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Le Parlement européen a décerné cette année à l'association de sauvetage en mer Méditerranée, ce prix dédié à des projets et des initiatives « qui facilitent la coopération transnationale ou qui promeuvent les valeurs communes au sein de l’Union européenne ».
SOS MEDITERRANEE, association européenne de sauvetage en mer Méditerranée, a été fondée en 2015 par un groupe de citoyens européens pour porter secours à des personnes en détresse en Méditerranée, palliant ainsi l’absence de politique adaptée, au niveau européen. Financée à 98% par des dons privés, l’association est honorée de recevoir aujourd’hui une telle distinction. « En acceptant ce prix, nous espérons attirer l’attention sur les tragédies qui se déroulent chaque jour à nos frontières. Trop de gens meurent encore en Méditerranée chaque jour. » a déclaré le capitaine Klaus Vogel, co-fondateur de SOS MEDITERRANEE. Entre le 1er et le 2 octobre dernier, l’Aquarius, navire de SOS MEDITERRANEE, a effectué sa plus importante opération de sauvetage : 722 personnes entassées sur un bateau en bois ont été sauvées de la noyade par les équipes de SOS MEDITERRANEE.
Au total, plus de 7 000 personnes ont été accueillies à bord du navire de l'association depuis le début des opérations en février 2016. Malgré cela, depuis début 2016, plus de 3 600 personnes se sont noyées en Méditerranée.
A partir des témoignages recueillis à bord de l'Aquarius, SOS MEDITERRANEE estime qu'il est indispensable de témoigner de la situation que vivent les hommes et les femmes en Libye « La plupart d’entre eux ont fui la violence, la persécution et la torture dans leur pays d’origine ou en Libye, déchirée par la guerre. Ils préfèrent risquer leur vie en mer plutôt que de rester un jour de plus en Libye. Des milliers de ces migrants sont des mineurs non accompagnés, de moins de dix-huit ans, qui tentent la traversée de la Méditerranée sans parent ni tuteur. Ceci montre bien que l’aide humanitaire en Méditerranée est indispensable. » a ajouté Sophie Beau, co-fondatrice de SOS MEDITERRANEE.
Grâce à une mobilisation exceptionnelle de la société civile européenne, SOS MEDITERRANEE a affrété un navire de 77 mètres, l’Aquarius, et a débuté les opérations de sauvetage fin février au large des côtes libyennes. Médecins Sans Frontières (MSF) est le partenaire médical présent sur le navire pour l’accueil et le soin des rescapés à bord. Chaque jour en mer coûte 11.000 euros afin de financer la location du navire, son équipage, le fuel, et l’ensemble des équipements nécessaires pour prendre soin des réfugiés. L’association lance un appel à soutien et à mobilisation auprès de tous les acteurs de la société civile : particuliers, ONG, fondations, mécènes, entreprises et pouvoirs publics, pour lui donner les moyens de poursuivre ses opérations jusqu’à la fin de l’année et au-delà. www.sosmediterranee.fr
Communiqué de l’AFPS, mercredi 12 octobre 2016
« Nous devons agir maintenant et donner nos vies pour l’annexion de la Judée Samarie ». Ce n’est pas un rabbin illuminé qui le dit, c’est le ministre de l’éducation, Naftali Bennett le 8 octobre. Il rajoutait « nous n’avons pas le droit de diviser cette terre ».
Ce n’est pas une voix discordante au sein du gouvernement, malgré les contorsions de Netanyahou qui feint de se prétendre favorable à un Etat palestinien, tout en déclarant que considérer la colonisation comme illégale serait opter pour le nettoyage ethnique… à l’encontre des colons. Mais plus que les mots, ce sont les actes qui comptent. Ils sont accablants.
On l’a vu encore avec l’annonce de la construction d’une nouvelle colonie de 98, et bientôt 300 logements et d’une zone industrielle près de Ramallah au lendemain des obsèques de Shimon Peres. Et Israël de répondre aux protestations occidentales en décidant d’exproprier de nouvelles terres palestiniennes pour l’édification d’un parc et l’extension de la colonie de Beit El !
