEMEA, Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active

Geneviève Jacques, présidente de la Cimade

Louis David, président du Comité Palestine Chateaubriant

Maurice Buttin, président du CVPR PO, Comité de vigilance pour une paix réelle au Proche-Orient

Bernard Salamand, président du CRID, Centre de recherche et d’information pour le développement

Philippe Valls, président d’Enfance réseau monde-services

Pierre Tartakowsky, président de la LDH, Ligue des droits de l’Homme

Régine Minetti, co-présidente du Mouvement de la Paix

Renée Le Mignot, co-présidente du MRAP, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les

Danielle Bidard-Reydet, présidente de l’association « Pour Jérusalem »

Danielle Moreau, présidente de Ritimo

François Soulage, président du Secours Catholique-Caritas France

Janine Forestier, présidente de Terre des Hommes-France

Jean- Guy Greilsamer et Pierre Stambul, coprésidents de l’UJFP, Union juive française pour la Paix

Partager cet article
Repost0
29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 19:25

 Vingt ans après Oslo, regard rétrospectif


Michel Warchawski, militant anti-colonialiste israélien. Co-fondateur du Centre d’Information Alternative (Jérusalem/Bethlehem) Journaliste et auteur de nombreux livres sur Israël et le conflit israélo-arabe

Publié le 20/09/2013 sur Médiapart

 

Le treize septembre 2013 marque les 20 ans du processus d’Oslo. Il nous a semblé que cela devrait être l’occasion d’une véritable réflexion politique non seulement sur le bilan de ces vingt longues années, mais aussi sur les différentes perspectives d’avenir que l’échec des promesses de ce processus ouvre pour la région. Nous avons demandé à plusieurs personnalités de contribuer par leur analyse à ce petit brainstorming. L’Agence Média Palestine, en partenariat avec l’Alternative information Center, publiera ces tribunes durant ce mois, sur l’espace club de Médiapart. (tiré de mediapart.fr)

Oslo est mort, tout le monde le reconnaît, alors pourquoi consacrer, vingt ans après, du temps et de l’énergie pour étudier son cadavre pourri ? C’est qu’en fait, le débat public et les initiatives diplomatiques régionales continuent à se servir de ses paramètres, y compris chez la plupart de ceux qui jurent dur comme fer qu’ils n’ont plus aucune pertinence.

Ce texte sera une espèce d’auto-critique combinée à une lecture du tournant global qu’a connu le monde au moment même où devaient être mises en œuvre les différentes clauses de ce qu’on a appelé « les accords d’Oslo ».

Au moment où le Premier Ministre norvégien annonçait, en Septembre 1993, la signature par les représentants de l’OLP et de l’État d’Israël d’une « Déclaration de Principes » dans la capitale de son pays, rare ont été les indifférents : si la grande majorité du public, y compris palestinien, vivait ce moment comme une grande fête, ou en tout cas, comme le début de la fin d’un conflit centenaire, une minorité se déclarait dès le départ hostile à ce qu’elle considérait comme une trahison, à la fois chez les Palestiniens et chez les Israéliens.

Le Centre d’Information Alternative, organisation palestino-israélienne dont j’étais alors le directeur, a connu à ce moment-là une de ses crises les plus aiguës, frisant même la scission entre « pro-Oslo » et « anti-Oslo ». Pro-Oslo – le mot est exagéré, car nous étions tous conscients qu’il s’agissait d’un mauvais compromis dans lequel les Palestiniens perdaient beaucoup. Mais que fallait-il faire, alors que le mouvement national palestinien se déclarait prêt à un compromis historique avec le mouvement colonial qui l’avait spolié de ses droits et de sa patrie ?

Pour les anti-Oslo, l’accord était un diktat que l’impérialisme américain pouvait imposer aux Palestiniens qui « avaient misé sur le mauvais cheval » (George W Bush) en s’alliant à Saddam Hussein, diktat qui les obligeait à renoncer à une grande partie de leurs droits (entre autres le droit au retour des réfugiés) et de leur terre (plus de 70% de la Palestine mandataire où se trouve l’Etat d’Israël reconnu, et donc accepté par l’OLP). Pour les dits pro-Oslo, au contraire, la « reconnaissance mutuelle » était un acquis pour les Palestiniens, et l’engagement pris par Israël de se retirer des territoires occupés en Juin 1967, le résultat de la lutte héroïque des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza au cours de l’Intifada (1987-1990).

En arrière-fond de ce débat, un moment historique très particulier, celui du basculement de l’ère de la décolonisation à celle de la guerre (globale permanente et préventive) de recolonisation du monde menée par les Etats-Unis et leurs alliés. L’ouverture du processus d’Oslo se fait dans le cadre global de la décolonisation, mais il échoue sous les coups de boutoir de l’offensive recolonisatrice des USA et de leurs alliés dont le Moyen-Orient est à la fois le laboratoire et la ligne de front.

Qu’attendaient la direction de l’OLP et ceux, dans le mouvement de solidarité qui se sont alignés sur sa position, de la Déclaration de Principes d’Oslo ? À la fois peu et beaucoup : la reconnaissance du fait national palestinien d’une part, et, de l’autre, l’ouverture d’un processus de retrait israélien des territoires occupés en 1967 qui, à terme, mènerait à la constitution d’un État palestinien indépendant sur 22% de la Palestine mandataire.

La reconnaissance a été obtenue, c’est incontestable. Quant à la décolonisation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, elle a effectivement débuté avec le retrait de Gaza et de Jéricho ainsi que le transfert progressif de l’administration des territoires occupés à une Autorité Nationale Palestinienne. Une force armée palestinienne s’est également mise en place avec le retrait des forces d’occupation israéliennes des villes de Cisjordanie et de la grande majorité de la Bande de Gaza.

Pourtant, dès le début, il y avait lieu de s’inquiéter des vraies intentions israéliennes : le calendrier n’a pas été respecté (Rabin : « il n’y a pas de dates sacrées ») et le passage garanti entre Gaza et las Cisjordanie n’a jamais vu le jour. En outre, et c’est un cas unique dans des négociations de paix, des milliers de détenus politiques n’ont pas été libérés, et les organisations palestiniennes – y compris celles avec lesquelles Israël menait les négociations – sont restées illégales.

Le pire est l’absence de contrôle de l’Autorité Palestinienne sur ses frontières. Or, il ne saurait y avoir de souveraineté sans contrôle de ses propres frontières.

Si on ne peut pas parler de souveraineté, on est alors obligé de reconnaître que l’issue du processus d’Oslo a été la mise en place d’un protectorat auto-administré mais pas indépendant, même si, depuis un an, l’immense majorité des pays du monde le reconnaissent comme État.

L’an 2000, est celui de la recolonisation, et de la reconquête par Barak et Sharon des maigres acquis matériels, territoriaux et symboliques d’Oslo. Le sort de Yasser Arafat en est le symbole, et ce n’est que grâce à Jacques Chirac qu’il n’a pas ete assassiné dans son quartier général de Ramallah. En ce sens, si, en 1993, Oslo a été le dernier avatar de la décolonisation, la reconquête de 2000 est à la fois le symbole de la recolonisation du monde et sa ligne de front. Les accords d’Oslo n’ont pas mis fin au processus de colonisation sioniste mais permis, au contraire, de l’accélérer, sans plus avoir à gérer le quotidien de près de quatre millions de Palestiniens et en déléguant une partie de la politique sécuritaire à des milices indigènes. La « lecture pessimiste » des Accords d’Oslo s’est avérée être la juste. En ce sens, vingt ans après, Oslo, comme avancée vers une indépendance palestinienne est bel et bien mort.

Le centre de gravité de la subversion au Moyen Orient n’est plus en Palestine, mais au Caire et à Damas. À présent, c’est l’avenir de la Révolution Arabe, prise comme processus long, avec ses avancées et ses reculs, ses périodes de démocratisation et ses restaurations, qui déterminera non seulement le destin du Peuple Palestinien mais la pérennité du projet colonial israélien.

