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Une tribune du Front Féministe pour l'Abolition de la Marchandisation des Corps
Cela fait 5 ans que la loi du 13 avril 2016 est entrée en vigueur. Nous ne pouvons encore aujourd'hui que nous en réjouir. Elle redonne aux femmes espoir, courage et dignité. Cette loi interdit l’achat d’actes sexuels, elle pénalise les clients prostitueurs et renverse ainsi la charge de la responsabilité. Elle renforce la lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains et permet un accompagnement des survivantes de la prostitution vers une vie digne, avec des droits: droit de disposer de son corps, droit au logement, papiers, formations…Autre aspect fondamental de la loi, le délit de racolage a été supprimé ; ce n’est donc plus la personne en situation de prostitution qui est en infraction et qui est poursuivie.
Nous affirmons que le système prostitutionnel est un système d’une grande violence. Nous refusons que quiconque puisse disposer d’un corps contre de l’argent, ici en France mais aussi dans le monde.
Si nous estimons que les moyens ne sont pas encore à la hauteur des besoins (et des ressources), nous sommes convaincues que cette législation aide à inverser les rapports de domination et que la honte a le visage de ceux qui veulent disposer et posséder le corps des filles et des femmes à tout prix.
Cette loi a le mérite d’envoyer un message clair: nul ne peut se prévaloir de son pouvoir et de son argent pour obtenir d’une autre personne un accès marchand à son corps. Elle révèle par ailleurs les inégalités structurelles, entretenues, voulues qui existent entre les femmes et les hommes, les pauvres et les riches, celles et ceux qui n’auraient d’autres options que la vente de leurs corps pour survivre.
Cette loi, dans son application, doit permettre de déconstruire, de renverser certaines idées reçues.Nous sommes choquées de voir repris et cités dans des rapports et autres textes gouvernementaux les termes de ”travail sexuel, métier sexuel, service sexuel”, termes utilisés par des associations non respectueuses de la loi abolitionniste et reprises par les instances de l’État, banalisant ces termes, invisibilisant les violences et souffrances vécues, faisant fi des personnes concernées et portant atteinte à leur dignité.
Malgré cette loi, nous restons vigilantes à toutes dérives : une ministre a récemment envisagé de permettre aux personnes handicapées d’avoir recours à des assistant.e.s sexuel.le.s, alors même que le Conseil consultatif national d’éthique avait déjà rendu un avis défavorable en 2012. Elle indique qu’elle veut lever un tabou, mais de quoi parle-t-on ?
De la sexualité des personnes en situation de handicap ou de l’opportunité de légaliser la prostitution? Ce sont encore une fois des hommes qui demandent à avoir un libre accès au corps des femmes contre de l’argent : en 2020,
95% des demandes d’assistance sexuelle formulées auprès de l’APPAS (Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel) proviennent d’hommes. Et qu’en pensent les grandes oubliées : les femmes handicapées?
Ce type de proposition ne cherche pas à améliorer les conditions de vie des personnes en situation de handicap mais les enfermerait plutôt dans un misérabilisme sexuel où le seul recours à leur solitude et à leur désir d’affection serait finalement l’achat d’un acte sexuel tarifé. N’est-ce pas une manière de les renvoyer et de les maintenir à l’écart du reste de la société ?
D'autre part, c’est auprès de populations déjà précarisées que les recruteurs vont constituer leurs bataillons d’assistant.e.s sexuel.le.s : dans les métiers du soin à la personne et/ou de l’aide à domicile; ce sont majoritairement des femmes dont beaucoup sont issues de l’immigration. Dans l'exercice de leurs fonctions, les travailleuses subissent déjà du harcèlement sexuel, des remarques graveleuses, des gestes déplacés; leurs conditions de travail sont difficiles, elles sont peu rémunérées, peu reconnues, essentialisées; leur rôle fondamental de premières de corvées est invisibilisé. Dans l’aide à la personne, toutes les professions médicales et paramédicales sont présentes à côté des aides à domicile. On peut alors légitimement se demander comment elles devront réagir quand un patient-client prostitueur leur réclamera ce type de ”soin”.
Celles qui refusent seront-elles pénalisées, sanctionnées ? Comment concevoir et imaginer que des formations vont être dispensées, à qui d’ailleurs? Sous quelles formes? Tout comme les femmes pauvres, les aides-soignantes, les infirmières n’ont pas signé pour ce genre de “prestations”, elles n’ont pas à être mises à la disposition des hommes. Regardons maintenant la dimension internationaliste et capitaliste du non-respect de la loi.
