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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 07:30

Et pendant ce temps là, ... 

C'est le Figaro qui le dit !!!!
******************
Le premier semestre s’est révélé particulièrement brillant pour les entreprises du CAC 40 qui affichent 50,2 milliards d’euros de bénéfices net, en hausse de 22,2% sur 2016. Si les calculs des différents consensus s’avèrent exacts, les fleurons français seraient ainsi en passe de dégager un montant de profits cumulés jamais vu pour l’ensemble de l’année en cours.

Bercy cajole le capital
JEUDI, 31 AOÛT, 2017
HUMANITE.FR
Photo AFP.
Devant une ribambelle de patrons, les ministres Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ont détaillé la feuille de route fiscale du gouvernement, à l’occasion de l’université d’été du Medef, tenue mardi et mercredi à Jouy-en-Josas (Yvelines). Objectif : rassurer le patronat sur ses mesures pro-business.
Le duo de Bercy a reçu un accueil chaleureux à l’université d’été du Medef. Devant un parterre de patrons, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont profité de cette tribune ouverte pour préciser les réformes fiscales à venir du gouvernement, à un mois de la présentation du projet de budget 2018. Le ministre de l’Action et des Comptes public a martelé que la dépense publique est « très importante » en France, à l’occasion d’une conférence intitulée « compétitivité : le goût des impôts ». « C’est comme dans le film La Grande bouffe, à la fin ça devient très dangereux de beaucoup manger », a-t-il osé et de se positionner comme « le ministre qui peut vous assurer la baisse de la dépense publique ». L’ex porte parole de Nicolas Sarkozy tiendra sa promesse puisque une baisse de la dépense publique est prévue dans le budget 2018, à hauteur de 20 milliards d’euros. L’ex maire de Tourcoing a promis également la «stabilité fiscale» sur le quinquennat : «Toutes les promesses fiscales seront dans le projet de loi finance 2018». Il a aussi repris à son compte une autre revendication patronale : une « flat tax » sur les revenus du capital à hauteur de « 30% tout compris» et de préciser que « toute assurance-vie de moins de 150.000 euros ne sera pas soumise à cela ».
Invité pour clôturer ce grand raout patronal, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a confirmé la « suppression de l’ISF » pour « attirer les investisseurs dont nous avons besoin pour développer vos entreprises ». La transformation de cette taxe en « impôt sur la fortune immobilière » continuera d’exonérer l’immobilier professionnel, comme le désirait le Medef.  Ce nouveau périmètre de calcul, au bénéfice des plus riches, représente un manque à gagner de 4 milliards d’euros pour les caisses de l’Etat,  alors que l’austérité est le lot des plus fragiles. L’ancien candidat de la primaire de la droite a, par ailleurs, précisé le calendrier sur la baisse de l’impôt sur les sociétés, actuellement de 33%. «  Nous commencerons avec un taux de 28% dès 2018 sur la fractions de bénéfices inférieure à 500 000 euros », a-t-il déclaré. Le solde des bénéfices sera ensuite soumis à « 31% » en 2019, tout en maintenant un taux de « 28% » pour les entreprises faisant moins de 500.000 euros de bénéfices. Avant de le diminuer à 28% en 2020 « pour tous les bénéfices », 26.5% en 2021 et 25% en 2022. Bruno Le Maire a continué de distribuer ses cadeaux aux entreprises en confirmant la transformation du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en « baisses de charges pérennes » à l'horizon 2019. Des cadeaux assumés pleinement par le ministre de l’Economie et des Finances : « à vous entrepreneurs, je ne dis pas : c’est donnant-donnant. Je ne vous dis pas : si vous ne créez pas des emplois, nous changerons à nouveau la fiscalité des entreprises. Je ne crois pas en cette logique de conditions ». Les patrons ont applaudi des deux mains. Lola Ruscio
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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 07:28

Cinq jours ! Il reste cinq jours pour obtenir la libération inconditionnelle de Salah Hamouri. Le jeune Franco-Palestinien, arrêté à son domicile de Jérusalem le 23 août, doit être présenté devant un juge le 5 septembre, qui décidera s’il suit l’ordre militaire édicté le 29 août le plaçant en détention administrative pour une durée de six mois. Pour quelles raisons ? Nul ne le sait, le dossier le concernant étant « secret », ni lui ni ses avocats n’y ont accès ! Voilà donc une « justice » qui, sous prétexte d’enquêter sur une personne, perquisitionne à son domicile, saisit des documents et son téléphone et, sans autre forme de procès – c’est le mot –, le place en détention et ne l’interroge qu’une vingtaine de minutes. Sans aucune explication, sa détention, initialement prévue jusqu’au 27 août, a été prolongée jusqu’au 29. Là, tout le vice de cette machine judiciaire, tout entière au service de l’occupation des territoires palestiniens, s’est mis en marche. Le juge a d’abord prononcé une libération sous caution, mais alors que celle-ci allait être payée, la famille de Salah Hamouri apprenait qu’il était placé en détention administrative.

Palestine. Cinq jours pour libérer Salah Hamouri
PIERRE BARBANCEY
VENDREDI, 1 SEPTEMBRE, 2017
L'HUMANITÉ
Une centaine de personnes est venue, jeudi, manifester pour demander la libération
de l’avocat, place des Invalides, à Paris. Julien Jaulin/Hanslucas
Une centaine de personnes est venue, jeudi, manifester pour demander la libération de l’avocat, place des Invalides, à Paris. Julien Jaulin/Hanslucas
 

Placé en détention administrative mardi, le Franco-Palestinien comparaît de nouveau devant un juge le 5 septembre, qui doit infirmer ou confirmer la décision militaire.

Cinq jours ! Il reste cinq jours pour obtenir la libération inconditionnelle de Salah Hamouri. Le jeune Franco-Palestinien, arrêté à son domicile de Jérusalem le 23 août, doit être présenté devant un juge le 5 septembre, qui décidera s’il suit l’ordre militaire édicté le 29 août le plaçant en détention administrative pour une durée de six mois. Pour quelles raisons ? Nul ne le sait, le dossier le concernant étant « secret », ni lui ni ses avocats n’y ont accès ! Voilà donc une « justice » qui, sous prétexte d’enquêter sur une personne, perquisitionne à son domicile, saisit des documents et son téléphone et, sans autre forme de procès – c’est le mot –, le place en détention et ne l’interroge qu’une vingtaine de minutes. Sans aucune explication, sa détention, initialement prévue jusqu’au 27 août, a été prolongée jusqu’au 29. Là, tout le vice de cette machine judiciaire, tout entière au service de l’occupation des territoires palestiniens, s’est mis en marche. Le juge a d’abord prononcé une libération sous caution, mais alors que celle-ci allait être payée, la famille de Salah Hamouri apprenait qu’il était placé en détention administrative.

Le silence de l’Élysée est effarant

De nouveau, un juge devait donc donner son avis. Mais les avocats de Salah, soucieux de défendre au mieux celui qui est un de leurs confrères depuis peu, ayant passé avec succès ses examens, ont demandé, mardi, un report de l’audience afin d’étudier le seul document qu’ils peuvent consulter : le procès-verbal de son interrogatoire. « Nous voulons essayer de déceler ce qui aurait pu, dans ses déclarations, amener à sa détention administrative puisque nous n’avons pas accès au dossier », explique Mahmoud Hassan, l’un des défenseurs. Il espère plaider plus concrètement la relaxe, le 5 septembre.

Alors que les députés et sénateurs communistes ont immédiatement réagi à l’incarcération de Salah Hamouri, de même que de nombreuses associations – un rassemblement était organisé, jeudi, devant le ministère des Affaires étrangères –, le silence de l’Élysée est effarant. L’Humanité a envoyé un mail, le 29 août, ainsi libellé : « Le Franco-Palestinien Salah Hamouri vient d’être mis en détention administrative aujourd’hui, par le gouverneur militaire israélien pour la Cisjordanie. Nous aurions aimé solliciter une réaction de la présidence de la République. » Une demande restée toujours sans réponse à ce jour. Contacté à nouveau, jeudi, par nos soins, il nous a été même impossible de parler à un attaché de presse, et ce n’est que sur notre insistance que nous avons reçu, minimum de respect et de politesse, un accusé de réception. Mais de réponse politique, non ! S’agissant d’Israël, la diplomatie française se veut toujours discrète, si tant est qu’elle agit !

