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28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 13:34
Rassemblement contre la fermeture du Bureau de Poste de la Boissière à Morlaix le samedi 27 octobre (photos Jean-Luc Le Calvez)
Rassemblement contre la fermeture du Bureau de Poste de la Boissière à Morlaix le samedi 27 octobre (photos Jean-Luc Le Calvez)

Plusieurs camarades du PCF étaient présents hier au rassemblement à l'initiative de la CGT contre la fermeture du bureau de poste de La Boissière au centre commercial de Leclerc à Morlaix début novembre, fermeture scandaleuse que nous avons dénoncé lors d'une question orale au Conseil Municipal, par communiqué et dans une lettre au directeur de la Poste dans le Pays de Morlaix. 

La pétition pour le maintien du bureau de poste a recueilli 3000 signatures.

Article Ouest-France, 27 octobre 2018: 

Une trentaine de personnes se sont réunies une dernière fois, samedi 27 octobre, pour dire non à la fermeture du bureau de poste de La Boissière. | OUEST-FRANCE

Une trentaine de personnes se sont rassemblées, samedi 27 octobre, près du cinéma La Salamandre, pour s’opposer à la fermeture du bureau de poste de La Boissière, à Morlaix (Finistère). Elles répondaient à l’appel de la CGT FAPT du Finistère.

C’est la dernière fois qu’elles se mobilisent. Après près de six mois de lutte, une trentaine de personnes se sont rassemblées, samedi midi, pour rappeler leur opposition au bureau de poste du centre commercial Leclerc de la Boissière, à Morlaix (Finistère). "Une dernière mobilisation pour ça soit le moins triste possible", témoigne Fabrice Martinet, secrétaire général de la CGT FAPT (Fédération des activités postales et de télécommunications).

Une dernière mobilisation car le bureau de poste fermera définitivement ses portes le samedi 3 novembre. Pétitions, appels à la manifestation, mobilisation des élus, rien n’y aura fait. La confirmation de la fermeture du bureau de La Boissière est tombée fin septembre. L’automate qui permet d’affranchir les envois et la boîte aux lettres resteront toutefois dans la galerie.

Membre de la CGT FAPT, Roland Novelli se désole : "Il y avait plus d’activité ici que dans le centre-ville… Mais il n’y avait pas de place pour créer une agence bancaire ici." Le syndicaliste ne croit pas que l’activité du bureau de La Boissière se reporte sur le centre-ville. "Les gens iront plutôt à Saint-Martin-des-Champs", explique-t-il. Quant aux employés du bureau, ils rejoindront l’agence La Poste du centre-ville.

https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/morlaix-un-dernier-rassemblement-contre-la-fermeture-du-bureau-de-poste-de-la-boissiere-6040328

 

A Morlaix, le 21 juin 2018

 

Au 

Chef d'établissement du secteur de Morlaix de la Poste 

15 rue de Brest

29600 Morlaix

 

 

Nous avons appris récemment la fermeture prévue pour l'automne 2018 du bureau de poste situé dans la galerie du centre Leclerc à Morlaix et nous restons stupéfaits face à cette décision que rien ne justifie selon nous.

 

En effet les organisations syndicales nous ont fait part de faits objectifs qui viennent contredire votre communication aux médias locaux concernant les activités du bureau.

 

Situé dans un quartier dense et populaire de Morlaix, ce bureau fait énormément d'opérations financières auprès des usagers (retraits, mandats internationaux western union, petits retraits impossible sur les automates) et ces activités ne cessent d'augmenter au vu des diminutions d'heures d'ouverture de bureaux dans les communes avoisinantes.

 

De plus, le taux dit de « Banque sociale » est de l'ordre de 13% pour ce bureau, ce qui est loin d'être négligeable (pour mémoire, le taux de Morlaix centre est à 18%). Sur le secteur de Morlaix, la Boissière est le bureau qui a le plus d'objets mis en instance après le passage du facteur et qui connaît la moins forte diminution de fréquentation.

 

Le chiffre d'affaire de l'automate d'affranchissement et de vente de timbres est l'un des plus important du secteur.

 

Le service de proximité et de conseil est inestimable dans ce bureau qui accueille une moyenne de 130 à 150 usagers /jours pour qui les 2 agents assurent avec compétence et une grande disponibilité toutes les opérations postales et financières : il faut voir la charge de travail et la file d'attente certains jours aux guichets jusque chez le marchand de journaux…

 

Tout ceci bien sûr est à rapporter aussi avec les heures d'ouverture du bureau de Morlaix qui sont bien plus importantes qu'à la Boissière.

 

Du point de vue statistique le bureau de la Boissière, avec ses 80 000 points, se situe largement au dessus de la cible (55 000 points) pour en faire un bureau partenariat ; c'est donc une décision éminemment politique qui prévaut pour fermer ce bureau important pour la vie sociale et quotidienne des habitants des quartiers populaires du plateau à Morlaix, et notamment pour les personnes âgées.

 

Nous aurions d'autres arguments à vous opposer, comme par exemple la situation géographique du bureau de Morlaix centre , la question de l'accessibilité des places de stationnement gratuites, etc.

 

Pour toutes ces raisons, de la même manière que nous avions fait voter à l'unanimité un voeu à Morlaix-Communauté en février 2017 pour le maintien des bureaux de poste de la Boissière à Morlaix, de Plouigneau, Plourin-les-Morlaix et Taulé, nous vous demandons aujourd'hui encore de renoncer à votre projet de fermeture, sauf à encore priver une partie de la population morlaisienne d'un service public utile et performant.

 

Nous avons malheureusement le sentiment aujourd'hui d'être confrontés à une stratégie de la Poste très agressive qui poursuit la privatisation du groupe devant conduire à l'ouverture de son capital. Tous les métiers vont de réorganisations en réorganisations avec des conséquences graves sur les missions de service public, la qualité de service, les conditions de travail. C'est pourquoi le groupe et la banque postale en particulier poursuivent le programme de démantèlement des bureaux de proximité, ce qui met en question leur pérennité même.

