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10 décembre 2022 6 10 /12 /décembre /2022 07:38
Expulsion forcée de Salah Hamouri  : Israël en totale violation du droit international - Nadjib Touaibia dans L'Humanité
Expulsion forcée de Salah Hamouri  : Israël en totale violation du droit international
Publié le Samedi 10 Décembre 2022 - L'Humanité
 

Scandaleux, injuste et révoltant que le sort réservé par les autorités israéliennes à l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri. À l’heure où nous écrivons, une « préaudience » est en cours et deux autres sont prévues pour le mardi 6 décembre. Sa détention administrative arrivée à son terme le 4 décembre, il a été transféré dans un centre de « migrants illégaux » le temps d’une parodie de procès qui doit, sauf retournement stupéfiant, confirmer son expulsion vers la France, et entériner la violation de son droit à vivre avec son épouse et ses enfants dans sa ville natale. Cette expulsion en violation du droit international illustre un phénomène qui s’amplifie. En raison d’une série de lois et de pratiques discriminatoires, les Palestiniens de Jérusalem peuvent se voir retirer leur statut de résident permanent par l’État israélien à tout moment. Human Rights Watch comptabilisait plus de 16 000 victimes de cette révocation depuis 1967. Une pratique qui favorise la colonisation de Jérusalem-Est.

Salah Hamouri a également subi des persécutions à répétition. Les nombreuses détentions arbitraires sans inculpation, sans jugement, n’avaient pas d’autre but que de le briser, d’anéantir en lui toute volonté de lutte pour la défense des droits humains au pays de l’apartheid. Il fallait dissuader et neutraliser un combattant. Peine perdue ! Il n’a pas plié malgré le harcèlement continu. Détenu à la prison de haute sécurité Hadarim, il a subi la pire des violences psychologiques : le placement à l’isolement dans une cellule de 4 m2 sans fenêtre comme sanction à sa grève de la faim, en même temps que 29 autres prisonniers palestiniens. Ses soutiens non plus n’ont jamais désarmé. Restent les efforts jusque-là inaboutis de la diplomatie française, qui a fini par réclamer la libération de Salah et sa résidence en toute liberté à Jérusalem. Cette parole-là se heurte au mur d’impunité qui entoure les pratiques de l’État israélien, ses atteintes aux droits les plus élémentaires des Palestiniens, la répression meurtrière permanente, les discriminations et le blocus criminel de Gaza.

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10 décembre 2022 6 10 /12 /décembre /2022 07:34
Claire Nouvian : « Ce qui se passe sous l’eau est un drame absolu » - Entretien de l'Humanité, 7 décembre 2022
Entretien de l'Humanité:
Claire Nouvian : « Ce qui se passe sous l’eau est un drame absolu »

La biodiversité marine est l’une des grandes victimes de la destruction mondiale du vivant. Elle est victime de la surpêche, de la dégradation des habitats et de la pollution, explique Claire Nouvian, de l’ONG Bloom.

Publié le Mercredi 7 Décembre 2022

Comment expliquez-vous que ces rendez-vous internationaux que sont les COP biodiversité aient globalement moins d’audience que ceux sur le climat ?

Pour le dire vite, on n’a pas eu Al Gore (ancien vice-président des États-Unis – NDLR). La biodiversité, contrairement au climat, n’a pas bénéficié de cette même narration, efficace et puissante. Mais pas seulement. Le lien entre le dérèglement climatique et le facteur unique des émissions de CO2 est parfaitement établi. En revanche, la perte de biodiversité, la destruction de la nature, est quant à elle multicausale, liée à la dégradation des habitats, la pollution, le braconnage, l’alimentation moderne, les chaînes industrielles de fabrication… C’est un peu plus complexe.

Et pourtant, les deux sujets sont indissociables…

Ils sont en effet absolument indissociables. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, malgré le retard accumulé sur les enjeux de biodiversité, la question de sa préservation « bénéficie » de la conscientisation des ­esprits sur le climat. C’est une porte d’entrée sur la destruction du vivant en général. Nous nous servons de ce lien pour expliquer, par exemple, que la pompe à carbone qu’est l’océan ne fonctionne pas par miracle mais parce qu’il y a des organismes vivants dans l’océan, qu’il est absolument nécessaire de préserver.

Vous êtes fondatrice de l’ONG Bloom, qui lutte précisément pour la préservation de la biodiversité marine. Quel diagnostic rapide posez-vous sur l’état des mers du globe et de leurs écosystèmes ?

C’est très clair : nous sommes en bout de course de la surexploitation et de la destruction des écosystèmes marins. Il faut se rendre compte que de la même façon qu’il existe des forêts végétales, il y avait, dans l’eau, des forêts animales. Elles ont été ravagées, systématiquement. Le chalutage de fond – méthode de pêche la plus dévastatrice et la moins sélective – détruit, en termes de surface, 150 fois ce que l’on déforeste sur terre. Ce qui se passe sous l’eau est un drame absolu, constant. Toutes les structures qui permettent aux animaux de s’organiser, de se protéger, de se nourrir sont anéanties. Et si l’on constate des invasions de poulpes en Bretagne, elles sont liées à la disparition des prédateurs marins. Marlins, thons, mérous, raies, requins, espadons, depuis 1950, plus de 90 % des grands poissons ont disparu, 97 % en Manche et en mer du Nord. Les navires de pêche sont devenus des monstres industriels. En ce moment même, un bateau de 126 mètres de long croise à seulement 10 km des côtes françaises. Les filets de ces embarcations ont la hauteur de la colonne d’eau. Ils attrapent absolument tout entre la surface et le fond, pour le transformer en farine animale à destination des fermes aquacoles.

La préservation des écosystèmes marins passe-t-elle forcément par la création d’aires marines protégées ? Quels autres leviers peuvent être actionnés ?

Il existe en effet d’autres leviers, mais la situation est d’une telle gravité qu’il devient urgent de protéger certaines zones afin qu’elles puissent, au moins, se régénérer. Il faut vraiment restaurer certains écosystèmes, ce qui implique de ne plus y mettre les pieds. Aujourd’hui, la biomasse des animaux vertébrés sauvages ne représente plus que 4 % de la biomasse totale, êtres humains compris. C’est l’un des enjeux de cette COP15 : réussir à obtenir, sur 10 % des terres et des mers, une protection stricte.

L’Union européenne porte l’ambition de protéger 30 % des terres et des mers. Est-ce possible ?

