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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 07:18
L'école primaire Corentin-Caër fait partie des établissements publics de la ville qui devraient perdre une classe, avec les écoles Jaurès et Gambetta.

L'école primaire Corentin-Caër fait partie des établissements publics de la ville qui devraient perdre une classe, avec les écoles Jaurès et Gambetta.

 

Face à la probable suppression de trois postes d'enseignants dans les écoles publiques morlaisiennes, les associations de parents d'élèves se mobilisent. Un rassemblement est prévu pour ce vendredi. 

« Une décision brutale ». Les associations de parents d'élèves des écoles concernées ne mâchent pas leurs mots, face aux probables suppressions de postes de professeurs des écoles, voulues par l'Inspection académique. À Morlaix, les écoles publiques Gambetta, Jaurès et Corentin-Caër devraient donc être amputées d'une classe à la rentrée prochaine. Attendue mardi prochain, l'annonce fait partie d'une modification de la carte scolaire à l'échelle du Finistère, avec 27 fermetures de postes dans le département. « Morlaix paye un lourd tribut. Trois classes en moins, c'est du jamais vu, les parents ne comprennent pas », déplore Stéphane Pellé, vice-président de l'APE Jaurès. Motif d'inquiétude principal : les effectifs, qui devraient augmenter dans les classes, au risque de mettre à mal les conditions de scolarisation des enfants. « On va se retrouver dans la même situation qu'il y a quelques années, c'est du gâchis », se désole Sébastien Portier, co-président de l'APE Gambetta. Selon le calcul du parent d'élève, l'école devrait se retrouver avec seulement trois niveaux (grande maternelle, CP-CE1-CE2 et CM1-CM2) et des classes de près de 30 élèves. « Pour une école en ville, c'est fou ».

 

 

« Précariser encore plus »


Pour les associations de parents d'élèves, l'Inspection ne voit pas la réalité, ne prenant pas tous les chiffres en compte. À l'image des 13 élèves Ulis (touchés par un handicap qui ne permet pas une scolarisation individuelle) de Jaurès, non comptabilisés. Autre grief : le caractère « populaire » des établissements concernés. « Nous sommes trois écoles publiques avec une mixité sociale importante et un certain nombre de familles en difficulté. Cette décision risque de précariser encore plus Morlaix », s'alarme Guillaume d'Ancoisnes, président de l'APE C.-Caër. Les associations s'inquiètent : « Comment donner envie à des familles de s'installer ici dans ces conditions ? » ; « Quelle est la prochaine étape, supprimer une école ? ».

Mobilisation vendredi


Les APE ont rapidement relayé l'information à l'ensemble des parents, après avoir appris la nouvelle en début de semaine. Une mobilisation est prévue ce vendredi, à 18 h, devant la mairie. « À l'appel de toutes les associations de parents d'élèves, même des écoles qui ne sont pas concernées par les suppressions », précisent les organisateurs. Une délégation devrait, par la suite, se rendre à l'Inspection académique de Quimper, mardi, jour où les suppressions de postes devraient être validées.

Les élus réagissent:

Agnès Le Brun, maire de Morlaix : « Je ne suis pas favorable à la fermeture de postes, mais je n'ai jamais considéré que crier au loup avait fait avancer les choses. Il faut regarder la réalité en face et continuer de négocier, en toute objectivité, avec l'Inspection académique. Les discussions ont déjà permis de maintenir l'école Cloarec (Ploujean), sur laquelle il y avait de fortes inquiétudes. Si vous regardez les chiffres, avec moins de 70 élèves, l'école aurait dû disparaître. Lorsque j'ai rencontré la directrice de l'académie, je lui ai dit à quel point nous y tenions. Il faut aussi faire valoir les spécificités de nos écoles. Gambetta, par exemple, a besoin d'un taux d'encadrement supérieur à la moyenne, du fait du nombre d'élèves allophones notamment. Pour être juste, on ne peut pas dire que l'Inspection académique a une logique comptable. Elle fait de sa priorité le renforcement du pôle de remplaçants, les zones rurales, et étudie l'évolution démographique. Pour Morlaix, il faut trouver une voie raisonnable. »
 
 Ismaël Dupont, élu communiste d'opposition : « Trois postes perdus dans les écoles pour la même ville, c'est irresponsable. C'est une politique de réduction de la qualité des services publics et d'austérité, qui se fait au détriment de l'éducation de nos enfants, dans des écoles publiques des quartiers populaires. Des écoles qui font, pourtant, un travail remarquable grâce à l'engagement des enseignants, des personnels et des parents. Or, comment ne pas voir que l'accueil des élèves, si cette décision se confirmait, serait moins bon et propice à la réussite de toutes et tous ? Mais au gouvernement, on raisonne avec la calculatrice, plus qu'avec une vision de long terme, sur l'efficacité sociale de l'éducation ! Nous ne laisserons pas faire ces reculs qui fragilisent nos écoles de proximité à taille humaine. Nous ne laisserons pas les conditions d'accueil dans les écoles publiques morlaisiennes être attaquées à ce point. Les élus d'opposition de gauche à Morlaix sont pleinement solidaires des parents d'élèves, des enseignants et des élèves des écoles publiques concernés par ces suppressions de classes ».

 

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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 07:04

Pendant une journée, plus de mille personnes ont échangé, contribué et proposé.

 

La restitution des ateliers du matin

Les grands témoins

Appel des Etats Généraux du Progrès Social

 

Après les États généraux du 3 février,  poursuivons nos combats pour le progrès social

Les Etats généraux du progrès social organisés le 3 février par le Parti communiste français ont constitué un rendez-vous national important dans la riposte à la politique d'Emmanuel Macron, un lieu de convergence de militant.e.s politiques, syndicaux et associatifs, de citoyen.ne.s engagés dans des luttes et des projets qui portent l'ambition d'un nouveau progrès social pour la France. Plus de 1000 personnes ont participé à ce rendez-vous.

