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21 juillet 2020 2 21 /07 /juillet /2020 07:07
Emploi. Ce que veulent les jeunes pour en finir avec la précarité  - Marie Toulgoat, L'Humanité, 20 juillet 2020
Lundi, 20 Juillet, 2020 - L'Humanité
Emploi. Ce que veulent les jeunes pour en finir avec la précarité 

Les concertations sur le « plan de relance pour la jeunesse » débutent cette semaine. Aux nouvelles exonérations de cotisations patronales proposées par le gouvernement, les organisations de jeunesse et syndicats préfèrent des mesures conjuguant accès à l’emploi et protection sociale. Voici les 4 pistes qu'ils défendent.

 

Sans revenus, encore étudiants ou en contrat précaire, les jeunes sont souvent les premiers à faire les frais des crises. Le Covid et la catastrophe économique qui se profile dans son sillage ne feront pas exception. Les chiffres du chômage, dont l’augmentation dans cette catégorie de la population a été spectaculaire, laissent craindre le pire. En avril, le nombre d’actifs de moins de 25 ans à n’avoir eu aucune activité au cours du dernier mois a augmenté de 149 800 par rapport à avril 2019. Une conjoncture d’autant plus préoccupante qu’environ 700 000 jeunes devraient affluer sur le marché de l’emploi à la rentrée.

Le 14 juin dernier, alors qu’il dressait les contours d’un plan de relance, Emmanuel Macron a gagé que la jeunesse faisait partie de ses priorités les plus urgentes. « C’est à notre jeunesse qu’on a demandé le plus gros effort », a-t-il assené. Les entreprises qui embaucheront un jeune de moins de 25 ans seront ainsi exemptées de cotisations sociales à hauteur de 1,6 Smic pendant au moins un an, soit une économie de 4 000 euros annuels pour les employeurs. Cette belle ristourne « mise en place dès le mois de juillet pour que ce soit opérationnel à la rentrée » constitue « un dispositif très généreux mais qui, je l’espère, sera très efficace », espère Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. La facture s’annonce salée pour les finances publiques : 300 millions en 2020 et 1,6 milliard d’euros en 2021. Par ailleurs, une incitation à l’embauche assortie de la création de 300 000 contrats d’insertion et de 100 000 services civiques supplémentaires font partie du plan gouvernemental. Objectif affiché du côté du ministère du Travail, éviter que la jeunesse à l’heure du Covid ne devienne une « génération sacrifiée ».

Pourtant, ces mesures n’empêcheront pas le pire, estiment les syndicats et organisations de jeunesse. En s’affairant autour du travail des jeunes par des mesures qui ne garantissent pas d’emplois pérennes et qui, à coups de nouvelles exonérations de cotisations, font plonger un peu plus les comptes de la Sécurité sociale, le gouvernement n’est pas sûr d’empêcher le développement de la précarité. C’est ce qu’ont exprimé les organisations de jeunesses et syndicats. Ceux-ci misent sur des pistes plus globales, liant mesures pour l’emploi et protection sociale, qu’ils porteront dès cette semaine lors de l’ouverture des concertations sur l’emploi des jeunes avec le ministère du Travail. Tour d’horizon.

1. Le RSA pour les moins de 25 ans, la piste indispensable

C’est la grande déception du plan de relance pour la jeunesse. Comment se targuer de protéger les jeunes sans leur permettre d’accéder à un revenu stable ? « Les jeunes peuvent voter, se salarier, payer des cotisations, être prélevés de l’impôt sur le revenu, mais se voient pourtant refuser l’accès à un volet essentiel de la solidarité nationale », s’insurgent dans un communiqué plusieurs syndicats et organisations de jeunesse. Aujourd’hui, l’obtention du revenu de solidarité active pour les moins de 25 ans est conditionnée au fait d’avoir travaillé deux ans à temps plein au cours des trois dernières années. Mission presque impossible pour les jeunes, qui enchaînent souvent des emplois de courte durée ou à temps partiel. « Les jeunes sont souvent dans des situations très différentes, certains sont en CDD, d’autres en stage, d’autres sont éloignés de l’emploi. Ouvrir le RSA aux moins de 25 ans permettrait de répondre à toutes ces situations », garantit Mélanie Luce, présidente de l’Unef.

2. La garantie jeunes, un tremplin vers l’emploi

Les solutions ne sont pas toutes à inventer et certaines, déjà sur pied, méritent simplement un coup de pouce. Parmi celles-là, la garantie jeunes a déjà fait ses preuves. Entre ateliers et immersion en entreprise, le dispositif permet aux 16-25 ans les plus éloignés de l’emploi de bénéficier d’un accompagnement et d’une allocation mensuelle de 500 euros pour se réinsérer sur le marché du travail. « Aujourd’hui, il y a 100 000 places en garantie jeunes, on en demande 200 000. C’est ce qu’Emmanuel Macron avait promis pendant sa campagne présidentielle », réclame Anthony Ikni, délégué général du Forum français de la jeunesse. Doubler les capacités : la nouvelle ministre du Travail, Élisabeth Borne, en parle aussi, mais elle n’envisage pas pour l’heure d’élargir l’accès à ce dispositif aux 25-30 ans. Selon une étude conduite par la Dares en 2019, une fois passés par la garantie, les bénéficiaires gagnent en autonomie, et leur employabilité progresse de près de 15 % 17 mois après leur entrée dans le programme. « Leur allocation permet également de stabiliser leurs revenus et ceux de leur famille, c’est un levier de lutte contre la pauvreté qui n’avait pas été anticipé », poursuit Anthony Ikni.

3. Réformer le système des bourses

Fermeture des restaurants universitaires, arrêt des petits boulots… La crise du coronavirus a frappé particulièrement fort chez les étudiants. Si le premier ministre, Jean Castex, a annoncé la réduction du prix du repas en restaurant universitaire de 3,30 à 1 euro pour les boursiers – mesure saluée par les associations –, il faut aller plus loin, estime Paul Mayaux, vice-président en charge des affaires sociales de la Fage. « 74 % des 18-25 ans ont connu des difficultés ces trois derniers mois, c’est la preuve qu’il faut prendre des mesures et améliorer le système des bourses. » Parmi les préconisations de l’association : la revalorisation des allocations, l’élargissement des conditions d’accès aux aides, mais aussi leur linéarisation. « Aujourd’hui, les bourses souffrent d’effets de seuil. Lorsqu’un étudiant est rattaché au foyer fiscal de ses parents et que ceux-ci déclarent 50 euros de plus, cela peut suffire à le faire descendre d’un échelon et à réduire ses bourses », explique-t-il.

