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28 novembre 2016 1 28 /11 /novembre /2016 08:02
 

Aujourd'hui, McDonald's réclame 19,8 millions de dollars à la ville de Florence pour avoir essuyé un refus d'implantation d'un "restaurant" de la marque sur la Piazza del Duomo, classée au patrimoine mondial de l’Unesco
La Piazza del Duomo est un joyau mondial, elle fait partie de notre patrimoine commun. La ville de Florence, en Toscane, essaie de promouvoir la SlowFood, la culture culinaire locale, elle étudie l’implantation de jardins collectifs et de toits potagers, cette ville promeut une alimentation plus saine pour ses citoyens et tente de préserver son patrimoine tant culinaire qu'historique.
Avons-nous là un aperçu des recours que les grandes multinationales pourront intenter demain en toute légalité ? Engager des procès contre des territoires qui veulent conserver une identité culinaire, des valeurs, un patrimoine ?

Mc Donald's dénonce une "injustice manifeste", un obstacle à la liberté d'entreprendre et réclame 17,8 millions d'euros de dommages & intérêts pour le manque à gagner d'un "restaurant" qui n'existe pas !
Mais comment cela est-il possible ? Comment protéger nos territoires contre l'appétit de ces grandes multinationales ? Est-ce là un avant-goût sauce burger des accords en cours de tractation entre l'Europe et le continent Américain ?

Nous, Citoyens Européens, soutenons la courageuse ville de Florence et son maire Dario Nardella dans cette lutte. Protégeons l'historique Piazza del Duomo de l'arche jaune et de son appétit insatiable, sauvegardons le patrimoine du centre historique de cette magnifique ville qu'est Firenze !

Article du Wall Street Journal
Article de La Tribune
Article de Le Monde  

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26 novembre 2016 6 26 /11 /novembre /2016 11:00
Mort de Fidel Castro: Pierre Laurent salue un des dirigeants du mouvement de l'émancipation humaine (Europe 1)

Le secrétaire national du Parti communiste français rappelle que Fidel Castro "a libéré son peuple en 1959".

Fidel Castro, décédé vendredi soir, "restera dans l'Histoire" comme "l'un des dirigeants du mouvement d'émancipation humaine", qui a notamment "tenu tête à l'impérialisme américain", a réagi samedi le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent.

"Il a tenu tête à l'impérialisme américain". Fidel Castro "a libéré son peuple en 1959, à l'époque où l'île était en quelque sorte le bordel et le casino des riches Américains. Et puis il a tenu tête à l'impérialisme américain. Dans le monde entier, dans l'Amérique centrale et latine, c'est un homme qui a beaucoup compté", a déclaré Laurent sur iTELE. "Ca a été dans le XXe siècle, l'un des dirigeants du mouvement d'émancipation humaine. La révolution qu'il a menée a eu lieu à l'époque de la décolonisation et s'inscrivait dans ce mouvement de restauration de la souveraineté des peuples. C'est ça qui restera dans l'Histoire", a poursuivi le sénateur de Paris.

"Son frère a été dans l'équipe de la Révolution dès le début". "Pour le reste, il y a des changements déjà en cours à Cuba (...) Je pense que ce mouvement de transformation va s'approfondir dans les mois qui viennent", a poursuivi le dirigeant communiste, soulignant que "la situation a évolué, y compris dans l'affrontement avec les Etats-Unis. "Son frère (Raul Castro) a été dans l'équipe de la Révolution dès le début. Ils sont évidemment différents, ne serait-ce que d'un point de vue personnel, et Raul a tenu un rôle moins en évidence pendant les premières décennies de la révolution, mais ils sont animés de la même volonté de maintenir la voie du socialisme à Cuba et de le faire en essayant d'approfondir régulièrement les voies démocratiques", selon Laurent.

"L'image qui va rester, c'est celle de la prise du pouvoir, de la prise du palais de la Moncada, de la révolution de 1959, celle où il a libéré son peuple. Et les images de Fidel et le Che vont également rester dans l'Histoire", a ajouté Pierre Laurent. La Moncada est en fait la caserne que Fidel Castro et ses partisans ont en vain tenté de prendre d'assaut le 26 juillet 1953. Cette date est devenue le nom du mouvement révolutionnaire du dirigeant cubain arrivé au pouvoir un peu moins de six ans plus tard.

 
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25 novembre 2016 5 25 /11 /novembre /2016 20:41
Turquie: les femmes: l'autre ennemi d'Erdogan (L'Humanité, Stéphane Aubouard, 22 novembre 2016)
Turquie. Les femmes : l’autre ennemi d’Erdogan
STÉPHANE AUBOUARD
MARDI, 22 NOVEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ

Outre les intellectuels, les artistes, les médias et les opposants politiques, le président turc continue de mettre au pas la gent féminine. Un projet de loi permettant à un violeur d’épouser sa victime mineure a été proposé.

«La vie d’une femme est défaillante et imparfaite si elle n’a pas réussi à être mère. Une femme devrait avoir au minimum trois enfants ! » Ces quelques mots prononcés par Recep Tayyip Erdogan, le 5 juin 2016, lors de l’inauguration officielle du nouveau siège de l’association turque Femmes et démocratie, résument brièvement mais justement le programme que le Parti pour la justice et le développement (AKP) met en place depuis treize ans qu’il est au pouvoir. Une politique conservatrice et patriarcale visant tout à la fois à ghettoïser les femmes dans un rôle restreint d’épouse et de mère et, dans le même temps, à mener une politique nataliste que le président islamo-conservateur défendait récemment par une formule lapidaire : « Une famille forte pour une nation forte ! »

Une dérive au minimum misogyne, voire gynophobe

Mais voici que la pression exercée sur le corps de la femme s’accentue un peu plus ces derniers jours. Le gouvernement turc a soumis au Parlement une proposition de loi qui permet, dans certains cas, d’annuler la condamnation d’une personne pour agression sexuelle sur mineure si l’agresseur épouse sa victime. La loi est passée en première lecture et, si elle est adoptée après un second vote, ce sont au moins 3 000 jeunes femmes qui se trouveraient obligées de se marier à leur violeur. « Il y en a qui se marient avant d’avoir atteint l’âge légal. Ils ne connaissent pas la loi. Ils ont des enfants, le père va en prison et les enfants restent seuls avec leur mère », s’est ainsi défendu sans honte le premier ministre turc, Binali Yildirim, justifiant ainsi une mesure visant à « lever cette injustice ».

Le fait même qu’une telle loi ait pu germer dans le cerveau de députés de l’AKP montre à quel point les femmes sont aujourd’hui considérées en Turquie comme citoyennes de seconde zone. Les chiffres sont accablants. Seules 30 % des femmes travailleraient aujourd’hui en Turquie, et bien peu à des postes de responsabilité. Sur les bancs de l’Assemblée nationale, avant la grande purge initiée après le coup d’État avorté du 15 juillet, elles n’étaient que 14 %. La grande majorité d’entre elles étaient issues du Parti démocratique des peuples (HDP), formation politique de la gauche laïque qu’Erdogan a décidé de criminaliser depuis lors (voir l’Humanité des 7 et 16 novembre). Mais, est-ce vraiment une surprise ? L’ONU et l’Union européenne, qui condamnent ce projet de loi, se réveillent bien tard (voir ci-après). Les signaux étaient nombreux qui montrent une dérive au minimum misogyne, voire gynophobe (haine de la femme). Lundi 24 novembre 2014, il y a deux ans presque jour pour jour, dans un discours en marge d’un sommet sur la justice et les femmes à Istanbul, le chef de l’État turc exprimait sa position sur le rôle de la femme dans la société : « Notre religion a défini une place pour les femmes : la maternité. Vous ne pouvez pas mettre sur un même pied une femme qui allaite son enfant et un homme. (...) Leur caractère, leurs habitudes et leur physique sont différents (…) Vous ne pouvez pas demander à une femme de faire tous les types de travaux qu’un homme fait, comme c’était le cas dans les régimes communistes (...). »

Les Kurdes ont fait de l’égalité homme-femme leur porte-drapeau

La bataille idéologique autour du sujet féminin fait rage en Turquie. Et outre les guerres de territoires, les batailles portées par l’AKP dans les zones kurdes, que ce soit en territoire turc ou syrien, ne sont pas sans rapport avec cette bataille idéologique. Politiquement et militairement, les membres du HDP ou les miliciens du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie, tout comme ceux du Parti de l’union démocratique (PYD) ou des Unités de protection du peuple (YPG/J) dans le Rojava (Kurdistan syrien), ont depuis longtemps fait de l’égalité homme-femme leur porte-drapeau. Au sud de la Turquie comme dans le Kurdistan syrien, cette égalité se matérialise par l’existence de comaires et de députés hommes et femmes confondus. Une pratique théorisée depuis longtemps par Abdullah Ocalan, le fondateur du PKK, emprisonné depuis dix-sept ans sur une île turque. Dans un essai intitulé Libérer la vie : la révolution de la femme, le leader kurde écrivait il y a quelques années : « Sans égalité entre les sexes, aucune exigence de liberté et d’égalité ne peut avoir de sens. Le principe fondamental du socialisme est aujourd’hui de tuer l’homme dominant. » Une formule définitive qui ne plaira guère à l’homme fort d’Ankara et sa garde rapprochée.