La radio ElHourriya fermée

Il reste donc cinq jours pour que la France, patrie de la Déclaration des droits de l’homme, intervienne avec fermeté pour exiger la libération de Salah Hamouri. Comme un symbole sombre, Israël vient de fermer, pour une durée de six mois, la radio palestinienne ElHourriya, qui signifie liberté et émettait depuis Hébron.

Une manifestation à paris pour faire pression sur le quai d’orsay

« Libérez Salah Hamouri. » À l’appel de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) et d’autres organisations du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, une centaines de personnes a manifesté jeudi à Paris devant le ministère des Affaires étrangères. Une délégation, composée du président de l’AFPS, Bertrand Heilbronn et du directeur de l’Humanité et député européen Patrick Le Hyaric, a été reçue au Quai d’Orsay.

grand reporter
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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 06:50
Ce que le gouvernement fait aux salariés
 PAR  ET 

Au nom d’une modernité supposée, le gouvernement a dévoilé, jeudi 31 août, une série de mesures qui rogne les droits des salariés en cas de licenciement, affaiblit les prud’hommes et déprécie la représentation du personnel.

 

Qu’on ne s’y trompe pas. Il s’agit d’un « projet de transformation du code du travail d’une ampleur inégalée ». Après trois mois de jeu du chat et de la souris avec les représentants des salariés et du patronat, la ministre du travail Muriel Pénicaud a cessé de se cacher derrière son petit doigt. Ce jeudi 31 août à midi, elle a présenté, aux côtés du premier ministre Édouard Philippe, le contenu des ordonnances qui vont bouleverser les règles régissant les relations entre employeurs et employés en France.

Les longues semaines de concertation plus ou moins sincère ont accouché de cinq ordonnances, courant sur 160 pages et mettant en musique 36 « mesures concrètes majeures » (elles sont disponibles ici). Leur objectif est on ne peut plus clair, selon la ministre : « Changer l’état d’esprit du code du travail », afin d’assurer plus de « liberté », de « sécurité » et de « capacité d’initiative » aux entreprises. Ce qui constituerait « une impulsion déterminante pour l’investissement et l’emploi en France ».

Autrement dit, le gouvernement entend bouleverser la philosophie générale du code du travail, le faisant passer d’un texte pensé pour défendre les salariés face aux abus de leur employeur à un outil de « sécurisation » des pratiques des chefs d’entreprise. Quelques minutes plus tôt, Édouard Philippe avait lui aussi vanté les mesures radicales présentées. Certes, « nous savons que le droit du travail n’est pas la première cause du chômage en France, en aucune façon », a-t-il concédé. Néanmoins, a-t-il assuré, « personne ne peut aujourd’hui soutenir que notre droit du travail favorise l’embauche », ni « qu’il protège efficacement et qu’il aide au développement des entreprises ».

« Pour le patron d’une petite ou d’une moyenne entreprise ou pour l’investisseur étranger, le droit du travail tel qu’il existe est souvent perçu comme un frein à l’embauche et comme un frein à l’investissement », a persisté le premier ministre. Il contredit là une toute récente étude de l’Insee qui montre justement que les chefs d’entreprise pour qui les risques juridiques et les coûts d’un licenciement sont des barrières à l’embauche sont très minoritaires. Mais qu’importe.

Le principal est de coller à la vision du monde que le président Emmanuel Macron ajustement détaillée le jour même dans Le Point, disant à quel point, « dans un monde très schumpetérien », il est « important de libérer le processus de “destruction créatrice” » dans le monde du travail. Et c’est à cette « libération » que s’est attelé le gouvernement. Une fois les ordonnances signées par le président et publiées au Journal officiel, puis ratifiées par le Parlement avant la fin de l'année, les salariés et les employeurs français vont entrer dans un nouveau monde, aux règles totalement bouleversées. En voici les points clés.

  • Une attaque en règle contre les prud’hommes

Fin juillet au ministère du travail, on ne cachait pas que le but de la réforme du droit du travail visait à combattre « la peur de l’embauche des chefs d’entreprise, qu’elle soit rationnelle ou irrationnelle ». Dans cette optique, la première cible à abattre est constituée par les 210 conseils des prud’hommes, épouvantail immanquablement dressé par le patronat. Sans surprise au vu des intentions affichées ces dernières semaines, le gouvernement ne dissimule pas son ambition : rendre moins attractif le recours aux prud’hommes en cas de licenciement jugé abusif. Il s’agit de « favoriser la création d’emplois, en apportant beaucoup plus de sécurité au chef d’entreprise dans sa décision d’embaucher », affirme le premier ministre, ainsi que d’apporter « plus de visibilité pour le salarié ».

La mesure phare consiste en un barème obligatoire, précisant le montant des indemnités que les prud’hommes pourront accorder à un salarié licencié de manière illégale. Jusqu’à présent, pour un salarié justifiant d’au moins deux ans d’ancienneté, la somme allouée ne pouvait pas représenter moins de six mois de salaire. Ce plancher est désormais divisé par deux : trois mois minimum à partir de deux ans d’ancienneté, et un mois entre un an et deux ans. Pour les très petites entreprises (TPE), employant dix salariés maximum, ce plancher est très largement réduit : un demi-mois de salaire jusqu’à deux ans d’ancienneté, puis une hausse lente jusqu’à 2,5 mois de salaire, à partir de neuf années d’ancienneté.

Mais la grande nouveauté réside du côté du plafond : désormais, les tribunaux ne pourront pas allouer plus d’un certain montant. Et ce montant est faible. Jusqu’à sept ans de présence dans l'entreprise, les prud’hommes ne pourront pas accorder beaucoup plus d’un mois de salaire par année d’ancienneté, et l’on passe à moins d’un mois par année d’ancienneté dès dix ans de présence dans l’entreprise. Quant au maximum autorisé, il ne dépasse pas l’équivalent de 20 mois de salaire, à partir de 29 ans d’ancienneté. Ce barème ne s’appliquera toutefois pas en cas de licenciement qui violerait « les libertés fondamentales », notamment dans les cas de harcèlement ou de discrimination.

À titre de comparaison, un barème, purement indicatif, est aujourd’hui à la disposition des juges, et il va jusqu’à 24 mois de salaire. Mais, assure la ministre du travail, le barème obligatoire nouvellement créé « donne de la sécurité car il donne de la visibilité ». Sécurité et visibilité pour l’employeur, bien sûr, qui saura désormais combien lui coûtera un licenciement, même illégal. Ou combien il lui faudra verser à son salarié pour trouver un accord à l'amiable, et s’éviter toute procédure devant les prud’hommes.

