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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 07:35
Agnès Varda a marqué les esprits par ses choix esthétiques et idéologiques (Pierre Dharréville et Fabien Roussel - PCF)

Agnès Varda a marqué les esprits par ses choix esthétiques et idéologiques (Pierre Dharréville et Fabien Roussel - PCF)

Elle a été la femme de la Nouvelle vague, auteure d’une cinquantaine d’œuvres. Son travail a encore été récemment célébré en février où elle a reçu la caméra de la Berlinade 2019. Expérimentatrice de génie, créatrice audacieuse, sa vie et son œuvre échappent à toute définition. Elle a travaillé tous les genres du cinéma, de la fiction au documentaire… Sans être militant son cinéma était en prise avec la réalité du monde, porté par un questionnement progressiste. Elle compagnonnait entres autres avec le mouvement féministe, comme en témoigne par exemple « L’une chante, l’autre pas ».

« Beaucoup de mes films sont aimés, disait-elle, et ça c’est une récompense extraordinaire ». En parlant de son documentaire « Varda par Agnes », elle expliquait : « c’est une façon de dire au revoir, parce que je ne veux plus parler de mes films ».

Les communistes lui disent au revoir et s’inclinent devant cette femme de convictions ayant bâti une œuvre précieuse et originale.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,

Pierre Dharréville, Responsable de la commission Culture au PCF, député des Bouches-du-Rhône,

Le 29 mars 2019.

Clap de fin pour Agnès Varda
Vendredi, 29 Mars, 2019

La cinéaste, une des rares réalisatrices de la « Nouvelle vague » est décédée dans la nuit de jeudi à vendredi. Elle avait 90 ans.

 

Infatigable, Agnès Varda devait ce week-end inaugurer une exposition à Chaumont-sur-Loire. Mais dans la nuit de jeudi à vendredi ses forces l’ont définitivement abandonnée et elle est morte à l’âge de 90 ans. Depuis des mois elle luttait contre un cancer.

Née en Belgique en 1928, elle fut cinéaste, mais aussi photographe et plasticienne. Réalisatrice de documentaires elle signa aussi des films de fiction et fut une des rares femmes réalisatrices de la Nouvelle vague conduite par Truffaut, Godard, etc. Elle a été la compagne du cinéaste Jacques Demy.

La cinéaste reçoit un César d'honneur en 2017

On lui doit notamment Cléo de 5 à 7 réalisé en 1962 ; Ulysse en 1984, récompensé du César du meilleur court-métrage documentaire ; Sans toit ni loi,  Lion d’Or à la Mostra de Venise en 1985 ; Les glaneurs et la glaneuse en 2000 ; ou encore Les plages d’Agnès en 2009, César du meilleur film documentaire. Au chapitre des récompenses, signalons encore un César d’honneur en 2001 pour l’ensemble de son œuvre ; le prix René Clair de l’Académie Française en 2002 ; une Palme d’honneur à Cannes en 2015 ; un Oscar d’honneur en 2017 ; la Caméra de la Berlinade en 2019.

Dans son dernier documentaire Varda par Agnès diffusé le 18 mars dernier sur Arte, et que l’on peut voir en replay jusqu’au 17 mai, la cinéaste se livrait à une longue confession/introspection. Elle y expliquait notamment son attrait pour filmer la vie autour d’elle : « J’aime les documentaires, et je sais qu’il y en a de très beaux, qui ont été faits loin dans le monde. Moi j’ai envie de filmer ce que je connais. ‘’Daguerréotypes’’ a été fait dans la rue où j’habite ».

Gérald Rossi avec l'AFP

Agnès Varda ou le bonheur de glaner en famille
Vendredi, 29 Mars, 2019

Par Michèle Levieux.

Agnès a toujours fait partie de ma vie et de la nôtre bien sûr. Adolescente rebelle, j’ai découvert le Bonheur (1965) qui m’a conforté dans le fait que nous n’étions nullement obligés de vivre selon la bien « pensance » environnante. Puis j’ai vu la Pointe courte (1955), c’était l’époque où mes Universités se tenaient entre deux palais, celui des papes à Avignon où régnait le théâtre et Jean Vilar et celui de Chaillot où régnait un autre « pape », du cinéma cette fois, Henri Langlois L’ombre d’Agnès n’était jamais loin. Elle photographiait alors autour de Gérard Philipe, Jeanne Moreau et Philippe Noiret toute la troupe du Théâtre National Populaire avant qu’à la Cinémathèque française nous puissions y découvrir ses premiers films. Et je n’oublierai jamais que le son strident des trompettes annonçant le début imminent des représentations du TNP qui nous faisait courir dans les couloirs du théâtre de Chaillot était celui des joutes de Sète, la ville de Jean Vilar où Agnès, la petite grecque née à Bruxelles, en 1928, avait passé la première partie de sa vie. D’où la Pointe courte, du nom du quartier des pêcheurs sétois, avec Philippe Noiret, qui a fait d’Agnès Varda la grande sœur de la Nouvelle vague. 
 