93% des personnes en situation de prostitution en France sont d’origine étrangère (Ministère de l’Intérieur), fuyant la misère et la guerre, espérant trouver une vie meilleure ailleurs. Dans leur écrasante majorité, ce sont des femmes, elles ne parlent pas ou très peu français, souvent elles n’ont pas de papiers et ont difficilement accès aux soins, à des droits élémentaires et aux aides sociales de l’Etat. Elles sont victimes de la traite et de violences sexuelles et physiques commises par des hommes qui transgressent la loi, artisans du patriarcat et du capitalisme. Le corps des femmes est, à leurs dépens, source de grands profits économiques, beaucoup de pays réglementaristes intègrent d’ailleurs le montant estimé de la prostitution dans leur PIB (5% aux Pays-Bas), considérant que c’est une production comme une autre.
Le système prostitutionnel n’enrichit pas les exploitées, il profite aux prostitueurs, aux proxénètes, aux réseaux mafieux et à leurs complices. C’est une véritable industrie néolibérale qui se développe et s’exporte partout dans le monde, les femmes et les enfants sont considérées comme des marchandises et les chiffres donnent le vertige : déjà en 2004 l’Unicef estimait à 2 millions le nombre d’enfants victimes de prostitution dans le monde…
La pédocriminalité est ainsi le terreau de la prostitution : l’âge d’entrée en prostitution est de 13 ans en moyenne. Les Etats endettés sont encouragés par le Fonds Monétaire International à développer un tourisme de masse, souvent associé à une industrie du commerce du sexe florissante (“Prositution, la mondialisation incarnée”, Richard Poulin). Le triomphe des valeurs libérales, la banalisation et l’acceptation de la vente des corps humains, au nom du “choix”, entraînent des conséquences catastrophiques et la traite humaine creuse encore plus l’écart entre les pays riches et les pays pauvres. Par ailleurs, certains parmi ceux qui dénoncent les inégalités et injustices que produit le capitalisme, sont prêts à revendiquer l’appropriation et la marchandisation du corps des femmes comme choix pour échapper à l’exploitation salariale. Or il serait temps que les femmes se voient proposer autre chose que violences, tortures et psychotraumatismes comme alternatives aux métiers précaires.
Surtout quand elles sont 92% à dire vouloir sortir de la prostitution. Si certaines peuvent par ailleurs participer à la satisfaction de la logique patriarcale, tout cela nourrit in fine l’extrême violence du système prostitueur. Si le vote de cette loi a effectivement été une belle avancée, elle reste malheureusement peu, et mal, appliquée. La demande des clients prostitueurs ne baisse pas, les sanctions sont loin d’être uniformément appliquées sur le territoire français, et l’offre déjà présente sur internet, se renouvelle sans cesse. L’aide proposée en sortie de prostitution est inférieure au RSA, et les dispositifs de la loi, notamment de prévention, restent peu connus.
Le manque de volonté politique et d'engagement des pouvoirs publics est patent. Entre autres : ● les femmes en situation de prostitution subissent encore des pressions de la part de la police, notamment à Toulouse, avec une Mairie qui prend des arrêtés municipaux illégaux pour les chasser et les pénaliser pour “stationnements gênants” au lieu de pénaliser les clients prostitueurs
● les financements pour les associations qui accompagnent les femmes qui veulent sortir de la prostitution sont insuffisants
● Il n’existe toujours pas de politique de santé publique qui soit dédiée aux personnes en situation de prostitution, ni de formation spécifique pour les policiers, ni même de communication auprès du grand public : où sont les campagnes nationales de sensibilisation pour faire connaître la loi ?
● Quelle est la politique d’information au niveau des scolaires et des jeunes ? Quelle est la politique de formation des éducateur.rice.s ? A cet égard, nous déplorons l’échec flagrant des politiques publiques de protection de l’enfance (ASE), rares sont les enfants qui échappent à ce sort. Nos luttes féministes sont multiples, diverses, mais nous avons l’objectif de faire disparaître toutes les formes de violences qui jettent les femmes dans la pauvreté, la soumission, l’aliénation, la prostitution. Nous voulons un monde juste pour toutes les filles et les femmes, un monde débarrassé des violences masculines et du profit capitaliste.