Comme nous le détaillions ici, ce barème va porter un sérieux coup aux salariés les plus âgés et les plus anciens dans les entreprises. Désormais, ils ne pourront pas toucher plus de 20 mois de salaires aux prud’hommes, alors qu’aujourd’hui, la moitié des salariés totalisant plus de 20 ans d’ancienneté y obtient plus de deux ans de salaire. Ils sont un quart dans la tranche 15-20 ans d’ancienneté, et 20 % dans la tranche des 10-15 ans. Or, les salariés de plus de 50 ans sont justement ceux dont la proportion a beaucoup grimpé par rapport au nombre total d’affaires jugées aux prud’hommes. Et ceux qui sont le plus susceptibles de ne pas retrouver d’emploi une fois qu’ils sont licenciés…

Cette baisse drastique des indemnités prud’homales ne suffisait manifestement pas à rassurer les employeurs. Le gouvernement a donc décidé de réduire la durée pour saisir les prud’hommes après un licenciement. Elle était de deux ans depuis 2013, elle passe à un an (c’était déjà le délai légal en cas de licenciement économique). Une division par deux qui masque un recul beaucoup plus important sur le moyen terme : entre 2008 et 2013, le délai de saisine des prud’hommes était de cinq ans. Et avant 2008, il était de… 30 ans. Comme Mediapart l’a révélé en juillet, le nombre de recours aux prud’hommes s’effondre en France depuis 2015, avec des chiffres mensuels de saisines chutant parfois de plus de 45 % en un an. Nul doute que les mesures de « sécurisation »contenues dans les ordonnances vont encore accélérer le phénomène. D’autant que désormais, les « erreurs de forme de bonne foi [de l’employeur – ndlr] ne l’emporteront plus sur le fond » et ne seront plus « pénalisées » aux prud’hommes, a encore insisté Muriel Pénicaud.

 

Face à ce tsunami, l’augmentation des indemnités légales de licenciement ne pèse pas lourd : le gouvernement a annoncé que cette somme, due à tout salarié en CDI licencié pour motif personnel ou économique, passerait de l’équivalent d’un cinquième de mois de salaire par année d’ancienneté à un quart de mois de salaire.

  • Les entreprises pourront négocier une baisse de rémunération

C’est un point que le gouvernement s’est bien gardé de mettre en avant, et le mot« primes » n’apparaît nulle part dans les ordonnances, ni dans le dossier de presse mitonné par le ministère du travail. Et pourtant, une rupture majeure dans le droit du travail est introduite. Elle incarne à elle seule « l’inversion de la hiérarchie des normes », tant dénoncée pendant la contestation de la loi Travail, première saison, au printemps 2016.

Grâce au texte présenté ce 31 août, il sera désormais possible pour une entreprise de négocier avec ses représentants syndicaux une baisse ou une disparition de toutes les primes (sauf celles concernant les travaux dangereux), même si elles sont prévues dans la convention collective de la branche professionnelle dont l’entreprise dépend. Jusqu’ici, la hiérarchie des normes imposait qu’un avantage prévu par une branche s’applique au moins aussi bien dans toutes les entreprises du secteur.

Désormais, si une banque souhaite par exemple supprimer le versement du 13e mois à ses guichetiers, malgré la mention explicite de ce complément de rémunération dans la convention collective du secteur bancaire, cela sera possible. Il faudra pour cela que l’employeur obtienne l’accord de syndicats représentant plus de 50 % des salariés. Les exemples peuvent se multiplier à l’infini : primes d’ancienneté, chèques-vacances, indemnités de départ à la retraite ou de déplacement… Tout pourra être réduit ou supprimé.

Pour beaucoup d'entreprises, c’est la porte ouverte à des pressions très fortes venues des donneurs d’ordre : on imagine aisément une grande entreprise demandant à son sous-traitant de faire baisser ses coûts salariaux, sous la menace de suspendre ses commandes. Et on comprend tout aussi facilement que lorsque plusieurs entreprises d’un secteur s’engageront dans cette voie, les autres devraient fatalement suivre, un jour ou l’autre.

Le gouvernement préfère donner un exemple moins inquiétant : « Les salariés comme l’employeur pourraient décider de négocier une prime de garde d’enfant plutôt que d’ancienneté », a suggéré la ministre du travail, assurant qu’elle faisait « un pari sur la confiance et sur l’intelligence collective des entreprises et des salariés ».

  • Fin de la règle unique pour les contrats courts

Jusqu’à aujourd’hui, les motifs de recours aux contrats à durée déterminée, ainsi que la façon de les utiliser pour les entreprises, étaient régis par une règle nationale unique. C’est cette tradition intangible que le gouvernement fait voler en éclats. Avec les ordonnances, chaque branche professionnelle pourra définir, dans le cadre de négociations entre syndicats et patrons, la façon dont elle entend réguler l’emploi des contrats courts, notamment sur leur durée, leur renouvellement ou leur nombre total pour un même salarié.

En 2014, on dénombrait plus de 700 branches professionnelles. Suite à des fusions, elles devraient être environ 400 à la fin de l’année, et le gouvernement espère faire rapidement baisser ce nombre à environ 200. En théorie, il sera donc possible que la France compte plus de cent façons différentes de régir le recours au contrat à durée déterminé (CDD). Ces règles devraient pouvoir largement outrepasser la loi actuelle, qui veut que la durée totale d’un CDD sur le même poste ne dépasse 18 mois en tout et ne soit pas renouvelée plus d’une fois. Si un secteur d’activité le souhaite, il devrait pouvoir aller jusqu’à des CDD de cinq ans, c’est-à-dire la limite légale européenne.

Les branches auront aussi la possibilité d'activer un nouveau dispositif, dont nous avonsdéjà détaillé les risques : le contrat de chantier. Un type de CDI, mais qui n’est à durée indéterminée que sur le papier, puisqu’il permettra de se séparer d’un salarié dès que le chantier ou le dossier qui lui aura été confié sera achevé. Selon le gouvernement, ce faux CDI est censé offrir une moins grande précarité que le CDD, qui restreint notamment les possibilités d’obtenir un prêt bancaire ou tout simplement un logement. Mais on ne voit pas pourquoi les banques ou les bailleurs seraient plus conciliants face aux détenteurs de ce CDI de chantier. En revanche, les employeurs seront sans doute ravis s’ils n’ont pas à verser à leur employé une prime de précarité, aujourd'hui obligatoire en cas de recours à un CDD. « Nous faisons confiance aux employeurs et aux organisations syndicales pour négocier ou non sur ces sujets », a expliqué Muriel Pénicaud.

  • Des départs encore facilités dans les entreprises

Édouard Philippe l’a martelé. « Les entreprises doivent pouvoir organiser une gestion prévisionnelle des emplois » et « il faut pouvoir agir vite et en toute sécurité ». Le gouvernement va donc permettre aux entreprises de négocier plus facilement avec leurs syndicats pour autoriser des réductions d’effectifs. Le tout, au service d’un unique objectif : « Renforcer l’attractivité du territoire ».

D’abord, les ordonnances vont permettre de créer des accords de compétitivité très souples. Afin que les entreprises puissent « s’adapter plus vite aux évolutions à la hausse ou à la baisse du marché », elles auront le droit de faire signer aux représentants du personnel des accords majoritaires « simplifiés » en matière de temps de travail, de rémunération et de mobilité.

Surtout, le gouvernement sort de son chapeau un nouveau type de plan de départs, qu’il qualifie lui-même de « rupture conventionnelle collective ». Il était jusqu'à présent resté particulièrement discret sur cette innovation. Si l’entreprise estime qu’elle doit se réorganiser, pour des motifs autres que purement économiques (modifier la pyramide des âges de ses effectifs, par exemple), elle pourra proposer à la signature un accord majoritaire prévoyant des départs volontaires, en échange de conditions favorables, comme une prime de départ. Si tous les salariés utilisant ce plan de départs d’un nouveau type sont volontaires, l’entreprise pourra s’en séparer d’un seul coup, et sans les contraintes légales inhérentes aux plans sociaux. Ces départs, « strictement volontaires », devront être homologués par l’administration.

Cette démarche rappelle fortement la rupture conventionnelle, autorisée depuis 2009 : lorsqu’un salarié individuel et son employeur trouvent un accord, le salarié quitte l’entreprise sans qu'elle ait besoin de recourir à la procédure lourde du licenciement. Une procédure qui peut bien sûr donner lieu à des abus, notamment des licenciements déguisés. Difficile de croire que la nouvelle « rupture conventionnelle collective » ne déclenchera pas, elle aussi, des écarts suspects de la part des entreprises.

