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21 mars 2019 4 21 /03 /mars /2019 14:50
COMMUNIST'ART: Frida Kahlo - par Hector Calchas

Frida Kahlo

- par Hector Calchas

C’est dans une maison bleue à Coyoacan au sud de Mexico que Frida voit le jour, en 1907. Dès son enfance, on lui diagnostique une maladie handicapante qui lui vaut, petite, le surnom de « Frida la boiteuse ». Après son adolescence et des études qu’elle quittera prématurément, le hasard lui fait rencontrer Diego Rivera. Peintre muraliste de notoriété, communiste, elle en tombe amoureuse et l’épouse au grand dam de sa famille. Elle est de moins de 20 ans sa cadette mais qu’importe, Frida est une jeune femme libre et indépendante. Elle milite contre le machisme ambiant et défend l’idée de l’émancipation des femmes. Son amie photographe, Tina Modotti la conduira sans peine à s’inscrire au Parti Communiste mexicain. Toujours au service du peuple et de la révolution, c’est en 26, après avoir frôlé la mort dans un accident de tramway qu’elle se décide à peindre. De multiples fractures viennent se greffer à une santé déjà défaillante et l’obligent à  rester assise. Son courage exemplaire lui donne cependant les ailes nécessaires pour poursuivre coûte que coûte son dessein.

En 36, la militante et courageuse Frida, souhaite rejoindre les révolutionnaires antifascistes. Mais c’est à la maison bleue (La casa Azul) que se joue son destin. Avec Diego, elle y accueille Trotski et son épouse. Trotski le fugitif, « l’homme à abattre ». Elle deviendra un temps sa maîtresse sans que Diego ne s’en offusque. Ses conquêtes successives, sa soif de liberté ne laissent place à aucune jalousie. Rien ne peut entraver leur amour mutuel. Le surréaliste André Breton rend visite à Trotski et c’est dans le jardin tropical de la maison bleue qu’il le rencontrera pour la première fois. Ce même jardin peuplé de plantes tropicales, d’un perroquet, d’un singe, d’un raton laveur où Trotski sera bientôt assassiné.

En 39 Frida part à Paris pour y exposer ses œuvres. Elle mésestime ses qualités de dessinatrice mais Diego est là pour la rassurer. Miro, Picasso, Kandinsky saluent d’une même voix son travail. Mais seul Marcel Duchamp trouve grâce à ses yeux. Frida conspue ces artistes français qui se prennent pour les dieux du monde. « Ces fils de pute qui parlent sans discontinuer » écrira-t-elle à Diego. Le Louvre acquiert un de ses autoportraits mais rien ne la console. Elle a hâte de retrouver le Mexique. A son retour Diego veut divorcer. Elle y consent malgré-elle et se jette dans le travail. Ils se remarieront très bientôt. Frida souffre du dos. Elle subira plusieurs opérations à la colonne vertébrale qui lui occasionneront des douleurs effroyables. Et comme pour parachever son supplice une gangrène obligera les chirurgiens à l’amputer d’une jambe. Diego reste à ses côtés. Solidaire, toujours. Elle décède en 1954. « Viva la Vida » sont les derniers mots qu’elle écrira sur son ultime tableau, comme pour conjurer le sort cruel que la vie lui avait sournoisement réservé. A l’initiative de Diego Rivera, la maison bleue subit alors des transformations pour renaître sous les traits d’un musée. Le musée Frida Kahlo. Un musée à sa gloire, comme un dernier hommage.

 

Autoportrait avec collier. Le tableau blessé. La colonne brisée.  Moi et mes perroquets. Moi et ma poupée.

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La leçon de Frida...

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Mexique enchanté, Mexique maudit, Mexique de l'art et de la culture révolutionnaires: une exposition magnifique au Grand Palais à Paris sur les artistes du Mexique entre 1900 et 1950

 

 

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 14:37
Non à la glorification des nazis en Lettonie ! (PCF)

Non à la glorification des nazis en Lettonie ! (PCF)

Samedi 16 mars, comme chaque année, les anciens combattants des deux divisions qui formèrent la légion SS lettone et leurs partisans ont librement manifesté dans les rues d'une capitale d'un État de l'Union européenne, à Riga.

Cette année, ce défilé ouvertement nazi a rassemblé davantage de monde que les années précédentes. En fournissant à cette manifestation un important encadrement policier, le gouvernement letton affiche ouvertement sa complicité. La présidente du Parlement Ināra Mūrniece a même rendu hommage aux participants à cette marche en déclarant que "l’État letton occupe une place particulière dans les cœurs des légionnaires".

Il ne s'agit pas d'une simple « nostalgie », mais de la glorification du nazisme alors que les forces d'extrême droite partout se renforcent.

Les nazis allemands et leurs collaborateurs ont pratiquement anéanti les 70 000 Juifs qui vivaient en Lettonie avant la Shoah.

La légion SS lettone a commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité en Russie, notamment dans les régions de Novgorod et de Leningrad, en Pologne et en Biélorussie, en prenant part à des exécutions de masse et à la destruction de villages entiers.

L'Union européenne doit suivre les recommandations du Conseil de l'Europe et intervenir auprès du gouvernement letton pour l'interdiction pure et simple de cette marche annuelle.
 

Parti communiste français,

Paris, 20 mars 2019

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 09:08
75 ans de casse de la sécurité sociale - par Michel Etiévent, L'Humanité, 14 mars 2019
75 ans de casse de la sécurité sociale
Jeudi, 14 Mars, 2019

Par Michel Etievent, historien et biographe d’Ambroise Croizat.

En 1945, dans un pays ruiné, le gouvernement de la Libération, sous l’inspiration du CNR et d’Ambroise Croizat, imposait la Sécurité sociale. Dans le même pays, en 2019, cinquième puissance du monde, 30 % des Français renoncent à se soigner. Entre-temps, la « Sécu » est passée au laminoir.

