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24 août 2021 2 24 /08 /août /2021 06:01

 

« C’est le consommateur qui sera gagnant », assuraient les chantres de la déréglementation. Nous y voilà : + 5,3 % en août, après une flambée de 10 % en juillet. Les cours s’envolent. Il est plus que temps de renationaliser l’énergie. EXPLICATIONS

C’est une surprise dont 5 millions de Français se seraient bien passés. Les tarifs réglementés du gaz ont grimpé de 5,3 % en août, après une précédente augmentation de 10 % en juillet. Pratiqués par l’opérateur « historique » Engie (anciennement GDF), ces tarifs sont fixés par le gouvernement, sur proposition de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), une autorité administrative indépendante.

Concrètement, pour une famille avec deux enfants qui se chauffe au gaz, cela représente une hausse de 5 euros par mois (LCI, le 28 juillet). Pour justifier cette augmentation, liée à une forte hausse des prix du gaz sur le marché mondial, la CRE avance plusieurs arguments : une demande et des prix très élevés en Asie, tirés par la reprise économique dans cette région du monde ; des opérations de maintenance en mer du Nord plus complexes que prévu, qui entraînent une réduction des importations de gaz norvégien en Europe, etc.

Trente ans de libéralisation

Le raisonnement de la CRE est juste, mais incomplet. « Nous sommes évidemment dépendants des cours du marché mondial, dans la mesure où on ne produit plus de gaz en France, explique Aurélien Bernier, spécialiste de l’énergie. Mais, au-delà des fluctuations des cours, il y a un problème de fond : les entreprises comme Engie continuent de verser des dividendes coûte que coûte. Au lieu de servir les actionnaires, elles pourraient très bien décider de lisser leurs tarifs, de manière à ce qu’on ne répercute pas (ou très peu) les hausses des cours sur les consommateurs. C’est la grande différence entre un marché géré par des opérateurs privés et un service public… »

Petit retour en arrière. Le secteur du gaz (et de l’énergie en général) n’a pas toujours été dérégulé. La situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les consommateurs est le produit d’un mouvement de libéralisation initié en Europe dans les années 1990, sous la houlette des dirigeants néolibéraux. Objectif : démanteler progressivement les anciens monopoles publics, afin d’ouvrir le marché à des opérateurs privés. C’est ainsi que, depuis le 1er juillet 2007, deux tarifs cohabitent en France : les tarifs réglementés, fixés par le gouvernement et proposés uniquement par EDF pour l’électricité et GDF (puis Engie) pour le gaz ; et les tarifs de marché, proposés par les fournisseurs « alternatifs ».

 

Engie : plus de dividendes que de bénéfices

À l’époque, les défenseurs de la libéralisation justifiaient ce choix par les gains promis aux consommateurs. « Notre seule volonté dans cette affaire est de répondre aux besoins des consommateurs français, tant pour la sécurisation de l’énergie que pour les tarifs les plus bas », lançait ainsi le ministre de l’Économie Thierry Breton, en octobre 2006. « L’ouverture ménagée du marché se traduira par une baisse des prix au bénéfice des consommateurs domestiques comme des industriels », nous promettait déjà le gouvernement d’Alain Juppé, dix ans plus tôt.

Lire aussi : Gaz et électricité. « La concurrence fera baisser les prix », qu’ils disaient. Et aujourd'hui...

Las ! Les baisses promises n’ont jamais eu lieu, et les tarifs ont joué au yo-yo sous l’influence des marchés mondiaux. Fabrice Coudour, de la CGT énergie, a calculé que « les factures de gaz ont doublé depuis 2004 ».

Dans le même temps, les opérateurs historiques ont été en grande partie privatisés, malgré les engagements pris par les gouvernements de droite. D’abord transformé en société anonyme, GDF a ensuite été fusionné avec Suez en 2008, pour finalement donner naissance à Engie, groupe dans lequel l’État ne détient plus que 23,6 % du capital.