Lire aussi :

Le pouvoir turc met la pression sur l’Union européenne

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23 novembre 2016 3 23 /11 /novembre /2016 15:00
Elias Sambar

Elias Sambar

Elias Sanbar s’adresse à Anne Hidalgo

Choqué par le vœu adopté en Conseil de Paris à propos de la résolution de l’Unesco sur Jérusalem, Elias Sanbar, écrivain, poète et délégué permanent de la Palestine auprès de l’Unesco, a écrit le 9 novembre à la maire de Paris pour exprimer « l’indignation et le sentiment d’injustice » qu’il a fait naître chez les Palestiniens. 
Nous publions ci-dessous cette lettre. 
En pièce jointe, le vœu tel qu’il a finalement été adopté et qui ne figure toujours pas sur le site du Conseil de Paris. 
Les élus EELV, PCF et PG, ainsi qu’une élue socialiste ont voté contre. 

Elias Sanbar, vendredi 18 novembre 2016

Madame la Maire de Paris,

Je viens de prendre connaissance du "voeu" que vous venez d’adopter à la Mairie de Paris sur proposition de l’exécutif municipal et je vous écris pour vous dire la consternation de la délégation de la Palestine auprès de l’UNESCO.

Quant à la forme pour commencer avec sa liste de "considérants", qui ressemblent fort aux "attendus" d’un jugement émis par un tribunal de l’Inquisition qui, dans la grande tradition de cette dernière, ne se serait pas encombré d’entendre la version de la partie injustement incriminée.

Quant au fond également. Vous auriez-vous donné la peine de lire le texte de la Résolution coupable selon vous de négationnisme, vous auriez découvert que le texte en question souligne, en toutes lettres et à deux reprises, la centralité de Jérusalem d’une part, d’Hébron et de Béthléem d’autre part, pour les trois religions monothéistes.

Auriez-vous poussé un peu plus loin votre nécessaire quête de la vérité, vous auriez découvert que le texte que vous accusez de tous les maux est un projet conjoint rédigé à la fois par la Palestine et la Jordanie.

La Palestine que j’ai l’honneur de représenter, dont vous avez dernièrement honoré le Président pour son adhésion tenace à une paix juste et à une réconciliation véritable.

La Jordanie qui, comme vous le savez est signataire d’un Traité de paix avec Israël, et dont le monde entier, gouvernement israélien en tête, s’accorde à louer la politique constructive et pacifique.

La Palestine et la Jordanie qui se retrouvent accusées selon vous d’œuvrer à délégitimer une religion, "en l’espèce le judaisme", propos que nous jugeons proprement insultants pour sa Majesté le Roi de Jordanie et le Président de l’Etat de Palestine.

Insultants également pour les vingt-quatre Etats souverains qui ont voté en faveur de l’adoption de la résolution, rétifs aux pressions et menaces de représentant de l’actuel gouvernement d’extrême droite israélien.

Vous abordez la question d’une "dénomination", celle que nous avons effectivement refusé d’adopter.

Permettez-moi de vous dire qu’auriez-vous pris la peine de nous joindre, nous vous aurions expliqué que notre refus relève d’une seule et unique conviction : la demande persistante du délégué israélien, aux antipodes d’un quelconque respect des religions, ne vise qu’à une légitimation de l’annexion de la Ville occupée en 67 sous couvert du respect de la foi des citoyens juifs d’Israël. Pratique "toponymique" commune à tous les occupants de quelque religion qu’ils se prévalent.

Nous vous aurions également montré que notre mandat ne vise qu’à une seule délégitimation, celle de l’occupation de Jérusalem-Est, capitale occupée de l’Etat de Palestine.

Le ton de ma lettre peut vous paraître choquant. Il reflète l’indignation et le sentiment d’injustice flagrante que votre décision a fait naître chez nous. Vous ne nous avez pas habitués à cela.

Je termine en vous affirmant que, convaincu du grand danger que constitue le mélange de la religion et de la politique, je demeure à votre disposition pour toute explication claire et amicale.

Je joins à toutes fins utiles le texte de la Résolution incriminée et vous prie de croire, Madame la Maire de Paris, à mes respects et à notre désir de dissiper par le dialogue le malentendu né de cette décision injuste et malvenue.

Elias Sanbar

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22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 19:28
Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF avec Anne Sabourin

Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international du PCF avec Anne Sabourin

Intervention de Lydia Samarbakhsh, lors de la 18e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers

 

Chers camarades,

Je tiens tout d’abord à remercier la direction et le département International du Parti communiste du Vietnam pour l’organisation de la 18e Conférence internationale des partis communistes et ouvriers, et la qualité de l’accueil qui nous a été réservé.

J’adresse à tous les participants le salut fraternel chaleureux de Pierre Laurent, secrétaire national, et de la direction du PCF.

Le contexte de nos travaux est marqué par une forte exigence. Celle d’envoyer un signal d’espoir aux millions de travailleurs, aux peuples, aux jeunes et aux femmes, premières cibles des injustices, du monde entier qui luttent pour une société et un monde plus justes et plus humains.

Pour renforcer nos relations et approfondir nos échanges, cela implique de nous donner pour règle commune le strict respect de nos approches et de nos expériences respectives, et de nous concentrer sur nos compréhensions et des objectifs communs.

Au quotidien et dans la durée, le PCF consacre ses efforts à ouvrir, je cite notre résolution de congrès, «un processus de transformation sociale fondé sur les luttes, la bataille idéologique et les conquêtes de pouvoirs. Ensemble, nous pouvons bâtir un nouveau mode de développement productif, social et écologique, portant l’exigence féministe à l’égalité, l’aspiration à l’autonomie de chacune et chacun, l’appropriation et le partage des savoirs, des informations, des arts et des cultures», enfin pour ce qui nous concerne en France, nous voulons avec toutes les forces de gauche et citoyennes disponibles relever le défi de la refondation de la politique et de la République, et de la refondation de l’Europe.

Nous avons réaffirmé à notre dernier Congrès en juin 2016 qu’ «Au XXIe siècle, le grand dessein de l’humanité est d’en finir avec toutes les formes d’exploitation, de domination et d’aliénation, de l’homme par l’homme, de l’homme sur la femme, de l’activité humaine sur la nature.» C’est le mouvement que nous nommons pour notre part, le «communisme de nouvelle génération».

Je concentrerai mon intervention sur les enjeux devant lesquels nous sommes placés en France et dont l’issue aura un impact au plan européen comme international.

La politique menée depuis 2012 a persévéré dans le choix des politiques d’austérité et d’attaques contre les droits des travailleurs, et nous nous trouvons à la veille d’une année électorale importante avec les élections présidentielle et législatives de 2017.

Elles interviennent dans un contexte économique et social désastreux pour les catégories populaires et de crise européenne approfondie.

La fin de mandat du président François Hollande voit se profiler le danger sérieux non seulement de voir la droite reconquérir le pouvoir mais de la voir adossée à une extrême droite plus forte que jamais depuis 70 ans.

Les politiques d’austérité et anti sociale menées par les gouvernements européens et imposée par les traités européens ont conduit l’Union européenne à une crise que les dirigeants européens eux-mêmes qualifient d’existentielle.

Il n’y aura pas de statu quo possible.

Trois conceptions de la construction européenne s’affrontent:

  • une conception ordolibérale qui veut pousser les logiques libérales à leur terme au risque de déboucher sur une «Europe» à plusieurs vitesses selon une partition Nord-Sud;
  • une conception d’extrême droite de divisions qui veut se saisir des risques de dislocation du cadre libéral européen, de destruction de l’Europe, pour accélérer une dynamique de conquête du pouvoir dans chacun de nos pays et alimenter la compétition entre les nations;
  • et la 3e conception est celle que nous défendons «l’option de la reconstruction d’une Europe de coopération, de solidarité, d’une Europe de souveraineté qui doit laisser plus de place aux pouvoirs de chaque nation de négocier démocratiquement son insertion dans cette Europe de solidarité. Nous parlons d’une Europe à géométrie choisie, c’est-à-dire une Europe où la participation au projet européen doit, à chaque fois, être librement consenti par les pays.»