Il s’agit d’un simple affichage, d’une arnaque. Certes, l’objectif global est bien la protection de 30 % des écosystèmes. Mais cela signifie qu’il ne faudrait y admettre aucune activité industrielle. Ce qui n’est pas le cas. En outre, sur ces 30 %, un tiers devrait être placé sous protection stricte, c’est-à-dire littéralement mis sous cloche. La France, à ce sujet, a opéré un glissement sémantique, préférant parler de 10 % de protection forte. Ce qui ne veut, réglementairement, strictement rien dire et ne repose sur aucun critère scientifique. Résultat, l’Union européenne arrive à Montréal avec un mandat de négociation qui mentionne seulement la protection de 30 % des écosystèmes alors même que, dans les aires marines protégées qui existent aujourd’hui, on pêche exactement comme à l’extérieur. Il n’y a aucune différence. La France – première puissance maritime européenne et de loin – ne veut surtout pas entendre parler de contraintes sur les pêches industrielles. C’est une réalité. La force publique a complètement démissionné de sa fonction. Cela s’avère inadmissible.

Du journalisme au militantisme, vous êtes également passée par l’action politique en participant à la fondation de Place publique, dont vous vous êtes retirée un an plus tard. Quels enseignements tirez-vous de cette expérience ?

Ce n’était pas fait pour moi. J’aime l’efficacité, tout sauf le nombrilisme. Or, quand on est dans un organe politique, on pense forcément conquête du pouvoir, maintien du pouvoir, stratégie de pouvoir. Cela fait ressortir tout ce que j’aime le moins dans l’humanité. La politique attire des gens qui ne me fascinent pas. Mais il en faut, et je sais gré à ceux qui s’y engagent.

En mai 2019, sur le plateau de CNews, vous avez été violemment prise à partie alors que vous critiquiez le climato-scepticisme ambiant. La bataille médiatique est-elle majeure pour sensibiliser l’opinion publique à vos luttes ?

Évidemment, elle est absolument fondamentale. Mais tout ce qui se passe sur ces chaînes n’est pas fortuit. La concentration des médias dans les mains de quelques oligarques leur permet de s’acheter l’opinion publique et donc, un programme politique. Je reste perplexe sur le fait que la France accepte cette destruction de la tenue intellectuelle des médias. Je ne comprends pas que l’on puisse tolérer ces chaînes qui font le lit du populisme, de la vulgarité et renforcent ce qu’il y a de plus vil, de plus immédiat, de plus facile en nous.

Vous définissez-vous comme optimiste sur l’avenir de la planète, du climat et de la biodiversité ?

Je n’ai aucun espoir en la matière. Mais je n’en ai pas besoin pour continuer ce que je fais. Je ne connais qu’une seule modalité : l’action. La société civile sait s’organiser et les ONG travaillent ensemble depuis longtemps. Nous savons mener et gagner des combats. Et puis, il y a chez les citoyens, dans la jeunesse, dans ces rencontres avec celles et ceux qui partagent les mêmes principes éthiques et les mêmes préférences déontologiques, une formidable force, une véritable combativité.

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3 décembre 2022 6 03 /12 /décembre /2022 06:11

 

La Fondation Acat pour la dignité humaine décerne, ce jeudi, le prix pour les droits humains 2022 au franco-palestinien Salah Hamouri, détenu arbitrairement en Israël depuis le 7 mars, sans charges ni procès. Tel-Aviv reste sourd aux campagnes médiatiques et aux appels de plus en plus nombreux à sa libération. Mercredi, les autorités Israëliennes ont annoncés expulser l'avocat vers la France.

Quelles sont les dernières informations au sujet de Salah Hamouri ?

Salah se trouve toujours à la prison de haute sécurité Hadarim. Il vit dans l’attente de la décision du 4 décembre. Ce jour-là, il saura s’il est libéré, s’il reste encore détenu ou s’il est expulsé vers la France. La situation est stressante pour nous tous. Il a pu, toutefois, recevoir la visite de sa mère, ce lundi. Le 28 septembre, il avait été placé à l’isolement dans une cellule de 4 m2, sans fenêtre, à la suite d’une grève de la faim commencée quatre jours auparavant, en même temps que 29 autres prisonniers palestiniens, pour dénoncer la mesure arbitraire de détention administrative. Lors de l’arrêt collectif de cette grève, le 13 octobre, il avait perdu 14 kg. Il n’est plus à l’isolement à présent.

Qu’en est-il des démarches entamées auprès de l’Élysée et du ministère des Affaires étrangères ?

Les réponses sont toujours les mêmes. Il est question de mobilisation diplomatique à tous les échelons, de prise de contact avec les autorités israéliennes au sujet de Salah. Notons toutefois une évolution, dans la réponse de la ministre des Affaires étrangères à la lettre du maire PCF de Grigny (en Seine-Saint-Denis), Philippe Rio, et à la question du sénateur communiste Pierre Laurent. Catherine Colonna évoque clairement la libération de Salah et son droit de vivre à Jérusalem avec sa famille. Reste que cela fait neuf mois qu’il est détenu sans motif et que rien n’a bougé. Les efforts diplomatiques n’ont même pas permis d’obtenir le droit à une communication téléphonique entre Salah et moi et nos enfants, toujours privés de visite. Le problème est peut-être celui de l’intensité et de la fermeté de la démarche française. Si les choses sont dites du bout des lèvres, on sait bien que cela ne fonctionne pas avec Israël. Ce pays a pour habitude de s’asseoir sur le droit international, d’ignorer les condamnations.

En février, la Cour suprême israélienne doit statuer sur la situation de Salah, lui reconnaître un droit permanent de résidence à Jérusalem ou le bannir de sa terre natale…

C’est le dernier échelon judiciaire et nous ne sommes pas rassurés. Cette Cour suprême est coutumière de décisions radicales et discriminantes envers les Palestiniens. Elle va toujours dans le sens de la répression. Avec les résultats des dernières élections en Israël, cela pourrait être encore pire. Rappelons que dans le programme de campagne de l’un des alliés de Netanyahou, le député d’extrême droite Ben-Gvir, en charge de la Sécurité nationale, figurait l’expulsion des Palestiniens, en particulier ceux de Jérusalem et ceux qui ont la nationalité israélienne. L’issue du dernier scrutin a confirmé un glissement sévère de la société israélienne vers l’extrême droite avec un racisme décomplexé. Le contexte va se durcir. La justice israélienne s’inscrit dans le projet colonial, nous n’en attendons pas une issue heureuse pour Salah. Le sort qui lui est infligé appelle une action forte de la diplomatie française.

Comment expliquer qu’Israël reste insensible aux réactions de l’opinion et aux campagnes médiatiques ?

Disons que cette mobilisation est très importante, elle a nécessairement un effet sur la diplomatie française. Pourquoi Israël ne bouge pas ? Globalement, c’est parce que le pays n’est jamais dérangé par une image négative. Il y a une machine de communication gouvernementale qui est là pour assurer le service après-vente de toutes les horreurs infligées aux Palestiniens. Les mécanismes sont bien rodés pour les déshumaniser, les qualifier de terroristes islamistes, faire le parallèle avec le terrorisme en Europe. Et il y a aussi, comme toujours, le chantage à l’antisémitisme. Sous cette pression, de nombreuses personnes n’osent pas se prononcer.