4. Abandonner la réforme de l’assurance-chômage

Le report annoncé, vendredi, par le premier ministre en janvier 2021 de la réforme de l’assurance-chômage ne convainc pas. « On demande son retrait pur et simple », martèle Anthony Ikni, du Forum français de la jeunesse. Décriée de toutes parts, cette réforme durcit les conditions nécessaires à l’ouverture de droits : six mois travaillés sur les 24 derniers mois sont nécessaires pour prétendre à des indemnités, contre quatre mois sur 28 mois auparavant. Cette mesure, entrée en vigueur en novembre 2019, a été suspendue jusqu’en 2021. Le projet prévoit aussi la refonte du mode de calcul des indemnités, passant d’une base journalière, excluant les jours non travaillés, à une base mensuelle. Une énorme épine dans le pied des jeunes, habitués des contrats courts et précaires. Là encore, Jean Castex a annoncé le report de ces mesures, déjà repoussées sous la pression syndicale du 1er avril au 1er septembre, à 2021. « En plus de la suppression de cette réforme, il faut permettre aux jeunes d’avoir accès à des indemnités en qualité de primo-demandeurs d’emploi, à hauteur de 80 % du Smic, demande Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT. Aujourd’hui, les jeunes qui cherchent un emploi sans n’avoir jamais travaillé n’y sont pas éligibles. »

Marie Toulgoat
Le gouvernement ressuscite les contrats aidés

Revoilà les contrats aidés, ceux-là mêmes que le gouvernement a détruits dès le début du quinquennat. Dans un entretien au Parisien, la nouvelle ministre du Travail, Élisabeth Borne, a expliqué : « Nous allons créer 300 000 contrats d’insertion, qui passeront par le dispositif garantie jeunes ou, le cas échéant, par des contrats aidés. » Pourtant, en juillet 2017, sa prédécesseur, Muriel Pénicaud, avait fait de la suppression progressive de ces contrats d’accès à l’emploi sa première mesure emblématique. En quelque six mois, 77 000 bénéficiaires s’étaient retrouvés au chômage. Aux alentours de 400 000 en 2016, ces contrats d’avenir et autres CUI-CAE n’existent plus aujourd’hui.

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20 juillet 2020 1 20 /07 /juillet /2020 18:18
Enseignement supérieur et recherche - les insuffisances du projet de loi de finances rectificative - par Pierre Ouzoulias, sénateur communiste (20 juillet 2020)

 Loi de finances rectificative pour 2020 : la sincérité de la LPPR à l’épreuve

Cette loi de finances rectificative était la dernière de l’année. Elle consacre un plan de sauvetage de l’économie qui mobilise près de 500 milliards d’euros de dépenses publiques. Elle aurait pu être l’occasion d’apporter une aide budgétaire à l’enseignement supérieur et à la recherche et donner, dès 2020, une transcription budgétaire aux engagements tonitruants du Gouvernement pour un « investissement massif » dans la recherche.

Le Gouvernement avait, par exemple, demandé au Parlement l’autorisation d’organiser un dispositif dérogatoire pour la prolongation des contrats doctoraux et des contrats de recherche. Il avait pris, à de multiples reprises, l’engagement de le financer en abondant le budget des établissements de l’ESR. Cette loi de finances rectificative était donc l’ultime moyen de l’honorer avant la rentrée de septembre. Les amendements proposés en séance ont été écartés par le Gouvernement qui reporte à la fin de l’année l’examen de ce financement.

Pour l’université, le Gouvernement a seulement augmenté de 150 à 200 millions d’euros les moyens budgétaires supplémentaires destinés à la vie étudiante, afin de financer l’annonce du nouveau Premier ministre relative à la restauration universitaire. Néanmoins, ces 200 millions correspondent, à peu près, aux pertes actuelles de trésorerie du CNOUS et ne lui permettront donc pas de financer la nouvelle mesure.

S’agissant des programmes de la recherche, la loi de finances rectificative n’apporte des moyens nouveaux que pour la recherche aéronautique (165 M€) et Bpifrance Financement (40 M€), notamment pour le « plan batterie ». Jusqu’à présent, le seul effort budgétaire du MESRI a été de puiser dans ses crédits mis en réserve pour constituer un fond d’intervention de 50 M€ qui est pathétiquement dérisoire par rapport aux milliards déjà investis par l’Allemagne.

J’ai donc déposé un amendement pour apporter 150 M€ aux opérateurs de la recherche. Le Gouvernement s’y est opposé en déclarant que les moyens nouveaux seront mis en œuvre par la seule LPPR. Le Sénat a majoritairement voté cet amendement. Je me félicite de la sagesse du Sénat dont les membres de plusieurs groupes ont manifesté, lors de ce débat, leur volonté de soutenir la science et les chercheurs. Une commission mixte paritaire se réunira demain matin, 21 juillet. J’espère vivement que le Gouvernement maintiendra cette disposition budgétaire en faveur de la recherche, conformément à ses déclarations politiques.

On peut tirer plusieurs enseignements de ces discussions budgétaires. Tout d’abord que les budgets supplémentaires octroyés par le Gouvernement pour la MIRES ne concernent que l’innovation. La recherche spatiale étant, depuis le remaniement, sous la tutelle du ministère de l’économie, on peut se demander si le MESRI n’est pas devenu un secrétariat d’État placé sous l’autorité du ministère de l’économie !

Ensuite, on comprend, des différentes réponses ministérielles, l’intention du Gouvernement de financer par le budget pour 2021 des mesures qu’il aurait fallu mettre en œuvre dans l’urgence en 2020.

Enfin, la démonstration politique aura été faite de la sincérité du Gouvernement à vouloir réellement augmenter le budget de l’ESR. Comment peut-il affirmer vouloir « investir massivement dans la recherche » et ne pas lui venir en aide l’année de la pandémie ? Comment lui promettre 25 milliards d’euros et ne pas financer la prolongation des contrats doctoraux en 2020 ?

Le 20 juillet 2020, Pierre Ouzoulias. 