Très vite, c’est la famille Varda-Demy qui fera partie de notre vie puis de notre patrimoine national. Avec Rosalie, la fille aînée puis Mathieu, le petit. La famille s’agrandit en musique avec Michel Legrand, qui dans Cléo de 5 à 7 (1962) contribue en personne à l’œuvre, puis avec une kyrielle d’acteurs, Catherine Deneuve et Michel Piccoli en tête, en inoubliable couple des Créatures (1966), Sandrine Bonnaire, toute jeune en Mona dans Sans toit ni loi (1985), film qui valut à Agnès un Lion d’or à Venise. Mais surtout en évoquant Agnès, il me revient une foule de souvenirs. Le premier est sûrement lié à sa défense de la photographie en 1983, lorsqu’elle initie à la demande de FR3, une émission qui se nommait « Une minute pour une image » avec Ulysse, une photo prise en 1954 et représentant une chèvre morte, un enfant et un homme nu au bord de la mer. « En fouillant le sable de la mémoire, on tombe sur des os… » disait Agnès à ce propos, elle qui s’était faite des plages sa demeure de prédilection ne cessera de fouiller le sable et de se battre pour la mémoire. A travers celle de la rue Daguerre à Paris, qu’elle habitait, elle évoquera dans Ulysse, un film court autour de la fameuse photo, César du meilleur court métrage en 1982, « la maladie d’un enfant, cette chère rue Daguerre alors populaire, l’intégration des Républicains espagnols, le Théâtre national populaire, l’amour familial et le temps qui n’est plus le même quand on regarde le bord de l’eau ». 
Jacques Demy disparu, Agnès lui a « fait » un film sur son enfance et son immédiat amour du cinéma, Jacquot de Nantes (1991). Nous l’avons présenté au festival de Moscou dans un joyeux désordre perestroïkien, le son étant trop fort, Agnès voulait absolument aller dans la cabine et lorsqu’enfin par un petit escalier en colimaçon nous sommes arrivées là, la vodka coulait à flot parmi les projectionnistes. Ignorant qui nous étions, ils nous ont tout de suite invités à boire avec eux. Dans ces rares cas, Agnès pouvait être désarmée… Lorsqu’au cours d’un dîner avec Aleksandr Sakourov à Paris, Agnès m’a fait part de son projet de fêter non pas les vingt ans de la disparition de Jacques (1990) comme le proposait la ville de Nantes en 2010 mais plus joyeusement les cinquante ans du tournage de Lola (1960) - toujours un anniversaire mais vivant ! -, j’ai vraiment été très heureuse de faire partie de la sortie en « famille » en compagnie d’Anouk Aimée, Michel Piccoli, et tous les Varda-Demy. Je me souviens à cette occasion de ma rencontre lors d’un dîner à la Cigale où le fantôme de Lola, en présence d’Anouk, planait plus que jamais, avec l’ami de Los Angeles, Alain C. Ronay, qui intime de Jim Morrison, me contait en compagnon de route, les aventures américaines de Jacques et Agnès. A l’époque de Lions Love (1968), alors que Robert Kennedy était assassiné et qu’un coup de feu avait été tiré sur Andy Warhol.
 
Après son film les Glaneurs et la Glaneuse (2000) et la découverte d’une petite caméra, Agnès se fait elle-même glaneuse en toute légalité. Je me souviens des pommes de terre en forme de cœur qu’elle avait incorporées dans une installation exposée à La Rochelle. Les dernières fois que j’ai rencontrées Agnès, elle était toujours joyeuse : il y a un an, elle exposait des cabanes, petites et grandes, dans une galerie du Marais. De bon matin, tout de rose vêtue, avec un sac à main de couleur rose fluo en plastique - Agnès aimait le côté fluo du plastique - elle m’a fait visiter ses cabanes. J’étais particulièrement touchée par les tournesols dans « la serre du bonheur », recouverte de la pellicule du film, le Bonheur, en entier. Puis j’ai revu Agnès en février dernier à Berlin, lors d’une cérémonie qui ressemblait à des adieux : elle recevait la Caméra de la Berlinale, avec panache comme toujours et s’adressait à nous - nous faisant revivre notre propre vie - en revisitant avec humanité et humour son immense voyage dans le cinéma, présentant son ultime œuvre, Varda par Agnès (2019). « Voilà, tout est simple », disait encore hier Agnès Varda, « on part d’une petite rêverie et ça devient une œuvre. » 
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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 07:27
SAMEDI 30 MARS A 10h 30 SQUARE DE LA RÉSISTANCE:  Gaza Solidarité !  Levée immédiate du blocus !  Droit au retour des réfugiés !

SAMEDI 30 MARS A 10h 30 SQUARE DE LA RÉSISTANCE 

Il y a un an, les Palestiniens de la bande de Gaza commençaient les « marches du retour » pour retrouver leurs terres occupées par Israël. Ils réclament aussi la levée du blocus, aérien, terrestre et maritime qui enferme 2 millions d’habitants dans une véritable prison de 365 km², régulièrement bombardée par l’aviation israélienne. 

Chaque vendredi, face à eux, les snipers israéliens visent les manifestant-es, ciblant plus particulièrement des jeunes, mais aussi des journalistes et des personnels médicaux. L’utilisation de munitions spéciales entraînant de nombreuses amputations prouvent la volonté délibérée de mutiler. Ce que dénoncent régulièrement des associations comme Médecins du Monde ou Amnesty International.

Aujourd’hui le bilan est terrible avec plus de 250 morts et plus de 23 000 blessés palestiniens !

Selon la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU, la réponse d’Israël à ces manifestations « peut constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ». 

Nous n’oublions pas, nous ne nous habituons pas !

 

Gaza Solidarité ! 
Levée immédiate du blocus !

Droit au retour des réfugiés !

- Nous demandons à notre gouvernement qu’il intervienne pour une mise sous protection internationale des Palestiniens de Gaza.

-  Nous demandons que le blocus de Gaza soit levé, que cesse l’impunité totale dont jouit Israël et que la France mette en place des sanctions.

-  Chaque réfugié, chaque exilé doit pouvoir bénéficier du « droit au retour ».

-  Nous exigeons que cesse toute coopération militaire et sécuritaire avec Israël, en particulier la fin de tout commerce de composants servant à fabriquer des armes utilisées contre des civils.

 - Nous demandons la reconnaissance de l’État de Palestine tant par la France que par l’Union Européenne.

C’est pourquoi nous appelons à un rassemblement

De solidarité avec les Palestiniens de Gaza et de toute la Palestine occupée

LE SAMEDI 30 MARS À 10h 30

Square de la Résistance à Morlaix

 

Localement, ce rassemblement a reçu le soutien de : EELV, Génération-s, PCF, NPA, Ensemble ! France Insoumise, la FSU, UL-Solidaires, l’association pour le jumelage Morlaix/Wavel...
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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 07:05
Syrie-Israël. Quand Donald Trump sert la guerre sur un plateau - L'Humanité, Pierre Barbancey, 28 mars
Syrie-Israël. Quand Donald Trump sert la guerre sur un plateau
Jeudi, 28 Mars, 2019

En reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan syrien, le président américain parachève son but : faire d’Israël un État régional fort gérant des Palestiniens sans identité nationale. Analyse.

Benyamin Netanyahou a du mal à cacher sa joie. À deux semaines des élections législatives qu’il n’est pas certain d’emporter, le premier ministre israélien vient de recevoir un beau cadeau de la part du président américain. Donald Trump a profité de la présence à Washington du chef du gouvernement israélien pour signer un décret actant la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté d’Israël sur la partie du plateau du Golan syrien occupée depuis 1967 et annexée depuis 1981. Ce n’est pas une surprise à proprement parler.