Cette 3e conception est confrontée à l’exigence de plus grandes et plus fortes convergences de luttes et d’actions populaires au plan européen pour renverser le rapport de forces aujourd’hui largement favorables aux marchés financiers et au patronat.

Même s’il y a encore beaucoup à faire, les derniers événements sur le CETA montrent que les forces existent pour ce combat, et que des victoires sont possibles ouvrant sur de nouvelles phases de l’affrontement avec le capital.

Devant les échéances électorales, nous travaillons à unir les forces de la gauche antilibérale et antiaustérité pour faire émerger une alternative non seulement à la droite mais au gouvernement et président sortants.
Ces derniers ont trahi jusqu’aux principes et valeurs de la gauche en menant une politique aux ordres du patronat et des marchés financiers, en aggravant les coupes budgétaires, la casse de l’outil industriel national, et en relançant une politique interventionniste en Afrique, au Proche-Orient.

Les projets de la droite pour la France et l’Europe ne permettent en aucun cas de banaliser la perspective de leur retour au pouvoir.

Si la France basculait massivement en 2017 à droite et à l’extrême droite cela aurait les pires conséquences pour l’Europe et le monde: l’exemple de la Grande-Bretagne et des conséquences du Brexit doit alerter ceux qui pensent naïvement que la colère seule, sans perspective ni espoir de transformation profonde, apporterait un changement bénéfique à notre peuple.

Les forces sociales-libérales et réactionnaires alimentent une profonde crise politique, démocratique et des institutions qui détournent des élections de plus en plus de citoyen-ne-s et travailleurs qui ont intérêt à s’unir sur un projet de transformation sociale. Divisés et démobilisés, les travailleurs restent sous la coupe de politiques faites par et pour le patronat et les marchés financiers.

Mais pour que l’espoir et la mobilisation reviennent, il est nécessaire que le mouvement populaire s’impose dans le débat politique pour tourner la page des cinq ans de pouvoir de François Hollande et bâtir un projet politique de gauche pour le pays fondé sur ses aspirations et exiences.

Ces derniers mois nous avons donc organisé à l’échelle du pays une campagne de consultation de masse sur les grandes questions sociales, économiques et politiques que les catégories populaires veulent imposer à l’ordre du jour de la campagne électorale.

Nous sommes allés à la rencontre de 400 000 personnes. 65 000 femmes et hommes ont rempli un formulaire énonçant leurs priorités, et nous allons prendre de nouvelle initiatives pour développer en profondeur ce travail politique à la fois d’élaboration et de rassemblement.

Nous lançons dans une semaine notre campagne électorale en proposant 7 axes d’action remettant les besoins humains, sociaux et écologiques au coeur de l’action politique et des enjeux des prochaines élections.

  • PRENDRE LE POUVOIR SUR LA FINANCE: avec la création d’un pôle public bancaire et la nationalisation de la BNP-Paribas et de la Société générale.

     
  • INVESTIR POUR DEMAIN: avec l’abrogation de la loi El Khomri au profit d’une loi de la sécurisation de l’emploi et de la formation, du passage aux 32h et de la retraite à 60 ans.

     
  • L’EGALITE FEMMES-HOMMES MAINTENANT! avec un renforcement immédiat des dispositifs contraignants pour l’égalité salariale et professionnelle.

     
  • UNE FRANCE PROTECTRICE ET SOLIDAIRE: avec un plan de relance des services publics et lutte contre les inégalités (suppression de la TVA sur les produits de 1ère nécessité et l’interdiction des coupures d’énergie et d’eau, et des expulsions locatives pour cause de précarité).

     
  • PRODUIRE AUTREMENT: avec la création d’1 million d’emplois dans les filières d’avenir: l’énergie avec notamment les énergies renouvelables, l’automobile propre, les transports urbains et ferroviaires, la rénovation thermique des bâtiments, l’agriculture paysanne, l’aérospatiale, la navale et le numérique.

     
  • DE LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE AU RENOUVEAU DE LA POLITIQUE: la réduction des pouvoirs du Président de la République et la suppression du 49-3 au profit d’un renforcement de ceux de l’Assemblée et la stricte limitation du cumul des mandats accompagnée d’un statut de l’élu.

     
  • L’OFFENSIVE POUR CHANGER L’EUROPE: l’abrogation du traité budgétaire européen, quitte à retirer la signature de la France, au profit d’une loi anti-dumping social et de la création d’un fonds européen pour l’investissement et la création d’emplois.

Enfin, nous préparons le lancement de deux campagnes populaires qui touchent aux enjeux internationaux et au combat internationaliste.

L’une pour la paix et la culture de paix pour viser la construction d’un mouvement de masse pour la paix par l’appropriation populaire des grands enjeux internationaux et européens pour imposer, en la rendant incontournable, l’aspiration populaire de paix et sécurité collective, et un changement de politique internationale et européenne de la France — ce qui commencerait pour la France par quitter l'OTAN, lutter pour sa dissolution, et travailler avec l'ONU pour la mise en œuvre de cadres régionaux et multilatéraux de coopération et de sécurité collective.

L’autre «Pour une France solidaire et une France, terre d’hospitalité» pour les migrants par une bataille politique et idéologique afin de faire prévaloir, et rendre visible, un contre-discours aux appels à la haine et la violence de l'extrême droite, en même temps que nous aidons à la mobilisation pour des solutions politiques d’urgence et durables fondées sur l’exigence de solidarités à développer dans toute la société, et avec les migrants en France comme dans l'UE avec la Grèce et l'Italie, qui paient au prix fort le poids insoutenable des directives de Dublin et de l'austérité européenne.

Chers camarades,

Si le Parti communiste français participe à la 18e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers comme il participe à toutes les initiatives qui contribuent à renforcer les liens entre forces de gauche et révolutionnaires, c’est parce que nous croyons fermement que tout le monde a besoin de tout le monde dans nos combats à l’échelle nationale, régionale et notre engagement internationaliste contre la domination capitaliste.

Nous sommes maintenant à un stade où a grandi de manière significative la conscience des inégalités insoutenables que le capitalisme crée; cela nous appelle à jouer notre rôle pour unir toutes les forces progressistes - dans le plein respect de leur diversité - et de promouvoir des solutions politiques transformatrices pour une nouvelle phase de développement du genre humain.

Hanoï, 18e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers
28 au 30 octobre 2016

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20 novembre 2016 7 20 /11 /novembre /2016 07:37
"La révolution des gens ordinaires", extraits d'un article de juin 2011 de Yassin Al-Haj Saleh (La question syrienne)

"La question syrienne" de Yassin Al-Haj Saleh - La révolution des gens ordinaires face au pouvoir fasciste et mafieux du clan Assad

"J'avais 10 ans quand Hafez el-Assad est arrivé au pouvoir, 20 quand il m'a jeté en prison et 35 quand j'en suis sorti. On peut dire que je connais le système de l'intérieur.... Mon livre est un acte de résistance basé sur la lutte des idées, du savoir, et non sur la compassion. Il y a beaucoup d'écrits sur la Syrie où l'émotion domine. J'ai essayé de m'en éloigner parce que je trouve le message plus fort ainsi. Je veux que les gens réfléchissent sur ce que signifie un régime qui emprisonne, torture et tue."

(interview de Yassin Al-Haj Saleh au Journal du Dimanche, 15 mai 2016)

Ces articles profonds et lumineux d'intelligence, de profondeur politique et de rigueur éthique, de Yassin al-Haj Saleh, né en 1961 à Raqqa, et qui passa seize ans dans les prisons syriennes où il a été jeté à vingt ans pour appartenance au Parti Communiste d'opposition, grande figure intellectuelle de l’opposition démocratique syrienne, n’ont jusqu’à présent jamais été regroupés en un seul volume, ni en arabe ni dans une autre langue.

Les éditions Actes Sud nous donnent enfin à lire l'analyse d'un grand intellectuel syrien progressiste sur le fonctionnement du régime de Bachar-al-Assad, les raisons de la révolution syrienne, la stratégie du régime pour se maintenir au pouvoir coûte que coûte en faisant la guerre à sa société et en confessionnalisant le conflit, le devenir de la guerre civile, théâtre d'ambitions et de manipulations internationales.   

