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4 octobre 2016 2 04 /10 /octobre /2016 06:32
Le groupe de Visegrad, une union nationaliste en Europe (l'Humanité)

Il y a tout juste 25 ans, le 15 février 1991, trois pays d’Europe centrale formaient, dans un village hongrois, une alliance pour favoriser leur intégration européenne.

Baptisé Visegrad 4 (V4) en 1993, après la partition de la Tchécoslovaquie, ce groupe un peu oublié est aujourd’hui un bloc nationaliste virulent au sein de l’UE. C’est un anniversaire qui passera sans doute inaperçu en Europe de l’Ouest.

Il y a vingt-cinq ans, le 15 février 1991, le président polonais Lech Walesa, son homologue tchécoslovaque Vaclav Havel et le premier ministre hongrois Jozsef Antall se retrouvent dans le village hongrois de Visegrad pour y créer une structure informelle entre ces trois pays d’Europe centrale. Ils y signent une « déclaration de coopération », dont l’objectif est de parvenir à leur intégration européenne. Le triangle, ou groupe de Visegrad, est né. Le lieu choisi ne doit rien au hasard. C’est ici, dans le château royal, qu’en 1335 les rois de Hongrie, de Bohême et Pologne scellèrent une alliance. En 1993, après la dissolution de la Tchécoslovaquie, le groupe de Visegrad comprend alors quatre membres et est baptisé Visegrad 4, ou V4. Il ne possède pas de siège, ni d’institution propre. Les quatre premiers ministres du V4 se retrouvent une fois par an, lors d’un sommet dans le pays qui préside le groupe de Visegrad.

Depuis le 30 juin 2015, c’est la République tchèque. Chaque présidence établit un programme d’actions et un calendrier des réunions à tous les échelons de la coopération.

Depuis l’année 2000, un Fonds international de Visegrad est installé à Bratislava. Il finance des projets dans les domaines de l’éducation, la culture ou des sciences.

En 2016, un bataillon visegradien devrait voir le jour. Septembre 2015, Visegrad sort de sa torpeur De 1993 à 1998, les pays du V4 ne font pas preuve d’une réelle solidarité. Dans la course à l’Europe, c’est la stratégie du cavalier seul qui s’impose. De plus, Prague, Budapest et Varsovie ne souhaitent pas trop s’afficher avec le premier ministre slovaque, le nationaliste et pro-russe Vladimir Meciar. Le départ du pouvoir de Meciar mais aussi du premier ministre eurosceptique tchèque Vaclav Klaus change la donne. Le V4 la joue plus collectif. Avec succès. En 1999, la Hongrie, la République tchèque et la Pologne intègrent l’Otan. Puis, en 2004, l’Union européenne, avec la Slovaquie qui rejoint cette même année l’Otan. Sans son appartenance à Visegrad, la Slovaquie aurait sans doute dû attendre le prochain élargissement pour faire partie de l’UE. Avec cette double intégration, le V4 remporte une victoire mais perd sa raison d’être. Il tombe en désuétude. Ses dirigeants continuent néanmoins de se rencontrer. « Ils se sont opposés à l’harmonisation fiscale de l’UE, ont demandé de concert une plus grande mobilité sur le marché du travail européen et défendu la sauvegarde du Fonds social européen, dont ils relèvent pour environ 1,3 % du budget », rappelle l’historien Georges Mink dans son récent livre, la Pologne au cœur de l’Europe.

Le 4 septembre 2015, à Prague, le groupe de Visegrad sort de sa torpeur et frappe un grand coup sur la scène européenne. Ses dirigeants, qui ne cessent de multiplier des propos antimusulmans, adoptent une déclaration qui rejette les quotas de réfugiés par pays imposés par Bruxelles. La Slovaquie, suivie de la Hongrie, saisit ensuite la justice de l’UE pour dénoncer ces quotas. « Ils n’ont pas confiance dans le modèle occidental d’une société multiculturelle (...). Voilà des positions qui peuvent unir des gouvernements aussi différents que celui de la droite nationaliste hongroise de Viktor Orban ou du social-démocrate slovaque Robert Fico », explique à Radio Prague le politologue Jacques Rupnik. Le pouvoir polonais rêve d’étendre le V4 à d’autres pays La victoire, le 25 octobre, de la droite nationaliste polonaise et ses attaques contre l’État de droit sonnent comme un deuxième coup de semonce. Alors que la prochaine présidence tournante de l’UE va échoir à la Slovaquie, en juillet, Bruxelles redoute que le groupe de Visegrad ne devienne un bloc nationaliste virulent. Crainte d’autant plus justifiée que le nouveau pouvoir polonais rêve d’étendre le V4 à d’autres pays d’Europe de l’Est pour concurrencer l’axe franco-allemand. Mais un V4+ a peu de chance de voir le jour tant les positions de ses potentiels membres à l’égard de la Russie et de l’Allemagne divergent. « Pour une initiative régionale, 25 ans, cela représente l’âge de la maturité », affirme le politologue Tomas Strazay, membre de Think Visegrad, le laboratoire d’idées du V4. Selon lui, « les prochains mois seront un test : nous verrons si le groupe de Visegrad est prêt à entrer dans la maturité ou au contraire souhaite prolonger son adolescence ».

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4 octobre 2016 2 04 /10 /octobre /2016 06:29
Référendum en Hongrie: Viktor Orban sort affaibli d'un référendum "imperdable" (PCF)

Referendum en Hongrie : Viktor Orban sort affaibli d'un referendum « imperdable » (PCF)

Les votants au référendum de dimanche en Hongrie ont, à 98,3 %, refusé d'accueillir des réfugiés dans le cadre d'une politique européenne d'accueil partagé. Mais ce referendum est invalidé par une participation au scrutin extrêmement basse (39,9%). Viktor Orban sort affaibli d'un referendum « imperdable ». Tout était bouclé. La question donnait l'impression d'une revendication démocratique contre un diktat de l'Union Européenne. La campagne publique organisait le black-out de ses opposants et des sommes astronomiques ont été dépensées dans des outils de communication de masse propageant clichés et haine raciste dans tout le pays. Comment alors ne pas voir une défiance, si ce n'est une forme de résistance, dans l'abstention massive des Hongrois ? Le PCF se félicite que Viktor Orban n'ait pas réuni de majorité populaire pour soutenir sa politique de haine et réaffirme son soutien aux courageuses forces démocratiques de Hongrie. Le crédit apporté jusqu'ici par notre gouvernement et l'UE, à cet autocrate violant régulièrement les droits et libertés de son peuple, et néfaste pour l'ensemble du continent, doit être reconsidéré, et les concessions au groupe de Visegrad stoppées. Seules des politiques européennes d'accueil des migrants, et de paix et développement humain, social et écologique au Moyen-Orient seront sont susceptibles d'apporter des réponses durables aux crises actuelles et de poser les bases d'un cadre de coopération et de sécurité collectives.

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3 octobre 2016 1 03 /10 /octobre /2016 14:13
A Alep, en Syrie, l'ONU dénonce une "honte humanitaire" (Médiapart, 2 octobre 2016)

A Alep et en Syrie, l’ONU dénonce «une honte humanitaire»

2 octobre 2016

Par Agathe Duparc- Médiapart

Les habitants des quartiers est d’Alep se terrent et meurent quotidiennement sous les bombes des forces syriennes et de l’armée russe. Samedi 2 octobre, le centre de traumatologie de la ville a été détruit, portant à quatre le nombre d’hôpitaux visés. Totalement impuissante, l’ONU dénonce des crimes de guerre et poursuit son travail de documentation.

De notre correspondante à Genève. - Des corps de bébés, d’enfants, de femmes et d’hommes qui pourrissent dans les décombres d’abris à vingt mètres sous terre, victimes probablement des « buster bunking », ces redoutables bombes capables de provoquer des destructions massives. Des monceaux de gravats dans les rues qui recouvrent des cadavres. Des scènes d’horreur dans les « hôpitaux », où des médecins à bout de force amputent et soignent à la chaîne, à même le sol. La mort à petit feu de ceux qui souffrent de maladies chroniques et ne peuvent plus se soigner.

La communauté des humanitaires le dit et le répète en boucle depuis quinze jours : la situation dans les quartiers est d’Alep, où 275 000 civils sont piégés, est devenue inqualifiable d’horreur. Aucune organisation humanitaire n’a pu s’y rendre depuis le 7 juillet, contrairement aux quartiers ouest, siège de violents combats, mais qui ont pu être approvisionnés par le Croissant-Rouge arabe syrien.