 

- Amendement n° 862 (prolongation des contrats doctoraux et de recherche) : rejeté

http://www.senat.fr/enseance/2019-2020/624/Amdt_862.html

- Amendement n° 863 (augmentation crédits vie étudiante) : tombé

http://www.senat.fr/enseance/2019-2020/624/Amdt_863.html

- Amendement n° 864 (augmentation crédits recherche scientifique) : adopté 

http://www.senat.fr/enseance/2019-2020/624/Amdt_864.html

- Compte-rendu analytique de la séance : http://www.senat.fr/cra/s20200719/s20200719_0.html#par_2003

- Compte-rendu intégral de la séance (à venir) : http://www.senat.fr/seances/s202007/s20200719/s20200719_mono.html

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20 juillet 2020 1 20 /07 /juillet /2020 06:58
Vote sur le budget rectificatif 3 post-Covid au Sénat: explications de Fabien Gay, sénateur communiste de Seine Saint-Denis
⭕️ Vote sur le budget rectificatif 3 au Sénat ⭕️
 
par Fabien Gay, sénateur communiste de Seine St Denis, 19 juillet 2020
 
"Pendant 3 jours et 3 nuits, nous avons examiné près de 1.000 amendements.
Notre groupe a arraché quelques victoires (taxation des Gafam, 150 millions d’euros pour la recherche...) mais aussi avec d’autres groupes, nous avons contribué a obtenir des moyens pour la rénovation thermique des logements ou le prolongement du fond d’urgence pour les PME, commerçants et artisans.
Si certaines mesures vont dans le bon sens (prolongement du chômage partiel, aide à quelques secteurs en difficulté...) ce budget rectificatif 3 dit budget « après Covid19 » ne répond pas à l’urgence sociale, écologique et économique.
Rien sur des recettes nouvelles, ni contributions des 1% les plus riches, alors que notre pays compte 702.000 millionnaires et que les 5 familles les plus riches ont autant d’argent que le montant du déficit de la France.
Rien non plus sur le conditionnement des aides publiques, rien pour revaloriser les petits salaires, rien pour enrayer la machine infernal des plans de licenciement.
Rien non plus pour relancer la consommation des ménages, ou répondre à l’extrême pauvreté.
Rien pour réorienter massivement notre production et notre consommation dans la sauvegarde de notre planète.
Rien ou plutôt pas assez pour aider les collectivités territoriales qui ont été en première ligne dans cette crise et qui ont perdu des recettes.
Par contre, la droite sénatoriale et le gouvernement main dans la main ont voté ce budget, tout en déplorant pour la droite le « déficit abyssal de la France ». Ils ont surtout validé les aides massives aux entreprises sans contreparties ou encore, ils ont approuvé les 20 milliards de baisse d’impôt sur la production.
Si quelques-uns pensent que le gouvernement a changé de politique ou de logiciel, ou bien de cap ou encore de chemin, il faut regarder attentivement le détail de ce budget et des annonces prises.
Par exemple, on nous dit que la priorité c’est l’emploi et surtout l’emploi des jeunes à la rentrée. Alors comment comprendre qu’on accorde une nouvelle aide de 4.000 euros aux entreprises pour embaucher un jeune et refuser que nous ayons le débat sur le partage du temps de travail qui pourrait créer 4 millions d’emplois ?
Bref, au bout de 3 jours et de 3 nuits, dans une très bonne ambiance au sein de notre groupe toujours soudé et motivé, nous avons voté contre ce budget.
Et le combat continuera dès la rentrée dans la rue, en manifestant le 17 septembre contre la politique antisociale du gouvernement à l’appel des syndicats et ensuite dans l’hémicycle avec le vote du plan de relance et du budget 2021. Le combat continue ✊ !"
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19 juillet 2020 7 19 /07 /juillet /2020 05:33

Le premier impératif est de sécuriser les emplois du transport aérien et de l’industrie aéronautique, de développer massivement la recherche et le partage de ses résultats à l’échelle du globe, d’utiliser les gains de productivité pour réduire le temps de travail et pour développer massivement la formation aux métiers d’aujourd’hui et aux nouveaux métiers de la transition écologique et de la révolution informationnelle.

PCF - Aéronautique / aérien : Pour dépasser la crise, sortir des logiques de rentabilités
PCF - Aéronautique / aérien : Pour dépasser la crise, sortir des logiques de rentabilités
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16 juillet 2020 4 16 /07 /juillet /2020 15:06

 

"Emmanuel Macron avait promis à la Nation 'les Jours Heureux', mais rien. Vous ne pensez pas à la prochaine génération mais à la prochaine élection ! On ne ruine pas impunément les espoirs qu’un peuple met dans un 'monde d’après' différent. -

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16 juillet 2020 4 16 /07 /juillet /2020 06:49
Face à la vague de chômage qui se profile, l’état de santé alarmant des agents de Pôle emploi (Nolwenn Weiler, Bastamage, 15 juillet 2020)

Service public

https://www.bastamag.net/pole-emploi-chomage-radiation-coaching-reforme-indemnisation-arret-maladie?fbclid=IwAR1Gwubx-_qg5DBCi5BpcqpqXFNK3x3jtN-k0zasuorbrxx50EbqfHrCths

Face à la vague de chômage qui se profile, l’état de santé alarmant des agents de Pôle emploi

par

 

« Les collègues n’arrivent plus à dormir, ils ont des migraines, tombent malades », témoigne-t-on en interne. Les agents de Pôle emploi retiennent leur souffle : le nombre de chômeurs risque d’exploser dans les mois qui viennent, et la réforme durcissant les conditions d’accès à l’indemnisation est malgré tout maintenue.

Comment faire face à l’afflux de chômeurs qui s’annonce ? Et comment expliquer à un demandeur d’emploi que son indemnité sera réduite de moitié ? Ces questions angoissent nombre d’agents de Pôle emploi, à l’heure où l’on reparle de la réforme du chômage, qui prévoit de durcir les conditions d’accès à l’indemnisation. Malmenés depuis dix ans par des restructurations en cascade, sidérés par les politiques de plus en plus discriminatoires envers les chômeurs, les agents de Pôle emploi ne vont pas bien. Certains sont épuisés, beaucoup veulent quitter leur boulot. Alors que le pire reste à venir : la Banque de France prévoit la destruction de près d’un million d’emplois d’ici 2021, avec un taux de chômage qui dépasserait les 11 % !

« Les collègues n’arrivent plus à dormir, ils ont des migraines, tombent malades »

« Les collègues n’arrivent plus à dormir, ils ont des migraines, tombent malades, viennent au travail la boule au ventre, la situation est vraiment tendue », rapporte Lakhdar Ramdani, agent pôle emploi et délégué syndical CGT. « Ils sont d’autant plus mal que dans le cadre de la réforme, on les a prévenus que des vigiles allaient être recrutés au niveau de l’accueil, pour gérer les situations difficiles », complète sa collègue Catherine Barbier, ancienne déléguée syndicale de Pôle emploi à Saint-Malo. Programmée pour le 1er avril 2020, la réforme qui va entraîner une diminution brutale du revenu des personnes au chômage a été suspendue à cause de la crise sanitaire. Elle devrait finalement entrer en vigueur le 1er septembre. « Ajoutons, précise Chantal Rublon, responsable régionale de la CGT Pôle emploi Bretagne, qu’au regard de l’augmentation du taux de chômage, la montée en charge de l’activité va être exponentielle dans les prochaines semaines. »

 

S’il s’accroît avec les violentes réformes entreprises par les équipes de Emmanuel Macron, et les prévisions de crise économique, le mal être des agents de Pôle emploi n’est pas nouveau. Il rampe dans les couloirs de l’établissement public administratif (EPA) depuis plus de dix ans, quand l’État a décidé de fusionner l’ANPE – qui accompagnait les chômeurs dans leur recherche d’emploi, et les Assedic – qui avaient en charge leur indemnisation. Pour coller au souhait de la « double compétence », chère à la direction, les agents sont alors sommés d’apprendre au pas de course un nouveau métier, qui s’ajoute bien souvent au premier, sans qu’aucun moyen supplémentaire ne leur soit accordé, avec des formations trop sommaires. Le tout dans un contexte de crise (nous sommes un an après 2008), « qui n’avait pas été anticipé et qui a fait peser sur les agents une pression supplémentaire », avait reconnu le directeur de l’agence Jean-Paul Alduy en 2011 [1].