Nous exigeons de l’État et de nos gouvernants qu’ils mettent en place tous les moyens financiers et juridiques pour que cette loi s’inscrive dans le réel, qu’elle ne soit pas une posture vide de sens.
Mettons tout en oeuvre pour abolir la plus archaïque et violente exploitation faite aux femmes. N’attendons pas 5 ans de plus !
“Non la prostitution n’est pas un métier, elle ne diminue pas les risques de viols, mais elle est bel et bien une atteinte à la dignité humaine” -
Maldy B., survivante toulousaine de la prostitution.
Contact : ffamc31@gmail.com
Au-delà de la question d’une candidature à la présidentielle, la conférence nationale du PCF s’est penchée sur le projet de la formation pour les échéances de 2022.
« Réunissons-nous, travaillons ensemble pour reprendre le pouvoir à la finance, pour reprendre la main sur nos choix économiques, pour redonner le pouvoir aux Français, au monde du travail, dans toutes les entreprises. » Comme l’a rappelé Fabien Roussel, en clôture des travaux, la conférence nationale du PCF, outre la question d’une candidature pour l’élection présidentielle, s’est aussi penchée, ce week-end, sur le programme à défendre en 2022 et les initiatives pour le faire connaître sans tarder. « Nous avons l’ambition de faire vivre ces idées, de les mettre en œuvre dans les départements, dans les régions », a insisté le secrétaire national du PCF. Les communistes veulent en effet proposer aux Français un « pacte », « d’écrire ensemble un contrat ». Un programme qui « permette enfin de sortir la santé des mains des logiques marchandes et des laboratoires pharmaceutiques », « qui nous libère du poids de la finance », et qui « ouvre enfin l’espoir pour chacun d’avoir un emploi stable, correctement rémunéré ». Au rang des priorités, le député du Nord a affirmé vouloir porter le Smic à 1 500 euros net dès 2022, accompagné d’une « hausse générale des salaires ». Lors d’un meeting numérique, dimanche, il a plaidé pour « un projet qui sorte notre pays du capitalisme, de l’exploitation des hommes, des femmes comme des ressources naturelles, qui bâtisse le programme des Jours heureux du XXIe siècle ».
Durant cette conférence nationale, les communistes se sont particulièrement adressés à la jeunesse. Dès samedi, le secrétaire général du Mouvement des jeunes communistes, Léon Deffontaines, a rappelé que « les jeunes sont les premières victimes de la crise actuelle ». « Un jeune sur 5 au chômage, 1,6 million de jeunes sans aucune solution et un retard scolaire qui s’accumule. La précarité est devenue notre quotidien, a-t-il insisté. L’abstention des jeunes n’est pas inéluctable, à condition de proposer un projet politique ambitieux et cohérent. »
Le lendemain, Fabien Roussel a pris le relais : « Quand je rencontre de jeunes travailleurs, ces ouvriers dans les usines, ces infirmières dans les hôpitaux, ces enseignants dans nos écoles, tout juste formés, entrant dans la vie active et souffrant déjà d’un manque de reconnaissance, de conditions de travail pénibles, je me dis que c’est avec eux que nous redresserons le pays, que nous construirons un modèle économique qui redonne du sens et d u contenu au travail, aux emplois et qui place le bonheur de chaque être humain, son émancipation, au cœur de tous ses choix. ».
Les communistes, dans le texte qu’ils ont adopté, veulent également « se donner les moyens de lutter efficacement et durablement contre le racisme et les discriminations, de construire l’égalité réelle, notamment l’égalité entre femmes et hommes ». Ils proposent au final « 10 mesures majeures, pour redistribuer les richesses, donner des nouveaux droits aux salarié-e-s dans l’entreprise et sécuriser l’emploi, éliminer les violences sexistes et sexuelles, définanciariser l’économie, favoriser une autre orientation de la construction européenne, moderniser et développer les services publics, relancer notre industrie au service (entre autres) de la transition écologique , réformer la fiscalité, refonder et démocratiser les institutions de la République »…
Fabien Roussel entend approfondir ce travail sur le programme en « poursuivant les rencontres et les échanges avec les autres forces de gauche et écologistes ». Mais aussi avec tous ceux qui souhaitent y apporter leur pierre. Le site Internet lafranceencommun.fr permet ainsi de recueillir les contributions dans toutes les thématiques du programme des communistes : 17 en tout, de la transition écologique à la reconquête industrielle, en passant par de nouveaux droits pour les travailleurs.
Lors d’une conférence nationale ce week-end, les communistes se sont prononcés à 66,41 % pour proposer leur propre candidat dans la course à l’Élysée. 73,57 % des délégués ont choisi Fabien Roussel pour tenir ce rôle.
Sous le dôme blanc de la coupole Niemeyer, place du Colonel-Fabien à Paris, le siège du PCF a pris des allures 2.0, ce week-end. Projetés sur un écran géant, quelque mille délégués communistes s’y sont retrouvés via un système de visioconférence, restrictions sanitaires obligent. Une petite prouesse technique pour débattre de leur stratégie pour 2022. Et c’est le choix d’une candidature autonome du PCF à la présidentielle, assortie d’un « pacte d’engagements communs » pour les législatives, qui l’a emporté à une large majorité de 66,41 %, samedi, lors de cette conférence nationale. 73,57 % des délégués ont également désigné leur secrétaire national, Fabien Roussel, comme candidat. « La situation est grave et elle nécessite d’ouvrir un espoir. L’espoir de sortir notre pays de cette crise, l’espoir de changer de politique, l’espoir pour les Français d’être enfin protégés contre cette pandémie, mais aussi contre le chômage, contre la précarité et la pauvreté ! » a lancé le député du Nord, dimanche, lors d’un meeting numérique, fustigeant un Emmanuel Macron qui « prépare déjà de nouveaux sacrifices, au nom de la dette qu’il faudra rembourser “à tout prix” ».
La veille, tout au long de la journée, comme dans la matinée de dimanche, les échanges militants ont porté sur la stratégie à mettre en œuvre pour y parvenir. « Nous sommes tous d’accord sur l’objectif final : empêcher le duel Macron-Le Pen dont personne ne veut, mais surtout empêcher que la finance conserve les pleins pouvoirs dans notre pays », a résumé Fabien Roussel à l’issue des discussions, samedi. Le texte adopté en fin d’après-midi estime ainsi que la présence d’un communiste dans la course à l’Élysée permettra de « changer la donne, de faire prévaloir à gauche des solutions transformatrices, de renforcer l’influence communiste et donc celle de la gauche tout entière, d’initier une dynamique au service d’une nouvelle majorité politique, riche de sa diversité ». Un choix qui se présente, selon la formule de Christian Picquet en charge de la commission qui a rédigé le document d’orientation, comme une « action volontariste de reconquête du monde du travail, des classes populaires, de la jeunesse » afin « de ramener aux urnes celles et ceux qui s’en sont détournés, de reconstruire la confiance ».
« Pour peser, il faut exister dans un débat présidentiel qui concentre toute l’attention », ont également insisté plusieurs intervenants face à une gauche dont « la faiblesse est due, plus qu’à ses divisions, à ses renoncements », à l’instar du quinquennat Hollande. La France insoumise, qui par la voix de Jean-Luc Mélenchon a proposé aux communistes une « alliance privilégiée pour constituer un pôle populaire de rupture », n’a pas emporté plus d’adhésion. Pas davantage que « la reproduction des politiques d’accompagnement du libéralisme » ou que « le verdissement du capitalisme », « la tentation du populisme de gauche ne permettra à la gauche de se reconstruire », a jugé Christian Picquet. Des différences de fond entre leur programme et celui de la FI ont également été mises en avant par plusieurs délégués pour expliquer leur refus de soutenir, comme en 2012 et 2017, le leader insoumis. « La FI veut assurer la bifurcation de notre économie en lançant un plan massif d’investissement de 100 milliards d’euros, mais cette proposition épargne le patronat et la finance. Nous voulons un moratoire sur les fermetures, cessions, externalisations et délocalisations, et un plan de développement d’une vingtaine de filières pour une nouvelle industrialisation, et créer ainsi 1 million d’emploi s », a, parmi d’autres exemples, pointé Karine Trottein, secrétaire du PCF du Nord.
Face au risque d’élimination de la gauche dès le premier tour de la présidentielle et à celui d’une victoire de l’extrême droite, certains militants se sont toutefois prononcés pour une autre voie que la candidature autonome. « Il faut viser la victoire et donc chercher le rassemblement, s’il n’y a pas de perspectives pour faire gagner les intérêts immédiats des classes populaires alors c’est le désespoir », a notamment estimé Hugo Blossier, responsable du PCF de la Vienne. « Malgré la qualité de la campagne et du programme, les efforts intenses déployés lors des dernières élections européennes n’ont conduit à obtenir qu’un faible résultat », a également objecté Jacques Maréchal, secrétaire départemental de Moselle, estimant que « le pouvoir est fort de la division de ses adversaires ». Mais « l’option alternative » soumise au vote, qui proposait « d’interpeller et de rencontrer forces de gauche et acteurs du mouvement social pour construire une stratégie partagée dans la clarté d’un projet de rupture », autour de « dix mesures majeures », a obtenu 29,44 % des voix (4,14 % des participants s’étant abstenus). De même, un amendement plaidant en faveur d’une « clause de revoyure » en fonction de l’évolution des débats à gauche a également été rejeté, à 65,68 %.
À l’issue des débats locaux des dernières semaines, le texte d’orientation adopté à la mi-mars par le Conseil national du PCF a toutefois été légèrement modifié. La démarche de rassemblement en vue des élections législatives est précisée. « Tout au long de l’année à venir, le Parti communiste français prendra des initiatives en ce sens, est-il écrit. Nous voulons avancer vers un socle commun fait d’idées nouvelles, s’appuyant sur les luttes du monde du travail et de la culture, de la jeunesse, des mouvements sociaux, féministes, écologistes, antiracistes, démocratiques. » Et en vue de constituer un « pacte pour l’espoir », un appel est lancé en direction « des citoyen-ne-s, des militant-e-s syndicalistes, des actrices et acteurs des mouvements populaires, des élu-e-s locaux, départementaux, régionaux, des parlementaires ». En revanche, l’amendement défendu par le président du Conseil national du PCF, Pierre Laurent, pour créer à cette fin dans « chaque circonscription, des “coopératives d’idées’’ et “un comité de rédaction national’’ » a, lui aussi, été rejeté à 59,18 %.
Reste que, avec cette démarche, il s’agit de « bousculer tous les scénarios » et de « s’adresser aux forces de gauche, mais aussi aux salariés, aux syndicats, aux élus locaux, aux jeunes, à tous les Français, non pas pour parler d’une candidature unique, mais pour nous fixer un objectif : reprendre le pouvoir à la finance », a plaidé Fabien Roussel. Le secrétaire national veut « reconquérir les têtes et les cœurs » des abstentionnistes avec un projet de rupture avec le capitalisme, pour « une France et une Europe libérées des dominations et des exigences d’une classe minoritaire ». « Notre programme, notre ambition pour le pays, c’est de bâtir avec le peuple, avec la jeunesse, une république sociale, laïque, écologiste, féministe, démocratique enfin conforme aux aspirations de notre temps », a-t-il martelé, dimanche (lire ci-contre). Il a également invité les formations de gauche à « respecter » le choix de son parti et à « maintenir un dialogue utile » : « Nous ne sommes pas adversaires », a-t-il insisté.
Désormais, la balle est dans le camp de l’ensemble des adhérents du PCF qui seront à leur tour appelés à se prononcer par un vote du 7 au 9 mai. Ils auront à choisir entre les deux options débattues ce week-end et entre les candidats à l’investiture. Le Parisien Emmanuel Dang Tran et le Val-de-Marnais Grégoire Munck, qui ont chacun obtenu ce week-end 1,97 % des voix, figurent sur le bulletin de vote aux côtés de Fabien Roussel.
Après 2 jours de débats les délégués de la conférence du
ont voté à 73,57% pour une candidature de
"Nous sommes tous frères et sœurs d'humanité, tous égaux quelle que soient notre couleur de peau, notre religion, notre origine".
73,57 pour cent des 912 votants (671 voix) des délégués à la conférence nationale du PCF ont choisi Fabien Roussel comme candidat du PCF aux élections présidentielles. 22,48 pour cent d'abstention (205 voix). Samedi 10 avril, c'était 2/3 des délégués (66%, contre 30% pour l'option 2, et 4% d'abstention) qui avaient approuvé le principe d'une candidature communiste aux élections présidentielles.
L’ensemble des militants•es communistes se prononceront les 7-8-9 mai prochain.
En pièce jointe, l'article de Libération, 11 avril, Rachid Laireiche
La conférence nationale a voté cette après-midi en faveur d’une candidature communiste à 66%. (30% contre et 4% d’abstention)
Conférence nationale du PCF - 10 et 11 avril
C'est en effet 1000 camarades ont participé au niveau national à la conférence nationale du PCF. Un grand moment de démocratie dans le contexte de la crise sanitaire. A 66%, les délégués ont fait le choix d'une candidature communiste ce samedi 10 avril. Un choix très important qui sera ensuite soumis au vote de l'ensemble de nos 50 000 adhérents à jour de cotisation.
Onze camarades du PCF Finistère ont participé à cette conférence nationale comme délégués et ont apprécié la bonne tenue des débats, et la richesse des argumentaires, de part et d'autres, d'ailleurs, avec des avis différents bien sûr s'exprimant dans le parti, représentatifs de la complexité de la situation.
Les délégués de la fédération du PCF Finistère à la conférence nationale de ce week-end, 10 et 11 avril, réunis en viséo-conférence:
Martine Carn, Eugénie Cazaux, Corentin Derrien, Enzo de Gregorio, Ismaël Dupont, Marion Francès, Jean-Luc Le Calvez, Marie-Françoise Madec Jacob, Erwan Rivoalan (le dimanche), Monique Sithamma, Pierre-Yves Thomas.
Photos Ismaël Dupont et Enzo de Gregorio, etc
La Conférence nationale du PCF s’est majoritairement prononcée, samedi 10 avril, en faveur d’une candidature autonome à la prochaine élection présidentielle et d’un « pacte d’engagements communs » en vue des législatives.
Sous le dôme blanc de la coupole Niemeyer, place du Colonel-Fabien à Paris, le siège du PCF a pris des allures 2.0 ce week-end. Projetés sur un écran géant, quelque mille délégués communistes s’y sont retrouvés via un système de visio – reliant de multiples réunions décentralisées, restrictions sanitaires obligent – pour débattre de leur stratégie pour l’élection présidentielle de 2022.
Et c’est le choix d’une candidature autonome du PCF à la présidentielle qui l’a emporté. Une large majorité, 66,41 %, s’est prononcée, samedi, à l’issue des travaux de cette Conférence nationale, en ce sens. Les délégués ont assorti à cette candidature un « pacte d’engagements communs », qui « inclurait des mesures immédiates, des propositions structurelles, appuyant les luttes, pour constituer une majorité de gauche à l’Assemblée nationale ».
L’objectif final : empêcher le duel Macron-Le Pen, dont personne ne veut, mais surtout empêcher la finance de conserver le pouvoir dans notre pays. Fabien Roussel
« Nous sommes tous d’accord sur l’objectif final : empêcher le duel Macron-Le Pen dont personne ne veut, mais surtout empêcher la finance de conserver le pouvoir dans notre pays. Nous voulons offrir un pacte aux Françaises et aux Français pour déjouer le piège, le duel que l’on veut nous imposer. Car cinq années de plus avec la finance au pouvoir seraient dévastatrices et nous savons que c’est sur ce terreau-là que pousse l’extrême droite », a résumé le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel à l’issue des discussions, ce samedi.
Tout au long de la journée, les échanges ont porté sur la stratégie à mettre en œuvre pour y parvenir. Le texte adopté en fin d’après-midi plaide ainsi pour une candidature communiste afin de « changer la donne, faire prévaloir à gauche des solutions transformatrices, renforcer l’influence communiste et donc celle de la gauche tout entière, initier une dynamique au service d’une nouvelle majorité politique, riche de sa diversité ».
C’est une action volontariste de reconquête du monde du travail, des classes populaires, de la jeunesse qui doit être mise à l’ordre du jour pour ramener aux urnes celles et ceux qui s’en sont détournés. Christian Picquet
Pour la direction du PCF, « c’est une action volontariste de reconquête du monde du travail, des classes populaires, de la jeunesse qui doit être mise à l’ordre du jour pour permettre de ramener aux urnes celles et ceux qui s’en sont détournés, il s’agit de reconstruire la confiance pour une réelle transformation progressiste de la France », a assuré Christian Picquet en charge de la commission qui a rédigé le document d’orientation.
« Pour peser, il faut exister dans un débat présidentiel qui concentre toute l’attention », ont également insisté plusieurs intervenants favorables à une candidature communiste face à une gauche dont « la faiblesse est due, plus qu’à ses divisions, à ses renoncements », à l’instar du quinquennat Hollande.
La France insoumise, qui par la voix de Jean-Luc Mélenchon, en amont de la conférence des communistes, leur a proposé une « alliance privilégiée pour constituer un pôle populaire de rupture », n’a pas emporté plus d’adhésion. Pas davantage que « la reproduction des politiques d’accompagnement du libéralisme » ou que « le verdissement du capitalisme », « la tentation du populisme de gauche ne permettra à la gauche de se reconstruire », a jugé Christian Picquet, plusieurs autres intervenants faisant valoir les différences de fond entre leur programme et celui des insoumis, notamment sur le financement de la Sécurité sociale, ou les mesures contre le chômage.
Face au risque d’élimination de la gauche dès le premier tour de la présidentielle et à celui d’une victoire de l’extrême droite, certains militants se sont toutefois prononcés pour une autre voie. « Il faut viser la victoire et donc chercher le rassemblement, s’il n’y a pas de perspectives pour faire gagner les intérêts immédiats des classes populaires alors c’est le désespoir », a notamment estimé Hugo Blossier, responsable du PCF de la Vienne.
« Malgré la qualité de la campagne menée et du programme, les efforts intenses déployés lors des dernières élections européennes n’ont conduit à obtenir qu’un faible résultat », a également observé Jacques Maréchal, secrétaire départemental de Moselle, estimant que « le pouvoir est fort de la division de ses adversaires ». Mais « l’option alternative » soumise au vote, qui proposait « d’interpeller et de rencontrer forces de gauche et acteurs du mouvement social pour construire une stratégie partagée dans la clarté d’un projet de rupture », autour de « dix mesures majeures », a obtenu 29,44 % des voix (4,14 % des participants s’étant abstenus). De même, un amendement plaidant en faveur d’une « clause de revoyure » pour « ajuster et définir les positions des communistes pour les deux élections » en fonction de l’évolution des débats à gauche a également été rejeté, à 65,68 %.
À l’issue des débats locaux des dernières semaines, le texte d’orientation adopté à la mi-mars par le Conseil national du PCF a toutefois été légèrement modifié. La démarche de rassemblement en vue des élections législatives est ainsi précisée. « Tout au long de l’année à venir, le Parti communiste français prendra des initiatives en ce sens, est-il écrit. Nous voulons avancer vers un socle commun fait d’idées nouvelles, s’appuyant sur les luttes du monde du travail et de la culture, de la jeunesse, des mouvements sociaux, féministes, écologistes, antiracistes, démocratiques ».
En vue de constituer un « pacte pour l’espoir », un appel est lancé en direction « des citoyen·ne·s, des militant·e·s syndicalistes, des actrices et acteurs des mouvements populaires, des élu·e·s locaux, départementaux, régionaux, des parlementaires ». En revanche, l’amendement défendu par le président du Conseil national du PCF, Pierre Laurent, pour créer à cette fin dans « chaque circonscription, des « coopératives d’idées » » et « un comité de rédaction national ouvert et transparent pour animer et garantir l’aboutissement de ce travail d’écriture à plusieurs milliers de mains » a, lui aussi, été rejeté à 59,18 %. « Cela ressemble à une superstructure, or le rassemblement ne doit pas être une initiative de sommet, mais d’abord celui des catégories populaires et du monde du travail », a notamment opposé Igor Zamichiei, responsable de la fédération de Paris et membre de la direction nationale.
Reste qu’avec cette démarche, il s’agit de « bousculer tous les scénarios » et de « s’adresser aux forces de gauche, mais aussi aux salariés, aux syndicats, aux élus locaux, à tous les Français, non pas pour parler d’une candidature unique, mais pour nous fixer un objectif : reprendre le pouvoir à la finance », a plaidé Fabien Roussel qui veut « reconquérir les têtes et les cœurs » des abstentionnistes avec un projet de rupture avec le capitalisme.
Dimanche, le débat doit se poursuivre, il s’agira pour les participants de se prononcer sur le choix de leur candidat. Le député du Nord devrait emporter une très large majorité mais deux militants, l’un de Paris, Emmanuel Dang Tran, et l’autre du Val-de-Marne, Grégoire Munck, ont également fait connaître leur intention de postuler à l’investiture.
Les délégués communistes devront aussi mettre au point le bulletin de vote sur lequel sera invité à se prononcer l’ensemble des adhérents du PCF lors d’un vote prévu du 7 au 9 mai prochain. Jusqu’à ce scrutin, qui aura le dernier mot, les échanges se poursuivront au niveau local.
En attendant, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, doit prendre la parole en conclusion des travaux du week-end, ce dimanche à 12 heures, pour un meeting en direct sur les réseaux sociaux.