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Le Chiffon Rouge
Morlaix
Suppressions de postes, versement de dividendes… Un rapport démontre à quoi ont servi les aides publiques versées pendant la crise.
Depuis mars, le gouvernement a ouvert en grand les vannes des aides publiques, crise économique oblige. Jusqu’ici, il était compliqué d’avoir une vision d’ensemble de l’utilisation de cette manne. L’Observatoire des multinationales tente de lever un coin du voile avec un rapport, publié ce lundi, qui fournit quelques chiffres chocs. Un tiers des entreprises du CAC 40 ont distribué des dividendes pendant la période, pour un montant total de 30,3 milliards d’euros. Huit firmes ont même augmenté les dividendes versés par rapport à l’année dernière. Un tiers du CAC 40 a versé des dividendes alors que des milliers de leurs salariés étaient rémunérés sur fonds publics via le chômage partiel…
Dans son rapport, l’Observatoire des multinationales commence par rappeler par quels canaux la manne publique a été distribuée : « Près de 300 milliards d’euros de prêts garantis par l’État, plan d’urgence à 110 milliards d’euros dont 7 milliards d’euros pour Air France et 5 milliards pour Renault, plan tourisme, plan automobile, plan aéronautique, relocalisation industrielle, baisses d’impôts, 100 milliards pour le plan de relance, chômage partiel pour 31 milliards, reports ou annulations de charge sociales et fiscales (76 milliards)… Les sommes annoncées sont d’une ampleur inédite. » Certaines aides ont pris des formes indirectes, et sont passées largement sous les radars médiatiques : c’est le cas des plans de rachats massifs d’obligations d’entreprises par la Banque centrale européenne (BCE). Grands bénéficiaires : Total, Sanofi, Schneider Electric ou Air Liquide. Ce soutien discret permet à certaines multinationales – comme Total – de claironner qu’elles n’ont jamais bénéficié de l’aide des pouvoirs publics français…
À quoi a servi tout cet argent ? Le gouvernement n’a jamais formellement empêché aux grandes entreprises de continuer à distribuer des dividendes. Comme on pouvait s’y attendre, il a donc fallu s’en remettre à la « générosité » de leur direction. « Seul un petit tiers du CAC 40 (treize firmes) a annulé ou suspendu le versement des dividendes initialement prévus, écrit l’observatoire. Il s’agit essentiellement des grandes banques (BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale), qui y ont été indirectement obligées pour pouvoir avoir accès au refinancement bancaire via la BCE, ainsi que de grands groupes ayant un urgent besoin d’aides publiques pour survivre à la période (Airbus, PSA, Renault, Safran). » À l’inverse, huit groupes ont augmenté le montant de leurs dividendes : Teleperformance (+ 26,3 %), Vivendi (+ 20 %), Schneider Electric (+ 8,5 %), Danone (+ 8,2 %), Dassault Systèmes (+ 7,7 %), Total (+ 4,7 %), Sanofi (+ 2,6 %), Air Liquide (+ 1,9 %).
Sur le plan social, le bilan est tout aussi édifiant. Selon les données récoltées par l’Observatoire des multinationales, les boîtes du CAC 40 ont déjà annoncé près de 60 000 suppressions d’emplois, dont le quart en France. S’il est impossible de dresser la liste ici, on peut néanmoins citer quelques cas : 15 000 chez Renault, 7 500 chez Air France, 1 700 chez Sanofi, 2 000 chez Valeo, etc. « Si les annonces de plans sociaux au sein des poids lourds du CAC 40 font grand bruit, il ne faut pas oublier que leurs salariés ne sont pas forcément les plus exposés, note l’observatoire. Ceux de leurs fournisseurs et sous-traitants subissent de plein fouet à la fois les conséquences directes de la crise et celles des ’’plans d’économies’’ mis en œuvre par les grands groupes. »
Pour ses auteurs, le rapport de l’Observatoire des multinationales apporte de l’eau au moulin de tous ceux qui réclament des contreparties aux aides publiques. « Nos données appellent deux exigences, résume l’économiste Maxime Combes. La première, c’est un débat général sur les conditions sociales et environnementales au versement de l’argent public à des entreprises privées. La seconde, c’est un besoin urgent de transparence sur l’utilisation de ces fonds. Dans notre rapport, nous avons tenté de faire un tableau récapitulant l’ensemble des aides publiques, pour chaque grande entreprise. Certaines colonnes sont remplies de poin ts d’interrogation : on est incapable, par exemple, d’avoir des informations sur le montant des reports de cotisations sociales consentis aux entreprises. C’est ahurissant, au regard des sommes en jeu ! »