Depuis le 22 septembre dernier, début de l’offensive massive des forces armées syriennes et russes contre les insurgés du groupe islamiste Ahrar Al-Cham, les habitants de l'est vivent un cauchemar, victimes de bombardements incessants, massifs et indiscriminés. Samedi 1er octobre, l’hôpital M10, le principal établissement de traumatologie de la ville, dans le quartier d'Al-Sakhour, a été visé, selon des rebelles et des secouristes, par au moins sept missiles lancés par des avions russes et des hélicoptères syriens. Deux patients auraient été tués et treize autres blessés. C'est la seconde frappe de ce genre contre cet établissement. Au total, quatre hôpitaux (sur les huit existants) ont été visés par les raids aériens ces derniers jours, quatre unités chirurgicales ont été attaquées.

« L'hôpital [M10] est désormais complètement hors service. Des murs, des infrastructures, des équipements et des générateurs ont été détruits. Il n'y a plus aucun garde ou personnel sur place. [L'hôpital] est dans le noir complet », rapporte Mohammad Abu Rajab, radiologue de l'établissement interrogé par Reuters.

Les frappes aériennes se concentrent aussi sur les voies d'approvisionnement qui mènent aux secteurs tenus par les rebelles, la route Castello et le quartier de Malah, au nord de la ville. Les combats au sol font également rage dans le quartier de Souleiman Al-Halabi, la ligne de front au nord de la vieille ville d'Alep, et dans le quartier de Boustan Al-Pacha.

En l’espace de onze jours, 338 personnes (dont 160 d’enfants), principalement des civils, ont péri et 846 ont été blessées dont 261 enfants. À cela, s’ajoute une situation désastreuse dans tout le reste du pays. Les combats et les frappes aériennes se sont intensifiés à Deir ez-Zor, à Hama, à Homs, à Idlib, dans la région de Damas et dans d'autres gouvernorats. L’ONU estime que 861 200 Syriens vivent actuellement dans des villes difficiles d’accès ou assiégées.

« Par où commencer ? » À la tribune du Conseil de sécurité, jeudi 29 septembre, Stephen O’Brien, chef du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), n’a pas caché son profond désarroi, disant éprouver « une tristesse intense, de la frustration et une énorme colère devant l’horreur pure et débridée de ce qui se passe, bien au-delà de l’horreur qui prévalait déjà il y a quinze jours ». Pendant 25 minutes, il s’est livré à un terrible réquisitoire contre l’inaction de la communauté internationale, passant en revue de manière détaillée et concrète les « crimes de guerre » commis chaque jour en Syrie contre les civils, au mépris total des conventions de Genève.

Un discours d’une grande force: « Je m’adresse à vous, le Conseil de sécurité, pour vous présenter mon rapport sur la honte humanitaire qui prévaut aujourd’hui en Syrie et à l'est d'Alep. (…) Ce n'est pas là le résultat imprévisible de forces qui sont indépendantes de notre volonté. C’est dû à l'action des parties aux conflits et c’est le résultat direct de l'inaction – que ce soit par manque de volonté ou par incapacité – de la communauté internationale, y compris ceux qui sont présents dans cette salle », a-t-il lancé, se demandant s’il existait encore, « une ligne rouge à ne pas franchir » dans la « destruction meurtrière ». La veille, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, avait estimé que la situation qui régnait à Alep était « pire que dans un abattoir ».

Préserver les éléments de preuves des crimes de guerre Stephen O’Brien a qualifié de « triste distraction » l’annonce par les Américains et les Russes, le 10 septembre, d’un cessez-le-feu qui a été violé par les deux parties. Ce qui a permis de repousser, une fois de plus, la mise en place de « pauses humanitaires » hebdomadaires d’au moins 48 heures pour évacuer les nombreux blessés, réclamée depuis des mois par l’ONU, le CICR et différentes ONG.

Le directeur de OCHA a répété que les prétendus « corridors humanitaires » mis en place unilatéralement par la Russie ne fonctionnaient pas, très peu de gens se risquant à les emprunter. « Vous feriez la même chose si vous n’aviez aucun endroit où aller et si vous saviez qu’à chaque instant un sniper peut vous tirer dessus [quand vous empruntez ces corridors] », a-t-il lancé aux membres du Conseil de sécurité, rappelant que des militaires étaient postés au point d’entrée et de sortie de ces couloirs, avec aussi le risque d’être arrêté. « Nous l’avons souvent dit : les civils ne peuvent pas se déplacer avec un tel degré d’insécurité. »

Le responsable onusien a assuré qu’« un jour viendra où les individus et les institutions qui ont perpétré de manière impitoyable et cynique ces crimes de guerre ne pourront plus se cacher » et qu’il était du devoir de l’ONU « de préserver les éléments de preuve [de ces crimes] et de pointer du doigt le ou les États membres et leurs responsables, ainsi que les militaires, qui en sont responsables ».

Samedi 2 octobre, dans un nouveau communiqué, Stephen O’Brien a appelé à cesser « la démagogie politique ou la défense étroite des positions politiques et militaires [des parties au conflit] » pour reconnaître « la gravité et l’horreur de la situation actuelle et agir avant qu’il ne soit trop tard ». Le ciblage systématique des structures et des personnels de santé par l’armée syrienne et l’aviation russe, constitutif de crimes de guerre, est désormais au centre de l’attention de l’ONU. Et il continue à être méticuleusement documenté par différentes agences onusiennes et par la Commission d’enquête sur la Syrie qui lui a consacré un rapport en août dernier. Vendredi, à Genève, Rick Brennan, le chef des urgences humanitaires de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a tiré la sonnette d’alarme 3, disant n’avoir « jamais vu cela en 23 ans de carrière sur le terrain dans différentes zones de conflit ».

À Alep-Est, seuls deux hôpitaux fonctionnent encore avec 135 lits et 30 médecins en activité. « Ils étaient 35 la semaine dernière », a précisé le docteur Brennan. Le 24 septembre, lors de frappes aériennes dans le quartier Jisr Al-Haj qui ont en partie détruit des entrepôts du Croissant-Rouge arabe syrien, l’un d’entre eux a été tué, en compagnie de son épouse, une sage-femme. Rick Brennan reste en contact, par vidéoconférence, avec la plupart de ces médecins qui travaillent jour et nuit « dans des conditions qui dépassent l’imagination ». « Ici à Genève, nous sommes souvent proches du désespoir, alors vous pouvez imaginer ce qu’ils ressentent là-bas ! » « Ces gars sont totalement épuisés, vidés physiquement et émotionnellement, mais ils continuent malgré tout à travailler. Ce sont des héros. Ils ont toute notre admiration et notre respect », a-t-il ajouté, décrivant la grande misère des structures médicales qui sont encore debout et manquent de tout. Il y a quelques jours, quatre enfants sont morts dans les couloirs, alors que l’unité de soins intensifs était pleine. « Les conventions de Genève interdisent les attaques contre les structures de santé et garantissent la neutralité des établissements et du personnel médical », a-t-il rappelé. Le 3 mai 2016, le conseil de sécurité de l’ONU avait adopté la résolution 2286 3 sur la protection du personnel médical dans le monde entier lors de conflits armés, restée lettre morte.

L’OMS travaille depuis des mois sur un plan d’évacuation des blessés à Alep, rendu impossible par le déchaînement de violence et l’obstruction systématique des autorités syriennes. Sur place, le personnel médical en est réduit à faire un tri pour identifier ceux qui seront prioritaires. Plusieurs hôpitaux des quartiers ouest d’Alep, eux aussi très démunis, sont prêts à recevoir des patients. Mais pour cela, il faut obtenir les autorisations du gouvernement syrien et du conseil local d’Alep. Le 20 septembre, Rick Brennan a rencontré le vice-ministre syrien de la santé. Les discussions se poursuivent. L’agence de santé onusienne fait chaque mois « un monitoring des violences commises contre le secteur de la santé » en Syrie. Le dernier, pour le mois d’août, fait état dans tout le pays de 7 médecins tués et 15 blessés, et de neuf hôpitaux touchés, trois centres médicaux et huit ambulances visés.

Seuls 45 % des hôpitaux syriens fonctionnent encore.

« La situation a désespérément empiré ces derniers mois. Sur plus de 100 hôpitaux publics dans tout le pays, seulement 45 % fonctionnent au maximum de leurs capacités, 35 % en partie, et 25 % sont fermés », a indiqué le docteur Brennan. Interrogé sur les responsables de ces attaques, il a répondu que désigner les coupables n’entrait pas dans le cadre « du mandat et de l’expertise de l’OMS ». Il a reconnu que des « discussions » avaient eu lieu, y compris ces derniers jours, « avec des responsables russes, afin de leur rappeler leurs obligations en matière humanitaire à Alep et ailleurs ».