« Une saisie mal faite peut déboucher sur la radiation d’un demandeur d’emploi »

La numérisation grandissante, vendue comme une promesse de gain de temps, aboutit bien souvent à l’extrême inverse car ici, comme ailleurs, ça rame, ça plante, ça bloque, et ça fait perdre un temps précieux à tout le monde. C’est d’autant plus compliqué à gérer que les logiciels changent très souvent, sans que personne ne soit correctement formé pour les utiliser. Il arrive régulièrement que les agents découvrent des applications en même temps que les demandeurs d’emploi qu’ils reçoivent. « Cela ne fait pas très professionnel », regrette Aurélie, agente depuis plus de dix ans et syndiquée à Sud. « C’est très stressant, complète Erwan, qui travaille également depuis dix ans dans une agence bretonne. Une saisie mal faite peut déboucher sur un avertissement pour le demandeur d’emploi, voire sur sa radiation… »

Cette impression d’incompétence est mauvaise pour la santé, et la façon dont la dernière réforme a dû être avalée par les agents n’augure rien de bon. Après une journée de e-learning, les agents vont se retrouver en face de chômeurs qui exigent des réponses précises, alors qu’eux ne peuvent délivrer que des approximations. « Les gens ne se contentent pas de généralités, détaille Aurélie. C’est là notre difficulté. S’ils reprennent une activité avant l’épuisement de leurs droits, est-ce qu’ils ne risquent pas d’avoir encore moins de revenus ? Et s’ils partent en formation, qu’est-ce qui se passe ? Parfois, nous ne pouvons rien leur répondre. » Erwan confie : « Nous avons vraiment peur de nous tromper, et de briser cette relation de confiance que nous avons avec les demandeurs d’emploi, et qui est si importante ».

Pour Gisèle, cette relation s’est « brisée » au fil des années et des attaques de plus en plus violentes contre les chômeurs. « Certains ont peur de nous et disent qu’on peut leur couper les allocations, alors que pas du tout, nous sommes là pour les aider, justement. Enfin, nous étions là pour ça… » « On a changé de logique, remarque Irène, au sein du service public de l’emploi depuis vingt ans. On a le sentiment d’être dans une gare de triage et de ne pas avoir le temps d’accompagner les gens. On gère l’urgence. » « On est passé d’un service public à une gestion chiffrée, résume Renaud Fréchin, avocat dans le Sud-Ouest de plusieurs agents en conflit avec leur direction. La pression est très forte. Les indicateurs sont omniprésents. Tout le travail est organisé autour de ces indicateurs. » Nombre d’annonces émises, taux de réponse aux mails ou de réception à l’accueil : ces indicateurs uniquement chiffrés ne rendent pas compte de la qualité du travail – et de l’accompagnement – et sont source de manipulation.

Vente forcée de coaching et trucage de chiffres

Certains agents se retrouvent ainsi à faire de la « vente forcée » sur telles ou telles prestations de coaching « parce qu’il faut remplir des cases », alors même qu’ils savent très bien que ce n’est pas ce dont les gens ont besoin. Les demandeurs d’emploi deviennent secondaires, effacés par le besoin de performance chiffrée de l’institution, qui n’hésite pas à tricher si besoin. Benoît, qui a travaillé cinq ans dans une agence du Sud-Ouest, rapporte ainsi avoir participé à un vaste système de trucage de chiffres, qui a fini par avoir raison de lui. « Il fallait que l’on ait le plus gros volume d’offres possible, explique-t-il. Le mieux, c’était les offres en "pré-sélection". Celles pour lesquelles nous présentions aux entreprises des candidats pré-sélectionnés. »

Pour gonfler cet indicateur jugé primordial, les agents de Pôle emploi intègrent des personnes recrutées sans leur intervention. Comment ? « Soit on demandait aux entreprises de nous donner les noms des personnes recrutées, soit on rentrait les données qui figuraient sur les déclarations préalables à l’embauche (DPAE). Pendant plusieurs mois, notre direction avait, semble-t-il, accès à ces DPAE sans que l’on sache comment. » À un moment donné, cette transmission des DPAE s’est arrêtée. Les agents ont alors fait des copier/coller des mois précédents pour alimenter les tableaux de statistiques. Ce système généralisé de faux-semblant a peu à peu anéanti Benoît, qui est resté en arrêt maladie pendant plusieurs mois avant d’être licencié pour inaptitude en février 2019.

Benoît se dit « ecœuré » par la réalité du travail à Pôle emploi, si éloigné de ce qui était au centre de ses préoccupations quand il a intégré cette institution, à savoir « l’accompagnement des chômeurs, et en particulier les plus précaires d’entre eux ». Cette souffrance des plus engagés dans leur travail dure depuis des années. En 2012 déjà, à la demande du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), des experts ayant enquêté au sein de plusieurs dizaines d’agences relevaient « des situations de conflits de valeurs particulièrement nuisibles pour la santé », avec des agents qui ne trouvaient plus de sens à leur métier. Ceux-ci évoquaient déjà des « sentiments de honte vis-à-vis du fait de travailler à Pôle Emploi et/ou vis-à-vis du demandeur d’emploi ».

« Je pense à ces femmes seules, mères célibataires, il y en a beaucoup à Pôle emploi »

« J’ai treize demandeurs d’emploi à voir en une demi-journée pour vingt minutes chacun ! Si on en convoque moins de dix, on se fait remonter les bretelles ! », témoignait alors un conseiller. « Les portefeuilles de demandeurs d’emploi sont extrêmement remplis : entre 150 et 300 demandeurs d’emploi pour un agent à temps plein », cite le rapport qui signale un épuisement « alarmant » des personnels, avec « un sentiment d’être débordé, submergé, broyé ». En 2020, les portefeuilles sont encore plus fournis [2]. « Certains collègues badgent après leur arrivée, ils sautent leur déjeuner, ils restent jusqu’à 19h, ils ne prennent pas trop de congés, sinon ils ont trop de boulot quand ils reviennent », rapporte Lakhdar Ramdani. Et les CHSCT ont, depuis, été supprimés. Plus aucun rapport d’expertise ne viendra tirer la sonnette d’alarme pour protéger la santé des 30 000 agents.