  •  La santé d’une multinationale appréciée sur sa seule filiale française 

Autre nouveauté – et non des moindres –, l’appréciation du périmètre pour déterminer la santé économique d’une entreprise. Derrière cette formule bien obscure se cache un enjeu de taille : pour juger du bien-fondé du déclenchement d'un plan social dans la filiale française d'un  groupe international, ou de la fermeture d’un site, faut-il prendre en compte la situation de la multinationale au niveau mondial, ou seulement celle de sa filiale française ?

L’une des ordonnances introduit une mesure, voulue par Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’économie, mais qui avait été retirée du projet de loi El Khomri, car trop explosive : demain, seul le territoire national sera retenu pour apprécier les difficultés du groupe international qui licencie en France. Et ce pour « être aux standards européens » et prendre une mesure « très regardée par les investissements internationaux », plaide Muriel Pénicaud.

Pourtant, les conséquences d’une telle décision, soutenue à bout de bras par le Medef, peuvent être désastreuses. Car choisir de faire du cadre national le critère de bonne santé économique d’un groupe multinational, cela revient à donner la priorité aux licenciements dans le traitement des difficultés des sites français. Cela revient donc à protéger les bénéfices réalisés ailleurs et à désinciter ces groupes à investir dans l’Hexagone pour sauver des emplois, souvent industriels. C’est les inciter, en revanche, à faire des choix qui viendront toujours alimenter les résultats financiers, plutôt que faire celui d’investir dans l’avenir des sites français.

Le texte concerné ajoute, comme seul garde-fou face à la possibilité pour un groupe d'organiser sciemment des difficultés économiques dans sa propre filiale, la vague formule « sauf fraude ». Or, la fraude demeure difficile à apprécier et longue à juger, comme les Continental, à Clairoix, ont pu l’expérimenter.

Dans une France largement désindustrialisée, souffrant d’une baisse de sa capacité de production, ce choix ne va faire qu’exacerber la compétition entre les travailleurs au sein des groupes internationaux. Il fera donc, par ricochet, peser une forte pression sur le coût du travail français : soumis à cette concurrence intra-groupe, les salariés devraient accepter des concessions en termes de salaires, de conditions de travail et de temps de travail, provoquant ainsi un dumping social au détriment de leurs intérêts.

  • L’irruption du référendum d’initiative patronale

Encore une révolution. Une fois les ordonnances publiées, les dirigeants de petites entreprises pourront soumettre directement à leurs troupes un projet de texte modifiant leurs conditions de travail. Si au moins deux tiers des salariés votent en sa faveur, le texte sera adopté. Ce n’est ni plus ni moins que l’introduction dans le droit du travail du référendum d’initiative patronale, qui était jusqu’à présent un casus belli pour les syndicats, comme nous l’expliquions ici.

Prudent, le gouvernement a réservé cette nouveauté aux très petites entreprises : celles employant moins de 11 salariés, ou moins de 20 salariés si elles ne comptent pas de délégué syndical (ce qui est le cas de 96 % des entreprises de moins de 50 salariés). Jusque-là, et seulement depuis la loi El Khomri de 2016, le droit du travail ne prévoyait qu’un référendum d’initiative syndicale, ouvert aux syndicats sur un texte qui avait rassemblé les signatures de syndicats représentant plus de 30 % des salariés, mais qui n’avait pas été validé car n’atteignant pas 50 % des voix dans l’entreprise. Le bouleversement est donc majeur. Le principe, appelé de ses vœux depuis longtemps par la droite, est rejeté par un grand nombre de syndicalistes. Ils craignent que ce référendum ne cache un chantage à l’emploi, les chefs d’entreprise l’utilisant pour faire accepter aux salariés une dégradation de leur conditions de travail.

Parallèlement, le gouvernement ouvre un nouveau droit pour les PME : si l’entreprise compte moins de 50 salariés, il sera possible de négocier des accords collectifs avec un élu du personnel, sans qu’il soit mandaté par une organisation syndicale pour le faire, comme cela était obligatoire jusqu’ici. De quoi faire encore grincer des dents les organisations syndicales, qui dénoncent le contournement de leurs prérogatives.

Le gouvernement rétorque qu’il s’agit de faire entrer le dialogue social dans les petites entreprises, voire de leur donner « la priorité ». « Neuf entreprises sur dix sont des entreprises de moins de 50 salariés. Et paradoxalement, ce sont les éternelles oubliées du droit du travail », a regretté le premier ministre. Selon lui, c’est terminé.

  • Une instance unique qui dilue la représentation des salariés

Voici « la pointe de l’innovation sociale » de cette réforme, selon le ministère du travail. La fusion pure et simple des instances représentatives du personnel, à savoir les délégués du personnel, le comité d’entreprise et le CHSCT, sous le nom de conseil social et économique (CSE). Aujourd'hui, comme détaillé ici, cette possibilité est offerte aux employeurs pour les entreprises de moins de 300 salariés, et possible avec un accord dans les plus grandes. Elle va devenir obligatoire pour tous. Problème : on ne sait encore rien des moyens, des heures de délégation réservées aux représentants du personnel, ni des budgets qui seront alloués à cette nouvelle instance. La réponse sera apportée avec les décrets d'application, publiés avant la fin de l'année. Mais il est facile de percevoir que cette mesure a pour but, selon une formule gouvernementale, « de faire mieux avec moins ».

Mieux, difficile à dire à ce stade. Avec moins, c’est une chose actée. De fait, cette nouvelle instance devra en partie financer l'ensemble des études que le comité d'entreprise a aujourd'hui le droit de commander à des experts comptables et autres cabinets spécialisés, pour s'assurer de la bonne marche de l'entreprise. Actuellement, l'entreprise est tenue d'en financer à 100 % la plupart. Avec les ordonnances, les expertises devront être financées à hauteur de 20 % par les représentants du personnel, y compris celles concernant la santé et la sécurité. Seules celles commandées en cas de plan social ou de risque imminent seront du ressort unique de l'employeur.

Il s'agit d'un renversement total des règles existantes aujourd’hui, prétendument pour responsabiliser les acteurs et permettre une meilleure codécision avec l’employeur. Le risque est en fait clair : moins d’expertises, moins de possibilités pour les représentants des salariés d’aller fouiller dans les méandres de leur entreprise pour éclairer leur décision.

D’ailleurs, les cabinets travaillant aujourd’hui avec les comités d’entreprise et les CHSCT (Syndex, Secafi, Technologia…), qui défendent évidemment leur activité, ne s’y trompent pas. Dès le 30 août, ils ont alerté sur l’absence actuelle de marges de manœuvre financières, qui va forcement s'aggraver, et pointé la contradiction d’une telle mesure avec le but affiché du gouvernement de promouvoir un bon dialogue social.

Dernier aspect de cette révolution copernicienne : pour toutes les entreprises, si la majorité des syndicats l'acceptent, les délégués syndicaux, qui négocient les accords, pourront être absorbés par l'instance unique. Ils perdront ainsi une place, indépendante, tout à fait singulière. L'instance unique, quant à elle, ne bénéficiera pas d'un membre élu de plus pour prendre en charge les missions du délégué syndical disparu. C’est pourtant, selon le ministère du travail, « une vraie avancée ».

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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 06:41
Ordonnances : communiqué du groupe CRC au Sénat

vendredi 1er septembre 2017

Dès la présentation de ces ordonnances au Parlement, les sénateurs communistes, républicains et citoyens porteront la voix du monde du travail dans l’hémicycle sénatorial en formulant des propositions pour un Code du travail du XXIe siècle.

Ils seront présents le 12 septembre dans les manifestations aux côtés des salarié-e-s mobilisé-e-s contre ce projet de casse du Code du travail.

Le 31 août, le groupe a publié un communiqué :

Toutes et tous dans la rue avec les syndicats le 12 septembre !

Le gouvernement a présenté aux syndicats et à la presse le contenu des futures ordonnances de casse du Code du travail. Elles répondent mot pour mot aux exigences du Medef et de la finance.