 

Malgré des résultats économiques au beau fixe - près d'1 milliard d 'euros de bénéfice - depuis 10 ans, ce sont près de 10 000 emplois qui disparaissent chaque année. Pour mémoire, en 2016, 8000 emplois ont été supprimés. Dans le même temps, en 2018 la hausse tarifaire moyenne est de 5% et la précarité suit le cours du timbre : augmentation de 13 % d 'emplois précaires et augmentation de 37 % d 'intérimaires.

 

Au nom de la défense du service public, nous nous opposons fermement à cette dérive de la financiarisation et de la gestion selon des seuls critères de rentabilité de La Poste.

 

Nos bureaux de poste sont nos biens communs. Nous vous demandons donc de revenir sur votre décision.

 

Dans l'attente de votre réponse, veuillez recevoir l'expression de nos sentiments respectueux.

 

Bien cordialement,

 

Ismaël Dupont, élu PCF de Morlaix et Morlaix Communauté

 

Daniel Ravasio, secrétaire de la section du PCF pays de Morlaix

 

 

Lire aussi: 

Communiqué de la FAPT CGT Finistère Nord - Non à la fermeture du bureau de poste de la Boissière à Morlaix! - Signez la pétition

Zéro fermeture de bureaux de poste dans le pays de Morlaix: voeu présenté au Conseil Communautaire du 13 février 2017 par Ismaël Dupont

Projet de fermeture du bureau de poste de la Boissière dans la zone commerciale du Leclerc : c'est le service public qu'on assassine!

 

Question orale au Conseil Municipal écrite par Ismaël Dupont, élue d'opposition communiste:

Pourquoi ne pas défendre le maintien du bureau de poste de la Boissière ?

Question Orale de l'Opposition pour le Conseil Municipal du jeudi 5 juillet 2018 à Morlaix présentée par Elisabeth Binaisse, Jean-Pierre Cloarec, Ismaël Dupont, Hervé Gouédard, Sarah Noll, Valérie Scattolin, Claire Thomas, Jean-Paul Vermot

Nous avons appris au mois de mai la fermeture prévue pour l'automne 2018 du bureau de poste de la Boissière situé dans la galerie du centre Leclerc à Morlaix et nous restons stupéfaits face à cette décision que rien ne justifie selon nous. En effet les organisations syndicales nous ont fait part de faits objectifs qui viennent contredire la communication du Directeur de la Poste sur le Pays de Morlaix aux médias locaux concernant les activités du bureau.

Situé dans un quartier dense et populaire de notre ville, ce bureau fait énormément d'opérations financières auprès des usagers (retraits, mandats internationaux western union, petits retraits impossible sur les automates) et ces activités ne cessent d'augmenter au vu des diminutions d'heures d'ouverture de bureaux dans les communes avoisinantes.

De plus, le taux dit de « Banque sociale » est de l'ordre de 13% pour ce bureau, ce qui est loin d'être négligeable (pour mémoire, le taux de Morlaix centre est à 18%). Sur le secteur de Morlaix, la Boissière est le bureau qui a le plus d'objets mis en instance après le passage du facteur et qui connaît la moins forte diminution de fréquentation.

Le chiffre d'affaire de l'automate d'affranchissement et de vente de timbres est l'un des plus important du secteur.

 Le service de proximité et de conseil est inestimable dans ce bureau qui accueille une moyenne de 130 à 150 usagers /jours pour qui les 2 agents assurent avec compétence et une grande disponibilité toutes les opérations postales et financières : il faut voir la charge de travail et la file d'attente certains jours aux guichets jusque chez le marchand de journaux…

La fermeture du bureau de Poste de la Boissière impactera fortement la vie sociale du quartier et la vie quotidienne de beaucoup d'habitants des quartiers du plateau à Morlaix, y compris les habitants de Ploujean, et notamment pour les personnes âgées. Cela les obligera à prendre leur véhicule ou le bus pour aller à la Poste.

Un relais commerçant de La Poste, s'il se substituait au bureau de Poste de plein exercice, n'offrirait pas les mêmes services bancaires aux usagers, n'ayant pas accès au compte des clients et ne pouvant effectuer des retraits supérieurs à 150 euros, ni dispenser les mêmes activités de conseil, en toute confidentialité.

Au mois de février 2017 au Conseil de Communauté de Morlaix-Communauté, un vœu avait été voté à l'unanimité pour le maintien de l'activité des bureaux de poste de la Boissière à Morlaix, de Plouigneau, Plourin-les-Morlaix et Taulé.

Face à la stratégie financière de la Poste et au choix du tout rentabilité, les élus en responsabilité doivent être fermes pour rappeler que cette entreprise à capitaux publics qui pendant qu'elle fait près d'un milliard de bénéfices supprime 10 000 emplois par an en moyenne depuis 10 ans, doit continuer un rôle d'aménagement du territoire et un rôle social d'intérêt général, dans la mesure où elle bénéficie des retombées en terme de clientèle de son statut et de ses obligations d'ancien service public.

C'est pourquoi nous souhaitons savoir, Madame Le Maire, pourquoi vous n'avez pas répondu au courrier du chef d'établissement du secteur de Morlaix de la Poste, qui vous annonçait la fermeture prochaine du bureau de poste de la Boissière ?

Pourquoi ce silence face à une décision hautement préjudiciable alors que vous aviez 3 mois pour manifester un refus de cette fermeture du bureau de Poste de La Boissière ?

Pourquoi n'y a t-il eu aucune réaction de votre part dans les médias, ou en soutien direct aux employés et usagers de ce bureau de Poste ?

Pour nous, le rôle d'un maire est de défendre les services publics locaux indispensables à la vie quotidienne des citoyens de sa commune, et, même s'il n'a pas tous les leviers, d'opposer une résistance forte aux stratégies de réduction de l'offre de service public.