Lire aussi : Électricité. La « tarification dynamique » va faire exploser vos factures

Cette transformation à marche forcée va de pair avec une financiarisation régulièrement dénoncée par les syndicats et les ONG. Engie est connue pour sa propension à choyer ses actionnaires (le géant américain BlackRock, par exemple, détient 4,5 % du capital), quelle que soit la situation de l’entreprise. En 2018, Oxfam s’indignait : « Les dividendes versés par Engie à ses actionnaires depuis 2009 ont représenté plus de trois fois le montant de ses bénéfices et, en 2016, le groupe a même versé quinze fois plus de dividendes que de bénéfices. » Emprunter pour nourrir ses actionnaires, un comble… Engie n’est évidemment pas la seule multinationale à le faire, mais le procédé est d’autant plus choquant que l’État est toujours présent au capital.

 

« Un bien commun »

De leur côté, les syndicats pointent des erreurs stratégiques de la direction. « Depuis la privatisation, le groupe a multiplié les achats à l’international, note Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT mines-énergie. Beaucoup d’investissements ont été réalisés à perte. Dans le même temps, la direction s’est engagée dans la cession de pans entiers d’activité : la vente des parts d’Engie dans Suez (démarrée à l’automne 2020 – NDLR) n’est qu’une étape parmi d’autres. »

Autant d’éléments qui donnent du grain à moudre aux détracteurs du tout-marché. « L’énergie est un bien commun qui ne devrait pas être confié au secteur privé, assure Aurélien Bernié. C’est d’ailleurs aussi vrai pour le gaz que pour l’électricité ou les énergies renouvelables. Il n’y a aucune raison de laisser des opérateurs privés s’engraisser sur le dos des consommateurs. »

 

Avant le mur de 2023

La CGT ne dit pas autre chose, qui milite depuis des années pour une renationalisation des grandes entreprises de l’énergie. « Libéraliser l’énergie n’avait aucun sens, confirme Sébastien Menesplier. Le service public a fait ses preuves depuis 1946 : il n’est bien sûr pas question d’en rebâtir un à l’identique, mais bien de prendre en compte les évolutions historiques du secteur. Nous militons pour un service public du XXIe siècle, articulé autour de deux entreprises renationalisées : un Epic (établissement public à caractère industriel et commercial) gazier, et un Epic électricité. Ce service public devra répondre aux besoins de la nation, c’est-à-dire à la fois assurer la sûreté du réseau, définir le mix énergétique et garantir aux consommateurs des tarifs bas et lisibles. »

Ce n’est évidemment pas le chemin emprunté actuellement par les dirigeants européens : le 1er juillet 2023, en France, les tarifs réglementés du gaz pour les particuliers seront définitivement supprimés. Les consommateurs n’ont rien à y gagner…

 

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24 août 2021 2 24 /08 /août /2021 05:58

 

Le niveau 2 du protocole sanitaire s’appliquera à partir du 2 septembre. Le ministre de l’Éducation nationale confirme que la vaccination sera l’outil quasi unique de lutte contre la pandémie à l’école.

Disparu, volatilisé, dispersé façon puzzle… Éradiqué ? On a eu beau la lire et la relire : pas la moindre trace du variant Delta dans les réponses – ni, d’ailleurs, dans les questions – données par Jean-Michel « Magic » Blanquer à l’interview-fleuve qu’il a accordée au Journal du dimanche, le 22 août.

 

Ne pas faire croire que l'école est un talon d'Achille

Ce variant inquiète pourtant les épidémiologistes et, comme l’écrivait Santé publique France dans son point épidémiologique du 19 août, entraîne ces dernières semaines un taux d’incidence « en augmentation dans toutes les classes d’âge chez les jeunes enfants » (0-10 ans). C’est que, pour le ministre de l’Éducation nationale, il ne s’agirait pas de « faire croire que l’école aurait été le talon d’Achille de la gestion de la crise ». La rentrée 2021-2022 se fera donc sans sortir du sillon de « mesures sanitaires qui ont fait leurs preuves ».