Leur message doit être entendu par le Président de la République et le gouvernement :
La politique du pouvoir aggrave les inégalités et conduit à fracturer notre société en deux : une société d'insécurité sociale, toujours plus précaire, pour des millions de nos concitoyen.ne.s et une société d'aisance et de bien vivre pour une minorité aisée, pour les plus riches et les détenteurs de capitaux. Cette politique, non seulement met à mal les grandes conquêtes sociales et s'oppose aux valeurs de la République, mais empêche également un avenir de progrès pour tou.te.s.

A l'opposé de la vision présidentielle d'une start-up nation inégalitaire, un nouveau progrès social pour la France est possible. Nous voulons une politique d'égalité et de solidarité, à commencer par l'égalité femmes-hommes dans tous les domaines. Une politique qui vise l'émancipation au travail, la sécurisation de l'emploi et de la formation, une nouvelle industrialisation, le développement des services publics et de la protection sociale, le droit au logement pour toutes et tous et la promotion des communs. Une politique qui garantit les droits fondamentaux de chacun.e. Une politique qui prend soin de nos aînés et qui offre un avenir à la jeunesse.

Nous appelons nos concitoyen.ne.s, les forces de gauche, politiques, syndicales, associatives à agir ensemble et à amplifier ce message dans les mois qui viennent, en développant dans tout le pays des fronts de luttes et de progrès pour la France :

  • Pour une sécurisation de l'emploi et de la formation qui donne un coût d'arrêt aux suppressions de milliers d'emplois dans le pays et oppose à la précarité, à la souffrance au travail, au contrôle accru des chômeurs, au manque de formation, le droit à un travail émancipé, à une rémunération à la hauteur de sa qualification, à une protection sociale pour tous les travailleurs.euses. Amplifions la mobilisation pour l’égalité professionnelle. Participons aux mobilisations en cours notamment celle des salariés de Carrefour du 5 au 10 février.
  • Pour les droits des femmes, l’heure est à donner un prolongement au mouvement de libération de la parole des femmes pour mettre fin aux violences faîtes aux femmes dans les foyers, les lieux de travail et l’espace public, pour le partage des pouvoirs, pour l’éducation à l’égalité de la crèche à l’université, pour l’égalité professionnelle, la revalorisation des métiers dit féminisés et le droit à disposer de son corps.
  • Pour un accueil digne des migrants à l'opposé du projet asile-immigration du gouvernement qui sera une des lois les plus répressives que le pays ait connu. Avec les associations, nous demandons l’accueil inconditionnel, l’ouverture de nouvelles places d’hébergement pour le garantir, le droit au travail pour tous les migrant.e.s, l’abrogation du délit de solidarité.
  • Pour une nouvelle industrialisation de la France pour répondre aux besoins du pays, aux exigences sociales et écologiques. Mobilisons-nous pour stopper la vente de fleurons de notre industrie comme Alstom et pour développer une stratégie industrielle avec les travailleurs.euses et les habitant.e.s des territoires concernés. Il n’y aura pas de grandes réponses aux défis du siècle sans reconquête industrielle et relocalisation des productions.
  • Pour un service public et une protection sociale du XXIe siècle : pour une politique de santé publique qui donne les moyens aux personnels de l'hôpital public et des ehpad de remplir leurs missions, pour le droit à la retraite et pour le 100 % sécurité sociale à l'opposé des attaques actuelles contre son financement. Participons aux mobilisations des prochaines semaines, aux côtés des retraités et des personnels des ehpad le 15 mars, soutenons le tour de France des parlementaires communistes qui vont à la rencontre des soignant.e.s et le 23 juin prochain soyons au rendez-vous à Paris pour la défense des hôpitaux de proximité ; pour une école et un enseignement supérieur de l'égalité, démocratisée, pour le partage des savoirs et le développement de la recherche à l'opposé du dispositif « Parcours sup » et de la réforme du lycée. Participons à la prochaine journée d'action intersyndicale du 6 février. Mobilisons-nous également le 8 février avec les cheminots pour un service public ferroviaire de qualité et avec les travailleurs.euses de tous les secteurs qui ont rejoint cette date de mobilisation.
  • Pour le droit au logement pour tous et toutes, le logement comme un bien public cogéré avec les habitant.e.s au plus près des territoires, grâce à un service public national du logement, à l'opposé de la politique actuelle de baisse de l'APL et de casse du logement social. Participons à la journée de mobilisation du 24 mars à l’appel de la CNL.
  • Pour la défense de nos communes et de nos départements et un plan d'urgence pour les territoires les plus fragiles de nos villes et de nos campagnes : participons à la journée de mobilisation du 7 février contre la disparition des départements ; soyons nombreux le 18 mars prochain pour défendre la commune, maillon essentiel de la vie démocratique ; poursuivons la mobilisation engagée avec les états généraux de la politique de la ville initiée par Grigny ; et encourageons la "marche vers l'Elysée" samedi 9 juin prochain, initiée par les élu.e.s communistes des Hauts de France pour porter les cahiers des colères et des espoirs de toute une région et dire "arrêtez l'austérité et les vieilles recettes libérales, nous voulons du neuf !", prendre le pouvoir sur la finance et mettre l'humain au cœur de tous les choix.

Toutes ces mobilisations portent en elles un avenir de progrès pour notre pays. De nouvelles victoires sont possibles en les amplifiant.

Toutes portent en commun une nouvelle utilisation de l'argent, le recul du coût du capital, des dividendes versés aux actionnaires et des intérêts payés aux banques, pour réorienter le crédit vers la réponse aux besoins sociaux et écologiques. Toutes portent en commun la nécessité de nouveaux droits pour les salarié.e.s : le refus de la toute-puissance patronale et la nécessité d'un travail émancipé, la reconnaissance de l'expertise des travailleurs.euses, de leur qualification, de leur droit à peser sur les choix des entreprises jusqu'aux choix stratégiques. Toutes portent en commun la nécessité d’un changement des institutions européennes et mondiales pour les réorienter au service de l’intérêt général et de la protection de la planète.

Chacune et chacun d'entre-nous peut agir pour faire grandir cette alternative. Ensemble, construisons un nouveau progrès social pour la France !

 

 

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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 07:02

Devant le chaos qui régnait sur les routes et voies ferrées, la ministre des transports a plaidé le caractère exceptionnel des conditions climatiques : il n’y aurait pas eu de telles chutes de neige depuis plusieurs années.