 

Rassemblement contre la fermeture du Bureau de Poste de la Boissière à Morlaix le samedi 27 octobre (photos Jean-Luc Le Calvez)
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28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 13:03
Stephane Peu

Stephane Peu

Stéphane Peu: «La loi ELAN est une régression totale pour les personnes handicapées»
Par

Des députés ont signé un recours contre la loi ELAN devant le Conseil constitutionnel. Entretien avec l’un d’eux, le communiste Stéphane Peu, pour qui l’allègement des normes de construction de logements adaptés aux personnes handicapées accroît la discrimination à l’encontre de cette population.

Les députés de La France insoumise, du groupe de la Gauche démocratique et républicaine et du Parti socialiste ont porté la loi ELAN (pour évolution du logement, de l’aménagement et du numérique) devant le Conseil constitutionnel. Cette loi complexe vise à obtenir un « choc d’offre » dans le logement, mais pourrait fragiliser le financement du logement social. Les élus de gauche ont cependant centré leur recours sur deux dispositions de cette loi.

La première vise à ramener la proportion de logements neufs adaptés aux handicapés de 100 % à 20 %. La majorité défend l’idée d’une réduction des normes favorisant la production de logement, mais les élus de gauche considèrent qu’il y a là atteinte au principe d’accessibilité aux logements qui découle des alinéas 10 et 11 du préambule de la Constitution de 1946, repris dans celle de 1958.

La seconde concerne l’assouplissement des normes de construction sur le littoral français contrevenant, selon le recours des députés, au « droit à un environnement sain » qui a été reconnu comme un principe constitutionnel par les « Sages » de la rue de Montpensier.

Dans cet entretien avec Mediapart, le député Stéphane Peu, élu communiste (groupe GDR) de Seine-Saint-Denis et l’un des députés qui ont signé ce recours, développe les conséquences concrètes de cette loi ELAN sur l’accès et les droits des personnes handicapées.

La réduction de l’obligation de construire des logements adaptés aux personnes handicapées motive votre recours devant le Conseil constitutionnel. Le gouvernement estime cependant que ces normes devaient être allégées…

Stéphane Peu : Aujourd’hui, 100 % des logements dans les immeubles nouvellement construits devaient être accessibles aux handicapés. Il faut bien souligner que cette obligation ne concernait que le neuf, et pas les réhabilitations, par exemple. C’est donc simplement une obligation qui tendait à faire évoluer le parc de logements, pour basculer vers une autre génération d’immeubles qui prendraient en compte le handicap. Cette obligation n’empêchait pas par ailleurs le besoin fréquent d’adapter les logements aux particularités du handicap. Néanmoins, plusieurs éléments essentiels pour les personnes concernées, par exemple la largeur des portes et des couloirs, permettaient de résider dans ces logements. C’était une mesure qui facilitait la prise en compte des difficultés des personnes handicapées à se loger, afin qu’il n’y ait pas une « double punition » et que s’ajoute au handicap le mal-logement.

 

Mais sous la pression des lobbies de promoteurs immobiliers, le gouvernement a supprimé cette obligation de 100 %, conformément à la logique d’ensemble de la loi ELAN qui est de faire confiance au secteur privé. Or le secteur privé demande moins de normes, qui sont conçues comme autant de contraintes qui freineraient l’offre. S’il est vrai qu’il s’agit d’un coût supplémentaire, c’est aussi un droit dû à des personnes vulnérables qui est le miroir d’un devoir de solidarité.

Que propose la loi ELAN telle qu’elle a été votée ?

Le gouvernement avait d’abord ramené l’obligation de logements adaptés à 10 % du total. Le Sénat a proposé 30 % et finalement, la loi votée retient 20 %. Ces évolutions n’ont été possibles que grâce à la mobilisation des associations de défense des personnes handicapées, qui ont organisé des manifestations et qui, pourtant, sont des associations habituées à agir en partenaires des pouvoirs publics plus qu’en formations revendicatrices dans la rue. Reste qu’on est encore loin des 100 % et que ces associations vivent la loi ELAN comme une régression totale.

Cette décision a été accompagnée du jargon habituel de la majorité, prétendant que le reste des logements serait « évolutif ». Mais tous les logements sont évolutifs, la question est de savoir comment et à quel prix. Concrètement, les conséquences de cette règle des 20 %, c’est que l’on va donner aux personnes handicapées les logements les moins valorisés des immeubles, ceux qui sont exposés au nord, au-dessus du local poubelles, etc. Tous ces logements que l’on doit vendre moins cher en raison de ces inconvénients vont être les logements adaptés parce que les personnes handicapées, contraintes de vivre dans de tels logements, sont une clientèle captive. Elles n’auront pas le choix. Pour reprendre le mot préféré du président de la République, c’est une forme d’assignation à résidence dans des logements plus bas de gamme. Il y a donc là rupture d’égalité.

Mais vous pointez également les coûts pour ceux qui ne pourront pas bénéficier de ces 20 %…

Effectivement, c’est une question que j’ai beaucoup soulevée à l’Assemblée nationale pendant la discussion. Si 80 % des logements sont « évolutifs », qui paiera ces évolutions ? Lorsque l’on doit les adapter aux handicapés ou aux personnes à mobilité réduite en raison de l’âge, la facture n’est jamais inférieure à moins de 10 000 euros. Lorsque l’on doit transformer et agrandir des toilettes pour les rendre accessibles à un fauteuil ou à un déambulateur, abaisser des interrupteurs pour les mettre à hauteur d’un fauteuil ou encore changer la plomberie pour transformer, par exemple, une baignoire en douche adaptée, le coût est très élevé. Qui paiera ? Les personnes concernées, bien sûr. Et cela constitue une nouvelle discrimination, touchant les plus modestes qui ne peuvent financer les évolutions de ces logements. Je considère qu’une société qui est dure avec les plus faibles de ses membres est une société égoïste et cruelle. Mais cela échappe au logiciel de La République en marche.