On le voit avec l’extension de la répression à l’utilisation des réseaux sociaux : en un an, 250 Palestiniens ont été arrêtés pour incitation à la violence pour avoir utilisé des mots tels que intifada, martyr, résistance, liberté… Dernier en date, l’astrophysicien Imad Barghouthi vient d’être condamné à 7 mois de prison sur ce motif d’incitation à la violence sur son compte facebook.
Les simples protestations verbales laissent Israël libre de s’en jouer et d’aller toujours plus avant dans ses provocations.
Alors que les Palestiniens bataillent pour faire adopter par le Conseil de sécurité une résolution condamnant la colonisation, le déplacement en Israël et en Palestine de Pierre Vimont, envoyé spécial du ministre des Affaires étrangères, pose la question cruciale : la France choisit-elle de faire pression sur les Palestiniens pour qu’ils renoncent à faire condamner la colonisation par le Conseil de sécurité ou va-t-elle enfin opter pour des mesures contraignantes pour s’opposer dans les faits à la colonisation ?
Le Bureau national de l'AFPS
JEAN-JACQUES RÉGIBIER
MARDI, 11 OCTOBRE, 2016
L'HUMANITE
Les associations de magistrats européens dénoncent le climat de terreur instauré par Erdogan contre les magistrats turcs sous prétexte de lutte contre le terrorisme, afin de modeler une justice à sa solde. L’ambassadeur de Turquie auprès du Conseil de l’Europe parle lui, de « nettoyage. »
La tentative de coup d’état du mois de juillet en Turquie a bon dos.
C’est en effet dès la fin 2013, soit deux ans et demi avant le coup d’état, que la situation de la justice en Turquie a commencé à fortement se dégrader, Erdogan n’étant alors que premier ministre. Un premier ministre dans le collimateur de la justice, puisqu’en décembre 2013, un vaste scandale de corruption, de fraude et de blanchiment d’argent touchait de plein fouet son entourage - fils de ministres, patron de banque publique, membres de l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir. Pour le président de l’Association européenne des juges, Christophe Régnard, qui s’appuie sur les rapports de plusieurs associations de magistrats qui viennent d’être présentés devant le Conseil de l’Europe, il ne fait aucun doute que la répression qui a commencé à toucher le milieu judiciaire dès la fin 2013 en Turquie, était destinée à freiner l’action de l’institution judiciaire contre le pouvoir en place. C’est en effet dès cette période, que le principe de l’inamovibilité des magistrats a été foulé aux pieds, que des magistrats travaillant dans les grandes villes turques ont été envoyés dans des provinces éloignées - de préférence des provinces dangereuses, près des frontières de l’Irak ou de la Syrie - et qu’on été prises d’autres mesures vexatoires, constate Christophe Régnard. Le coup d’état de juillet dernier a juste donné à Erdogan un prétexte supplémentaire pour accélérer ses mesures répressives contre l’appareil judiciaire. Il les avait déjà renforcées depuis son accession à la présidence de la République en 2014. Pourtant la magistrature en Turquie avait unanimement condamné le coup d’état de juillet.
Pour l’association « Magistrats européens pour la Démocratie et les Libertés », Simone Gaboriau a fait les comptes. 3390 magistrats ont été révoqués en Turquie après avoir été suspendus, et 2846 sont en détention, c’est presque un quart de la magistrature qui est actuellement emprisonnée.
« Les biens des magistrats sont confisqués, explique-t-elle, leurs noms paraissent au Journal officiel, la garde à vue a été allongée à 30 jours, l’exercice des droits de la défense est devenu suspect, voire criminel », avant de résumer : « il n’y a plus de véritable justice en Turquie. »
Edith Zeller, la présidente de l’Association des Juges administratifs européens, cite l’exemple d’un juge arrêté le 18 juillet en même temps que sa femme et que six autres juges, maintenus menottés pendant 4 jours dans une cellule de 6 m2. « Jamais il n’a eu connaissance des raisons pour lesquelles il avait été arrêté », explique-t-elle. Aujourd’hui, il est toujours en détention. « Ce ne sont pas seulement les juges qui sont emprisonnés », ajoute-t-elle, « mais aussi les procureurs et les avocats s’ils acceptent de défendre des membres de la magistrature. Il est très difficile d’obtenir une aide juridictionnelle, et les familles ont beaucoup de mal à avoir des informations sur les personnes mises en prison. » Edith Zeller rapporte de nombreux cas de prisonniers privés de soins médicaux, elle parle également des mauvais traitements et de passage à tabac, et cite des cas de viols ou de suicides en détention. Le Comité Européen pour la Prévention de la Torture qui a réussi à visiter certaines prisons turques à la fin du mois d’août, rendra à ce sujet un rapport début novembre.