Supposons que la décision de la Cour suprême soit en faveur de Salah Hamouri…

Cela signifierait que ses soutiens, et la diplomatie française, l’ont défendu avec conviction jusqu’à la victoire du droit et de la justice. Si Salah n’est pas libéré et autorisé à vivre à Jérusalem, comment ne pas penser que la diplomatie française a perdu tout crédit, alors même qu’elle veut peser sur la scène internationale et jouer un rôle au Moyen-Orient ? Comment la France peut-elle prétendre faire respecter le droit international alors qu’elle est incapable de régler ce dossier d’un citoyen franco-palestinien qui est harcelé depuis vingt ans ? Son expulsion serait un échec qui signerait l’impuissance de notre pays à se faire entendre devant la politique de nettoyage ethnique menée par Israël.

Salah Hamouri doit être expulsé dimanche prochain vers France

« Ses avocats ont été notifiés à l'oral qu'il serait expulsé dimanche, a précisé Elsa Lefort auprès de l'AFP, c'est désespérant, ahurissant ».« Salah est expulsé de chez lui, ce qui nous rend tristes. On voulait vivre ensemble à Jérusalem, avec nos enfants, là où Salah est né. Vivre ensemble, c'est quelque chose qu'on n'a pas eu depuis qu'ils sont nés » a-t-elle ajouté.

Né à Jérusalem-Est, la partie de la ville sainte annexée et occupée par l’État hébreu, Salah Hamouri ne dispose pas de la nationalité israélienne mais d'un simple permis de résidence, révoqué l'an dernier par les autorités israéliennes. La diplomatie française avait demandé en vain à Israël à ce que Salah Hamouri soit libéré et puisse vivre à Jérusalem.

Selon son avocate, Lea Tsemel, le ministère de l'Intérieur israélien a notifié cette semaine les avocats de M. Hamouri de son intention de revoir la décision de lui retirer sa résidence de Jérusalem. Comme une nouvelle décision était attendue, l'audience à la Cour suprême avait été annulée.

Au final, le ministère de l'Intérieur « lui a dit aujourd'hui qu'il sera placé dimanche dans un avion pour la France », arguant qu'il pouvait toujours attendre en France, dont il a la nationalité par sa mère, une éventuelle nouvelle audience, a ajouté son avocate qui dénonce « procédure très étrange ». L'AFP a tenté hier soir de joindre le ministère israélien de l'Intérieur pour obtenir sa réaction, sans succès.

 

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1 décembre 2022 4 01 /12 /décembre /2022 06:40

Depuis 1978, le 29 novembre est célébrée la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Cette date commémore le vote à l'Assemblée générale des Nations unies de la résolution, connue sous le nom de Plan de partage ou de la résolution 181 (II), destinée à créer un État arabe et un État juif, et qui a été adoptée le 29 novembre 1947.

 

 

En 2021, l’UNESCO déplorait déjà que « la question de la Palestine ne soit pas encore réglée et que le peuple palestinien ne jouisse pas encore de ses droits inaliénables, tels que définis par l’Assemblée générale, à savoir le droit à l'autodétermination sans ingérence extérieure, le droit à l'indépendance et à la souveraineté nationale, et le droit des Palestiniens de retourner dans leurs foyers, d'où ils ont été déplacés, et de retrouver leurs biens. »

A la suite des élections israéliennes de novembre 2022, les droits inaliénables du peuple palestinien sont en grand danger. A la Knesset, l’extrême droite israélienne s’exprime sans retenue. Dans les meetings d’Itamar Ben Gvir, nouveau ministre de la Sécurité nationale, on peut entendre crier « Mort aux Arabes » sans aucune sanction.

Depuis, en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, des colons extrémistes ont violemment agressé des Palestiniens sans que l’armée israélienne intervienne.

Auparavant, les Palestiniens avaient du affronter toutes formes d’attaque : tous les jours, des incursions ont lieu, des arrestations, des assassinats en toute impunité. Depuis le printemps dernier, la Cisjordanie a connu plus de 2000 raids de l’armée israélienne faisant plus de 125 morts, le plus lourd bilan depuis 7 ans, dans un silence assourdissant de la communauté internationale. Les Palestiniens sont sous la menace constante de l’armée israélienne mais aussi, de façon quotidienne, ils sont confrontés à des attaques de bandes de colons souvent jeunes qui blessent, tuent, détruisent des oliviers…

La répression s’attaque aussi à la liberté d’expression, les 6 ONG palestiniennes de défense des droits de l’homme ont sans preuves été qualifiées de terroristes et interdites.

Sheeren Abu Akleh, journaliste, a été assassinée par l’armée israélienne pendant qu’elle couvrait la répression à Jénine en mai dernier.

Le nettoyage ethnique se poursuit à Masafer Yatta.

Sans oublier la situation particulière de la Bande de Gaza qui vit sous blocus depuis 2007 et sous le feu des bombes comme ce fut encore le cas cet été où 40 Palestiniens sont morts dont 19 enfants au cours d’une opération « préventive ».

Amnesty international et des ONG palestiniennes et israéliennes ont présenté des rapports sur l’apartheid. En effet l’apartheid est devenu une réalité tant dans les territoires palestiniens occupés qu’en Israël, la poursuite de l’occupation depuis 1967, l’aggravation de la colonisation sont des paramètres majeurs qui ont modifié la politique israélienne vis-à-vis des populations non-juives comme l’a bien traduit la loi Etat nation votée en 2018.

Le sort des prisonniers politiques palestiniens notamment de Salah Hamouri est également en contradiction avec le droit international (4e convention de Genève).

La situation de Salah nous concerne particulièrement puisque citoyen français, mais il ne faut pas oublier le sort des 4760 prisonniers palestiniens parmi lesquels 820 en détention administrative, 160 enfants et 33 femmes et aussi des députés palestiniens, élus démocratiquement, comme c’est le cas de Marwan Bargouthi, enlevé au mépris du droit international depuis 2002.

N’oublions pas non plus le sort de Georges Ibrahim Abdallah qui est détenu depuis 35 ans dans les geôles françaises, qui est libérable et que le gouvernement français sous les pressions israéliennes et américaines refuse de libérer.

D’autre part, à l’ONU, un projet de résolution portant sur les pratiques israéliennes affectant les droits humains du peuple palestinien dans les Territoires occupés y compris Jérusalem-Est a été adopté par 98 voix pour, 17 contre et 52 abstentions dont la France. Dans les rues, dans les stades du monde entier, les peuples expriment leur inquiétude devant la violence de l’armée israélienne et des colons et manifestent leur soutien au peuple palestinien pour sa liberté.

De leur côté, les gouvernements européens et en ce qui nous concerne plus particulièrement le gouvernement français, persistent à afficher leur soumission aux gouvernements israélien et américain.

Le Parti communiste français (PCF) ne se résigne pas et plus que jamais demande avec détermination au gouvernement français de respecter le droit international :

  • La reconnaissance - telle que demandée par l’Assemblée nationale par sa résolution du 2 décembre 2014 confirmée par le Sénat le 11 décembre suivant - de l’État de Palestine dans ses frontières d'avant l'occupation en juin 1967, avec pour capitale Jérusalem-Est, à côté d'Israël.
     