 

 

Si certes, il n’est jamais possible de tout anticiper, ni de parer à tout en temps réel, il n’en reste pas moins qu’il est difficile de qualifier d’exceptionnel un événement météorologique assez banal dans la moitié nord de la France depuis plusieurs millénaires : il tombe quelques centimètres de neige en hiver. Rien à voir avec les terribles tempêtes de neige qui affectent régulièrement certaines contrées connues pour leurs événements climatiques extrêmes.

 

Une partie de la vérité a été lâchée à « l’insu de son plein grès » par Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement : «On ne va pas adapter des infrastructures (...) pour deux épisodes neigeux qui se tiennent tous les 4 ou 5 ans ».  C’est un peu comme si on décidait de fermer une caserne de pompiers sur un territoire parce qu’il n’y aurait pas eu d’incendie ou d’inondation depuis cinq ans.

 

La vérité est que les réseaux transports n’ont pas été paralysés par la neige, mais par plusieurs décennies de démantèlement des services publics par l’austérité, par le sous-investissement en infrastructures et en matériel, par un management destructeur des valeurs de l’intérêt général, par la privatisation, l’externalisation et l’ouverture à la concurrence. Le "tout routier" au détriment du fret ferroviaire a profondément dégradé les voiries, tandis que l’absence d’investissements dans les infrastructures ferroviaires hors LGV affecte quotidiennement la circulation des trains.

Le baisse des moyens des collectivités territoriales, le non remplacement de tous les agents partant à la retraite, l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire voyageurs, l’abandon d’Alstom à Siemens, la remise en cause du statut Maurice Thorez des fonctionnaires, feront que nous serons structurellement demain encore plus fragiles face à de petits événements neigeux. 


L'autre vérité de cet épisode neigeux est que l'intervention exemplaire, dans les pires conditions, des agents de toutes les fonctions publiques, a permis de surmonter la situation alors que le gouvernement et la droite n'ont de cesse de vouloir réduire leur nombre, détruire leur statut et bloquer leur traitement.

Les État généraux du progrès social, organisés samedi dernier par notre Parti, ont montré par de multiples témoignages de luttes, que nos concitoyens veulent justement des services publics modernes propres à les protéger des aléas de la vie y compris météorologiques. Reste à faire que cette volonté de terrain se traduise en un fait politique national majoritaire, c’est l’un des chantiers qui est devant les communistes pour leur Congrès.

 

Yann Le Pollotec

 

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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 06:45
Photo prise dans le quartier arabe du Vieux Jérusalem- avril 2015, mission AFPS: un appartement palestinien coincé entre des appartements d'Israéliens qui ont annexé l'immeuble

Photo prise dans le quartier arabe du Vieux Jérusalem- avril 2015, mission AFPS: un appartement palestinien coincé entre des appartements d'Israéliens qui ont annexé l'immeuble

Jérusalem: des diplomates européens accablent Trump et Netanyahou
 PAR 

Dans leur douzième rapport confidentiel – que publie en intégralité Mediapart –, les chefs de mission diplomatique de l’UE à Jérusalem et Ramallah dressent un réquisitoire documenté contre la politique israélienne. Et lancent une double mise en garde. Contre la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Et contre le projet israélien d’annexer une partie de la Cisjordanie pour créer le « Grand Jérusalem ».

 

« Jérusalem a une signification considérable à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens et au-delà. La question du futur statut de la ville est au cœur du processus de paix au Moyen-Orient. Aussi longtemps que cette question ne sera pas résolue, il sera impossible d’espérer une paix durable fondée sur la solution à deux États. » En choisissant d’ouvrir leur rapport 2017 par cette phrase en forme de rappel à la réalité historique et stratégique, les chefs de mission diplomatique des pays de l’Union européenne à Jérusalem et à Ramallah adressent un double message.

À Donald Trump, bien sûr, qui a décidé le 6 décembre 2017 de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël en violation, rappellent-ils, du « consensus international exprimé par diverses résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier la résolution 478 ».

À Benjamin Netanyahou, aussi, dont la majorité a présenté à la Knesset, au cours de l’année écoulée, « plusieurs projets de loi, qui, s’ils étaient adoptés provoqueraient des changements unilatéraux au statut et aux limites de Jérusalem, en violation du droit international ». Allusion diplomatique, mais transparente aux projets d’annexion des colonies limitrophes de la ville et de création d’un Grand Jérusalem, dont rêvent depuis longtemps Netanyahou et ses électeurs (lire l’article ici).

Depuis qu’un diplomate britannique en a eu l’idée en 2005, les consuls et consuls généraux des 28 pays membres de l’UE à Jérusalem et dans les territoires occupés palestiniens rédigent chaque année, pour le Comité politique et de sécurité (COPS), un état des lieux qui fait le point sur la situation à Jérusalem. D’année en année, ces documents confidentiels brossent un tableau factuel, mais réaliste et souvent sévère pour Israël, des conditions de vie des Palestiniens de Jérusalem. Surtout, ils dessinent les grandes tendances de l’évolution des rapports de plus en plus difficiles entre les Palestiniens et l’État d’Israël.

Celui de 2017, que Mediapart s’est procuré et dont on peut lire le texte intégral en anglais ci-dessous, est particulièrement riche et accablant. Long de 52 pages, dont 10 pages de statistiques précieuses sur les pertes recensées dans les deux camps, mais aussi sur les autres formes de violence subies par les Palestiniens en raison de l’occupation israélienne (démolition de maisons, déplacements de population, agressions par les colons, détention d’enfants), le rapport 2017 passe en revue tous les aspects de la vie des Palestiniens. Et cela, avec une précision et une qualité d’information de nature à désarmer les dénégations rituelles du gouvernement israélien et de ses partisans, à domicile comme à l’extérieur.

Une apparente pudeur diplomatique conduit les auteurs du rapport à évoquer encore le« processus de paix », dont la mort clinique a été constatée récemment par le président palestinien Mahmoud Abbas en personne, et la « solution à deux États », délibérément réduite en cendres par le développement intensif et ciblé de la colonisation israélienne. Mais s’il est discutable sur sa vision du futur, le rapport ne l’est pas sur le présent. Solidement documentée, sa description minutieuse du quotidien des Palestiniens révèle une situation désastreuse, aggravée par l’absence de perspectives et d’espoir.