« Certaines entreprises n’ont tout simplement pas besoin d’aides publiques, souligne de son côté Fabien Roussel, secrétaire national du PCF. Je parle des géants du CAC 40, qui continuent à rémunérer leurs actionnaires. En passant, cela renvoie à la nécessité de taxer les dividendes, une proposition formulée notamment par la convention citoyenne pour le climat (pour financer la transition énergétique - NDLR) et qui a été balayée par Emmanuel Macron. » Le dirigeant communiste convient que cette taxation ne sera pas suffisante : « La crise qui s’annonce nous oblige à tout remettre sur la table, à commencer par nos modes de production. Il ne suffit pas de s’interroger sur la répartition des richesses, il faut discuter de leur création. Nous avons besoin d’un débat d’ampleur sur ce sujet. »
Cyprien Boganda
Le gouvernement a décidé de signer un nouveau chèque aux entreprises, à travers la baisse des impôts de production. Il s’agit de différents prélèvements (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, taxe foncière sur les propriétés bâties, etc.) qui se trouvent dans le collimateur du patronat depuis des années. Montant total de la baisse : 10 milliards d’euros par an. Selon des estimations transmises par le gouvernement aux députés, que nous nous sommes procurées, cette nouvelle obole est très inégalement répartie : 281 grandes entreprises vont se partager 2,5 milliards d’euros, soit, en moyenne, un chèque de 9 millions d’euros par entreprise ! À l’autre bout du spectre, 323 291 TPE vont percevoir 304 millions d’euros, soit un chèque de… 940 euros.
À la tête d’une fortune de 28 milliards d’euros, la dynastie nordiste n’a pas la main légère sur les suppressions de postes. Alors que le richissime clan accélère la réorganisation de ses entreprises de la distribution, les salariés floués montent au créneau. Nos explications.
Les uns ont décidé de faire entendre leur colère ce jeudi devant le siège d’Auchan à Croix (Nord), alors que 1 475 salariés de l’enseigne risquent de perdre leur emploi. Les autres, calfeutrés dans leurs grandes maisons à 300 mètres de la frontière belge, font profil bas. Habituée à la discrétion, la grande famille des Mulliez est aujourd’hui épinglée de toute part, et son Association familiale (AFM), qui regroupe plus de 700 cousins actionnaires, plus que jamais pointée du doigt pour ses pratiques sociales d’un autre temps. Leur nom n’est peut-être pas familier, il se cache pourtant derrière plusieurs centaines d’enseignes, parmi lesquelles le géant de la grande distribution, Décathlon, Leroy Merlin, Kiabi, Boulanger ou encore Flunch. « Il n’y a pas d’équivalent en termes de taille et d’organisation », résume Bertrand Gobin, journaliste indépendant spécialiste des Mulliez.
Leur pactole de 28 milliards d’euros, qui les hisse en sixième position des plus grandes fortunes françaises, ne les empêche toutefois pas de tailler lourdement parmi leurs effectifs. À Auchan, si la surprise du PSE est minime, la désillusion reste grande. Depuis 2019, les travailleurs en sont à leur troisième réduction d’effectifs. « Le climat est très anxiogène », constate Gérald Villeroy, délégué syndical central CGT des magasins au rossignol. Et le dernier épisode, annoncé en septembre alors que les salariés ont continué à travailler au plus fort de la crise sanitaire, a achevé d’entamer le moral des employés. Chez Alinéa, placé en redressement judiciaire en mai dernier, 992 personnes ont été mises à la porte. Dans les magasins historiques de la famille Phildar, 125 salariés sur 211 sont laissés sur le carreau.
Une douche froide pour les milliers de travailleurs employés par la richissime famille, qui accusent les cousins actionnaires d’avoir sauté sur l’épidémie pour se délester de leurs personnels. Si le prétexte et l’arme du crime sont tout trouvés, grâce à l’ordonnance de mai 2020 qui permet à des patrons de reprendre leur propre entreprise, ces plans sociaux à répétition font toutefois partie d’une manœuvre au long cours dont les associés ne se sont jamais cachés.