Plus de soixante-dix ans de casse ont éloigné l’institution de ses principes fondateurs. L’hostilité de la droite et du patronat s’engage dès 1946. Ils évoquent la lourdeur que font peser sur l’économie ce qu’ils nomment des « charges ». Les cotisations sociales ne sont en rien des « charges ». Parties intégrantes de la rémunération, elles sont un salaire socialisé.

Ainsi que l’écrit Michel Cialdella, conseiller CGT : « L’entreprise est le résultat du travail de générations de salariés sans lesquels il n’y a pas de richesse créée. Il est légitime qu’une part de ces richesses aille à leur protection sociale. Les véritables charges sont financières (actionnaires, intérêts). » Tandis que de Gaulle instaure, dès 1960, le contrôle d’État sur les budgets et le renforcement du pouvoir des directeurs, le CNPF lance une violente campagne anti-Sécurité sociale : « Les travailleurs doivent se couvrir eux-mêmes. Les compagnies d’assurances sont faites pour cela. » Les ordonnances de 1967 cassent l’unicité du système. Les élections sont supprimées, tandis que s’impose le paritarisme.

Les plans Barre, Veil accélèrent les déremboursements, alors qu’Yvon Chotard qualifie le système de « machine irresponsable conduisant les hommes à n’acquérir qu’un complexe d’assistés. L’économie va s’effondrer sous les charges » ! Le propos est erroné au regard des chiffres du CNPF lui-même. Selon ce dernier, la part des prestations de Sécurité sociale rapportée au revenu national était de 20,30 pour l’Allemagne, 19,50 seulement pour la France. Instauration du forfait hospitalier, décrets Dufoix, plan Seguin prolongent la baisse des remboursements.

En 1990, Michel Rocard instaure la Contribution sociale généralisée. Ouvrant la fiscalisation accélérée de la Macronie, elle désengage les entreprises en ponctionnant salariés et retraités. Viendront les réformes Veil-Balladur qui font passer à quarante ans la durée de cotisation pour le droit à une retraite pleine, tandis qu’avec A. Juppé, naît la Contribution au remboursement de la dette sociale. Ainsi se dirige-t-on, selon le Syndicat des médecins libéraux, vers « le grand tournant libéral annonçant la fin du monopole de la Sécurité sociale en partenariat avec AXA ». Ce projet se précise jusqu’en 2013 : instauration des franchises, réforme des retraites, exonérations de cotisations patronales estimées en 2018 à 25 milliards d’euros ! Ces déstructurations servent un objectif clair : privatiser l’outil. L’argent de la Sécurité sociale, 537 milliards d’euros, suscite des appétits. Claude Bébéar, président d’AXA, déclarait : « La santé est un marché, la concurrence doit s’exercer librement. »

Centrée sur l’obsession de la réduction des coûts salariaux, la gestion capitaliste pousse à organiser l’exclusion de nombreux salariés et augmenter le poids supporté par la Sécurité sociale. Aucun instrument d’analyse n’a été prévu pour mesurer les effets bénéfiques de la « Sécu ».

La comptabilité n’enregistre que les coûts, négligeant les effets des prestations dans la santé de la nation. Citons en quelques-unes : moteur du développement, la Sécurité sociale stimule la recherche et les progrès de la médecine. Elle est un vecteur de l’allongement de la durée et de la qualité de la vie. N’oublions pas également le rôle joué par l’institution lors des « crises » financières. Fondée sur la solidarité, elle a fonctionné comme un « amortisseur social ». Même ses pourfendeurs louent son efficacité. Ainsi, Christine Lagarde : « La Sécurité sociale a été critiquée pour sa lourdeur, mais en période de crise, contrairement aux autres nations, elle nous aide fortement à résister au ralentissement économique. » Belle reconnaissance quand on songe que Denis Kessler incitait à détricoter un « système ringard, hérité du CNR, des communistes et de la CGT ». La recherche de la rentabilité pousse à réduire les dépenses considérées comme des « charges ». C’est cette logique qu’il faut changer en tenant compte des besoins vitaux de la population. Il convient tout d’abord de consolider un système assis sur la création de richesses dans l’entreprise.

Ce type de financement s’inscrit dans une logique de responsabilisation des entreprises sur la protection sociale. Plusieurs mesures pourraient être engagées dont une réforme de l’assiette des cotisations. Sa base de calcul n’a pas évolué à la même vitesse que les modes de production ou les marchés boursiers.

Près de 318,2 milliards de revenus financiers échappent au financement de la protection sociale. Soumis à cotisations, ils rapporteraient 84 milliards. Que dire des paradis fiscaux où s’évadent près de 100 milliards ! Évasion fiscale rime aussi avec « évasion d’emplois ». Cette hémorragie est autant de cotisations perdues.

Une politique de protection sociale exige une ambitieuse politique de l’emploi (1 % de masse salariale représente 2 milliards d’euros pour la Sécurité sociale). Elle ne peut se passer d’un programme de prévention. Selon une enquête, près de 2 millions de personnes travaillent dans des milieux cancérigènes. Le coût des maladies professionnelles représenterait 68 milliards d’euros !

L’avenir réclame, parallèlement, une autre gestion de la filière pharmaceutique, une maîtrise publique dans le sillage d’une nationalisation. S’impose enfin une gestion démocratique de la protection sociale. Il est plus qu’urgent de revenir à des conseils d’administration disposant de véritables pouvoirs sous le contrôle des salariés et des usagers.

 
75 ans de casse de la sécurité sociale - par Michel Etiévent, L'Humanité, 14 mars 2019
Les jours heureux. « Toujours jeune » malgré ses 75 ans
Vendredi, 15 Mars, 2019 - L'Humanité

Dans cette période de crise intense, il faut relire le programme du Conseil national de la Résistance, adopté le 15 mars 1944, pour saisir toute la modernité de ce texte.