Comme l’an dernier, au lieu de passer par les canaux d’information officiels, le ministre a choisi le JDD pour faire connaître ses décisions. Un procédé que Sophie Venetitay, nouvelle secrétaire générale du Snes-FSU (premier syndicat de l’enseignement secondaire), juge « insupportable » : « Il faut payer pour savoir dans quelles conditions on va exercer dans dix jours ! Je ne connais pas une autre profession qui soit dans ce cas », s’indigne-t-elle. Avantage annexe pour le ministre : une vague interview engage beaucoup moins sa responsabilité qu’une circulaire officielle.

 

Pas de passe sanitaire

Parmi les quatre niveaux d’alerte fixés par le protocole sanitaire du 23 juillet, c’est le niveau 2 qui sera en vigueur sur tout le territoire métropolitain. C’est « celui qui nous permet d’avoir la rentrée la plus normale possible », insiste le ministre. Et qui entraîne des mesures de protection allégées : tous les cours en présentiel, port du masque obligatoire seulement à l’intérieur, cours d’EPS en intérieur autorisés (sauf pour les sports de contact)… À partir de quel moment et, surtout, selon quels critères pourra-t-on descendre au niveau 1 ou, au contraire, aux niveaux 3 ou 4 ? Mystère.

Le maître mot de la stratégie du ministre face à la pandémie reste donc la vaccination. Et, puisqu’ « il n’y aura pas de passe (sanitaire – NLDR), ni pour les élèves, ni pour les parents, ni pour les enseignants », Jean-Michel Blanquer annonce « une campagne vaccinale dans tous les établissements ». Déplacements groupés vers les centres de vaccination ou « centres éphémères » montés pour l’occasion par les autorités sanitaires, « cette organisation sera opérationnelle dès la rentrée », affirme le ministre à dix jours de celle-ci… en ayant l’air de le croire.

 

Pour ce qui est des élèves non vaccinés

Quant aux élèves non vaccinés, soit par choix de leurs parents, soit parce qu’ils n’ont tout simplement pas l’âge, à partir de la sixième, ils devront donc s’isoler une semaine s’ils sont cas contact. Petit ajustement au passage : c’est « sur la base d’une attestation des parents », que pourra éventuellement vérifier l’assurance-maladie, que se fera la différence entre vaccinés et non-vaccinés. « Les parents sont donc libres de ne pas dire si leur enfant est vacciné ou non, précise même le ministre, mais cela relève de leur responsabilité. »

Comme en outre le vaccin restreint mais n’empêche ni les contaminations ni la circulation du virus, on mesure l’efficacité potentielle de cette organisation. D’autant que la continuité pédagogique promise par le ministre risque de ne pas inciter à rester chez soi : « Laisser croire aux parents qu’il est possible de faire cours en présentiel et à distance en même temps, rappelle Sophie Venetitay, ce n’est pas possible, les enseignants n’ont pas le don d’ubiquité… »

La crainte de nombreuses fermetures de classe

Sa collègue Guislaine David, porte-parole du Snuipp-FSU (primaire), craint « de nombreuses fermetures de classes dès la première semaine ». Elle évoque carrément une « mise en danger, dans la communauté éducative et au-delà, car on risque de favoriser la circulation du virus », parmi des élèves par définition non vaccinésEn constatant que le ministre, tout en déclarant vouloir « généraliser » les capteurs de CO2 dans les classes, se contente de promettre une vague aide en direction des collectivités locales (qui n’en ont jusqu’ici jamais vu la couleur), la syndicaliste réclame « un plan de financement de l’État » pour ces équipements.