Baignant dans ce stress latent, plusieurs salariés évoquent le dossier de France Télécom/Orange, et des salariés qui se sont suicidés. Une plainte déposée en 2014, par le syndicat CFTC et les parents d’une agente ayant mis fin à ses jours, évoque 17 suicides d’origine professionnelle. Aucun décompte n’a eu lieu depuis, notent des journalistes dans un ouvrage consacré à la souffrance au travail à Pôle emploi [3]. Elles citent néanmoins une source syndicale qui parle de dizaines de suicides et tentatives de suicide entre 2012 et 2013 « Je me sens très inquiet pour mes anciens collègues, glisse Benoît. Je sais combien c’est difficile alors même que je suis marié, que j’ai une famille sur laquelle m’appuyer. Mais je pense à toutes ces femmes seules, mères célibataires, il y en a beaucoup à Pôle emploi. »

« Beaucoup de collègues sont malades. Dans certaines agences, le taux d’arrêts est alarmant »

« Nous avons beaucoup de collègues malades. Dans certaines agences, le taux d’arrêts est alarmant », avertit Catherine Barbier. « L’absentéisme constitue un indicateur fort de la qualité de vie au travail, admet la direction interrogée par Basta !, ajoutant être « fortement engagée dans une démarche de prévention » de cet absentéisme. De quelle manière ? Mystère. Aucune précision ne nous a été donnée. « Ils refusent de parler de front de ce sujet, tempête Chantal Rublon. On les comprend. Plus le taux d’absentéisme est élevé, plus l’organisation du travail est remise en cause. » « Chez nous, on ne parle pas de ce qui ne va pas, appuie Gilles Durand, travaillant au service Contentieux, et syndiqué chez Sud. La culture du déni est très forte. »

« 79 % des agents de Pôle emploi déclarent être fiers de travailler au sein de l’établissement et 77 % des agents ont confiance dans l’avenir de Pôle emploi », se réjouit la direction. Citant une enquête réalisée après le confinement, la direction conclut à « l’adhésion des agents aux orientations engagées depuis huit ans par Pôle emploi ». Problème : les agents contactés n’ont aucun souvenir d’avoir répondu à une quelconque enquête sur le sujet. « Le dernier questionnaire que l’on a eu portait sur la façon dont on avait vécu le travail pendant le confinement, pas du tout sur les orientations de Pôle emploi, dont nous ne discutons jamais... »

Flicage et infantilisation

« Les seuls espaces de transgression qui nous restent sont les temps d’entretien, remarque Erwan. Mais là aussi, ils tentent de nous fliquer, de nous déposséder de notre travail, notamment avec les ORT (observation de la relation de travail, ndlr). » Derrière cet acronyme, se cache une scène peu confortable : un responsable hiérarchique, qui décide de vos augmentations éventuelles et de vos dates de vacances, se poste dans votre bureau et assiste à l’entretien mené avec un demandeur d’emploi. Difficile, évidemment, d’être à l’aise. Et impossible d’expliquer aux chômeurs comment être plus malin qu’un système qui cherche à les piéger pour qu’ils soient radiés. « Sur une même année, on peut être amené à être évalué deux ou trois fois par son supérieur hiérarchique, sans qu’il ne maîtrise nécessairement l’activité qu’il est censé observer », précise Erwan.

Cette infantilisation opère dans d’autres « propositions » de management qui, sous couvert de dialogues, sont en fait imposées aux agent.es. « À la place des échanges spontanés qui pouvaient avoir lieu autour de la machine à café, ils organisent des réunions planifiées de convivialité », grince un agent. Comme si la convivialité pouvait se décréter. Il arrive aussi que les salariés soient invités à participer à une grande chasse aux œufs de Pâques avec leurs familles, ou à une galette des rois collective. « Parfois, ce sont les collègues eux-mêmes qui organisent ces temps, dit Erwan. On a une réunion le matin et l’après midi, ils programment un "escape game". C’est évidemment très compliqué de dire non. »

Pour échapper à ces pressions, beaucoup de conseillers se tournent vers le télétravail. « C’est une façon de se protéger, dit Pauline, rencontrée lors d’une journée de formation. Je suis moins sollicitée, je suis plus au calme. » En Bretagne, avant la crise sanitaire du Covid-19, près d’un tiers des conseillers avaient formulé une demande de télétravail. Une partie des 30 000 conseillers passés en télétravail pendant le confinement éprouve une peur panique de revenir en agence.

Certains agents choisissent le temps partiel, pour pouvoir respirer, ou bien ils partent en formation, choisissent de se réorienter, signent des ruptures conventionnelles. « Chacun essaie de sauver sa peau, relève Catherine Barbier. Il faut bien trouver une solution pour le mal-être qu’on ressent au travail à cause de conflits de valeur insupportables. » Dépité, Lakhdar Ramdani conclut : « Les conditions pour rendre réellement service aux demandeurs d’emploi ont disparu. Dès lors, pourquoi rester, se demandent les collègues. » Mais ceux et celles qui restent s’inquiètent : si tout le monde quitte le navire, qui va s’occuper des demandeurs et demandeuses d’emploi ?

Nolwenn Weiler

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15 juillet 2020 3 15 /07 /juillet /2020 18:36
Ségur de la santé : la déception... - Maryse Montangon, PCF, 15 juillet 2020
Ségur de la santé : la déception...

« Le plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières pour notre hôpital » promis par E. Macron (25 mars 2020), en pleine crise du Covid, a abouti ce lundi 13 juillet à un protocole d’accord venant clore les négociations entre syndicats de la santé et le gouvernement lors du Ségur de la santé initié le 25 mai.

Notons que les véritables négociations ont démarré le 19 juin suite aux fortes mobilisations pour la santé, notamment celles du 16 juin partout dans le pays ; la pression de la rue a permis de faire venir à la table des négociations le ministre O. Véran et de commencer réellement à parler chiffrage et calendrier. De 6 milliards d’€ avancés avant le remaniement ministériel, l’accord définitif pour la revalorisation des carrières et les rémunérations se chiffre à 7,5 milliards d’€ grâce à, dixit les médias, l’intervention du nouveau premier ministre !


Effort colossal ! Du jamais vu ! clame O. Véran, laissant ainsi penser que le gouvernement consent un sacrifice à l’égard des salarié·e·s des hôpitaux et des Ehpad. Pourtant, depuis 2 ans dans toutes les mobilisations et unanimement on entend les mêmes revendications : des moyens humains et financiers pour l’hôpital public et les Ehpad. « Les revalorisations salariales on nous les doit depuis une dizaine d’années», disent les hospitaliers, leurs syndicats et les collectifs, arguant le gel du point d’indice (unique levier d’augmentation des salaires dans la fonction publique) depuis 10 ans et les salaires extrêmement bas par rapport aux autres pays européens.