Source : http://blogs.mediapart.fr/edition/accords-doslo-20-ans-apres/article/160913/michel-warchawski-vingt-ans-apres-oslo-regard-retrospectif

 

Partager cet article
Repost0
24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 18:21

 

Hier, avec 42,5 % des votes, le parti de la Chancelière Merkel est arrivé nettement en tête des élections législatives allemandes. La CDU ne bénéficiant pas de la majorité absolue, le scenario d'une nouvelle grande coalition avec le SPD est le plus probable. SPD et Verts refusent a priori toute coalition avec Die Linke, qui pourtant s'affirme comme troisième force politique du pays. C'est un choix qui tourne le dos aux besoins des classes populaires d'Allemagne et d'Europe.

Angela Merkel a dirigé d'une main de fer, avec la complicité des gouvernements et de la Troïka, l'application de l'austérité en Europe. Elle a utilisé la puissance de son pays pour protéger les intérêts de la finance et rendre intouchables les responsables de la crise. Elle a été à l'origine de la campagne d'intoxication idéologique contre le sud de l'Europe qui a divisé et fait monter les extrêmes droites. Sa réélection est une bonne nouvelle pour la finance mais une mauvaise nouvelle pour les peuples d'Europe.

Plus que jamais les Allemands et les Européens auront besoin de s'appuyer sur une gauche solidaire, unie et déterminée à porter une alternative claire pour un changement politique profond. Le Parti de la gauche européenne félicite Die Linke pour le bon résultat obtenu (8,6%). Son groupe parlementaire au Bundestag jouera un important rôle d'opposition et sera un appui pour les luttes. Les autres forces du PGE seront à ses côtés pour continuer à porter l'alternative, dans nos pays comme au niveau européen.

Partager cet article
Repost0
24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 18:11

 

Palestine : le PCF condamne l'agression de diplomates français et européens

palestine_12.jpg 

Marion Fesneau-Castaing, diplomate en poste au Consulat général de France à Jérusalem, a été malmenée par des soldats israéliens. Ceux-ci, ne respectant pas leur immunité, ont usé de violence à l’égard des diplomates français et européens. Ces derniers tentaient, dans la Vallée du Jourdain, d’apporter une aide humanitaire aux habitants de Khirbet Makhoul dont les maisons venaient d’être détruites par les Forces de Défense Israéliennes. Le PCF condamne cette agression.

La Vallée du Jourdain, en Cisjordanie, est située en zone C, zone sous contrôle israélien qui est donc, sur ces terres, puissance occupante. D’après la 4e Convention de Genève, la puissance occupante doit protéger les communautés sous sa responsabilité. Israël viole cette convention en poursuivant la destruction de maisons palestiniennes (524 depuis le début de l’année – statistiques de l’Ocha)

Devant une situation humanitaire catastrophique, des ONG soutenues par des diplomates européens ont voulu apporter une aide indispensable mais ils ont dû affronter la force la plus brutale, sûre de son impunité.
Une fois de plus nous ne pouvons que dénoncer ces pratiques qui détruisent tout espoir de paix. Nous demandons à la France de sortir du silence et de refuser cette humiliation et ce déni du droit international.

 

 

La France humiliée par l’armée israélienne d’occupation

http://www.france-palestine.org/La-France-humiliee-par-l-armee

 

déclaration de l'AFPS, dimanche 22 septembre 2013

 

Des diplo­mates euro­péens ont été mal­menés le 20 sep­tembre, à Khirbet al Makhoul dans la vallée du Jourdain par l’armée israélienne.

Ce groupe de diplo­mates qui accom­pa­gnaient un convoi de tentes et de vivres destiné à des Pales­ti­niens dont les habi­ta­tions avaient été démolies par l’armée, a été vio­lemment pris à partie par des soldats qui ont lancé des gre­nades assour­dis­santes pour le stopper.

Une diplomate fran­çaise, Marion Fesneau-​​Castaing qui pro­testait de son immunité diplo­ma­tique a été tirée hors de son véhicule et main­tenue à terre tandis que le matériel d’aide huma­ni­taire était confisqué.

En apportant une aide huma­ni­taire à une com­mu­nauté d’une dizaine de familles dont les habi­ta­tions avaient été rasées par les forces d’occupation, les diplo­mates étaient dans leur rôle et leur action plei­nement conforme au droit inter­na­tional et aux recom­man­da­tions des Chefs de mission de l’UE en poste à Jérusalem.

Si les chefs mili­taires se per­mettent de tels actes violant gros­siè­rement règles diplo­ma­tiques et droit huma­ni­taire, c’est qu’ils sont sys­té­ma­ti­quement habitués à une totale impunité.

Faut-​​il voir dans cet acte, la mise en exé­cution des menaces du ministre de la Défense israélien qui avait ordonné au général Eitan Dangot de "geler les contacts avec des repré­sen­tants de l’UE dans la zone C", ter­ri­toire pales­tinien sous contrôle total d’Israël ?

La France, dont nous ne doutons pas qu’elle pro­testera, doit le faire publi­quement. Elle ne peut se retrancher der­rière des obli­ga­tions de dis­crétion au nom d’une pré­tendue effi­cacité, alors qu’à travers sa diplomate elle a été déli­bé­rément humiliée.

Il revient au gou­ver­nement de prendre toute mesure appro­priée, y compris par le rappel de son ambas­sadeur à Tel-​​Aviv, pour obtenir de véri­tables excuses et l’engagement de laisser l’Union Euro­péenne pour­suivre ses actions huma­ni­taires sans entraves. Ne pas réagir avec la fermeté néces­saire ne ferait qu’encourager la répé­tition de ces actes indignes.

 

Une vidéo témoignage:

 

Partager cet article
Repost0
23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 05:34

 Grèce/Militant anti-fasciste assassiné : « Un pas de plus dans l'horreur »

 

Hier soir, un militant anti-fasciste grec a été assassiné par des nervis du parti d'extrême droite Aube dorée. Après l'agression de militants du Parti communiste de Grèce, ces neo-nazis ont fait un pas de plus dans l'horreur.

Le Parti communiste français apporte son soutien aux amis, camarades et à la famille de Pavlos. Il est solidaire des militants communistes grecs lâchement agressés. Il condamne vigoureusement les actes des militants d'Aube dorée et demande que cesse la complaisance, pour ne pas dire la complicité, d'une partie des forces de police et le silence assourdissant et l'inaction du gouvernement grec.

L'extrême droite, en Grèce comme ailleurs, profite de la crise pour exacerber les haines. Quand un peuple souffre quotidiennement des décisions de la Troïka, une partie de celui-ci peut être sensible aux appels à la haine. Seul un sursaut démocratique autour de Syriza et des démocrates peut permettre au peuple grec de sortir de l'ornière dans laquelle le gouvernement grec et la Troïka l'ont plongé.

Le PCF appelle au rassemblement demain 19h00, devant la Fontaine Saint-Michel avec nos camarades de Syriza et l'ensemble des forces démocratiques et anti-fasciste de France.

 

logo

Partager cet article
Repost0
30 août 2013 5 30 /08 /août /2013 12:10

Mar Moussa.

 

Mar-Moussa.jpg

 

Un vieux monastère fortifié sur le flanc d'une montagne rocheuse en bordure de désert.

On quitte la Syrie irriguée, utile et habitée: au loin à l'est, c'est Palmyre, la brillante ville antique qui accueille sous l'ère el-Assad une infernale prison de haute sécurité dont on ne revenait que rarement, puis la frontière irakienne.

Un endroit sublime, évoquant probablement, du moins dans mon imaginaire, l'atmosphère mystique du Sinaï. Je le vois dire la messe devant une poignée de personnes assises par terre sur des tapis et recueillies. La messe est faite dans le style dépouillé et austère du rite grec byzantin de l'église catholique syriaque, avec la voix caverneuse et forte du prêtre jésuite italien, dégageant une autorité et un charisme certains, dans la petite chapelle aux murs recouverts de fresques eschatologiques du XIII e siècle représentant le partage des élus et des damnés au jour du jugement dernier. 