En lisant ces articles puissants de Yassin Al-Haj Saleh, publiés sur 4 ans entre le début de l'année 2011 et novembre 2015, écrits dans quatre villes - Damas, Douma dans la Gouta, la "plaine fertile" de Damas, Raqqa, et Istambul- où Yassin Al-Haj Saleh a été obligé de s'exiler après l'enlèvement de sa femme, Samira al-Khalil, militante et ancienne détenue (de 1987 à 1991) du régime comme lui, par une organisation salafiste, on comprend la méprise et l'indécence de cette opinion, de plus en plus défendue, qui voudrait que le régime de Bachar-al-Assad soit un rempart contre l'islamisme obscurantiste et la domination américaine ou saoudienne sur cette partie du monde et un "moindre mal" car offrant des conditions de stabilité, de laïcité, sans commune mesure avec les bandes islamistes qui le combattent. 

 

Yassin al-Haj Saleh

« La révolution des gens ordinaires : questions morales, culturelles et politiques »

Damas, juin 2011

 

« La révolution syrienne constitue une expérience hors du commun pour des centaines de milliers de Syriens, une épreuve aussi bien morale que politique, un renouvellement psychique autant qu'un changement social. C'est une insurrection contre soi et une révolution contre ce qui est.

Défiant les dangers de détention, de torture et de mort, des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des hommes, bouleversent leurs vies et se renouvellent à travers la participation au mouvement de protestation. Ils sortent plus forts de cette expérience, plus courageux et plus entreprenants. Ainsi ils se respectent eux-mêmes davantage »

 

« Aujourd'hui, il existe deux forces en Syrie : le régime et le soulèvement populaire, que j'appelle « intifida ».

La première possède les armes, l'argent et la peur mais est dépourvue de tout sens. La deuxième possède le défi et le goût de la liberté. L'intifada est l'incarnation de l'altruisme extrême : le sacrifice. Le régime est l'incarnation de l'égoïsme extrême qui pourrait mener à la destruction du pays pour faire survivre une clique médiocre aux plans intellectuel, politique et éthique. L'intifada est une révolte morale et politique, elle produit la plus grande rupture dans l'histoire contemporaine de la Syrie depuis l'indépendance. Le régime, lui, est en guerre contre la société syrienne ; pour qu'il survive, il faut que la société soit malade, divisée et dépourvue de confiance en elle-même ».

 

« Désormais, la Syrie n'est plus la Syrie d'Al-Assad ou du Baath. En nommant et ressuscitant les noms, l'intifada se fait créatrice de subjectivités, d'initiatives et d'actions libres, alors que le régime a tout fait pour réduire la Syrie et les Syriens à des objets soumis à une seule et unique subjectivité libre : Al-Assad. L'intifada dévoile la richesse longtemps occultée de la Syrie, sa richesse sociale, culturelle et politique, la richesse de ses enfants dont les traits ont été effacés. Elle leur donne la parole : ils crient, ils protestent, se moquent, chantent et reprennent l'espace public ou plutôt le libèrent d'une occupation quasi totalitaire ».

 

« La politique de Bachar-al-Assad, celle de la « modernisation et du développement » se base essentiellement sur le renouvellement des outils et appareils (nouvelles voitures, centres commerciaux, hôtels et restaurants luxueux, banques, écoles et universités privées pour l'élite du pays), mais sans contenu humain ou politique d'intérêt général. Rien en matière de droits politiques, de libertés publiques, de solidarité sociale, de culture. Bien au contraire, la solidarité sociale et nationale entre les Syriens s'est gravement délitée... Cette combinaison entre un régime politique suranné et inhumain d'un côté et une vitrine matérielle brillante de l'autre est la marque de fabrique du système en place. Cela fait de lui plus qu'un régime autoritaire : il s'agit d'un système social, politique et intellectuel basé sur la discrimination presque raciale par le monopole du pouvoir et de la richesse nationale. Ce monopole est une des raisons majeures de la protestation populaire et explique pourquoi celle-ci a débuté dans les régions périphériques et rurales du pays et les banlieues. La libéralisation économique qui a eu lieu il y a quelques années a engendré un modèle de développement favorable aux grandes villes au détriment de la province, aux centres au détriment des quartiers « périphériques » et à de nouvelles banlieues riches au détriment des anciennes banlieues populaires, vers lesquelles on a expulsé la population déclassée, qui a subi les conséquences désastreuse de ce « développement » libérale autoritaire.

Marginalisés, ces zones ont vu grimper le taux de chômage en raison du changement de la nature de l'offre (utilisation des nouvelles technologies, langues étrangères). Cela s'ajoute au recul du rôle social de l’État et à la transformation de ses représentants locaux en notables fortunés et arrogants, gouvernant la population tels des émissaires étrangers n'ayant ni respect ni sympathie à son égard. Le cousin germain du président, Atef Najib, qui avait arrêté puis torturé des enfants de Deraa juste avant le déclenchement de l'intifada, puis suggéré à leurs pères que ses hommes en fassent de nouveaux à leurs épouses s'ils étaient impuissants, est l'exemple type de l'homme de pouvoir brutal, inhumain et bénéficiant d'une impunité absolue.

Certains intellectuels ont contribué à entretenir cette situation en défendant une approche autoritaire de la laïcité qui se contente de réduire le rôle de la religion dans la vie publique sans se prononcer sur le système politique et les élites qui en tirent profit. Cette approche aristocratique et mensongère de la laïcité a justifié la conduite brutale et méprisante du pouvoir à l'égard des classes populaires et la suppression des garde-fous éthiques et intellectuels censés protéger la vie de la majorité. Sans compter la dérive vers un culturalisme quasi raciste (le racisme étant une idéologie de classe et non d'identité, pour reprendre Benedict Anderson). Certes, Atef Najib n'est pas un lecteur assidu d'Adonis, Georges Tarabichi ou Aziz al-Azmeh. Néanmoins, ces auteurs ont involontairement contribué à lever les barrières symboliques, morales et intellectuelles qui auraient pu empêcher l'émergence d'ogres de son espèce.

Au final, on peut dire que la révolution syrienne a éclaté contre une modernisation économique libérale privilégiant les riches, contre une modernité sans contenu émancipateur, se limitant au secteur bancaire, aux universités privées et aux voitures de luxe. C'est une révolution contre un régime qui a fait de « modernisation et développement » une doctrine masquant la relation privilégiée et illégitime entre le pouvoir et l'argent. C'est une révolution contre les riches qui ont pillé le pays du temps du socialisme baathiste avant de devenir les seigneurs de l'économie libérale. Et contre les idéologues qui ont fait de la « modernité » une nouvelle religion... »

 

« (...) La révolution syrienne rassemble divers milieux locaux qui se révoltent contre les privations et l'intrusion brutale des services de sécurité dans leurs vies et réseaux de solidarité. Elle mobilise aussi des individus modernes, éduqués et cultivés, des hommes et des femmes aspirant à la liberté et à l'autonomie individuelle. Ce qui relie ces deux catégories est leur attachement au travail comme moyen de subsistance, mais aussi comme boussole morale dans leur vision du monde. Elles constituent ensemble la société syrienne « publique » par opposition à celle, « privée », qui se définit par le pouvoir, l'argent ou par une prétendue distinction culturelle et intellectuelle.

La liberté que défendent et pour laquelle se sacrifient des jeunes, croyants et non croyants, de la classe moyenne éduquée et de ses franges les plus défavorisées, signifie pour eux la reconstruction politique et éthique autour de la valeur travail. Une valeur radicalement opposée à celle du pouvoir et de ses alliés... La primauté du mot d'ordre de « liberté » indique tout simplement que l'on est convaincu que la justice dépend de l'élimination de la tyrannie ».

"La révolution des gens ordinaires", extraits d'un article de juin 2011 de Yassin Al-Haj Saleh (La question syrienne)
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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 19:54
Journée mondiale de l'enfance le 20 novembre: 25 millions d'enfants menacés d'exclusion sociale en Europe (L'Humanité, jeudi 17 novembre 2017)
25 millions d’enfants menacés d’exclusion sociale en Europe
JEAN-JACQUES RÉGIBIER
JEUDI, 17 NOVEMBRE, 2016
L'Humanite
D’après le rapport de l’office de statistiques de l’Union européenne Eurostat, plus d’un enfant sur quatre est menacé de pauvreté ou d’exclusion sociale en Europe. Une situation qui s’est particulièrement dégradée au cours des 5 dernières années en Grèce et en Italie.

C’est un de ces chiffres qui nous rappelle au réel comme un coup de massue.
Plus du quart des enfants qui vivent dans l’Union européenne sont en voie d’exclusion sociale: très exactement 26,9% de la population âgée de 0 à 17 ans. Cette menace d’exclusion est mesurée par Eurostat à partir de critères très précis et quantifiables que sont les revenus et les conditions de vie des ménages dans lesquels vivent ces enfants. Elle concerne tout d’abord la pauvreté.

