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26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 04:46
Guerre Israël-Hamas : « C’est une décision stratégique du pouvoir israélien de laisser Gaza au Hamas », assure Charles Enderlin - L'Humanité, 25 octobre 2023

L’ancien journaliste, spécialiste du Proche Orient, Charles Enderlin, retrace l’histoire de l’émergence du Hamas à Gaza et du rôle du gouvernement de Benyamin Netanyahou. « Ce qui est arrivé le 7 octobre, c’est l’échec d’une stratégie », estime-t-il.

25.10. 2023 - L'Humanité

Vous avez écrit sur les millénaristes et l’émergence du Hamas favorisée par les gouvernements israéliens. Comment analysez-vous les attaques du 7 octobre ?

Tout est lié. Ce qui est arrivé le 7 octobre, c’est l’échec d’une stratégie, d’une vision, d’une politique et d’une idéologie. Quand une nation subit une surprise stratégique de cette ampleur, cela signifie que tous les échelons non seulement du pouvoir mais aussi de la société sont concernés. Selon moi, c’est la conséquence de la stratégie menée par Israël envers les Palestiniens depuis 2005 et le retrait unilatéral des colonies de Gaza décidée par Ariel Sharon.

La communauté internationale applaudissait, croyant qu’il s’agissait d’un pas vers la paix. Ce n’était pas le cas. J’étais alors dans le bureau du négociateur palestinien Saeb Erekat qui suppliait au téléphone le bureau du premier ministre israélien, Ehoud Olmert – Sharon était déjà dans le coma –, de laisser Mahmoud Abbas déployer à Gaza un bataillon de policiers palestiniens formés en Jordanie par les Américains et les Jordaniens, avec l’accord des services israéliens.

Il s’agissait de renforcer la police et les services de sécurité de l’Autorité autonome. La réponse a été non. Le retrait s’est fait en laissant la police d’Abbas en position d’infériorité face au Hamas. Ensuite, sont venues les élections législatives palestiniennes : le renseignement militaire, le Shin Bet et même la CIA disaient aux Israéliens : « Il ne faut pas laisser le Hamas présenter des candidats aux élections, car ils risquent de les remporter. Ces élections s’inscrivent dans le cadre du processus d’Oslo, donc on ne peut pas laisser le Hamas qui veut le détruire y entrer. » Mais le Hamas a présenté des candidats et a remporté les élections comme prévu.

Ensuite, en 2007, le Hamas lance un coup de force à Gaza, passe à l’assaut des institutions de l’autorité autonome, tue 120 combattants du Fatah. Les généraux israéliens vont voir le premier ministre et lui disent : « On veut envoyer trois hélicoptères de combat pour soutenir le Fatah, l’Autorité palestinienne. » Là aussi, la réponse a été négative. La direction israélienne avait décidé de laisser le Hamas contrôler Gaza. À ce moment-là, en Cisjordanie, la police palestinienne et l’armée israélienne avaient repris leur coordination.

Est-ce à ce moment-là que débute ce « pas de deux » entre le Hamas et le gouvernement israélien ?

Ce n’est pas un pas de deux, c’est la décision stratégique du pouvoir israélien de laisser Gaza au Hamas pour bloquer toute possibilité d’accord avec les Palestiniens. Séparer Gaza de la Cisjordanie. Sur le fond, et contrairement à ce qui s’est raconté, le Hamas et le Fatah sont ennemis : ils se sont affrontés à Gaza lorsque le Cheikh Yassine, le fondateur de l’Union islamique à Gaza, a développé, dès la fin des années soixante, son mouvement, construisant de nouvelles mosquées, attaquant les éléments de gauche, tuant des professeurs considérés comme communistes, incendiant les cafés où l’on buvait encore de la bière…

À quelle époque ont eu lieu ces événements ?