Le père Paolo dirigeait ce monastère du bout du monde et au plus près d'un dénuement rapprochant du sacré, dédié à la prière, à la médidation, à la fraternisation, à l'hospitalité et à la compréhension réciproque entre le christianisme et l'Islam. 

Ce monastère abandonné, il l'avait rénové et revitalisé 30 ans avant, un monastère mixte avec des hommes et des femmes, ouvert aux musulmans et aux athées, aux gens proches du régime comme à leurs opposants et à leurs victimes.

J''ai eu la chance d'y passer  avec ma famille trois jours en 2010, huit mois avant le début de l'insurrection civique syrienne, et moi qui ne suis pas croyant, tout en étant très intéressé par la religion et l'histoire biblique, j'y ai vécu des moments d'émotion, de recueillement et de transport très forts. 

Nous avons pu y discuter avec des moines européens et syriens, un Allemand qui faisait le voyage à pied de Munich à Jerusalem, des Américaines engagées dans la défense des droits des Palestiniens, des Français faisant leurs études de sciences-politiques au Liban, une religieuse et des chrétiennes libanaises, un syrien musulman qui venait de sortir d'années d'emprisonnement après avoir été accusé à tort d'espionnage au profit d'Israël. L'accueil dans le monastère pour les hôtes de passage, touristes, syriens ou habitants du Proche-Orient, était offert généreusement. On dormait dans de petites chambres troglodytiques collectives, à l'extérieur du bâtiment central du monastère. Chacun pouvait donner une petite participation financière à sa convenance et suivant ses moyens, et tous participaient à la cuisine et au ménage.

La lumière et le silence, en ce lieu de retraite et d'ouverture à l'autre, à l'aube et au coucher de soleil, avaient quelque chose de surnaturel, ou nous ramenaient simplement au plus nu et au plus beau de la vie.

Je remercie infiniment le père Paolo et ses compagnons de la communauté monastique, à ce qu'il m'a semblé tous de fortes têtes dotés d'une riche personnalité et d'une vraie expérience des hommes et de la vie, de m'avoir permis de vivre ces moments de grâce uniques.

Le père Paolo, lui-même, était tout sauf l'image éthérée et féminine du "saint doux comme un agneau": sa manière de s'exprimer était virile, son rapport aux autres exigeant, je l'ai vu pousser une belle colère pour des raisons tout à fait prosaïques. En bref, il m'est apparu un homme tout à fait pratique, perfectionniste, extrêmement courageux, sans concession, doté très certainement d'une intelligence vive, d'un orgueil développé et d'une ouverture d'esprit hors du commun.

Quand je pense à la Syrie, à l'idéal de diversité culturelle et de préservation d'un héritage humain multi-seculaire qu'elle représentait pour moi, je revois Mar Moussa et les rencontres que nous y avons faites.

 

Evidemment, je suis profondément ébranlé quand j'y pense par ce que nous savons des souffrances inouïes vécues par les Syriens, vis à vis desquelles nous nous sentions investis d'une sorte de dette d'amitié et de joie.

Souvent cette pensée est tellement inacceptable - tout comme l'incertitude sur ce que sont devenus les gens que l'on a connu et apprécié - que, très lâchement, on évite  de la reveiller, de regarder les images des atrocités ou d'enquêter au jour le jour sur ce qui se passe.

C'est donc avec une grande curiosité que je me suis procuré le livre du père Paolo Dall'Oglio, le supérieur de Mar Moussa, qui raconte dans cet essai paru cette année aux très bonnes éditions de l'Atelier - "La rage et la lumière. Un prêtre dans la révolution syrienne" - les racines de son engagement religieux au service du dialogue inter-culturel et inter-religieux avec l'Islam, son expérience de la Syrie baasiste, les raisons de son implication et de ses prises de position aux côtés des révolutionnaires syriens et des populations musulmanes martyrisées par le régime de Bachar-el-Assad, ainsi que le quotidien des Syriens, engagés ou non dans un camp, dans la guerre civile et l'hyper-repression du régime.   

 

Paolo-Dall-oglio-un-pretre-dans-la-guerre_article_landscape.jpg

 

Au moment où se prépare une intervention contestée et aux buts peu définies de l'Amérique et de la France, soutenue par la Ligue Arabe et la Turquie, pour frapper des bases du régime et de l'armée - intervention qui est rejetée par certains au nom de la prudence, de l'anti-impérialisme et du droit à l'auto-détermination des peuples, voire de la lutte contre l'Islam politique et le djihadisme, pour une société arabe séculière, mais que le père Paolo appelle de ces voeux depuis plus d'un an, tout en étant loin de souscrire à la rhétorique de l'"Occident" ou des démocraties civilisatrices et de la guerre humanitaire - je voudrais partager avec les lecteurs du "Chiffon Rouge" des extraits de ce livre trans-genre vibrant d'humanité, d'intelligence et d'émotion, entre manifeste engagé, témoignage de guerre, autobiographie, livre de méditation morale, philosophique et théologique.

 

Le père Paolo raconte d'abord dans ce livre, alors qu'il est réfugié dans le monastère d'une ville kurde d'Irak, l'itinéraire peu commun qui l'a conduit à faire revivre un monastère byzantin abandonné en Syrie dont les fondations dataient du VIe siècle et la structure actuelle de l'époque des Croisades. Fils de catholiques démocrates-chrétiens, il s'est engagé jeune dans le socialisme:

"J'ai pris très tôt un pli gauchiste, en réaction à mon père, démocrate-chrétien. C'était ma manière de m'émanciper face à cette figure paternelle imposante. Très jeune, je militais dans le mouvement des communautés de bases des "chrétiens pour le socialisme". Lors dune manifestation de rue contre l'impérialisme américain et contre la présence au Vietnam, je fus emmené au poste de police où j'ai passé la nuit. Une autre fois, j'ai connu la garde à vue après une altercation violente près du lycée avec des militants d'extrême-droite. En 1973, j'ai été arrêté devant l'ambassade américaine où nous avions organisé un sit-in contre le putsch de pinochet au Chili aidé par les Etats-Unis. Le juge m'acquita par la suite alors que j'étais déjà novice chez les jésuites à qui j'avais sincèrement oublié de parler de cette histoire"  (p 29).

"J'aurais pu appartenir aux Brigades Rouges à dix-sept ans, dans les années de plomb de l'histoire italienne. Mais le groupe dans lequel je militais s'est scindé, une partie s'est rangée du côté de la lutte armée au nom du communisme, l'autre de la démocratie pour réaliser le socialisme. J'ai opté pour ce dernier" (p17).    

 

Défenseur de la cause palestinienne tout en reconnaissant la centralité de la tragédie de la Shoah dans l'histoire moderne, le droit d'Israël à l'existence et des juifs à une terre, fasciné par la Terre sainte, Paolo Dall'Oglio entreprend son premier voyage en Orient en 1973, en passant par l'Europe de l'est, la Turquie, la Syrie, la Jordanie, pour arriver jusqu'en Palestine, où il découvre l'arrogance des soldats de Tsahal vis à vis des arabes palestiniens. En 1975, il retourne en Palestine. Au début de la guerre du Liban, il dénonce le fascisme raciste des milices chrétiennes et soutient devant ses pairs jésuites la gauche libanaise, proche du projet révolutionnaire et des palestiniens, qui compte aussi quelques chrétiens. En 1976, à Rome, il se découvre la vocation de servir la rencontre islamo-chrétienne, qu'il pressent comme le prochain enjeu majeur après le communisme et il vit à Beyrouth entre 1977 et 1978, apprend l'hébreu en Israël en 1980 et s'installe en Syrie sitôt après, pays qu'il ne quittera plus guère jusqu'à son départ forcé en 2012. A l'été 1982, quelques mois après les massacres de l'armée d'Hafez el-Assad contre les islamistes à Hama (15000 à 20 000 morts suite aux ratissages et au pilonnage des quartiers rebelles), il découvre le monastère de Mar Moussa en ruine et décide d'y fonder une communauté consacrée au dialogue islamo-chrétien. Dès le départ, le père Paolo a conscience d'être instrumentalisé par le régime, comme les chrétiens de Syrie en général, mais les buts supérieurs qu'il poursuit lui permettent de s'en accommoder:  

 

" à quel titre et pour quelle mission avais-je demandé un permis de résidence en Syrie à ce même régime qui exerçait sur son propre peuple une dictature féroce? Et pourquoi  avait-il accepté ma demande, à moi, missionnaire d'un pays occidental, cet autre honni? Les non-dits ne manquaient pas dans cette affaire. Du côté de la Syrie, la manoeuvre était évidente: tenter de capter une certaine approbation de l'Occident, par l'amitié avec les chrétiens au moment même où le rôle syrien au Liban était équivoque. Le régime syrien ne voulait pas non plus rester complètement soumis à la logique soviétique. Accorder un permis de résidence à des missionnaires est, du point de vue de la propagande, la meilleure façon de diffuser le message d'une Syrie plurielle, respectueuse de la liberté de religion et séculière."    