25 millions d’enfants européens vivent dans une famille pauvre, c’est-à-dire une famille dont les revenus ne dépassent pas 60% du niveau de vie moyen des familles du pays concerné.
Ce sont aussi des enfants qui, selon l’expression employée par Eurostat, sont « en situation de privation matérielle grave », c’est-à-dire que leurs conditions de vie sont fortement dégradées en raison des difficultés qu’affronte la famille. Concrètement, cela signifie par exemple que leurs parents ne peuvent plus payer leur loyer ou les factures de consommation courante dans les délais, ou bien qu’ils ne peuvent plus faire face à une dépense imprévue. Ce sont aussi des familles qui ne peuvent plus chauffer convenablement leur foyer, qui ne peuvent plus consommer de viande, de poisson, ou un équivalent  protéiné tous les deux jours, ou bien qui ne peuvent pas accéder à des biens courants comme la machine à laver, le téléviseur ou le téléphone.
Encore faut-il préciser que cette moyenne qui mesure l’exclusion sociale des enfants dans l’Union européenne masque des inégalités très fortes entre pays. D’un côté les pays très pauvres comme la Roumanie, où c’est presque la moitié des enfants qui vivent dans la pauvreté ( 46,8% ), ou bien la Bulgarie ( 43,7% ), de l’autre, certains pays du nord de l’Europe où le nombre d’enfants frappés par l’exclusion ne concerne guère plus d’un enfant sur 10, comme la Suède ( 14% ), la Finlande ( 14,9% ) ou le Danemark ( 15,7%.)
On remarquera aussi la situation particulièrement difficile de l’enfance en Grèce ( 37,8% des enfants en situation de pauvreté ), ainsi qu’en Espagne ( 34,4% ) et en Italie ( 33,5% ), ce qui signifie que dans ces pays, c’est plus d’un enfant sur 3 qui est menacé d’exclusion.
 
A noter qu’au Royaume-Uni, que l’on n’aurait pas tendance à considérer spontanément comme un pays en difficulté au vue de ses autres indicateurs économiques, le sort des enfants n’est guère plus enviable puisque plus d’un sur 3 ( 30,3% , à égalité avec l’Irlande ) est concerné par l’exclusion, une situation qui s’est d’ailleurs aggravée au cours des 5 dernières années ( 29,7% en 2010 .)
On ne remerciera jamais assez Ken Loach de continuer à nous montrer dans la réalité britannique de tous les jours, cette lente décomposition sociale qui résulte, depuis Tatcher, du creusement forcené des inégalités dans un pays riche qui ne jure que par la Bible libérale et la guerre aux droits sociaux, dont les victimes les plus fragiles sont, au bout du compte, les enfants. Il est vrai qu’au Royaume-Uni, cette réalité ne date pas d’hier puisqu’au XIXème siècle déjà, l’exploitation des enfants, contraints de travailler dans la grande industrie dès leur plus jeune âge, avait été porté à un tel niveau que la survie même de la classe ouvrière apparaissait menacée aux institutions médicales de l’époque, qui avaient tiré la sonnette d’alarme.
 
La France, comme l’Allemagne, ne figurent pas parmi les plus mauvais élèves du tableau, même si un enfant sur cinq continue à y être menacé, ce qui est encore beaucoup. Mais - et c’est un indice rassurant - dans ces deux pays, la situation s’est un peu améliorée au cours des 5 dernières années.
Elle s’est également très sensiblement améliorée en Pologne, pays qui vient de repasser légèrement au dessus de la moyenne européenne.
Ce n’est malheureusement pas le cas partout. On remarquera de ce point de vue la dégradation alarmante de la situation en Grèce , pays d’Europe où l’on enregistre la plus forte augmentation des indices qui mesurent la pauvreté des enfants depuis 2010 : près de 10 points en plus en 5 ans, faisant de la Grèce le 3ème pays d’Europe où le sort des enfants est le moins enviable. On jugera, d’après ces chiffres, les résultats délétères de la politique d’austérité imposée par l’Union européenne à la Grèce depuis plusieurs années.
A noter également la situation difficile pour les enfants en Espagne et en Italie, pays où la situation s’est également aggravée au cours
des 5 dernières années, contre la tendance générale qui prévaut en Europe, et qui est légèrement en amélioration.
 
Rôle crucial de l’éducation des parents
Bien sûr, cette tendance à la marginalisation sociale des enfants est en lien direct avec le chômage des parents, mais pas seulement, et c’est l’un des enseignements majeurs de cette enquête de l’organisme européen des statistiques.
Le niveau d’éducation des parents joue aussi un rôle déterminant.
On remarque ainsi que plus le niveau d’éducation des parents augmente et plus le risque d’exclusion sociale et de pauvreté des enfants diminue. Ce constat est valable dans absolument tous les pays européens.
Ce qui tendrait à prouver qu’une forte politique éducative est un puissant rempart contre la dégradation sociale, notamment - c’est ce que montre les chiffres - pour la génération qui vient. Moins les parents sont éduqués, et plus grand est le risque de voir leurs enfants sombrer eux aussi dans le déclassement.
Aujourd’hui, près des deux tiers (65,5%) des enfants dont les parents ont un faible niveau d’éducation ( premier cycle de l’enseignement secondaire, au mieux) sont menacés de pauvreté dans l’Union européenne. Cette menace ne touche qu’un tiers des enfants dont les parents ont un niveau d’éducation qu’on peut qualifier de moyen ( second cycle de l’enseignement secondaire ), et seulement 10% des enfants dont les parents ont suivi un enseignement supérieur.
Ce constat, évident pour les acteurs de terrain qui travaillent tous les jours dans le secteur social, est entièrement confirmé par les mesures et informations collectées au niveau européen par Eurostat. La Journée mondiale de l’enfance aura lieu dimanche prochain 20 novembre.
 
C’est un de ces chiffres qui nous rappelle au réel comme un coup de massue.
Plus du quart des enfants qui vivent dans l’Union européenne sont en voie d’exclusion sociale: très exactement 26,9% de la population âgée de 0 à 17 ans. Cette menace d’exclusion est mesurée par Eurostat à partir de critères très précis et quantifiables que sont les revenus et les conditions de vie des ménages dans lesquels vivent ces enfants. Elle concerne tout d’abord la pauvreté.
25 millions d’enfants européens vivent dans une famille pauvre, c’est-à-dire une famille dont les revenus ne dépassent pas 60% du niveau de vie moyen des familles du pays concerné.
Ce sont aussi des enfants qui, selon l’expression employée par Eurostat, sont « en situation de privation matérielle grave », c’est-à-dire que leurs conditions de vie sont fortement dégradées en raison des difficultés qu’affronte la famille. Concrètement, cela signifie par exemple que leurs parents ne peuvent plus payer leur loyer ou les factures de consommation courante dans les délais, ou bien qu’ils ne peuvent plus faire face à une dépense imprévue. Ce sont aussi des familles qui ne peuvent plus chauffer convenablement leur foyer, qui ne peuvent plus consommer de viande, de poisson, ou un équivalent  protéiné tous les deux jours, ou bien qui ne peuvent pas accéder à des biens courants comme la machine à laver, le téléviseur ou le téléphone.
Encore faut-il préciser que cette moyenne qui mesure l’exclusion sociale des enfants dans l’Union européenne masque des inégalités très fortes entre pays. D’un côté les pays très pauvres comme la Roumanie, où c’est presque la moitié des enfants qui vivent dans la pauvreté ( 46,8% ), ou bien la Bulgarie ( 43,7% ), de l’autre, certains pays du nord de l’Europe où le nombre d’enfants frappés par l’exclusion ne concerne guère plus d’un enfant sur 10, comme la Suède ( 14% ), la Finlande ( 14,9% ) ou le Danemark ( 15,7%.)
On remarquera aussi la situation particulièrement difficile de l’enfance en Grèce ( 37,8% des enfants en situation de pauvreté ), ainsi qu’en Espagne ( 34,4% ) et en Italie ( 33,5% ), ce qui signifie que dans ces pays, c’est plus d’un enfant sur 3 qui est menacé d’exclusion.
 