Lire sur le sujet notre entretien avec le mathématicien Bertrand Maury : Covid à l'école : « Les mesures de CO2 devraient être systématisées »

 

Pour un plan d’urgence

Une rentrée « de nouveau marquée par le manque d’anticipation et la confusion de la politique suivie » : c’est ce que dénoncent quatre syndicats de l’éducation (CGT Éduc’action, Fnec FP-FO, FSU et SUD éducation). Ils demandent « un plan d’urgence pour le service public de l’éducation », avec « la création massive de postes (…), dans un contexte qui a rendu plus compliquée la progression des apprentissages ». Les quatre organisations invitent les personnels à se réunir « dès les premiers jours de la rentrée, y compris avec les parents d’élèves », et lancent d’ores et déjà un appel à la grève pour le 23 septembre.

 

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21 août 2021 6 21 /08 /août /2021 15:14

 

Au regard de l’actualité et des mois que nous venons de vivre, l’édition 2021 de la fête de l’Humanité sera une immense bouffée d’oxygène. Nous avons tant besoin de nous retrouver, de partager des moments festifs, culturels, politiques !

 

 

A 23 jours de la fête, la diffusion la plus large possible du bon de soutien doit être au cœur de l’activité des communistes. Alors que nous vivons les derniers mois du quinquennat d’Emmanuel Macron et des événements internationaux majeurs, la fête peut être un atout décisif dans la bataille idéologique et politique à mener. Au regard de sa préparation tardive imposée par les conditions sanitaires, seule une mobilisation exceptionnelle des communistes aux côtés des équipes de l’Humanité peut assurer sa réussite.

L’heure est à résister au pouvoir d’Emmanuel Macron qui, en pleine pandémie, aura fracturé profondément le peuple, abîmé notre pays et son environnement en cédant tout au capital et aux plus riches qui ont vu leurs fortunes doubler pour atteindre 1 000 milliards d’euros ! Et à porter une grande ambition pour la France, avec la volonté de contribuer à être utile au peuple, à construire l’alternative avec la candidature de Fabien Roussel à la présidentielle de 2022 et l’action pour bâtir un pacte d’engagements communs pour les élections législatives. Inégalités sociales et sanitaires grandissantes, méga-feux sur la planète, retour au pouvoir des talibans en Afghanistan… les événements montrent chaque jour à quel point le capitalisme, le néolibéralisme et les politiques de puissance ont atteint leurs limites historiques.

Notre projet communiste est plus que jamais d’actualité pour relever le défi des jours heureux. Avec qui ? Les participant·e·s à la fête de l’Humanité et, bien plus largement, toutes les Françaises et les Français qui veulent une réponse à la hauteur des défis du siècle, sociaux, écologiques et démocratiques. Comment ? En commençant par « recréer le sens de la joie et celui de la dignité », comme le disait Léo Lagrange à propos des congés payés sous le Front populaire pour, lutte après lutte, avancée après avancée, parachever l’œuvre d’Ambroise Croizat pour sécuriser toutes les dimensions et tous âges de la vie.

Il nous reste un peu plus de trois semaines, alors engageons ensemble toute notre énergie pour réussir une très belle fête de l’Humanité ! Et pour toutes celles et ceux qui le pourront, retrouvons-nous lors du prochain rendez-vous national du bon de soutien lundi 23 août à 18 h 30 à Paris, Place de la République, en présence de Fabien Roussel.

Igor Zamichiei

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21 août 2021 6 21 /08 /août /2021 08:38

 

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20 août 2021 5 20 /08 /août /2021 05:35
 interview dans Corse Matin. "Pour moi les Jours heureux, c'est partager les richesses et les mettre au service de l'être humain et de la planète"

interview dans Corse Matin. "Pour moi les Jours heureux, c'est partager les richesses et les mettre au service de l'être humain et de la planète"

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20 août 2021 5 20 /08 /août /2021 05:29
Et maintenant, tous ensemble à la fête de l'Humanité! (Igor Zamichei, PCF)
Et maintenant, tous ensemble à la Fête de l’Humanité !

Au regard de l’actualité et des mois que nous venons de vivre, l’édition 2021 de la fête de l’Humanité sera une immense bouffée d’oxygène. Nous avons tant besoin de nous retrouver, de partager des moments festifs, culturels, politiques !