 

Cette expérience du désir de pureté, de radicalité, née d'un dégoût ressenti vis à vis de l'immoralité du monde et de son injustice, lui donne des outils intellectuels pour essayer de comprendre la psychologie de l'islamisme radical et la force de dialoguer avec lui, par delà les préjugés. Ce qu'il dit sur les raisons de la croissance de l'islamisme armé ou militant et l'attitude que les occidentaux doivent avoir vis à vis des musulmans est très intéressant:

 

"Le phénomène de l'islamisme radical facilement appelé terrorisme, comme Al-Qaïda, est à mon sens, l'expression d'un désarroi profond. Il naît d'un sentiment de persécution, de refus, à la fois interne au monde musulman mais aussi dans la relation entre le monde musulman et le pouvoir occidental. Ce dernier est considéré par les islamistes comme supérieur techniquement, économiquement, et voulant monopoliser le pouvoir dans une sorte de complicité judéo-chrétienne. Ainsi, l'Etat d'Israël autant que les musulmans soumis à ce système occidental seront tous deux considérés comme des ennemis principaux. Mais en choisissant de s'organiser dans la clandestinité, et pris d'une fièvre idéologique extrémiste où ils pensent détenir le monopole de la vérité, ils s'enfoncent dans un système criminiel proprement mafieux.

Pour répondre à ce défi, le monde occidental devrait tenter de devenir meilleur, moins corrompu, plus désireux de prendre en compte la communauté musulmane dans son pluralisme. Un monde, plus inclusif et plus évolutif, qui n'imposerait pas aux musulmans de changer, mais leur proposerait par les échanges, les débats qui instaureraient une relation véritable et un vivre-ensemble. Il ne faut pas demander l'acculturation par la dépossession de leurs valeurs mais par l'harmonisation des évolutions plurielles. Souhaiter un islam compatible avec la société occidentale demande à cette société d'être plus accueillante et plus souple. Les musulmans voudraient nous dire, comme je l'entends souvent: "vous faîtes de la tolérance une grande vertu, alors tolérez-nous! Peut-être que notre propre intolérance et certaines de nos valeurs qui apparaissent contraires à votre modernité pourraient, par le biais du dialogue, offrir quelque chose de positif à la société. Notre fidélité à notre religion n'empêche pas l'évolution, au contraire elle nous y engage. 

A toi jeune européen je voudrais dire que la peur des autres les façonne sur nos peurs, nous allons créer et rencontrer ce que nous craignons".

 

Le père Paolo se sent maintenant pleinement syrien, proche-oriental, en phase avec une société qui a connu pendant des siècles le bon voisinage entre communautés différentes (chrétienne et musulmane chïite et sunnite, kurde et alaouite, arménienne, juive, druze...)  avant que le colonialisme et plus encore le nationalisme autoritaire du Baas, ne crée et n'exploite des divisions tout en affirmant protéger les minorités de la majorité sunnite.

 

Lors de son installation en Syrie, Paolo s'accommode en quelque sorte de la dictature, en se disant que la région n'est pas encore prête pour la démocratie, pour des raisons à la fois culturelles et historiques, conjoncturelles:

 

"Je pensais à l'époque dans un contexte de guerre froide, que la situation internationale ne permettait aucun changement immédiat. Que ce soit en Egypte ou en Libye, le mouvement arabe postcolonial s'était comme exténué dans la création d'une série de dictatures républicaines ou monarchiques. De façon paradoxale, c'était seulement à l'intérieur du Mouvement de libération de la Palestine et dans le Liban divisé que le mot démocratie avait encore une signification. Lorsque je pense à ces années-là, j'ai envie de dire que d'une part, je croyais à certaines valeurs du projet socialiste représenté par ce monde insoumis aux Etats-Unis et à leur projet d'universalisation du modèle capitaliste. Et d'autre part, j'avais foi en une évolution qui garantisse les droits de l'Homme dans ce monde musulman auquel je me vouais" . Cela impliquait nécessairement de son point de vue que le pouvoir cesse de réprimer les organisations musulmanes et qu'elle accepte qu'elles influencent davantage la vie civile, dans la mesure où elles représentaient de vrais courants d'opinion, issus des profondeurs de la société.

 

Quand commence le grand moment de résistance et de rebellion pacifique civile en mars 2011, dans la foulée des révolutions civiles tunisiennes et égyptiennes, le père Paolo, contrairement à une majorité de Chrétiens fidèle à Bachar-el-Assad, choisit le camp de la démocratie, de l'auto-détermination du peuple, et de la dignité, sachant que le régime de Bachar-el-Assad, terroriste par nature, laisse libre cours à sa violence cynique contre le peuple, manipulant des islamistes pour discréditer le mouvement en le disant infiltré par des djihadistes, utilisant les soldats chïïtes du Hezbollah ou des miliciens iraniens pour terroriser les manifestants.

Il y a 6 mois, le Père Paolo D'all Oglio faisait un premier bilan d'étape de la tragédie syrienne:

 

"En 2013, après 24 mois de révolution en Syrie, nous sommes à un point de stagnation politique et morale qu'il était difficile de concevoir. Les forces démocratiques syriennes ont été exténuées par une répression sans répit, systématique, inhumaine. Ces exactions doivent absolument faire l'objet d'une enquête de la Cour pénale internationale car il s'agit bien de crimes contre l'humanité. La révolution a dû s'armer. Les jeunes du pays ont été obligés de déserter l'armée pour ne pas avoir à tirer sur leurs concitoyens qui demandaient la liberté. Ils se sont alors armés, comme ils disaient, pour défendre leurs manifestations pacifiques. Des zones où le gouvernement n'était plus totalement maître se sont progressivement créées, mais ne constituaient pas encore une "Syrie libérée". La répression a eu toute possibilité de se déployer. S'il n'y avait pas eu l'appui turc d'un côté, la perméabilité libanaise de l'autre (la révolution à Homs avait un couloir ouvert sur le Liban, les gens ont pu fuir, les armes venir et les blessés être mis en sécurité), la crise syrienne aurait été résolue avec cinq cent mille morts, deux millions d'expatriés et le maintien du régime. La volonté du gouvernement était sans faille, rigoureuse et extrême, appuyée par des forces géostratégiques majeures comme l'Iran, le Hezbollah, l'Irak chïïte et la Russie. Le pouvoir de Bachar al-Assad est en train de réaliser sa promesse: "Ya l'Assad, Ya nuhriq el-balad" (ou Assad, ou nous réduirons en cendre le pays). Ma conscience chrétienne est clairement partagée.

D'un côté, il y a un désir radical d'aller jusqu'à la fin de la révolution contre le régime. Mais de l'autre, pour peu ou beaucoup, cela provoquerait, semble t-il, une islamisation radicale de la Syrie et créérait les conditions d'une marginalisation définitive de la communauté chrétienne".  