Conformément aux critiques de notre groupe en séance lors des débats sur la loi d’habilitation, les ordonnances inversent bien la hiérarchie des normes en faveur des accords d’entreprise et affaiblissent le principe de faveur au détriment des protections collectives. Les patrons pourront même imposer une réduction des salaires en modifiant le montant des primes d’ancienneté. C’est bien l’accord d’entreprise qui devient l’alpha et l’oméga du droit du travail et non pas l’accord de branche comme certains le prétendent.

Dans le même temps, le gouvernement a maintenu son choix d’imposer un plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif et réduit les délais de recours à un an. Il porte un coup grave au CDI avec l’extension des contrats de projet et dérégule encore plus les CDD.

On retire aux salariés toute possibilité de se défendre en affaiblissant les syndicats, avec notamment la possibilité pour les patrons de négocier directement dans les entreprises de moins de 20 salariés. À la flexibilité des droits, le gouvernement ajoute l’insécurité avec la fusion des institutions représentatives du personnel. Les sénatrices et sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen sont opposé-e-s à ce coup de force social. Ils seront présents le 12 septembre dans les manifestations aux côtés des salarié-e-s mobilisé-e-s contre ce projet de casse du Code du travail.

Dès la présentation de ces ordonnances au Parlement, ils porteront la voix du monde du travail dans l’hémicycle sénatorial en formulant des propositions pour un Code du travail du XXIe siècle.

Ordonnances Macron de démantèlement du code du travail: communiqué du groupe communiste au Sénat
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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 06:35

Communiqué de presse

 Fin des contrats aidés : la misère pour des milliers de salariés, des difficultés aggravées pour les associations et les communes.

La décision du gouvernement de supprimer 250 000 contrats aidés va laisser des milliers de bénéficiaires brutalement sur le carreau et mettre à mal un secteur associatif sacrifié aux économies budgétaires.

Le PCF n'est pas un adepte de ces contrats précaires et revendique de véritables moyens pour exercer ces missions d'intérêt général avec de vrais salaires et de vrais statuts.

Mais dans l'attente, ces emplois sont un point d'appui pour les personnes éloignées de l'emploi ou sans formation.

Sans eux, de nombreuses associations seront en péril, à l'image des écoles Diwan qui ont alerté l'opinion sur l'impossibilité de continuer à accueillir convenablement les écoliers dans ces conditions.

Nous leur apportons tout notre soutien, appelons aux mobilisations, et sommes disponibles pour envisager toute forme d'action pour contraindre le gouvernement à revenir sur sa décision. Cette mesure prise après la baisse des APL, et surtout à la suite de la très forte réduction annoncée de la Dotation Globale de Fonctionnement aux communes engendre des situations très difficiles pour les collectivités locales, les associations et au final pour la population qui en subira les conséquences.

Nous demandons au Gouvernement d'écouter les Maires et l'ensemble des Elus locaux qui connaissent mieux que personne leurs territoires et leurs besoins.

Michel LE SCOUARNEC

 Fin des contrats aidés : la misère pour des milliers de salariés, des difficultés aggravées pour les associations et les communes (Michel Le Scoarnec, sénateur communiste du Morbihan)
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2 septembre 2017 6 02 /09 /septembre /2017 06:28
 
  • Le linguiste                    Francis Favereau (à gauche) et le président des                    éditions Skol Vreizh, Poalig Combot, présentent le                    dernier né, "Celticismes".           

Francis Favereau, auteur de dictionnaires de breton, est remonté jusqu’au gaulois pour trouver l’origine de nombreux mots. "Celticismes" marque une avancée dans la recherche en lexicologie.

Celticismes, le titre du dernier ouvrage du lexicographe Francis Favereau, n’est pas sans rappeler un certain Bretonnismes. C’est ce petit livre à succès qui a donné l’idée à Jean-René Le Queau, directeur des éditions Skol Vreizh, de s’intéresser au gaulois, langue très peu écrite, dont on a retrouvé trace sur des objets en plomb et des poteries.

Un intérêt exceptionnel

Il en a confié la tâche à l’auteur de quatre dictionnaires de breton, d’une grammaire bretonne « qui fait autorité », et de trois romans écrits dans la même langue. « C’est un livre d’un intérêt exceptionnel, n’hésite pas à affirmer Paolog Combot, président de Skol Vreizh. L’aboutissement d’une longue carrière d’enseignant et de chercheur consacrée au breton, mais pas uniquement. Francis Favereau adore jouer avec les mots et savoir d’où ils viennent. »

« Je mets ici en avant ce qui reste du celtique dans le français et dans les autres langues qui nous entourent, explique, quant à lui, le linguiste agrégé d’anglais. En rédigeant mes dictionnaires, je me suis rendu compte de la profondeur de l’origine des mots. Une profondeur historique. »

La même origine

Quand des auteurs de dictionnaire indiquent « o. i. » (origine inconnue) devant un mot, Francis Favereau pousse sa curiosité vers les langues anciennes. « Loin d’avoir totalement disparu, la langue de nos ancêtres a essaimé dans de nombreuses langues parlées aujourd’hui. »

Dans cet ouvrage, il classe les mots par thème. « Les nombres, couleurs, plantes, animaux, ruisseaux, etc. sont tous issus du gaulois, en passant par d’autres langues comme le latin. Les mots vont et viennent, s’échangent, se transforment. »

« Francis est un iconoclaste, reprend Paolig Combot. Il détruit les croyances sur les légendes de l’origine des Celtes. Ils sont venus du sud et non de l’est. » L’auteur situe l’origine de mots dans « les zones africaines humides ». Toutes les langues néoceltiques parlées de l’Irlande à la Turquie, dérivées du gaulois, viendraient donc du continent voisin.

L’auteur défriche d’autres « notions plus abstraites », religieuses, politiques. Ce travail, de longue haleine, « donne les clefs de la compréhension du territoire ».

 

"Celticismes", Skol Vreizh. 380 p., 25 €.

 

 
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1 septembre 2017 5 01 /09 /septembre /2017 06:31
Nouvelle baisse des APL : Emmanuel Macron s'acharne sur les familles modestes (Ian Brossat, PCF)
JEUDI, 31 AOÛT, 2017
HUMANITE

Communiqué du Parti communiste français

Les APL pourraient à nouveau baisser, annonce Emmanuel Macron dans le magazine Le Point. Une nouvelle fois, le Président de la République choisit de faire les poches aux familles modestes, au moment où, par ailleurs, il s'apprête à faire un cadeau de 3 milliards d'euros à ceux qui paient l'impôt sur la fortune.

Cette baisse fragilisera les locataires aux revenus les plus faibles. Elle les rendra moins solvables et conduira à une augmentation des expulsions locatives.

Le PCF est déterminé à faire obstacle à cette décision au côté des locataires et des associations mobilisées pour le droit au logement.

Ian Brossat, membre de la direction du PCF en charge des questions de logement.

Ian Brossat, adjoint communiste chargé du logement à Paris

Ian Brossat, adjoint communiste chargé du logement à Paris

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1 septembre 2017 5 01 /09 /septembre /2017 05:15
Un pouvoir néomonarchique au service d’un capitalisme tyrannique
 PAR 

Usant des pouvoirs exorbitants que lui confèrent les institutions de notre monarchie bien peu républicaine, Emmanuel Macron engage avec les ordonnances une confrontation sociale majeure, qui pourrait consacrer une victoire importante du capital sur le travail.

 

C'est peu dire que l’histoire qui va se jouer ce jeudi 31 août, avec la révélation par le gouvernement du contenu des ordonnances pour dynamiter le code du travail, est d’importance. À double titre : parce que cette réforme majeure constitue un va-tout politique pour Emmanuel Macron. Qu’elle aboutisse et entre en application ou qu’elle déclenche une tempête et en sorte en lambeaux, c’est, dans tous les cas de figure, le quinquennat entier du nouveau chef de l’État qui en sera marqué, renforcé dans un cas, ébranlé dans l’autre. Mais plus profondément, c’est, avec cette réforme, le spectre d’un nouveau capitalisme qui se profile. Après plus de 30 années de lente et progressive dérégulation économique et sociale, sa mise en œuvre constituerait l’ultime coup de boutoir faisant tomber le capitalisme français issu de l’après-guerre. En quelque sorte, elle marquerait une victoire considérable et durable du capital sur le travail.