A u sortir d’une Seconde Guerre mondiale qui avait laissé le pays exsangue (plus de 20 % du capital immobilier détruit, près d’un million de ménages sans abri, des villes entières rasées comme Caen, Brest, Le Havre), il fallait un consensus national pour remettre la France sur pied. Le monde ouvrier et paysan avait payé un lourd tribut et on s’apprêtait à lui demander plus encore : « Produire, produire encore, produire, faire du charbon, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français ! » lancera le secrétaire général du Parti communiste, Maurice Thorez, aux mineurs de Waziers en juillet 1945. En contrepartie, les promoteurs les plus acharnés du progrès social, dont le PCF, ont imposé au sein du Conseil national de la Résistance la rédaction d’un ensemble cohérent de droits économiques et sociaux faisant force de loi. Ils avaient donné leur vie pour combattre l’occupant nazi, mais « pour que (ce combat) soit fécond, il lui fallait tracer quelques lignes d’horizon, il lui fallait des mots pour dire son projet », écrivait la députée PCF Marie-George Buffet, le 13 mars 2004, dans l’Humanité. « Avec lui, la donne, déjà, avait changé », analysait-elle. « Il y avait un projet face à la barbarie. Il y avait un projet paraphé par tous. Un projet collectif pour vivre mieux, pour vivre ensemble, pour vivre libres. C’est ce projet qui fut le socle des grands acquis de la Libération. » Sous la pression d’un général de Gaulle pragmatique, lui-même obligé de composer avec les communistes, même les grands industriels, dont certains sortaient d’une fructueuse collaboration avec l’occupant – les plus notables verront leurs sociétés nationalisées –, devront accepter, avec quelques réticences on s’en doute, les conditions sociales imposées par le programme du CNR. Dans ce contexte, les Jours heureux, qui résonnent comme une promesse d’espoir, allaient pouvoir se lever.

Le programme du CNR a jeté les bases d’un État social, dont le mouvement ouvrier rêvait depuis le XIXe siècle et les premières revendications de création en 1875, par les socialistes Paul-Émile Laviron et Édouard-Vaillant, de caisse de retraite ou d’assurance ouvrière alimentée par l’État et le patronat, et administrée par leurs bénéficiaires. Soixante-dix ans plus tard, le texte des résistants acte l’établissement d’un pacte social qui donne naissance à la Sécurité sociale, généralise le droit à la retraite, inscrit les grands principes d’un Code du travail protecteur des salariés, en garantissant notamment de nouvelles protections, contre le chômage par exemple. Il ancre en outre l’idée de services publics. Bref, le programme négocié par les principaux courants de la Résistance jette les bases d’un État social. Mieux : il crée une véritable « démocratie économique et sociale ».

« Ce texte est étonnant ! » s’écriait le journaliste du Canard enchaîné Jean-Luc Porquet, en avant-propos d’un livre publié en 2010 (1), décrivant un « ensemble ambitieux de réformes économiques et sociales auquel le fameux “modèle social français” doit tout ». « Il a beau dater de plus de soixante ans (il a atteint les soixante-quinze ans depuis – NDLR), il est toujours jeune », poursuit le journaliste. Si, aujourd’hui encore – pour combien de temps ? –, on évoque « l’exception française », c’est au programme du CNR qu’on la doit.

« Sécurité de l’emploi, droit au travail et au repos » 

Nationalisations, statut des mineurs, des électriciens et des gaziers, des fonctionnaires, la liste, écrivait Marie-George Buffet, « étincelle des bijoux de notre pacte social et démocratique »... dont l’éclat a été terni au fil des décennies. Le Conseil national de la Résistance écrivait : « Retour à la nation des grands moyens de production, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques » ? Les privatisations se sont succédé sous des gouvernements de droite (Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin) comme de gauche (Fabius, Jospin, Ayrault, Valls) et ne cessent de gagner du terrain. Après EDF, GDF, La Poste, la SNCF, etc., c’est Aéroports de Paris qui est visé par le gouvernement Macron-Philippe. Le CNR écrivait : « Sécurité de l’emploi, droit au travail et au repos » ? En 1986, déjà, Philippe Séguin, le ministre du Travail de Jacques Chirac, a déclaré la « fin du plein-emploi productif ». Depuis, la précarisation des contrats et la flexibilisation du travail ont atteint des sommets inexplorés, notamment avec les lois El Khomri, Macron et la loi injustement baptisée « Travail »... Le CNR écrivait un « plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État » ? Dès 1967, par ordonnances, la Sécurité sociale est éclatée en branches autonomes (maladie, vieillesse, allocations familiales), affaiblissant la représentation des salariés par l’adjonction de cogestionnaires patrons. Puis, le financement s’est diversifié avec la création de la CSG. D’ailleurs, même la volonté du CNR d’offrir une retraite « aux vieux travailleurs » afin de « finir dignement leurs jours » a été détournée de son but : l’augmentation de cette même CSG est utilisée par le président Macron pour dévoyer la solidarité intergénérationnelle en imposant les retraites pour payer… les retraites !

Aujourd’hui, plus que le credo reaganien « l’État est le problème »

Le vœu de l’ex-vice-président du Medef Denis Kessler, formulé en octobre 2007 (dans Challenges) à propos des réformes à engager par Nicolas Sarkozy, est dépassé : « Prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. (...) Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. » Aujourd’hui, plus que le credo reaganien « l’État est le problème », très en vogue sous le mandat Sarkozy ; après les atermoiements d’une gauche (dite de gouvernement) atone devant les attaques, c’est un darwinisme maquillé en « progressisme » bon teint qui organise la fin de ce socle social hérité des Jours heureux. Se référer à ce « glorieux programme » qui met en musique le triptyque républicain « liberté, égalité fraternité » est pourtant loin d’être irraisonné. Ne traverse-t-on pas une crise économique depuis 2008, dont les effets ont été, de l’avis de tous, atténués par cet « efficace amortisseur social », selon les mots de l’ancien ministre communiste Anicet Le Pors ? Cet exemple seul devrait nous pousser à relire le programme du Conseil national de la Résistance, pour « retrouver le souffle de la Résistance » afin d’en « écrire le tome 2 », espérait il y a quelques jours le Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant, reprenant les mots de la résistante Lucie Aubrac : « Résister se conjugue toujours au présent. »

(1) Les Jours heureux, le programme du Conseil national de la Résistance de mars 1944 : comment il a été écrit et mis en œuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition.
Grégory Marin
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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 08:40
Formation, hôpital, cabinets médicaux.... Quelles évolutions faut-il engager pour assurer un système de santé pour tous ?
Mardi, 19 Mars, 2019

Alors qu’un projet de loi est en débat au Parlement, de nombreux voyants s’allument au rouge et alertent sur une situation sanitaire difficile. Avec Pierre Dharréville, député PCF des Bouches-du-Rhône, Jacques Battistoni, médecin généraliste, président de MG France et Christophe Prudhomme, médecin urgentiste, syndicaliste hospitalier.