Alors que la Russie va bientôt fêter sa première année d’intervention militaire 3 en Syrie, la situation est plus bloquée que jamais. Dans la nuit du 9 au 10 septembre, les chefs de la diplomatie américaine et russe avaient conclu à Genève un accord prévoyant un cessez-le-feu entre le gouvernement syrien et l’opposition. Ce qui avait alors été qualifié de « percée importante » volait en éclats une semaine après. Le 17 septembre, l’aviation américaine avait bombardé, « par erreur », les positions de l’armée gouvernementale syrienne à Deir ez-Zor, faisant 62 victimes et plus de 100 blessés. Moscou en avait conclu que « la Maison Blanche défendait l’État islamique » 3. Puis dans la nuit du 19 septembre au 20 septembre, un convoi du Croissant-Rouge arabe syrien (SARC) qui devait fournir des vivres à l'ouest de la ville d'Alep était attaqué à Orum Al-Kubra 3. L’attaque a détruit 18 camions (sur 31) et fait 18 morts parmi les humanitaires dont Omar Barakat, le chef du SARC. L’itinéraire du convoi était connu des autorités syriennes et de l’armée russe.

Moscou a réfuté les accusations lancées par les Américains, pointant du doigt les combattants du Front Al-Nosra 3 (la branche syrienne d’Al-Qaïda).

« Nous avons attentivement étudié les vidéos prises par les “activistes” sur les lieux du drame et n’avons trouvé aucun signe de frappes contre le convoi… Les vidéos ne montrent que les conséquences directes de l’incendie qui s’est étrangement déclaré au sein du convoi parallèlement à l’offensive d’envergure des combattants contre Alep », déclarait le major-général Igor Konachenkov, représentant officiel du ministère russe de la défense.

Une version précédente évoquait la présence d’un drone appartenant à la coalition internationale sous la direction des États-Unis et qui aurait survolé la zone avant le bombardement. Vendredi 30 septembre, une commission d’enquête onusienne a été mise en place sur demande du secrétaire général Ban Ki-moon. En attendant, les médias proches du Kremlin continuent, inlassablement, à servir la même version : celle d’une armée syrienne, appuyée par les Russes, qui se serait mise au service des habitants d’Alep dont les maisons sont « bombardés par les terroristes », comme dans le quartier de Dahiyat Al-Assad. « L’armée syrienne pilonne les positions des terroristes qui bombardent les maisons des civils », indiquait récemment le site Sputnik 3. Dimanche 2 octobre, ce même média a annoncé la poursuite d’une « opération humanitaire de grande envergure dans différentes régions de Syrie » 3, organisée par l’armée russe. Avec entre autres la distribution de cinq tonnes de denrées alimentaires remises aux habitants du quartier Muhafaza à Alep qui est en proie à de violents combats. Vendredi 30 septembre, le Conseil des droits de l’homme (CDH), basé à Genève, a adopté à la majorité une résolution qui prévoit l’organisation, en mars 2017 (sic !), « d’une table ronde de haut niveau sur la situation des droits de l'homme en République arabe syrienne ».

Cette réunion devrait aborder le problème des disparitions forcées et des détentions arbitraires, et elle se penchera sur « la nécessité de faire répondre de leurs actes les responsables de violations et d'atteintes qui y sont liées ». Des Syriens seront invités à s’y exprimer.

Sans surprise, la Russie qui est membre du CDH a voté contre, aux côtés de la Chine, de Cuba, du Venezuela, de l’Algérie, de la Bolivie et du Burundi, estimant que ce texte était « biaisé » et ne visait « qu'à imputer la faute de la situation en Syrie aux autorités légitimes et à détourner l'attention de ceux qui commettent des actes constitutifs de crimes contre l'humanité ». « Au lieu de soutenir les efforts en cours pour la paix, les auteurs, parmi lesquels figurent des pays qui appuient des groupes armés, préfèrent mettre l'accent sur la situation des droits de l'homme », a expliqué le représentant russe, accusant « Washington et ses alliés d'œuvrer en réalité contre des enfants innocents ».

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2 octobre 2016 7 02 /10 /octobre /2016 15:01
Connie Hedegaard, une ex commissaire européenne au Climat, chargée du green washing chez Wolkswagen (Marianne, 30 septembre)

Marianne, Vendredi 30 Septembre 2016

Après les scandales de l'arrivée de José Manuel Barroso chez Goldman Sachs et la société cachée de Neelie Kroes, la Commission européenne offre un nouvel exemple de sa perception très ouverte du conflit d'intérêts. Connie Hedegaard, anciennement en charge du climat pour Bruxelles, rejoint ainsi Volksawagen, avec la bénédiction de la Commission.

C'est ce qu'on appelle un mauvais timing : au moment où la Commission européenne veut enfin rendre obligatoire l’inscription des milliers de lobbies actifs auprès des institutions européennes, une nouvelle affaire de conflit d'intérêts éclabousse Bruxelles. Après Barroso chez Goldman Sachs et la société cachée sous les palmiers des Bahamas de Neelie Kroes, ex-commissaire européenne à la concurrence, voici Connie Hedegaard.

Cette ex-commissaire européenne chargée du climat entre 2010 et 2014 et ancienne ministre du Climat et de l'Énergie au Danemark rejoint le groupe… Volkswagen. Plus précisément le pompeux "Conseil international de la durabilité" mis en place par le constructeur allemand, pris la main dans la boîte à gants d'une gigantesque fraude à la pollution en 2014.

La commission européenne n'y trouve rien à redire

Heureusement, à la Commission européenne, on ne voit pas où est le problème : le choix de carrière audacieux de Connie Hedegaard est une "décision individuelle" intervenue après la "période d'attente de 18 mois", délai après lequel les ex-membres de la Commission sont libres d'aller se vendre au plus offrant sans que le conflit d'intérêts ne puisse être retenu.

Rappelons qu'en 2014, Connie Hedegaard faisait feu de tout bois pour convaincre les États-Unis de s'engager sur la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, un an avant la conférence sur le climat de Paris. Désormais, la nouvelle conseillère d'un des plus grands groupes de l'industrie automobile mondiale jetera ses compétences dans le vaste tambour du greenwashing à la sauce Volkswagen. Avec du beau linge pour lui tenir compagnie.

Des leaders internationaux pour tenter de rattraper le désastreux "diesielgate"

Parmi les autres membres de l'académie des sages du climat créée par le constructeur automobile, on note la présence de Margo T. Oge, ancienne directrice du département transports de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA). La même EPA qui a révélé le scandale des moteurs diesel truqués aux Etats-Unis en septembre 2015. Sur la photo de rentrée, on retrouvera aussi Yves Leterme, ancien Premier ministre belge, ou encore un professeur d'économie spécialiste de l'impact du changement climatique de l'Université technique de Berlin.

Des personnalités de premier plan dont la rémunération reste floue. "Nous présumons que Mme Hedegaard touchera des émoluments", indiquait ainsi benoîtement un porte-parole de la Commission au sujet de son ancienne collègue. Mais, selon l'ONG Corporate Europe Observatory, Connie Hedegaard ne touchera pas d'argent de la part de Volkswagen en dehors des frais liés à son activité, tout comme ses petits camarades. Une rémunération pas vraiment nécessaire dans l'immédiat : les collaborations de haut niveau de ce genre s'inscrivent dans un temps long. Tout comme les renvois d'ascenseur, dont les détails n'ont nul besoin d'être étalés sur la place publique.

À lire
>> Après les affaires Kroes et Barroso, course à la transparence sur les lobbies à Bruxelles
>> Barroso chez Goldman Sachs : Juncker en appelle au comité d'éthique européen
>> Mails, visites secrètes… Quand le commissaire Barroso fricotait déjà avec Goldman Sachs
>> "Bahamas Leaks" : cette commissaire européenne qui cachait une soci
été offshore

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2 octobre 2016 7 02 /10 /octobre /2016 05:57
Shirin Ebadi se bat toujours pour les droits de l’homme en iran. l’an dernier, quelque mille prisonniers ont été exécutés. Photo John Murphy

Shirin Ebadi se bat toujours pour les droits de l’homme en iran. l’an dernier, quelque mille prisonniers ont été exécutés. Photo John Murphy

Shirin Ebadi « Il faut être bienveillant à l’égard des réfugiés »

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR STÉPHANE AUBOUARD

JEUDI, 29 SEPTEMBRE, 2016

L'HUMANITÉ

De passage à Paris pour la sortie de son livre Pour être enfin libre,Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003, milite inlassablement pour la défense des droits de l’homme en Iran. En exil depuis 2009, elle s’inquiète des politiques d’accueil menées en Europe envers les victimes de conflits.