« De rapport en rapport, constatent les auteurs du document, les chefs de mission diplomatique de l’UE ont identifié un certain nombre de tendances qui ont eu un impact profondément négatif sur la ville, notamment l’extension des colonies, qui s’est accélérée en 2017, et l’exclusion politique, économique et sociale, des Palestiniens qui vivent ici. Globalement, les tendances négatives décrites dans les précédents rapports ont persisté et la polarisation, l’exclusion, la marginalisation des Palestiniens sont demeurées aussi terribles que par le passé. En outre, on constate un certain nombre de développements inquiétants qui affectent le statut de Jérusalem, c’est-à-dire l’une des questions prévues pour la phase finale des négociations (les autres étant les frontières, la sécurité et les réfugiés). »

Aux yeux des diplomates, la décision de Trump – « changement fondamental dans la politique des États-Unis » – comme les projets d’annexion de Netanyahou sont aujourd’hui les problèmes dominants pour la recherche d’une solution au conflit. « S’il était mis en œuvre, estiment-ils, le charcutage des limites de la municipalité de Jérusalem réduirait de près de 120 000 le nombre des Palestiniens de Jérusalem et ajouterait 140 000 colons israéliens à la population de la ville, réduisant la part des Palestiniens à 20 % (contre 37 % aujourd’hui). »

Selon les auteurs du rapport, la construction d’au moins 3 000 nouveaux appartements à Jérusalem-Est a été décidée en 2017, ce qui va encore accroître « la fragmentation de la Palestine en isolant Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie ». « Aujourd’hui, notent-ils,près de 867 000 personnes vivent dans les limites municipales de Jérusalem. On estime à 215 000, sur près de 615 000 colons le nombre de ceux qui vivent à Jérusalem-Est, aux côtés de 317 000 Palestiniens. Il y a actuellement 11 grandes colonies à Jérusalem-Est et un nombre croissant de petites enclaves de colonisation ou de colonies privées dans les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est. »

Confirmant les craintes que les Palestiniens et les observateurs de la colonisation peuvent nourrir sur l’annexion possible des « blocs » de colonies de la périphérie, pour constituer le Grand Jérusalem, prévue par les projets de loi des amis du premier ministre, les diplomates relèvent que dans le seul premier trimestre 2017, plus de 1 300 nouveaux logements ont été annoncés dans ces colonies périphériques : 552 à Guivat Zeev, 90 à Maale Adumim, 402 à Nokdim, 709 à Betar Illit. En outre, au cours de la même année, le gouvernement a approuvé des projets pour 1 105 à Maale Adumim, 397 à Guivat Zeev, mais aussi 70 à Betar Illit, 30 à Allon Shvut, 68 à Elazar, 32 à Efrat, 682, dans le « bloc » d’Etzion. « Tous, soulignent les diplomates, sont inclus dans les 19 colonies qui deviendraient des municipalités annexes de Jérusalem selon la loi sur le Grand Jérusalem. »

En dix ans, le taux de pauvreté à Jérusalem-Est est passé de 64 à 75 %

À côté du développement de la colonisation, avec pour les Palestiniens son cortège d’expulsions, de démolitions et de déplacements forcés, les diplomates dénoncent aussi le statut – révocable – de « résident permanent » – et non de citoyen – accordé aux Palestiniens de Jérusalem-Est, même lorsque leurs ancêtres sont nés dans la Ville sainte. Car ce statut est des plus précaires. Largement conditionné par les impératifs démographiques israéliens, il n’est pas transmissible par le mariage et n’est pas automatiquement transmis à un enfant si l’un de ses deux parents ne détient pas la carte de résident. Il peut être révoqué si son titulaire ne peut prouver que Jérusalem est son « centre de vie », lorsqu’il est contrôlé.

« Entre 1967 et 2016, constatent les diplomates européens, Israël a révoqué le statut de 14 595 Palestiniens de Jérusalem-Est. Israël, relèvent-ils, poursuit cette politique de “déportation silencieuse” comme le montrent les chiffres de 2016 : le ministère de l’intérieur a révoqué au cours de cette année, le statut de résident de 95 habitants de Jérusalem-Est, parmi lesquels figuraient 41 femmes et 11 mineurs. »

Cette pratique, qui constitue une violation par Israël de ses obligations de puissance occupante, telles qu’elles sont définies par le droit international, et en particulier par la IVe convention de Genève, n’est que l’un des “outils d’intervention” utilisés par la municipalité de Jérusalem et le gouvernement israélien pour « préserver une majorité juive substantielle à Jérusalem », ainsi que le prévoit le plan directeur Jérusalem 2000, adopté en 2007. Parmi les autres outils dont l’usage est analysé par les diplomates, le “zonage” de la ville, les démolitions et les déplacements de population jouent aussi un rôle majeur.

Alors que les Palestiniens représentent 37 % de la population de la ville, 9 % seulement des permis de construire ont été attribués, entre 2010 et 2016, aux quartiers où ils vivent. Et 13 à 14,5 % des terres sont affectées au développement de ces quartiers, tandis que 35 % de l’espace est réservé à l’expansion des colonies, qui bénéficient en outre du privilège de pouvoir s’étendre au détriment des terres originellement affectées aux espaces verts.