Dès le mois de juillet, le Syndicat de la Magistrature en France avait alerté sur l’accélération des purges opérées par Erdogan pour modeler une justice à sa solde. Depuis la seule association indépendante de magistrats turcs, baptisée Yarsav, a été dissoute. Les associations européennes de magistrats exigent aujourd’hui l’annulation de cette dissolution. Elles demandent également que soit mis fin aux règles de l’état d’urgence instaurées en Turquie, que les juges et autres magistrats révoqués soient réintégrés, et que soit adoptée une véritable législation de lutte contre le terrorisme qui respecte les Droits de l’Homme. Pour l’instant, aucun magistrat européen ne peut se rendre en mission d’observation en Turquie. L’Ecole nationale de la magistrature française a rompu tous ses liens avec le pays.
« De nombreux pays européens doivent actuellement mener la lutte contre le terrorisme », fait valoir Christophe Régnard, « leur force est de mener cette lutte dans le cadre de l’état de droit. Si l’on s’en passe, nous avons la certitude que les terroristes ont gagné. »
Le Commissaire européen aux Droits de l’Homme, Nils Muiznieks, exige lui aussi dans un mémorandum rendu public ce lundi, que la Turquie revienne à des procédures judiciaires normales en « mettant fin à l’état d’urgence dans les plus brefs délais. »
L’ambassadeur de Turquie auprès du Conseil de l’Europe, Erdogan Iscan, tout en admettant « de possibles défaillances », et prenant toujours pour alibi la « tentative de coup d’état sans précédent », a balayé l’ensemble des accusations, expliquant qu’il fallait poursuivre et terminer « le nettoyage » dans son pays.
lundi 10 octobre 2016
Depuis mai 2009, le Canada et l’Union européenne négocient dans le plus grand secret un accord de libre-échange dit de nouvelle génération. On l’appelle CETA pour Compréhensive Economic and Trade Agrément.
Les négociations se sont terminées en septembre 2014. Il est prévu qu’il soit signé le 27 octobre à Bruxelles lors d’un sommet bilatéral entre le Canada et l’Union européenne. Puis le parlement européen et les parlements nationaux devraient en débattre et voter. Avant cela, il doit être approuvé par le conseil des ministres le 18 octobre prochain.
Le contenu de l’accord est similaire au projet de traité pour créer le grand marché transatlantique. Il en est la préfiguration.
Déjà, 81% des entreprises américaines basées en Europe ont une filiale au Canada. Les grandes multinationales des États-Unis pourront donc bénéficier indirectement des dispositions présentes dans le texte canadien. Mais, elles pourront aussi utiliser ce que l’on appelle le chapitre 8 du traité (UE/Canada) pour poursuivre un Etat membre ou même L’Union Européenne devant le tribunal arbitral privé international. Elles le feront au motif d’une rentabilité abaissée suite à une délibérations politique au nom du progrès social et de l’environnement.
Le projet d’accord prévoit non seulement de supprimer les derniers droits de douane dans de nombreux secteurs dont l’agriculture, mais aussi d’harmoniser les différentes règlementations pour favoriser le commerce. C’est évidemment une autre façon de décrire le démantèlement de nos lois, de nos normes sociales, sanitaires et environnementales.
L’une des inquiétantes nouveautés de ce traité, est qu’il est baptisé par Des négociateurs pourtant si peu poètes, « accord dit vivant », c’est-à-dire, qu’il institue des comités regroupant des « experts » canadiens et européens qui seront chargés de faire évoluer son contenu.
Ils recouvrent des compétences diverse comme : le commerce des marchandises, l’agriculture, vins et spiritueux, la pharmacie, les services et les investissement, la douane commune, la coopération, les mesures sanitaires et phytosanitaires, les marchés publics, les services financiers, le commerce et développement durable, la coopération réglementaire, les indications géographique.