Une nouvelle phase de progrès par Pierre Dharréville, député PCF des Bouches-du-Rhône

Fête de l'Humanité 2018 / dimanche 16 septembre / @ Magali Bragard / Village du Livre / Pierre DharévilleOn ne peut aborder l’enjeu d’un système de santé pour tous sans évoquer la plus grande invention sociale de notre pays que représente la Sécurité sociale. Dans ce cadre, l’accès « de chacun selon ses besoins » au système de santé a constitué une avancée sociale majeure.

Or, depuis quelques années, l’accès aux soins se dégrade. Fermetures de lits ou de services dans les hôpitaux publics, déremboursement de médicaments, déserts médicaux ont pour conséquence des renoncements aux soins de plus en plus importants, qui touchent plus d’un quart des assurés sociaux – 30 % – et peuvent monter jusqu’à 50 % chez les jeunes.

Ce sont aussi les personnels qui souffrent dans leur travail. D’un trait, notre système de santé est malade de l’austérité et du libéralisme.

Le gouvernement estime qu’il s’agit d’abord d’un problème d’organisation et d’adoption de « bonnes pratiques ». Il faudrait donc continuer à fonctionner à la va-comme-je-te-pousse, à moyens compressés et surcompressés. Ainsi, le projet de loi examiné en ce moment à l’Assemblée constitue une nouvelle fuite en avant : extension des groupements hospitaliers de territoire (GHT), logique de gradation des hôpitaux, fin de la distinction entre public et privé… Cafi d’ordonnances, il donne le ton d’une démocratie sanitaire en berne.

Un. La santé, plus que toute autre chose, doit échapper à la marchandisation comme à la spéculation : il faut donc une ambition renouvelée pour la Sécurité sociale. Il faut la défendre comme un bien commun, un moteur puissant de la solidarité entre toutes et tous. Voilà pourquoi nous défendons un véritable système de protection pour tous. Bien évidemment, le système de santé doit évoluer, mais il doit surtout continuer de reposer sur ses principes fondateurs : la solidarité, l’universalité des prestations, la gestion démocratique et le financement par la cotisation sociale. Il ne faut plus tarder à généraliser le tiers payant intégral dans les structures de santé pour éviter aux patients les avances de frais. Et il faut engager une nouvelle phase de progrès vers le 100 % Sécu.

Deux. Cette ambition doit s’appuyer sur un financement à la hauteur des besoins en santé de notre siècle. Cela suppose l’arrêt des exonérations massives, mais aussi des mesures de maîtrise des prix du médicament ou des dispositifs médicaux…

Trois. Des mesures d’urgence sont à prendre comme l’arrêt des fermetures de lits et de services hospitaliers combiné à la création de 100 000 emplois dans les hôpitaux, ainsi que d’un dispositif vigoureux pour les Ehpad. Il convient également de soutenir fermement la mise en place de centres de santé, notamment comme l’un des outils face aux déserts médicaux.

Quatre. Sans attendre, un plan de formation des professionnels de santé doit être mis sur la table. Car la remise en cause du numerus clausus ne suffit pas à augmenter l’offre de formation dans les facultés de médecine. Il convient également de donner clairement la priorité au service public. Cette dynamique doit intégrer la création d’un pôle public du médicament, ou encore d’un laboratoire public des dispositifs médicaux.

Mais l’ensemble de ces quelques mesures sera insuffisant si l’on ne déploie pas une politique de prévention qui soit à la hauteur des enjeux et des besoins : changer ensemble nos modes de production, de consommation et de vie pour éviter le plus possible qu’adviennent les maladies et les accidents, qui ne frappent pas nécessairement au hasard…

Pierre Dharréville, député PCF des Bouches-du-Rhône

Répondre aux principaux besoins en proximité par Christophe Prudhomme, médecin urgentiste, syndicaliste hospitalier

Paris- Le 28 mars 2014 - Christophe Prudhomme, médecin urgentiste - Votation Citoyenne organisée par la CGT de l'AP-HP de l'Hotel Dieu, pour le maintien de cet hopital et du service des urgences au coeur de Paris - Photo Patrick NussbaumLe principe constitutionnel d’égalité de traitement du citoyen quel que soit son lieu de résidence sur le territoire exige la mise en place d’un véritable service public de santé intégrant l’ensemble de l’offre de soins de la ville à l’hôpital en passant par la prise en charge du maintien de l’autonomie.

Dans ce cadre, les deux piliers de la politique de santé doivent être la planification et l’aménagement du territoire

Tout doit commencer par la formation de professionnels de santé en nombre suffisant et avec les qualifications qui répondent aux besoins de la population. Le premier objectif est d’augmenter très fortement les effectifs dans les différentes formations qui pourraient être regroupées dans des universités de santé. Il est nécessaire de former proportionnellement beaucoup plus de généralistes que de spécialistes, tant pour la ville que pour l’hôpital, car les besoins ont évolué et la prise en charge de pathologies chroniques nécessite la présence de véritables médecins coordinateurs de la prise en charge des patients. Par ailleurs, l’élévation de la qualification des infirmières notamment, mais aussi des aides-soignantes, doit déboucher sur une véritable reconnaissance de diplômes universitaires avec des niveaux de rémunération correspondants.