La Moujamaa Al-Islami – l’Union islamique – a vu le jour en 70, dans le camp de réfugiés Chati et s’est développée très vite avec la bénédiction des autorités militaires. En septembre 1973, accompagné par le général gouverneur de Gaza, le Cheikh Yassine a inauguré le bâtiment de l’Union islamique. Il s’agissait en fait du siège des Frères musulmans à Gaza. La première intifada débute en décembre 1987 : on voit partout des drapeaux palestiniens, des portraits d’Arafat, et les religieux de l’Union islamique se tiennent d’abord tranquilles pour la plus grande satisfaction des militaires qui, dans un rapport, estiment qu’« ils sont formidables »…

Huit mois plus tard, ils découvrent que la Moujamaa Al-Islami s’est transformée en Hamas, le mouvement de résistance islamique, opposé à l’existence d’Israël. Sa branche armée, le commando Ezzedine Al-Qassam, attaque les forces israéliennes. Mais revenons en 2009, Netanyahou revient au pouvoir, et décide de poursuivre la politique menée par ses prédécesseurs, à savoir laisser Gaza au Hamas. Mais il faut lui donner les moyens de gouverner… et donc assurer son financement.

Vous vous êtes exprimé très récemment à ce sujet, une enquête a également été publiée par le quotidien israélien Haaretz… Comment se déroulait ce financement ?

Cela fait des années que je l’explique. Un jet privé venant du Qatar arrivait à l’aéroport Ben Gourion, un émissaire descendait avec des valises pleines de dollars, puis un convoi de la police israélienne l’accompagnait depuis le tarmac jusqu’à l’entrée de Gaza. Les valises étaient remises au Hamas, puis l’émissaire revenait et repartait dans l’avion. Je ne sais pas si ce sont des cadeaux du Qatar au Hamas ou s’ils étaient faits pour le compte d’Israël. Sur un temps long, cela représente des milliards.

S’il est difficile de déterminer l’origine de ce financement, est-il certain qu’il bénéficiait de l’assentiment d’Israël ?

Complètement. Pour autoriser l’arrivée d’un jet privé avec des dollars en liquide pour le Hamas, il faut l’autorisation du premier ministre de l’État d’Israël, de Netanyahou qui en 2019 expliquait aux députés du Likoud : « Qui veut empêcher la création d’un État palestinien, doit soutenir le renforcement du Hamas et le transfert de fonds au Hamas ».

Pendant les derniers mois, avez-vous décelé des signes annonciateurs des massacres du 7 octobre du côté du Hamas ? Quid du gouvernement de Benyamin Netanyahou ?

Dès la formation du gouvernement Netanyahou fin décembre 2022, j’ai eu le sentiment, que cette coalition ultranationaliste, orthodoxe et messianique, menait à une catastrophe. C’est le thème du Libelle que je publie au Seuil, Israël, l’agonie d’une démocratie. J’avais le sentiment que tôt ou tard, l’affaire palestinienne allait exploser, je croyais que cela arrivera en Cisjordanie. Il faut dire que le programme gouvernemental proclame d’emblée : « Le peuple juif a un droit exclusif et inaliénable sur la terre d’Israël. Le gouvernement développera l’implantation partout, y compris en Judée-Samarie (la Cisjordanie). »

Dès le 4 janvier, le ministre de la Justice, Yariv Levin, a présenté le projet de refonte judiciaire destiné à émasculer le pouvoir de la Cour suprême, le seul contre-pouvoir. Surtout Benyamin Netanyahou, pour réaliser le changement de régime, a fait entrer dans sa coalition les colons les plus radicaux, les plus racistes. Ils sont sur la même ligne idéologique que lui, persuadés que le peuple palestinien est une création factice du monde arabe pour détruire Israël. Il l’a écrit dans son livre programme, publié en 1993, Une place au sein des nations. C’est l’idéologie de son père, l’historien Benzion.

Pour le comprendre, il faut remonter aux années vingt et 30, au bouillonnement d’idées au sein de la communauté juive de Palestine. L’affrontement entre la vision d’un sionisme travailliste de David Ben Gourion et le sionisme nationaliste de Vladimir Jabotinsky, opposé à l’idée d’un judaïsme universaliste et au socialisme. Au sein de son mouvement, Jabotinsky faisait face à une opposition encore plus à droite. Néo fascistes, ils faisaient l’apologie de Mussolini. Le père de Netanyahou était très proche de ces groupes-là. Historien, il avait une vision profondément pessimiste de l’Histoire : « Le peuple juif a toujours été menacé de génocide : par les Égyptiens, les Persans, etc. Et aujourd’hui, ce sont les Arabes. »

Élu de justesse en 1996, Benyamin Netanyahou, qui, en 1995 et 1994, présidait de gigantesques manifestations où on scandait « à mort Arafat » et « à mort Rabin », a été obligé, sous la pression du président américain Bill Clinton, de serrer la main d’Arafat et d’accepter un retrait partiel de Hébron. La droite et les sionistes religieux ne lui ont pas pardonné cette concession. Il a perdu les élections en 1999.