Alors que les démolitions de domicile « par la puissance occupante » sont proscrites, comme les révocations du statut de résident, par la IVe convention de Genève, Israël a démoli au cours des dix dernières années 900 bâtiments appartenant à des Palestiniens de Jérusalem-Est. Pour la seule année 2016, 190 immeubles ont été détruits, provoquant le déplacement de 114 personnes. Et au cours des 11 premiers mois de 2017, les 136 démolitions ont provoqué le déplacement de 228 personnes. « Plus de 22 000 maisons palestiniennes sont aujourd’hui menacées de démolition administrative, judiciaire ou militaire, sous le prétexte d’avoir été construites sans permis, relève le rapport. Ce qui expose plus de 144 000 Palestiniens au risque d’être déplacés. »

L’effet désastreux de la politique israélienne sur l’éducation et la santé à Jérusalem-Est, ainsi que sur l’économie des quartiers palestiniens, explique aussi en grande partie, selon les diplomates, la polarisation et la persistance d’un certain degré de violence dans la ville. Le manque de salles de classe – évalué à près de 2 000 par le rapport –, les difficultés d’accès aux établissements scolaires, dues notamment au mur de séparation, pour les élèves et les enseignants, les difficiles conditions de fonctionnement des six hôpitaux de Jérusalem-Est dont 70 à 80 % des membres du personnel résident en Cisjordanie et doivent disposer d’un permis (valable six mois) pour se rendre à leur travail, assombrissent encore un tableau catastrophique.

Quant à l’analyse de la situation économique, elle révèle un effondrement de l’activité et du rôle de Jérusalem-Est, asphyxié par l’existence du mur de séparation et du régime de permis qui l’accompagne, mais aussi par les choix délibérés du gouvernement israélien. Alors que les Palestiniens représentent plus du tiers de la population de la ville et contribuent en proportion, par leurs impôts, aux recettes de la municipalité, leurs quartiers ne bénéficient que de 10 % du budget municipal. Lesquels souffrent de manques criants en matière de services publics, d’équipement et de voirie. La seule existence du mur de séparation provoque, en termes de commerce et d’emploi, une perte annuelle de 200 millions de dollars pour l’économie palestinienne. Alors que la part de Jérusalem-Est représentait, avant les accords d’Oslo, 15 % du PNB palestinien, elle n’atteint même plus 7 % aujourd’hui et le taux de pauvreté à Jérusalem-Est est passé en dix ans de 64 % à 75 %.

Dans leur document, les diplomates relèvent aussi la création d’équipements touristiques dont la raison d’être est « purement politique » et ils relaient notamment un rapport de l’Académie des sciences israélienne qui critique « l’usage politique de l’archéologie et la coopération étroite entre l’organisation privée de colonisation El’ad et l’Autorité de la nature et des parcs ».

Ils relèvent enfin, au chapitre « Religion », le caractère hautement inflammable de la situation sur l’esplanade des Mosquées/mont du Temple où une mobilisation massive, non-violente et spontanée des Palestiniens de Jérusalem-Est a mis en échec, l’été dernier, une tentative israélienne de changer les règles d’accès aux lieux saints. Et constatent que selon un sondage, 68 % des Israéliens juifs sont désormais favorables à un changement du statu quo qui, aujourd’hui, n’autorise pas les fidèles juifs à prier sur l’esplanade des Mosquées. « En 2017, écrivent-ils, on a vu un accroissement significatif en nombre et en taille des groupes de juifs religieux qui entraient sur l’esplanade des Mosquées/mont du Temple, avec l’aide et sous la protection de la police. Entre septembre 2016 et septembre 2017, près de 22 000 juifs religieux nationalistes sont venus en visite, ce qui représente une augmentation de 60 % et un record historique. En mai, le premier ministre Netanyahou a organisé une réunion de cabinet spéciale, dans les tunnels du Mur occidental [Mur des lamentations] pour marquer le 50e anniversaire de “l’unification’’ (annexion) de Jérusalem-Est. »

 

Exceptionnel par son volume et par son ton, très ferme, ce rapport 2017 qui critique vigoureusement la politique israélienne à Jérusalem est accompagné de dix « messages communs » destinés à définir la position politique de l’UE à Jérusalem-Est et de douze recommandations, très détaillées, soumises au Conseil européen des affaires étrangères. Les premiers « messages communs » rappellent, en réponse évidente à Trump, que « la position de l’UE sur Jérusalem demeure inchangée » et, en réponse non moins claire à Netanyahou, que « les changements unilatéraux au statut et aux frontières de Jérusalem constitueraient une violation de la loi internationale ».

Quant aux “recommandations”, dont les premières soulignent la position constante de l’UE sur le conflit, elles appellent notamment à « rétablir la présence des institutions palestiniennes à Jérusalem-Est », à « mettre un terme aux démolitions », à « stopper le développement de la colonisation » ou à « vérifier que les produits des colonies ne bénéficient pas du traitement préférentiel prévu par l’accord d’association Israël-Union européenne ». Le tout est de savoir si les 28 États de l’UE seront, pour la première fois, capables d’adopter, au-delà des déclarations de principe rituelles, une position commune ferme sur le conflit israélo-palestinien et si ce travail salutaire de leurs diplomates est voué – ou non – au même sort que les douze précédents : finir oublié au fond d’un tiroir de Bruxelles.

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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 06:41
Le Vendredi 9 Février, 18h30 au bar des Deux Rivières - A quoi Serge? - chansons ni reprises ni échangées - dans le cadre de l'exposition de peinture Marie-Paule Kérebel
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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 06:40

«Plus les États défaillent, plus le rôle des ONG est important»

 

AU PARLEMENT EUROPÉEN, VOUS SUIVEZ PARTICULIÈREMENT LES SUJETS D'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE ET DES MIGRATIONS. COMMENT LES INSTANCES EUROPÉENNES GÈRENT-ELLES LA POLITIQUE MIGRATOIRE ?

AMARIE-CHRISTINE VERGIAT. Il faut bien avoir deux choses en tête quand on parle de migrants. La première est que les institutions européennes ne font que ce que les États membres veulent bien leur laisser faire. La seconde est que ces mêmes États membres ferment de plus en plus la porte aux migrants provenant du Sud. Il faut donc d'abord savoir comment ouvrir les voies légales pour que tous les migrants soient à égalité de traitement. Contrairement aux idées reçues, les migrants qui arrivent en Europe ne sont pas des gens du Sud. Statistiquement, les Ukrainiens sont les plus nombreux et se rendent en Pologne. Or la Pologne est justement l'un des États membres qui refusent toute politique migratoire au niveau européen afin d'en garder le contrôle. La France agit de même et rebascule vers une immigration intra-européenne, comme avant la Seconde Guerre mondiale, en fermant ses portes aux ressortissants des pays d'Afrique et du Maghreb qu'elle leur avait ouvertes après guerre. Après les Ukrainiens et les Syriens, pour des raisons là encore bien spécifiques, viennent ensuite les ressortissants des États-Unis, de Chine et d'Inde. La situation est donc paradoxale. Au moment où on impose aux pays du Sud des traités de libéralisation de leurs marchés, on leur impose aussi une limite à la liberté de circulation des personnes. Tout cela fait le jeu des passeurs. Et comme la fermeture des frontières et le renvoi vers des pays tiers dits sûrs ne suffisent plus, les États membres traitent directement avec les régimes des pays que leurs ressortissants fuient.