La majorité avance l’argument du choc d’offre, qui est au cœur de la loi ELAN pour favoriser le logement…

 

Mais cette loi est par ailleurs une loi de récession du logement. Alors que l’Allemagne vient de se lancer dans une politique ambitieuse de construction de logement, nous faisons l’inverse. Les exemples étrangers montrent tous que le logement est une économie mixte avec une forte dimension publique. Penser que libérer l’économie suffira est irréaliste. Ce que l’on voit, c’est que la production commence déjà à reculer, et que cette baisse est inévitable compte tenu de la politique d’asséchement financier du logement social. Il est impossible que les mesures de la loi ELAN et du projet de loi de finances 2019 conduisent au choc d’offre promis.

On sait le Conseil constitutionnel très sensible à la « liberté d’entreprendre » et à la politique de l’offre, comme le prouvent plusieurs de ses décisions récentes. Peut-on s’attendre à une décision de censure dans ce cas ?

Nous verrons, mais ici, le sujet est davantage le handicap. Or en France, grâce aux efforts de Jacques Chirac, il existe une sensibilité particulière sur le sujet. Je pense qu’il existe ici un espace qui méritait qu’on interroge le Conseil.

 

Stephane Peu (député communiste): la loi Elan est une régression totale pour les personnes handicapées (Médiapart, Romaric Godin, 26 octobre 2018)
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28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 09:10

 

Les élections européennes auront lieu dans neuf mois, le dimanche 26 mai 2019. D’aucuns pourraient considérer que l’échéance est lointaine. C’est vrai et faux à la fois. Vrai parce que l’actualité des mois à venir sera riche, qu’elle sera remplie par d’autres événements : la bataille des retraites, la réforme constitutionnelle, et pour ce qui concerne le PCF par un Congrès qui aura lieu à la fin du mois de novembre. Faux parce que les enjeux européens sont d’ores et déjà sur le devant de la scène et que ces élections européennes revêtiront un enjeu majeur. J’identifie cinq raisons au moins de prendre très au sérieux cette échéance. Cinq raisons de s’engager dès maintenant. Cinq raisons d’y croire.

1. Sanctionner Macron


Les élections européennes seront les premières élections nationales depuis la victoire d’Emmanuel Macron en mai 2017. Elles seront donc un test pour toutes les formations politiques. Le résultat sera d’autant plus lisible que le mode de scrutin a changé. Il s’agit désormais d’un scrutin national, et non plus par circonscriptions, toujours à la proportionnelle. Il sera observé, commenté, interprété.
Il s’agira donc en premier lieu de sanctionner Macron, sa politique, et la cohorte de malheurs qu’elle draine. Casse sociale, fragilisation des services publics, cadeaux aux plus riches, précarisation du travail, sur fond de pratique autoritaire du pouvoir conduisant à des dérives telles que celles révélées par l’affaire Benalla.

Il s’agira en second lieu de montrer qu’il se passe quelque chose à gauche. Les élections européennes ne peuvent pas être le remake de 2017. Elles ne doivent pas l’être. Nous voulons faire émerger du neuf dans cette élection. C’est le sens de notre démarche, de la main que nous tendons au mouvement social, à tous ceux qui à gauche aspirent à d’autres politiques en France et en Europe.

 

2. Parce qu’il y a péril en la demeure « Europe »


Le contexte de ces élections n’a rien de banal. Partout, l’extrême droite et les nationalismes progressent. C’est le cas en Pologne, en Hongrie, dans les pays de l’ex-Europe de l’Est. Les pays fondateurs de l’Union européenne ne sont pas épargnés non plus. On le voit en Italie. Cette situation politique a des conséquences très concrètes. Sur la question du traitement des réfugiés, à l’issue du dernier sommet européen, les États européens se sont alignés sur les positions de l’extrême droite. Ils ont décidé de concentrer tous leurs efforts non pas à élaborer des solutions d’accueil dignes, mais au renforcement des frontières extérieures de l’Europe. Autrement dit, à empêcher ceux qui veulent fuir de trouver refuge en Europe.

« Nous voulons faire émerger du neuf dans cette élection. C’est le sens de notre démarche, de la main que nous tendons au mouvement social, à tous ceux qui à gauche aspirent à d’autres politiques en France et en Europe.»

Cette montée des nationalismes n’est pas le fruit du hasard. Elle est directement connectée aux politiques libérales menées depuis des années au sein de l’Union européenne. Les libéraux ont fini par dégoûter les Européens de l’Europe à force de leur imposer des politiques libérales, y compris lorsque les peuples les ont rejetées par les urnes. Ils ont donc une responsabilité écrasante dans cette progression des nationalismes.

 

3. Pour refuser la fausse alternative entre libéraux et fachos


Macron tente, dans ce contexte, de s’ériger en premier opposant à l’extrême droite. Il serait la digue à laquelle les démocrates pourraient se raccrocher. Les citoyens européens auraient donc un choix, un seul : libéralisme ou nationalisme.

Ce choix est, en réalité une triple impasse.

« Les libéraux ont fini par dégoûter les Européens de l’Europe à force de leur imposer des politiques libérales, y compris lorsque les peuples les ont rejetées par les urnes.»

D’abord parce qu’il passe sous silence la responsabilité des libéraux dans cette situation. Si l’Europe avait été autre chose qu’une machine à imposer des politiques d’austérité à coups de lattes et à mettre en concurrence les salariés européens entre eux, nous n’en serions pas là. Les libéraux ont fait le lit des fachos. Toute l’Europe en paie le prix aujourd’hui.

Ensuite, c’est oublier un peu vite les connexions entre libéraux et nationalistes. Deux exemples : c’est un gouvernement d’union entre droite et extrême droite en Autriche qui met en place la semaine de 60 heures. De même, Orban, en Hongrie, s’est fait l’apôtre de la flat-tax, un même taux d’imposition sur le revenu à 15 % qu’on soit pauvre ou millionnaire. Autrement dit, une politique très compatible avec les dogmes libéraux sur le plan économique.