  • Le droit au retour suivant la résolution 194 de l’ONU qu’Israël a signée.
     
  • La suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël en vertu de son article 2 qui demande à chaque partie le respect des droits de l’homme.
     
  • La libération des prisonniers politiques.
     
  • La levée du siège de Gaza.
     
  • L’abrogation des circulaires Alliot-Marie et Mercier qui pénalisent les campagnes BDS.

Le PCF soutient :

  • Le projet de résolution sur «  l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien «  portée à l’Assemblée nationale par le député communiste Jean-Paul Lecoq et cosigné par 33 députés de gauche.
     
  • La campagne ICE [Initiative citoyenne européenne] lancée depuis février 2021 pour demander l’interdiction des produits des colonies.
     
  • L’ouverture par la Cour pénale internationale d'une enquête sur les crimes de guerre en Israël et en Palestine occupée.

 

Nathalie L'Hôpitault
membre du collectif Palestine
et de la commission des relations internationales du PCF

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24 novembre 2022 4 24 /11 /novembre /2022 06:18
Les bombardements de l'armée turque en Syrie et en Irak doivent cesser.  Les Sénateurs communistes solidaires du peuple kurde

Les sénatrices et sénateurs CRCE solidaires du peuple #kurde !
Les bombardements de l'armée turque en Syrie et en Irak doivent cesser. Soyons nombreux à clamer #StopErdogan !

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23 novembre 2022 3 23 /11 /novembre /2022 06:26

 

La 27ème conférence sur les changements climatiques vient de se terminer à Charm el-Cheikh (COP 27). Elle aurait dû être au rendez-vous de l'histoire et l'occasion d'un grand pacte de solidarité climatique mondial. C'est finalement un tout autre scénario qui est imposé aux peuples du monde, à la biodiversité, à la planète.

 

 

Alors que cette COP devait enregistrer des engagements très ambitieux de baisse d'émissions de CO2, compatible avec l'accord de Paris, et limiter ainsi le réchauffement climatique à 1,5 degré, nous nous retrouvons au même point qu'à l'issue de la COP26, et le monde se dirige tout droit vers un réchauffement de plus de 2,5 degrés.

La planète connaît déjà un réchauffement global de 1,2 degré, conséquence d'un usage encore massif des énergies fossiles. Les négociations n'ont même pas abouti à la mention explicite de la sortie du pétrole et du gaz dans l'accord final, et le charbon est quant à lui à peine mentionné. Les grands pays producteurs de gaz et de pétrole en tête, ainsi que la présence de nombreux lobbies représentant des multinationales américaines et européennes ont eu raison de cette mention.

Nous avons assisté à un exercice de procrastination climatique, avec de grands pays émetteurs renvoyant leurs objectifs de neutralité carbone à l'horizon de 2050-2070 et refusant obstinément de s'engager à court terme. Ainsi, l'engagement d'une baisse des émissions mondiales de CO2 avant 2025, pour suivre les conclusions du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), n'a pas été pris. Le capitalisme et sa logique à court terme consistant à sécuriser les rentes et les installations en place liées aux énergies fossiles, ont encore joué à plein ! Pire, cette COP, par la présence de nombreux lobbies, a été l'occasion, en coulisses du sommet, de signatures de nombreux contrats gaziers !

C'est un tout autre chemin que l'Humanité doit prendre : comme le souligne l'AIE (Agence internationale de l'énergie), l'objectif de limitation à 1,5 degré nécessite de renoncer à 60 % des réserves de pétrole et de gaz déjà connues et à ne plus investir dans de nouvelles exploitations. Il s'agit aussi de décroître nos émissions de 40% d'ici 2030 par rapport au niveau d'aujourd'hui. C'est un effort colossal, effort que le capitalisme n'est pas prêt à engager, soucieux de sécuriser les profits des activités fortement émettrices. Le seul agenda du capitalisme n'est pas celui du climat mais celui des actionnaires!

Le PCF salue malgré tout la mention explicite d'un fonds destiné aux réparations et dommages pour les pays directement victimes du changement climatique, qui sont parmi les plus faibles émetteurs de CO2. Les modalités de financement de ce fonds restent encore à préciser pour la prochaine COP28. Si la taxation des profits des grands groupes pétroliers et gaziers doit contribuer à cette solidarité, les besoins en investissements pour l'atténuation, l'adaptation et les réparations, sont immenses et nécessitent de changer profondément le rôle des institutions financières internationales, en premier lieu le FMI, la banque mondiale, la BCE, et des banques. Ces institutions doivent résolument oeuvrer au développement et à la lutte pour le climat, plutôt que de satisfaire les logiques financières du capitalisme financier.

 

Le temps presse, cette décennie sera déterminante : chaque dixième de degré de réchauffement évité compte. Le PCF appelle toutes les forces progressistes et la société civile à se mobiliser pour faire respecter l'accord de Paris et tenir sur l'objectif d'un réchauffement limité à 1,5 degré.

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22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 06:31
Rassemblement de protestation contre l'offensive contre le Kurdistan à Guingamp le vendredi 25 novembre à 18h30
A l’initiative de la Gauche Indépendantiste Bretonne ( War-Sav ) les organisations suivantes : Parti communiste, Jeunes Communistes Cotes D’Armor, le NPA Guingamp Lannion, l’Union Local Syndicales Solidaires de Guingamp Lannion, le Comité de vigilance antifasciste des Côtes d’Armor invitent à se mobiliser pour stopper les attaques en cours contre le peuple kurde en Iran, Turquie, Irak, Syrie.
 
Comme vous le savez sans doute l’armée Turque bombarde le nord du Rojava notamment la ville de Kobane depuis samedi 19 novembre.

Des bombardements ont eu lieu dans les villes de Kobane, Derik, Tirbespiye et Shehba. 

Par ailleurs, les avions de chasse turcs ont également pris pour cible les régions de Qandil, Shengal et Sulaymaniyah au Kurdistan irakien (nord de l’Irak). 

C’est toute la zone ou la Résistance Kurde et ses alliées ont menés la lutte contre l’état islamique mais en impulsant aussi  un autre projet de société basé sur le partage des richesses , le droit à l’autodétermination et l’égalité femmes hommes qui subit une offensive majeure d’une des armées composantes de l’OTAN :  l’armée Turque.
Une armée sous le contrôle d’Erdogan dont la proximité avec Daesh n’est plus à prouver.
 
Les forces syndicales et de gauche du pays de Guingamp sont appelées à participer au vaste mouvement qui en Europe se met en marche pour exiger la fin des bombardements Turcs sur le Kurdistan en invitant à un rassemblement qui s’inscrit dans le cadre des nombreux autres initiatives ayant lieux ailleurs en Bretagne ces jours ci : vendredi 25 novembre à 18H30 place du centre devant la Plomée autour des mots d’ordres suivants,   :
 
-Arrêt immédiat des bombardements contre le Rojava Démocratique et de l‘offensive Turque contre la résistance Kurde.
 