 

La Syrie comptait 10% de chrétiens avant la guerre: beaucoup sont déjà partis en exil. Une majorité craint les conséquences d'une victoire de la révolution dans la mesure où militairement, ce sont surtout les islamistes sunnites qui s'opposent à l'armée de Bachar. Quelques-uns, une minorité, se sont engagés très tôt au côté de la révolution civile pacifique, au nom de la démocratie et du droit à la dignité du peuple, mais ne se sont pas forcément investis dans la lutte armée. Pour Paolo, en raison de leurs craintes, mais aussi du fait que certains d'entre eux sont très compromis avec l'"Etat fasciste", une grande partie des Chrétiens syriens devrait opter pour l'exil à l'issue de la guerre en cas de victoire de la révolution, et ceci même si une partie des responsables de l'opposition entend conserver une entité syrienne ouverte et pluraliste.

 

Face à l'horreur de ce régime, le père Paolo, tout en étant fasciné par l'efficacité et la portée morale de la non-violence prouvée par des combats tels que celui de Gandhi, Aug San Suu Kyi, assume complètement la légitimité des armes.

 

"Nous avons, disait-il il y a quelques mois, été abandonnés par les Américains. L'Union européenne a, quant à elle, décidé de se réfugier derrière les vétos russes et chinois répétés pour en faire le moins possible. Le reste du monde a d'autres problèmes et se cache derrière le concept, si cher aux Russes, d'autodétermination des peuples, même par la force des armes d'une dictature et de la répression. Nous sommes en train de dépasser les 80 000 morts, près de cinq millions de personnes sont des réfugiés et des déplacés internes, l'infrastructure économique est détruite, des centaines de milliers de personnes sont emprisonnées et torturées. Bombardés depuis le ciel par des missiles et à l'artillerie lourde, nous sommes un peuple qui a tout perdu... Si je crois à l'action non violente, à son efficacité et à sa valeur morale, je ne crois pas au droit de juger l'option d'autodéfense armée des victimes d'un régime "tortureur" et liberticide comme celui-ci, dans une totale indifférence mondiale. Ceux qui, à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie, prennent des initiatives non violentes offrent à notre combat un horizon de redemption finale face à la dérive de la violence qui se dirige, elle, vers un cycle maudit. Mais si l'action non violente ou, plus exactement, l'inaction, veut justifier l'absence de soutien international aux démocrates syriens arguant de leur prétendue violence, alors, je ne vois rien d'autre, dans ces beaux sentiments, qu'un élitisme moral qui, par manichéisme, laisse le monde au pouvoir des malfrats."

 

L'insurrection non-violente des syriens a été systématiquement et atrocement réprimée par les chabihas (les voyous utilisés par le régime) et l'armée, les services spéciaux. Les manifestants blessés étaient ignoblement torturés à l'hôpital et tués. Les prisons regorgeaient des suppliciés, dont on relâchait certains pour qu'ils aillent témoigner de ce que le goût de la liberté leur avait coûter, et à ceux que le régime avait achevé, aux autres. Forcément, il n'y avait pas d'autre recours que la soumission dans l'humiliation ou le combat armé contre le régime, en sollicitant toute aide extérieure possible (celle de l'opposition en exil, ou d'Etats hostiles au régime).

"On accuse la révolution d'être guidée de l'étranger, mais depuis, où pourrait-elle l'être? Depuis la Lune? Alors que depuis plus de quarante ans, nous avons des centaines de milliers d'expatriés victimes de la dictature. L'opposition syrienne est plurielle et divisée. L'idéal pour une démocratie pluraliste! Exclure les islamistes du jeu démocratique car ils seraient incompatibles avec la démocratie relève du paternalisme et du préjugé idéologique. Ne pas avoir laissé les masses musulmanes s'exprimer dans l'autodétermination civile, a constitué le facteur déterminant de la naissance, de la montée et de la diffusion du djihadisme radical armé...

Enoncer le principe, apparemment universel et moral, qu'il ne faut pas donner des armes aux parties impliquées dans le conflit civil, revient à théoriser et à dire tout haut: "On souhaite que la révolution démocratique soit écrasée, car on ne veut pas qu'elle puisse se défendre devant des forces armées sans scrupule et sans contrôle". 

 

En juin 2012, le père Paolo a vécu dans des zones contrôlées par la rebellion à Qusair, servant de médiateur entre des chefs rebelles islamistes et des familles de chrétiens kidnappés, ainsi que de témoin privilégié pour les observateurs de l'ONU travaillant pour Kofi Annam. Il raconte dans ce livre comment il a pu dialoguer avec ces chefs "terroristes" décrits comme fanatiques, et qui ne l'étaient pas toujours, comment il a partagé avec intensité la célébration des martyrs avec des familles sunnites, ayant alors le sentiment de devenir pleinement musulman en glorifiant le sacrifice qui triomphe de toute injustice et formant même le voeu, s'il était tué, d'être inhumé avec les martyrs de Qusair.

 

Le témoignage qu'il délivre sur l'état d'esprit des rebelles, et particulièrement de ceux qui se battent au nom de l'Islam est animé de grandes qualités de compréhension et d'ouverture à l'autre et débouche sur un constat plutôt optimiste: à savoir qu'il y aurait de la place pour une évolution démocratique et une tolérance vis à vis de la diversité dans une Syrie dominée plutôt par l'Islam politique, sachant que la tradition musulmane syrienne, mais cela peut changer avec le poids des Frères musulmans et du salafisme dans la rebellion, est plutôt souple et non sectaire. Plus la guerre civile s'éternise toutefois, moins les chances de reconstruire une Syrie plurielle tolérante persistent.

 

Cet essai est surtout précieux par les dizaines d'histoires individuelles que Paolo nous relate, celles des visiteurs du monastère, de ses amis de tout milieu et de confessions et idées politiques différentes, qui rendent bien compte de la complexité des points de vue, des prises de position, dans la Syrie de la guerre civile, et racontent aussi la cruauté tristement humaine de ce régime qui doit tomber pour rendre possible une réconcilation dans la justice.                    

   

I.D

 

Entretien avec le père Paolo sur France 24:

 

http://www.france24.com/fr/20130502-lentretien-pere-paolo-dall-oglio-auteur-la-rage-et-la-lumiere-syrie-monastere-mar-moussa

 

 

Partager cet article
Repost0
28 août 2013 3 28 /08 /août /2013 07:41

Des manifestants désarmés réclamant le respect de leur dignité massacrés par un pouvoir cynique et dépourvu de tout scrupule en début de l'insurrection civique syrienne, une guerre sans pitié conduite contre les villes et les villages contestant l'autorité de Bachar el Assad, 100 000 morts et des millions de réfugiés ayant tout perdu.

Le respect de la souveraineté de l'Etat syrien et la critique de l'intervention militaire étrangère doivent-ils encore être nos seules balises face à un Etat criminel qui ne respecte en aucune façon la souveraineté, les libertés et le droit à la sécurité de sa population?

 

Faut-il au nom de réflexes idéologiques anti-impérialistes et pacifistes dénoncer l'intervention militaire, justifiée au nom de la punition contre des crimes de guerre et de la protection des civils, décidée par Obama, François Hollande, Cameron, une partie de la ligue arabe et la Turquie?

 

Cette intervention est justifiée au nom de la morale et présentée par le président de la République comme un châtiment plus que comme une tentative d'écraser définitivement le régime.  Cela interroge sur son efficacité, ainsi que sur le sens et la possibilité réelle d'en rester à une intervention courte, mesurée, à base de frappes aériennes sur des aéroports militaires, des bases militaires.

 

Faut-il se dire que le maintien au pouvoir d'Assad et le statut quo dans la guerre civile devenant de plus en plus barbare, qui produit chaque jour des centaines de morts, de blessés, de déplacés, est un moindre mal par rapport à la légitimation de l'ingérence au nom du droit, de la morale, de puissances étrangères non autorisées par l'ONU et le consensus de la communauté internationale, mais qui disposent, on l'a vu lors de nombreux précédents (Irak, Afghanistan...), de la force nécessaire pour maquiller leurs intérêts en bon droit et justifier la guerre au nom de la paix, de la lutte contre la terreur, la tyrannie alors même que leurs indignations sont à géométrie variable?