 

QUEL RÔLE JOUENT LES STRUCTURES DE L'ESS DANS CE CONTEXTE ?

MARIE-CHRISTINE VERGIAT. Elles ont un rôle de plaidoyer et d'action de solidarité. Elles ont, par exemple, été très actives pour mettre la pression sur le gouvernement français et son jeu de ping-pong pour renvoyer les migrants vers les «pays tiers sûrs». Et comme Paris veut faire endosser cette politique au niveau européen, les ONG mènent la même bataille à Bruxelles. Nous, au sein du groupe GUE/NGL, nous travaillons à mettre en réseau les associations et élus locaux. Ils sont en première ligne. Ils sont donc les mieux à même de montrer une autre réalité que la crise migratoire dépeinte par nos gouvernements.

Il faut se battre contre les clichés: celui du méchant migrant, celui des migrations forcément négatives. Avec le développement des communications, celles-ci sont appelées à s'intensifier du fait des mariages mixtes, des étudiants et des travailleurs partis pour une expérience à l'étranger. Les migrations ne sont pas toujours contraintes et forcées, comme on essaye de nous le faire croire.

 

IL Y A TOUT DE MÊME DES URGENCES. LES ASSOCIATIONS SONT LÀ AUSSI EN PREMIÈRE LIGNE...

MARIE-CHRISTINE VERGIAT. Plus les États sont défaillants, plus leur rôle est important. En Allemagne, l'État joue un rôle central. Les associations sont venues en soutien au plus fort de l'arrivée de migrants. Contrairement à l'Allemagne, qui représente 60 % des droits d'asile accordés en Europe, la France, qui est parmi ceux qui accordent le moins de droits d'asile, fait preuve d'une insuffisance totale de politique publique, qui se résume aux reconduites à la frontière, y compris des mineurs. Les citoyens se sont donc substitués à l'État et pallient ses carences. Les associations, qui jouent historiquement un rôle majeur dans la découverte de la culture d'accueil, de la langue, de l'insertion dans l'emploi, ont répondu aux urgences.

 

SONT-ELLES SOUTENUES PAR LES INSTITUTIONS EUROPÉENNES ?

MARIE-CHRISTINE VERGIAT. Là encore, on est au cœur des missions régaliennes des États membres. Les associations doivent passer par eux pour avoir accès aux aides financières. Le centre de la Chapelle, à Paris, ou les anciennes installations d'accueil des familles et de mineurs isolés, à Calais, ont été financés par des fonds européens. Mais le Fonds asile migration intégration (Fami) est de plus en plus utilisé par les États membres à des fins sécuritaires.

 

Marie-Christine Vergiat

Marie-Christine Vergiat

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8 février 2018 4 08 /02 /février /2018 12:05
Les députés communistes refusent la libéralisation des activités ferroviaires (8 février 2018)
Les députés communistes refusent la libéralisation des activités ferroviaires

jeudi 8 février 2018

Attendu à la fin de la semaine, le rapport confié par le gouvernement à l’ancien patron d’Air France Jean-Cyril Spinetta devrait donner le coup d’envoi de la libéralisation des trains de voyageurs à l’horizon 2021-2023. Un scénario catastrophe pour le service public.

- Lire l’analyse de l’Humanité du jour

Hubert Wulfranc, député de Seine-Maritime est intervenu au nom du groupe GDRdans le cadre de l’audition de Guillaume Pépy, Président de la SNCF et de Patrick Jeantet, Président de SNCF réseau, sur le rapport d’information sur la sécurité dans les transports collectifs et voyageurs.

Il a rappelé à cette occasion la nécessité de désendetter l’entreprise publique ferroviaire avec plusieurs propositions de financement développées par le groupe. Par ailleurs, il a exposé la position des élus communistes en matière de structuration de la SNCF, leur refus de la libéralisation des activités ferroviaires ainsi que leurs interrogations sur la politique de filialisation tout azimut du groupe SNCF qui conduit la société à concurrencer son coeur de métier.

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8 février 2018 4 08 /02 /février /2018 07:36
IRLANDE -  LA POSSIBILITE D'UNE ILE (L’HUMANITE – MERCREDI 7 FEVRIER 2018 – THOMAS LE MAHIEU)

Figure du républicanisme irlandais, Gerry Adams passe le relais à Mary Lou McDonald à la tête du Sinn Féin. Avec une ambition : prendre le pouvoir au nord comme au sud.

 

Cela ne rate pas. L'armée de spectres ne manque pas la moindre de ses conférences de presse ou de ses prestations télévisées. Quel que soit le thème abordé par Gerry Adams ­ la lutte contre l'austérité, les conséquences du Brexit, etc. ­, il se trouve systématiquement un journaliste pour convoquer les fantômes des « troubles » qui ont ensanglanté l'Irlande du Nord pendant des décennies. Et demander au dirigeant du Sinn Féin, le parti républicain de gauche systématiquement renvoyé à sa fonction de vitrine politique de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), s'il peut, au choix, dénoncer les assassins ou avouer son rôle de commandant militaire pendant la guerre civile. Dernier exemple en date, dimanche, sur la BBC, devant le présentateur vedette Andrew Marr : Gerry Adams a dû réfuter une nouvelle fois toute appartenance au commandement militaire de l'IRA. « J'aurais aimé que personne n'ait été tué ou blessé au cours de conflit, a-t-il expliqué. Mais aujourd'hui l'IRA a disparu. J'ai défendu l'IRA, mais j'ai aussi été critique envers l'IRA. Je ne soutiens pas tout ce que l'IRA a fait... Mais on ne peut porter de jugements moraux sur les gens que quand on marche dans leurs chaussures... Et, heureusement, nous parlons ici du passé car, pour sortir de la violence, nous avons été capables de bâtir une alternative. »