Seul l’exercice de professionnels salariés dans des structures collectives intégrées que sont les centres de santé permet de répondre à trois exigences majeures des patients : trouver un médecin disponible à proximité de son domicile, bénéficier du tiers payant et ne plus être soumis aux dépassements d’honoraires. Ces centres doivent être implantés dans les territoires en fonction des besoins et travailler en lien avec les hôpitaux de proximité et les Ehpad.

La définition de l’hôpital de proximité tel que le conçoit la ministre de la Santé dans le cadre de la nouvelle loi en préparation n’est pas acceptable. Un hôpital doit répondre aux principaux besoins en proximité et ne pas se limiter à une structure d’accueil pour les personnes âgées. Il doit donc comprendre un service d’urgence ouvert 24 heures sur 24, une maternité de premier niveau, une activité de chirurgie principalement ambulatoire, des services de médecine avec des spécialistes référents. L’hôpital de proximité doit travailler en réseau sur son territoire avec les centres de santé, les Ehpad, les structures de soins de suite et de réadaptation, ainsi qu’avec la psychiatrie de secteur.

Les hôpitaux de proximité travaillent avec un hôpital de référence disposant d’un plateau technique plus important, notamment au niveau de la chirurgie, des soins intensifs et de la prise en charge des grossesses à risque. Par ailleurs, il est essentiel de s’opposer à la volonté de regrouper les CHU en dix entités, ce qui serait la porte ouverte à la concentration des moyens dans un nombre très limité de métropoles.

Enfin, l’essentiel reste la question du financement. Il faut rétablir une Sécurité sociale unique et universelle, assise sur des cotisations sociales et non financée par l’impôt. Le principe doit être un organisme unique à la fois collecteur et financeur, avec une seule ligne de cotisation sur la feuille de paye. Le niveau de la cotisation doit pouvoir être ajusté annuellement afin d’équilibrer les comptes et d’en finir avec les fameux « déficits » qui ne sont en fait qu’un défaut de financement. Le rôle du Parlement doit se limiter à fixer les bornes du niveau de cotisation. Le principe de ce système existe déjà pour le régime particulier Alsace-Moselle. Il est donc possible de s’en inspirer pour que les fondements initiaux de la Sécurité sociale issus du programme du Conseil national de la Résistance deviennent enfin une réalité.

Christophe Prudhomme, médecin urgentiste 

L'Humanité, pages débat, 19 mars 2019: Pierre Dharréville (député PCF) et Christophe Prudhomme (médecin urgentiste) dessinent les contours d'un système de santé plus juste
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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 07:00
photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Discours de Christophe Boudrot (CGT)- photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Discours de Christophe Boudrot (CGT)- photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Glenn Le Saoût et Mariette Labrousse - photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Glenn Le Saoût et Mariette Labrousse - photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Alain et Monique David - photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Alain et Monique David - photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Alain et Monique David avec Olivier Kervella- photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Alain et Monique David avec Olivier Kervella- photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Prise de parole de Sébastien Menès (Solidaires), ici au côté de Christophe Boudrot et Julien Tanguy (CGT)  - photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Prise de parole de Sébastien Menès (Solidaires), ici au côté de Christophe Boudrot et Julien Tanguy (CGT) - photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Paul Dagorn, Catherine Tréanton et Ismaël Dupont - photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

Paul Dagorn, Catherine Tréanton et Ismaël Dupont - photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

les camarades du PCF en plein conclave - photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

les camarades du PCF en plein conclave - photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

Michel Tudo et Murielle Grimardias (PCF Lanmeur)- photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

Michel Tudo et Murielle Grimardias (PCF Lanmeur)- photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

prise de parole d'Antoine Gauchard (FSU) - photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

prise de parole d'Antoine Gauchard (FSU) - photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Georges Le Duff, Glenn Le Saoût et Martine Carn (PCF)- photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Georges Le Duff, Glenn Le Saoût et Martine Carn (PCF)- photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Georges Le Duff, Glenn Le Saoût et Martine Carn (PCF)- photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

Georges Le Duff, Glenn Le Saoût et Martine Carn (PCF)- photo Ismaël Dupont photo de la manif du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

photo Pierre-Yvon Boisnard manifestation du 19 mars 2019 à Morlaix

Catherine Tréanton de Génération.S, pas sectaire, se "compromet" avec les communistes - Photo Ismaël Dupont

Catherine Tréanton de Génération.S, pas sectaire, se "compromet" avec les communistes - Photo Ismaël Dupont

400 manifestants motivés à Morlaix ce mardi 19 mars avec une belle participation des camarades du PCF, des prises de parole toniques de la CGT (Chistophe Boudrot), de Sud-Solidaires (Sébastien Menès), d'une camarade de FO, de la FSU (Antoine Gauchard).

A Brest, il y avait 2000 manifestants. 1000 à Quimper. 100 à Carhaix. 1400 à Lorient. 500 à Dinan.

350 000 personnes ont manifesté au niveau national. Pari gagné!

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 06:31

Le président des ultrariches

La caste au pouvoir

Sociologues, spécialistes de la bourgeoisie et de l’oligarchie françaises, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot publient une chronique sociale de la France de M. Emmanuel Macron. Leur synthèse jette une lumière crue sur le mépris de classe d’un président mal élu et sur l’accaparement du pouvoir par une caste — deux détonateurs du soulèvement français.

par Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot 

Entre le résultat de M. Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle, le 23 avril 2017, et le score de La République en marche (LRM) au premier tour des élections législatives, le 11 juin suivant, il y eut une érosion de plus de deux millions de voix.

Le raz de marée initialement promis fut d’autant moins au rendez-vous que l’abstention, elle, a battu des records au second tour des législatives : plus de vingt millions d’électeurs, soit plus de la moitié des inscrits, ont préféré ce jour-là aller à la pêche. LRM a ainsi réussi la prouesse d’obtenir, avec à peine 7 826 432 voix, 308 sièges à l’Assemblée — soit une majorité absolue permettant à M. Macron de faire entériner son programme néolibéral.