Shirin, Ebadi votre livre « Pour être enfin libre » est l’histoire d’un exil tout à la fois intérieur et géographique commencé après la réception du prix nobel de la paix en 2003. Cette récompense destinée à honorer votre activité d’avocate des droits de l’Homme ne fut-elle pas au fond un cadeau empoisonné, au vu des souffrances, des pertes, des humiliations que le régime des mollah vous a fait subir depuis tout ce temps ?

Shirin Ebadi Non il ne fut pas un cadeau empoisonné. Malgré les souffrances infligées, malgré l’exil, malgré une vie privée qui a été affectée notamment par un divorce je continue de penser qu’en dehors du simple honneur, ce prix Nobel m’a donné l’occasion d’avoir accès à une plus large tribune dans le monde, à plus d’opportunités pour m’exprimer et pour dénoncer ce qui me parait valoir la peine de l’être au sujet des violations des droits de l’Homme dans mon pays. Toutes les épreuves qui m’ont été infligées sont attribuables uniquement et strictement à l’impossibilité pour le régime iranien de tolérer les combattants des droits de l’Homme. Avec ou sans Nobel, mon sort aurait été le même. Comme vous le savez j’ai déjà fait de la prison et je ne crains pas la prison. Mais la question que j’ai dû me poser était la suivante : d'où serais-je le plus utile pour défendre les droits de l’Homme dans mon pays ? L’étau s’était considérablement resserré avant la réélection d’Ahmaninedjad en 2009, j’ai donc fait le choix de l’exil. En prison on ne vous entend plus. J’ai gardé la leçon apprise par le cas de Akbar Ganji. Un jour que je visitais la prison d’Evin pour y parler à l’une des personnes que je défendais, je croisais la silhouette émaciée de cet éminent journaliste réformiste. Condamné à dix ans de prisons, il avait complètement disparu de la sphère médiatique iranienne. Il croupissait en prison depuis quatre ans sans que personne ne s’inquiète de lui.

A l’étranger je suis devenu la porte-parole des Iraniens du monde entier. C’est pour cela que je me retrouve à voyager dix mois par ans. J’ai écrit ce livre et beaucoup d’articles sur les bancs d’aéroport. Ce n'est pas une vie facile. J’essaie par là de contrecarrer tant soit peu la censure que subit le peuple iranien. Ce prix m’a offert des victoires importantes. Notre combat a permis par exemple à l’esprit de solidarité de se développer contre le régime. Je peux même dire aujourd’hui que le peuple iranien a fini de prendre acte que la révolution islamique de 1979 n’était pas la révolution populaire qu’il attendait. Et je suis persuadé que s’il y avait un référendum en Iran, la majorité du peuple, bien qu’étant musulman voterait pour un gouvernement laïc.

Justement, quelques heures avant votre arrivée en France ce mardi, on apprenait que Mahmoud Ahmadinejad, dont vous avez été une des cibles privilégiées lorsqu’il était président (2004-2012), ne pouvait se représenter pour un troisième mandat en mai prochain. Comment recevez-vous cette nouvelle ?

Shirin Ebadi Mahmoud Ahmadinejad était certes un dictateur corrompu, mais sa non-participation à la prochaine élection ne garantit en rien une amélioration de la situation. En Iran, les élections ne sont pas libres. Chaque candidat doit d’abord être approuvé par le conseil de sécurité de la République islamique. Or, ce conseil est dans les mains du guide suprême, qui choisit lui-même les candidats. Tout revient donc à la Constitution islamique, dans laquelle il est écrit que l’ensemble des pouvoirs découle du guide suprême nommé à vie. La plupart des difficultés que rencontre le pays sont donc avant tout le résultat des politiques édictées par Ali Khamenei en personne. N’est-ce pas lui qui, en 2009, a précipité la victoire de Mahmoud Ahmadinejad malgré les contestations des candidats rivaux et une insurrection populaire réprimée dans le sang ? En 2013, certains Iraniens ont nourri l’espoir d’un changement avec l’élection de Hassan Rohani, en vain. J’ai appris ce matin (hier mercredi) que Narges Mohammadi, ma collègue et amie du centre de défense des droits de l’homme de Téhéran, a vu sa condamnation à 16 ans de prison confirmée. Alors que Narges est malade et qu’un médecin officiel a demandé qu’elle soit hospitalisée, les autorités judiciaires ont refusé de la transférer. Le régime se venge d’elle et punit sa résistance. Aujourd’hui, sa vie est en danger. Narges n’a pas voulu rédiger une lettre de démission en échange d’une libération immédiate. Voilà comment notre régime traite une militante féministe dont le seul crime est de promouvoir les droits de l’homme ! Malheureusement, elle n’est pas la seule dans ce cas. En Iran, il n’y a pas de chiffres officiels concernant le nombre de journalistes, d’artistes, d’avocats ou de défenseurs des droits de l’homme emprisonnés. Comme je l’explique dans mon livre, les familles elles-mêmes hésitent à faire parvenir des informations concernant l’un des leurs lorsque celui-ci a été arrêté ou tué par le régime. Je tente pourtant de les convaincre de mettre leur témoignage sur la place publique. Les informations sont récoltées au compte-gouttes, parfois grâce au travail courageux de journalistes, d’informateurs engagés, ou encore par les réseaux de prisonniers qui, eux-mêmes, communiquent des informations. Avec ce seul matériel lacunaire, je peux affirmer qu’il y a aujourd’hui plus de mille prisonniers d’opinion enfermés dans les geôles du régime.

Et d’un point de vue personnel, y a-t-il eu un assouplissement ?

Shirin Ebadi : Il n’y a plus de menace sur ma famille, car le pouvoir a compris que rien ne me ferait céder. Cependant, l’un des chefs de renseignement qui m’a le plus harcelé est toujours en poste. Mahmudi - c’est sous ce faux nom qu’il se fait connaître - avait été missionné il y a dix ans maintenant dans le seul but de me briser moi et le centre des droits de l’homme que j’avais ouvert à Téhéran. Tous les moyens ont été utilisés pour me faire céder y compris depuis ma décision de rester en Europe après la réélection truquée d’Ahmaninedjad. Chantages, menaces, écoutes, destruction de mes bureaux, intrusion dans la vie privée de mes enfants. Tout a été fait pour trouver mon point faible mais ils n’ont pas réussi.


Il y a eu votre mari tout de même…


Shirin Ebadi Oui, mon mari a été une victime. Dans mon livre j’explique comment le gouvernement iranien a jeté dans ses bras une femme pour le piéger : leurs ébats ont été filmés. Mon mari a été condamné à mort par lapidation pour adultère. En échange de cette sentence, Mahmudi lui a proposé de lui anti-dater un contrat de mariage en échange de l’enregistrement d’une vidéo où il devait médire de moi et renier toutes mes activités. Vidéo qui fut ensuite diffusée sur les canaux de la télévision nationale. Mais le vrai coupable c’est le gouvernement iranien. Ce gouvernement qui dit d’une part que si les femmes montrent leurs cheveux cela met en péril l’Islam, et qui d’un autre côté n’hésite pas à utiliser des prostituées pour piéger les hommes et les filmer pour en abuser. Et cela s’appelle République islamique! Ce genre de mésaventures était déjà arrivé à d’autre personnes notamment certains de mes clients. Je leur avais demandé d’en parler de porter cela sur la place publique. Mais ces questions là sont tabous en Iran, personne ne veut en parler. En la personne de Mahmudi, Ahmaninedjad avait trouvé la personne idéale, comme un prolongement de lui-même et de sa haine contre moi. Mais Mahmudi n’est pas seul. Il est le symbole d’une jeunesse qui ne voit pas d’autres solutions que l’obéissance aveugle à un régime corrompu pour défendre leurs propres besoins et intérêts. Il est le produit d’un désespoir collectif. Je crois qu’il est très marqué par son ancrage social. Il est issu d’une famille très modeste marqué par le populisme d’Ahmaninedjad qui savait acheter les pulsions les plus basses de l’humanité à coup d’enveloppes remplis de billets et de phrases toute faite. Cet homme ne voit pas d’autres perspectives d’ascencion pour lui et c’est un homme ambitieux. Quand vous avez de l’ambition mais aucune perspective il ne vous reste plus qu’à obéir. Absolument.