Ces comités dont les membres ne sont pas élus mais nommés sont un instrument parfait de la mondialisation ultralibérale. Ils permettent d’élargir et de faire vivre l’accord en dehors de tout contrôle démocratique contre les populations et l’intérêt général. Tous les comités n’auraient pas les mêmes compétences, par exemple, celui en charge des mesures sanitaires et phytosanitaires a le pouvoir d’amender le texte du traité alors que celui du développement durable a des fonctions beaucoup plus limitées.
On mesure ici a quel point ce système prédateur est conçu dans les moindres détails... (LIRE LA SUITE)
La Turquie signe des accords de coopération avec la Russie, contre laquelle elle fait la guerre en Syrie. Elle veut lutter contre Daesh, mais bombarde les milices kurdes qui le combattent. Grande alliée des États-Unis, elle accuse Washington d’aider le terrorisme. Elle demande l’adhésion à l’Union Européenne, mais l’accuse de complaisance à l’égard du coup d’État de juillet 2016. L’hostilité de la Turquie à tout ce qui pourrait favoriser l’autonomie ou l’indépendance des zones kurdes n’a pas empêché la Turquie d’importer du pétrole en provenance la région autonome des Kurdes irakiens. La politique extérieure de la Turquie est complexe et souvent contradictoire.
La Turquie moderne résulte de la chute et du démembrement de l’Empire Ottoman à l’issue de la Première Guerre Mondiale. À son apogée, l’empire recouvrait un territoire englobant pratiquement toute la côte nord-africaine, l’Égypte et le Sinaï, la côte orientale de la Mer Rouge et de la Méditerranée, les terres qui s’étendent de l’Anatolie jusqu’au Golfe d’Arabie, ainsi que les contours de la Mer Noire, les Balkans et toute la partie de l’Europe qui se situe entre la Mer Noire et l’Adriatique, bien au-delà de Budapest et jusqu’aux portes de Vienne et de Krakow. L’Empire ottoman a joué un rôle majeur dans le façonnement de l’Europe, à l’époque, tout comme l’Europe a exercé une influence profonde sur l’évolution interne de l’empire. Après sa chute, on voit l’émergence de l’État national turc, sous la direction de Kamal Atatürk, sur un territoire qui va d’Istanbul, à travers l’Anatolie et jusqu’aux montagnes de l’Est.
L’Europe, l’Asie et les pays arabo-musulmans se rencontrent sur les frontières orientales de la Turquie. C’est dans cette région, traversée par de nombreux conflits, tensions et guerres, que se trouvent les vastes zones kurdes, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Irak, et la Syrie. A l’ouest, Istanbul ouvre sur la péninsule européenne, mais plus immédiatement sur les pays les plus faibles et instables du continent. Les détroits du Bosphore sont le seul point de passage maritime entre la Mer Noir – et donc la Russie – et la Méditerranée.
La Turquie est donc une grande puissance régionale, bordée d’États instables et de zones de conflit, qui participe au « grand jeu » de rivalités impérialistes impliquant les États-Unis, la Russie, l’Union Européenne, l’Iran, Israël, l’Arabie Saoudite et l’Égypte. Son développement économique et son équilibre social interne – entre les classes et les nationalités, entre « laïques » et « islamistes » – dépendent de sa capacité à sécuriser et contrôler son environnement international. La politique étrangère de la Turquie est une extension de sa politique intérieure. Ses guerres, pour paraphraser Clausewitz, ne sont que la continuation de cette politique par d’autres moyens.
L’intervention militaire de la Turquie en Syrie a pour objectif principal de contenir et si possible de réduire le déploiement des milices kurdes engagées dans la guerre contre Daesh. Prévue depuis longtemps, cette intervention ne pouvait se faire sans des négociations préalables avec la Russie. La Russie appuie le régime syrien actuel, qui constitue une pièce maîtresse dans ses intérêts économiques, militaires et stratégiques dans la région. La chute du régime actuel signifierait non pas un simple « passage des pouvoirs » à un régime pro-occidental, comme les États-Unis et les puissances européennes l’avaient initialement imaginé, mais l’éclatement du territoire syrien en zones d’influence des différentes forces militaires en présence. La déstabilisation accrue de l’ensemble du Proche-Orient qui en résulterait n’est dans l’intérêt d’aucune des grandes puissances mondiales, mais porterait un coup particulièrement grave aux intérêts de la Russie. L’« État Islamique » perd du terrain et sera militairement vaincu tôt ou tard. Le problème est celui de savoir par quoi sera-t-il remplacé. Damas restera sous le contrôle d’un régime pro-russe, qui devra tenter, par la suite et avec l’appui de la Russie, de rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire syrien. Ceci impliquerait non seulement le retrait des forces turques, mais aussi des milices kurdes. Cette considération constitue un élément essentiel de l’accord conclu entre la Russie et la Turquie.