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et le déménagement de l’ambassade américaine avaient déjà marqué une rupture avec les précédentes administrations. Le récent rapport du département d’État sur la situation des droits humains dans le monde pour 2018 et publié début mars ne faisait pas mention de territoires occupés par Israël – qu’il s’agisse de la Cisjordanie, de la bande de Gaza ou du plateau du Golan – mais de « territoires contrôlés par les Israéliens ». Une différence qui n’est pas que sémantique mais bien profondément politique. De plus, Trump estime que la poursuite de la colonisation n’est pas un obstacle au processus de paix. Il est vrai que l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, est un fervent supporter (y compris financier) des colonies d’implantation dans les territoires palestiniens. Les États-Unis ont également cessé leur aide à l’organisation de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et entendent faire changer le statut de ces réfugiés en refusant d’y inclure les générations qui ont suivi celle de 1948, pour faire chuter leur nombre de 5 millions à environ 40 000. Quel droit au retour dans ces conditions? De plus, Washington a fait fermer la représentation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) aux États-Unis. Last but not least, afin de mieux imposer cette politique et protéger définitivement Israël, une campagne – relayée ardemment par tous les pays européens – a été lancée, visant à taxer d’antisémite toute critique d’Israël. C’est notamment le cas du mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).

Mardi, lors d’une réunion mensuelle consacrée au conflit israélo-palestinien, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont laissé transparaître leur exaspération face au choix des États-Unis de briser le consensus international. En particulier, les cinq pays européens membres du Conseil (Allemagne, France, Royaume-Uni, Belgique et Pologne) ont rappelé dans une déclaration solennelle qu’ils ne reconnaissaient « pas la souveraineté d’Israël sur les territoires occupés par Israël depuis juin 1967, incluant le plateau du Golan » . Ils soulignaient que « l’annexion d’un territoire par la force est interdite par le droit international. Toute déclaration sur un changement unilatéral de frontière va à l’encontre des règles sur l’ordre international et la charte des Nations unies ».

Une fois n’est pas coutume, lors de la discussion, l’ambassadeur français François Delattre avait dénoncé de manière virulente l’attitude de Washington. Les fondements d’une paix durable au Proche-Orient sur lesquels s’est entendue la communauté internationale « ne sont pas des options ou un menu dans lequel il serait possible de piocher à sa guise, faisait-il valoir. La reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan est contraire au droit international, en particulier l’obligation pour les États de ne pas reconnaître une situation illégale ». Pour le diplomate, « le silence du Conseil sur ce sujet est de plus en plus assourdissant, de plus en plus incompréhensible, et pour la France de plus en plus inacceptable ».

Il serait donc incompréhensible que la France, qui préside ce Conseil de sécurité jusqu’à dimanche, n’inscrive pas la demande de la Syrie d’une réunion d’urgence de ce Conseil et laisse l’Allemagne, qui lui succède, s’en charger. Elle marquerait là sa volonté claire de s’opposer aux tentatives américaines qui visent à morceler définitivement le territoire syrien et, surtout, à laisser à Israël le contrôle des immenses ressources en eau du plateau du Golan, qui alimentent le Jourdain et le lac Tibériade.

Il est vrai que Paris est pris dans ses propres contradictions. Outre sa participation à la criminalisation du BDS et l’affirmation selon laquelle l’antisionisme serait une nouvelle forme d’antisémitisme, la France ne sait plus comment se positionner concernant la Syrie et, dans une moindre mesure l’Iran. Ainsi peut-on penser que l’affirmation de l’ambassadeur américain à l’ONU, Jonathan Cohen, pour qui «  permettre aux régimes syrien et iranien de contrôler le plateau du Golan reviendrait à fermer les yeux sur les atrocités commises par le régime d’Assad et sur la présence déstabilisante de l’Iran dans la région », n’a pas manqué de faire mouche. De toute manière, il n’y a pas de certitude que la réunion ait lieu. Il suffirait pour cela qu’un des quinze pays membres du Conseil demande un vote de procédure, et que lors de ce vote neuf pays s’opposent à sa tenue.

Si Hassan Nasrallah, chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, qui soutient le régime syrien, a appelé à la « résistance » face au « dédain pour le monde arabe et islamique », les chancelleries de ce monde arabe sont pour le moins gênées aux entournures. Depuis plusieurs années maintenant elles avaient choisi d’intégrer sans retenue la stratégie américaine. Celle-ci passe par un rapprochement avec Israël et s’appuie sur la désignation d’un ennemi commun, l’Iran. Lasses, elles ont beau condamner la décision américaine, les voici gros-jean comme devant, leurs condamnations sont sans poids, bien incapables maintenant de faire bouger les lignes. Côté iranien, en revanche, le président Hassan Rohani a fait remarquer: « À un certain moment de l’histoire, du temps du colonialisme, certaines puissances coloniales ont fait de telles choses et attribué des parties d’un pays à un autre (...), mais cela est sans précédent à notre siècle. Personne n’aurait cru qu’un homme viendrait en Amérique et remettrait, de façon unilatérale et contre toutes les lois et règles internationales, une terre appartenant à un pays à un agresseur. »

Cet acte de piraterie du droit international par les États-Unis devrait amener une initiative politique forte de la part de la direction palestinienne. Celle-ci en semble incapable, engluée dans des affrontements entre le Hamas et le Fatah, dans une guerre de succession pour remplacer Mahmoud Abbas et sous pression internationale. Il n’est pas certain que le refus de tout lien avec l’administration Trump, pour symbolique qu’il soit, ouvre une quelconque opportunité. Toutes les récentes décisions américains, dont la reconnaissance de la mainmise israélienne sur le plateau du Golan, montrent surtout que l’initiative de paix israélo-palestinienne de Jared Kushner, conseiller et gendre de Donald Trump, présentée comme le « plan du siècle », longtemps annoncée mais jamais dévoilée, n’est qu’un écran de fumée, une escroquerie digne de bateleurs de foire. Le plan est pourtant maintenant clair : morceler les territoires palestiniens, mettre en place une gestion de populations sans identité nationale, tout entières dépendantes d’un État plus fort que jamais : Israël.