En tant que première femme musulmane prix Nobel de la paix, vous êtes justement une figure tutélaire du féminisme au plan international. Comment analysez-vous la situation des femmes dans le monde en 2016 ?

Shirin Ebadi Malheureusement, le recul du droit des femmes augmente partout sur la planète. Et je m’en désole. On peut de façon générale attribuer ces reculs à la montée de l’extrême droite en Europe et à l’apparition de groupes extrémistes motivés par des raisons religieuses. La récente loi sur l’avortement passée en première lecture au Parlement polonais est le fruit du mariage consanguin entre le pouvoir nationaliste et l’Église catholique. La même chose existe en Hongrie. Et cela m’amène à constater qu’il y a beaucoup de points communs entre les groupes de fanatiques religieux tels que nous les connaissons dans nos régions et l’extrême droite en Europe. Le mépris de la femme et les lois discriminatoires à leur encontre font partie de la mentalité commune entre ces extrémismes de droite et le fondamentalisme musulman. Or, cette montée de l’extrême droite que l’on voit aussi en France, en Allemagne ou aux États-Unis s’explique en grande partie par l’échec des politiques de gauche. Et dans un monde anesthésiant où la technique a remplacé l’éthique, les femmes ne se battent plus autant qu’il y a cinquante ans. C’est aussi cela qui nous vaut des reculs en matière de droits des femmes. Dans la sphère musulmane, il y a aussi beaucoup à dire. Je voudrais d’abord parler de la burqa. Des femmes musulmanes se couvrent le visage, stipulant que la charia les y oblige. C’est faux ! Non seulement la charia ne demande pas aux femmes de se couvrir le visage, mais elle l’interdit. C’est écrit très clairement : si une femme se rend à La Mecque – qui est l’un des piliers les plus sacrés de l’islam – le visage couvert ou caché, son pèlerinage ne compte pas. De même, pendant la prière, le visage ne doit pas être couvert. Expliquez-moi donc comment une religion pourrait exiger d’une femme qu’elle ne se couvre pas le visage en allant à La Mecque et lui dire de le couvrir à Paris ? Il s’agit d’interprétations erronées produites par des sociétés patriarcales archaïques. Sans parler des questions sécuritaire et policière que cela induit. Dans toute société, il faut pouvoir identifier un visage. Il est donc normal qu’un État interdise le port de la burqa. Concernant le port du voile, c’est une autre question. Si, selon son libre arbitre, une femme choisit de se couvrir la tête et que cela ne se fait pas sous la pression des hommes de la famille, je ne vois pas comment ni pourquoi l’on pourrait l’en empêcher. Cela induit en fait la question de l’égalité homme-femme. Dans certaines sociétés occidentales, notamment en France, on perçoit le voile comme le symbole de l’islam, voire de l’islamisme, et de la soumission de la femme. Or, dans l’islam, le symbole équivalent chez l’homme est la barbe longue. Je pose la question : pourquoi donc la barbe n’est-elle pas montrée du doigt dans ces sociétés ? Pourquoi est-ce toujours la liberté des femmes, et plus largement le corps de la femme, qui pose problème ? La réponse est claire : il ne s’agit donc pas d’une question de laïcité mais bien d’un problème d’égalité homme-femme.

Certains intellectuels croient en un islam soluble dans les droits de l’homme. Pourquoi ces voix-là ont-elles du mal à se faire entendre ?

Shirin Ebadi Je suis musulmane, et en tant que musulmane, je constate que l’islam, comme toute culture, est sujet à certaines interprétations. Nous voyons bien qu’en Occident, une Église chrétienne pourra tolérer l’avortement, une autre le rejeter. Comme une Église pourra tolérer des mariages homosexuels et l’autre ne pas vouloir en entendre parler. L’islam connaît aussi toute une panoplie d’interprétations et de clivages, mais aujourd’hui, seule la voix des fondamentalistes porte. Que ce soit par leurs actes terroristes ou par le pouvoir politique comme en Iran ou en Arabie saoudite, ce sont eux qu’on entend le plus. Quant aux musulmans modernes, ils croient qu’il y a une compatibilité entre la charia et les droits de l’homme, mais leur travail et leur voix ne pénètrent pas le champ social. Pour ma part, je milite pour une laïcité affirmée. Je continue de penser que la Déclaration universelle des droits de l’homme ne se fonde pas sur un principe judéo-chrétien mais sur la question de la dignité universelle de l’homme. En cela, les Iraniens ont très largement apporté leur pierre. N’est-ce pas Cyrus II le Grand, roi de Perse, qui inscrivit pour la première fois dans l’histoire de l’humanité la première charte des droits de l’homme sur un cylindre d’argile ? S’il fallait redéfinir les droits de l’homme en fonction des systèmes juridiques ou religieux tels qu’ils fonctionnent aujourd’hui, il n’y aurait plus de droits de l’homme. Ce sont les religions qui doivent être interprétées dans le but de rentrer dans ce cadre et non l’inverse. Parce que la société évolue, les lois aussi – tout en préservant l’esprit – doivent évoluer. Par exemple, il est écrit dans le Coran qu’il faut couper la main d’un voleur. L’esprit de cette loi est de dire que le vol est une chose néfaste et qu’un voleur doit être puni. Mais comment définir cette punition ? Cela dépend du moment et de l’endroit où le vol a eu lieu. Au Moyen Âge, en Europe, on brûlait les voleurs et dans les pays musulmans, on leur coupait la main. Aujourd’hui, au XXIe siècle, il est évidemment absurde d’appliquer les mêmes châtiments. Pourquoi y a-t-il une résistance à cette évolution dans des pays comme l’Iran ou l’Arabie saoudite ? Parce que les gouvernements de ces pays s’accrochent au fait religieux dans une interprétation immuable volontaire et machiste du dogme qui facilite par la peur le système de corruption d’une certaine élite.

Comme vous l’expliquez dans votre ouvrage, vous connaissez personnellement la douleur de l’exil. Que vous inspirent les réfugiés que l’Europe a tant de mal à accueillir ?

Shirin Ebadi Mon centre des droits de l’homme est justement très attentif à ce problème. Les réfugiés vivent dans des conditions désastreuses, notamment dans les camps. Les pays occidentaux ne sont pas innocents dans cette affaire. Et je fais la distinction entre les peuples et les décisions politiques de leurs gouvernements. Je n’oublie pas que les États-Unis ont provoqué l’arrivée du régime des mollahs dont je condamne aujourd’hui la politique extérieure au Yémen et en Syrie. Je sais pertinemment que les intérêts économiques du gouvernement français le portent à vendre des armes à l’Arabie saoudite. Et si la France, à l’échelle du monde, reste le pays des droits de l’homme, je dis quand même à la France : il faut être bienveillant à l’égard des réfugiés. Si les personnes avaient le choix, elles ne seraient pas là. Avant d’être reconnues par l’État, d’avoir des papiers, elles n’ont aucun droit, pas même celui d’apprendre la langue. Or ce processus peut prendre deux ans. Pendant ce temps, ces personnes-là n’ont accès à rien. Elles n’ont pas d’argent, elles n’ont pas d’abri, elles n’ont pas accès à votre langue ni à votre culture. Les réfugiés sont donc malmenés, méprisés. Ce qui ne peut qu’entraîner des difficultés par la suite. Il faut que tous les États concernés mettent en place un système d’accueil convenable, en leur enseignant la langue et donc en rendant accessibles à ces femmes et ces hommes votre propre culture et les règles de vie qui en découlent tout en respectant la leur. Les réfugiés n’ont pas seulement besoin d’un toit et de nourriture. Ils ont aussi besoin de votre sourire.

Pour être enfin libre, de Shirin Ebadi. Éditions l’Archipel, 21 euros.

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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 06:24
Intervention de Declan Kearney, dirigeant du Sinn Fein, pour la réunification de l'Irlande permise par le Brexit, lors de la rencontre "Solidarité Irlande" du PCF avec le Sinn Fein le 24 septembre à l'occasion des 35 ans de la grève de la faim des prisonniers politiques irlandais

L'intervention de Declan Kearney à l'initiative de solidarité avec l'Irlande samedi dernier:

Il est temps de commencer à planifier l’unité irlandaise

Parallèlement à l’impact du soulèvement de Pâques, les morts des grévistes de la faim furent un grand tournant dans la plus récente phase de lutte politique pour atteindre la démocratie nationale et la réunification irlandaises.