« Leur stratégie a toujours été de se séparer des entreprises qui perdent de l’argent avant qu’elles ne fassent trop de mal », analyse l’économiste Benoît Boussemart. Les magasins de laine, qui ne séduisent guère plus depuis des années, ou l’Ikea français, qui fait pâle figure face à la concurrence depuis dix ans, ont donc été des victimes privilégiées. Alors que le modèle des grands ensembles commerciaux, sur lequel les Mulliez ont bâti leur fortune, s’essouffle, Auchan était sans surprise le prochain sur la liste. « Environ 90 % de leurs actifs reposent sur ce modèle des centres commerciaux, construit autour d’un hypermarché. Mais entre la vente en ligne, le regain d’intérêt pour les commerces de proximité et les circuits courts, ce fonctionnement n’a plus vraiment la faveur des consommateurs », indique Bertrand Gobin. « Les modes de consommation ont évolué, il y a une forte demande des actionnaires pour générer du cash et leur seule variable d’ajustement est le personnel », abonde le cégétiste Gérald Villeroy. La direction de l’enseigne, qui évoque un « plan de transformation », ne semble pas démentir.
Le principe de l’Association familiale Mulliez, c’est “tous dans tout”. Tous les associés sont solidaires des différents groupes, en investissant un peu partout, mais les salariés n’en profitent pas.
Bertrand Gobin, journaliste indépendant
Du côté des travailleurs licenciés, la justification peine à convaincre, et l’horizon d’un repositionnement dans une des très nombreuses enseignes de la dynastie Mulliez s’est dilué dans la complexité de l’organisation des sociétés. L’Association familiale Mulliez a en effet toujours refusé de se voir officiellement constituée comme un groupe. « Le principe de l’AFM, c’est “tous dans tout”. Tous les associés sont solidaires des différents groupes, en investissant un peu partout, mais les salariés n’en profitent pas », note Bertrand Gobin. La myriade d’enseignes des Mulliez est en effet organisée dans un schéma plus qu’opaque de holdings et surholdings, rendant l’ensemble incompréhensible pour les salariés et surtout, rendant les différentes marques strictement indépendantes les unes des autres. Impossible donc pour un salarié d’Auchan licencié de prétendre à un poste à Decathlon ou Leroy Merlin, les véritables locomotives de la famille. « On veut absolument faire reconnaître l’AFM comme un vrai groupe. Pendant le confinement, il y a eu des solidarités entre marques, des salariés de Norauto sont venus filer un coup de main à Auchan. Il faut aller jusqu’au bout de la démarche et empêcher les licenciements », martèle le syndicaliste Gérald Villeroy.
Si les Mulliez se vantent d’accorder à leurs licenciés de généreuses conditions de départ, les cousins milliardaires semblent tout de même loin de porter leurs travailleurs dans leur cœur. « Ils sont pragmatiques, ils se laissent guider par les résultats », assure le spécialiste Bertrand Gobin. Les comptes de la famille, qui ont gonflé de 27 % en six ans, ne contrediront pas leur démarche. Mais les salariés de toutes les enseignes de la dynastie Mulliez, réunis ce jeudi auprès de leurs collègues d’Auchan, sont bien déterminés à faire changer d’avis leurs richissimes patrons.
C’est au début du XXe siècle qu’a débuté l’empire des Mulliez, avec la création des filatures de Saint-Liévin, proches de Roubaix, dans le Nord, par l’arrière-arrière-grand-père Louis. L’argent gagné a été réinvesti et a donné naissance à de grandes pointures de la distribution, comme Phildar et Auchan. En 1955, les héritiers décident de fonder l’Association familiale Mulliez, pour gérer les intérêts financiers grandissants des sociétés. La règle pour y être associé, encore valable aujourd’hui : être un Mulliez de sang ou d’alliance. Si l’empire familial a des allures de success-story et que les cousins actionnaires sont érigés en héros de l’entreprenariat, l’économiste Benoît Boussemart tempère : les associés ont aussi su exploiter leurs travailleurs à coups de faibles rémunérations et de contrats précaires.
Pour faire grandir leur fortune, les propriétaires d’Auchan sont aussi devenus experts en optimisation fiscale et ont franchi la frontière. Entretien.