-Solidarité avec les femmes Kurdes en lutte en Iran, Irak, Syrie, Turquie et leurs alliées contre l’oppression patriarcale.
 
-Retrait du Parti des Travailleurs du Kurdistan ( PKK) de la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne.
 
-Libération de Abdullah Ocalan président fondateur du PKK et des milliers de prisonniers politiques Kurdes.
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19 novembre 2022 6 19 /11 /novembre /2022 06:37

 

De nombreux pays européens sont montés cette semaine avec force la voix des travailleurs contre la vie chère et pour l’augmentation des rémunérations. Des manifestations et des grèves ont lieu au Royaume-Uni, en Grèce, en Allemagne, en Belgique, en France avec notamment la journée du 10 novembre. De nombreuses mobilisations dans des entreprises obtiennent avec succès des augmentations de salaire. Un mouvement général contre les spéculations et la pression sur le travail est en germination. Il doit encore s’amplifier.

Réalisée sur plusieurs mois, l’enquête européenne du Secours populaire français, rendue publique le 4 novembre dernier, révèle que 42% des citoyens européens ont dû déjà demander à leurs proches de leur prêter de l’argent pour pouvoir finir le mois. Une personne sur quatre déclare être en situation précaire et faire face à des difficultés financières et matérielles. 62 % des personnes pour des millions de personnes, la vie quotidienne se dégrade considérablement. (Accéder ici à l’enquête du Secours populaire)

 

On a abondamment parlé ces dernières semaines des profits record d’un certain nombre de multinationales. La hausse des taux d’intérêt bancaire sous prétexte de lutte contre l’inflation fait flamber les bénéfices des banques européennes pendant qu’elle appauvrit les foyers populaires. Pendant que les populations souffrent en Allemagne, la Deutsche Bank a multiplié son bénéfice net par cinq. Au Royaume-Uni, Barclays augmente ses résultats de 10%, l’Espagnole Santander de 11%. En France, BNP Paribas augmente ses profits de 12%, soit de 8 milliards d’euros en 6 mois. Le Crédit Agricole engrange 6,1 milliards d'euros, la BPCE 3,4 milliards sur le dernier semestre.

Le gouvernement de gauche en Espagne envisage un impôt sur les bénéfices des banques. Pourquoi ceci ne deviendrait-il pas une possibilité en France aussi ?

 

La guerre déclenchée par le pouvoir russe contre l’Ukraine sert de prétexte au développement de spéculations de toutes sortes dans le cadre du capitalisme mondialisé, de ses guerres économiques et de ses guerres sociales contre les travailleurs.

 

Cette guerre touche désormais d’une manière ou d’une autre tous les êtres humains dans le monde et leur environnement. Les grandes multinationales de l’alimentation, de l’énergie, de l’armement, de la pharmacie et leurs commis politiques ne font rien pour rechercher un chemin de paix, car elles y trouvent intérêt, tandis que les gouvernements demandent aux peuples « sobriété» et « sacrifices ».

Dans ces conditions, les combats populaires devraient porter les aspirations au « pain et à la paix », à « la justice et la paix ».

La poursuite de la guerre va entraîner encore des détériorations de la vie des familles populaires et de nouveaux prétextes pour leur demander toujours plus de sacrifices.

L’effort de discussions et de réflexions à produire est très important au moment où le fond de scène qu’installent les dirigeants des États est celui de la préparation à la guerre généralisée.

 

Il en est ainsi du discours de M. Macron à Toulon mercredi dernier. Il confirme une mutation stratégique du concept de défense nationale pour l’insérer plus dans la militarisation en cours et pour insérer plus nos forces armées dans l’OTAN.

 

Désormais, on parle même en haut lieu « d’une plus grande opérabilité entre nos matériels militaires et ceux des États-Unis ». J’y reviendrai. Je veux simplement dire, aujourd'hui, qu'il ne faut pas croire que ces enjeux sont éloignés des vies des familles dans les quartiers et les villages. Il faut faire cesser cette folie. C’est la course au désarmement qu’il faudrait lancer. La bombe climatique peut consumer la planète en quelques années ; la bombe nucléaire en quelques heures. Il est temps de crier « STOP »

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15 novembre 2022 2 15 /11 /novembre /2022 07:22
Mardi de l'éducation populaire - Guy Darol: Wattstax, une fierté noire - 22 novembre à 18h au local du PCF Morlaix

HISTOIRE. L’ÉTÉ 1972, WATTSTAX CHANTE LA FIERTÉ NOIRE ET CLAME LA COLÈRE (L’HUMANITE - Jeudi, 30 Juillet, 2020)

Avec son remarquable livre Wattstax, l’essayiste Guy Darol narre l’épopée du fameux rassemblement musical et politique de 1972 et analyse le violent contexte de l’oppression raciale. Entretien.

Dans son livre, Wattstax (2020), sous-titré 20 août 1972, une fierté noire, Guy Darol narre la journée où le festival Wattstax a commémoré le 7 e anniversaire de la révolte réprimée dans le sang à Watts, en 1965. Outre son passionnant récit qui détaille le concert initié par le label de soul Stax au Los Angeles Coliseum, l’écrivain et journaliste à Jazz Magazine contextualise le fameux rassemblement musical et politique. Plus de 100 000 spectateurs assistèrent aux performances scéniques ponctuées de discours enflammés. Se relayèrent sur scène de nombreuses figures de la soul, du funk, du blues, du gospel et du rhythm’n’blues, Rufus et Carla Thomas, The Staple Singers, Otis Redding, Kim Weston, Isaac Hayes…

Avec pertinence et profondeur, l’auteur développe une analyse aussi sensible que politique, reliant l’asservissement de l’esclavage et l’exploitation capitaliste, les insurrections qui se sont succédé du début du XX e siècle à nos jours, l’avènement du Black Power, le rôle de l’art et la culture au service de la lutte, le mouvement Black Lives Matter… Un travail remarquable, porté par une écriture lucide jusqu’à l’os, éclairée par l’intelligence du cœur.

 

Pouvez-vous rappeler les origines du soulèvement de Watts, écrasé au prix d’un massacre à l’instar des tragédies analogues qui ont jalonné l’histoire des États-Unis ?

Guy Darol L’embrasement du quartier de Watts dans la soirée du 11 août 1965 était la réponse furieuse des habitants de ce ghetto, majoritairement africains-américains, à la suite de l’interpellation brutale de Marquette Frye par la police autoroutière de Los Angeles, sous les yeux épouvantés de riverains. Les incendies et les pillages dénonçaient autant l’invariable série de violences qu’avait subies la communauté noire depuis des décennies que le système mercantile vanté par la publicité et que les populations toujours plus démunies regardaient sans y accéder. L’occasion se présentait de briser des vitrines, d’envahir des commerces et d’en sortir ces cuisinières et réfrigérateurs dont on avait le plus grand besoin.