Enfin, cette fausse « alternative » est très périlleuse. Car elle renvoie dans les bras de l’extrême droite tous ceux qui, à raison, contestent le cours actuel de l’Europe.

 

4. Parce que l’exigence d’une autre Europe est plus que jamais nécessaire


Dans ce contexte, il y a donc urgence à faire émerger une autre Europe, à donner force et crédibilité à une alternative en Europe.

L’Union européenne actuelle souffre d’une tare fondamentale. Elle tient en trois mots. Priorité aux marchés. Depuis 10 ans, la Banque centrale européenne (BCE) a procuré plus de 3 000 milliards d’euros aux banques privées sans la moindre condition.

Dans le même temps, les traités européens organisent le dumping social qui tire les travailleurs vers le bas. Elle permet aussi le dumping fiscal. Avec l’optimisation et l’évasion fiscale, ce sont chaque année 1 000 milliards d’euros qui partent en fumée au sein de l’Union européenne.
Nous rejetons cette logique-là. À cette Europe de l’argent-roi, nous opposons celle de l’humain d’abord. Nous proposons une autre utilisation de l’argent. La BCE pourrait ainsi alimenter un fonds européen dédié au développement des services publics.

 

5. Parce que ce peut être le début de la reconquête


Ne nous le cachons : pour nous, les communistes, 2017 a été une année difficile. 2019 peut être pour nous une année de reconquête. Nous avons fait le choix de partir tôt en campagne, de nous doter un an avant l’échéance d’axes de campagnes, d’une équipe chargée de l’animer. J’en suis le chef de file. Et je constate partout de l’envie, de l’énergie. Nous pouvons montrer à des millions de gens ce dont les communistes sont capables. De fait, nous n’en avons pas eu l’occasion il y a un an. Nous pouvons le faire cette fois-ci. Allons-y !

 

Ian Brossat est chef de file des communistes pour les élections européennes 2019.

• Cause commune n° 7 - septembre/octobre 2018

 

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28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 09:08

 

Encore une fois, le gouvernement manie le mensonge avec dextérité et impudeur pour camoufler son objectif de casse de notre système de protection sociale solidaire et universel.
Après le plan « ma santé 2022 », véritable changement de paradigme en matière de système de santé public qui marginalise l’hôpital public et en attendant le projet sur les retraites, le dossier de presse du prochain PLFSS du gouvernement manipule concepts et chiffres, pour avancer , masqué sur des objectifs financiers très élevés.

Dans le même élan, le document annonce triomphalement la fin du déficit du régime général pour l’année 2019, et sa volonté de poursuivre la baisse des dépenses publiques et sociales, ceci expliquant cela !
Le gouvernement fixe royalement un Objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM) à 2,5%, soit +0,3% que prévu, alors qu’il faudrait au minimum 4,5% pour financer les dépenses de santé qui progressent naturellement sous l’effet du vieillissement et du progrès technique : c’est donc une nouvelle ponction, sans plus d’alibi du fameux »Trou », que le gouvernement entérine avec 3, 8 milliards d’économies supplémentaires sur les dépenses de santé en 2019 !

Avec l’effet de l’inflation cumulé, cet ONDAM sera en réalité le pire de la dernière décennie, et des dépenses qui n’évolueront que de 1,9% !

Baisse de remboursements, remise en cause de prestations universelles comme des droits à la retraite, fermetures de maternités et étranglement financier des hôpitaux publics et des EHPAD, voilà ce que représente en vérité les ONDAM votés ces dernières décennies par les Parlements successifs : organiser méthodiquement la baisse des dépenses financées par la Sécurité sociale, pour baisser d’une manière constante le coût du travail, pour satisfaire sans vergogne la course au profit financier des entreprises ! Le gouvernement prévoit ainsi pour 2019 de transformer le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE) et diverses taxes en exonérations de cotisations patronales permanentes, soient 20 milliards d’euros disponibles immédiatement ! Celles-ci pourraient en outre ne pas être compensées entièrement, sous couvert d’une fusion des deux lois de financement…

Quant à la baisse des cotisations des salarié-e-s, au nom du pouvoir d’achat, sensée être compensée par la honteuse augmentation de la CSG de 2018, reste un leurre et surtout pour les retraité.e.s qui la supportent entièrement : une perte de pouvoir d’achat insupportable inscrite dans la durée !
Le comble est atteint avec l’objectif macroniste de « zéro reste à charge » pour l’optique, le dentaire et l’appareillage, qui n’est que la voie royale ouverte au monde assurantiel, et maintient les inégalités d’accès à la santé. Nous sommes loin du 100% Sécu !

 Enfin, malgré les déclarations de la Ministre, les hôpitaux publics restent les sinistrés de ce PLFSS avec 910 millions d’économies, au nom de la structuration de l’offre de soins, du tout ambulatoire ! Ils continueront à crouler sous les déficits, l’endettement et les personnels de réclamer à corps et à cri des moyens pour faire correctement leur travail.

 

 

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28 octobre 2018 7 28 /10 /octobre /2018 09:05

 

Dette publique, dette privée : héritage et nécessité ? (24 Octobre 2018)

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, chers collègues, le débat de ce jour est particulièrement utile à l’heure où nous engageons l’examen du projet de loi de finances pour 2019. En effet, depuis plusieurs décennies, la dette publique est devenue la clef de voûte des exercices budgétaires des différents gouvernements.

Le discours répété à l’envi par des dirigeants successifs est le suivant : la France vit au-dessus de ses moyens, et si nous ne faisons rien les marchés financiers vont nous punir en augmentant les taux d’intérêt, ce qui renchérira le coût de l’emprunt et accroîtra encore plus notre dette ; cette fuite en avant risque de nous mener tout droit vers la faillite et ce seront les générations futures qui devront rembourser nos excès. Tel est le discours officiel constamment répété par les gouvernements.