 

Faut-il mettre dos à dos un régime de Bachar el Assad certes policier, dictatorial, brutal - et pas que depuis le début de la contestation civile ouverte en 2010 - mais laïque, garantissant jusqu'ici une relative tolérance vis à vis des minorités religieuses, officiellement anti-impérialiste, anti-sioniste, critique vis à vis des abus de pouvoir des Etats-Unis, originellement fondé sur le socialisme baasiste même si Bachar a fait évolué l'héritage socialiste en crise vers un libéralisme économique dont les profits sont vérouillées par son clan, et les puissances occidentales colonialistes, les forces rebelles réactionnaires, islamo-conservatrices, djihadistes qui ne laissent présager rien de bon pour l'avenir de la Syrie si elles parviennent à conquérir le pouvoir, forces rebelles et armées par des pouvoirs étrangers islamistes et alliés aux Américains (Arabie Saoudite, Qatar, Emirats, Turquie)?

 

Faut-il penser qu'une intervention militaire menée par les Etats-Unis et leurs alliés européens et arabes a de grandes chances d'avoir des effets contre-productifs du point de vue de la sécurité des civils et de la paix dans la région et de faire exploser la poudrière du Moyen-Orient, ayant des effets en chaîne sur les relations entre les arabes, l'Occident, l'Irak, Israël et l'Iran, sur la résurgence des violences communautaires au Liban...?  

 

Je pense pour ma part que les risques existent mais qu'ils ne sont peut-être pas aussi importants que les conséquences de l'inaction sont immédiatement dramatiques, y compris pour la stabilité des pays voisins de la Syrie. 

 

La notion de guerre juste, en dehors de la légitime défense d'un peuple occupé, colonisé, dont la souveraineté, la liberté et le droit à la sécurité sont bafoués, peut être contestée sur le principe - toute guerre est odieuse - encore que la lutte contre la barbarie et les crimes contre l'humanité dont sont victimes nos frères humains pour justifier à mon avis l'intervention extérieure, de même que l'accord de la communauté des nations pour sanctionner et mettre fin au bafouement de certains principes essentiels.  Et encore, il ne faut pas sanctifier l'aval de l'ONU et le droit international, ceux-ci sont aussi le produit de rapports de force et ne reflètent pas toujours une légitimité intrinsèque: ici, ce sont les intérêts et la politique de puissance de la Russie qui bloquent l'approbation à l'ONU et au Conseil de Sécurité d'un dispositif international permettant d'abattre le régime et de mettre fin plus rapidement aux violences. Cette guerre pourrait bien être justifiée si elle évite plus de souffrances qu'elle n'en génère et accélère la fin de la guerre civile en Syrie par la mise à terre d'un régime objectivement fasciste, ce qui dépendra des formes prises par l'intervention.    

La banalisation de la terreur et de la torture exercée par les sbires et les alliés d'Assad lui enlèvent toute légitimité et empêchent tout retour de la paix et de la sécurité en Syrie, toute reconciliation communautaire, si ce pouvoir se maintient.

Dire que les crimes, la violence et la barbarie sont des deux côtés est peut-être vrai dans une certaine mesure, mais les responsabilités de cette guerre civile ne sont pas également partagées: c'est en massacrant pendant des mois des insurgés désarmés et en éliminant sauvagement tous les soldats refusant d'accomplir ces bases oeuvres que Bachar a forcé une partie des soldats de l'armée régulière à déserter, ceux-ci n'ayant ensuite plus d'autres recours que de prendre les armes contre le régime car ils signaient par leur désobéissance leur arrêt de mort.

C'est l'entêtement de Bachar et de son clan dans le despotisme et la terreur qui a radicalisé une partie de la société syrienne, les haines et les désirs de vengeance venant avec la peur et la perte des siens. Mais la plupart des civils veulent pas en découdre avec d'autres communautés, perçues comme des ennemis naturels, ils veulent pouvoir continuer à vivre tout simplement, en bonne cohabitation avec leurs voisins ayant d'autres caractéristiques culturelles, religieuses. Les civils sont pris en otage par une violence émanant de plusieurs foyers et de plusieurs groupes qu'ils sont nombreux à désapprouver dans ses modalités- mais seul le départ de Bachar et de sa garde rapprochée peuvent mettre fin aux massacres, et il n'est pas sûr qu'il puisse se produire rapidement sans intervention militaire de notre part.     

 

La rebellion n'a pas les moyens militaire semble t-il de vaincre seule rapidement l'armée régulière et d'imposer le départ et le jugement des responsables de ces atrocités.

Or il est moralement et politiquement nécessaire que Bachar et les premiers responsables de cette boucherie perdent leur pouvoir dans les mois à venir: sans cela, la guerre deviendra toujours plus atroce et la nation syrienne sera probablement démantelée au final au terme d'épurations ethniques des deux côtés des adversaires en présence. Face au soutien russe à Assad à l'ONU et aux preuves d'impuissance des démarches diplomatiques entreprises déjà depuis 2 ans et demi, nous qui nous sentons solidaires des Syriens qui connaissent l'enfer au quotidien (je le suis d'autant plus que j'ai voyagé en Syrie et eu l'occasion d'aimer ce peuple si attachant doté d'une vieille civilisation), nous ne devons pas exclure au nom de la restauration de réflexes de guerre froide, de principes ou de postures anti-impérialistes et pacifistes une aide concrète aux Syriens pour les aider à inverser rapidement le rapport de force et à contraintre la mafia au pouvoir à rendre ce pouvoir au peuple.

Je ne pense pas qu'en aidant militairement la résistance, en l'armant, en empêchant les bombardements de l'armée, en ciblant des objectifs militaires, "on rajoute de l'inacceptable à l'inacceptable".

 

A mon avis, il aurait même fallu soutenir plus tôt et plus complètement - autrement que verbalement - la résistance populaire pour empêcher l'escalade de violence du pouvoir, et l'OPA partielle des extrémistes fondamentalistes et djihadistes sunnites sur la revolution populaire syrienne.

La question centrale est: est-ce qu'une intervention militaire étrangère ( des Etats-Unis, des pays arabes alliés, de quelques Etats européens) pourra ou non accélérer le retour à la paix et à la sécurité, le règne de l'arbitraire et de la violence inouïe en Syrie?

 

Je pense que la réponse est plutôt oui. Les rebelles ne vont pas faire taire les armes tant que Bachar est en place. S'ils sont vaincus, ce sera au prix de véritables holocaustes et le pouvoir de Bachar s'exercera sur une population humiliée, violemment purgée de ses opposants - éliminés, contraints à l'exil ou à une odieuse soumission vis à vis d'un pouvoir criminel.

Or Bachar et son clan n'ont donné aucun signe de leur aptitude à quitter le pouvoir et ses privilèges pour faciliter le retour à la paix (ils savent aussi qu'ils sont allés trop loin pour trouver une sortie honorable pour eux) et les désaffections dans l'armée et le régime ne sont pas encore suffisantes pour déséquilibrer le rapport de force en faveur de ses adversaires, bien moins armés que le régime.

C'est vrai que les Etats-Unis qui par ailleurs mènent très souvent une politique de puissance cynique et arrogante ne veulent plus de Bachar, qui ne leur a jamais été soumis, c'est vrai que l'Arabie Saoudite, le Qatar - ennemis de l'Iran - ont leurs propres objectifs stratégiques et financent des groupes qui prônent l'Islam politique, voire la guerre sainte contre les chiites et les alaouites. C'est vrai que des soldats rebelles commettent aussi des crimes de guerre, même si ceux du régime s'exercent à plus grande échelle.