A 23 jours de la fête, la diffusion la plus large possible du bon de soutien doit être au cœur de l’activité des communistes. Alors que nous vivons les derniers mois du quinquennat d’Emmanuel Macron et des événements internationaux majeurs, la fête peut être un atout décisif dans la bataille idéologique et politique à mener. Au regard de sa préparation tardive imposée par les conditions sanitaires, seule une mobilisation exceptionnelle des communistes aux côtés des équipes de l’Humanité peut assurer sa réussite.

L’heure est à résister au pouvoir d’Emmanuel Macron qui, en pleine pandémie, aura fracturé profondément le peuple, abîmé notre pays et son environnement en cédant tout au capital et aux plus riches qui ont vu leurs fortunes doubler pour atteindre 1 000 milliards d’euros ! Et à porter une grande ambition pour la France, avec la volonté de contribuer à être utile au peuple, à construire l’alternative avec la candidature de Fabien Roussel à la présidentielle de 2022 et l’action pour bâtir un pacte d’engagements communs pour les élections législatives. Inégalités sociales et sanitaires grandissantes, méga-feux sur la planète, retour au pouvoir des talibans en Afghanistan… les événements montrent chaque jour à quel point le capitalisme, le néolibéralisme et les politiques de puissance ont atteint leurs limites historiques.

Notre projet communiste est plus que jamais d’actualité pour relever le défi des jours heureux. Avec qui ? Les participant·e·s à la fête de l’Humanité et, bien plus largement, toutes les Françaises et les Français qui veulent une réponse à la hauteur des défis du siècle, sociaux, écologiques et démocratiques. Comment ? En commençant par « recréer le sens de la joie et celui de la dignité », comme le disait Léo Lagrange à propos des congés payés sous le Front populaire pour, lutte après lutte, avancée après avancée, parachever l’œuvre d’Ambroise Croizat pour sécuriser toutes les dimensions et tous âges de la vie.

Il nous reste un peu plus de trois semaines, alors engageons ensemble toute notre énergie pour réussir une très belle fête de l’Humanité ! Et pour toutes celles et ceux qui le pourront, retrouvons-nous lors du prochain rendez-vous national du bon de soutien lundi 23 août à 18 h 30 à Paris, Place de la République, en présence de Fabien Roussel.

Igor Zamichiei, PCF

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20 août 2021 5 20 /08 /août /2021 05:07
Interview de Fabien Roussel dans Libération - 16 août 2021
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19 août 2021 4 19 /08 /août /2021 05:43

 

Alors que les impacts du réchauffement se multiplient dans l’agriculture, le gouvernement doit annoncer à la rentrée une réforme du régime des assurances récoltes.

« On comptera les bouses à la fin de la foire », ont l’habitude de dire les vieux paysans. Trois mois après les épisodes de gel qui ont brûlé les cultures, c’est l’heure des comptes. Les pertes sont énormes : - 47 % pour les pêches et nectarines, - 62 % pour les cerises ou encore - 59 % pour l’abricot. « C’est probablement la pire catastrophe agronomique de ce début de siècle », a répété le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. Ce n’est pourtant que le début. Les événements climatiques se multiplient. Dans les champs, vergers et vignes, les années sont dures : trop d’eau en cet été 2021, du gel en avril, une sécheresse agricole en 2020 et, entre-temps, des épisodes de grêle. Le dérèglement va affecter de plus en plus l’activité.

Des primes très subventionnées

Cette fois, l’État a promis 1 milliard d’euros, dont 500 millions viennent renforcer le dispositif des « calamités agricoles », un fonds national public. Avec une règle : « Éviter que des compensés “calamités agricoles” ne se retrouvent mieux indemnisés que les assurés (assurances privées). Il ne faut pas que le dispositif soit une désincitation à s’assurer », a expliqué le ministère de l’Agriculture lors d’un point presse le 29 juillet.