Incontestablement, ce discours mérite un examen un peu plus attentif. Est-il pertinent de comparer la dette d’un pays à celle d’un ménage, comme cela se fait couramment ? Un pays ne meurt pas et ne peut être saisi. Comment ne pas prendre en compte le patrimoine, les actifs existants dans le pays ? Enfin, peut-on envisager la dette publique sans prendre en compte la dette privée ? Il faudrait de plus tenir compte du patrimoine des ménages français, estimé à plus de 10 000 milliards d’euros.

Lorsque l’on dit que la dette représente 100 % du PIB, on compare une dette, dont le remboursement s’échelonne sur plusieurs années, à une valeur annuelle, le PIB. Cela n’est jamais le cas pour un ménage. Si l’on applique le même mode de calcul à un couple gagnant 32 000 euros par an et ayant une dette de 200 000 euros liée à l’achat d’un appartement remboursable sur vingt-cinq ans, il apparaît que la dette de ce ménage représente 625 % de ses revenus d’activité. On en conviendra, une telle situation est vécue par bon nombre de nos concitoyens.

Pourquoi la Commission européenne, si prompte à inciter les pays à appliquer des mesures d’austérité, ne condamne-t-elle pas les paradis fiscaux en Europe, dont l’existence permet à plusieurs dizaines de milliards d’euros d’échapper au budget de la République ?

Le budget de la France n’a plus été équilibré depuis 1973, soit quarante-quatre années de déficits cumulés. Le 3 janvier 1973, il fut décidé par les gouvernants de l’époque que l’État pourrait se financer auprès des marchés financiers et non plus auprès de la Banque de France. Puis vint le traité de Maastricht, en 1992. Aux termes de son article 104, « il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées "banques centrales nationales″, d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions ou organes de la Communauté, aux autorités régionales ou locales ». La dette française représentait 14,5 % du PIB en 1974, et 99,2 % à la fin de 2017.

Il convient de nommer et d’identifier ces marchés financiers, désignés parfois sous le pseudonyme de « zinzins », non pas parce qu’ils sont fous – même si parfois on pourrait le penser ! –, mais parce qu’il s’agit des investisseurs institutionnels. Ils comprennent d’abord les fonds de pension, ceux qui gèrent l’épargne des retraités américains ou britanniques, ensuite les fonds mutuels ou sociétés d’investissement et, enfin, les compagnies d’assurances et les banques, y compris françaises.

Chaque année, cet accès au crédit permanent, sorte de crédit revolving, nous conduit à verser à ces créanciers des dizaines de milliards d’euros au titre des intérêts de la dette. Dans le projet de loi de finances pour 2019, ce sont 42,1 milliards d’euros qui sont inscrits au titre du « service de la dette » – quelle curieuse expression que celle-ci ! Le budget de la République ne doit-il pas d’abord servir l’intérêt général ?

La fourchette varie, selon les années, entre 42 milliards et 50 milliards d’euros, soit l’équivalent, tout de même, de 600 avions Airbus, de 4 500 000 logements ou d’un salaire net de 18 000 euros par an pour 2,5 millions de personnes.

Les économistes bien en cour, orthodoxes, nous expliquent régulièrement que la dette serait causée par une prétendue incurie et gabegie de l’État. Pourtant, quand on examine très précisément les chiffres, les dépenses publiques restent, en proportion, assez stables depuis de nombreuses années. C’est bien évidemment d’un déficit de recettes que nous pâtissons essentiellement.

Pour notre part, nous pensons qu’il y aurait lieu de procéder à un audit sérieux et intégral de notre dette publique. En quarante ans, la France a déjà payé plus de 1 400 milliards d’euros d’intérêts à ses créanciers. Il faudrait bien sûr évaluer l’impact des multiples dégrèvements, abattements, exonérations et autres crédits d’impôt, qui se sont chiffrés en dizaines de milliards d’euros depuis une vingtaine d’années. Il y a aussi bien sûr l’enjeu de la lutte contre l’évasion fiscale.

Nous posons la question : quelle est, dans le total, la part de dette légitime ? Si, au lieu de se financer depuis trente ans sur les marchés financiers, l’État avait contracté des emprunts directement auprès des ménages ou des banques, à des taux d’intérêt réels de 2 %, la dette publique serait aujourd’hui inférieure de vingt-neuf points de PIB, soit de 589 milliards d’euros, par rapport à son niveau actuel.

Maurice Allais disait que « la création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul ». La Banque centrale européenne ne devrait-elle pas jouer ce rôle économique essentiel, prêter aux États à taux faible plutôt que d’inonder les marchés financiers de liquidités énormes qui ne servent que très peu l’économie réelle ? C’est une question économique et budgétaire, mais c’est aussi une question politique centrale. Thomas Jefferson déclarait que « celui qui contrôle l’argent de la Nation contrôle la Nation ».

Vous le voyez, nous avons abordé dans ce débat les aspects financiers et budgétaires, bien sûr, mais aussi les questions de souveraineté, de démocratie et de liberté. Le philosophe Gilles Deleuze disait que « l’homme n’est plus l’homme enfermé mais l’homme endetté ».

 

 

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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 15:20

 

Olivier Compagnon, directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, analyse les raisons de la montée en puissance de l’extrême droite au Brésil qui se cristallise autour de Jair Bolsonaro.

 

Comment expliquez-vous l’ascension de Jair Bolsonaro sur le devant de la scène politique, après une si longue trajectoire transparente au Congrès ?