La Russie et la Turquie ont beau se faire la guerre une quinzaine de fois dans l’histoire, comme elles se font la guerre en Syrie actuellement, mais sur le plan économique, elles ont tout intérêt à s’entendre. Après l’Allemagne, la Russie occupe la deuxième place dans le chiffre d’affaires des échanges commerciaux turcs. Les investissements russes sont lourdement présents dans la téléphonie, le secteur énergétique, dans la sidérurgie et la production de matériaux de construction. La Russie est le principal fournisseur d’énergie de la Turquie, à qui elle livre 55 % de ses besoins en gaz et 30 % en pétrole. Il y a aussi les projets majeurs que sont le gazoduc Turkstream(contournant l’Ukraine) et la construction d’une centrale nucléaire russe sur le site d’Akkuyu, dans la province de Mersin. Les investissements turcs dans l’économie russe sont très importants dans de nombreux secteurs, dont notamment l’agroalimentaire, la verrerie, l’électrotechnique, la transformation du bois, la construction, le tourisme et le secteur bancaire. D’ici 2020, les échanges commerciaux entre les deux pays atteindront 100 milliards de dollars. Frappée de sanctions économiques depuis l’invasion de la Crimée et son implication dans l’est de l’Ukraine, la Russie voit dans la Turquie un partenaire commercial de premier plan. D’où la réaction mesurée de la Russie à l’abattage d’un avion militaire russe par la Turquie en novembre 2015.
Cependant, les accords entre la Russie et la Turquie n’étaient pas limités aux questions économiques. Auparavant, les frappes aériennes russes en Syrie visaient, en plus des positions de Daesh, les milices soutenues par la Turquie. La Russie avait même menacé d’abattre tout avion militaire turc qui franchirait la frontière syrienne. Le changement dans la politique de Poutine à cet égard s’explique avant tout par la nécessité de défendre ses propres intérêts après la désintégration de l’« État Islamique ». Le principal obstacle au rétablissement de l’autorité de Damas – et par extension, aux intérêts russes – sur l’ensemble du territoire syrien, à ce moment-là, sera l’implantation et la puissance de feu des milices kurdes (YPG). Malgré le conflit entre la Turquie et la Russie en Syrie, elles ne pourront pas tolérer le maintien des positions kurdes après la défaite de Daesh. Pour la Turquie, la formation d’enclaves kurdes permanentes serait particulièrement dangereuse, car elle renforcerait les Kurdes dans leur lutte contre l’État turc. Si Poutine a autorisé l’intervention militaire de la Turquie, c’est parce qu’il sait que les opérations menées contre les Kurdes vont dans le sens de ses propres objectifs stratégiques. Le problème kurde est aussi une préoccupation majeure de l’Iran. L’émergence d’un État indépendant kurde est une possibilité que Moscou, Washington, Damas, Ankara et Téhéran veulent étouffer dans l’œuf. Aucune des puissances impliquées dans la guerre syrienne n’acceptera que les YPG conservent les positions acquises dans leur combat contre Daesh.
La Turquie s’efforce également de « normaliser » ses rapports avec Israël. Netanyahu a annoncé le versement de 20 millions de dollars au titre de l’indemnisation des victimes de son attaque contre des bateaux apportant de l’aide humanitaire à Gaza en 2010, au cours de laquelle neuf personnes d’origine turque ont été tuées. En retour, la Turquie a abandonné ses réclamations à ce sujet, laisse tomber la revendication de la levée du blocus israélien contre Gaza et s’engage à empêcher l’organisation d’opérations contre Israël de la part des structures du Hamas en Turquie. Des intérêts économiques sous-tendent cet accord. Israël veut exploiter les champs de gaz sous-marins au large de sa côte et la Turquie cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement en gaz. Dans le même but, la Turquie importe du pétrole en provenance de la région semi-autonome kurde en Irak. À défaut de l’approbation de Bagdad – et peu soucieux de la lutte des Kurdes en Turquie – les autorités kurdes à Erbil livraient officieusement du pétrole à l’État turc au moyen de convois de camions-citernes depuis 2013. Mais un accord récemment conclu entre le gouvernement régional kurde et le gouvernement central a ouvert la voie à une liaison directe par oléoduc, permettant la vente de 200 000 barils de brut par jour à la Turquie.