 

LA PREMIÈRE FEMME À DIRIGER LE SINN FÉIN

C'est ce monstre sacré de la politique irlandaise qui s'apprête à passer au second plan, sans abandonner totalement la scène. Le 10 février, à l'occasion d'un congrès extraordinaire, Gerry Adams, président du Sinn Féin depuis 1983, passera la main à Mary Lou McDonald. Une page se tourne pour le genre : elle sera la première femme à diriger le parti. Un chapitre s'achève pour la génération marquée par la guerre civile, consacrant l'ambition d'une formation qui n'est plus cantonnée à Belfast ou Derry : après le décès, l'année dernière, de Martin McGuinness, ex-commandant de l'IRA, lui, et vice-premier ministre Sinn Féin en Irlande du Nord, au sein d'une coalition ­ un passage obligé hautement improbable il y a une vingtaine d'années ­ avec les unionistes ultraréactionnaires du DUP Gerry Adams , laisse la place à une militante de Dublin, âgée de 48 ans, qui, première parlementaire européenne du Sinn Féin en 2004 ­ inscrite au sein du groupe de la Gauche unie européenne (GUE-NGL) ­ et ensuite élue triomphalement députée de la circonscription du centre de la capitale irlandaise, n'a aucun rapport avec la lutte armée. « La vérité, mes amis, c'est que je ne pourrai pas rentrer dans les chaussures de Gerry Adams, et personne ne le pourrait, mais, la bonne nouvelle, c'est que j'ai apporté les miennes, a-t-elle lancé devant des délégués du Sinn Féin à la mi-janvier. Je vais enfiler les miennes et faire ma route avec... »

Pour Mary Lou McDonald, le chemin est balisé : sous la direction de Gerry Adams, le Sinn Féin est largement sorti de la marginalité et il s'agit désormais de le porter au pouvoir sur toute l'île, en creusant le sillon ouvert avec les accords du Vendredi saint, en 1998, consacrant la pacification en Irlande du Nord et les batailles contre l'austérité imposée par la troïka à la république d'Irlande, au sud. Le but ultime du parti demeure plus que jamais « l'établissement d'une république pour tous dans une Irlande libre et réconciliée ». Or, à Belfast, le Brexit rebat considérablement les cartes : craignant la remise en place d'une frontière coupant l'île en deux, les électeurs ont majoritairement voté contre la sortie de l'Union européenne, mais, depuis que Theresa May a perdu sa majorité absolue, en juin de l'année dernière, les conservateurs britanniques n'ont trouvé comme alliés que les unionistes ultras du DUP au risque de rouvrir , les plaies mal cautérisées des « troubles ». Dans ce contexte, le Sinn Féin réclame la création d'un statut spécial maintenant l'Irlande du Nord au sein de l'Union européenne, avec une perspective. À Dublin, le gouvernement minoritaire des néolibéraux Fine Gael ne tient qu'à un fil. Lors des dernières élections au sud, en février 2016, le Sinn Féin, renforcé durant les batailles antilibérales pour la gratuité de l'eau et pour l'accès au logement, a frôlé les 15 %, sur fond de déroute et de division des partis austéritaires ­ les « centristes » conservateurs (Fine Gael et Fianna Fail) et les travaillistes du Labour. « Beaucoup rêvent encore de nous cantonner à une force d'opposition, mais nous ne jouons plus dans cette cour, nous voulons gouverner », confiait alors Mary Lou McDonald à l'Humanité.

 

MILITER POUR LE DROIT À L'AVORTEMENT

Lors de sa dernière conférence programmatique, en novembre, au-delà d'avancées considérables, dans une formation longtemps marquée par le catholicisme le plus réactionnaire, sur les droits à l'IVG ­ le parti milite désormais pour l'abrogation du 8e amendement de la Constitution irlandaise, qui interdit l'avortement ­ et pour les droits des couples homosexuels, le Sinn Féin a adopté une feuille de route pouvant conduire à une participation gouvernementale au sein d'une coalition ­ quasiment incontournable dans un système quadripartite à Dublin ­, sous réserve de la « sécurisation d'un programme de gouvernement progressiste et républicain ». Mary Lou McDonald appuie résolument dans cette direction. « Comme Gerry Adams nous l'a montré, on ne peut pas rester les bras ballants et attendre en célébrant le passé, invite-t-elle. Nous commémorons notre histoire, mais pour mieux regarder vers le futur... Si l'on veut faire avancer la réunification de l'Irlande, qui est la meilleure issue aux crises actuelles que nous pouvons construire pour les citoyens, il nous faudra convaincre nos amis et voisins unionistes de la construire avec nous. »

 

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8 février 2018 4 08 /02 /février /2018 06:37
La commune s'est engagée dans une réfection complète de l'école publique des Quatre Vents

La commune s'est engagée dans une réfection complète de l'école publique des Quatre Vents

Comme Morlaix (notre édition d'hier), la commune pourrait être concernée par la suppression d'une classe, à la rentrée prochaine. La maire, Cathy Lucas revient sur les actions menées par la municipalité en faveur des enfants et appelle à la mobilisation. 

La nouvelle carte scolaire pour l'année 2018-2019 suscite des inquiétudes. En effet, une classe pourrait être supprimée à l'école publique des Quatre Vents. Aussi, Cathy Lucas a souhaité s'exprimer sur ce sujet et appelé à la mobilisation pour la sauvegarde de l'école de la République. « La nouvelle carte scolaire est en préparation et suscite des inquiétudes pour l'école des Quatre Vents. Il est impératif que les parents d'enfants, nés en 2015 et 2016, se manifestent auprès de la directrice, au plus vite, pour l'inscription de leur enfant. En effet, les arguments en notre faveur doivent être transmis à l'Inspection d'académie, avant la décision définitive, prévue le mardi 13 février.