En juillet 2017, M. François Ruffin, nouvel élu de La France insoumise, a fait circuler un graphique montrant la composition socioprofessionnelle de la nouvelle Assemblée nationale. Celle-ci penche très nettement du côté des cadres et des professions intellectuelles supérieures, qui représentent 76 % des députés alors que cette catégorie socioprofessionnelle ne concerne, en 2017, que 18 % de la population active, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Sans surprise, à l’autre bout de l’échelle sociale, c’est l’inverse. Les 20,8 % d’ouvriers de la société française ne se retrouvent que 0,2 % dans l’Hémicycle. Même constat pour les employés, avec respectivement 27,2 % dans la population active et 4,58 % des députés, et pour les professions intermédiaires : 25,7 % des actifs et 6,3 % à l’Assemblée.

En 2017, M. Macron s’est d’emblée entouré d’un premier « gouvernement de riches », avec quinze ministres ou secrétaires d’État millionnaires sur trente-deux.

Des biens et des liens

Madame Muriel Pénicaud, ministre du travail, a déclaré le patrimoine le plus élevé, avec plus de 7,5 millions d’euros. Elle est propriétaire d’une maison dans les Hauts-de-Seine, estimée à 1,3 million d’euros, et d’une résidence secondaire de 340 000 euros dans la Somme. Mais comme il est d'usage dans les grandes fortunes, la plus grande partie de son patrimoine, 5,9 millions d'€, est constituée par des valeurs mobilières: actions, obligations, contrats d'assurance-vie... Gageons que celle qui, après Mme Myriam El Khomri, a détricoté le droit du travail en défaveur des salariés a apprécié la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune sur ce type de patrimoine - une des toutes premières mesures de M. Macron, dont le coût, rappelons-le, est estimé à 4,6 milliards d'euros par an pour les finances publiques. 

Ministre de la transition écologique et solidaire, M. Nicolas Hulot occupait la deuxième place de ce palmarès, avec un patrimoine de 7,2 millions d'euros, composé d'une maison de 300 m2 en Corse, évaluée à 1 million d'euros, et de plusieurs biens immobiliers en Savoie et dans les Côtes d'Armor, pour une valeur de 1,9 millions d'euros. Les valeurs mobilières représentent 1,2 million et la société Eole, qui encaisse ses droits d'auteur et ceux des produits dérivés Ushuaïa, a été estimée à 3,1 millions d'euros. Sa déclaration mentionne également six voitures, un bateau, une moto et un scooter électrique.

Ministre de la culture dans le premier gouvernement de M. Edouard Philippe et propriétaire des éditions Actes Sud, Mme Françoise Nyssen mentionnait plus de 600 000 euros de biens immobiliers et 4 millions d'euros pour sa société arlésienne. Mme Agnès Buzyn, ministre de la santé, est à la tête d'un patrimoine d'un peu plus de 3 millions d'euros. Mme Florence Parly, ministre des armées, revendique un patrimoine de plus de 2 millions d'euros, avec un appartement parisien de deux cent mètres carrés et une résidence secondaire dans le Loiret.

Si ces cinq ministres multimillionnaires formaient clairement la tête du peloton de ce premier gouvernement, leurs collègues étaient très loin d'être dans la misère. Quelques exemples: Mme Nathalie Loiseau, ministre chargée des affaires européennes, affichait un patrimoine de près de 1,9 million d'euros. M. Philippe est lui-même millionnaire, avec un patrimoine estimé à 1,7 million d'euros, composé d'un appartement à Paris (1,25 million d'euros) et d'un autre en Seine-Maritime, évalué à 400 000 euros. Les valeurs mobilières de son patrimoine stagnent autour de 56 000€. M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, a déclaré des parts d'une société civile évaluée à 1,5 million d'euros et quelque 168 000 euros de placements financiers. 

Venaient ensuite Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement (1,34 millions d'euros), Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées (1,33 millions d'euros), M. Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat chargé du numérique (1,26 millions d'euros), Mme Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'intérieur (1,27 millions d'euros), Mme Elisabeth Borne, ministre chargée des transports (1,22 millions d'euros), M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires (1,14 million d'euros), et enfin M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères (1 million d'euros). 

L'appartenance de classe ne se définit pas par la seule richesse économique. Outre les biens, il y a les liens. Les femmes et les hommes qui disposent aujourd'hui du pouvoir politique, bien loin de l'ancienne figure des "serviteurs de l'Etat", entretiennent des relations étroites avec une myriade d'intérêts privés dont ils sont trop souvent les obligés.

Avant de devenir premier ministre, M. Philippe a été, de 2007 à 2010, directeur des affaires publiques - autrement dit responsable du lobbying - du géant nucléaire Areva. M. Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a exercé des fonctions de lobbyiste chez Unibail Rodamco. La secrétaire d'Etat à la transition écologique, Mme Brune Poirson, est une ancienne responsable de Véolia. Mme Pénicaud, ministre du travail, exerçait auparavant les fonctions de directrice des ressources humaines chez Danone. Quant à son directeur de cabinet chargé du social, M. Antoine Foucher, il officiait auparavant comme directeur adjoint du Mouvement des entreprises de France (Medef)... Sur 298 collaborateurs ministériels, 43 ont travaillé à un moment de leur carrière dans le lobbying.

Entre fonction publique et management privé, les interconnexions de ce personnel technocratique sont tellement denses que les conflits d'intérêts sont la règle plus que l'exception. Lorsqu'ils deviennent trop flagrants, de petits scandales éclatent dans la presse, mais l'arbre cache la forêt. (...)