Marco Van Hees Député du PTB, spécialiste des questions fiscales
Marco Van Hees Cela fait des années que je travaille sur les grandes fortunes présentes en Belgique. Pour les exilés fiscaux français, c’est une destination particulièrement prisée, quasiment au même titre que la Suisse. Et les Mulliez sont le cas le plus emblématique des exilés français présents sur notre sol. Ils y vivent depuis plusieurs décennies.
Marco Van Hees Ils habitent rue Reine-Astrid, à Néchin, juste à côté de la frontière. Cette rue a même été rebaptisée « avenue des Mulliez » par les habitants du coin ! Pour la petite histoire, tous les Mulliez logent au côté pair de la rue, pour profiter de l’exposition plein Sud… En mai 2019, nous avions mené une action commune avec le PCF dans la ville, pour braquer les projecteurs sur cette situation. J’ai eu l’occasion de discuter avec le maire socialiste de la commune, il s’accommode visiblement très bien de leur présence.
Marco Van Hees Au départ, il s’agissait d’échapper à l’impôt sur la fortune (ISF) et à la taxation des plus-values financières. La suppression de l’ISF chez vous n’a pas entamé l’attractivité de notre pays pour autant : il est toujours très utile d’habiter en Belgique pour échapper à toutes sortes de taxes. Par exemple, les holdings bénéficient d’un traitement de choix : sauf exception, on ne taxe pas les plus-values sur actions, qu’elles soient détenues par des personnes physiques ou des sociétés. Nous disposons également du système des RDT, c’est-à-dire les revenus définitivement taxés, qui est une déclinaison belge du régime mère-fille : lorsqu’une société reverse des dividendes à sa maison mère, ce n’est pas taxé. Même chose pour les plus-values en cas de revente de participations. Patrick Mulliez, frère du fondateur de l’enseigne, détient une holding ici. Il y a quelques années, elle avait réalisé 373 millions d’euros de bénéfices, pour un impôt de… 2 euros ! La plupart du temps, le chiffre est de zéro.
Marco Van Hees Cela fait des années que nous réclamons la création d’un véritable impôt sur les millionnaires. À force de taper sur le clou, on a fini par convaincre les socialistes et les écolos (appartenant à la coalition au pouvoir – NDLR), de mettre la question à l’ordre du jour. Mais on voit bien que la droite veut vider cet impôt de sa substance, pour en faire une taxe placebo. Pourtant, les sommes en jeu sont considérables. D’après nos calculs, un impôt sur les grandes fortunes pourrait ramener 8 milliards d’euros, en sachant que la fortune cumulée des 1 % les plus riches atteint les 500 milliards d’euros ! La taxe étudiée par le gouvernement ne rapporterait que 150 à 350 millions d’euros, autant dire qu’il y a de la marge… Il faudrait par ailleurs des mesures en matière de taxation des grandes sociétés, avec une suppression de l’ensemble des niches fiscales. Nous avons besoin, enfin, d’une politique européenne beaucoup plus ferme avec les paradis fiscaux. L’Union européenne possède des paradis fiscaux redoutables – Luxembourg, Pays-Bas, Irlande, Malte, ou Belgique, dans une moindre mesure. Tous ces pays taxent très peu les multinationales. Il faut absolument en finir avec cette impunité.
Entretien réalisé par Cyprien Boganda
La fiscalité mise en place depuis 2017 a fait exploser les revenus du capital des 0,1 % les plus riches.
Voilà une étude qui pourrait hâter la disparition de France Stratégie au profit du nouvellement créé commissariat au Plan, confié à François Bayrou, sans doute plus fidèle au pouvoir macronien. L’organisme placé auprès du premier ministre pour « évaluer, anticiper, débattre et proposer » les politiques publiques a publié ce jeudi un rapport qui démontre, s’il fallait encore une preuve, que la politique fiscale mise en place par Emmanuel Macron depuis le début de son quinquennat est au service des foyers fiscaux les plus riches, qui en ont bien profité.