Dix ans plus tard, il est de retour au pouvoir dans un environnement entièrement différent : Arafat n’est plus là, l’Autorité palestinienne a été laminée par la seconde intifada. Certes il y a Obama qui demande l’arrêt de la colonisation, mais le sionisme religieux, les colons sont passés à l’offensive. Après le retrait de Gaza en 2005, ils ont redéfini leurs objectifs : « Notre ennemi, c’est l’Israël séculier, les tribunaux, les médias. » Avec leurs valeurs messianiques, ils se lancent et infiltrent tous les instruments du pouvoir, trouvent de l’argent, créent des think tanks, par exemple Kohelet, qui va devenir une organisation centrale dans la galaxie sioniste religieuse. Ils aideront Netanyahou à faire voter, en 2018, la loi qui qualifie Israël d’État-nation du peuple juif et qui discrimine les non-juifs.

C’est la montée en puissance du messianisme que vous avez décrit dans votre ouvrage ?

Tout à fait, avec une première édition en 2013, « L’irrésistible ascension du messianisme juif ». À l’époque on me disait que ce n’était pas important, qu’ils étaient minoritaires ! Le livre est réédité, et mis à jour. Il vient de paraître, cette fois avec le sous-titre « Au nom du temple : l’arrivée au pouvoir des messianiques juifs ».

Précisément, qu’est-ce qui a changé depuis dix ans ?

Leur infiltration dans toutes les strates du pouvoir. Netanyahou les y a fait entrer comme ses alliés. Le gouvernement actuel compte des gens comme Bezalel Smotrich, Avi Maoz qui est un illuminé intégriste homophobe et raciste, qui ne veut pas de femmes en politique ni à l’armée, Orit Strook qui habite une colonie à l’intérieur d’Hébron. Ou encore Itamar Ben Gvir, le kahaniste ouvertement raciste

Je raconte dans mon livre comment Netanyahou durant la campagne électorale de 2022, convoque chez lui, à Césarée, Ben Gvir, et lui explique au bord de la piscine : « Si tu veux entrer au gouvernement et devenir ministre de la Sécurité intérieure, tu vas enlever la photo de Baruch Goldstein (le terroriste juif qui assassina 29 Palestiniens à Hébron en 1994, N.D.L.R.) de ton salon. Et tu dis à tes supporters d’arrêter de crier morts aux Arabes, qu’ils crient plutôt morts aux terroristes. »

Et Ben Gvir, considéré comme un dangereux activiste radical, devient ministre de la Sécurité intérieure, qu’il a renommée Sécurité nationale. Une de ses premières décisions a été de réduire le temps des douches chaudes pour les détenus palestiniens : on croit rêver. Tout ce beau monde, avec leurs entourages de personnalités plus extrémistes les unes que les autres, est entré au gouvernement grâce à Netanyahou.

À cela il faut ajouter les ultraorthodoxes. Ils veulent garantir l’autonomie de leur communauté : pas d’armée, pas de travail, mais un financement de l’État. Dans les mois qui ont suivi la formation de ce gouvernement, on a assisté à un véritable pillage du budget de l’État. Des milliards sont allés dans les écoles talmudiques. D’un coup, Israël, pays high-tech, se retrouve avec des histoires moyenâgeuses…

Ce gouvernement a été très contesté par ce que l’on appelle le « mouvement pro-démocratie » ? Pensez-vous que celui-ci puisse avoir un avenir après les attaques du Hamas et la guerre actuelle ?

Je n’ai jamais vu les Israéliens manifester de la sorte contre le gouvernement. Le mouvement est gigantesque et bien vivant. Des milliers de volontaires remplacent le pouvoir là où il est absent. Car les choses se passent dans un désordre inimaginable dans ce pays censé être une grande start-up nation. Qu’il s’agisse d’évacuations de populations des zones de front, ou de la logistique et du transport des centaines de milliers de réservistes.