Seuls 3 syndicats ont signé ce protocole d’accord (CFDT, FO et UNSA) qui devrait se traduire par une augmentation de 183 € en 2 temps pour le personnel non-soignant des hôpitaux publics et privés et des Ehpad ; les médecins ayant eux obtenu 450 millions d’€ pour leurs revalorisations salariales. Cela représente certes une petite avancée, au regard du régime de disette appliqué depuis des années à l’hôpital public, mais c’est loin des revendications unanimes des personnels hospitaliers réclamant une augmentation de 300 € net par mois ! La CGT, non signataire à ce jour et qui entend consulter sa base, souligne la supercherie de ce protocole qui « reprend d’une main ce qu’il octroie de l’autre ». En effet, elle évoque la dégradation des conditions de travail qui accompagne cet accord, avec l’intensification des rythmes de travail, l’autogestion des plannings et des absences par les personnels c’est-à-dire gestion de la pénurie des effectifs par des auto-remplacements, la contractualisation individuelle des heures supplémentaires et une refonte des régimes indemnitaires, sans compter un accord intéressement contraire à l’éthique du service public.


Nous ne pouvons accepter ce énième plan pour l’hôpital qui ne s’appuie pour l’instant que sur les seules rémunérations, élément certes important, mais qui ne dit pas un mot sur la fin des fermetures de lits et de services, la fin des restructurations, l’embauche massive de personnel (100 000 pour les hôpitaux et 100 000 pour les Ehpad) indispensables pour un service public de la santé digne du 21e siècle. L’annonce du gouvernement, non écrite pour l’instant, de 15 000 postes supplémentaires - en réalité 7 500 car 7 500 sont déjà créés, donc déjà budgétisés mais non pourvus - est loin du compte ! La fuite des personnels qui est dramatique aujourd’hui risque de s’intensifier si les conditions de travail se détériorent encore.

Nous pouvons légitimement nous poser la question si ce n’est pas le but ultime de ce gouvernement, qui, à aucun moment, ne s’est engagé sur la fin des fermetures de lits, services ou établissements !


Autre incertitude concernant le financement de cet accord : fera-t-il l’objet à la rentrée d’un PLFSS rectificatif (que nous réclamons avec nos parlementaires depuis le début de l’été) ou sera-t-il budgétisé lors du PLFSS 2021 à l’automne avec des moyens nouveaux pour la Sécurité sociale ou des redéploiements ? Cela dans un contexte de réduction généralisée de ses moyens d’intervention (41 milliards d’euros de dépenses supplémentaires non budgétées), l’aggravation de la crise économique et sociale avec les milliers de suppressions d’emplois ; et l’accélération de la précarisation va produire l’implosion de notre Sécurité sociale ! Ses déséquilibres financiers vont servir de justification à sa refonte institutionnelle définitive.


Nous allons continuer à nous battre pour l’hôpital public, le médico-social et notre système de santé avec les personnels et leurs représentant·e·s, les usagers, les élu·e·s. Mais aujourd’hui nous devons mesurer que l’enjeu de la défense de la Sécurité sociale est majeur, avec un certain degré d’urgence, au regard des solutions que recherche le capital pour faire face à sa crise, après la pandémie du Covid-19. Le PLFSS 2021 va représenter un moment d’affrontement sans précédent !


Le 14 juillet, le 17 septembre, avec les salarié·e·s, défendons cette « pépite de communisme », la Sécurité sociale et les services publics.


Maryse Montangon
membre du CEN
responsable nationale collectif Santé, protection sociale

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15 juillet 2020 3 15 /07 /juillet /2020 18:31
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15 juillet 2020 3 15 /07 /juillet /2020 18:27
Nouveau gouvernement -Un manque d’ambition pour la jeunesse (MJCF, 15 juillet 2020)
Un manque d’ambition pour la jeunesse

Avec le remaniement gouvernemental, Emmanuel Macron a annoncé le début de la troisième phase du quinquennat. Selon ses dires, cette phase doit être celle de la “résilience et du renouveau de sa politique”.

 

Déjà, le choix de nommer Jean Castex “numéro un” du gouvernement pour mener la troisième phase du quinquennat n’est pas synonyme de renouvellement. En effet, l’énarque de 55 ans, issu des Républicains, proche de Nicolas Sarkozy, n’a pas de grandes différences avec l’ancien occupant de l’Hôtel Matignon.


En réalité, entre jeu de chaise musicale et nomination d’anciens ministres, le nouveau gouvernement s’inscrit dans la droite ligne du précédent. Ce nouvel exécutif va incarner la troisième phase du quinquennat pour les deux ans à venir. Sa composition et ses projets de réformes entrent en profonde contradiction avec les annonces d’Emmanuel Macron.


Alors que depuis près de trois mois l’exécutif affirme que la jeunesse est une de ses priorités, aucun ministère dédié n’a été créé lors de ce remaniement. La “jeunesse” est rattachée au ministère de l’Éducation nationale et ainsi reléguée au second plan.


Ce ministère est une nouvelle fois “dirigé” par Jean-Michel Blanquer. Le Premier ministre fait le choix de reconduire à son poste celui qui est responsable de la détérioration de notre système éducatif. En instaurant la sélection à l’entrée de l’université et en mettant fin au baccalauréat, il a aggravé les inégalités au sein même de l’école.

 

Nous refusons d’être la génération sacrifiée !
Avec un taux de chômage qui explose pour les nouvelles générations et la mise en place de la sélection, de nombreux jeunes se retrouvent laissés-pour-compte, sans emploi ni formation. Dans ce contexte, l’absence de projet politique à destination des jeunes pose un sérieux problème.


Un pays qui n’investit pas dans sa jeunesse condamne la société à la régression.


Ce gouvernement nous mène droit à notre perte : crise économique, montée du chômage, fin du baccalauréat, austérité dans l’éducation, casse des services publics, réchauffement climatique...
Nous refusons d’être la génération sacrifiée ! Il reste deux ans de mandature à Emmanuel Macron. Deux ans où les jeunes communistes continueront de résister face aux attaques de l’exécutif.


Dès la rentrée de septembre, les jeunes communistes seront présents devant les établissements scolaires et lieux de formations, devant les salons de l’emploi et de l’orientation, afin de créer une mobilisation d’ampleur de la jeunesse. Nous refusons de payer la crise.


Dès les premiers jours de septembre, inondons les rues, battons le pavé, et montrons à ce gouvernement que la jeunesse prend son avenir en main !


Léon Deffontaines
secrétaire général du MJCF

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15 juillet 2020 3 15 /07 /juillet /2020 06:04

 

Révélatrices d’inégalités sociales, la pénibilité du travail et l’espérance de vie, surtout en bonne santé, interrogent sur l’égalité des situations au moment du départ à la retraite, a fortiori quand une « réforme » inique du système de retraites est à l’ordre du jour.