Jusque-là, le système repose sur ces deux piliers. Mais, pour le gouvernement, le recours aux assurances privées est la voie à suivre. Si 30 % des surfaces en grandes cultures sont couvertes, c’est à peine 3 % en arboriculture et 1 % pour les prairies. Mise en place en 2005, l’assurance « multirisque climatique » est largement ­sub­ventionnée : jusqu’à 65 % du montant de la prime. Mais « une partie des producteurs n’en ont pas les moyens – les primes sont très chères –, et pour certaines productions comme le maraîchage très diversifié, les assurances privées ne savent tout simple­ment pas le faire », explique Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne.

Le gouvernement a ­annoncé « une réforme à la rentrée » , après avoir reçu le rapport du député LaREM Frédéric Descrozaille, le 26 juillet. Il préconise la suppression à l’horizon 2030 du fonds « calamités agricoles » pour augmenter l’assurance privée. « D’ici à 2030, 60 % des surfaces en grandes cultures et viticulture devront être couvertes par l’assurance et 30 % en arboriculture et en prairie », précise le rapport. Le député propose d’augmenter encore les subventions aux producteurs pour souscrire une assurance. En tout, le rapport table sur un « financement de l’État de 700 millions d’euros ».

L’alternative : un régime public

« Désormais, la porte d’entrée du dispositif sera les assurances privées. Cette réforme supprimera les indemnisations de la moitié de l’agriculture française à l’horizon 2030 », dénonce Nicolas Girod. D’autres voies étaient possibles : la proposition de loi du député communiste du Puy-de-Dôme, André Chassaigne, déposée en avril 2020. Elle vise à créer un régime public qui couvrirait « les risques de toutes les productions agricoles, et qui permettrait de s’adapter au réchauffement ».

Pour le chef de file des députés communistes, « ce régime pourrait être alimenté par une taxe sur les revenus financiers des entreprises liées au secteur agricole : banques, assurances, industrie agroalimentaire, grande distribution ». Mais pour le gouvernement, pas question de faire payer ces grandes entreprises qui font leur beurre sur le dos des paysans. « La solidarité nationale doit financer l’assurance récoltes », avait promis Julien Denormandie. Ou comment ne pas partager l’addition du réchauffement.

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18 août 2021 3 18 /08 /août /2021 05:38

 

 

Nous avons montré hier, chiffres à l’appui, les difficultés que rencontrent les éleveurs de bovins à viande. Avec la réforme à venir de la Politique agricole commune et les choix que fait la France de diminuer la prime annuelle à la vache allaitante, la situation des éleveurs spécialisés risque d’empirer. Car beaucoup vont prendre leur retraite alors que l’installation des jeunes sera rendue plus difficile.

Par Gérard Le Puill

Selon la Fédération nationale bovine (FNB) de la FNSEA, le ministre de l’Agriculture Julien de Normandie « a fait le choix de baisser de manière importante les aides de la Politique agricole commune (PAC) au secteur de l‘élevage des bovins de races à viande. Le secteur dispose pourtant du plus bas revenu de l’agriculture française et est l’un des modèles de productions les plus durables », ajoute la FNB.

Ces arbitrages ont été rendus par le ministre de l’Agriculture au nom de la future réforme de la PAC, laquelle sera appliquée entre 2023 et 2027 inclus. Faute de pouvoir se mettre d’accord sur un projet accepté par tous les pays membres, la négociation entre le 27 a débouché sur 27 déclinaisons nationales d’une réforme illisible et difficile à mettre en œuvre au niveau des territoires comme des filières agricoles. En France, selon la FNB, « les éleveurs de bovins de races à viande seront bien les perdants de la prochaine PAC : ce sont 78 millions d’euros qui leur sont amputés pour financer le transfert des aides couplées animales vers les aides couplées aux protéines végétales… ».