Olivier Compagnon 

Un premier élément est le rejet massif dont le Parti des travailleurs (PT) fait l’objet dans la société. Il renvoie à des logiques de désirs d’alternances après treize ans de pouvoir, mais également aux pratiques de corruption avérée du PT. Cette corruption est portée par le système politique brésilien tel qu’il fonctionne depuis la Constitution de 1988. Jair Bolsonaro occupe un espace laissé vacant par la droite conservatrice qui avait cru conquérir le pouvoir en 2016 avec Michel Temer (le président de facto – NDLR), et qui s’est elle-même discréditée. Troisième élément d’interprétation : derrière les positions outrancières de Bolsonaro, on retrouve celles des Églises évangéliques, dont on connaît le poids croissant dans la société depuis un demi-siècle. Enfin, l’ascension de Bolsonaro en dit long sur le rapport complexe du Brésil avec son passé, et avec la dictature en particulier. Ce pays, au contraire de ses voisins, n’a pas fait de travail de mémoire ni de justice. Cela permet à Bolsonaro de revendiquer ouvertement sa nostalgie du régime de sécurité nationale. Lorsqu’il suggère que les policiers pourront tirer dès lors qu’ils se sentiront menacés, il s’agit d’un retour à des logiques d’État terroriste vis-à-vis de sa population.

 

Le retour à l’ordre qu’il prône n’est-il pas conforté par le gravissime problème de la violence ?

Olivier Compagnon 

Les gouvernements dits du virage à gauche ne sont pas parvenus à répondre à l’une des plus grandes préoccupations des Brésiliens quel que soit leur milieu social. Le Brésil a tenté des stratégies lors des jeux Olympiques et de la Coupe du monde de football. Mais les violences n’ont pas diminué, ou très ponctuellement. Avec la crise économique, les inégalités se creusent et les violences tendent à s’accroître. Les solutions se cherchent dès lors vers un candidat qui mènera la politique de la « main dure ». L’idée d’autoriser les gens à s’armer renvoie au spectre d’une guerre civile permanente.

 

Les conséquences de la récession sont, elles aussi, un facteur…

Olivier Compagnon 

C’est presque une loi historique : les candidatures radicales s’arment mieux dans des contextes économiques très difficiles. S’il n’y avait pas eu l’effondrement du cours des matières premières, l’évolution n’aurait pas été la même, et la présidente Dilma Rousseff aurait pu poursuivre les politiques redistributives mises en place par Lula, son prédécesseur. Autre élément de compréhension : le consensus médiatique qui a voué le PT aux gémonies depuis la deuxième élection de Dilma Rousseff en 2014.

 

Peut-on qualifier l’idéologie de Bolsonaro ?

Olivier Compagnon 

Si l’historien est toujours méfiant vis-à-vis du risque d’anachronisme, de fait, le viol annoncé de la constitutionnalité et le recours à la violence politique, alliés à un discours de restauration nationale, sont bien des caractéristiques des fascismes de l’entre-deux-guerres. Mais Bolsonaro n’a ni idéologie constituée ni parti de masse. On retrouve chez lui une tradition de la droite qui renvoie au monde militaire, et à ce qui a été la seule véritable tentation fasciste en Amérique latine dans les années 1930, à savoir l’Action intégraliste brésilienne. Il a aussi un côté « Trump tropical » lorsqu’il dit vouloir déchirer les accords de Paris alors que le Brésil est l’un des principaux réservoirs de biodiversité du monde et l’une des cibles du réchauffement climatique. Bolsonaro ranime des rhétoriques de la guerre froide, charriant ainsi un imaginaire qui n’est pas celui de Donald Trump. Il a reçu le soutien des présidents argentin et chilien ainsi que de députés de l’UDI, le parti nostalgique d’Augusto Pinochet. Il y a « un air du temps » que l’on observe aussi en Europe. Il incarne un néolibéralisme à outrance avec le projet de vastes privatisations et le retrait de l’État en matière de compétences sociales allié à un conservatisme étroit sur les questions sociétales.

 

Son ascension s’inscrit-elle dans le cadre du reflux de la gauche et d’un nouveau processus conservateur dans la région ?

Olivier Compagnon 

Pleinement. Ce virage à droite survient au moment où les gouvernements de gauche n’ont plus été en mesure de redistribuer les fruits de la croissance. La destitution de Dilma Rousseff en est le produit. Des connivences et des synergies régionales se mettent en place. En matière d’intégration régionale, Bolsonaro a annoncé qu’il allait s’allier avec les membres du Mercosur pour obtenir que le Venezuela en sorte. Au lendemain des résultats du premier tour, dans les réseaux sociaux bolsonaristes, le Nordeste du Brésil portait l’inscription Venezuela parce que cette région a massivement voté en faveur de Fernando Haddad.

Olivier Compagnon

Professeur d’histoire contemporaine de l’Amérique latine

 

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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 15:12

Déjà surnommée le "casse du siècle", une combine fiscale a permis à des financiers, aidés par des banques, de soustraire 55 milliards d'euros d'impôts au budget de 11 pays européens pendant 15 ans. Comment et que faire ? Entretien avec la députée européenne Eva Joly (Verts-ALE).

CUMEX FILES, NOUVEAU SCANDALE DE L'ÉVASION FISCALE
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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 15:05
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27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 15:04

 

La censure du budget italien par la Commission européenne est un magnifique cadeau fait au gouvernement d’extrême-droite. Elle lui offre un puissant vecteur de légitimation en remettant en cause la souveraineté populaire, celui de chaque pays et de chaque parlement à pouvoir choisir en toute souveraineté ses orientations budgétaires. Elle s’en prend aux mesures qui donnent l’impression de vouloir rompre avec les politiques néo-libérales en portant sur l’abaissement de l’âge de départ à la retraite et sur le revenu « de citoyenneté » minimum.

 

Dans le même temps, la Commission européenne ne critique absolument pas d’autres mesures budgétaires qui s’inscrivent parfaitement dans le cadre libéral : amnistie fiscale, flat tax, privatisations… 
Cette censure montre à quel point la Commission européenne est aveuglée dans son adoration du veau d’or libéral, austéritaire et autoritaire qui fait le fondement de la construction capitaliste de l’Union européenne actuelle et quels sont les intérêts de classe qu’elle défend. La poursuite de cette politique et des dégâts sociaux qu’elle génère fait le lit de l’extrême-droite ethniciste. 
 