A noter qu’au Royaume-Uni, que l’on n’aurait pas tendance à considérer spontanément comme un pays en difficulté au vue de ses autres indicateurs économiques, le sort des enfants n’est guère plus enviable puisque plus d’un sur 3 ( 30,3% , à égalité avec l’Irlande ) est concerné par l’exclusion, une situation qui s’est d’ailleurs aggravée au cours des 5 dernières années ( 29,7% en 2010 .)
On ne remerciera jamais assez Ken Loach de continuer à nous montrer dans la réalité britannique de tous les jours, cette lente décomposition sociale qui résulte, depuis Tatcher, du creusement forcené des inégalités dans un pays riche qui ne jure que par la Bible libérale et la guerre aux droits sociaux, dont les victimes les plus fragiles sont, au bout du compte, les enfants. Il est vrai qu’au Royaume-Uni, cette réalité ne date pas d’hier puisqu’au XIXème siècle déjà, l’exploitation des enfants, contraints de travailler dans la grande industrie dès leur plus jeune âge, avait été porté à un tel niveau que la survie même de la classe ouvrière apparaissait menacée aux institutions médicales de l’époque, qui avaient tiré la sonnette d’alarme.
 
La France, comme l’Allemagne, ne figurent pas parmi les plus mauvais élèves du tableau, même si un enfant sur cinq continue à y être menacé, ce qui est encore beaucoup. Mais - et c’est un indice rassurant - dans ces deux pays, la situation s’est un peu améliorée au cours des 5 dernières années.
Elle s’est également très sensiblement améliorée en Pologne, pays qui vient de repasser légèrement au dessus de la moyenne européenne.
Ce n’est malheureusement pas le cas partout. On remarquera de ce point de vue la dégradation alarmante de la situation en Grèce , pays d’Europe où l’on enregistre la plus forte augmentation des indices qui mesurent la pauvreté des enfants depuis 2010 : près de 10 points en plus en 5 ans, faisant de la Grèce le 3ème pays d’Europe où le sort des enfants est le moins enviable. On jugera, d’après ces chiffres, les résultats délétères de la politique d’austérité imposée par l’Union européenne à la Grèce depuis plusieurs années.
A noter également la situation difficile pour les enfants en Espagne et en Italie, pays où la situation s’est également aggravée au cours
des 5 dernières années, contre la tendance générale qui prévaut en Europe, et qui est légèrement en amélioration.
 
Rôle crucial de l’éducation des parents
Bien sûr, cette tendance à la marginalisation sociale des enfants est en lien direct avec le chômage des parents, mais pas seulement, et c’est l’un des enseignements majeurs de cette enquête de l’organisme européen des statistiques.
Le niveau d’éducation des parents joue aussi un rôle déterminant.
On remarque ainsi que plus le niveau d’éducation des parents augmente et plus le risque d’exclusion sociale et de pauvreté des enfants diminue. Ce constat est valable dans absolument tous les pays européens.
Ce qui tendrait à prouver qu’une forte politique éducative est un puissant rempart contre la dégradation sociale, notamment - c’est ce que montre les chiffres - pour la génération qui vient. Moins les parents sont éduqués, et plus grand est le risque de voir leurs enfants sombrer eux aussi dans le déclassement.
Aujourd’hui, près des deux tiers (65,5%) des enfants dont les parents ont un faible niveau d’éducation ( premier cycle de l’enseignement secondaire, au mieux) sont menacés de pauvreté dans l’Union européenne. Cette menace ne touche qu’un tiers des enfants dont les parents ont un niveau d’éducation qu’on peut qualifier de moyen ( second cycle de l’enseignement secondaire ), et seulement 10% des enfants dont les parents ont suivi un enseignement supérieur.
Ce constat, évident pour les acteurs de terrain qui travaillent tous les jours dans le secteur social, est entièrement confirmé par les mesures et informations collectées au niveau européen par Eurostat.
 
La Journée mondiale de l’enfance aura lieu dimanche prochain 20 novembre.
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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 18:35
Réfugiés climatiques, la crise du sicle (Marion d'Allard, 15 novembre 2016 - L'Humanité)
Réfugiés climatiques, la crise du siècle
MARION D’ALLARD
MARDI, 15 NOVEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ

Selon les estimations de l’ONU, 250 millions de personnes, seront, d’ici 2050, forcées de s’exiler à cause des bouleversements du climat. Un enjeu humanitaire et géopolitique majeur, pourtant soigneusement mis de côté dans les négociations internationales.  

Les changements environnementaux sont devenus l’un des principaux facteurs, sinon le principal, de migrations et déplacements de populations dans le monde. Ce préambule, posé conjointement par les chercheurs et les ONG, annonce l’ampleur d’un phénomène dont l’accélération met désormais la question des réfugiés climatiques au centre des enjeux humanitaires.
 
Alors que plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement, accompagnés par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, arrivent aujourd’hui à Marrakech, où, depuis une semaine, les négociateurs internationaux tentent de faire avancer la lutte contre le réchauffement climatique, la délégation américaine menée par John Kerry est particulièrement attendue, l’élection de Donald Trump, pourfendeur de la cause climatique, préfigurant un pas en arrière mortifère. Un an après la signature de l’accord de Paris, par lequel le monde s’est engagé à maintenir le réchauffement planétaire « bien en dessous des 2 °C », la mise en œuvre des mesures annoncées est au cœur de cette COP22. Il n’est plus temps de tergiverser. 
 

1. Derrière les catastrophes, des millions de déplacés

 
L’ONU annonce 250 millions de réfugiés climatiques à l’horizon 2050. Pour la seule année 2015, et d’après les chiffres de The Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), 18,9 millions de personnes ont été déplacées sous le coup de phénomènes climatiques extrêmes. Bien sûr, « les mouvements de populations ayant pour origine l’environnement ont toujours existé dans l’histoire de l’humanité », explique François Gemenne, chercheur en sciences politiques et directeur exécutif du programme politique de la terre à Sciences-Po. « En revanche, poursuit-il, 85 % des événements climatiques extrêmes qui poussent les populations à l’exil sont désormais liés au réchauffement climatique. C’est une donnée nouvelle. »
 
Sur l’ensemble des populations déplacées pour des raisons environnementales, « 55 % fuiraient des inondations et 29 % des tempêtes », détaille pour sa part la Cimade (1). Selon François Gemenne, « trois grandes régions correspondant à trois types de phénomènes environnementaux sont particulièrement concernées par ces épisodes extrêmes ». Il s’agit de l’Afrique subsaharienne avec, en cause, les sécheresses et la dégradation des sols. Un impact catastrophique dans une région du monde où plus de la moitié de la population dépend de l’agriculture. L’Asie du Sud et du Sud-Est, région la plus peuplée du globe, se trouve, elle, la plus exposée aux typhons et autres tempêtes. À tel point que, dès 2007, le Groupe international d’experts sur l’évolution du climat alertait sur le fait que « les rendements des cultures en Asie centrale et du Sud pourraient chuter de 30 % d’ici le milieu du siècle ». Enfin, particulièrement exposés également, les petits États insulaires, dont la montée du niveau des mers menace jusqu’à l’existence même. Dans la liste figurent les archipels du Pacifique, les îles Marshall, la Polynésie, les Maldives, mais également les quelque 7 000 îles des Philippines et leurs 100 millions d’habitants, ou la Malaisie et ses 27 millions de Malaisiens. Toujours selon l’IDMC, l’Inde, la Chine, le Népal, les Philippines et la Birmanie figurent aussi en tête de liste des pays les plus vulnérables face au réchauffement climatique. Pour autant, ses effets frappent également les pays développés, « à l’instar de la montée du Danube, qui inquiète la plupart des États des Balkans, dont les Roms, vivant dans des conditions précaires et délaissés par les pouvoirs publics, sont les premiers à souffrir », complète la Cimade. Car, s’il est un dénominateur commun aux multiples réalités du changement climatique, c’est que les populations les plus vulnérables en sont les premières victimes. 
 

2. comment les définir, comment les dénombrer ? 

 
Temporaires ou définitifs, régionaux ou internationaux, les déplacements de populations liés aux bouleversements climatiques sont divers dans l’espace et dans le temps. Ils demeurent en conséquence très difficiles à quantifier. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), « l’impact météorologique de l’évolution du climat peut se traduire par deux facteurs migratoires distincts : les processus climatiques comme la hausse du niveau des mers, la salinisation des terres agricoles, la désertification et la rareté grandissante de l’eau, et les événements climatiques tels que les crues, les tempêtes et les inondations causées par la montée brutale du niveau des lacs glaciaires ». Cependant, et contrairement aux idées reçues, l’immense majorité – 95 % – de ces déplacements contraints se font à l’échelle nationale. Au Bangladesh, par exemple, les migrations internes sont « devenues une véritable stratégie de survie pour les populations », explique la Cimade, dans un pays « soumis à l’élévation du niveau de la mer, aux inondations, sécheresses, cyclones et érosions ». Derrière cette réalité, et c’est le cas aussi au Bangladesh, se trame également l’aggravation des situations de grande précarité. « Les gens partent pour survivre. Ils quittent un endroit vulnérable pour un autre endroit tout aussi vulnérable », indique François Gemenne. Pour eux, l’exil est sans fin. Mais pour d’autres, la situation oblige à passer les frontières, à s’établir ailleurs. 
 
Sur les bords du lac Tchad, dont l’assèchement pousse les communautés d’éleveurs à aller toujours plus loin chercher de l’eau, la situation confine à l’intenable. « En cinquante ans, le lac est passé d’une superficie de 25 000 kilomètres carrés à 2 500 à peine. Plus de 30 millions de personnes vivent sur ses rives de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche », raconte Hindou Oumarou Ibrahim, coordinatrice de l’Association des femmes peules autochtones du Tchad. Là-bas, la crise environnementale a créé « une situation explosive qui dégénère souvent en conflits régionaux, nationaux et même internationaux », poursuit-elle. Les migrations climatiques peuvent être temporaires, comme après une catastrophe naturelle. Elles peuvent aussi devenir tout ce qu’il y a de plus définitif. C’est le destin tragique auquel sont promis les habitants de certains États insulaires. Car, l’option de la disparition totale de certains territoires est désormais envisagée par les climatologues. « Le cas de certaines îles menacées d’engloutissement par la montée des eaux nous oblige, collectivement, à repenser la notion même de frontières géographiques. » Les populations insulaires devenant, de fait, apatrides, « comment considérer dès lors un État dont le territoire a disparu ? » interroge François Gemenne.
 

3. Les oubliés du droit international

 
Réfugiés, déplacés, migrants, il persiste un flou autour de la définition même de ceux que le changement climatique pousse sur les routes. En 1985, le Programme des Nations unies tente une première approche, estimant qu’est considérée comme réfugiée environnementale « toute personne forcée de quitter son habitation traditionnelle d’une façon temporaire ou permanente à cause d’une dégradation nette de son environnement qui bouleverse son cadre de vie et déséquilibre sérieusement sa qualité de vie ». Pour autant, cette définition ne fait pas consensus et les discussions internationales continuent d’achopper sur la question du statut de ces réfugiés climatiques. D’autre part, relève François Gemenne, « il reste compliqué de nommer globalement ces mouvements migratoires, tant les facteurs qui les provoquent sont multiples et souvent interdépendants ». Un agriculteur d’Afrique subsaharienne faisant face à la dégradation des sols (sécheresses, inondations, désertification…), décidant de s’installer en ville dans un premier temps et n’y trouvant pas de quoi gagner sa vie, tente de rejoindre l’Europe. Est-il considéré comme migrant climatique ou économique ? Le chercheur plaide pour une approche globale des flux migratoires sans « catégoriser » les réfugiés. Pour l’OIM, en revanche, cette catégorisation a son importance. « Savoir s’il faut qualifier les personnes déplacées par les changements du climat de “réfugiés climatiques” ou de “migrants climatiques” n’est pas seulement affaire de sémantique, explique l’organisation. Selon que l’on acceptera l’une ou l’autre définition, les implications au regard du droit international se traduiront par des obligations bien réelles pour la communauté internationale. »
 
À l’heure actuelle, la convention de Genève, signée en 1951 et relative au statut international des réfugiés, précise qu’il concerne toute personne faisant l’objet d’une « crainte bien fondée de persécution », excluant de fait les réfugiés du climat. Les choses commencent néanmoins à bouger. La Suisse et la Norvège sont à l’origine de l’initiative Nansen, adoptée en octobre 2015 par 109 États. Définissant un « agenda de protection », cette initiative vise à construire un cadre légal international sur la question des déplacés climatiques transnationaux. Elle n’est cependant toujours pas mise en œuvre. Les conférences climatiques peuvent être l’occasion de remettre l’ouvrage sur le métier. Pour autant, la création d’un statut spécifique ne saurait être considérée comme la « solution miracle », prévient François Gemenne. Et ne vaudrait d’ailleurs pas grand-chose sans la mise en œuvre de politiques nationales qui anticipent et protègent les populations concernées. Ainsi, poursuit le chercheur, « cette question des migrations climatiques ne serait plus appréhendée seulement comme une condition urgente de survie, mais pourrait être planifiée et vue comme une véritable stratégie d’adaptation pour l’avenir ». Pour s’en convaincre, « il suffit de voir ce qui se passe actuellement en Europe sur la question des réfugiés et à quel point une telle situation, lorsqu’elle n’est pas anticipée, peut confiner au chaos ». 
 
 
(1) Association de solidarité qui œuvre auprès des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile.

 

Catastrophes naturelles : le bilan est pire que ce que l’on pensait
« L’impact économique et  humain des catastrophes naturelles est nettement plus important qu’on ne le pensait jusqu’ici », écrit la Banque mondiale dans un rapport publié
hier. En détail, l’institution estime que 26 millions de personnes basculent chaque année dans la pauvreté suite à des   vénements climatiques  extrêmes, dont le coût
global annuel est, par ailleurs, évalué à 520 milliards de dollars. Contrairement aux travaux précédents, les auteurs de ce rapport ont pris en compte, en plus des pertes matérielles, les pertes de « bien-être » des populations, relatives à la santé, à l’alimentation ou à l’éducation.
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17 novembre 2016 4 17 /11 /novembre /2016 08:29
Yassin Al-Haj Saleh, opposant communiste au régime de Bachar al-Assad

Yassin Al-Haj Saleh, opposant communiste au régime de Bachar al-Assad

"J'avais 10 ans quand Hafez el-Assad est arrivé au pouvoir, 20 quand il m'a jeté en prison et 35 quand j'en suis sorti. On peut dire que je connais le système de l'intérieur.... Mon livre est un acte de résistance basé sur la lutte des idées, du savoir, et non sur la compassion. Il y a beaucoup d'écrits sur la Syrie où l'émotion domine. J'ai essayé de m'en éloigner parce que je trouve le message plus fort ainsi. Je veux que les gens réfléchissent sur ce que signifie un régime qui emprisonne, torture et tue."

(interview de Yassin Al-Haj Saleh au Journal du Dimanche, 15 mai 2016)

Ces articles profonds et lumineux d'intelligence, de profondeur politique et de rigueur éthique, de Yassin al-Haj Saleh, né en 1961 à Raqqa, et qui passa seize ans dans les prisons syriennes où il a été jeté à vingt ans pour appartenance au Parti Communiste d'opposition, grande figure intellectuelle de l’opposition démocratique syrienne, n’ont jusqu’à présent jamais été regroupés en un seul volume, ni en arabe ni dans une autre langue.

Les éditions Actes Sud nous donnent enfin à lire l'analyse d'un grand intellectuel syrien progressiste sur le fonctionnement du régime de Bachar-al-Assad, les raisons de la révolution syrienne, la stratégie du régime pour se maintenir au pouvoir coûte que coûte en faisant la guerre à sa société et en confessionnalisant le conflit, le devenir de la guerre civile, théâtre d'ambitions et de manipulations internationales.   

Yassin al-Haj Saleh, c'est en quelque sorte Jean-Paul Sartre des articles politiques de Situations ... Un Jean-Paul Sartre écrivant dans une situation d'engagement mortel et de danger personnel au pays de la torture banalisée, du confessionnalisme organisé, des Chabiha et des largages d'armes chimiques et de barils d'explosifs sur les civils...

Ces huit articles sont précédés d’une introduction précisant le contexte de chacun d’eux et classés par ordre chronologique, ils couvrent l’histoire du soulèvement syrien depuis son déclenchement en mars 2011 et constituent l’analyse interne la plus fine de cet événement majeur dans l’histoire moderne du Proche-Orient.

C'est une analyse originale non seulement du régime né du coup d’État de 1970, à partir de ses slogans et de ses emblèmes, mais aussi des origines sociales et culturelles de l’extrême violence dont il a toujours fait preuve, ainsi que de la militarisation du soulèvement et de l’intrusion des djihadistes, qui, en se conjuguant, ont abouti à ce que l’auteur désigne comme le “nihilisme guerrier”. Le dernier texte, le plus dense, “Le sultan moderne”, fait la synthèse des dizaines d’articles et chroniques publiés par lui durant une dizaine d’années dans la presse sur la nature du régime des Assad, père et fils, alliant despotisme, communautarisme, clanisme en un “État sultanien” (par référence entre autres aux mamelouks) de type nouveau.

Ces articles de Yassin al-Haj Salah ont été traduits de l'arabe par Nadia Leïla Aïssoui, Farouk Mardam-Bey, et Ziad Majed. Ce dernier est aussi un grand intellectuel laïc et progressiste de la résistance syrienne  au régime fasciste et inhumain de Bachar-al-Assad. 

Le "Chiffon Rouge" a déjà publié deux des interventions de ce militant de gauche, Ziad Majed, qui avait été invité à l'Université d'été d'Ensemble (Front de Gauche). 

Alep: leur massacre, notre impuissance? - Ziad Majed et Renaud Girard sur France Culture

Infos Syrie Résistance: avec le peuple syrien, ni Bachar, ni Daech! : Quelques conséquences possibles de l’échec de l’accord russo-américain sur la Syrie, par Ziad Majed

En tout cas, en lisant ces articles puissants de Yassin Al-Haj Saleh, publiés sur 4 ans entre le début de l'année 2011 et novembre 2015, écrits dans quatre villes - Damas, Douma dans la Gouta, la "plaine fertile" de Damas, Raqqa, et Istambul- où Yassin Al-Haj Saleh a été obligé de s'exiler après l'enlèvement de sa femme, Samira al-Khalil, militante et ancienne détenue (de 1987 à 1991) du régime comme lui, par une organisation salafiste, on comprend la méprise et l'indécence de cette opinion, de plus en plus défendue, qui voudrait que le régime de Bachar-al-Assad soit un rempart contre l'islamisme obscurantiste et la domination américaine ou saoudienne sur cette partie du monde et un "moindre mal" car offrant des conditions de stabilité, de laïcité, sans commune mesure avec les bandes islamistes qui le combattent. 

Cette lecture héritée de la guerre froide et qui identifie le régime baassiste à ses origines socialistes premières et ses opposants à des tenants de l'impérialisme occidental ou à des islamistes réactionnaires est un pur produit idéologique et de propagande qui passe sous silence la nature intrinsèquement fasciste, inégalitaire, raciste, criminelle de ce régime corrompu à la base sociale très étroite, qui n'a dû sa survie qu'à son association aux visées impérialistes de l'Iran et de la Russie et au cynisme des Américains et de la communauté internationale qui ont complètement abandonné le peuple syrien.

Nous publierons prochainement des extraits significatifs de "La question syrienne", le recueil d'articles de sociologie politique engagée de Yasin Al-Haj Saleh.  

 

 

 

 

"La question syrienne" - Yassin Al-Haj Saleh - Actes Sud - Sindbad, Mai 2016 22€

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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 20:00
Daech, l'enfant monstrueux des guerres occidentales (Rosa Moussaoui, L'Humanité - 10 novembre 2016)
Daech, l’enfant monstrueux des guerres occidentales
Attentats de Paris
ROSA MOUSSAOUI
JEUDI, 10 NOVEMBRE, 2016
L'HUMANITÉ

Depuis 2011, l’interventionnisme militaire de la France et les errements de sa politique étrangère ont contribué à faire du pays une cible. L’échec de la « guerre contre le terrorisme » est flagrant.

La scène se déroule devant la citadelle de Masmak, à Riyad, le 30 décembre 2013. Entouré d’émirs, François Hollande saisit le sabre qu’on lui tend à l’occasion d’une cérémonie folklorique. Sourire aux lèvres, avec ce mot : « J’en aurai besoin. » Cette année-là, au moins 79 condamnés à morts ont été exécutés en Arabie saoudite. Par décapitation pour la plupart, selon le procédé cher aux adeptes du wah-habisme, cette obscure et mortifère version de l’islam que le clan Al Saoud propage dans le monde à grand renfort de pétrodollars. Le mandat de François Hollande aura concentré à lui seul la moitié des visites bilatérales entre les deux pays depuis la naissance du royaume, en 1932. Et la mauvaise plaisanterie de Masmak est un précipité du cynisme qui domine, depuis 2007, la politique étrangère de la France. La visite est lucrative : Riyad accepte de financer un juteux contrat d’armement français, pour un montant de 2,3 milliards d’euros. Officiellement pour équiper l’armée libanaise confrontée aux répliques de la guerre en Syrie. Mais, en dehors de la livraison de 48 missiles antichars Milan, Beyrouth ne verra pas la couleur de ces équipements militaires, finalement récupérés par l’Arabie saoudite.

La France championne d’Europe des ventes d’armes aux pétromonarchies du Golfe

À ce moment-là, déjà, Riyad fait figure de premier financier et de principal fournisseur d’armes des groupes djihadistes opérant sur le théâtre syrien. Son ingérence, comme celle de la Turquie ou du Qatar, contribue de manière décisive à allumer un terrible brasier. Avec la bénédiction de la France, championne d’Europe des ventes d’armes aux pétromonarchies du Golfe et principale tenante d’une nouvelle intervention militaire occidentale au Moyen-Orient. Le « non » de Paris à l’invasion américaine de l’Irak est loin, très loin. Dès 2009, la France est revenue dans le commandement intégré de l’Otan. À l’Élysée, Nicolas Sarkozy décline sa ligne atlantiste, au moment même où l’organisation née de la guerre froide se cherche une nouvelle raison d’être en se posant comme gendarme global. Dans le fracas des soulèvements arabes, en 2011, Paris cherche à faire oublier ses compromissions avec les dictateurs et s’engage en première ligne, en Libye, avec les Britanniques, sous la houlette de l’Otan. Il faut, soudain, en finir avec ce colonel Kadhafi qui plantait quelques mois plus tôt sa tente dans les jardins de l’hôtel Marigny, résidence officielle des hôtes de l’État. En Tripolitaine, on parachute des djihadistes formés par le Qatar, sponsorisés par les Émirats et encadrés par des instructeurs militaires occidentaux. Kadhafi lynché, les groupes armés prospèrent sur les ruines de sa Jamahiriya. Le pays se disloque, le chaos règne, les arsenaux de Kadhafi sont pillés. La dissémination des armes lourdes prépare déjà de nouveaux basculements. Les contrecoups de la guerre de Nicolas Sarkozy et de ses alliés de l’Otan en Libye déstabilisent toute la zone sahélo-saharienne. Une aubaine pour les djihadistes et les trafiquants. Au Mali, les Touareg ayant combattu dans les rangs de l’armée de Kadhafi viennent grossir, avec armes et bagages, les troupes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en lutte contre Bamako. Les katibas d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui sillonnent depuis longtemps la région, se greffent au conflit. L’armée malienne, mal équipée, peu formée, démotivée, collectionne les revers, avant de se retourner contre le président Amadou Toumani Touré, chassé du pouvoir par un putsch militaire le 22 mars 2012. La désagrégation de l’État précipite la conquête des villes du nord du Mali par les djihadistes d’Aqmi alliés aux islamistes touareg d’Ansar Eddine. Avec l’opération « Serval », la France s’engage dans une nouvelle guerre. Kidal, Gao, Tombouctou sont « libérées », mais la « victoire » exaltée par François Hollande n’est qu’un mirage. Quatre ans plus tard, de vastes territoires échappent toujours au contrôle des forces maliennes et étrangères. D’embuscades en accrochages, la mouvance djihadiste, en pleine mutation, entretient une guérilla mouvante, insaisissable. Depuis le déploiement de l’opération « Barkhane », étendue à toute la bande sahélo-saharienne, les pays voisins du Mali deviennent, à leur tour, les cibles d’attentats meurtriers. Seules conséquences de ces logiques de guerre, elles nourrissent le terrorisme. Jusqu’au terrible retour de boomerang des attentats de 2015 sur le sol français. Ce qui n’empêche ni François Hollande ni son premier ministre, Manuel Valls, de brandir comme naguère George W. Bush le drapeau d’une « guerre contre le terrorisme » qui tient désormais lieu de politique étrangère. Au Moyen-Orient, le pays est enrôlé dans la « coalition anti-Daech » conduite par les Américains. Une nouvelle intervention militaire occidentale peut-elle avoir raison de l’« État islamique », enfant monstrueux de l’invasion de 2003, des geôles d’Abou Ghraib, des attaques de drones et de l’exclusion politique des sunnites ? « L’engagement français dans des opérations extérieures est un facteur aggravant. Mais le facteur déclenchant est chez nous. Nous avons laissé des quartiers et des générations entières à l’abandon, remarque Alain Chouet, ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE. Dans ces zones où l’État s’est retiré, nous avons laissé prospérer les prédicateurs salafistes sponsorisés par les pétromonarchies. » Fracture locale, fracture globale qui alimentent toujours le ressentiment, la haine et la violence.

Journaliste à la rubrique Monde
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