À Gaza, la situation est catastrophique, croyez-vous qu’il existe un risque de « seconde Nakba » ?

Non, il n’y aura pas d’expulsions de Palestiniens de Gaza. D’abord parce que l’Égypte n’en veut pas, et n’en a jamais voulu. Même avant 1967, lorsque Gaza était tenue par l’armée égyptienne, les Palestiniens n’avaient pas le droit d’aller en Égypte, ni même dans le Sinaï. Ce qui se passe à Gaza aujourd’hui est une tragédie épouvantable pour les Palestiniens, mais pas une nouvelle Nakba.

Dans ce cas, quel est l’objectif de Benyamin Netanyahou et de son gouvernement ?

L’objectif est simple : Israël vient de subir la plus grande défaite militaire depuis sa création et ne peut pas accepter l’existence à sa frontière d’une organisation capable de commettre de tels massacres. La mission confiée à l’armée est donc la destruction des capacités militaires du Hamas. Se pose la question des 222 otages israéliens, mais aussi des étrangers, auxquels s’ajoutent entre 100 et 200 disparus. Cela risque d’être bien pire si une intervention terrestre a lieu… Comment la société israélienne réagirait ? Il y aura une intervention terrestre, c’est sûr. La colère, la peur, la rage des Israéliens est immense. Les pertes palestiniennes sont déjà terribles. Cette guerre déclenchée par les massacres commis par le Hamas mène à des bains de sang comme la région n’en a pas connu depuis longtemps.

Venons-en à la Cisjordanie. Alors que tous les regards sont braqués sur Gaza, une centaine de Palestiniens y ont été tués depuis le 7 octobre. Quel regard portez-vous sur la situation ?

Les colons, et les plus radicaux d’entre eux, profitent de l’absence de l’armée qui maintenait un semblant d’ordre, pour attaquer des agriculteurs palestiniens, détruire des maisons. Il faut suivre la situation de très près, et ce serait peut-être le moment pour la communauté internationale et les Européens de s’exprimer et de condamner ces attaques de colons. Leur silence est scandaleux.

Pensez-vous qu’à un moment la société israélienne va demander des comptes à Netanyahou ?

Je l’espère ! Et je le crois, oui. Je vois autour de moi des gens qui étaient favorables à « Bibi » il y a un an et qui sont violemment contre aujourd’hui, dans un électorat plutôt séfarade, de classe moyenne. Les Israéliens lui reprochent la catastrophe, la gestion qui y a conduit, l’argent qui est allé là où il ne devait pas, dans les colonies, chez les orthodoxes, le non-développement de secteurs entiers du territoire, la corruption, l’impréparation militaire, l’échec de la défense passive… On a installé une barrière pour un milliard de dollars et elle a tenu dix minutes. Selon les sondages, si des élections avaient lieu, ce gouvernement serait totalement ratiboisé. Mais « Bibi » fait tout pour rester au pouvoir, et prépare l’après-guerre par toutes sortes de combines.

 

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24 octobre 2023 2 24 /10 /octobre /2023 12:17
Shlomo Sand : « Sans les Palestiniens, Israël ne peut pas vivre » - Entretien de l'historien et intellectuel israélien Shlomo Sand avec Latifa Madani (L'Humanité, 20 octobre 2023)

De Tel-Aviv où il vit et enseigne à l’université, l’historien, ardent défenseur de la paix et de la fin de l’occupation, livre en exclusivité à l’Humanité son analyse lucide de la tragédie en cours au Proche-Orient, qui était selon lui, hélas, prévisible.

Historien engagé et volontiers polémiste, Shlomo Sand ne s’est jamais senti aussi mal depuis le 7 octobre. Soldat en 1967, il n’a cessé de militer pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien et pour son droit à un État indépendant aux côtés de l’État d’Israël.

Mais il persiste dans son rêve que ses enfants et petits-enfants puissent un jour vivre dans « un État démocratique qui accorde les mêmes droits à tous ses citoyens. Il explique pourquoi dans l’entretien qu’il nous a accordé et dans son ouvrage, Deux peuples, un Etat ? Relire l’histoire du sionisme, à paraître en janvier 2024 au Seuil. 