Examiné dans le rapport publié ce jeudi, l’effet miroir entre les réformes fiscales de 2013 (« barémisation » des prélèvements sur les revenus du capital, instaurant une plus grande progressivité de l’impôt) et de 2017 (fin de l’ISF et mise en place du prélèvement forfaitaire unique – PFU –, ou flat tax, capant les prélèvements sur les revenus du capital) fait particulièrement mal au pouvoir en place. La note démontre qu’à la forte baisse de distribution de dividendes (de 22 milliards en 2012 à 13 milliards en 2013) sous Hollande a succédé une explosion de ces versements sous Macron : + 14 milliards d’euros en 2017, + 23 milliards en 2018. Or, deux tiers de ces dividendes ont été captés par les 0,1 % des plus riches et un tiers par les 0,01 % d’ultra-riches. Avant 2017, ces plus aisés étaient certes déjà bien servis en revenus financiers, mais dans une moindre proportion : la moitié des dividendes étaient concentrés sur les 0,1 % et un « petit » quart sur les 0,01 %.
« Plusieurs éléments laissent clairement penser que la forte hausse des dividendes reçus par les ménages en 2018 est en partie causée par la réforme du PFU, même si cet effet causal n’est pas encore scientifiquement et formellement établi », indique France Stratégie. Autre élément à charge contre l’actuelle politique fiscale, le rapport « n’observe aucun effet significatif » de la flat tax « sur l’investissement de ces entreprises », tout comme aucun effet négatif significatif n’avait été établi sur l’investissement après la réforme de 2013. La transformation de l’impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI), laissant ainsi de côté les revenus du capital financier, ainsi que la création de la flat tax, reposait pourtant sur cet argument d’investissement des plus riches dans l’économie réelle et son effet induit, le fameux ruissellement. « Les levées de fonds de capital-investissement auprès des investisseurs particuliers plafonnent depuis 2016, après une forte progression de 2010 à 2016 », note ainsi froidement France Stratégie.
Journée nationale d’action des élus et militants communistes dans toute la France. Dans 60 départements , comme ici à Valenciennes, nous avons demandé des masques gratuits, des ouvertures de lits et des embauches dans nos hôpitaux. Notre pays est riche mais la pauvreté augmente! Nos TPE, PME, nos communes ont besoin d’être soutenu à 100%. Notre industrie peut relocaliser et créer des emplois. La Nation tout entière doit se mobiliser !
Dans près de soixante départements, le Parti communiste a organisé de nombreux rassemblements ce week-end pour exiger des actes concrets du gouvernement pour l’emploi comme la santé.
Valenciennes, Toulouse, Paris, envoyés spéciaux.
« Masqués mais pas muselés ! » Le mot d’ordre lancé par le PCF en plein confinement, pour les manifestations au balcon du 1er Mai, s’est invité dans la rue ce week-end. Une formule lancée par Fabien Roussel, le secrétaire national de la formation, depuis Valenciennes (Nord), où s’est tenu samedi matin un rassemblement, parmi une centaine dans 60 départements. « Le PCF se mobilise dans toute la France devant les préfectures, les sièges du Medef, les hôpitaux pour porter des revendications locales, demander plus de moyens pour faire face à la crise sanitaire mais aussi pour dénoncer des plans de licenciements terribles », explique le député du Nord. « Nous voulons aussi alerter sur la pauvreté qui augmente de 30 à 40 %. Alors que la France est la 5e puissance mondiale, c’est inacceptable », s’indigne-t-il, rappelant que la priorité de son parti n’est pas pour l’heure aux « élections mais à l’action, à porter les revendications de nos concitoyens à mieux vivre et à faire face à la crise ».
« On nous enlève tous nos droits, tous les plaisirs de la vie, sous prétexte de garder la ’’chance de travailler’’. Mon mari est chez Bombardier et du fait de la fusion avec Alstom, ses chèques-vacances, ses primes sont reniés », explique Sylvie Vallini parmi les militants et élus qui, malgré les nouvelles restrictions entrées en vigueur le matin même, ont tenu à être présents dans la sous-préfecture du Nord.