L'avenir du pays est plus qu'incertain mais ce n'est pas en laissant les choses se faire sans intervenir et en attendant un miracle qui ramenerait la raison et la concorde entre les partis, qu'on ne pas placer sur un pied d'égalité du point de vue de la légitimité (d'un côté un pouvoir sanguinaire et tyranique, de l'autre des rebelles qui utilisent la légitime défense et veulent conquérir la liberté pour leur peuple), que l'on se donnera les moyens de protéger les minorités alaouites, kurdes, chiites ou chrétiennes, les libertés civiles et démocratiques, en cas de défaite du régime alaouite (improbable à court terme).

Laisser pourrir la situation, laisser s'éterniser cette guerre menace aussi la stabilité du Liban, on le voit ces jours derniers où le spectre de la guerre civile communautaire refait surface. Des millions de réfugiés dans des pays voisins aux équilibres communautaires déjà fragiles (Liban, Jordanie, Irak, Turquie) sont aussi une menace pour la paix dans la région et la sécurité des intéressés.

Les Américains ne sont certes pas habilités - pas plus que nous d'ailleurs (qui avons exercé un protectorat sur la Syrie de 1918 à 44 après le démantèlement de l'Empire musulman, et qui avons déjà maté des rebellions anti-colonialistes avec beaucoup de brutalité dans la région de Damas et le djebel Druze) en vertu d'un bon droit démocratique manifeste- à se considérer comme les gendarmes du monde, les défenseurs armés du droit - mais ici l'impératif d'intervention militaire est justifié objectivement par autre chose que par le respect de "l'ordre occidental" ou de notre conception de la démocratie: c'est tout un peuple qui crève sous nos yeux!

La situation peut être difficilement pire qu'elle ne l'est aujourd'hui.

C'est pourquoi je pense, sans être un inconditionnel du "droit ou du devoir d'ingérence" et "du discours humanitaire et démocratique en treilli" qu'il est de notre responsabilité d'appuyer les rebelles, de préférence ceux qui veulent d'une société démocratique, sécularisée et multi-culturelle en Syrie (c'est plus simple à dire qu'à réaliser) et de montrer à Bachar qu'il ne peut pas assassiner toute une partie du peuple syrien en toute impunité, en utilisant les armes les plus perverses et cruelles qui soit (viol, torture, massacre de civils pour l'exemple, y compris d'enfants, et maintenant l'utilisation d'armes chimiques aux effets horribles se déclarant sur la durée).

Sur cette question, très complexe, et qui soulève des dilemnes moraux mais surtout politiques car il est vrai que nous ne mesurons pas toutes les conséquences à termes d'une intervention ou d'une non-intervention sur les équilibres et la paix dans la région, je pense que la position exprimée par mon parti, Jean-Luc Mélenchon, le journal l'Humanité s'appuie peut-être trop sur des positions de principe et des postures, et pas assez sur une prise en compte concrète de la réalité des moyens à disposition pour en finir avec toute cette souffrance collective, et je le regrette.

 

Ismaël Dupont

Partager cet article
Repost0
27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 05:53

Lettre d'explication et de dénonciation publiée par le Monde Diplomatique n°713 d'août 2013

 

evo-morales2.jpg

 

Le dévoilement par M. Edward Snowden du caractère tentaculaire de l'espionnage américain n'a suscité que des réactions frileuses de la part des dirigeants européens. Lesquels, en revanche, n'ont pas hésité à immobiliser l'avion du président bolivien Evo Morales, soupçonné de transporter l'informaticien fugitif.

 

"Moi, président de la Bolivie, séquestré en Europe" - Par Evo Morales

 

Le 2 juillet dernier s'est produit l'un des évènements les plus insolites de l'histoire du droit international: l'interdiction faite à l'avion présidentiel de l'Etat plurinational de Bolivie de survoler les territoires français, espagnol, italien et portugais, puis ma séquestration à l'aéroport de Vienne (Autriche) pendant quatorze heures.

Plusieurs semaines après, cet attentat contre la vie des membres d'une délégation officielle, commis par des Etats réputés démocratiques et respectueux des lois, continue de soulever l'indignation, cependant qu'abondent les condamnations de citoyens, d'organisations sociales, d'organismes internationaux et de gouvernements à travers le monde. 

Que s'est-il passé? J'étais à Moscou, quelques instants avant le début d'une réunion avec M. Vladimir Poutine, quand un assistant m'a alerté de difficultés techniques: impossible de nous rendre au Portugal comme prévu initialement. Toutefois, lorsque s'achève mon entretien avec le président russe, il devient déjà clair que le problème n'a rien de technique... 

Depuis La Paz, notre ministre des affaires étrangères, M. David Chocohuanca, parvient à organiser une escale à Las Palmas de Grand Canaria, en Espagne, et à faire valider un nouveau plan de vol. Tout semble en ordre... Pourtant, alors que nous sommes dans les airs, le colonel d'aviation Celiar Arispe, qui commande le groupe aérien présidentiel et pilote l'avion ce jour-là, vient me voir: "Paris nous retire son autorisation de survol! Nous ne pouvons pas pénétrer dans l'espace aérien français". Sa surprise n'avait d'égale que son inquiétude: nous étions sur le point de passer au-dessus de l'Héxagone.

Nous pouvions bien sûr tenter de retourner en Russie, mais nous courions le risque de manquer de kérosène. Le colonel Arispe a donc contacté la tour de contrôle de l'aéroport de Vienne pour solliciter l'autorisation d'effectuer un atterrissage d'urgence. Que les autorités autrichiennes soient ici remerciées pour leur feu vert. 

Installé dans un petit bureau de l'aéroport que l'on avait mis à ma disposition, j'étais en pleine conversation avec mon vice-président, M. Alvaro Garcia Linera, et avec M. Choquehuanca, pour décider de la suite des évènements et surtout, tenter de comprendre les raisons de la décision française, lorsque le pilote m'a informé que l'Italie nous refusait également l'entrée dans l'espace aérien. 

C'est à ce moment que je reçois la visite de l'ambassadeur d'Espagne en Autriche, M. Alberto Carnero. Celui m'annonce qu'un nouveau plan de vol vient d'être approuvé pour m'acheminer en Espagne. 

Seulement, explique-t-il, il lui faudra au préalable inspecter l'avion présidentiel. Il s'agit même d'une condition sine qua non à notre départ pour Las Palmas de Gran Canaria. 

Lorsque je l'interroge sur les raisons de cette exigence, M. Carnero évoque le nom de M. Edward Snowden, cet employé d'une société américaine auprès de laquelle Washington sous-traite certaines de ses activités d'espionnage. J'ai répondu que je ne le connaissais qu'à travers la lecture de la presse. J'ai également rappelé au diplomate espagnol que mon pays respectait les conventions internationales: en aucun cas je ne cherchais à extrader qui que ce soit vers la Bolivie. 

M. Carnero était en contact permanent avec le sous-secrétaire aux affaires étrangères, M. Rafael Mendivil Peydro, qui, de toute évidence, lui demandait d'insister. "Vous n'inspecterez pas cet avion, ai_je dû marteler. Si vous ne croyez pas ce que je vous dis, c'est que vous traitez de menteur le président de l'Etat souverain de Bolivie." Le diplomate ressort pour prendre les consignes de son supérieur, avant de revenir. Il me demande alors de l'inviter à "prendre un petit café" dans l'avion. "Mais vous me prenez pour un délinquant? lui demandai-je. Si vous tenez à pénétrer dans cet avion, il vous faudra le faire par la force. Et je ne résisterai pas à une opération militaire ou policière: je n'en ai pas les moyens." 

Ayant certainement pris peur, l'ambassadeur écarte l'option de la force, non sans me préciser que, dans ces conditions, il ne pourra pas utiliser notre plan de vol: "A 9 heures du matin, nous vous indiquerons si vous pouvez ou non partir. D'ici là, nous allons discuter avec nos amis" m'explique t-il. "Amis"? "Mais qui donc sont ces "amis" de l'Espagne auxquels vous faites référence? La France et l'Italie sans doute?" Il refuse de me répondre et se retire... 