Propos recueillis par Latifa Madani, L'Humanité du 20 au 22 octobre 2023

Quel sentiment éprouvez-vous devant cette tragédie qui touche les peuples israélien et palestinien ?

Je suis en état de choc face au degré de violence. Je suis en train de m’éloigner de gens que je pensais proches. Je me sens seul, déprimé. J’ai été choqué, au début, par l’agression horrible du Hamas. Condamner le Hamas, il faut le faire. Ma critique profonde à l’égard de ce mouvement, au-delà de la violence, c’est son programme politique.

Il ne cherche pas le compromis avec les Israéliens. Mais, en tant que grand adepte de Gillo Pontecorvo et de son film la Bataille d’Alger, me sont revenus les propos adressés à un militaire français par un militant du FLN, considéré alors comme terroriste : « Si nous avions vos chars et vos avions, nous n’aurions pas commis d’actes de terreur avec les bombes dans nos couffins. » Ma position est de ne pas isoler cette violence du cadre général politique et historique qui l’a fait naître.

Comment en est-on arrivé là ?

Le Hamas arrive au pouvoir en 2005 grâce à Israël, surtout grâce à Ariel Sharon, premier ministre à l’époque. Il avait intérêt à ce que le Hamas prenne le pouvoir à Gaza afin de réduire les pressions pour le retrait total des territoires occupés en 1967. À ce moment-là, beaucoup de Palestiniens adhéraient à l’idée de deux États.

La stratégie de Sharon a été d’isoler la bande de Gaza de la Cisjordanie et d’éviter tout processus de paix. Il a instauré le siège de Gaza, qui dure depuis près de dix-huit ans. Ensuite, n’oublions pas que l’idéologie sioniste considère l’État d’Israël comme l’État des juifs et non de ses citoyens. Un État qui serait plus proche d’un juif qui habite à Paris que d’un arabe israélien vivant sur place. Un État dans lequel Il y a des citoyens de seconde zone, sans parler de ceux, dans les territoires occupés, qui n’ont aucun droit.

Cette idéologie nourrit les extrémismes, pendant que la gauche s’affaiblit considérablement. Jamais, dans l’histoire d’Israël, elle n’a été aussi faible – cela, dans un contexte d’affaiblissement mondial de la gauche. Enfin, l’absence de pressions internationales sur Israël a eu pour conséquence de renforcer un électorat et une opinion qui exigent de plus en plus l’éradication de la révolte palestinienne par tous les moyens possibles.

Beaucoup pointent du doigt la responsabilité du gouvernement de Benyamin Netanyahou et de sa coalition avec l’extrême droite et les suprématistes. Qu’en pensez-vous ?

Netanyahou n’est pas le seul responsable et coupable. Tout le monde au pouvoir en Israël est responsable et coupable, dans le passé et au présent. Le blocus de la bande de Gaza n’a pas commencé par l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, ni l’occupation, la colonisation et l’annexion de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Netanyahou est l’héritier direct d’Ariel Sharon. Il n’a fait qu’aggraver la situation en accélérant la colonisation en Cisjordanie.

Il faut savoir que quatre ministres du gouvernement actuel résident dans ces colonies, dans les territoires occupés ainsi que le chef d’état major de l’armée ! Rappelons qu’en 2022, 146 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie et, parmi eux, la journaliste Shireen Abu Akleh, dont le crime reste impuni à ce jour. Les attaques de villages palestiniens par les colons se multiplient sans que les assaillants ne soient inquiétés.

Face à cette impunité, les Palestiniens, eux, vivent dans l’absence d’une protection internationale. Plus grave, en octobre 2021, sous le gouvernement de Naftali Bennett-Yaïr Lapid, six ONG palestiniennes de défense des droits humains ont été déclarées « terroristes », sans qu’elles puissent avoir accès aux dossiers d’instruction pour organiser leur défense. La révolte des Palestiniens de Gaza a des origines profondes. Pour comprendre les atrocités commises et tout le malheur qui arrive aux Israéliens, un grand malheur, il faut chercher leurs racines dans l’histoire.

Pouvez-vous expliquer, remonter à ces racines ?

L’origine de cette violence, de la haine profonde des Palestiniens, remonte à la Nakba de 1948. Plus de 700 000 Palestiniens ont fui ou ont été chassés du territoire qui allait devenir Israël. À Gaza, les réfugiés et leurs descendants ont vu et voient, en face, de l’autre côté de la « frontière », l’implantation des kibboutz, villages et colonies.