Surdiplômé de l'ENA, de l'école supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec), de Sciences-Po, fils d'un ancien haut fonctionnaire européen, M. Alexis Kohler occupe la fonction de secrétaire général de l'Elysée. Il a fait l'objet d'une plainte le 1er juin 2018, auprès du parquet national financier pour prise illégale d'intérêts et trafic d'influence de la part de l'association de lutte contre la corruption Anticor, annulée par l'avocat William Bourdon. En mai 2018, Mediapart a révélé les liens qui unissent par sa mère M. Kohler à la famille italienne Aponte, propriétaire de la Mediterranean Shipping Company (MSC), numéro deux mondial du transport de marchandises par navires porte-conteneurs. Cette entreprise est l'un des clients les plus importants des chantiers navals de Saint-Nazaire et du port du Havre. Or, M. Kohler qui avait la responsabilité des transports en 2010 à l'Agence des participations de l'Etat (APE), siégeait à ce titre au conseil de surveillance du port du Havre (en même temps que M. Philippe, alors maire de la ville). Sans faire état de ses liens familiaux avec l'armateur, il a pu influer sur des décisions qui en impactaient les intérêts.

Devenu par la suite directeur adjoint du cabinet du ministre de l'économie et des finances - sous Pierre Moscovici, de 2012 à 2014, puis sous M. Macron, d'août 2014 à août 2016, M. Kohler a occupé un poste clef à Bercy alors même que l'avenir des chantiers navals de Saint-Nazaire et du port du Havre y était régulièrement discuté. Cela ne l'empêcha pas de rejoindre en septembre 2016 le siège social de MSC à Genève en tant que directeur financier de ce groupe italien de droit suisse, dont le chiffre d'affaires dépasse 20 milliards d'euros. Dans le même temps, il s'impliquait activement dans la campagne de M. Macron.

L'écheveau est complexe et illustre bien l'étroite intrication des liens multidirectionnels que tisse le pouvoir oligarchique. Les multiples casquettes du personnage font qu'il est à la fois un ancien haut fonctionnaire de Bercy, ancien directeur financier d'un groupe familial qui a des intérêts dans des chantiers navals et l'un des plus proches collaborateurs du président de la République. Dans ces conditions, le parquet national financier va t-il donner une suite judiciaire à la plainte déposée par Anticor? On ne peut, en tout cas pour l'instant, que regretter l'exclusion des hauts fonctionnaires de la loi de moralisation de la vie publique votée en 2017. 

Par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Le Monde Diplomatique, février 2019        

Lire aussi:

Recomposition politique et sociale - Lutte de classes en France - par Serge Halimi et Pierre Rimbert, Le Monde Diplomatique, février 2019

Le président des ultrariches - La caste au pouvoir, par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (Le Monde Diplomatique, février 2019)

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 04:15
Portrait d'Anthony Gonçalvès, l'homme à la règle d'or, médecin hospitalier cancérologue, candidat sur la liste Européennes de Ian Brossat (L'Humanité, 19 mars 2019)
Portrait. Anthony Gonçalves, l’homme à la règle d’or
Mardi, 19 Mars, 2019

Le chef du service oncologie de l’institut Paoli-Calmettes de Marseille s’engage au sein de la liste européenne menée par Ian Brossat. Retour sur un parcours exceptionnel.

Il aurait voulu être journaliste « comme John Reed ». Il est devenu médecin « comme Che Guevara ». Chez Anthony Gonçalves, impossible de séparer l’engagement professionnel d’une certaine vision du monde. Presque d’un certain romantisme. Finalement, c’est une aptitude particulière pour les maths qui l’a éloigné du premier destin pour le faire bifurquer vers le second. Bac C, puis médecine. Comme un chemin bien balisé. « J’ai alors voulu faire une spécialité un peu cause perdue. Dans les années 1980, le cancer l’était. Il y avait tout à construire », se remémore-t-il autour d’un plat, entre midi et deux, près de l’institut Paoli-Calmettes, où il passe le plus clair de son temps. Depuis 2018, il y est chef du département oncologie de l’un des plus importants centres de traitement du cancer en France après Gustave-Roussy, à Villejuif. Il avoue même : « Je passe ma vie ici… » Et pour les besoins de la campagne européenne, il ne bousculera pas son agenda. Il s’en rajoutera juste un peu. « Je ferai campagne le soir. Je ne vais pas arrêter mon activité. On n’est pas des professionnels de la politique. »

Le médecin oncologue n’a jamais caché ses opinions

Car Anthony Gonçalves est candidat. Pas sur une liste de droite, échappant ainsi au déterminisme sociologique du milieu médical. À gauche toute, même : au PCF. Il n’a pas longuement hésité lorsque proposition lui a été faite. « J’avais trouvé le choix de Ian Brossat comme tête de liste intelligent. Lors du débat sur la “gauche anti-migrants”, sa réaction claire et rapide m’avait impressionné par sa clairvoyance », explique-t-il. La nouvelle n’a pas fait tomber à la renverse responsables et collègues. Le médecin oncologue n’a jamais caché ses opinions. Ne les a pas étalées non plus. Un entre-deux auquel il a mis fin il y a quelques années. Pour nous permettre de comprendre, il reprend le fil de l’histoire familiale, à partir de ses grands-parents. Trois sont immigrés (deux du Portugal, l’une d’Italie), le quatrième aïeul étant originaire de Corse. Son grand-père paternel est arrivé du Portugal. Il était coiffeur et militant communiste. Son fils est coiffeur. Encarté au PCF mais pas militant. « Depuis tout petit, j’ai été politisé. J’ai baigné dans la culture et la mythologie de l’engagement. À 15 ans, j’ai commencé à lire l’Huma. Le peu de culture que j’ai, je l’ai acquis dans l’Huma », expose-t-il entre deux coups de fourchette dans son escalope milanaise. D’où une appétence pour le journalisme, finalement contrariée par des dispositions en mathématiques.