Vers une baisse des « soutiens couplés » de 10 à 18 %

Pour comprendre ce que signifie cette perte de 78 millions d’euros par an pour l’élevage de bovins à viande, également nommé élevage allaitant, il convient de préciser que ces vaches de races charolaises, limousines, Blonde d’Aquitaine, Salers, Rouge des prés et autres allaitent directement leur veau et ne passent jamais en salle de traite. Mais il existe une prime annuelle européenne pour chaque vache qui donne naissance à un veau et cette prime par vache allaitante diminuera en France à partir de 2023.

Du coup, la FNB affirme que « cette baisse des soutiens couplés estimée entre moins 10 % et moins 18 % entre 2023 et 2027 (est) difficilement compréhensible au regard des ambitions affichées par la France en matière de souveraineté alimentaire. Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation devra l’assumer. Si aucune mesure concrète de très court terme n’est prise pour assurer un retour de valeur par le prix payé aux éleveurs, c’est une déprise de la production sans précédent que ce choix politique pourrait engendrer, alors que 2.000 éleveurs de bovins disparaissent déjà chaque année », ajoute la FNB qui redoute des « dégâts colossaux au plan humain social et territorial ».

La France s’est fait doublement piéger au fil des ans

Ce cri d’alarme est en phase avec l’analyse produite dans la revue de sélection génétique « BTIA » dont nous avons rendu compte dans notre article d’hier. Mais on peut aussi considérer que la France, disposant du plus gros cheptel de bovins allaitants en Europe, s’est fait doublement piéger au fil des décennies. Une prime annuelle par vache a poussé bien des éleveurs à augmenter le nombre de mères sur leur exploitation afin de percevoir davantage de primes. Ainsi, entre 1979 et l’an 2000, le nombre de vaches laitières en France est passé de 7,2 millions de têtes à 4,2 millions de têtes et il continue de diminuer depuis. Mais cela fut la conséquence de l’augmentation du rendement laitier annuel par vache tandis que les quotas par pays limitaient les volumes de production entre 1984 et 2015.

Durant ces mêmes années qui vont de 1979 à 2000, le nombre de vaches allaitantes est passé de 2,8 millions à 4,3 millions de têtes. Faute de pouvoir engraisser tous les jeunes animaux pour la boucherie durant ces années, les éleveurs ont augmenté les ventes annuelles de jeunes bovins maigres. Ces « broutards » sont surtout engraissés en Italie, en Espagne, en Grèce et désormais au Proche et au Moyen-Orient. Dans le même temps, les offres de viandes bovines résultant des accords de libre-échange avec les pays tiers et celles issues des troupeaux laitiers d’autres pays européens ont fait baisser les prix des bovins à viande en France ces dernières années.

Produire plus de protéines végétales sur chaque ferme

Du coup, les sécheresses estivales venant aussi augmenter les coûts de production, les éleveurs de bovins réduisent le nombre de mères depuis quelques années. Il serait tombé sous la barre des 3,9 millions de têtes et risque encore de diminuer. Une bonne solution pourrait consister à augmenter la prime par vache contre la limitation de leur nombre en fonction des hectares dont dispose chaque exploitation de bovins à viande afin de renforcer l’autonomie fourragère. On pourrait obtenir parallèlement de ces exploitations qu’elles améliorent leur bilan carbone par des semis associés de graminées et de légumineuses dans les prairies afin d’enrichir l’herbe en protéines, ce qui permettrait aussi de réduire l’usage des engrais azotés. Ces fermes pourraient aussi produire des protéines végétales en graines et les transformer en aliment du bétail.

On nous dit et on nous répète que l’actuel ministre de l’Agriculture est agronome de formation. Il doit donc être en capacité de comprendre qu’il existe une solution de ce côté-là. Mais c’est aussi au syndicat spécialisé des éleveurs d’être offensif sur ce terrain, ce qui n’a pas été suffisamment le cas depuis une quarantaine d’années.

 

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16 août 2021 1 16 /08 /août /2021 05:16

 

 

 

 

 

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