La Turquie est une puissance impérialiste montante dans une région du monde qui est particulièrement instable. Par la force des circonstances, elle jouera un rôle de plus en plus important dans la politique régionale et mondiale. Membre de l’OTAN, alliée historique de l’Etat d’Israël et demandeuse d’adhésion à l’Union Européenne – même si cela semble désormais impossible – la Turquie est néanmoins contrainte, afin de protéger ses intérêts stratégiques et économiques de s’entendre avec la Russie et l’Iran, fût-ce au détriment de ses alliances occidentales. Compte tenu de l’hostilité de toutes les puissances impérialistes régionales et mondiales, l’émancipation nationale et sociale des Kurdes est impossible en dehors d’un renversement radical du rapport de forces entre les classes, soit en Europe, soit au Moyen-Orient, soit en Afrique du Nord. Les grandes puissances sont d’accord pour que les YPG versent leur sang pour combattre Daesh, mais se retourneront de façon violente et implacable contre les combattants kurdes quand elles n’en auront plus besoin. Une victoire de la révolution tunisienne ou de la révolution égyptienne, aboutissant à la prise du pouvoir par les travailleurs et la fin du régime capitaliste, aurait radicalement transformé la position des travailleurs kurdes, comme celui des travailleurs palestiniens. Mais le déraillement et la défaite de ces révolutions – même si, à terme, elles pourront éventuellement renaître – ne font qu’assombrir les perspectives pour le combat contre l’oppression nationale et sociale dans la région.
Dans de nombreux pays, dont la Syrie, l’Irak et la Libye, les travailleurs et leur capacité de lutte contre le capitalisme ont été complètement détruits. Mais ce n’est pas le cas partout et ce n’est pas le cas de la Turquie. La réaction bat son plein sous l’égide d’Erdogan, mais elle n’est pas encore parvenue à détruire les organisations politiques et syndicales des travailleurs turcs. C’est sur leurs épaules que repose dans une large mesure le destin non seulement des travailleurs turcs et kurdes, mais de tous les peuples aux alentours. Le problème de fond est celui de la conscience politique des travailleurs. L’autodétermination nationale est Kurdes est une revendication progressiste, mais l’émancipation sociale et nationale des Kurdes est indissociable du renversement révolutionnaire de la classe capitaliste. Il faut s’efforcer d’en convaincre les travailleurs et les unir dans une lutte commune, indépendamment de considérations de nationalité ou de religion pour en finir avec l’enfer capitaliste et impérialiste. Le socialisme est impossible tant qu’il n’est pas compris et voulu par les travailleurs.
« L’idéologie du républicanisme irlandais trouve ses racines dans la Révolution française : liberté, égalité, fraternité. » D’emblée, le décor était planté, le 24 septembre dernier, quand le Président du Sinn Fein, Declan Kearney, prit la parole sous la coupole de la maison du Parti communiste français, où Pierre Laurent venait de lui souhaiter la bienvenue. Heureuse initiative que cette rencontre chaleureuse entre deux forces de la gauche européenne dont beaucoup d’observateurs sous-estiment grandement les convergences de vue politiques tout comme la qualité des rapports humains entre militants ou dirigeants des deux partis.