La dédicace de sa thèse de médecine à « Jean-Jacques, Maximilien, Karl, Ernesto et Nelson » ne laissait déjà aucun doute sur sa philosophie politique. Son « coming out » politique se fera pourtant bien plus tard. Le terme proposé le fait sourire. C’en est un sans l’être vraiment. « Dans les discussions en soirée professionnelle, j’étais le “coco” de service », relate-t-il. Depuis quelques années, il est un « coco » au grand jour. Candidat en 2017 à l’élection législative dans la circonscription marseillaise dans laquelle il vit et travaille. Désormais candidat sur la liste de Ian Brossat pour le scrutin qui se tient le 26 mai. Quand on tente de comprendre cet engagement public tardif, il ne se dérobe pas : « C’est intervenu à un moment particulier dans ma vie. J’étais arrivé, d’une certaine façon, au terme d’un parcours professionnel, dans lequel je m’étais engagé après le bac. En devenant professeur des universités en 2013 puis chef de département. Je ne pouvais plus rien préparer d’autre. Cela a correspondu aussi avec la mort de mon père, en 2014. D’un cancer. Ici, à l’institut. Le pire pour un oncologue. » Reprise de flambeau ? « Il y a un peu de ça », admet-il. Et un peu aussi servir « d’exemple », de boussole, à de jeunes étudiants ou médecins, à l’image des « anciens » qui ont pu guider ses pas. Dans le service, il ne se donne évidemment pas des airs de mandarin et, portant le plus souvent des jeans, il apparaîtrait à un œil extérieur comme l’un des médecins. Primus inter pares.

Septième sur la liste communiste

Dans l’entourage professionnel, sa montée au front électoral a plutôt suscité des réactions positives. « On ne peut pas m’accuser d’opportunisme, s’amuse-t-il. Cela lève l’hypothèque. » Septième sur la liste communiste, il insiste, en bon connaisseur, sur le thème de la santé. « Je parle tous les jours avec l’industrie pharmaceutique afin d’élaborer de nouveaux médicaments qui correspondent aux nouveaux traitements que nous élaborons. Je n’ai pas de problème avec elle, je ne la diabolise pas, glisse-t-il. Mon problème est lié à l’absence de maîtrise publique. On ne peut laisser cette question essentielle à la seule industrie. Pour moi, l’Europe constitue la bonne échelle pour la mise en place d’un pôle public du médicament. Car, si on n’y prend garde, le prix des médicaments va devenir un réel problème, comme il l’est déjà aux États-Unis où l’explosion du prix de l’insuline menace les soins aux diabétiques. » Pour lui, la règle d’or doit être celle qui a présidé à la création de la Sécurité sociale : « À chacun selon ses besoins, à chacun selon ses capacités. » Il rêve même d’une extension de cette règle à l’ensemble des activités : logement, éducation. Il esquisse un sourire. Cela ne lui a pas échappé : « À la fin, cela porterait le nom de communisme. »

Christophe Deroubaix
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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 04:15
19 avril à Quimper, 19h: débat Europe et Services Publics avec Marie-Pierre Vieu, députée européenne PCF, Laurent Brun, CGT Cheminots, Jean-Marc Cléry, FSU Bretagne, Glenn Le Saoût, candidat finistérien sur la liste de Ian Brossat et du PCF
19 avril à Quimper, 19h: débat Europe et Services Publics avec Marie-Pierre Vieu, députée européenne PCF, Laurent Brun, CGT Cheminots, Jean-Marc Cléry, FSU Bretagne, Glenn Le Saoût, candidat finistérien sur la liste de Ian Brossat et du PCF
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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 16:33

PCF is Back, maintenant c'est la remontada ! (Fabien Roussel) Fabien Roussel était l'invité de Audition publique, une émission en partenariat avec LCP, l'AFP, Public Sénat et le Figaro. Animation : Elisabeth Martichoux, lundi 18 mars.

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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 08:33
Le mardi 19 mars: tous ensemble pour faire reculer Macron et l'obliger à revoir sa politique économique, sociale, écologique! Appel du PCF Morlaix à soutenir la mobilisation intersyndicale et la manifestation du mardi 19 mars à 11h

La section du Pays de Morlaix du PCF appelle les salarié-e-s , les privés d’emploi, la jeunesse et les retraités à participer massivement à la grève interprofessionnelle décidée par les syndicats et à manifester le 19 mardi mars à 11h place des Otages devant la mairie pour une autre politique sociale, fiscale et écologique.


Toutes les luttes en cours participent à la mobilisation nécessaire pour changer de système, que ce soit pour une hausse des salaires et des retraites, une redistribution des richesses, la mise en cause du coût du capital pour notre société, la justice climatique et la  transition écologique, l’égalité des territoires, la défense des libertés, une  nouvelle République démocratique et sociale, l’ouverture de nouveaux pouvoirs d’intervention des salariés à l’entreprise, le  refus des diktats austéritaires européens.

Les participants aux marches de vendredi et samedi l'ont souligné: agir contre le dérèglement écologique global (la fin du monde) et pour les fins de mois ne s'opposent pas car c'est un même système financier capitaliste prédateur servi par les politiques du fric et du privilège qui met nos conditions de vie en péril.  

Samedi 16 mars, le parti communiste a déposé au premier ministre Edouard Philippe à Matignon 10 propositions nourries des apports citoyens et des débats que nous avons organisé dans toute la France.

On y trouve la hausse des revenus, dont celle du SMIC de 20 %, la lutte contre la grande pauvreté, la relance des services publics, la priorité aux transports publics, avec le doublement du fret ferroviaire et l’objectif de la gratuité des transports locaux, le remboursement des soins à 100 % par la Sécu, la rénovation énergétique des logements, la suppression de la TVA sur les produits de 1ère nécessité, de nouveaux droits pour les citoyens et salariés, et évidemment des mesures de justice fiscale, comme le rétablissement de l’ISF et la taxation des dividendes, une nationalisation bancaire, la sortie du pacte budgétaire européen qui empêche les investissements utiles au progrès social et écologique...

Ces propositions, nous les mettons en débat dans tout le pays, un vrai débat, pas le débat détourné façon Macron qui évite de faire face à ses responsabilités et ne répond pas aux attentes populaires.

 

Le mardi 19 mars: tous ensemble pour faire reculer Macron et l'obliger à revoir sa politique économique, sociale, écologique! Appel du PCF Morlaix à soutenir la mobilisation intersyndicale et la manifestation du mardi 19 mars à 11h
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