Le premier enjeu, qui est politique, est le plus facilement identifiable. Porté à l’Élysée dans des circonstances historiques exceptionnelles, par la force d’un vote de rejet du parti d’extrême droite et de sa porte-voix, Marine Le Pen, et non par un vote d’adhésion à son projet néolibéral, Emmanuel Macron a pris, sitôt au pouvoir, la responsabilité d’ignorer la gravité de la crise démocratique. Loin de dialoguer avec tout le pays et d’essayer de le rassembler, il s’est au contraire lové avec délectation dans les institutions antidémocratiques de la Ve République, celles du « coup d’État permanent », pour imposer de manière autoritaire, par le biais des ordonnances, une politique économique et sociale parmi les plus violentes que la France ait connues depuis la dernière guerre.

C’est le paradoxe de ce début de quinquennat. Alors que la crise démocratique que traverse la France n’a jamais été aussi profonde – parce que le pays a eu trop longtemps le sentiment que le pouvoir était sans cesse confisqué par des élites arrogantes et imbues d’elles-mêmes, ne prenant jamais le soin d’être à son écoute ou de le consulter –, Emmanuel Macron a fait aussitôt l’exact contraire de ce qui aurait été nécessaire. Au lieu de refonder notre démocratie anémiée, au lieu de redonner vie à la démocratie politique en offrant aux contre-pouvoirs et, au tout premier chef, au Parlement, un rôle véritable, au lieu de refonder notre démocratie sociale, gravement malade, en redonnant enfin aux partenaires sociaux un rôle qu’ils ont perdu depuis longtemps, le chef de l’État a usé au contraire de tous les pouvoirs exorbitants que lui confèrent des institutions autoritaires qui n’ont d’équivalent dans aucune autre grande démocratie au monde.

Triste spectacle ! Ainsi a-t-on vu, sitôt la tempête présidentielle passée, un Emmanuel Macron jouer les petits roitelets ridicules et omnipotents, décidant de tout, se pavanant d’abord pour son sacre dans la cour Napoléon, devant le Carrousel du Louvre, puis plus tard, jusqu’à Versailles, n’écoutant pas même sa propre majorité, laquelle, par surcroît, ne s’est pas affirmée – ou pas encore ? –, se comportant le plus souvent comme un conglomérat mollasson de béni-oui-oui. Tant et si bien que, loin de revivre, la démocratie est sortie encore un peu plus abîmée de ces premiers mois d’un quinquennat mimant tous les travers d’un régime monarchique.

D’ailleurs, Emmanuel Macron assume visiblement lui-même sans la moindre gène ce legs monarchique qui empoisonne depuis si longtemps la vie démocratique française. Du début jusqu’à la fin, cela parcourt même, de manière pas même subliminale, sonentretien avec Le Point, publié ce 31 août : « Par la Constitution de 1958, le président de la République n'est pas seulement un acteur de la vie politique, il en est la clé de voûte », commence-t-il par déclarer, avant de faire référence à plusieurs au… Roi-Soleil !«  ”Ne vous laissez pas gouverner ; soyez le maître ; n'ayez jamais de favori ni de premier ministre”, conseillait Louis XIV à son petit-fils le roi d'Espagne Philippe V. », poursuit-il. Puis, il ajoute : « Louis XIV avait structuré un pouvoir central assis sur une monarchie absolue parfaitement décrite par Saint-Simon : la société de cour. Celle-ci existe toujours, sous une autre forme, car la France est un vieux pays dont le fantasme monarchiste est toujours présent. Cette comparaison s'arrête là, même si notre pays a besoin d'être dirigé. Cette phrase de Louis XIV souligne aussi la nécessité de ne céder à aucune coterie. C'est cela, la vraie liberté. » Et pour finir, il y a cette ultime référence :« J'assume cette part de transcendance qui fait qu'en France le processus démocratique n'est jamais tout à fait parvenu à son terme. Louis XIV, dont vous parliez, a maçonné son royaume avec des impôts, une armée, une administration. »

C’est en cela qu’Emmanuel Macron joue gros avec ces ordonnances. Car c’est sa première véritable épreuve du feu. En quelque sorte, le « coup d’État permanent » dont use le chef de l’État va se prolonger par un « coup d’État social » – la formule utilisée par La France insoumise est assurément pertinente – dont va dépendre toute la suite du quinquennat.

Il faut bien sûr relativiser la victoire politique qu’Emmanuel Macron empocherait si, d’aventure, il parvenait à mettre en œuvre ses ordonnances. Car, sur le long terme, on devine sans peine l’effet politique prévisible. Loin de conjurer la catastrophe démocratique qui a failli porter au pouvoir en France, en mai dernier, la dirigeante d’un parti néofasciste (ou postfasciste, peu importe la dénomination retenue), la mise en œuvre méthodique d’un programme de régression sociale, avec pour premier pilier la mise à bas de pans entiers du code du travail, aurait pour effet prévisible d’alimenter encore davantage le vote protestataire et pourrait rendre inéluctable en 2022 une victoire de Marine Le Pen, qui n’a été en 2017 qu’une menace, fût-elle sérieuse.

 

En somme, qu’Emmanuel Macron parvienne ou non à ses fins, cela ne pourrait guère modifier, au moins à moyen terme, l’issue du scénario politique dans lequel nous sommes entrés : on pressent que tous les ingrédients sont de toute façon réunis pour que la crise démocratique à l’œuvre actuellement se creuse toujours un peu plus. C’est comme une machinerie infernale : on sent venir la catastrophe démocratique qui, un jour, pourrait balayer la République.

 

Mais si les événements politiques que nous vivons sont d’une considérable importance, c’est aussi parce que les mutations économiques et sociales voulues par Emmanuel Macron, avec en lever de rideau ces ordonnances, vont constituer un ultime coup de boutoir, qui pourrait faire définitivement tomber le modèle social français.

Il faut certes avoir à l’esprit que la contre-réforme voulue par Emmanuel Macron vient de très loin. Et que beaucoup d’autres coups, au fil des dernières décennies, ont déjà ébranlé le modèle social français issu de l’après-guerre et dont les heures de gloire ont été les « Trente Glorieuses ».

Le point de bascule de cette histoire, il n’est pas difficile de l’identifier : c’est la chute du Mur, en 1989. Avant cela, le mouvement de déréglementation libérale planétaire avait certes déjà commencé. Par des chocs successifs, le monde stable voulu par les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, codifié sur les plans monétaire et financier par les accords de Bretton Woods signés en juillet 1944 et, sur le plan social, par la déclaration de Philadelphie deux mois avant – déclaration qui donnera naissance à l’Organisation internationale du travail (OIT) –, est déjà gravement ébranlé.

Il y a d’abord eu la déréglementation monétaire : décrétée le 15 août 1971 par le président américain Richard Nixon, la fin de la convertibilité du dollar en or est le premier et grand coup de boutoir, qui plonge le monde dans un univers plus instable, où les marchés financiers vont progressivement conquérir une force considérable. Dans le prolongement de la vague ultralibérale, dont les champions sont Ronald Reagan et Margaret Thatcher, la déstabilisation du monde ancien s’accélère. Dès 1984, il y a la déréglementation boursière, dont le maître d’œuvre en France – ce n’est pas le moindre des paradoxes – est le socialiste Pierre Bérégovoy. Dans le même temps, il y a les premières mesures de déréglementation du marché du travail, avec l’apparition des premières formes d’emploi précaire.