 

D’autant que beaucoup d’habitants de Watts vivaient difficilement…

Guy Darol Oui, particulièrement éprouvés par le chômage, ils manquaient de tout. Ce qui faisait de cette révolte autre chose qu’une émeute épidermique, après la contestation de l’oppression raciale par les marches pacifiques de Selma, sévèrement réprimées, début 1965, mais un moment d’insurrection classe contre classe ciblant la conception de marchandisation – et son application – qui voyait l’Africain-Américain comme un rebut, une « chose » que l’on pouvait réduire en la martyrisant dès lors qu’elle était d’une matière valant zéro. Watts compta ses morts, au nombre de 34, tandis que les prisons s’emplirent de près de 4 000 protestataires. Une page venait donc de s’ouvrir, qui abandonnait la stratégie de l’engagement non violent prôné par le pasteur Martin Luther King.

 

Avec votre livre, souhaitez-vous aussi interpeller la France sur la répression policière exercée contre les personnes « non blanches » et sur les meurtres commis par certains gardiens de l’ordre ?

Guy Darol Dans mon ouvrage, je présente Black Lives Matter comme une continuité des actions musico-politiques menées par Al Bell (vice-président du label Stax), Jesse Jackson (candidat du Parti démocrate aux élections présidentielles de 1984 et 1988), mais également avec les soutiens du cinéaste Melvin Van Peebles et du « Black Moses » Isaac Hayes. Ce mouvement est brusquement entré en résonance avec la mort de George Floyd à Minneapolis et celle d’Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise, dans des circonstances qui révèlent à chaque fois les violences policières visant des individus noirs.

Black Lives Matter implique désormais le réveil des consciences dans toutes les régions du monde, y compris en France, afin de dénoncer la banalisation de l’horreur. Il est important de souligner que les deux victimes sont décédées après un placage ventral en ayant prononcé ces mêmes mots : «  Je ne peux plus respirer. » Cette phrase partout reprise, comme pour expulser des poitrines un air irrespirable, définit désormais un combat global. Le réseau Black Lives Matter ignore les frontières. Il veille sur les opprimés du monde entier, dont la parole, on l’espère vivement, ne pourra plus être étouffée, en tout cas plus jamais comme avant.

 

Avec Memphis (2017), Dee Dee Bridgewater a rendu hommage à sa ville natale, où le label Stax avait vu le jour. Dans ce disque puis en tournée, en reprenant Why (Am I Treated so Bad), elle a braqué à nouveau les projecteurs sur cette chanson-manifeste et son auteur, Roebuck « Pops » Staples, qui avait participé à Wattstax…

Guy Darol Oui. D’ailleurs, on n’aurait pas été surpris de retrouver Dee Dee à Wattstax. Mais, en 1972, elle chantait dans l’orchestre jazz de Thad Jones et Mel Lewis. Peut-être songeait-elle déjà à graver son album enregistré en 1974 et récemment réédité, Afro Blue, si parfumé de saveurs soul. Pourquoi imaginer sa présence au Los Angeles Coliseum ? Parce qu’elle n’aurait certainement pas dépareillé au côté de Carla Thomas, et que le programme était largement ouvert aux femmes. Kim Weston avait été la première à donner le ton du concert, en interprétant , l’hymne sacré des Africains-Américains dont la poétesse Maya Angelou avait fait un des symboles de la lutte pour les droits civiques.

 

Lors des soulèvements de 1919, les lynchages perpétrés par dizaines marquèrent funestement le début du XX e siècle…

Guy Darol Oui. Le retour sur le sol américain des soldats noirs de la Première Guerre mondiale pouvait laisser penser qu’il serait l’occasion d’un accueil célébrant leur bravoure. Tel ne fut pas le cas. Le Ku Klux Klan, nouvellement reformé, saisit cette opportunité pour se livrer à ses pratiques routinières qu’étaient le lynchage et l’immolation. Ce fut, en été 1919, l’origine du Red Summer qui allait allumer une trentaine de feux à travers le pays. Le 27 juillet, des suprémacistes blancs avaient violemment attaqué de jeunes Noirs venus se baigner dans le lac Michigan en leur jetant des pierres. L’un d’eux se noya sans que la police ne trouvât rien à redire. Les bourreaux étaient toujours exonérés.

Les cinq jours qui suivirent cette envolée de lapidations donnèrent lieu à de violentes échauffourées à l’issue desquelles 23 Africains-Américains perdirent la vie. Et, à la fin de l’été, 83 protestataires avaient été liquidés par le recours à la torture, jusqu’à la pendaison. Le chemin qui menait à Wattstax était rougi de sang. Le nombre incalculable des victimes de la terreur blanche pourrait recouvrir les artères de Washington. Sur une avenue menant à la Maison-Blanche, Muriel Bowser, la maire de Washington, a demandé, en juin dernier, à des artistes urbains de peindre le slogan Black Lives Matter en lettres capitales, pour réprouver la longue cohorte des brutalités policières.

Mardi de l'éducation populaire - Guy Darol: Wattstax, une fierté noire - 22 novembre à 18h au local du PCF Morlaix
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15 novembre 2022 2 15 /11 /novembre /2022 07:09
Mondial au Qatar, l'odieux du stade - L'Humanité, 5 novembre 2022
Mondial au Qatar, l’odieux du stade

Enquête La Coupe du monde de football débute le 20 novembre. Face à un événement que beaucoup dénoncent comme une aberration écologique bâtie sur un charnier d’esclaves, des voix contestataires s’élèvent en France et dans le monde et pour certaines, jusqu’au boycott.

Publié le
Samedi 5 Novembre 2022
Bilan carbone déplorable, droits humains et des travailleurs bafoués avec plus de 6 500 ouvriers morts, criminalisation des personnes homosexuelles, soupçons d’achats de voix pour obtenir le Mondial… le Qatar cristallise toutes les critiques, et le débat sur l’opportunité de regarder ou non la compétition ne cesse de se poser dans la société.

« Un scandale humanitaire ! »

Le témoignage d’Abdeslam Ouaddou, ancien international marocain ayant entre autres joué pour le SC Lekhwiya au Qatar, est à ce sujet édifiant. Ce petit émirat, il le connaît et sous ses plus mauvais côtés. Privé de visa de sortie, interdit de disputer un match, non payé, obligé de s’entraîner sous près de 50 degrés parce qu’il ne voulait pas rompre son contrat sans toucher des indemnités, le Franco-Marocain sait de quoi il retourne. Ce Mondial, « c’est un scandale humanitaire ! Quand j’étais là-bas, il y avait des morts presque tous les jours. Des ouvriers venaient à la mosquée pour avoir de l’eau, alors qu’il faisait une chaleur infernale. Les Qataris dépensent des milliards pour améliorer leur image et pour construire des stades, mais ils versent des salaires de misère, quand ils les versent, à des immigrés qu’ils font trimer sans se soucier des normes de sécurité et qu’ils logent dans des taudis. Ce n’est rien d’autre que de l’esclavage » ! Qu’a fait la Fifa pendant toutes ces années pour faire bouger les lignes ? s’est-il interrogé. Pas grand-chose.