En France, on connait surtout le Sinn Fein pour sa lutte politique en Irlande du Nord en faveur de la réunification de l’île, et donc pour que soit mis fin à l’occupation anglaise de la partie septentrionale du pays. Quelle expérience , en effet ! Depuis 18 ans, sur la base de l’accord historique et atypique dit « du Vendredi saint », ce parti co-dirige la province…avec la formation politique diamétralement opposée, le DUP, qui représente la droite dure, résolue à obtenir le maintien de la région dans le giron britannique ! L’intelligence politique du Sinn Fein a réussi jusqu’ici à surmonter toutes les tensions et les crises , aussi bien celles provoquées par Londres -qui cherche à limiter l’autonomie de l’Irlande du Nord- que celles suscitées au sein du gouvernement régional de Belfast par les peu coopératifs « partenaires » conservateurs, d’autant plus nerveux qu’ils constatent la popularité croissante du Sinn Fein, tant au Nord de l’île que dans le reste du pays.
Et c’est bien là qu’il faut mesurer la nouvelle donne irlandaise depuis quelques années : le Sinn Fein est devenue l’étoile montante de la scène politique irlandaise dans son ensemble. Aux dernières élections (2016), il est même devenu, avec 14% des suffrages, la troisième force de la République d’Irlande, bousculant le jeu politicien des partis ultra-libéraux qui s’y partageaient le pouvoir jusqu’ici. A côté des leaders emblématiques -en particulier le charismatique Gerry Adams- a émergé une nouvelle génération de dirigeants et de dirigeantes, que représente si bien Mary Lou Mc Donald, mon ancienne collègue du groupe GUE au Parlement européen, aujourd’hui députée au Parlement de Dublin et Vice-présidente de son parti.
La réunification de l’île reste plus que jamais, le coeur du projet du Sinn Fein . Le « Brexit » vient même d’en exacerber l’enjeu en menaçant de ressusciter la frontière entre l’Irlande de Nord -dès lors, en principe, hors de l’Union européenne- et le reste du pays, membre de l’UE. Pas question de « subir le Brexit » a souligné Declan Kearney à Paris : 200 000 emplois sont liés au commerce entre les deux parties de l’île et 10% de l’économie d’Irlande du Nord dépendent de son maintien dans l’Union européenne. « Le Sinn Fein croit que ce contexte représente une opportunité stratégique pour promouvoir la lutte pour mettre fin à la partition du pays ».
Mais cette authentique force de gauche ne se contente pas d’être le fer de lance de la lutte pour la réunification de l’Irlande. Elle est désormais largement reconnue comme le « moteur du changement social et politique » dans l’ensemble du pays, et notamment « la principale force politique contre l’austérité », a insisté le dirigeant irlandais. Pas étonnant que le nombreux public présent à « Fabien » pour cette belle occasion ait manifesté sa solidarité avec ces amis encore trop mal connus alors qu’ils représentent aujourd’hui un acteur majeur de la gauche européenne. La soirée s’est logiquement poursuivie en trinquant à la bière brune et en dansant au rythme endiablé des balades irlandaises…
Lire aussi:
Turquie
PIERRE BARBANCEY
JEUDI, 6 OCTOBRE, 2016
L'HUMANITÉ
Le secrétaire national du PCF entend défendre le coprésident du Parti démocratique des peuples menacé de prison et, à travers lui, les élus de cette formation.
Depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet, le pouvoir turc se déchaîne contre toute forme d’opposition et d’expression. Des milliers de fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions et/ou emprisonnés. Dans le domaine de la presse, de nombreux médias ont été fermés. Dernier en date, la chaîne de télévision considérée comme défendant les droits des Kurdes mais également ceux des femmes et des minorités en général, IMC TV, dont les émissions ont été interrompues en plein direct. La décision de justice concerne douze chaînes de télévision soupçonnées d’être liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, classé « terroriste » par Ankara) et accusées d’avoir soutenu la tentative de putsch. La direction de la chaîne IMC TV rejette en bloc les accusations et dénonce « une atteinte majeure à la liberté de la presse » qui n’a « pas sa place dans une démocratie ».
Cette atteinte à la liberté de la presse renforce la campagne « Stop Erdogan », lancée il y a peu. Parmi les actions menées, la défense des élus du Parti démocratique des peuples (HDP), dont l’immunité parlementaire est particulièrement menacée par une loi inique qui les vise directement : ils peuvent être traînés en justice en cas de procédures judiciaires à leur encontre, ce que ne cesse de faire la « justice » turque. C’est pourquoi, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et sénateur de Paris, a décidé de parrainer le coprésident du HDP, Selahattin Demirtas. Ce dernier, qui a été victime d’une tentative d’assassinat, fait l’objet d’une centaine de procédures judiciaires montées de toutes pièces et encourt plusieurs dizaines d’années d’emprisonnement. Vingt-quatre maires de son courant ont déjà été relevés de leurs fonctions par le pouvoir central. Plusieurs autres élus sont ou ont été emprisonnés.