La grève de la faim de 1981 a convaincu de nouvelles générations d’activistes politiques de rejoindre l’IRA, ainsi que le Sinn Féin, qui émergeait en tant que parti majeur dans l’Irlande moderne. Aujourd’hui, le projet stratégique du Sinn Féin est de construire une Irlande des Egaux, une République socialiste, dans laquelle tous les citoyens sont traités avec égalité, dignité et justice. Toutefois, le prérequis à l’atteinte de l’objectif républicain final d’une Irlande des Egaux de garantir l’indépendance nationale et la réunification territoriale au sein d’une démocratie représentative, ainsi qu'un processus de réconciliation et de guérison envers l'héritage de la politique britannique en Irlande, et du conflit politique, jette une longue ombre sur le présent.

La partition de l’Irlande demeure la principale contradiction au cœur des politiques et de la société irlandaises. Elle polarise et perpétue des divisions sociétales et communautaires.

La partition enracine l’hégémonie des forces conservatrices dans les Etats du Sud et du Nord, et facilite l’influence antidémocratique persistante de l’Etat britannique dans les affaires irlandaises. L’existence d’un Etat au Nord est toujours contestée en raison de la juridiction de l’Etat britannique et des violations de la démocratie nationale irlandaise qui en résultent.

Un élément essentiel pour l’émergence réussie du processus de paix a été le rôle stratégique positif de l’influence internationale. Cela a conduit à ce qu’aujourd’hui la paix et les processus politiques irlandais sont les projets les plus importants en Irlande. Il y a encore beaucoup à faire pour les deux.

Un contexte politique entièrement nouveau a été créé basé sur le partage du pouvoir politique à travers des institutions gouvernementales régionales sur mesure dans le Nord de l’Irlande entre partisans du Royaume-Uni et Républicains sous les auspices de l’Accord du vendredi Saint (Good Friday Agreement, GFA) signé en 1998.Sa signification résidait dans le fait que la reconnaissance du statu quo n’était pas une option et que construire le futur dépendrait de la gestion du changement à travers des compromis démocratiques et un accord. La souveraineté du parlement Britannique sur la réunification du territoire national a été retirée. À l'avenir, elle devra être déterminée au moyen de sondages sur les frontières, et de referendums sur l'unité irlandaise au Nord et au Sud, requérant une majorité pro-unité dans les deux Etats.

Rien ne saurait rester comme avant.

Depuis le début, le syndicalisme politique n'a pas réussi à soutenir inconditionnellement ce cadre. Et depuis lors, des sections importantes de cette circonscription électorale sont restées profondément hostiles à un partage du pouvoir et un gouvernement de partenariat comme une condition du Good Friday Agreement, avec les républicains et les nationalistes - notamment le Sinn Féin .

L'effet de cette profonde résistance négative au changement a été de ralentir et entraver la transformation démocratique du Nord commencée avec le processus de paix. Cela a d’autant été exacerbé par l’échec des deux gouvernements britannique et irlandais à remplir toutes leurs obligations aux termes du GFA, et d'autres accords résultant de périodes successives de négociations.

Ainsi, alors que le changement social politique fondamental est devenu irréversible et que la guerre a pris fin, l'absence d'une dynamique positive cohérente et l'existence d'une résistance négative au changement, maintiennent les processus de paix et politiques dans un état fragilité permanente.

Pendant cette période, la politique du gouvernement britannique a endommagé le processus politique dans le Nord. Les mêmes puissantes institutions de la sécurité et de l’armée britannique qui conduisaient la «sale guerre» de la Grande-Bretagne en Irlande exercent encore aujourd’hui une énorme influence sur la politique de l'Etat britannique. Ils ne veulent pas le progrès.

Ceux qui ont toujours été hostiles au processus de paix au sein des services du Ministère de défense et de sécurité Britanniques à Whitehall sont encore politiquement et psychologiquement en guerre avec la direction du Sinn Féin.

La leçon stratégique des six dernières années dans le Nord est que le processus de paix en Irlande ne peut pas être tenu pour acquis. Les gouvernements britannique et irlandais doivent prendre leurs responsabilités à la fois à l'égard du processus de paix et du processus politique, sur une base juste et équitable, afin d'éviter le développement de graves problèmes politiques.

Le gouvernement britannique n'a pas reconnu les circonstances économiques et sociales particulières du Nord. Il a continué à nier l'indépendance financière aux institutions politiques régionales et a refusé de mettre fin à ses politiques négatives d'austérité économique. Il a refusé de reconnaître son propre rôle dans le conflit politique en Irlande et d’accepter sa responsabilité d'aider à faire face au passé. Ces facteurs sont tous des obstacles au plein développement du processus de paix et au processus politique. La conduite du gouvernement Britannique dans les domaines politique et économique envers le Nord doit changer afin de permettre un progrès politique durable.

Ces dernières années, il y a eu des bouleversements sans précédent dans la politique irlandaise, au Nord et au Sud. L'incapacité du principal parti conservateur, Fine Gael, dans le sud de l'Irlande pour former une administration viable pour plus de soixante jours après la dernière élection générale démontre la fragmentation et le réalignement du système politique. Il est trop tôt pour dire si la tendance actuelle représente un réalignement politique durable, mais le statu quo est installé à travers l'île, et le potentiel existe pour qu’un plus grand changement puisse se faire.

Ce contexte découle des retombées gépolitiques et économiques de la crise financière internationale de 2008 et des courants idéologiques et politiques qui ont trouvé à s’exprimer dans la société irlandaise et à travers toute l'Europe occidentale et les Amériques.

De grandes différences idéologiques existent sur la façon dont la société irlandaise devrait s'organiser. Il y a une polarisation croissante entre les intérêts des droits des citoyens et de la communauté, et ceux des banques internationales et du capital.

Les politiques d’austérité mises en œuvre par l'État du Sud en raison de l’accord de « sauvetage » de la Troïka, ainsi que les mesures d'austérité imposées au gouvernement régional du Nord par la réduction de ses dépenses publiques par le gouvernement conservateur britannique, ont provoqué une crise d'austérité et de grandes difficultés économiques Nord et Sud.

Le sujet de l’austérité n’est pas la reprise économique. Il s’agit entièrement d’idéologie, de contrôle politique et d’enracinement de l’idéologie conservatrice. Voilà pourquoi elle est synonyme dans l'hémisphère Nord d’'autoritarisme politique, de déréglementation élargie et de recul de l'État.

C’est un agenda anti-démocratique en soi. Et ce sont les raisons pour lesquelles l’austérité a eu une influence omniprésente au sein de l'Union européenne. Et c’est pourquoi l'UE a joué un rôle vindicatif contre le gouvernement grec en 2015.

Dans le contexte irlandais, le Sinn Féin a été le moteur du réalignement politique et social en Irlande et la principale force d'opposition à l'austérité, au Nord comme au Sud.

En tant que fier parti internationaliste, nous érigeons notre objectif d'une Irlande des Egaux au sein d’une vision d'une Europe de Egaux.

En juin de cette année, le référendum sur l'adhésion de la Grande-Bretagne à l'UE, a une fois de plus radicalement changé le paysage politique et économique en Irlande.

La majorité des électeurs dans le Nord de l'Irlande de tous horizons politiques (et aussi en Ecosse) ont voté pour rester en Europe. Malgré ce résultat, la volonté démocratique exprimée par le Nord est maintenant annulée et renversée par un vote qui émane de l’Angleterre. Cela est inacceptable pour le Sinn Féin et la plus grande majorité de l'opinion dans le Nord et le Sud de l'Irlande. En réalité, ce référendum a été l’occasion d’un affrontement entre factions britanniques de droite conservatrice, alimenté par la xenophobie.

Tandis que le Sinn Féin a une analyse critique de l'UE, nous croyons que les réformes nécessaires ne peuvent être effectuées au sein de ses structures. D’un point de vue stratégique, il vaut mieux que l’Irlande soit à l’intérieur, plutôt qu'à l'extérieu, de l'avenir économique et financier de l’UE.

Le futur économique et financier des citoyens du Nord est devenu l'une des énormes incertitudes.

Il y a beaucoup de répercussions sur l'économie de toute l’île. 200.000 emplois en Irlande dépendent directement et indirectement des centaines de millions d'euros générés par les échanges commerciaux entre le Nord et le Sud chaque semaine. 3,5 milliards d’euros de financements et investissements européens ont été alloués au Nord pour la période 2014 à 2020. Environ 10% du PIB de l'économie régionale du Nord dépend de sa place au sein de l’UE. Le Brexit menace tout cela et plus encore. Le Brexit est le prix de la partition continue de l'Irlande.