Éteindre ma télévision pendant toute la Coupe du monde

En France, selon un sondage Odoxa pour Winamax et RTL, seulement 46 % des personnes interrogées ont l’intention de suivre le Mondial 2022 au Qatar. Un chiffre en net repli par rapport aux 66 % avant la Coupe du monde 2018 en Russie. Selon ce même sondage, 78 % se disent préoccupées par la situation locale en matière de droits de l’homme et 77 % sont choquées par l’organisation de la compétition sous ce climat.

Fans de football, ils sont nombreux à dire non. Fabien Bonnel, membre fondateur des Irrésistibles Français, le groupe de supporters qui suit l’équipe de France, indique qu’une centaine de membres seulement feront le déplacement et beaucoup ne regarderont pas le tournoi. « C’est six fois moins qu’en Russie », dit-il et d’expliquer pourquoi : « Si j’y allais, je me suis dit que je célébrerais des buts dans un endroit où des ouvriers sont morts. J’ai donc décidé de condamner cette coupe. Mon action vise surtout la Fifa, afin que les enjeux sociétaux, environnementaux et humains soient bien pris en compte par la suite. Ma seule solution pour aller au bout de mes convictions, c’est d’éteindre ma télévision pendant toute la Coupe du monde. »

Mettre en avant les événements alternatifs au Mondial

Un acte citoyen loin d’être isolé. De nombreuses villes ont décidé de ne pas diffuser les matchs sur écrans géants. Besançon, Brest, Bordeaux, Clermont-Ferrand, La Courneuve, Limoges, Lyon, Marseille, Nancy, Paris, Reims, Rennes, Rodez, Saint-Étienne, Strasbourg, Tours, Lille et tant d’autres disent stop. Dans la capitale nordiste, Martine Aubry n’y va pas par quatre chemins : « C’est un non-sens au regard des droits humains, de l’environnement et du sport. » Un non-sens partagé par de jeunes Lillois, qui ont créé un site, Ramener la coupe à la raison, recensant tous les bars qui ne diffuseront pas les rencontres : « L’objectif n’est pas d’appeler ouvertement au boycott, mais de mettre en avant les événements alternatifs au Mondial, organisés par ceux et celles qui ont choisi que nos valeurs soient respectées », précise Antonin Lefebvre, porteur du projet.

Dans le monde politique, des voix très critiques se font entendre au sein des principaux partis de la Nupes (EE-LV, PS, FI et PCF), certaines appelant même au boycott, contrairement à la droite et l’extrême droite qui estiment que c’est désormais trop tard. « Si j’étais footballeur professionnel, je ferais le choix de ne pas aller à la Coupe du monde au Qatar », a déclaré Fabien Roussel, mi-septembre, rappelant qu’« il y a des milliers de morts sous les chantiers de la Coupe du monde au Qatar ; une gabegie de dépenses pour avoir des stades climatisés alors que nous parlons d’environnement, et (que) le Qatar est un pays qui criminalise toujours l’homosexualité ».

Les responsabilités de la Fifa et des États

L’équipe de foot et association les Dégommeuses, majoritairement composée de lesbiennes et de personnes trans, dont l’objectif est de lutter contre les discriminations dans le sport et par le sport, préfère, elle, dénoncer la responsabilité de la Fifa, plutôt que d’appeler au boycott. « On est évidemment contre l’organisation de ce Mondial, étant donné le contexte des droits des travailleurs et des droits humains, la question écologique ou la criminalisation des personnes LGBT au Qatar, explique Veronica Noseda. Mais, pour nous, ce qui importe, c’est de pointer les responsabilités de la Fifa et des États, je pense notamment à la France qui a bien œuvré pour que le Qatar soit le pays hôte. On ne veut pas culpabiliser les fans de foot. » D’autres voix commencent à s’élever dans le milieu sportif. « Je trouve déplorable que le sport passe au-dessus de toutes ces considérations humaines, politiques et environnementales ! » lance le cycliste français Romain Bardet, qui ne regardera pas la Coupe du monde.

Des artistes prennent position

Dans « la Nouvelle République », David Giguet, entraîneur de Contres, club du Loir-et-Cher de Régional 1, estime pour sa part que ce Mondial sort « du cadre footballistique. Il y a des problèmes écologiques mondiaux. Ça ne ressemble à rien, ça n’a aucun sens. Je ne sais même pas si je vais le regarder ».

Certains artistes prennent également position. « Je ne vais pas le suivre, évidemment », a fait savoir l’écrivaine interviewée dans « So Foot », Virginie Despentes, s’indignant du cynisme de la Fifa : « Comment ont-ils pu imaginer que personne ne remarquerait rien ? » Le rappeur Médine n’en sera pas non plus. « D’habitude, je suis toutes les Coupes du monde, mais celle-ci a un petit goût amer, a- t-il expliqué sur RMC Sport. (…) Je ne vais pas faire semblant, comme si de rien n’était, alors que je sais qu’il y a des Indiens, des Philippins, des Sri-Lankais qui ont versé du sang pour le plaisir de l’humanité. C’est assez glauque, quand même. »

Un site Facebook Boycott Qatar 2022

Sur les réseaux sociaux, les initiatives ne manquent pas. Fan de football, abonné à l’OM, l’avocat Alain Baduel, basé à Aix-en-Provence, a créé la page Facebook Boycott Qatar 2022. Véritable baromètre de ce mouvement de fond qui monte dans la société, elle est suivie par près de 10 000 personnes et son audience ne cesse de grimper. « L’argument qui consiste à dire : “C’est trop tard pour le boycott” n’est pas valable ! Le spectateur ne décide pas d’aller voir un spectacle douze ans avant qu’il soit à l’affiche, gronde-t-il. C’est lorsqu’il est à l’affiche qu’il se décide, et c’est donc maintenant que les téléspectateurs ont une décision à prendre. » Sa page, ouverte à tout le monde, même ceux qui n’ont pas de compte Facebook, met à disposition les enquêtes de journalistes et des documents. « Je n’ai pas l’ambition d’être le porte-parole du boycott mais un catalyseur, dit-il. J’invite les gens à réfléchir en partageant des outils qui permettent la réflexion. Une vraie conscience citoyenne est en train de se développer. On parle quand même de 6 500 travailleurs morts. Ça fout la nausée. »

« Saint Nicolas plutôt qu’Adidas, pain d’épice plutôt que Fifa »

À l’étranger aussi, le boycott prend de l’ampleur. Chez nos voisins allemands, sur le site boycott-qatar, qui a réuni les signatures d’une centaine d’associations sportives et de milliers de supporters, la devise est la suivante : « Saint Nicolas plutôt qu’Adidas, pain d’épice plutôt que Fifa. » En Belgique, Bruno Ponchau, « écœuré par la dérive totale du football menée par la Fifa », a créé son groupe Facebook au nom évocateur « Hérésie Qatar », dont certaines pages comptabilisent plus de 10 000 vues. Sa commune, Tournai, a annulé la fan-zone et ne retransmettra pas les matchs des Diables rouges, comme plus d’une dizaine de villes, dont Bruxelles, à travers le pays.