Pierre Barbancey
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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 06:57
Education: le projet réactionnaire de Blanquer, l'homme du très droitier institut Montaigne, mobilise largement les enseignants contre lui (articles d'Olivier Chartrain et de Laurent Mouloud dans L'Humanité)
Éducation. Jours de colère dans le monde scolaire
Vendredi, 29 Mars, 2019

Journée de mobilisationce samedi, appel à la grève le 4 avril : du primaire au lycée, les profs rejettent les réformes Blanquer.

On dirait que le temps se gâte pour Jean-Michel Blanquer. Depuis son intronisation au ministère de l’Éducation nationale, il avançait ses pions et ses réformes sans coup férir, jouant de sa parfaite connaissance d’un système dont cet ancien recteur est le plus pur produit. Mais les meilleures choses ont une fin, et aussi les pires. Deux échéances devraient permettre d’en juger : dès demain, la journée nationale d’action à l’appel des cinq principales fédérations syndicales de l’enseignement (FSU, Unsa Éducation, CGT Educ’action, SGEN-CFDT et Snalc) ; puis une journée de grève « pour l’abandon du projet de loi Blanquer », jeudi 4 avril – appel également intersyndical (SNUipp-FSU, SNES-FSU, Snuep-FSU, Fnec-FO, CGT Educ’action et SUD éducation).

Le premier signal a été perçu le 19 mars dernier, lors de la journée interprofessionnelle de mobilisation des fonctionnaires. Pour la première fois depuis des mois, les enseignants étaient présents en force. Il faut dire qu’un mois avant, le 19 février, l’Assemblée avait adopté en première lecture le projet de loi sur « l’école de la confiance ». Un texte qui a suscité inquiétude et colère dans les salles des maîtres et des professeurs.

L’article 1 et l’article 6 de la loi sont particulièrement dans le viseur. Le premier laisse planer la menace d’un « devoir de réserve » imposé aux enseignants. Ceux-ci y voient la manifestation d’une volonté de censure, d’autant que certains d’entre eux ont eu droit à des menaces de sanctions de la part de leur hiérarchie quand ils critiquent un peu trop ouvertement la politique de leur cher ministre – ou s’organisent pour la combattre, comme ceux qui refusent de transmettre les résultats des évaluations de CP.

Quant à l’article 6, c’est celui qui met en place les « établissements des savoirs fondamentaux » (ESF) en regroupant les écoles élémentaires sous l’égide du collège de secteur et en supprimant les directeurs. Une mesure redoutée en milieu rural où l’éloignement physique laissera les professeurs des écoles seuls pour gérer aussi bien les (lourdes…) tâches administratives que les relations avec l’ensemble de leur environnement : collectivités locales, partenaires divers et familles, en premier lieu.

À cela s’ajoute le mécontentement de plus en plus fort sur la triple réforme des lycées : réforme du bac général et technologique, réforme du bac professionnel et profonde révision des programmes. Plus le voile de flou délibéré qui les entourait finit de se lever, plus se font jour de fortes inquiétudes, tant sur la forme – absence de concertation, autoritarisme, verticalité – que sur le fond : inégalités d’accès aux nouvelles « spécialités » du bac, lourdeur des programmes – ou, à l’inverse, pour le bac pro, appauvrissement dramatique. Fait notable : le ministre a été « lâché » le 27 mars par le seul syndicat qui soutenait encore sa réforme, le SE-Unsa, qui en demande à présent le report ou « de débloquer en urgence des dotations » en postes. Il faut dire que ce syndicat a fait réaliser un sondage auprès de 3 264 enseignants… dont seuls 4 % jugeaient la réforme positive !

Beaucoup de professeurs comprennent que les bouleversements envisagés masquent une volonté obstinée de faire des économies sur le dos de l’éducation. Ce que confirme l’annonce de la suppression, à la rentrée prochaine, de 2 650 postes dans les collèges et les lycées, alors que la démographie dans le secondaire va connaître une croissance continue dès cette année et jusqu’en 2023. Invité (une fois de plus…) jeudi matin sur France Inter, le ministre a tenté de faire croire que ces suppressions seraient compensées par des heures supplémentaires… qu’effectuent déjà la plupart des enseignants. Une réponse qui n’est surtout pas de nature à calmer les inquiétudes.

Éditorial. Blanquer et l’effet boomerang
Vendredi, 29 Mars, 2019

L'éditorial de Laurent Mouloud. Depuis sa prise de fonction, le ministre de l’Éducation nationale a revêtu l’uniforme de l’habile manoeuvrier.

La fin de l’arrogance pour Jean-Michel Blanquer ? Depuis sa prise de fonction, le ministre de l’Éducation nationale a revêtu l’uniforme de l’habile manoeuvrier. Usant d’un redoutable savoir-faire médiatique, ce proche du très libéral institut Montaigne a su imposer, au grand dam des représentants syndicaux, son train de réformes droitières et autoritaires, tout en conservant une relative mansuétude de l’opinion publique. Mais voilà. La belle mécanique, si appréciée du président Macron qui l’avait désigné comme son meilleur ministre, semble bel et bien s’enrayer face à la contestation qui surgit dans le monde de l’éducation.

Les signes alarmants se multiplient pour le locataire de la rue de Grenelle. Le 19 mars, les enseignants ont été exceptionnellement nombreux à se mettre en grève. 40 % des profs du primaire, soit le taux le plus haut depuis 2017. Ce samedi, rebelote, une large intersyndicale battera le pavé contre la réforme du lycée et la loi Blanquer, tandis que des organisations appellent déjà à une nouvelle journée de grève le 4 avril. Enchaînement spectaculaire. Auquel s’ajoute, ces dernières semaines, une multitude d’actions de « désobéissance » d’enseignants qui démissionnent de leur fonction de prof principal, mettent 20/20 à tous les élèves ou boycottent des conseils de classe... Même le SE Unsa, syndicat au départ favorable à la réforme du lycée, s’est désolidarisé du ministre !

Jean-Michel Blanquer, s’il est aussi pragmatique qu’il le dit, ne peut ignorer ce profond malaise. Et doit bien constater que la « confiance », qu’il appelle de ses vœux sur les plateaux télé, se délite un peu plus chaque jour auprès des personnels. Selon un récent sondage, seuls 4 % des profs estiment que la réforme du lycée, qu’ils sont pourtant chargés d’appliquer, va dans le bon sens. 4 %… Difficile de faire pire.