L'impératif politique pour les institutions politiques du Nord doit être de se lever pour la démocratie locale et contre l'austérité. Le gouvernement de coalition régionale et le Parlement doivent respecter et soutenir la décision démocratique des électeurs du gouvernement nord-irlandais. Le gouvernement irlandais devrait convoquer un « Forum de toute l'Irlande » représentatif des partis politiques et de la société civile de l'île afin de se mettre d'accord et de présenter des propositions concrètes pour sécuriser la place du Nord de l'Irlande au sein de l’UE. Il est inacceptable que le nord de l'Irlande soit retiré de l'UE tandis que le reste de l'Irlande y reste. Le Brexit a une fois de plus mis en évidence les contradictions portées par la partition au sein de la politique irlandaise. Cela remet en question directement la démocratie et les intérêts nationaux irlandais.

Cependant, cela a également engendré une discussion politique et civique sans précédent en Irlande à propos de l’avenir.

Il a provoqué une importante réévaluation de l'avenir économique et politique du Nord; de la relation avec l'Etat britannique; et des dommages causés avec un le sud de l’Irlande restant au sein de l'UE tandis que le Nord en est exclus. Un danger inhérent à ces incertitudes existe qui risque de créer une nouvelle instabilité politique pour le processus de paix. Le Sinn Féin travaillera stratégiquement et politiquement avec d'autres parti afin d’éviter que cela se produise.

Nous croyons que ces nouveaux défis doivent être transformés en une conversation nationale positive sur la façon dont l'avenir constitutionnel, politique et économique de l'île peut être repensé et réécrit. Un réel potentiel a émergé pour permettre une nouvelle conversation populaire et inclusive en Irlande à propos de notre avenir commun; de la manière dont les relations peuvent être développées pour le plus grand bien; à propos de nouvelles dispositions constitutionnelles sur l'île, et d’une nouvelle relation entre l'Irlande et la Grande-Bretagne; ainsi que d'une nouvelle relation de confiance, ouverte sur l'extérieur, entre l'île d'Irlande, l'Europe, et la communauté internationale.

Le futur de l’Irlande, Nord et Sud, doit pouvoir évoluer dans le contexte des nouvelles relations internationales démocratiques progressistes fondées sur la solidarité sociale et une coopération démocratique mutuelle.

Le Brexit a tout changé et met au défi toutes les anciennes hypothèses sur le précédent constitutionnel, politique et économique du statu quo dans le Nord et le Sud de l'Irlande. Dans un contexte européen et mondial qui évolue rapidement, la décision du Brexit expose la contradiction de la partition, et la stupidité d’une situation qui verrait une partie de l'Irlande rester dans l'UE tandis qu’une autre partie de l'île serait maintenue en dehors de ce cadre politique et économique.

Le Sinn Féin estime que ce contexte représente une opportunité stratégique pour maximiser l'argument démocratique en faveur de la fin de la partition de l'Irlande, et en faveur de l'unité irlandaise, tant au niveau national qu’international.

Le processus de paix a été facilité et soutenu par la bonne volonté, le soutien et la diplomatie internationaux. Une fois de plus, la communauté internationale tient un rôle essentiel à jouer pour continuer à consolider le processus de paix et encourager la réconciliation et la guérison. Cependant, une nouvelle phase de changement politique est arrivée et l'influence politique stratégique significative de la communauté internationale devrait à présent aider à la planification d’une transition vers une nouvelle Irlande, acceptée et unie

Il est temps de mettre fin à la division de l'Irlande et de préparer la transition vers l'unité irlandaise. Un appui international positif pour encourager, convaincre et soutenir cet objectif est désormais nécessaire.

Intervention de Declan Kearney, dirigeant du Sinn Fein, pour la réunification de l'Irlande permise par le Brexit, lors de la rencontre "Solidarité Irlande" du PCF avec le Sinn Fein le 24 septembre à l'occasion des 35 ans de la grève de la faim des prisonniers politiques irlandais
Intervention de Declan Kearney, dirigeant du Sinn Fein, pour la réunification de l'Irlande permise par le Brexit, lors de la rencontre "Solidarité Irlande" du PCF avec le Sinn Fein le 24 septembre à l'occasion des 35 ans de la grève de la faim des prisonniers politiques irlandais
Intervention de Declan Kearney, dirigeant du Sinn Fein, pour la réunification de l'Irlande permise par le Brexit, lors de la rencontre "Solidarité Irlande" du PCF avec le Sinn Fein le 24 septembre à l'occasion des 35 ans de la grève de la faim des prisonniers politiques irlandais
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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 06:20
Pologne. Les femmes se mettent en grève pour défendre l’IVG (Courrier International)

Elles sont déjà des dizaines de milliers à avoir répondu en ligne à l’appel à la grève du lundi 3 octobre pour protester contre le projet de loi interdisant l’avortement, sur lequel se penche le Parlement de Varsovie.

Pour manifester leur opposition au projet de loi interdisant l’avortement, les Polonaises feront grève lundi prochain, annonce ce mercredi 28 septembre le grand journal d’opposition Gazeta Wyborcza. Selon ce projet, actuellement étudié par le Parlement polonais, dominé par le parti Droit et Justice (PiS), au pouvoir, toute femme qui avortera, et les personnes qui l’y aideront, sera passible d’une peine de cinq ans de prison.

Actuellement, l’accès à l’IVG est déjà très limité en Pologne. Selon la loi en vigueur, il n’est permis d’y avoir recours qu’en cas de risque pour la vie ou la santé de la mère, d’une grave pathologie irréversible chez l’embryon, et dans les cas de grossesses résultant d’un viol ou d’un inceste. Seuls les médecins qui pratiquent les IVG illégales sont punis.

Bataille sur un projet de loi interdisant l’IVG


C’est pour protester contre ce projet qu’un appel a été lancé sur Facebook.

Nous annonçons une grève préventive d’une journée. Nous l’avons nommée ‘Grève générale des femmes’. N’allez pas au travail ou à l’université. Prenez une journée libre, prenez une journée pour vous occuper de votre enfant (garantie par la loi sur le travail). Fermez votre commerce”.

L’appel a aussitôt été soutenu par des milliers d’internautes : le 28 septembre, 53 000 personnes avaient déjà indiqué qu’elles participeraient à la mobilisation. Elle a été lancée la semaine dernière par l’actrice Krystyna Janda, notamment connue pour ses rôles dans les films d’Andrzej Wajda. Le 28 septembre, elle a annoncé qu’elle-même ne se produirait pas le 3 octobre, dans son théâtre, et que les tickets seraient remboursés. La maire de Varsovie, Hanna Gronkiewiecz, issue du parti chrétien démocrate Plateforme civique, a pour sa part décrété que les femmes travaillant pour la mairie étaient libres de prendre leur journée.

Lundi noir

A l’initiative du mouvement, Krystyna Janda s’est inspirée d’une grève semblable en Islande, le 24 octobre 1975. “Ce jour-là, 90 % des femmes en Islande ont arrêté de travailler. Les femmes au foyer ont cessé les travaux domestiques, le ménage, la cuisine. Elles étaient 20 000 à défiler à Reykjavik. Elles demandaient l’égalité de traitement et des salaires”, rappelle Gazeta.

La Pologne veut interdire totalement l’avortement

“En démocratie, le refus de travailler est la forme la plus radicale de pression politique. Nous estimons que son application est justifiée”, note la rédaction du journal dans son éditorial publié en première page. “En conséquence de la loi, les femmes qui ont avorté seront poursuivies et pénalisées par la justice. […] Le durcissement de la loi aura pour effet le développement du marché noir de l’avortement”, souligne le quotidien de Varsovie qui propose, pour ce “lundi noir”, un congé payé à toutes ses salariées

De son côté, le journal conservateur Rzeczpospolita critique l’initiative, la qualifiant d’action “peu raisonnable”. Dans un texte intitulé “Les abstractions des féministes”un chroniqueur écrit : “en attisant la guerre sur l’avortement, les milieux pro-choice montrent bien, comme c’est souvent le cas pour les forces politiques en position défensive, qu’elles se laissent emporter par des émotions et commettent des erreurs”.

Portes ouvertes en Biélorussie

D’ici lundi, des protestations contre la loi sont prévues à travers le pays, notamment à Varsovie ce samedi.