Reste une question : que vont faire tous ces fans de foot à travers l’Europe au lieu de suivre la compétition ? Bruno Ponchau a la solution : « Plutôt que de s’ennuyer chacun dans son coin les soirs de match, on a décidé de favoriser la convivialité. À chaque rencontre, on va organiser des apéros, des fêtes, pour que ce soit militant et festif en même temps ! »

Agir autrement : Le camp des pragmatiques

Ils veulent utiliser la mise en lumière du Mondial au Qatar pour décrire la réalité sur place et susciter ainsi des avancées sociétales. Rencontre avec celles et ceux qui ne croient pas à l’efficacité d’un boycott.

Dans le débat passionné sur le boycott autour de la Coupe du monde au Qatar, ils n’occupent pas vraiment la place la plus confortable. Pour eux, qu’importe, il ne s’agit pas de la meilleure solution pour protester contre les conditions d’organisation de cette compétition. « C’est une mauvaise réponse, explique le philosophe, journaliste et auteur Thibaud Leplat. En philosophie, on appelle les belles âmes ceux qui détournent le regard, qui préfèrent l’éthique de conviction à l’éthique de responsabilité. C’est une position maximaliste et pour ne pas dire naïve sur ce qu’est le réel des grandes organisations sportives et de la géopolitique. Le boycott est une sorte de fuite. Je préfère l’éthique de responsabilité qui consiste à regarder la réalité en face et avoir un effet dessus. »

Un pragmatisme que défend aussi Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale. « Il y a eu des progrès incroyables, dit-elle. L’application de ces progrès reste un défi pour le gouvernement qatari, pour l’Organisation internationale du travail ainsi que pour nous, mais les lois existent. Notre message aux fans est : allez à la Coupe du monde et voyez par vous-même. Si vous voyez quelque chose de préoccupant, signalez-le. Et aidez-nous ensuite à faire pression sur les autres États du Golfe pour qu’ils se conforment aux mêmes standards. »

À l’image d’Amnesty International, les ONG n’appellent d’ailleurs pas au boycott. « Notre choix est de nous servir de l’attention suscitée par la Coupe du monde pour chercher à obtenir des changements pour la protection et le respect des droits des travailleurs migrants, indique l’ONG. Le Qatar veut profiter de cet événement sportif pour redorer son image et vendre un paysage de rêve aux supporters et au monde entier. Il est essentiel de combattre cette image en dénonçant l’envers du décor de l’organisation du Mondial. »

L’ancienne ministre des Sports Marie-George Buffet va plus loin. « Bien sûr qu’il faut dénoncer tous les problèmes que soulève l’organisation de cette Coupe du monde, mais c’est insuffisant, souligne-t-elle. On assiste à une instrumentalisation du sport par des États rétrogrades et totalitaires qui se portent candidats pour des raisons de rayonnement géopolitique et ça va se multiplier. Je fais une proposition : pourquoi ne pas imaginer que, demain, ce soit une fondation indépendante, cogérée et cofinancée comme l’Agence mondiale antidopage par le mouvement sportif international et par les États, qui décide de l’attribution des grands événements sportifs ? Une fondation avec des principes intangibles sur les droits humains, sociaux, l’environnement, etc. Ayons le courage de promouvoir cela ! »

JOEL SAGET / AFP

« Il faut s’attaquer à ceux qui attribuent ces grands événements »

Pour Vikash Dhorasoo, ancien joueur de l’équipe de France, il est temps que les footballeurs s’unissent et soient représentés afin de devenir les acteurs de l’attribution des coupes du monde. De l’importance de jouer également collectif hors du terrain.

Une partie de la société se mobilise à l’heure actuelle pour demander le boycott de la Coupe du monde qui va avoir lieu au Qatar. Cela peut-il avoir un impact ?

Il y a eu des positions politiques ces derniers temps que je trouve bien tardives. Depuis 2010, on sait que ce sera là-bas et c’est seulement maintenant que l’on s’affole sur les problèmes écologiques, sur les droits sociaux non respectés et toute autre forme de discriminations. Mais je le dis et le répète en permanence : il faut s’attaquer à ceux qui attribuent ces grands événements sportifs.

Parlons des joueurs. Quels types d’actions peuvent-ils mener de leur côté ?

Je sais que c’est difficile pour eux, mais il est possible de prendre position, en le faisant de manière collective. À chaque fois que les footballeurs s’organisent, ils obtiennent gain de cause. Lorsque les joueuses américaines portent plainte pour obtenir l’égalité des salaires, elles gagnent contre leur fédération. Lorsque les joueurs de l’équipe de France demandent collectivement la révision des droits à l’image, ils remportent leur combat contre la Fédération française de football (FFF). Les footballeurs sont importants dans ce système. Ce sont eux qui travaillent et apportent de la valeur au spectacle. Si ces derniers avaient la possibilité d’être consultés, ils pourraient ne plus avoir à se retrouver dans cette position où on leur demande individuellement de dire s’ils sont pour ou contre le boycott. S’ils veulent agir, à eux d’aller truster les postes influents. Il faut monter des listes pour être dans le débat des fédérations, des instances internationales. Il faut qu’ils soient représentés.

Ne le sont-ils pas ? N’existe-t-il pas des syndicats ?

Je pense qu’il ne faut pas compter sur celui qui est en place en France – UNFP – et en créer un autre. J’ai moi-même été syndiqué toute ma carrière et, au moment où j’ai été licencié, il n’y avait plus personne. Ce syndicat ne soutient pas les footballeurs, ne les protège pas. On l’a vu récemment sur les propos racistes et homophobes, je n’ai pas entendu une seule prise de parole de sa part.

Mais alors, comment réformer ces instances et avec qui ?

On ne peut pas réformer ces instances. La seule chose à faire est d’en sortir et de créer autre chose pour bousculer ce vieux monde qui ne bouge pas. Dans les statuts de la FFF, l’un des premiers points est la lutte contre toutes les discriminations et les inégalités. Mais quand on pose une question au président Noël Le Graët sur l’homophobie, le racisme ou le sexisme, ses réponses sont nulles. Sur les droits sociaux au Qatar, c’est mauvais aussi. Ce monsieur aurait dû partir depuis longtemps face à de telles positions ou non-dits. Gagner la Coupe du monde est finalement un détail dans tout cela. La FFF gère le football de masse, pas seulement l’équipe de France. Enfin, quand on voit au niveau international que les présidents de la Fifa ou de l’UEFA sont réélus sans opposition, cela interroge. Gagner beaucoup d’argent est plus important pour eux que de développer le football ou de créer du lien social.

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