En tant qu’historien, je me demande comment des gens dont l’imaginaire collectif repose sur la croyance qu’il y a deux mille ans, on a arraché leurs ancêtres de leurs terres, ne peuvent pas comprendre les gens qui ont été arrachés de leurs terres, il y a soixante-quinze ans, et qui, en plus, vivent en majorité dans la pauvreté. La plupart des Israéliens ne veulent pas savoir. Pourtant, il me revient ce point d’histoire édifiant.

Comme le rappelait Jean-Pierre Filiu, dans Histoire de Gaza, il s’agit de l’oraison funèbre prononcée par Moshe Dayan, chef d’état-major de l’armée, pour le soldat Roy Rotberg, enlevé et assassiné par des Palestiniens de Gaza en 1956 : « Ne rejetons pas aujourd’hui la faute sur les meurtriers. Depuis huit ans, ils sont assis dans les camps de réfugiés de Gaza et, sous leurs yeux, nous avons transformé les terres et les villages où eux et leurs pères vivaient à notre place. Nous devons rendre des comptes à nous-mêmes ; nous sommes une génération qui colonise la terre et nous devons regarder en face la haine qui enflamme et remplit la vie des centaines de milliers d’Arabes qui vivent autour de nous. C’est le sort de notre génération. C’est le choix de notre vie : être préparés et armés, forts et déterminés. »

Dans quel état d’esprit est l’opinion à Tel-Aviv ? Qu’en percevez-vous ?

C’est le pire moment dans l’histoire de la conscience politique israélienne. L’opinion, aujourd’hui, est revancharde, même chez les gens dits de gauche. Chaque Israélien compte des victimes parmi ses proches ou connaissances. Les gens sont « polarisés » sur l’atrocité des crimes commis par le Hamas. Pourtant, on ne peut pas représenter Israël comme une pure victime, même si les civils israéliens touchés sont des victimes, et rien ne peut justifier la tuerie d’enfants et de personnes innocentes, quelles qu’elles soient et où qu’elles soient, en Israël ou à Gaza.

Nous le savons tous depuis 1967 : le refus d’Israël de se retirer des territoires occupés et de reconnaître les droits des Palestiniens nous conduit à cette situation. Une situation qui, pour le moment, n’aide pas les Israéliens à faire des efforts pour prendre du recul. J’espère que ça va changer.

Peut-on dire que les responsabilités sont partagées entre les gouvernements israéliens et la communauté internationale ?

Israël et ceux qui le soutiennent profitent des massacres commis par le Hamas pour mobiliser les opinions pas seulement contre le Hamas mais contre les Palestiniens. Le rapprochement Arabie saoudite-Israël a été perçu comme un acte de paix alors qu’il vise à affaiblir la Chine et l’Iran et à réduire la question palestinienne à un détail. Il y a un mois, ici, tout le monde pensait qu’on pouvait enterrer la cause palestinienne, en particulier au regard de l’état de l’Autorité palestinienne à Ramallah

Le soutien inconditionnel d’Emmanuel Macron et de Joe Biden à Israël n’aide pas à entrevoir une issue de paix. Le problème n’est pas seulement de condamner le Hamas. Il est d’occulter la responsabilité d’Israël dans la tragédie en cours. La France doit avoir une position plus claire. Jamais la diplomatie française n’a été aussi faible. La France, attachée aux libertés, interdit les manifestations de soutien au peuple palestinien.

Or, sans solidarité avec ce peuple et avec sa cause, comment dès lors peut-on le convaincre de poursuivre la lutte sans avoir recours à la violence ? Emmanuel Macron suit Joe Biden les yeux fermés, au lieu d’avoir une politique plus intelligente : aider à un cessez-le-feu, à trouver des voies pour la paix et pour une solution politique.

Oui, condamner le Hamas et en même temps défendre la cause palestinienne ; réaffirmer que ce peuple a droit à son autodétermination, à cesser de souffrir ; mettre fin à une situation d’occupation qui dure depuis trop longtemps. Emmanuel Macron doit aussi condamner Israël dans sa persistance à ne pas reconnaître les droits des Palestiniens et, surtout, il doit dénoncer l’apartheid.