Basculement dans un nouveau capitalisme

À partir de 1986, un nouveau séisme va tout changer : les privatisations. Tout se combine et s’accélère. Dans cette fureur libérale à laquelle droite et gauche s’abandonnent, la déréglementation fiscale prend le relais : au début du second septennat de Mitterrand, la France accepte de mettre quasiment à bas sa fiscalité de l’épargne. Au printemps 1989 – les socialistes veulent tellement faire du zèle en matière de libéralisme qu’ils anticipent la décision européenne –, c’est la libéralisation définitive des mouvements de capitaux.

Le fait est donc incontestable : si le virus libéral s’immisce partout, si la logique du « moins d’État » ou du « moins d’impôt » provoque de plus en plus de ravages, il reste que jusqu’à la fin des années 1980, le modèle social français, celui du capitalisme rhénan, n’est pas encore gravement affecté. Il commence certes à se fissurer, mais il tient encore debout. En outre, ce capitalisme a ses règles : il est régi par les principes de l’économie de marché, mais les grandes entreprises privées vivent le plus souvent en endogamie ou en consanguinité avec l’État. Surtout, ce système d’économie de marché est adossé à un système fort de régulation sociale : Sécurité sociale, assurance chômage, caisses complémentaires de retraite… En clair, le capitalisme rhénan cohabite avec l’État-providence et même en tire avantage.

Ce capitalisme, c’est celui qui a pris son envol en Allemagne, après que le SPD eut abjuré le marxisme et se fut converti à l’économie de marché, à l’occasion de son congrès de 1959, tenu à Bad Godesberg, petite localité au bord du Rhin. D’où l’appellation de « capitalisme rhénan »… Ce capitalisme-là est, à l’évidence, le plus favorable au compromis social. Il a éclos et s’est consolidé sous les Trente Glorieuses ; il offre du« grain à moudre », selon la formule d’André Bergeron, le vieux dirigeant de Force ouvrière. En clair, selon les rapports de force du moment, et selon les variations de la conjoncture, le compromis entre travail et capital peut changer.

Mais le grand vent des privatisations finit par tout changer. Suscitant une montée en puissance formidable des grands fonds d’investissement étrangers dans le capital des entreprises françaises, modifiant leurs règles de gouvernance au profit de la « share holder value » (profit pour l’actionnaire) ou de la « corporate governance »(gouvernement d’entreprise), il accélère brutalement le basculement du capitalisme français, du capitalisme rhénan vers le capitalisme patrimonial à l’anglo-saxonne, un capitalisme qui fait la part belle aux actionnaires.

C’est en cela que l’effondrement du Mur constitue un événement majeur : les marchés financiers ont alors l’intuition que l’époque leur devient hautement favorable et qu’elle est propice à une modification radicale du rapport de force entre le capital et le travail.

L’Europe continentale – à commencer par l’Allemagne et la France – commence à vivre une formidable mutation du capitalisme. Progressivement, le capitalisme rhénan s’efface au profit d’un capitalisme qui exerce une véritable tyrannie sur le travail, fait la part belle aux actionnaires, avec en première ligne les fonds de pension. Un capitalisme qui ignore le compromis social et qui interdit la réforme.

C’est cette lame de fond qui finit par ébranler le modèle français. En quelques années, le taux de détention du capital des groupes français du CAC 40 par les fonds d’investissement étrangers, dont les sulfureux fonds de pension anglo-saxons, passe d’environ 5 % en 1985 à plus de 47 ou 48 % à la fin des années 1990 – au-delà de 60 % pour certaines firmes. C’est une course folle, car la France est prise d’un complexe libéral et s’ouvre aux grands vents de la mondialisation de manière plus forte que ne le font les États-Unis ou la Grande-Bretagne, qui connaissent des taux de détention par l’étranger de leurs champions nationaux beaucoup plus faibles : de l’ordre de 20 % dans le premier cas et moins de 30 % dans le second.

La droite d’abord, la gauche ensuite offrent sans complexe les grands groupes français aux marchés financiers. C’est le retour de la Monarchie de Juillet, accommodée à la sauce anglo-saxonne : « Allez-y ! Servez-vous. Tout cela est à vous. Enrichissez-vous… »

La Monarchie de Juillet est loin mais, à leur manière, Balladur et Sarkozy, puis Strauss-Kahn et Fabius marchent sur ses brisées, livrant en pâture aux marchés les plus beaux fleurons de l’économie française. Jusqu’aux services publics : de France Télécom à Gaz de France. Et, du temps où il est le ministre de l’économie de François Hollande, Emmanuel Macron poursuit ce travail de sape, en dérégulant le transport routier ou en offrant les aéroports régionaux aux appétits des grands fonds d’investissement – ou même d’oligarques chinois corrompus. Au diable le service public et tout ce qui va avec : l’égalité d’accès garantie à tous les citoyens pour des besoins fondamentaux, la péréquation des tarifs…

Les effets de contamination de ces privatisations sont considérables. Le virus modifie radicalement la vie des entreprises. Avec l’entrée au capital des grands groupes français d’actionnaires boulimiques, qui exigent des rentabilités beaucoup plus spectaculaires, les principes de gestion sont complètement bouleversés. Fini, les patrons à l’ancienne, monarques de droit divin, arbitrant au gré de leurs humeurs, de la conjoncture ou des rapports de force, en donnant satisfaction tantôt à leurs salariés par des revalorisations de leurs rémunérations, tantôt à leurs clients par des baisses de prix, tantôt à leurs actionnaires par des hausses des dividendes. Désormais, dans le nouveau système, il n’y a plus guère que les actionnaires qui comptent.

Ce sont d’abord les grilles de rémunération des entreprises qui explosent. À la solde de leurs actionnaires, et non plus arbitres d’intérêts parfois contradictoires, les PDG sont dans ce nouveau système remerciés grassement pour leur allégeance à leurs nouveaux maîtres. Stock-options, golden parachutes, retraites dites chapeaux : au fil des ans, c’est un véritable déluge d’or dont ils profitent.

Cette richesse extravagante au sommet des entreprises a pour corollaire un phénomène nouveau et massif : l’apparition des « working poors » (travailleurs pauvres). Le capitalisme anglo-saxon favorise le recours à des formes d’emploi précaire et le plus flexible possible. Pour en rester au même exemple, celui de l’automobile, près d’un emploi sur deux dans ce secteur provient désormais de l’intérim. Autrement dit, le travail ne protège plus de la précarité, voire de la pauvreté.

Le sévère diagnostic de Marx

La progression du virus va au-delà. Par effet de contagion, il fait des marchés financiers l’arbitre de toutes les grandes décisions. Rares sinon impossibles en Europe continentale jusqu’en 1999 – date d’un raid historique du Britannique Vodafone sur le groupe Mannesmann, qui traumatise toute l’Allemagne –, les OPA deviennent fréquentes et ne choquent plus grand monde. Les plans sociaux des entreprises changent de logique : autrefois, les patrons justifiaient les licenciements en prétendant qu’il fallait couper les « branches mortes » de leur groupe ; désormais, ils coupent aussi les branches basses, celles qui sont rentables mais, à leur goût, dans des proportions insuffisantes au regard de la boulimie de leurs actionnaires. Cette nouvelle époque, marquée par une véritable tyrannie du capital sur le travail, ouvre la voie à des licenciements d’un nouveau type : des licenciements boursiers, pour caresser les marchés dans le sens du poil – comme ceux de Michelin face auxquels Lionel Jospin avait avoué son impuissance.

De proche en proche, c’est tout le modèle social français qui est en passe d’imploser. Avec le développement de l’intérim, c’est tout le droit du licenciement, c’est-à-dire tout un pan du code du travail qui passe à la trappe ; avec une couverture d’assurance maladie ou une couverture retraite de moins en moins protectrice, ce sont les systèmes d’assurance privée individuelle et de capitalisation qui progressivement prospèrent. Bref, ce sont tous les grands acquis sociaux qui sont mis, les uns après les autres, par terre. Au fil des ans, c’est la déclaration de Philadelphie qui, page après page, est déchirée en mille morceaux.