*Ce texte est une contribution du collectif de mobilisation des agents de la DREES, direction statistique du ministère de la Santé

Dans l’article 10 du projet de loi portant réforme des retraites, il est indiqué que l’âge légal de départ à la retraite restera de 62 ans, mais qu’un âge d’équilibre (ou âge« pivot ») sera introduit. Dans un premier temps, cet âge serait de 64 ans, puis il augmenterait chaque année, à raison des deux tiers des gains constatés d’espérance de vie à la retraite. Dès lors que les personnes partiraient avant l’âge d’équilibre, un malus (décote de 5 % par an) viendrait réduire le montant de la retraite. Inversement, un bonus s’appliquerait pour les personnes partant à la retraite après l’âge d’équilibre. D’après le gouvernement, le mécanisme de l’âge d’équilibre permettrait à chacun de choisir la date de son départ à la retraite, selon un arbitrage personnel. Mais les travailleurs ne seront pas égaux face au choix de l’âge de départ.

 

DE FORTES INÉGALITÉS DUES AUX CONDITIONS DE TRAVAIL

Les conditions de travail diffèrent grandement selon le métier exercé. La prolongation de la durée du travail se traduirait différemment selon les catégories socioprofessionnelles, et elle serait plus difficile pour les personnes affectées par la pénibilité de leur emploi. Les enquêtes de la Statistique publique attestent les écarts considérables d’exposition à des conditions de travail difficiles selon les catégories socioprofessionnelles, en particulier s’agissant des contraintes physiques. En 2016, d’après l’enquête Conditions de travail-Risques psychosociaux de la DARES (NDLR : la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du Ministère du Travail) , seulement 6 % des cadres cumulent au moins trois contraintes physiques (postures, déplacements, poids à porter ou à déplacer, exposition à des secousses ou à des vibrations). A contrario, qu’ils soient qualifiés ou non qualifiés,  plus  de  60  %  des ouvriers et près d’un employé de commerce ou de service sur deux  sont  concernés  (graphique 1). Les ouvriers sont également les premiers concernés par les expositions aux bruits, aux fumées, aux poussières et aux produits dangereux.

 

DES LIMITATIONS D’ACTIVITÉ PLUS FRÉQUENTES

Des conditions de travail dégradées peuvent peser sur la santé des personnes exposées, comme le montrent les enquêtes qui retracent la carrière des personnes et permettent de suivre leurs conditions de travail et leur état de santé dans le temps. Ainsi, en 2006, d’après l’enquête Santé et itinéraire professionnel de la DARES, parmi les personnes âgées de 50 à 60 ans ayant passé au moins 10 ans de leur vie en emploi, 19 % déclarent être limitées dans leurs activités du quotidien (voir encadré).Pour les personnes des mêmes âges dont la carrière a été marquée par 15 ans d’exposition à des facteurs de pénibilité, cette proportion atteint 24 %. De manière générale, la part d’années de vie passées en bonne santé à partir de 50 ans dépend des conditions de travail tout au long de la carrière, comme l’a, par exemple, montré une vaste étude portant sur des travailleurs du secteur du gaz et de l’électricité.

 

 

Graphique 1

 

PROBLEMES DE SANTÉ : UN MAINTIEN DANS L’EMPLOI PLUS DIFFICILE

La survenue ou l’aggravation de problèmes de santé, qu’ils soient temporaires ou permanents, jouent également sur le maintien ou l’accès à l’emploi. Ainsi, parmi les actifs en emploi en 2006, ceux en mauvaise santé étaient moins fréquemment en emploi en 2010 que ceux en bonne santé (71 %, contre 86 %,à structure d’âge comparable, pour tenir compte de la dégradation de la santé perçue avec l’âge).En 2018, la situation professionnelle à partir de 50 ans varie selon l’état de santé déclaré à ce moment : les personnes fortement limitées dans leurs activités du quotidien partent à la retraite après avoir passé en moyenne 3,9 années en emploi, mais 8,5 années au chômage ou en inactivité. Durant la même période, les personnes qui ne sont pas limitées dans leurs activités du quotidien passent en moyenne 10,2 années en emploi et 1,8 année au chômage ou en inactivité. Les personnes en bonne santé partent donc à la retraite à 62,1 ans en moyenne, soit plus tôt encore que les personnes dont la santé est déjà pénalisée (62,4 ans). Ces dernières ne profitent pas pleinement des dispositifs de départ anticipé du système actuel et seront, en l’état actuel du projet de loi [mars 2020], pénalisées par la décote dans le système à venir. Par conséquent, la référence à une « carrière complète», autour de laquelle se structure le débat, s’avère aveugle à l’impact des conditions de travail sur le déroulé des carrières. De plus, restreindre le champ des expositions prises en compte et ne pas aborder frontalement la question de la pénibilité dans le débat est source d’iniquités manifestes. Les enjeux associés aux conditions de travail et à la pénibilité sont donc multiples, par exemple la compensation des expositions, d’autant plus que ces conditions de travail dégradées ont pour conséquence une espérance de vie plus courte.

 

 

Graphique 2

 

ECART D’ESPÉRANCE DE VIE ENTRE OUVRIERS ET CADRES

Le gouvernement justifie le report de l’âge de départ à la retraite « taux plein » par l’augmentation de l’espérance de vie, mais ne tient pas compte de l’espérance de vie sans incapacité. Or celle-ci est déterminée par le type de métier exercé : les personnes qui auront connu des conditions de travail difficiles profiteront moins longtemps, voire pas du tout, d’une retraite en bonne santé. L’espérance de vie (voir encadré) moyenne en 2017 est de 85 ans pour les femmes et de 80 ans pour les hommes. Toutefois, d’après l’INSEE, des inégalités sont constatées selon la catégorie socioprofessionnelle. En 2013,un homme ouvrier de 35 ans aune espérance de vie de 42,6 ans, ce qui équivaut à atteindre l’âge de 78 ans.

 

 

ESPÉRANCE DE VIE À 35 ANS SELON LA CATÉGORIE SOCIOPROFESSIONNELLE

A contrario, un homme cadre de 35 ans a une espérance de vie de 49 ans, ce qui équivaut à atteindre l’âge de 84 ans. Pour les femmes, en 2013, cette différence est moins marquée : l’espérance de vie restante à35 ans en 2013 pour les ouvrières est de 49,8 ans (85 ans) alors qu’elle est de 53 ans (88 ans) pour les femmes cadres (voir tableau). L’écart d’espérance de vie à 35 ans entre ouvriers et cadres est passé de 5,7 ans en2003 à 6,4 ans en 2013 pour les hommes et de 2,3 ans à 3,2 ans pour les femmes. Depuis la fin des années 1970, cet écart s’est maintenu autour de 6,5 ans pour les hommes et 2 ans pour les femmes.