Je profite de ce moment pour discuter avec la présidente argentine Cristina Fernandez, une excellente avocate qui me guide sur les questions juridiques, ainsi qu'avec les présidents vénézuélien et équatorien Nicolas Maduro et Rafael Correa, tous deux très inquiets à ce sujet. Le président Corréa me rappellera d'ailleurs plusieurs fois dans la journée pour prendre de mes nouvelles. Cette solidarité me donne des forces. "Evo, ils n'ont aucun droit d'inspecter ton avion!" , me répètent-ils. Je n'ignorais pas qu'un avion présidentiel jouit du même statut qu'une ambassade. 

Mais ces conseils et l'arrivée des ambassadeurs de l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique (ALBA) (1) décuplent ma détermination à me montrer ferme. Non nous n'offrirons pas à l'Espagne ou à touty autre pays - les Etats-Unis encore moins que les autres- la satisfaction d'inspecter notre avion. Nous défendrons notre dignité, notre souveraineté et l'honneur de notre patrie, notre grande patrie. Jamais nous n'accepterons ce chantage. 

L'ambassadeur d'Espagne réapparaît. Préoccupé, inquiet et nerveux, il m'indique que je dispose finalement de toutes les autorisations et que je peux m'en aller. Enfin, nous décollons... 

 

Cette interdiction de survol, décrétée de façon simultanée par quatre pays et coordonnée par la Central Intelligence Agency (CIA) contre un pays souverain au seul prétexte que nous transportions peut-être M. Snowden, met au jour le poids politique de la principale puissance impériale: les Etats-Unis. 

Jusqu'au 2 juillet (date de notre séquestration), chacun comprenait que les Etats se dotent d'agences de sécurité afin de protéger leur territoire et leur population. Mais Washington a dépassé les limites du concevable. Violant tous les principes de la bonne foi et les conventions internationales, il a transformé une partie du continent européen en territoire colonisé. Une injure aux droits de l'homme, l'une des conquêtes de la Révolution française. 

L'esprit colonial qui a conduit à soumettre de la sorte plusieurs pays démontre une fois de plus que l'empire ne tolère aucune limite - ni légale, ni morale, ni territoriale. Désormais, il est clair aux yeux du monde entier que, pour une telle puissance, toute loi peut être transgressée, toute souveraineté violée, tout droit humain ignoré. 

La puissance des Etats-Unis, ce sont bien sûr leurs forces armées, impliquées dans diverses guerres d'invasion et soutenues par un complexe militaro-industriel hors du commun. Les étapes de leurs interventions sont bien connues: après les conquêtes militaires, l'imposition du libre-échange, d'une conception singulière de la démocratie et enfin, la soumission des populations à la voracité des multinationales. Les marques indélébiles de l'impérialisme - fût-il militaire ou économique - défigurent l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, la Syrie. Des pays dont certains ont été envahis parce qu'on les soupçonnait de détenir des armes de destruction massive ou d'abriter des organisations terroristes. Des pays ou des milliers d'êtres humains ont été tués, sans que la Cour pénale internationale intente le moindre procès. 

 

Mais la puissance américaine provient également de dispositifs souterrains destinés à propager la peur, le chantage, l'intimidation. Au nombre des recettes qu'utilise volontiers Washington pour maintenir son statut: la "punition exemplaire", dans le plus pu style colonial qui avait conduit à la répression des Indiens d'Abya Yala (2). Celle-ci s'abat désormais sur les peuples ayant décidé de se libérer et sur les dirigeants politiques qui ont choisi de gouverner pour les humbles. La mémoire de cette politique de la punition exemplaire est encore vive en Amérique latine: que l'on pense aux coups d'Etat contre Hugo Chavez au Vénézuela en 2002, contre le président hondurien Manuel Zelaya en 2009, contre M. Correa en 2010, contre le président paraguayen Fernando Lugo en 2012, et bien sûr, contre notre gouvernement en 2008, sous la houlette de l'ambassadeur américain en Bolivie, M. Philip Goldberg. L'"exemple", pour que les indigènes, les ouvriers, les paysans, les mouvements sociaux n'osent pas relever la tête contre les classes dominantes. L'"exemple", pour faire plier ceux qui résistent et terroriser les autres. Mais un "exemple" qui conduit désormais les humbles du continent et du monde entier à redoubler leurs efforts d'unité pour renforcer les luttes. 

 

L'attentat dont nous avons été victimes dévoile les deux visages d'une même oppression, contre laquelle les peuples ont décidé de se révolter: l'impérialisme et son jumeau politique et idéologique, le colonialisme. La séquestration d'un avion présidentiel et de son équipage - que l'on était en droit d'estimer impensable au XXIe siècle - illustre la survivance d'une forme de racisme au sein de certains gouvernements européens. Pour eux, les Indiens et les processus démocratiques ou révolutionnaires dans lesquels ils sont engagés représentent des obstacles sur la voie de la civilisation. Ce racisme se réfugie désormais dans l'arrogance et les explications "techniques" les plus ridicules pour maquiller une décision politique née dans un bureau de Washington. Voici donc les gouvernements qui ont perdu jusqu'à la capacité de se reconnaître comme colonisés, et qui tentent de protéger la réputation de leur maître... 

Qui dit empire dit colonies. Ayant opté pour l'obéissance aux ordres qu'on leur donnait, certains pays européens ont confirmé leur statut de pays soumis. La nature coloniale de la relation entre les Etats-Unis et l'Europe s'est renforcée depuis les attentats du 11 septembre 2001 et a été dévoilée à tous en 2004, lorsque l'on a appris l'existence de vols illicites d'avions militaires américains transportant des prisonniers de guerre vers Guantanamo ou vers des prisons européennes. On sait aujourd'hui que ces "terroristes" présumés étaient soumis à la torture; une réalité que même les organisations de défense des droits humains taisent souvent. 

 

La "guerre contre le terrorisme" aura réduit la vieille Europe au rang de colonie; un acte inamical, voire hostile, que l'on peut analyser comme une forme de terrorisme d'Etat, en ce qu'il livre la vie privée de millions de citoyens aux caprices de l'empire. 

Mais le camouflet au droit international que représente notre séquestration constituera peut-être un point de rupture. L'Europe a donné naissance aux idées les plus nobles: liberté, égalité, fraternité. Elle a largement contribué au progrès scientifique, à l'émergence de la démocratie. Elle n'est plus qu'une pâle figure d'elle-même: un néo-obscurantisme menace les peuples d'un continent qui, il y a quelques siècles, illuminait le monde de ses idées révolutionnaires et suscitait l'espoir. 

Notre séquestration pourrait offrir à tous les peuples et gouvernements d'Amérique latine, des Caraïbes, d'Europe, d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Nord l'occasion unique de constituer un bloc solidaire condamnant l'attitude indigne des Etats impliqués dans cette violation du droit international. Il s'agit également d'une occasion idéale de renforcer les mobilisations des mouvements sociaux en vue de construire un autre monde, de fraternité et de complémentarité. Il revient aux peuples de le construire. 

 

Nous sommes certains que les peuples du monde, notamment ceux d'Europe, ressentent l'agression dont nous avons été victimes comme les affectant également, eux et les leurs. Et nous interprétons leur indignation comme une façon indirecte de nous présenter les excuses que nous refusent toujours certains des gouvernements responsables (3). 

 

Evo Morales   

 

(1) Dont sont membres Antigua-et-Barbuda, la Bolivie, Cuba, l'Equateur, le Nicaragua, la République dominicaine, Saint-Vincent et les Grenadines et le Venezuela. 

(2)  Nom donné par les ethnies kunas de Panama et de Colombie au continent américain avant l'arrivée de Christophe Colomb. En 1992, ce nom a été choisi par les nations indigènes d'Amérique pour désigner le continent. 

(3) Depuis, Lisbonne, Madrid, Paris et Rome ont présenté des excuses officielles à La Paz.   

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011

Articles Récents