À ses côtés, Nathalie travaille pour les services sociaux de la commune d’Onnaing et constate chaque jour « que le nombre de demandes d’aide alimentaire augmente. On voit des travailleurs dont le salaire n’est pas suffisant pour subvenir aux besoins de leur famille », déplore-t-elle, alors que selon Émile Vandeville, le secrétaire de l’union locale CGT, la situation se dégrade à vue d’œil. « Des PSE sont en train de se mettre en place, avec un patronat qui demande aux salariés soit plus de flexibilité, avec une augmentation du temps de travail et une baisse de salaires, soit des suppressions d’emplois. Dans le secteur, SKF prévoit des licenciements, et Auchan, ici, c’est une vingtaine d’emplois en moins », détaille le syndicaliste avant de se joindre à la délégation reçue en sous-préfecture, où de nombreuses propositions – de la gratuité des masques à la mise en place de dispositifs de contrôle des aides aux entreprises – sont exposées. « Le gouvernement met sur la table 570 milliards d’euros d’argent public, nous demandons tout simplement qu’ils servent à lutter contre la pauvreté et la misère, à créer des emplois et à donner enfin les moyens à nos hôpitaux de faire face », résume Fabien Roussel.
Lire aussi : Le constat alarmant du Secours populaire : 1 Français sur 3 a subi une perte de revenus à cause du Covid
Près de 900 kilomètres plus au sud, le PCF a choisi, pour faire entendre ce message, de se rassembler devant l’agence Air France, implantée au cœur de Toulouse depuis 1945 et refaite à neuf il y a deux ans. Un lieu symbolique : la compagnie aérienne en a annoncé la fermeture au printemps prochain. « Air France reçoit 7 milliards d’aides de l’État et veut supprimer 7 500 postes ! », s’insurge Pierre Lacaze, conseiller municipal PCF. « Les salariés des sites toulousains sont inquiets pour le présent et l’avenir, confie Jean-Claude Chazottes, retraité d’Air France. Alors qu’une réduction du temps de travail à 32 heures et un retour à la retraite à 60 ans permettraient des embauches, notamment de jeunes. »
Participent aussi à l’initiative, parmi les militants communistes, des salariés de l’aéronautique et de l’agroalimentaire. Michel Molesin, salarié d’Airbus, rappelle que l’avionneur européen veut supprimer 5 000 emplois en France alors que son carnet de commandes est plein à craquer. « Il y a une crise sanitaire et le patronat en profite à mort ! », dénonce-t-il. Selon lui, la situation du constructeur aéronautique est loin d’être catastrophique : « En septembre, Airbus a livré 57 appareils, c’est-à-dire que la production est revenue à 80 % de son niveau de septembre 2019. »
La précarité, en revanche, gagne bel et bien du terrain, constate Luc Ripoll, retraité depuis à peine quelques jours d’une entreprise agroalimentaire : « On assiste à une baisse de la consommation alimentaire. Même le bio connaît une décroissance ! Des gens manquent de moyens pour accéder à une alimentation de qualité. » Dans un tel contexte, « le plan de relance ne doit pas financer les suppressions d’emplois alors que les grands groupes ont de la trésorerie », ajoute Pierre Lacaze. La veille, Jean Castex, en déplacement officiel à Toulouse et accompagné de plusieurs ministres, a annoncé l’arrivée de 111 policiers supplémentaires dans la Ville rose. « Mais il faut aussi embaucher dans les hôpitaux et les Ehpad, poursuit le responsable PCF. On manque de lits. Quand Macron dit que ce n’est pas un problème de moyens mais d’organisation, il prouve qu’il est coupé de la population. »
Dans le 12e arrondissement de Paris, c’est justement devant l’hôpital Saint-Antoine que le PCF a appelé à manifester pour soutenir le système public de santé et exiger des recrutements. « De l’argent pour l’hôpital public, pas pour le capital ! » peut-on lire sur les pancartes brandies. Après la première vague de l’épidémie, Aïcha Accoun, infirmière et secrétaire CGT à Saint-Antoine, se dit « blessée et exténuée ». Un état de fait dû au manque criant de moyens : « On demande l’ouverture de lits mais déjà qu’ils arrêtent d’en fermer et de mutualiser les services ! » Camille, orthophoniste dans un hôpital parisien, ne veut pas « y laisser (sa) santé en soignant celle des autres ». Mais, faute d’embauches massives, « c’est ce qui est en train de se passer », souffle celle qui pointe également les difficultés qu’ont les soignants pour se loger, particulièrement à Paris. « Arrêtez d’applaudir et venez nous soutenir dans la rue le 15 octobre », harangue Isabelle, soignante à l’hôpital Trousseau.