 

Mais cette mutation que traverse la France, cette régression sociale qu’elle commence à connaître ont eu un autre effet prévisible – et dont aujourd’hui le pays paie le prix : elles ont engendré une boulimie de plus en plus forte des milieux d’affaires ; elles les ont rendus de plus en plus insatiables, les poussant dans une attitude de surenchère de plus en plus folle. Rien que de très logique ! À partir de la chute du Mur, le capital prend l’ascendant sur le travail. Et dans cette modification du rapport de force, il devient de plus en plus exigeant.

Et c’est ainsi que dans les milieux patronaux, c’est le « toujours plus » qui finit par l’emporter. Hier, il y avait des courants du patronat, à commencer par celui rassemblé autour de l’UIMM, la fédération de la métallurgie, qui préconisaient une politique de compromis social, face à d’autres courants plus libéraux. Aujourd’hui, ces temps sont révolus et les débats au sein du Medef mettent en présence des clans tous plus libéraux les uns que les autres…

Dans cette logique de surenchère antisociale, les milieux d’affaires cherchent à accréditer l’idée, de très longue date, que si la France a bel et bien connu une mutation économique majeure au cours de ces trois dernières décennies, le modèle social français n’a, lui, que peu évolué. Ce qui est une contre-vérité notoire. Dans une enquête récente(lire Les quarante ans de dérégulation qui ont mis le code du travail en miettes), nous avons souligné à quel point les coups de boutoir contre le modèle social français ont été nombreux et répétés depuis la fin des années 1970. En quelque sorte, le vœu de Denis Kessler, l’ex-numéro 2 du Medef, de détricoter le programme du Conseil national de la résistance a bel et bien été exaucé.

Mais enfin ! Cette fable d’un retard de la France dans la déréglementation de son marché du travail, et plus généralement de son modèle social, a pris au fil des ans de la consistance. Et Emmanuel Macron en est, si l’on peut dire, l’héritier : c’est lui qui a été investi par les milieux d’affaires pour porter les derniers coups contre le modèle social, pour balayer les derniers miasmes de « l’esprit de Philadelphie », pour reprendre la formule qu’Alain Supiot avait mise en titre d’un ouvrage fameux (lire Justice sociale : le manifeste de l’après-guerre aux oubliettes) pour décrire le modèle social français de l’après-guerre.

Pour le patronat – on le mesure bien au soutien enflammé et un tantinet embarrassant que Pierre Gattaz apporte ces jours-ci à Emmanuel Macron –, c’est donc, à tort ou à raison, un combat majeur qui commence. La mère de toutes les batailles : enfin, là où Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy ont avancé à pas mesurés, il se trouve enfin un chef de l’État qui est disposé à avancer sabre au clair.

Même si ce coup de boutoir des ordonnances n’est pas le premier, il est donc d’une considérable importance. D’autant qu’il ne fait qu’ouvrir une réforme sociale de beaucoup plus grande importance. Car après le dynamitage du code du travail, il y aura celui de l’assurance chômage et la mise à mort, grâce au basculement des cotisations vers la CSG, du seul régime social encore paritaire (lire La dangereuse contre-révolution fiscale de Macron). Dans son entretien au Point, Emmanuel Macron avoue d'ailleurs lui-même que le basculement des cotisation chômage a pour objet de mettre un terme au paritarisme: « L'État a donc plus que son mot à dire, puisque c'est lui qui finance  ! Sortons de cette hypocrisie française vieille de plusieurs décennies  ! », dit-il.

Il y a aussi de lourdes menaces qui pèsent sur le Smic, qui a pour l’instant résisté tant bien que mal à des décennies de dérégulation sociale, malgré les assauts répétés dont il a fait l’objet (lire La réforme du Smic a déjà ses artisans).

Bref, si Emmanuel Macron gagne la bataille des ordonnances, c’est tout le modèle social français qui va en être affecté, bien au-delà du seul droit du travail. Alors que la politique contractuelle est progressivement entrée en crise dans le cours des années 1980, c’est la place même de la négociation collective qui va être remise en cause, avec la consécration de l’inversion de la hiérarchie des normes sociales et le primat donné à l’entreprise. Et même encore plus profondément, c'est une remise en cause grave du fait syndical qui se profile, dans un contexte où les grandes confédérations sont déjà en très mauvaise santé.

Autrement dit, ce n’est pas à tort, tout de même, que les milieux d’affaires placent autant d’espoir en Emmanuel Macron : si son projet aboutit, il consacrera une victoire radicale du capital sur le travail. Dans l’histoire sociale française, ces ordonnances pourraient donc constituer un point de bascule majeur.

 

Fac-similé de l'édition originale du "Manifeste du parti communiste" © www.marxists.orgFac-similé de l'édition originale du "Manifeste du parti communiste" © www.marxists.org

Avec cette aventure dans  laquelle il se lance, à qui Emmanuel Macron fait-il donc penser ? À Charles X, porte-drapeau de la Restauration, qui avait eu la détestable envie de promouvoir des ordonnances liberticides – ce qui avait d’ailleurs précipité sa chute (lire Ordonnances : aux sources du coup d’État permanent) ? À Louis-Philippe ou à son ministre, le conservateur François Guizot (1787-1874), qui promettait aux classes dominantes des heures fastueuses, avec son invitation célèbre : « Enrichissez-vous ! » ? En vérité, s’il est utile de se replonger dans le passé pour éclairer le présent, c’est une autre comparaison historique qui vient immanquablement à l’esprit, piochée précisément à l’époque où la monarchie de Juillet s’effondre.

 

Exactement à la même époque, parlant du« rôle éminemment révolutionnaire » de la bourgeoisie, Karl Marx avait eu, dans leManifeste du parti communiste publié en février 1848, des formules fameuses pour décrire les mutations que celle-ci avait su conduire : « Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l’homme féodal à ses “supérieurs naturels”, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du “paiement au comptant”. Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. »

Changement d’époque ! C’est aujourd’hui un rôle éminemment régressif que jouent les milieux d’affaires, dont Emmanuel Macron est le fondé de pouvoir. Le seul constat qui reste d’actualité, c’est que le capital, s’il emporte cette confrontation importance face au travail, a bien l’intention que les réformes engagées restent submergées par « les eaux glacées du calcul égoïste ».

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31 août 2017 4 31 /08 /août /2017 11:30
Libération de Salah Hamouri: lettre de Xavier Compain, porte-parole du PCF Bretagne, à Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères

PCF Bretagne

1 ter rue du 71ème Régiment d'Infanterie,

22000 SAINT-BRIEUC

 

Monsieur Jean-Yves Le Drian

Ministre de l'Europe

et des Affaires Étrangères

37 quai d'Orsay

75351 PARIS

 

 

 

Saint-Brieuc, le 31 août 2017

 

 

 

Monsieur le Ministre,

 

 

Dans la nuit du 22 au 23 août, Salah Hamouri, franco palestinien, a été arrêté à son domicile, à Jérusalem-Est, par l'armée israélienne, sans qu'aucun motif ne lui soit apporté ainsi qu'à sa famille.

 

Ces méthodes d'intimidation contre ceux qui se mobilisent pour faire reconnaître les droits du peuple palestinien à vivre dans un état libre et indépendant sont inacceptables.

 

Ce mardi 29 août, nous apprenions, avec consternation et colère, que notre compatriote a été condamné à six mois de détention administrative sur ordre de Monsieur Avigdor Lieberman, Ministre de la Défense israélien.

 

Je vous demande, Monsieur le Ministre, d'intervenir avec détermination auprès du gouvernement israélien pour protéger et obtenir la libération d'un enfant de notre République.

 

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma haute considération.

 

 

 

Xavier COMPAIN

Secrétaire Régional du PCF Bretagne

Libération de Salah Hamouri: lettre de Xavier Compain, porte-parole du PCF Bretagne, à Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères
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31 août 2017 4 31 /08 /août /2017 06:28
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