 

ESPÉRANCE DE VIE SANS INCAPACITÉ

Au-delà des écarts d’espérance de vie, c’est plus particulièrement l’espérance de vie sans incapacité (voir encadré) qu’il est pertinent de regarder. En 2018, l’espérance de vie sans incapacité est de 64,5 ans pour les femmes et de 63,4 ans pour les hommes. Les ouvriers ont une vie à la retraite plus courte et une plus longue période avec des incapacités diverses (17 ans pour les hommes, 22 ans pour les femmes);pour les cadres cette période est plus courte (13 ans pour les hommes, 16 ans pour les femmes). En 2018, ces inégalités persistent, puisque les ouvriers sont 14 % à déclarer être fortement limités au cours de la première année de retraite, contre 2  %  parmi  les  cadres  (graphique 2). L’écart est encore plus marqué si on ajoute les personnes qui déclarent être limitées, mais pas fortement, au cours de la première année de retraite : 34 % pour les ouvriers, 14 % pour les cadres.

 

 

Graphique 3

 

ESPÉRANCE DE VIE À 35 ANS, AVEC ET SANS INCAPACITÉ

Avec un âge d’équilibre à 64 ans, ce serait au moment où les premières incapacités apparaîtraient que les cotisants pourraient avoir droit à une retraite sans décote. Cependant, ces incapacités n’apparaissent pas de façon uniforme entre les individus : 15 % des hommes et 9 % des femmes nées en 1975 ne pourront espérer vivre plus de 10 ans en retraite sans incapacité, tandis que 17 % des hommes et 33 % des femmes nés la même année bénéficieront de cette situation pendant plus de 25 ans. De plus, les hommes nés en 1975 devraient être 8 % à décéder avant de liquider l’intégralité de leurs droits à la pension. Cela pourrait concerner 4 % des femmes.

Là encore, il existe de fortes disparités selon la catégorie socioprofessionnelle. En 2003, un ouvrier de 35 ans peut espérer vivre sans incapacité jusqu’à 59 ans, contre 69 ans pour un homme cadre (graphique 3). Une ouvrière de 35 ans peut compter vivre sans incapacités jusqu’à 62 ans, alors que cet âge s’élève à 70 ans pour une femme cadre. Finalement, les catégories socioprofessionnelles les moins favorisées ont une espérance de vie plus courte et une espérance de vie avec incapacités plus longue. Elles se retrouvent donc à subir une « double peine ». Ainsi, là où les catégories socioprofessionnelles les plus favorisées peuvent espérer profiter pleinement de leur retraite sans incapacité pendant plusieurs années, celles qui sont les moins favorisées font face à des incapacités plus précoces au moment de l’âge de la retraite. Pour certaines personnes, ces incapacités apparaissent même plusieurs années avant de pouvoir y avoir droit. Finalement, en dépit  de la volonté affichée du gouvernement de créer un système universel qui mettrait tout le monde à égalité, la prise en compte de l’espérance de vie sans incapacité montre que le projet de réforme du système de retraite conduirait à renforcer les injustices et l’idée que certaines catégories socioprofessionnelles financent une retraite « heureuse » pour d’autres.

 

 

 

ESPÉRANCE DE VIE ET ESPÉRANCE DE VIE SANS INCAPACITÉ, DE QUOI PARLE-T-ON?


Les indicateurs d’espérance de vie synthétisent les conditions de mortalité par âge sur une période donnée. Il ne s’agit donc pas de prévisions mais d’une photographie de la situation à cette période. L’espérance de vie à la naissance correspond à la durée de vie moyenne d’une génération fictive qui serait soumise, à chaque âge, au risque de décéder à cet âge observé au moment du calcul de l’indicateur. Lorsqu’on calcule une espérance de vie à 35 ans selon la catégorie socioprofessionnelle, on considère la durée de vie moyenne pour une personne qui connaîtrait, à partir de 35 ans, les risques de décès encourus par les personnes de cette catégorie socioprofessionnelle à tous les âges supérieurs à 35 ans tels qu’ils sont observés au moment du calcul de l’indicateur. Afin de disposer d’effectifs par catégorie socioprofessionnelle suffisants, les conditions de mortalité sont observées sur une période de plusieurs années. Ainsi, les données les plus récentes disponibles portent sur les années 2009 à 2013.L’espérance de vie sans incapacité (EVSI) combine l’espérance de vie avec la fréquence observée des incapacités aux différents âges pour donner le nombre d’années qu’un individu peut espérer vivre sans souffrir d’une incapacité. Plusieurs mesures des incapacités peuvent être mobilisées. Les calculs de la DREES pour 2018 utilisent la réponse des individus à la question « Êtes-vous limité(e) depuis au moins six mois, à cause d’un problème de santé, dans les activités que les gens font habituellement?»,les réponses peuvent être « Oui, fortement limité(e) », « Oui, limité(e) mais pas fortement» ou « Non, pas limité(e) du tout». Cette question provient d’un dispositif d’enquête européenne, le European Union Statistics on Income and Living Conditions (EU-SILC), qui harmonise les indicateurs des limitations d’activité générales et permet, à ce titre, des comparaisons européennes. D’autres indicateurs peuvent compléter cette approche globale des limitations pour le calcul des EVSI. Les résultats de l’article « La “double peine” des ouvriers : plus d’années d’incapacité au sein d’une vie plus courte »[1]commentés dans cette publication exploitent l’enquête Santé de 2003. L’EVSI décrite s’entend au titre d’une espérance de vie sans limitation fonctionnelle résiduelle physique ou sensorielle (difficulté à voir de près ou de loin, à entendre, à marcher, à se pencher ou à utiliser ses mains et ses doigts) qui dénote un besoin d’aide technique ou d’aménagement du domicile ou du poste de travail. L’article mobilise d’autres conceptions des incapacités (difficultés dans les activités en général, problèmes sensoriels et physiques), pour lesquelles les écarts entre cadres et ouvriers vont toutes dans le même sens. Les indicateurs d’EVSI ont été critiqués dans les débats à l’Assemblée nationale sur la base de leur caractère déclaratif, et donc jugés non-scientifiques. Si l’interprétation des EVSI doit rester prudente, et si la formulation des questions a effectivement son importance, le fait que cet indicateur soit déclaratif ne saurait le discréditer, sauf à remettre en cause les autres indicateurs issus des enquêtes de la statistique publique. La corrélation des indicateurs de santé subjective avec la mortalité est attestée, qu’il s’agisse de la santé perçue ou des incapacités déclarées. De plus, les différentes mesures des incapacités confirment toutes les écarts entre cadres et ouvriers et justifient l’intérêt de la mesure des années passées avec et sans restrictions d’activité.

 

[1] Emmanuelle Cambois et al., Population et société, no 441, janv. 2008

 

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