Dans la capitale, la situation sanitaire est particulièrement préoccupante, et surtout antérieure à la crise du Covid-19. « Depuis 2016, c’est 3 000 suppressions de postes à l’AP-HP », enrage Igor Zamichiei, secrétaire fédéral du PCF Paris. Les hôpitaux ont besoin de personnel ? « Prérecrutons des jeunes pour former le personnel de santé de demain », propose Léon Deffontaines, secrétaire général des JC. Plus largement, les communistes parisiens demandent, outre des recrutements et une hausse des salaires de 300 euros, un moratoire sur les groupements hospitaliers de territoire en Île-de-France. Nicolas Bonnet-Oulaldj, président du groupe PCF au conseil de Paris, veut aussi construire un « réseau de centres municipaux de santé » dans le but de « désengorger les services d’urgences ».
Pour les communistes, ces rassemblements ne sont « qu’un début », appelé à se poursuivre sur les réseaux sociaux comme sur le terrain. « Notre priorité est de construire des mobilisations avec les salariés et dans les quartiers », assure Pierre Lacaze à Toulouse. Le combat se mènera aussi au Parlement. À l’occasion de l’examen du projet de loi de finances, « on se battra, promet la sénatrice Michelle Gréaume depuis Valenciennes. L’argent destiné à soutenir les entreprises doit faire l’objet de contreparties, d’engagements pour l’emploi et la formation ».
NOS PRIORITÉS L’EMPLOI, LE CLIMAT ET LE POUVOIR D’ACHAT !
Aujourd’hui, des dizaines de milliards d’euros sont mis à disposition des grands groupes sans aucun critère
ni contrepartie. Les plans de licenciements et les délocalisations se poursuivent.
L’argent des banques, l’argent public, c’est notre argent ! Il ne doit pas servir à licencier mais à sécuriser nos emplois et en créer de nouveaux, avec de bons salaires, dans l’industrie, le commerce, les services publics et à former massivement avec un revenu maintenu.
C’est la clé pour la transition écologique et pour sortir de la crise.
ÉRADIQUER LE CHÔMAGE, c’est possible avec la sécurité d’emploi et de formation.
Le PCF propose de créer un système permettant d’alterner un emploi ou une formation bien
rémunérés tout au long de la vie professionnelle sans passer par le chômage. Pour y parvenir, il
faut faire baisser le coût du capital (dividendes et intérêts bancaires).
Sécurisons l’emploi et la formation pour toutes et tous !
A partir de ce mois d’octobre 2020, les communistes lancent une campagne pour changer fondamentalement les conditions d’existence, de revenus, de production dans notre pays.
Face à la crise sanitaire, face aux crises économique et sociale approfondies provoquées par la suraccumulation capitaliste, la financiarisation de l’économie, les communistes proposent une révolution du même niveau que la création de la Sécurité Sociale en 1945, à laquelle le PCF a largement participé avec Ambroise Croizat : la sécurité emploi formation (SEF).
1/ Pour les personnes, le droit à un emploi dans la sécurité, ou une formation, avec un bon revenu, et à une mobilité librement choisie entre emploi et formation
2/ Le salaire est payé par l’employeur, le revenu autre (comme l’allocation de formation) est payé sur des cotisations sociales mutualisées. Un fonds spécifique permet aux travaill.eurs.euses et aux habitant.e.s d’un territoire de contrôler l’utilisation de l’argent des entreprises (profits), des banques (crédit) et l’argent public.
3/ Conséquences : libération de la sujétion aux patrons et aux capitalistes guidés uniquement par les profits à court terme pour quelques actionnaires, modification des organisations de travail, les choix stratégiques de production sont dirigés démocratiquement (participation des salarié.e.s et des habitant.e.s d’un territoire) vers l’intérêt général, social et écologique.
4/ Les entreprises, changeant de gestion, continuent à créer des richesses à travers, des engagements de production, d’emploi de formation par les employeurs et les pouvoirs publics et des engagements de financement par les banques, avec incitation et pénalisation. Ces engagements sont conditionnels et suivis démocratiquement.
5/ Les gains en efficacité permettront de baisser massivement le temps de travail et de renforcer la logique vertueuse de créations d’emplois en dépassant le marché du travail et le capitalisme.