Empêcher cette extrême-droite de prospérer en Europe implique de rompre avec de telles politiques. Il est urgent de rompre le corset autoritaire et austéritaire qui étrangle les peuples et les nations d’Europe, en remettant en cause le pacte budgétaire européen. C’est la condition nécessaire pour ouvrir la voie à d’autres coopérations entre les peuples européens, alliant respect de la souveraineté populaire et mise en commun de politiques quand cela sert les intérêts du plus grand nombre. C’est la vision d’une union des peuples et des nations souveraines et solidaires que défend le PCF.

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25 octobre 2018 4 25 /10 /octobre /2018 13:11
Christine Prunaud, sénatrice PCF des Côtes d'Armor, défend la maternité de Guingamp, et interroge la secrétaire d'état auprès de la ministre de la santé Buzyn

Vous trouverez ci-joint et ci-dessous la question orale de Christine PRUNAUD, posée en séance publique mardi 23 octobre au Sénat, au sujet de la fermeture de la maternité de Guingamp, ainsi que la réponse de la Secrétaire d'Etat auprès de Mme la Ministre de la Santé et des Solidarités.

Question

Dans le cadre de la réorganisation de l'offre de soins, la fermeture de la maternité de Guingamp, puis sa suspension, ou plutôt sa mise sous tutelle pendant deux ans, a été annoncée par l'agence régionale de santé – l'ARS – de Bretagne cet été. Cette décision a suscité une légitime vague d'indignation du personnel médical, de la population, des élus. D'ores et déjà, certaines patientes n'osent plus prendre de rendez-vous, de peur que leur suivi ne puisse pas être effectué jusqu'au terme de leur grossesse.

Les conséquences d'une fermeture d'un service de maternité sont connues : allongement des déplacements, augmentation des risques pour les femmes et les bébés, ainsi que beaucoup de stress.

À l'heure actuelle, tout le monde est suspendu à la décision de l'ARS. Les personnels, dont le professionnalisme et les compétences ne sont plus à démontrer, ne savent pas quel avenir leur est promis.

Cette maternité remplit pleinement une fonction de proximité au service de la population. Je vous en prie, madame la secrétaire d'État, n'avancez pas l'argument, déjà maintes fois utilisé, du nombre insuffisant de naissances – ce nombre se situe dans les critères – ni celui d'une meilleure efficience des soins grâce à des fusions d'unités ou de services, qui deviendraient ce que l'on appelle en Bretagne des mastodontes de la santé.

Madame la secrétaire d'État, ma question est donc simple : quelles sont vos intentions pour la maternité de Guingamp ?

 

Réponse de Mme la secrétaire d'État

Madame la sénatrice Christine Prunaud, je vous remercie de votre question, qui me permet de faire le point sur la maternité du centre hospitalier de Guingamp.

Vous le savez, la décision de l'agence régionale de santé de Bretagne de ne pas renouveler l'autorisation de l'activité de gynécologie relevait du constat suivant : une démographie médicale fragile dans deux spécialités indispensables au bon fonctionnement d'une maternité, à savoir la pédiatrie et l'anesthésie.

Malgré les efforts importants du centre hospitalier de Guingamp et du groupement hospitalier de territoire pour recruter des médecins, la couverture médicale de la maternité de Guingamp sur ces deux spécialités est, en effet, très fragile.

Elle nécessite, pour l'anesthésie, un recours fréquent à l'intérim médical, qui n'a pas vocation à constituer une solution pérenne, compte tenu des enjeux de qualité et de sécurité qui s'attachent à la naissance.

Ces difficultés fragilisent la prise en charge et la capacité de l'établissement à assurer à l'avenir la sécurité des futures mamans et des nouveau-nés à toute heure du jour et de la nuit, et ce malgré la compétence et l'engagement reconnus des personnels hospitaliers de cet établissement et l'appui des autres hôpitaux du territoire.

Le Président de la République a demandé qu'un délai supplémentaire de deux ans soit accordé au titre de l'autorisation pour permettre au centre hospitalier de renforcer sa couverture médicale et prendre en considération l'évolution du nombre de naissances dans cet établissement.

Depuis le 25 juillet, l'ensemble des acteurs du groupement hospitalier de territoire ont été impliqués dans la recherche active pour renforcer l'offre médicale, avec l'appui de l'agence régionale de santé. Plus généralement, le travail sur l'organisation de l'offre de soins sur le territoire est une priorité du Gouvernement, comme en témoignent les dispositifs inclus dans le plan Ma santé 2022, présenté par le Président de la République le 18 septembre dernier, et dont les premières mesures trouveront leur traduction législative dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2019.

Dans l'immédiat, nous savons pouvoir compter sur la forte implication des personnels hospitaliers du territoire, en en particulier ceux de la maternité de Guingamp, pour conforter cette activité et participer à cette réflexion.

Réplique

Madame la secrétaire d'État, je ne m'attendais pas à une autre réponse de votre part.

Je reviens sur la fusion de la maternité de Guingamp avec l'hôpital de Saint-Brieuc, qui nous paraît financièrement illogique. À cet égard, je vous rappelle la démission, voilà une dizaine de jours, de 120 médecins de la commission médicale d'établissement de cet hôpital. Oui, 120 médecins, madame la secrétaire d'État ! À ma connaissance, cette décision est unique en France. Cela montre bien que la situation est très grave.

Vous avez raison, il manque des anesthésistes, mais sur tout le territoire, et pas seulement à Guingamp. Ainsi, à l'hôpital de Saint-Brieuc, il y a seulement 11 temps plein pour 23 postes.

Autre point sur la sécurité des patients : à combien estimez-vous la proximité d’une maternité ? 30 kms, 50 kms, 100kms ? Même l’IGAS est favorable au maintien des petites structures ou unité de soins.

Madame la secrétaire d'État, nous vous demandons de revoir votre décision et d'accepter la réouverture pérenne de la maternité.

 

Christine Prunaud, sénatrice PCF des Côtes d'Armor, défend la maternité de Guingamp, et interroge la secrétaire d'état auprès de la ministre de la santé Buzyn
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