Travaux et activités culturelles programmées


La commune s'est engagée dans une réfection complète de l'école : bâtiments, accessibilité, sécurisation, cantine, nouveau préau, tableau interactif, tablettes, classe numérique, pour le bien-être des enfants de l'école de la République, gratuite. La semaine des quatre jours devrait être remise en place, à la rentrée 2018. Des activités culturelles et sportives gratuites seront proposées, le mercredi matin, et deux matinées pendant les petites vacances, pour continuer la dynamique d'accès à la culture et au sport pour tous les enfants. La municipalité, l'équipe pédagogique et les parents d'élèves sont invités à tout mettre en oeuvre pour maintenir et défendre l'équilibre de l'école publique. Des actions seront organisées dans les prochains jours ».
© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/finistere/lanmeur/ecole-publique-classe-menacee-la-mairie-appelle-a-la-mobilisation-08-02-2018-11844238.php#WhZiJz5QdUDBxLeB.99

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8 février 2018 4 08 /02 /février /2018 06:33
Pour Nazim Khalfa, Alger Républicain - L'ultime au-revoir à l'humaniste, au lutteur, au militant infatigable des causes justes - dimanche 28 janvier
Pour Nazim Khalfa
L’ultime au-revoir à l’humaniste, au lutteur, au militant infatigable des causes justes
dimanche 28 janvier 2018 
par  Alger republicain 
 

C’est une belle et forte assemblée d’amis, de camarades, de proches, de militants politiques, et associatifs, en présence de son épouse, de ses deux filles, et de sa soeur, qui a participé aux obsèques de Nazim Khalfa, mon vieux frère, mon camarade, trop tôt parti [1], en ce vendredi 26 janvier 2018, illuminé par un soleil indécis, que taquinait de petites averses.

Rassemblés au crématorium, ces femmes et ces hommes de Carhaix, la ville où il vivait depuis plusieurs décennies, mais aussi celles et ceux venus de toute la Bretagne et d’ailleurs, étaient là pour rendre hommage et dire au-revoir à un homme attachant, simple, généreux, amoureux de la nature et des chevaux [2], qui aura consacré sa vie aux luttes pour la justice sociale, le progrès, mais aussi aux justes causes et luttes des peuples opprimés et à la solidarité internationaliste.

Après les tendres et poétiques lettres d’adieu de ses deux filles, dans une eulogie forte, dense et fraternelle, son ami et camarade Jean-Pierre Jeudy [3], dont nous reprendrons quelques passages avec son aimable autorisation, rappela ses luttes politiques et sociales, mais aussi son combat, exemplaire, inébranlable [4], et sa solidarité sans faille pour la Palestine et son peuple colonisé, réprimé, opprimé.

Nazim Khalfa avec Yasser Arafat {JPEG}Nazim Khalfa avec Yasser Arafat

Après un premier voyage en Palestine - Cisjordanie et Gaza - en 2001 au sein d’une délégation de la ville de Carhaix, conduite par son maire Christian Troadec, il rejoint l’Association France Palestine Solidarité. A cet effet, il me revient, c’était en juin 1967, qu’adolescents nous nous rendîmes au siège de l’OLP, à Alger, pour adjurer les responsables palestiniens de nous envoyer sur le front combattre l’armée sioniste.

Dans la foulée de ce premier voyage, il crée le groupe local de France-Palestine-Solidarité Centre-Bretagne [5] dont il assurera la présidence pendant 15 ans. Ce combat se matérialise par de nombreuses actions de solidarité en faveur du camp de réfugiés d’El Arroub, en Cisjordanie, où il séjourna lors de son voyage de 2001. Il y retournera à plusieurs reprises. Cette solidarité active, concrète, se traduit par l’équipement d’un laboratoire informatique pour les écoles, l’acheminement de mobilier scolaire pour l’école de filles et la maison de l’enfance, et par le parrainage de 12 enfants des familles les plus pauvres du camp, mais aussi, car il ne faut rien négliger, par la vente solidaire d’huile d’olive des paysans d’El Arroub. A ces actions s’ajoutent le projet de jumelage entre la ville de Carhaix et le camp d’El Arroub. Il jouera, à cet égard, un rôle décisif pour que soit acté officiellement en 2010 leur jumelage. Son combat et ses qualités lui valent d’être élu à trois reprises au Conseil national de France Palestine Solidarité, sa dernière élection remontait au congrès tenu en mai 2017.

Ces combats, ce choix de vie, J.P. Jeudy, son successeur à la Présidence de l’antenne Centre-Bretagne de l’Association France-Palestine-Solidarité, les restitua en ces termes : « Pour la justice et le progrès social. Du côté des faibles contre les puissants. Des victimes contre leurs bourreaux. Des exploités contre leurs exploiteurs. Des résistants contre l’occupant. Toujours l’indignation à fleur de peau et le refus de toute résignation ». 
Tel était, mais le portrait reste incomplet, Nazim Khalfa.

Pour pallier à cette incomplétude, écoutons le poète, dont le prénom, en hommage, lui avait été donné par son père :

Je suis communiste
Je suis amour des pieds à la tête
Amour : voir, penser, comprendre
Amour : l’enfant qui naît
La lumière qui avance
Amour : accrocher une balançoire aux étoiles
Amour : tremper l’acier avec mille peines
Je suis communiste
Je suis amour des pieds à la tête

Nazim Hikmet. Les Romantiques : la vie est belle, mon vieux.

.

Smaïl Hadj Ali
28.01.18

 

[1Son père Boualem Khalfa est décédé le six juillet 2017.

[2Nazim Khalfa créera le premier centre équestre de Carhaix pour démocratiser et ainsi permettre au plus grand nombre de pratiquer un sport réservé aux plus fortunés.

[3Maire communiste de la ville de Carhaix de 1977 à 1995.

[4Il associera l’antenne Centre-Bretagne de France Palestine Solidarité à la campagne Boycott-Désinvestissements-Sanctions. (B.D.S).

[5Nazim Khalfa en a été le Président honoraire et le fondateur.

Pour Nazim Khalfa, Alger Républicain - L'ultime au-revoir à l'humaniste, au lutteur, au militant infatigable des causes justes - dimanche 28 janvier
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