En outre, les centres médicaux de la Biélorussie voisine seront prêts à accueillir les femmes polonaises si la loi est adoptée, rapporte Bielorousski Partizan. “Il suffit pour cela de signer un accord et de se munir de la somme suffisante, à savoir 230 roubles [3,20 euros], pour une IVG médicamenteuse”, explique-t-on à la clinique Horizon de Minsk. Il ne sera pas forcément nécessaire de se rendre dans la capitale : à l’hôpital de Grodno ou à la clinique Medline de Brest, “on ne leur fermera pas la porte au nez”.

Pour le pape, l’avortement pourra être pardonné, mais reste un péché

Le site d’information ajoute : “Les médecins et les infirmières les plus anciens se souviennent qu’il y a vingt ans, les Polonaises arrivaient en Biélorussie par cars entiers pour faire pratiquer des avortements de façon illégale”. Libre pendant la période communiste, l’avortement a été restreint en 1993 sous l’influence de l’Église catholique.

Service Europe de Courrier International

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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 06:18

Le choix scandaleux et déshonorant de Manuel Barroso de se vendre à l’un de ses anciens « contacts », la banque d’affaires américaine, fauteuse de crises à la réputation sulfureuse, Goldman Sachs, après avoir présidé, dix ans durant, la Commission européenne, a suscité un vent d’indignation tant parmi les citoyens qu’au sein même des institutions européennes.

Cette affaire était encore sur toutes les lèvres qu’un nouveau scandale consternant éclaboussait l’ex-Commission Barroso : Neelie Kroes, qui fut, de 2004 à 2014, l’un des piliers de l’exécutif européen, chargée du tout-puissant portefeuille de la « concurrence » avant d’être promue à la vice-présidence de la Commission, avait « oublié » qu’elle exerçait une responsabilité de direction dans une très opaque société offshore du paradis fiscal des Bahamas . Des cas flagrants de conflit d’intérêt si ce n’est de corruption -ce que les enquêtes devront établir.

Comment réagir face à des comportements aussi indignes qu’inacceptables de la part d’anciens hauts responsables politiques ? Sanctionner durement tout ce qu’ils ont commis d’illégal et durcir sensiblement les règles qui leur ont permis , le cas échéant, d’enfreindre « légalement » le code de déontologie correspondant à de si hautes fonctions ? Certainement. Mais cela ne fera pas le compte. Pour une raison bien triste mais trop réelle : ces deux affaires ne constituent que la partie émergée de l’iceberg dans une « Europe des marchés » , où la connivence entre finance et politique est la chose la mieux partagée.

Je ne veux pas du tout insinuer par là que tous les commissaires européens, ni même la majorité d’entre eux, seraient assimilables aux deux individus en question. J’en ai côtoyé de nombreux -fussent-ils des adversaires politiques patentés- à qui personne n’a jamais eu à reprocher d’avoir mis leur mission au service d’intérêts personnels. Pour autant, Barroso et Kroes sont loin d’être les premiers ex-membres de la Commission à avoir pratiqué le « pantouflage » -c’est à dire avoir, sinon pendant leur mandat, du moins après leur départ de l’exécutif européen, chèrement valorisé leurs connaissances et leur carnet d’adresses dans une grosse multinationale, travaillant de préférence dans leur domaine de compétence. Une ONG spécialisée dans ce type d’investigation et réputée pour son sérieux avait ainsi révélé à la fin du premier mandat de Barroso, en 2010, que 6 des 13 commissaires de son équipe avaient quitté leur poste pour se placer au service de grandes entreprises privées (1). Devant le tollé que provoqua déjà cette divulgation, le Président de la Commission s’engagea par écrit à ce que dorénavant les règles seraient alignées sur « les meilleures pratiques en Europe » (2). Ce ferme engagement n’empêcha pas qu’à l’issue de son second mandat, en 2015, la Commission Barroso compta… 9 membres (sur 28) « recyclés » dans de grands groupes privés, pour y exercer des fonctions interférant avec leurs anciennes missions publiques ! S’agirait-il chaque fois de quelque mouton noir égaré qu’il suffirait de punir ? Evidemment non: rappelons que chacun(e) de ces commissaires a , auparavant , exercé d’importantes responsabilités dans son pays , avant d’être proposé à l’UE par son gouvernement. Le mal est donc plus profond.

Dès lors, où gît le lièvre ? Dans les rapports incestueux qu’entretient quotidiennement l’exécutif de cette « Europe des marchés » avec les plus grands groupes et leurs puissants lobbies . Les « portes tournantes »entre les instances publiques et les intérêts privés y sont considérées comme naturelles. Ce n’est qu’au prix de ruptures radicales avec cette vision frelatée de la construction européenne qu’on tarira la source des « affaires » pour se concentrer sur la recherche du bien commun.

———
(1) Il s’agit de l’ONG « Corporate Europe Observatory ».
(2) Lettre de la Secrétaire générale de la Commission à ALTER-EU Steering Committee (9/6/2011)

Affaires Barroso et Kroes: partie émergée de l'iceberg (Francis Wurtz, l'Humanité Dimanche - 30 septembre 2016)
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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 05:44
Leila Shahid: "Pour les Palestiniens, Shimon Peres restera l'homme qui n'a pas mis en oeuvre les accords d'Oslo" (France Info, 28 septembre 2016)

Sur france info, Leila Shahid, ex-ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, a jugé Shimon Peres "décevant pour les partisans de la paix palestiniens mais aussi israéliens". L’ancien premier Ministre israélien est mort mercredi 28 septembre à l’âge de 93 ans.

France info, mercredi 28 septembre 2016

L’ancien premier ministre d’Israël et prix Nobel de la paix, Shimon Peres, est mort mercredi 28 septembre à l’âge de 93 ans, deux semaines après avoir été victime d’une attaque cérébrale. Leila Shahid, ancienne déléguée générale de l’Autorité palestinienne en France et ex-ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne, a estimé sur franceinfo que "pour les Palestiniens, il restera l’homme qui n’a pas mis en œuvre les accords d’Oslo."

franceinfo : Avez-vous le sentiment qu’il y a eu deux Shimon Peres ?

Leila Shahid : Oui, je dirais qu’il y a eu plusieurs Shimon Peres. L’homme qui a eu l’image respectable, cosmopolite, internationaliste et plutôt laïc d’Israël. Il y a eu plusieurs personnages parce que, comme tous les grands hommes politiques, il était complexe. Mais, pour les Palestiniens, il restera l’homme qui n’a pas mis en œuvre les accords d’Oslo, celui qui n’a pas su succéder à Yitzhak Rabin après son assassinat, celui qui a d’ailleurs perdu les élections face à Netanyahu et, pour cette raison-là, il a été décevant pour les partisans de la paix palestiniens mais aussi israéliens. Et puis surtout, l’homme qui a, au lieu de continuer à défendre le parti travailliste, a choisi d’aller avec Ariel Sharon.

Le dernier fondateur de l’Etat d’Israël a disparu. Pensez-vous que seuls les fondateurs avaient peut-être la capacité de faire la paix et que la "génération héritage" n’en a pas la capacité ?

Non ce n’est pas seulement cela. La société israélienne a changé, pas seulement les dirigeants. On est passés d’une société à majorité laïque, pionnière qui fondait un Etat qu’elle pensait être la protection ultime du peuple juif dans le monde, à un Etat qui est fait de religieux, fanatiques, nationalistes, dirigés par des racistes, fiers de l’être comme monsieur Lieberman qui est aujourd’hui ministre de la Défense. La société a changé, la Knesset a changé. C’est pour cela que c’est extrêmement tragique et que nous devons juger le legs de Shimon Peres à la lumière de sa trajectoire politique et historique. Je le juge assez sévèrement malheureusement.

>>Ecouter l’interview

i 28 septembre 2016

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29 septembre 2016 4 29 /09 /septembre /2016 17:34
Alep: leur massacre, notre impuissance? - Ziad Majed et Renaud Girard sur France Culture

Alep : leur massacre, notre impuissance ?

Nous recevons Renaud Girard, grand reporter et chroniqueur international au Figaro, Il est accompagné par Ziad Majed, politologue, professeur des études du Moyen-Orient à l'Université américaine de Paris, auteur du blog Vendredis arabes et de l’ouvrage Syrie, la révolution orpheline paru en 2014 aux éditions Actes Sud.

http://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins-2eme-partie/alep-leur-massacre-notre-impuissance

Ziad Majed était l'invité de l'université d'été d'Ensemble à Guidel. Nous devons le lien avec cette émission à un camarade d'Ensemble, François.

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