« Selahattin Demirtas est l’homme de la main tendue, de la paix et la démocratie dans la dignité », estime Pierre Laurent dans un message vidéo. « Son engagement et sa popularité ont fait de lui un homme incontournable en Turquie et motivent aujourd’hui toute la haine que lui portent Erdogan et tous les nationalistes turcs. » Pour le sénateur de Paris, « Erdogan engage la Turquie dans un tragique engrenage de la guerre et de la répression ». Ce parrainage n’est pas un acte symbolique. Pierre Laurent s’engage à faire connaître à la représentation nationale française et à l’opinion publique de son pays la situation de Demirtas. « Avec tous les communistes, j’appelle la France et l’UE à faire clairement entendre à la Turquie qu’elle ne doit plus violer impunément les droits humains. »
Halte au massacre !
Halte à la barbarie !
Arrêt immédiat des bombardements !
Trêve des combats pour permettre l’acheminement des aides nécessaires à la survie des habitants d’Alep !
Alep subit un déluge de feu Les avions russes et ceux du régime larguent des bombes anti-bunker dont la puissance permet d’effondrer des immeubles entiers sur leurs habitants et la destruction des abris souterrains. Les bombardements visent des hôpitaux et des écoles, et constituent des crimes de guerre. La population, prise entre les djihadistes et les armées du régime, est privée d’eau et d’alimentation. Face aux crimes de guerre et au martyr infligé à la population d’Alep, il faut redire que compte tenu que c’est la population civile qui est la principale victime, cette guerre doit cesser sur le champ pour laisser la place aux négociations et transitions politiques. L’urgence est de sauver les habitants d’Alep. Partis de gauche et écologistes, au-delà des analyses différentes qui sont les nôtres quant aux causes d’une telle situation et des réponses à y apporter, nous disons ensemble :
° Halte au massacre ! Halte à la barbarie !
° Arrêt immédiat des bombardements !
° Trêve des combats pour permettre l’acheminement des aides nécessaires à la survie des habitants d’Alep !
EELV Ensemble ! NPA PCF
Communiqué de presse du MRAP
Un accord cynique entre l'Union européenne et l'Afghanistan 5 millions d'Afghans ont fui leur pays en guerre. 180 000 ont demandé l'asile en Europe en 2015 !
La guerre civile se poursuit depuis des dizaines d'années.
Alors que des milliers de migrants continuent de risquer leur vie en traversant la Méditerranée, alors que des centaines d'entre eux y meurent, l'Union européenne vient de signer avec le gouvernement afghan un accord pour organiser le renvoi massif de déboutés du droit d'asile dans leur pays.
En "échange" l'Union européenne contribuerait financièrement au développement de l'Afghanistan. Le marchandage est tristement habituel avec les pays de départ des migrants : un soutien financier ou économique contre la "réadmission" des déboutés du droit d'asile... L'Afghanistan serait-il devenu un pays "sûr" ?
Le ministère français des affaires étrangères considère que "la situation de sécurité demeure très dégradée, fragile et instable", que "les combats revêtent toujours une forte intensité, particulièrement dans le Sud, le Sud-Est, le Centre et l’Est".
Que faut-il de plus ?
Rien ne peut justifier le renvoi de réfugiés vers l'Afghanistan (l'objectif de l'UE serait de 80000 expulsions y compris des femmes, des enfants, des mineurs isolés).
L'UE doit renoncer à cet accord inique et hypocrite. L’Union européenne continue de se construire comme un bunker sourd et aveugle à la détresse des migrants, niant leur droit à la sécurité dans le pays de leur choix. Il faut une toute autre politique d'accueil qui respecte les Droits Humains. Le MRAP soutien l’appel à manifester devant l'Ambassade d'Afghanistan (entre Place de l'Alma et Avenue Ingres à l'angle de l'Avenue Raphael, ce 5 octobre, 15 heures) pour protester contre la signature d'un tel accord.
Paris, le 5 octobre 2016 -
Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples