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22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 15:01
A Saint-Servais, la vie était si belle: article de Didier Gourin dans le Ouest-France à propos d'Un village breton, de Théo David

https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-servais-la-vie-de-theo-etait-si-belle-5515769

À Saint-Servais, la vie de Théo était si belle
le 20/01/2018
 
  • Saint-Servais, c'était le centre du monde du petit Théo. | David Ademas et collection familiale
  • Théo David, auteur de Un                village breton, le monde enchanté d'Yvon Marc'hadour.Théo David, auteur de Un village breton, le monde enchanté d'Yvon Marc'hadour. | Ouest-France

Didier Gourin.

Tout aurait pu continuer à dormir dans un tiroir. Heureusement, Le monde enchanté d'Yvon Marc'hadour, vient d'être publié. Un vrai bijou de littérature.

L'histoire

Jean-René Le Quéau, enseignant d'histoire et de géographie à la retraite, et éditeur chez Skol Vreizh, la maison d'édition de Morlaix, a l'habitude de lire des manuscrits. Lorsqu'il a entamé la lecture du Monde enchanté d'Yvon Marc'hadour, il n'a pas hésité. C'est à publier, sans hésitation.

« Au bout de la dixième page, j'ai été touché par le talent de l'auteur qui raconte avec plein de sensibilité la société rurale. Je l'ai dévoré », se souvient Jean-René Le Quéau, en évoquant la première lecture du manuscrit.

Il a juste fait un peu durer le plaisir. Déjà, les dix premières lignes donnent le ton de ce récit autobiographique qui raconte avec réalisme et plein de poésie la vie à la campagne au début du XXe siècle. Qu'on en juge. « J'avais six ans et demi ; ma première année scolaire s'achevait. Par de larges croisées toujours ouvertes montait une entêtante odeur de foin ; les cercles étourdissants des martinets au-dessus de la cour et plus bas, dans la prairie, la crécelle ininterrompue des sauterelles me paraissaient un effet de la lumière dont le soleil de juin inondait notre petite classe. »

Un profond respect de la nature

Cette petite école, c'est celle de Saint-Servais, une bourgade des Côtes-d'Armor, 413 habitants au dernier recensement. Yvon Marc'hadour s'appelle en réalité Théo David, futur instituteur. C'est lui l'auteur qui, de nombreuses années plus tard, a entrepris de raconter son enfance au fil de la chronique de Saint-Servais, son petit paradis terrestre. Il parle magnifiquement des habitants de la commune qui forment une communauté où chacun a sa place, des petits animaux qui l'entourent, de la nature qu'il respecte. « J'ai grandi avec ce sentiment qu'il est inutile de la torturer pour lui arracher ses bienfaits », glisse Théo.

Parfois, le ton monte entre les habitants de Saint-Servais, les paroles dérapent, mais il y a rarement de la méchanceté entre les gens. Et puis, dans ce livre écrit en français, Théo David, alias Yvon Marc'hadour, rend quelques beaux hommages à la langue bretonne. Il évoque ainsi un ciel d'automne : trawalc'h a c'hlaz 'vit ober eur vantell d'ar Werc 'hez (assez de bleu pour faire un manteau à la Vierge).

Yvon David, l'un des enfants de Théo David, gardait le manuscrit jusqu'au jour où il en parle à Jean-René Le Quéau, un ancien collègue de travail. Il se demandait juste quoi en faire, en s'interrogeant sur l'intérêt de le publier. Heureusement, Jean-René Le Quéau n'a pas hésité. Surtout qu'il y aura une suite. Deux autres volumes évoqueront les années sombres de l'Occupation. On sera alors bien loin du petit paradis terrestre de Saint-Servais.

Théo David, Un village breton, le monde enchanté d'Yvon Marc'hadour, Skol Vreizh, 447 pages, 20 €.

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22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 14:53
Contre les migrants africains, Israël mène une politique de la peur (Cholé Demoulin, Médiapart, 21 janvier 2018)
Contre les migrants africains, Israël mène une politique de la peur

21 janvier 2018

Par Chloé Demoulin

Menaces d’emprisonnement, tracasseries administratives, publicités effrayantes… Le gouvernement Netanyahou déploie des trésors d’inventivité pour dissuader des dizaines de milliers d'Africains de rester en Israël.

Tel-Aviv (Israël), envoyée spéciale.–  Ils sont plusieurs dizaines, ce mercredi 17 janvier, à s’entasser devant les services de l’immigration israéliens, situés rue Salame, au sud de Tel-Aviv. Principalement Soudanais et Érythréens, ils espèrent déposer une demande d’asile. Le trottoir n’est pas assez long pour contenir la queue qui part vers la droite du bâtiment. Alors ça pousse entre les barrières métalliques. On se colle à son voisin de devant. Et personne n’a l’intention de céder sa place, pas même lorsqu’une pluie fine commence à tomber. Certains ont dormi là avec une simple couverture. D’autres se blottissent, la mine défaite, sous des parapluies. Les autres, ceux qui ne sont pas arrivés assez tôt, n’ont d’autre choix que d’attendre sur le terre-plein central d’en face, en regardant la scène avec circonspection.

« La situation est extrêmement tendue », commente un Soudanais de 36 ans arrivé en Israël par le désert du Sinaï en 2009 pour fuir la répression dans son pays. « Certains dorment ici depuis trois semaines, mais ils n’ont toujours pas réussi à faire enregistrer leur demande. Nous ne savons pas ce qui se passe. Personne ne communique avec nous. Certains jours, les gardes à l’entrée nous demandent de rentrer chez nous ou de revenir le dimanche [début de la semaine en Israël – ndlr]. »

Selon l’association israélienne Hotline for Refugees and Migrants, les autorités ont toujours rendu l’attente pénible pour les migrants. « Les femmes et les enfants en bas âge doivent faire la queue pendant des heures sans pouvoir aller aux toilettes. C’est une manière de décourager les gens. C’est la même chose dans les bureaux de l’immigration à Bnei Brak [au nord-est de Tel-Aviv – ndlr], où les migrants doivent aller renouveler leurs papiers tous les trois mois », raconte Tamara Newman, l’une des membres de l’association.

Mais depuis l’annonce de la mise en œuvre d’un plan de départ par le gouvernement le 1er janvier dernier, la situation s’est aggravée. Les autorités israéliennes donnent jusqu’à la fin du mois de mars aux quelque 35 500 migrants africains qui résident dans le pays pour choisir : soit recevoir 3 500 dollars (environ 2 860 euros) et accepter d’être expulsé vers un pays tiers (le Rwanda ou l’Ouganda), soit être emprisonné pour une durée indéterminée. Au terme de cette période, la somme proposée sera ensuite graduellement réduite pour tous ceux qui souhaitent finalement partir « volontairement ».

D’après le gouvernement, les migrants ayant déjà déposé une demande d’asile et dont le dossier est en cours de traitement ne sont pas concernés. Mais les services d’immigration ont prévenu que ceux qui auront soumis leur demande après le 1er janvier ne pourront pas échapper à l’expulsion. « Il est peu probable que cette limitation dans le temps tienne devant un tribunal », rétorque Tamara Newman.

Alors, la plupart des migrants tiennent quand même à tenter leur chance rue Salame. « Je sais que je ne pourrais pas y arriver aujourd’hui, ils ne laissent entrer que vingt ou quarante personnes par jour et la queue est bondée. J’attends quand même, car j’essaie d’avoir des informations », explique Bereket, un Érythréen de 30 ans qui a fait le chemin depuis Herzliya, une banlieue du nord de Tel-Aviv.

Pour Bereket, arrivé en Israël en 2010, la situation est d’autant plus absurde que le gouvernement israélien s’est évertué ces dernières années à rejeter la majorité des demandes d’asile des migrants africains. « À notre arrivée, les autorités nous ont dit que nous n’avions pas besoin de faire de demande d’asile. Et maintenant ils nous disent que c’est “trop tard”, que nous aurions dû le faire dès la première année », déplore-t-il. Selon des chiffres officiels publiés en février 2015 par le quotidien Haaretz, seuls 0,25 % des demandeurs d’asile africains se sont vu accorder un statut de réfugié par les autorités israéliennes. Un des pourcentages les plus bas des pays signataires de la Convention de Genève.

Jamais à court d’inventivité, les autorités israéliennes ont publié ces jours-ci une annonce afin de recruter une centaine de citoyens pour devenir des « inspecteurs de l’immigration temporaires » à compter du 1er avril. La publicité promet une prime de 30 000 shekels (soit 7 500 euros) aux candidats. Soixante-dix d’entre eux devront débusquer et surveiller « les étrangers illégaux et leurs employeurs ». Les autres devront « mener des interrogatoires et des enquêtes approfondies sur les demandeurs d’asile » et seront chargés d’examiner la « véracité » de leurs informations. Élément troublant, il est attendu des candidats un diplôme de l’enseignement supérieur, mais aucune qualification spécifique dans le domaine.

« Cette annonce fait partie de la campagne de peur que mène le gouvernement envers les migrants africains. En la rendant publique, ils espèrent qu’elle fera le boulot à leur place. Que les migrants seront si effrayés qu’ils finiront par partir d’eux-mêmes », analyse Tamara Newman.

Dans la même veine, la militante dénonce la façon dont le gouvernement Netanyahou s’est attaché ces dernières années à stigmatiser les réfugiés africains comme des « migrants économiques ». Pour Bereket, l’argument ne tient pas. « En Érythrée, notre gouvernement nous traite comme des esclaves et non comme des citoyens. Lorsque quelqu’un ose réclamer ses droits, il le jette en prison sans procès ou recours possible. Comment je peux vivre là-bas », se défend-il. Et d’ajouter : « Si j’avais le choix, je ne voudrais pas rester en Israël. » Dans son pays, l’Érythréen était technicien de laboratoire. « Mais ici, à cause du racisme, je n’ai jamais réussi à me faire embaucher dans mon domaine, raconte-t-il. Cela fait six ans que j’enchaîne les petits boulots dans des restaurants, dans le bâtiment et dans l’entretien. »

De là à accepter de partir dans un pays tiers ? Pour Bereket comme pour beaucoup d’autres, la réponse est non. « Je sais comment ça se passe. J’ai des amis qui sont partis il y a un an et qui m’ont dit la vérité. Les autorités israéliennes promettent qu’on aura une protection sur place, mais cela ne dure qu’un jour. Après cela, on vous prend vos documents et vous êtes de nouveau livrés à vous-même. Certains vont alors au Soudan ou en Libye pour rejoindre l’Europe. Ils meurent dans le désert ou en Méditerranée. Au moins, si les Israéliens me jettent en prison, je pourrais survivre. »

« Certains iront en prison. Mais d’autres accepteront de partir, car ils ont déjà passé de longues périodes de leur vie derrière les barreaux et ils ne voudront pas y retourner. D’autres encore se cacheront, car ils vivent ici depuis cinq à dix ans et ils ont des collègues, des amis israéliens qui sont prêts à les protéger », précise Tamara Newman. La semaine dernière, une manifestation à l’initiative de l’Union sioniste (alliance entre l’opposition travailliste et centriste), du Meretz (parti de gauche) et de la liste arabe unie (groupe réunissant les députés arabes) a été organisée devant le parlement israélien pour s’opposer au plan du gouvernement.

Dans une lettre conjointe rendue publique le 3 janvier, plusieurs associations israéliennes ont estimé que les plans du gouvernement Netanyahou revenaient à condamner à mort les migrants africains. « Avec la crise des réfugiés partout à travers le monde, Israël, qui dispose de suffisamment de ressources pour absorber 35 000 réfugiés, a l’obligation morale d’accorder le statut de réfugié », écrivent-elles.

Ce samedi, 470 universitaires israéliens ont également pris la plume pour demander au gouvernement de renoncer à son projet. Jeudi, 35 intellectuels et auteurs israéliens, dont Amos Oz, David Grossman ou encore Etgar Keret, avaient déjà envoyé une lettre au premier ministre Benjamin Netanyahou et aux députés israéliens pour les implorer de stopper cette politique d’expulsion. « Nous vous demandons d’agir moralement, humainement et avec compassion comme le peuple juif se le doit (...) autrement, nous n’aurons plus de raison d’exister », mettent-ils en garde. 

Les signataires s’indignent en outre du fait que la politique répressive du gouvernement soit dirigée exclusivement contre les migrants africains. « Quelque 100 000 nationaux étrangers venant en grande majorité d’Europe de l’Est sont en Israël sans permis, ils ne sont ni persécutés ni forcés au départ », notent-ils.

De fait, respectivement depuis 2011 et 2013, les citoyens ukrainiens et géorgiens ont été exemptés par les autorités israéliennes d’une demande de visa préalable à leur arrivée dans le pays. Selon un rapport publié l’année dernière par la Hotline for Refugees and Migrants, beaucoup d’entre eux payent des intermédiaires ou des agences de ressources humaines peu scrupuleuses pour obtenir de faux documents et pouvoir déposer une demande d’asile en Israël. Un phénomène dont les autorités israéliennes auraient parfaitement connaissance et qu’elles laisseraient largement prospérer.

Devant les services d’immigration à Tel-Aviv, ce système à deux vitesses saute immédiatement aux yeux. Alors que les Soudanais et les Érythréens sont parqués dans la file de droite, une autre file plus clairsemée, à gauche du bâtiment, permet aux migrants d’Europe de l’Est de rentrer facilement pour déposer leur dossier.

Mais le plan du gouvernement Netanyahou à l’égard des migrants africains a une faiblesse de taille. Jamais les prisons israéliennes ne pourront accueillir tous ceux qui refuseront de partir. Le premier ministre a donc demandé aux services d’immigration d’étudier un plan B d’expulsion forcée. Mais selon une source proche du dossier, interrogée par le journal Haaretz, les experts jugeraient la procédure irréaliste, car trop complexe à mettre en œuvre en terme de logistique, de budget et de formation d’un personnel qualifié. Sans parler du fait que les images de migrants africains menottés et traînés de force dans des avions à l’aéroport Ben-Gourion serait du plus mauvais effet pour l’image d’Israël.

« Nous espérons le mieux, mais nous nous attendons au pire », confie toutefois Tamara Newman. Pour la militante, le premier ministre israélien, cerné par les affaires, « se sert » des migrants africains pour « faire diversion et renforcer sa popularité auprès de ses supporters de droite ».


 

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22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 14:01
CHOMAGE. L'ART DE COMPTER, OU DE NE PAS COMPTER... (L’HUMANITE DIMANCHE – JEUDI 18 JANVIER 2018 – DOMINIQUE SICOT)

 

L'équipe Macron a abattu ses cartes : contrôle renforcé des chômeurs et publication des chiffres tous les trimestres seulement. Depuis vingt ans, face à un chômage de masse, dont en fait ils s'accommodent, les divers gouvernements sont passés maîtres dans l'art de l'illusion statistique.

C'en est bientôt fini des fameux « chiffres du chômage ». Soit le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi n'ayant pas travaillé du tout au cours du mois concerné (catégorie A), scruté de près et abondamment commenté. Dernière livraison le 24 janvier, pour les chiffres de décembre. Pôle emploi et le ministère du Travail ne publieront ensuite que des données trimestrielles, « sous un format rénové », annonce le ministère sans plus de détails. Ainsi en a décidé Muriel Pénicaud, au prétexte que les données mensuelles seraient trop volatiles, ce qui brouillerait la vue sur les tendances de fond.

Se focaliser sur les seules variations mensuelles de la catégorie A n'a certes pas beaucoup de sens. En 2008, le Conseil national de la statistique avait d'ailleurs recommandé de mieux prendre en compte l'ensemble des inscrits tenus de rechercher du travail : ceux qui n'ont pas travaillé du tout (catégorie A), ceux qui ont eu une activité réduite courte (catégorie B, moins de 78 heures dans le mois), et ceux qui ont exercé une activité réduite plus longue (catégorie C). Ce dont gouvernants et médias n'ont pas vraiment tenu compte.

 

FOCALE SUR LA CATÉGORIE A

Et pour cause. Un retour sur les données harmonisées des vingt dernières années montre comment le chômage a enflé (voir graphique). Le nombre des inscrits à l'ANPE puis à Pôle emploi tenus de faire des recherches d'emploi (catégories A, B et C) est passé de 3,743 millions en janvier 1996 à 5,611 millions en novembre 2017 (1). Les seules petites embellies sont liées à la mise en place des 35 heures (autour de 2000-2002), et aux pics de départs en retraite autour de 20062008 (génération des baby-boomeurs), puis entre 2012 et 2017 (assouplissement des conditions de départ en retraite anticipée pour les carrières longues), conjugués en 2015-2016 à une légère baisse du nombre de jeunes arrivant sur le marché du travail. Si l'on ne retient que les demandeurs de catégorie A, les statistiques ont pu faire croire au miracle : de 3,1 millions en 1996, les chiffres sont tombés à 2,4 millions en 2002, et même 2 millions en 2008, avant de remonter, mais presque avec mesure (3,557 millions en janvier 2016 ; 3,454 millions en novembre 2017).

Les seules embellies sont liées à la mise en place des 35 heures et aux pics de départs en retraite de 2006-2008.

 

Les résultats des politiques de « flexibilité » ­ vendues sur le thème: licencier plus facilement pour embaucher plus ­ se lisent en revanche dans l'explosion du nombre de précaires, alternant chômage et petits boulots. Soit les demandeurs de catégories B et C, le plus souvent laissés dans l'ombre. Ils étaient 620 900 en janvier 1996, soit 16,5 % du total des inscrits tenus à des recherches d'emploi (catégories A, B et C). Ils sont aujourd'hui 2,157 millions, soit 3,5 fois plus, et représentent 38 % du total. Au sein de ces précaires, le nombre de ceux ayant travaillé moins de 20 heures dans le mois précédent est passé de 50 000 à 172 300 en vingt ans, et celui de ceux ayant travaillé moins de 40 heures de 121 200 à 378 900.

 

FICELLES ET RADIATIONS

Pour contenir « le » chiffre officiel, les gouvernements successifs ont aussi largement utilisé contrats aidés, grands plans de formation et autres ficelles. Une fois orientés dans ces dispositifs, pas toujours très efficaces, ces chômeurs, dispensés de recherche d'emploi, sont comptabilisés en catégorie D (ceux en formation, en contrat de sécurisation professionnelle après un licenciement économique, de quoi lisser les effets des plans sociaux, mais aussi les malades) et en catégorie E (en contrats aidés, en création d'entreprise). Il y a vingt ans, ces catégories comptaient respectivement un peu plus de 150 000 et de 200 000 inscrits. En janvier 2017, plus de deux fois plus chacune (335 000 et 424 400) ­ reflet des tentatives du gouvernement Hollande pour inverser la courbe avant les élections (plan 500 000 formations, 320 000 emplois aidés financés en 2017). Ajoutez un peu de zèle sur les radiations (7 300 en avril 1996, 46 900 en novembre 2017) et les « cessations d'inscription pour défaut d'actualisation » doublées sur la même période (de 104 600 à 224 500)... et voilà des statistiques bien propres. Nul doute qu'elles le seront tout autant en devenant trimestrielles.

(1) Pour la France métropolitaine.

 

REPERES

326 500 demandeurs inscrits depuis trois ans ou plus en janvier 1996

873 400 demandeurs inscrits depuis trois ans ou plus en novembre 2017

136 900 sorties pour reprise d'emploi en avril 1996

105 700 sorties pour reprise d'emploi en novembre 2017

 

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22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 13:58

 

"Il délire, mais sa folie ne manque pas de méthode". Avec cette phrase tirée d'Hamlet de Shakespeare, Bruno Odent, journaliste de l'Humanité, analyse le bilan de la première année de présidence de Donald Trump et sa stratégie .
Réalisation : Abrahim Saravaki.

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22 janvier 2018 1 22 /01 /janvier /2018 13:28
en 2017, 82 % des richesses créées ont bénéficié aux 1% les plus riches (rapport OXFAM sur les inégalités)
en 2017, 82 % des richesses créées ont bénéficiés aux riches

lundi 22 janvier 2018

A l’occasion du forum de Davos, l’ONG Oxfam dévoile un rapport sur la partage de la richesse.

Selon le document intitulé "Récompenser le travail, pas la richesse", en 2017, 82 % de la richesse a profité aux 1% les plus riches, alors que les plus pauvres n’ont eu que des miettes. Dans le même temps, la fortune des milliardaires a augmenté de 762 milliards, soit sept fois le montant nécessaire par an, pour sortir de l’extrême pauvreté les personnes qui en sont touchées. A l’inverse, 50% de la population mondiale n’a pas touché le moindre bénéfice de la croissance mondiale.

En France, les 10 % les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres ne se partagent que 5 % du gâteau ; le nombre de personnes en situation de pauvreté a aussi augmenté de 1,2 millions de personnes en 20 ans.

L’ONG lance un appel aux dirigeants, pour que "l’économie fonctionne pour tous et pas uniquement pour une riche minorité".

Oxfam propose la limitation des dividendes pour les actionnaires et les dirigeants d’entreprises, la fin de "la brèche salariale" entre hommes et femmes, ainsi que la lutte contre l’évasion fiscale.

 En savoir plus et signer la pétition

Oxfam interpelle les élites de Davos face à l’explosion des inégalités
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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 12:27
Les Bretons de Paris à Fête de l'Huma à Garches en 1936: un des nombreux documents exceptionnels des Archives Pierre Le Rose que nous avons fait connaître progressivement dans le Chiffon Rouge

Les Bretons de Paris à Fête de l'Huma à Garches en 1936: un des nombreux documents exceptionnels des Archives Pierre Le Rose que nous avons fait connaître progressivement dans le Chiffon Rouge

Sept ans, l'âge de raison, pour un média de passions! 

Il y a sept ans, nous créions Le Chiffon Rouge, un blog d'informations et de réflexion militant ouvert sur la culture, l'art, l'histoire, les livres, l'international, comme sur les mobilisations locales et les actions des associations, syndicats du pays de Morlaix et du Finistère. Nous avons voulu ce blog animé par un esprit d'ouverture et de débat n'empêchant pas les points de vue tranchés et le parti pris, puisque ses animateurs sont communistes et ne s'en cachent pas et que nous informons aussi de manière prioritaire, mais non exclusive, sur les initiatives et analyses du PCF. Nous relayons aussi les interventions et compte rendus de nos élus sur la vie municipale et communautaire, les informations de la vie politique locale.  

Aujourd'hui, notre blog compte 80 abonnés et 250 à 600 lecteurs chaque jour en moyenne et est suivi par des citoyens du pays de Morlaix mais aussi bien au-delà par des militants et citoyens en Bretagne et en France. 430 000 visites depuis sept ans pour notre blog, ce n'est pas rien. 

Depuis deux ans, ces articles sont relayés sur Facebook, Twitter parfois. 

Ils doivent aussi beaucoup à ce que publient des journaux: la presse régionale, le Télégramme, et le Ouest-France, l'Humanité, Médiapart, le Monde Diplomatique, à ce ce que publient nos camarades, correspondants et amis, dont nous relayons régulièrement les informations, points de vue, documents intéressants. 

Ces moyens de communication numérique sont pour nous, dans un contexte où il est difficile de faire entendre dans les médias dominants un point de vue de gauche critique et progressiste, anti-libéral et anti-austéritaire, comme la mémoire et le témoignage des luttes populaires des dominés, un moyen de contourner le mur de la censure et de créer une communauté intellectuelle, morale et politique vivante, réactivée chaque jour, pour nourrir l'exigence de justice, l'indignation et la révolte, l'envie de construire en commun un monde plus vivable! 

Merci à tous les lecteurs fidèles ou occasionnels du Chiffon Rouge! 

Et longue vie à la lutte pour l'Humain, l'égalité, la fraternité et le progrès social! 

Ismaël Dupont  

 

   

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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 11:36
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)
Nouvelle marche contre la fermeture du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec à Audierne ce samedi 21 janvier: des centaines de personnes refusent la casse scolaire voulue par la majorité au Conseil Régional (photo Yvonne Rainero et C. Berardan)

Plusieurs centaines de personnes sous la pluie et dans les rafales de vent ont participé ce samedi à la marche de Plouhinec à Audierne dans le Cap Sizun pour le maintien du lycée professionnel Jean Moulin de Plouhinec.
Malgré une manifestation imposante en décembre, la majorité régionale dominée par des élus socialistes de plus en plus Macron-compatibles s'est prononcée le mois dernier pour la fermeture de ce lycée professionnel qui comporte une formation rare de charpentier de marine.
Cette décision scandaleuse prise à bulletins secrets va au devant des désirs du rectorat.
Les représentants syndicaux CGT FSU SUD FO ont rappelé comment ce lycée a été peu à peu étouffé par des décisions successives de fermeture ou de non-ouverture de sections, le réduisant ainsi à sa plus simple expression jusqu'à l'enterrer définitivement, méthode de dépeçage qui rappelle celle utilisée à l'égard des hôpitaux de proximité.
Mais il y a encore plusieurs étapes avant que la fermeture soit actée par les différentes instances, et il faut que la pression des citoyens s'exerce!
Les sections locales du parti communiste avaient appelé à se mobiliser pour le maintien du lycée qui porte le nom symbolique de Jean Moulin et dont la création a été portée par des élus communistes du Cap.
Dans le Cap Sizun comme partout défendons nos services publics, ne lâchons rien!

Yvonne Rainero

Fédération du Finistère

5, rue Henri Moreau

29200 Brest

 

Monsieur le Président

Conseil Régional de Bretagne

283 avenue du Général Patton

CS 21101

35711 Rennes cedex 7

 

Brest le 11 décembre 2017

 

Objet : avenir du lycée Jean Moulin Plouhinec

 

Monsieur le Président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard

 

Le Conseil Régional que vous présidez a fait de la maritimité une des pierres angulaires des politiques publiques.

Certains de vos services y sont dédiés et les vice-présidents en charge de ces questions multiplient les déclarations officielles, les chartes, les colloques, les journées thématiques.

Par ailleurs les milieux économiques autorisés se réjouissent du nouvel essor des industries de plaisance qui, nous dit on, ont un besoin urgent de salariés. Voila encore un beau sujet à vocation régionale.

Il n'est pas question d'ignorer un seul instant la promesse des énergies marines renouvelables, encore balbutiantes, empêtrées dans les logiques du profit immédiat, mais outils indispensables de la transition énergétique, qui elle aussi ouvre la voie à des compétences et des formations nouvelles intéressant le «cœur de métier» et les fonctions support

Enfin la pêche et les cultures marines ; identités fortes de nos territoires, filières de compétences particulières, porteuses d'emplois et de savoirs-faire, retiennent toutes les attentions. Leur maintien, leur renouvellement et leur développement sont intimement liés à la qualité et l'inventivité des filières de formations.

Tout un chacun se doit de soutenir l’économie bleue, secteur d'avenir.

Et vous, de votre côté vous vous apprêtez à fermer le lycée Jean Moulin à Plouhinec dont les sections s’intègrent largement aux besoins actuels de la filière maritime.

Curieuse logique.

Oui curieuse logique au moment même où nous avons besoin d'imaginer les formations de demain, où nous avons besoin de tout le monde, partout ; où l'accès concret, physique aux établissements est un des enjeux majeurs.

Curieuse logique aussi en terme d'aménagement et d'équilibre du territoire, de revitalisation des zones rurales, qui risque d'en dire long sur les préoccupations véritables de la Région et des services de l'Etat. Car...c'est au pied du mur que l'on voit le maçon !

Les personnels du lycée Jean Moulin se battent depuis longtemps pour le développement de leur établissement. Ils ont avancé des propositions depuis de nombreuses années sans qu'elles soient jamais examinées et encore moins prises en compte.

Vous qui faites du respect des acteurs du territoire un axe prioritaire de votre gestion ; vous seriez bien inspiré de les entendre et surtout des les écouter.

Il est donc impératif pour faciliter l'échange de points de vue de retirer de l'ordre du jour de la prochaine session du Conseil Régional la délibération actant la fermeture du lycée Jean Moulin.

Je vous prie de croire Monsieur le Président en mes sentiments les meilleurs.

Ismaël Dupont

Secrétaire départemental du Parti communiste français.

 

Copie aux Présidents de groupe au Conseil Régional

 

Vous ne pouvez pas enterrer le lycée Jean Moulin de Plouhinec - lettre ouverte de la Fédération du Finistère du PCF au président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard

Plouhinec, lycée Jean Moulin, samedi 2 décembre : le Cap dans la rue contre la fermeture du lycée professionnel (compte rendu et photos Yvonne Rainero et Roberte Saint Jalme)

 

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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 09:03
Elections européennes: Macron veut mopoliser les débats: le PCF et FI verront leur temps de parole réduit de 20 à ... 2 minutes et En Marche verra son temps de parole augmenter de 155%
Élections européennes. Macron veut monopoliser les débats
AURÉLIEN SOUCHEYRE
LUNDI, 15 JANVIER, 2018
L'HUMANITÉ
 

Le gouvernement prépare une réforme indexant la durée de diffusion des clips de campagne sur le nombre d’élus au Parlement français, ce qui favorisera largement LREM.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même… Le gouvernement souhaite modifier les règles de campagne pour les prochaines élections européennes, qui se dérouleront en 2019. Surprise, le projet de loi, qui sera examiné mercredi par la commission des Lois de l’Assemblée nationale, pourrait faire exploser le temps de parole attribué à la République en marche, le mouvement d’Emmanuel Macron. Actuellement, la loi impose une stricte égalité de temps de diffusion pour les clips de campagne entre toutes les formations politiques disposant d’un groupe à l’Assemblée nationale ou au Sénat. La majorité veut rompre avec ce principe pour accorder les minutes en fonction du nombre d’élus. Avec 359 députés, LREM et le Modem se tailleraient la part du lion, passant de 20 à plus de 50 minutes par chaîne. Le temps alloué aux «Républicains» augmenterait lui aussi, mais celui dédié à la France insoumise serait divisé par dix, passant de 20 minutes à 2 minutes. Idem pour le PCF. « C’est un déni de démocratie intolérable. Une manipulation éhontée, une petite cuisine électoraliste alors même que nous avons besoin d’un débat public, contradictoire et pluraliste sur l’avenir et le sens de l’Union européenne, et sur la place que la France doit y tenir », dénonce Marie-Pierre Vieu, députée européenne communiste. « Emmanuel Macron croit pouvoir fermer la bouche de l’opposition populaire que nous incarnons en nous privant d’un accès honnête à un service public qui est déjà à son service le reste du temps », a également réagi Jean-Luc Mélenchon pour la France insoumise.

La porte ouverte à des listes transnationales

Cette façon de tordre la démocratie avant une élection avait déjà été initiée par François Hollande, qui avait indexé le temps de parole des candidats à l’élection présidentielle de 2017 en fonction des résultats de la précédente, et des sondages, pour la longue période se déroulant avant l’ouverture officielle de la campagne. Cette fois-ci, la réforme concerne le temps officiel de la campagne, qui devrait être compris entre huit et quinze jours avant le vote. « Les clips, ce n’est évidemment pas le plus déterminant, et il ne faut pas oublier que les conditions d’un débat équitable et serein ne sont pas garanties avant l’ouverture officielle. Mais, sur le principe même, truander de la sorte est inacceptable et laisse peu de doute sur la façon dont Macron entend réformer notre République », ajoute Marie-Pierre Vieu. À noter que le Front national, qui était arrivé en tête en France lors des élections européennes de 2014, sera lui aussi concerné par cette réforme, puisque les partis ne disposant pas de groupe à l’Assemblée nationale et au Sénat devraient perdre le temps jusque-là alloué, mais pourraient bénéficier d’un « correctif » lié à leur nombre d’électeurs… Plutôt que de faire simple et équitable, le gouvernement privilégie donc le complexe et l’arbitraire. Cela lui a valu d’être réprimandé par le Conseil d’État, qui craint une « (in)adéquation » entre les durées de diffusion qui seront attribuées et les conditions nécessaires au débat.

Au-delà de cette question, le projet de loi consacré à la réforme de cette élection laisse la porte ouverte à la création de listes transnationales, dont les élus pourraient occuper les sièges laissés vacants par les Britanniques. Enfin, le gouvernement défend un retour à un scrutin national, avec les fins des huit grandes circonscriptions régionales actuelles. « C’est assez logique, car l’Europe s’organise autour de nations, et parce que ces circonscriptions n’ont pas de vie politique réelle en dehors du scrutin européen », mesure Marie-Pierre Vieu.

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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 08:59
Samedi 3 février: états généraux du Progrès Social organisés par le PCF. Participez-y!

Les États généraux du Progrès social, c'est samedi 3 février. Voici l'invitation de Pierre Laurent, André Chassaigne et Eliane Assassi à y participer. On compte sur votre contribution active !
Pour s'inscrire et se renseigner :
http://progres-social.pcf.fr/

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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 08:45
Philippe Marlière est politologue, professeur d'université à Londres, spécialiste des gauches européennes. Il avait été invité par le PCF Finistère au débat de l'espace Bretagne à la fête de l'Humanité 2017 pour parler de la situation post-Brexit en Grande-Bretagne et en Irlande

Philippe Marlière est politologue, professeur d'université à Londres, spécialiste des gauches européennes. Il avait été invité par le PCF Finistère au débat de l'espace Bretagne à la fête de l'Humanité 2017 pour parler de la situation post-Brexit en Grande-Bretagne et en Irlande

Céline, ambianceur des temps populistes
Avec le projet de rééditer les pamphlets antisémites de Louis-Ferdinand Céline, on comprendra que le temps est venu de réhabiliter l'ensemble de son oeuvre. La «célinomanie» est un phénomène médiatico-littéraire mondain. Comme Ferdinand Bardamu, elle caresse l’air du temps populiste dans le sens du poil (antidémocratie, racisme et nationalisme), tout en prétendant nous en protéger.

La maison d’édition Gallimard, en décidant de “suspendre” la réédition de trois pamphlets antisémites[1] de Louis-Ferdinand Céline, a éteint un début d’incendie qui menaçait de se propager. Sous l’impulsion de Serge Klarsfeld et d’historiens opposés au projet, la polémique ne cessait d’enfler depuis que la nouvelle de la publication avait été rendue publique. Il s’agit davantage d’un retrait tactique que l’abandon sine die d’une réédition qui semble rester à l’ordre du jour.

Antoine Gallimard s’est comporté en l’espèce avec arrogance et amateurisme. D’une part, on peine à comprendre quels sont les objectifs artistiques de ce projet éditorial. D’autre part, la légèreté de la maison d’édition est confondante : Gallimard envisageait de republier une édition parue en 2012 aux Éditions 8, en l’agrémentant d’une préface de Pierre Assouline. L’éditeur québécois, un admirateur de Marine Le Pen, avait publié ces pamphlets hystériquement antisémites sous le titre d’Écrits polémiques, un euphémisme qui en dit long sur ses intentions. Par ailleurs, les annotations d’un professeur de littérature française ont été jugées très insuffisantes sur le plan historique : elles multiplient les erreurs factuelles et comportent de nombreuses lacunes[2].

Les arguments invoqués par les partisans de la réédition sont incohérents et de mauvaise foi[3] : refuser la censure (on peut facilement trouver ces pamphlets sur internet) ; publier ces pamphlets pour désamorcer leur nocivité (leur publication par une maison d’édition renommée va, au contraire, légitimer leur contenu ainsi que les activités antisémites des Soral et autres Dieudonné).

Les partisan.e.s de la réédition estiment qu’il faut distinguer l’écrivain et son “style”, d’un côté, et l’antisémite et le collaborateur nazi, de l’autre. Cette distinction est un contresens dangereux. D’une part, elle dépolitise totalement des pamphlets qui sont un long tract politique d’appel au meurtre des juifs. Le fameux “style” du maestro des points de suspension a bon dos : quel éditeur publierait aujourd’hui un texte antisémite d’un.e auteur.e. contemporain.e ? Pourquoi accorder à Céline ce que l’on refuserait aux autres ?

En outre, si Voyage au bout de la nuit ne comporte pas de référence antisémite explicite, il contient le substrat idéologique qui parcourt l’ensemble de l’oeuvre de Céline : haine de la démocratie, de la République, des Lumières et des luttes émancipatrices. Même les tirades emphatiques contre la guerre, énoncées sur le mode de la dérision, peinent à cacher le mépris de l’auteur pour le “bon peuple”. Plus en avant, Céline accompagne un point de vue en apparence anticolonialiste de railleries contre le mode de vie des Africain.e.s et contre leur absence de rébellion.

Le style ampoulé de Céline n’est donc pas neutre : son emphase tourbillonnante sert un message foncièrement politique. Céline met en scène des personnages à son image : geignards, veules et d’extrême droite.

Dans un entretien donné au Monde[4], Antoine Gallimard a déploré que “s’il avait Serge Klarsfeld contre lui, [il] ne pouvai[t] rien faire”. Et de continuer : “Aujourd’hui, l’antisémitisme n’est plus du côté des chrétiens mais des musulmans, et ils ne vont pas lire les textes de Céline.”

Le plus extraordinaire est que ce commentaire n’a soulevé aucune protestation. Et pourtant dans les propos de Gallimard, on trouve le concentré d’un siècle de fantasmes antijuifs (accréditer l’existence d’un pouvoir occulte juif autour de Serge Klarsfeld, un agent influent) et une mise à l’index des “nouveaux antisémites” : les musulman.e.s. Puisque ces hommes et ces femmes essentialisé.e.s sont trop illettré.e.s pour lire les pamphlets de Céline, rien ne saurait s’opposer à leur réédition : les non-musulman.e.s, qui sont des “lecteur.rice.s. averti.e.s”, sauront les apprécier à leur juste mesure.

Avec ce tour de passe-passe, Antoine Gallimard se veut rassurant : Céline, le “génie littéraire” et Céline l’antisémite sont indissociables (il a raison sur ce point). On comprendra que le temps est venu de réhabiliter l’ensemble de son oeuvre, y compris cette diarrhée antisémite. La “célinomanie” est un phénomène médiatico-littéraire mondain. Comme Ferdinand Bardamu, elle caresse l’air du temps populiste dans le sens du poil (antidémocratie, racisme et nationalisme), tout en prétendant nous en protéger.

Notes

[1] Bagatelles pour un massacre (1937), L’École des cadavres (1938) et Les Beaux-draps(1941).

[2] Florent Georgesco, “Petites et grandes manoeuvres autour des pamphlets de Céline”, Le Monde des livres, 4 janvier 2018, http://abonnes.lemonde.fr/livres/article/2018/01/04/petites-et-grandes-man-uvres-autour-des-pamphlets-de-celine_5237371_3260.html

[3] Alya Aglan, Tal Bruttman, Éric Fournier, André Loez, “Céline, Gallimard, et le choix de l’antisémitisme”, L’Obs. 4 janvier 2018, https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20180104.OBS0154/celine-gallimard-et-le-choix-de-l-antisemitisme.html

[4] Florent Georgesco et Nicole Vulser, “Gallimard renounce à publier les pamphlets de Céline”, Le Monde, 12 janvier 2018, http://abonnes.lemonde.fr/livres/article/2018/01/12/gallimard-renonce-a-publier-les-pamphlets-de-celine_5240776_3260.html

Une version abrégée de cet article a été publiée dans L’Humanité le 18 janvier 2018. Cet article s’est inséré dans une double page de débats intitulée : “Y a-t-il un intérêt à rééditer les écrits antisémites de Céline ?” Avec les contributions d’Emmanuel Debono, Marine Roussillon et d’Éric Fournier.

 

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