Ces logiques émancipatrices vont à l’encontre du plan de « relance » Macron/Castex qui donne des milliards et des milliards d’euros aux grandes entreprises, sans conditionnalité sociale ou écologique, provoquant délocalisations et licenciements boursiers. Par ailleurs le gouvernement n’aide pas suffisamment les PME, et particulièrement la branche restauration/hôtellerie, touchée de plein fouet par les restrictions sanitaires, dont les salariés sont menacés de perte d’emploi. Les aides à la culture restent largement insuffisantes. Aucun plan sérieux de soutien aux travailleurs les plus précaires n’est mis en place. Le secteur hospitalier et les EHPAD attendent toujours des dizaines de milliers de postes pour accueillir les patent.e.s et résident.e.s dans de bonnes conditions. Enfin, aucune volonté politique de réindustrialisation de la France qui permettrait de faire face aux enjeux sociaux et écologiques du 21e siècle. Au contraire, les grands groupes continuent de fermer les usines ou de licencier comme récemment chez Les Fonderies de Bretagne, Vallourec, Bridgestone, Verallia…
Fin août dernier, le groupe Véolia a lancé une OPA sur le groupe Suez, pour 32 % des parts détenues par le Groupe ENGIE.
Dans ce contexte de compétition nationale et internationale de plus en plus aigue, cette opération concernant deux géants de la gestion de l'eau et des déchets exige la tenue dans les plus brefs délais d'une conférence national avec un vrai débat démocratique, conduit par l'Etat et associant tous les acteurs concernés : des collectivités jusqu'aux usagers, en passant évidemment par les salariés des deux groupes et leur direction.
Les récentes révélations médiatiques confirment en effet qu'une telle restructuration d'acteurs essentiels à la gestion de l'eau, des déchets et de l'énergie, ne sauraient s'opérer dans le secret des conseils d'administration des entreprises, autour de seuls enjeux capitalistiques, fussent-ils pour affirmer la primauté d'un groupe français sur la scène internationale.
Le débat qui s'est ouvert avec l'OPA concerne en effet des questions essentielles pour les usagers, pour notre pays et bien au-delà de nos frontières : l'eau, sa distribution dans un contexte économique et social déjà très grave et dans une trajectoire climatique de plus en plus inquiétante et la collecte et le traitement des déchets.
4000 emplois pourraient être menacés selon les syndicats, dans deux groupes réalisant 27 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour pour VEOLIA et 18 milliards pour Suez. Une telle catastrophe sociale est à ce titre inacceptable. Elle pourrait en outre s'accompagner d'une vente à la découpe des activités de collecte et de traitement des déchets, avec un affaiblissement des services dus aux collectivités et aux usagers et un coût de collecte et de traitement plus élevé pour les populations.
Plus largement, le PCF considère tout particulièrement l'eau comme un bien commun de l'humanité. Sa gestion ne peut donc relever de seuls intérêts privés et de stratégies de concurrences toujours plus exacerbées, mais au contraire viser à l'égalité territoriale dans la République (le M3 est deux fois plus cher en Guyane qu'en Provence Alpes Côtes d'Azur) et permettre d'agir concrètement pour la gratuité des 3 premiers mètres cubes.
Elle doit doit aussi permettre de mobiliser les atouts de tous les acteurs, privés et publics, pour viser a satisfaire les besoins des usagers, des entreprises, des services publics, en bref, de toute la société.
Pour ce faire, alors que peut se constituer un quasi monopole dans le cadre de l'OPA Véolia-Suez, le Parti communiste français appelle l'Etat à prendre l'initiative de constituer un grand service public national de l'eau, avec la création d'un pôle public réunissants tous les acteurs économiques, garantissant l'égalité du prix de l'eau et de l'accès à tous et partout sur le territoire national, fédérant les acteurs publics aujourd'hui dispersés, coordonnant les investissements publics et privés indispensables, faisant converger les compétences et les savoir-faire.
Cet outil au service de la maîtrise publique de l'eau doit permettre une gestion démocratique, associant les usagers, les collectivités et leurs syndicats, les régies et Sociétés d'Economie mixte, le Parlement et tous les acteurs de la filière.
C'est pour le PCF une condition indispensable à la défense de l'emploi et des savoir faire dans les groupes de la filière, mais aussi un levier indispensable pour garantir une gestion de cette ressource conforme aux ambitions écologiques que doivent porter la France et l'Europe.