En vérité, cette contestation n’a rien d’une surprise. Elle couve depuis le départ. En matière de dialogue social, Jean-Michel Blanquer s’inscrit dans la droite ligne de son ami Laurent Bigorgne, patron de l’institut Montaigne, qui considère les syndicats enseignants comme «  un milieu où les archéos pèsent beaucoup et ne veulent aucun vrai changement ». Le ministre n’avait donc que mépris et autoritarisme à offrir aux représentants syndicaux. Et finalement à l’ensemble des personnels qui, au lieu d’une construction commune, voient depuis des mois les réformes libérales – et les restrictions budgétaires qui les accompagnent – tomber sur eux avec la verticalité d’un parpaing. Un tel dédain ne peut que revenir en boomerang à son auteur. Un si bon élève du gouvernement ne devrait pas l’ignorer.

Par Laurent Mouloud
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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 06:55

Finistère : toutes et tous mobilisé-e-s samedi 30 mars contre le projet de loi Blanquer et la politique éducative du gouvernement


+ place de la Résistance à Quimper à 10h30
+ place de la Liberté à Brest à 10h30

 

Liberté, Résistance, deux mots de circonstance !

Déclaration de l'intersyndicale SNUipp-FSU, SNES-FSU, SNUEP-FSU, SNUDI-FO, SNLC-FO, CGT éduc’action et Sud éducation

Les enseignant-es se mobilisent face à la politique éducative, rétrograde et libérale, conduite actuellement à marche forcée au mépris de leur expertise professionnelle et déjà sanctionnée par l’ensemble de la communauté éducative.

Elles et ils rejettent notamment le projet de loi « pour l’école de la confiance », un texte qui ne permettrait en rien d'améliorer la réussite de tous les élèves et bouleverserait radicalement le fonctionnement et la structure de l’école avec notamment la création de regroupements écoles-collège.

Nos organisations syndicales SNUipp-FSU, SNES-FSU, SNUEP-FSU, FNEC-FP-FO, CGT éduc’action et Sud éducation dénoncent les menaces de sanctions et pressions exercées à l’encontre des personnels et défendent leur liberté d’expression.

Nos organisations sont engagées dans ces mobilisations, soutiennent les actions menées localement et appellent à les développer avec tous les personnels.

Lors des manifestations organisées sur tout le territoire samedi 30 mars, les enseignant-es seront rejoints dans leur mobilisation par des parents d’élèves, des élu-es ou simplement des citoyen-nes. Nos organisations appellent à faire de cette journée un moment fort de mobilisation pour le service public d’éducation.

Elles appellent ainsi à faire du jeudi 4 avril un prochain temps fort de mobilisations (grève, rassemblements, manifestations...) pour obtenir l’abandon du projet de loi.

Elles construisent également d’autres actions localement durant la période de vacances par zone.

Elles s'engagent aussi sur le terrain de la fonction publique pour s’opposer à la réforme gouvernementale, qui détruirait le statut de fonctionnaire, et promouvoir également le service public d'éducation.

Elles estiment nécessaire de poursuivre et d’amplifier les mobilisations pour obtenir l’abandon du projet de loi y compris au moment de l’examen de celui-ci par le Sénat.

A cet effet, elles se reverront prochainement dans l’unité la plus large.

Communiqué de presse de la section PCF du pays de Quimper

Non à l’école Blanquer-Macron de l’injustice sociale et de la concurrence

Pour une école de la réussite et de l’émancipation de toutes et tous !

La section du PCF apporte son soutien à la mobilisation des personnels de l’Éducation nationale contre la loi Blanquer et appelle à participer à la manifestation organisée à Quimper le samedi 30 mars à 10h30 place de la Résistance par leurs syndicats unis pour l’école publique.

L’école, ses personnels, ses élèves, leurs familles, sont déjà en souffrance du fait des politiques austéritaires et d’inspiration libérale de ces dernières années qui ont accru les inégalités et l’exclusion.

Avec Blanquer et sa loi, c’est un grand pas qui est fait vers une école qui n’aurait plus comme objectif l’égalité, l’épanouissement et la réussite de tous, le savoir partagé, l‘émancipation, mais le tri social, dès le plus jeune âge jusqu’à l’université, la sélection d’une « élite », et pour les autres, une formation au rabais, une école du moins-disant.

C’est une école de la concurrence, de l’injustice sociale, de la ségrégation territoriale, que Macron et Blanquer visent à mettre en place, et pour cela ils n’hésitent pas à dégrader l’école publique, à lui imposer un autoritarisme grandissant, à précariser ses personnels et à casser leur statut pour mieux les soumettre, à culpabiliser élèves et parents auxquels ils font porter la responsabilité des échecs du système, à faire de l’éducation non plus une ambition nationale mais un marché lucratif pour le privé.

Cette politique ségrégative et concurrentielle conduit à un immense et intolérable gâchis humain, elle accroît les inégalités, elle prive notre pays des compétences, des capacités, d’une grande part de ses enfants.

Comm disait Lincoln, si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance !

Les communistes s’opposent résolument à ces choix inégalitaires et autoritaires, ils agissent avec toutes et tous pour une école de l’égalité, de l’émancipation, une école commune qui conduise tou-te-s ses élèves, ensemble, au haut niveau de connaissances qui leur sera nécessaire dans leur vie au travail, dans leurs choix de citoyens. Cela exige le déploiement de la démocratie, du respect pour les jeunes, pour leurs parents et leurs enseignants, des investissements à la hauteur des besoins pour développer l’effort éducatif, et notamment pour la formation et le recrutement des enseignants, incluant un prérecrutement sous statut de la Fonction publique.

Quimper, le 27 mars 2019

Communiqué de presse de la section du Pays de Brest  du PCF

Non à l’école Blanquer-Macron de l’injustice sociale et de la concurrence

Pour une école de la réussite et de l’émancipation de toutes et tous !

La section du Pays de Brest du  PCF apporte son soutien à la mobilisation  contre la loi Blanquer et appelle enseignants, parents d’élèves, lycéens et étudiants à participer à la manifestation organisée à Brest  le samedi 30 mars à 10h30 place de la Liberté par l'intersyndicale

L’objectif de  cette loi est de faire le tri social. L’école de Blanquer, c’est une école de la concurrence et de la soumission. Concurrence parce que tous les cadres collectifs sont cassés au profit de parcours individualisés ; chaque jeune est amené à choisir son établissement, ses options, son parcours, et il va être sélectionné de manière de plus en plus précoce, ce qui va l’isoler, le mettre en concurrence avec les autres et produire de plus en plus d’inégalités sociales. Soumission parce que cette loi est extrêmement autoritaire, à la fois dans la manière dont elle a été votée, contre l’avis de l’ensemble de la communauté éducative ; et autoritaire dans ce qu’elle porte, c’est-à-dire une reprise en main autoritaire par le ministre du système éducatif.

Les communistes s’opposent résolument à ces choix inégalitaires et autoritaires, ils agissent  avec toutes et tous pour une école de l’égalité, de l’émancipation, une école commune qui conduise tou-te-s ses élèves, ensemble, au haut niveau de connaissances qui leur sera nécessaire dans leur vie au travail, dans leurs choix de citoyens. Cela exige le déploiement de la démocratie, du respect pour les jeunes, pour leurs parents et leurs enseignants, des investissements à la hauteur des besoins pour développer l’effort éducatif, et notamment pour la formation et le recrutement des enseignants, incluant un pré- recrutement sous statut de la Fonction publique.

Non à l’école Blanquer-Macron de l’injustice sociale et de la concurrence  Pour une école de la réussite et de l’émancipation de toutes et tous ! : appels au rassemblement samedi 30 mars des PCF Quimper et Brest
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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 06:49
Quel avenir pour le centre hospitalier de Morlaix? - Manif à l'appel de l'intersyndicale CGT, CFDT, SUD le 27 avril à Morlaix - Agents et usagers, tous unis pour la sauvegarde de notre hôpital!

Samedi 27 Avril
Départ 10h manufacture de Morlaix
Agents et usagers unis pour la sauvegarde de l'hôpital et le maintien de l'offre de soins sur le bassin morlaisien.

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29 mars 2019 5 29 /03 /mars /2019 07:12
l'écrivain Valère Staraselki à la librairie Dialogues de Morlaix

l'écrivain Valère Staraselki à la librairie Dialogues de Morlaix

Du communisme, une idée neuve en Europe et ailleurs - par l'écrivain Valère Staraselski, L'Humanité - 29 mars 2019
Du communisme, une idée neuve en Europe et ailleurs
Vendredi, 29 Mars, 2019

Valère Staraselski

Jair Bolsonaro, nouveau président d’extrême droite du Brésil, a raison de déclarer que « le vieux communisme n’a plus sa place dans notre monde ». En revanche, Bolsonaro se trompe, notre monde, comme son pays, a besoin de nouveau communisme. De nouveau communisme en acte, donc politique.

Pourquoi ? Parce que, eu égard à l’urgence sociale comme à l’urgence écologique, jamais dans l’histoire humaine le sort des particuliers n’aura autant été lié au sort commun. Jamais, pour assurer un possible avenir décent à tous, pour créer une issue à la catastrophe annoncée, il n’y a eu autant besoin de mise en commun de recherches de solutions et d’actions, en un mot de communisme en acte.

En participant massivement au mouvement pour le climat vendredi dernier – plus d’un million de personnes – en prenant à bras-le-corps et ce, à leur manière et de façon pérenne, la lutte contre le dérèglement climatique, une partie de la jeunesse mondiale comprend que la limitation des ressources naturelles couplée aux capacités d’absorption de notre planète « ébranle, comme le dit Catherine Larrère, les fondements du capitalisme  ». Qui, ajoute-t-elle encore, « ne s’effondrera pas de lui-même ».

En effet, là est toute la question. Qu’est-ce que la politique, sinon cette invention et cette pratique tout humaines qui reconnaissent l’existence d’une vie en société en même temps que l’impératif besoin d’une organisation librement consentie de celle-ci par ses participants ? Un combat sans cesse recommencé dont la forme la plus aboutie porte le nom de démocratie.

Or, comme le remarque fort justement Marcel Gauchet, si « le principe démocratique est entré dans les têtes à un tel degré que toute autre chose est impensable », la démocratie en notre pays « dysfonctionne au point de susciter une immense frustration chez une très grande partie des citoyens et d’engendrer une contestation dont on ne sait où elle mènera ». Les classes populaires en révolte, mais pas seulement elles, ne se réclament de l’apolitisme que dans la mesure où elles en sont exclues depuis trop longtemps. Et où, mêlant revendications sociales et démocratiques, elles exigent en définitive du politique. De la politique oui, mais pas sans eux. C’est-à-dire de la politique véritable ! L’organisation de la cité pour tous et par tous.

Voici un défi, dont on peut s’accorder, toutes tendances politiques confondues, sur le fait qu’il ne pourra être relevé sans les premiers intéressés : celles et ceux que la gauche, et particulièrement le mouvement communiste, a vocation à mettre en action, voire à rassembler pour que tout un chacun puisse s’inscrire dans l’exercice de la démocratie.

Au regard et de l’histoire et des enjeux planétaires, le temps presse, il faut urgemment agir. Sans faire ici l’historique de l’apport du mouvement communiste passé – je conseille fortement, à ce sujet, la lecture attentive de Fuir l’histoire, de Domenico Losurdo –, j’attirerai l’attention sur le rôle d’organisations de ce type dont l’essence loge dans l’action émancipatrice. Gagner le plus de partages et d’actions possibles pour des droits et des devoirs au service du plus grand nombre. Une fonction qui, pour travailler à répondre aux défis extraordinaires qui se dressent sur le chemin des vivants sur cette planète, consiste à construire, sans dissocier but et moyen, ce qui s’appelle du communisme : expériences d’altérité sociale étendues, service et maîtrise publics, Sécurité sociale, etc, tout ce qui est dévolu au bien commun. Et qui, par définition, doit subvertir le système dominant et mortifère de la marchandisation faite loi. Oui, le bien commun, condition sine que non pour sauver le sort commun.

Et la politique concrète dans tout ça ? J’ai encore en mémoire ce dialogue, datant de quelques années, avec Jean-Louis Debré, homme politique et d’État français, de droite :

– Savez-vous, Valère, quel est le malheur de la France ?

– Non, monsieur Debré…

– La disparition de Parti communiste français !

–Rien, jamais, n’est comme on l’imagine (Aragon) ai-je pensé, en songeant à l’avenir…

À propos de son livre  le Temps des passions tristes. Inégalités et populisme, François Dubet considère que la question des inégalités « joue un rôle essentiel » dans l’extension d’un « climat dangereux de plusieurs manières où le sentiment d’être méprisé et la capacité de mépriser à son tour » se nourrissent mutuellement. L’expérience montre, en effet, que l’action pour l’égalité sociale reste la meilleure protection des sociétés démocratiques.

Je songe à ces dires de deux femmes. La philosophe Simone Weil : « Le fait capital n’est pas la souffrance mais l’humiliation. » Simone de Beauvoir, à propos des femmes ayant réussi à exercer des responsabilités : « Il arrive très souvent qu’elles se désolidarisent des autres femmes et elles pensent que si elles ont réussi, n’importe qui peut réussir. Or c’est complètement faux, parce que, si l’on réussit, c’est par des chances, ou de naissance, ou de vie, ou d’argent, et cela ne prouve pas du tout que la situation des femmes en est changée… »

En se mobilisant durablement pour le climat, cette jeunesse fait preuve de maturité politique. Et, à ce titre, elle mérite mieux que la continuation de la confiscation de la politique par des politiciens. «  En remettant en question ces fondements du système économique, en faisant le choix de refuser des politiques ayant un impact néfaste sur notre société et sur notre environnement, ces jeunes posent les bases d’une nouvelle société », nous dit encore Catherine Larrère.

On aurait tort de croire que ces jeunes ne sont pas aptes à saisir toute l’importance de l’action politique.

Les forces du PCF sont certes diminuées, mais elles existent. Le projet, la raison d’être de ce parti, à savoir le libre développement de chacun comme condition du libre développement de tous, répond, sans mauvais jeu de mots, à une actualité brûlante. L’expérience de cette organisation politique, le dévouement de ses militants, de ses élus paraissent pour le moins indispensables dans cette grande et longue bataille sociale et environnementale qui a déjà débuté. Et qui consiste à déphagocyter et à inventer une alternative au capitalisme.

Valère Staraselski

Écrivain

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29 mars 2019 5 29 /03 /mars /2019 07:07
Injustice. 29 mars 1919, l’assassin de Jaurès est acquitté (Gilles Candar, l'Humanité, 29 mars 2019)
Injustice. 29 mars 1919, l’assassin de Jaurès est acquitté
Vendredi, 29 Mars, 2019

Coup de tonnerre ! Ils ont assassiné le directeur de l’Humanité une seconde fois ! Le jury décide l’acquittement : Raoul Villain échappe à la condamnation.

Le scandaleux verdict du 29 mars 1919 n’a jamais cessé de surprendre et scandaliser. L’Humanité du lendemain titre sobrement : « On attendait un verdict de justice. (…) Le jury a acquitté l’assassin de Jaurès ! ». Pourquoi ? Les réponses n’ont pas manqué, et, après Jean Rabaut, l’historienne Jacqueline Lalouette y est revenue dans son livre Jean Jaurès, l’assassinat, la gloire, le souvenir (Perrin, 2014).

Personne ne conteste que Raoul Villain a tué Jean Jaurès le 31 juillet 1914. Mais le jury souverain est libre d’acquitter s’il estime l’acte ou l’accusé excusable pour une raison ou une autre, sans avoir à motiver sa décision. Des précédents existent puisque M me Caillaux avait été acquittée en 1914 du meurtre du directeur du Figaro. La violente campagne de presse avait alors paru expliquer un geste passionné.

Mais ici ? La signification politique et sociale du verdict semble claire. Anatole France le dit nettement : « Travailleurs, Jaurès a vécu pour vous ; il est mort pour vous ! Un verdict monstrueux proclame que son assassinat n’est pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui défendent votre cause. Travailleurs, veillez ! » ( l’Humanité du 6 avril 1919).

L’indignation et la colère ressenties sont telles qu’elles résonnent encore des décennies plus tard. On a souvent discuté des motivations de l’attitude du jury : nationalisme, conservatisme, crainte de mouvements sociaux, alors que la révolution en Russie inquiète, indifférence civique plus répandue qu’on l’imagine... Cela n’explique pas tout.

La stratégie de la partie civile interroge aussi. La famille s’est entièrement reportée sur le Parti socialiste : attitude légitime puisque Jaurès a été assassiné en raison de son rôle politique. Professionnels du barreau, les avocats choisis sont surtout des politiques : Joseph Paul-Boncour, député rallié au Parti socialiste en raison de l’Union sacrée, Ducos de La Haille, membre de la direction, d’une sensibilité proche, et André Le Troquer, qui représente l’ancienne minorité, devenue depuis peu majoritaire. Leurs choix sont clairs. Ils veulent à la fois exalter le patriotisme républicain de Jaurès et affirmer l’unité du parti. De nombreux témoins, universitaires, personnalités, généraux et autres, sont convoqués pour dire tout le bien qu’ils pensaient de Jaurès. Même Marcel Cachin, qui suit la consigne, dépose... en relatant à quel point le roi Victor-Emmanuel III d’Italie, qu’il a rencontré, admire l’Armée nouvelle, la grande œuvre de Jaurès. Sans doute, mais est-ce le sujet ? Les socialistes n’avaient-ils pas envisagé avant la déclaration de guerre de lutter contre son déclenchement ? De prôner un mouvement international fortement contestataire, pour ne pas dire davantage, susceptible de l’empêcher ? Talent et sincérité de la partie civile ne sont pas en cause, mais trop de fine politique nuit parfois au droit... et au bon sens.

Nouveaux et anciens majoritaires du parti en cours de rassemblement ont voulu échapper aux sujets qui fâchent : la guerre était-elle évitable ? Fallait-il agir ? De quelle manière ? Peut-être n’était-ce pas le lieu, mais alors pourquoi autant de célébrations de la pensée et de l’action de Jaurès ? Au lieu de centrer le débat sur l’assassinat, les avocats ont voulu glorifier la victime. Et le piège s’est refermé. Il n’était pas difficile aux avocats de la défense de faire valoir que l’accusé, au demeurant habile à jouer son rôle, faible, fragile, pouvait croire de bonne foi que les socialistes allaient s’opposer à la mobilisation. Après tant de morts, et près de cinq ans de prison pour l’accusé, le temps avait passé, il fallait tourner la page...

À quelque chose, malheur est bon ? Les conséquences du scandale se révèlent diverses. D’une certaine manière, il contribue à la gloire de Jaurès, comme assassiné une deuxième fois. Surtout, l’émotion est telle que le mouvement ouvrier et la gauche dans son ensemble réagissent : motions, protestations, réunions. Une immense manifestation, de la place Victor-Hugo à la maison de Jaurès, réunit le 6 avril vingt à trente fois plus de monde qu’à ses obsèques, intervenues lors de la mobilisation. C’est depuis 1914 la première manifestation parisienne, grondeuse, vivante, internationaliste – une délégation chinoise est particulièrement applaudie – alors que le pays n’est pas encore sorti de l’état de siège et de la mobilisation. Cette fois, l’Union sacrée est vraiment terminée, avec la démission des socialistes commissaires du gouvernement, la fin de bien des illusions sur la concorde sociale possible dans la France de l’après-guerre.

Quant à Villain, son sort ne fut pas trop réjouissant. Malgré divers secours idéologiques ou familiaux, il vivote sans trouver d’emploi stable, boycotté par ses collègues quand son identité est connue. Réfugié à Ibiza, il est tué en septembre 1936 par des antifranquistes dans des conditions demeurées obscures.

Gilles Candar

Historien, président de la société d’études jaurésiennes

 

Lire aussi:

"Le socialisme de Jean Jaurès: humaniste, internationaliste, républicain, révolutionnaire! - par Ismaël Dupont

Injustice. 29 mars 1919, l’assassin de Jaurès est acquitté (Gilles Candar, l'Humanité, 29 mars 2019)
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29 mars 2019 5 29 /03 /mars /2019 07:00
Pour que vive L'Humanité - message de soutien de Catherine Clément, philosophe et poète

Elève de Claude Levi-Strauss, membre du PCF jusqu'en 1981, sœur de Jerôme Clément, spécialiste de l'Inde et de la mythologie hindoue, chroniqueuse à France Culture, Catherine Clément est une des grandes voix de la radio et du monde intellectuel français. Son soutien à L'Humanité et ce qu'elle dit du rôle du Parti Communiste en France mérite d'être entendu. 

Catherine Clément, philosophe et romancière

Ce pays a besoin d’un Parti communiste fort comme la balance de la Justice a besoin de deux plateaux. Et la presse française, déjà très capitalisée, a besoin de l’Humanité pour lui donner de la gravité. L’Huma leste le reste du paysage éditorial ; c’est un repère. On le voit bien en ces temps d’aventurisme extrême, qui dispersent la gauche française à tous les vents. Que trouve-t-on dans l’Humanité ? Un regard aigu sur la France, complété par un regard géopolitique informé sur l’ensemble du monde, d’autant plus nécessaire en période de changements profonds. Que trouve-t-on dans l’Humanité ? L’expression d’une politique culturelle forte ouverte sur les créateurs avant tout – c’est l’un des poinçons de l’Huma, une part essentielle de son identité. Que trouve-t-on dans l’Humanité ? La langue française. J’ai été longtemps communiste ; jamais je n’ai tant appris sur mon pays. Que trouve-t-on dans l’Humanité ? Une fidélité à la France et à sa résistance. Le journal communiste doit être sauvegardé, car c’est une part de notre patrimoine.

Pour que vive L'Humanité - message de soutien de Catherine Clément, philosophe et poète
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29 mars 2019 5 29 /03 /mars /2019 06:34
Photo Ouest-France, Lorient: Philippe Jumeau, secrétaire départemental du Morbihan, porte-parole PCF Bretagne, élu à Lanester, avec Bruno Darrhéville, secrétaire de section PCF Hennebont

Photo Ouest-France, Lorient: Philippe Jumeau, secrétaire départemental du Morbihan, porte-parole PCF Bretagne, élu à Lanester, avec Bruno Darrhéville, secrétaire de section PCF Hennebont

Philippe Jumeau et Bruno Dharreville, membres du PCF, ne veulent pas d’un enseignement à plusieurs vitesses. Ils invitent à en débattre le 3 avril.

Lycéens, parents, enseignants sont invités à en débattre le mercredi 3 avril à Lanester, lors d’une soirée-débat autour de la loi Blanquer et Parcours Sup. Pour décrypter et surtout y voir plus clair, le sénateur (PCF), vice-président de la commission culture et éducation, Pierre Ouzoulias, répondra aux questions que nombre de familles de lycéens se posent aujourd’hui. Le sénateur est l’invité de Philippe Jumeau, secrétaire de la fédération PCF 56 et Bruno Dharreville, enseignant et secrétaire de la section d’Hennebont.

« Avec la loi Blanquer et l’établissement de Parcours Sup, nous assistons à l’instauration d’un tri social des élèves, tempêtent les deux hommes. Avec cette réforme, les portes vont s’ouvrir plus facilement pour les plus favorisés. Elle met également la pression sur les élèves et leurs familles qui ont un mal fou à s’y retrouver. Des lycéens qui, dès la seconde, se retrouvent confrontés à des niveaux plus élevés ».

Trop d’inégalités

Quelle alternative alors ? « Un meilleur accompagnement afin que les lycéens opèrent les bons choix, analyse Bruno Dharreville. Mais, là encore, les CIO (centres d’information et d’orientation) étant désormais passés sous la compétence des Régions, c’est devenu plus complexe. Avec moins de conseils aux élèves, vers qui les familles vont-elles se tourner ? Vers le coaching privé ? Tout le monde ne peut s’offrir de tels services ».

Autre inquiétude ; «  celle de l’élève qui, en fonction de l’établissement où il se trouve, devra motiver sa demande sans être sûr d’être admis dans la filière souhaitée. Avec cette réforme, la « valeur » de l’établissement va primer. Là encore, on accentue les inégalités ».

Rencontre-débat avec Pierre Ouzoulias, mercredi 3 avril à 20 h à la Médiathèque de Lanester, rue Jean-Paul-Sartre. Entrée libre.

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