L’apartheid ? ! Savez-vous que ceux, en France, qui parlent d’apartheid pour définir la politique israélienne à l’égard des Palestiniens sont violemment critiqués…

Oui, Israël applique l’apartheid. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Tamir Pardo, ancien chef du Mossad de 2011 à 2016, qui l’a déclaré le 7 septembre à l’agence AP : « Les mécanismes israéliens de contrôle des Palestiniens, depuis les restrictions de mouvement jusqu’à leur placement sous la loi martiale, alors que les colons juifs dans les territoires occupés sont gouvernés par des tribunaux civils, sont à la hauteur de l’ancienne Afrique du Sud. » Menahem Begin, chef du Likoud, y avait lui aussi fait référence en 1977, lorsqu’il était pour accorder une citoyenneté aux populations occupées, parce que, disait-il, « sinon, Israël sera un régime d’apartheid ».

Entrevoyez-vous une issue pacifique aujourd’hui ?

En vérité, je ne crois pas à la paix aujourd’hui. L’unique espoir est que l’administration américaine fasse pression sur Israël pour négocier avec les Palestiniens. Sans une réelle détermination extérieure, il n’y aura pas de paix. Si on laisse les Israéliens poursuivre leur aveugle politique de colonisation, cela mènera à sa propre destruction.

Il n’y aura pas de solution armée à ce conflit. La négociation est la seule voie pour la survie de l’État d’Israël. Ma position demeure que, sans les Palestiniens, Israël ne peut pas vivre et disparaîtra. Mon prochain livre, Deux peuples, un Etat ? Relire l’histoire du sionisme explique qu’Israël n’a pas d’avenir au Proche-Orient sans les Palestiniens.

Quelles solutions, quelles options sont-elles possibles ?

La solution à deux États, je crois, n’est plus viable, hélas. Durant cinquante-cinq ans, j’ai été pour deux États, pour deux peuples sur les frontières de 1967. Une position partagée alors par beaucoup de Palestiniens d’Israël, de Cisjordanie et même de Gaza. Le grand leader Haider Abdel Shafi, que j’ai eu la chance de rencontrer à Gaza en 1988, nous encourageait à lutter dans ce sens.

Mais tout cela a été fortement compromis depuis Ariel Sharon, dont la stratégie a été d’isoler Gaza et de faire en sorte que le Hamas, qui n’est pas un partenaire pour la paix, y exerce le pouvoir. Aujourd’hui, la poursuite de la colonisation en vue d’une annexion est en train d’annihiler cet espoir. Plus de 850 000 Israéliens (non arabes) habitent en Cisjordanie, dans les territoires palestiniens occupés.

Dès lors, il reste deux options. Soit le transfert des populations. Des Israéliens pensent que l’on peut encore repousser les Palestiniens de Gaza vers le Sinaï. Mais je veux croire qu’Israël n’a pas intérêt à provoquer une nouvelle Nakba (NDLR : ce terme arabe signifie «catastrophe» et fait référence à l’exode forcé des Palestiniens en 1948), cela déstabiliserait toute la région.

Donc, il faut commencer à construire pas à pas les conditions historiques d’un État fédéral (ou fédération). Rappelons que presque tous les États fédéraux dans l’histoire sont nés du conflit et par la violence. Il est difficile de s’en convaincre aujourd’hui et même de l’imaginer, mais je pense que nous n’avons pas d’autre choix qu’une coexistence pacifique dans une fédération israélo-palestinienne.

Qui aujourd’hui peut être à l’initiative d’une telle solution politique ?

Les Palestiniens vivant en Israël (près de 2 millions) et beaucoup de ceux de Cisjordanie sont pour un État fédéral. Même Marwan Barghouti, hélas, toujours emprisonné. Lui reconnaît l’existence de l’entité israélienne, alors que le programme politique du Hamas vise l’instauration d’un « État islamique », théocratique.

Mais, avant de déboucher sur un compromis historique et sur la paix, il y aura encore, malheureusement, des catastrophes, car ce qui est grave dans notre monde actuel, c’est cette « symbiose » entre religion et nationalisme. De l’Inde jusqu’à l’Iran, de Gaza jusqu’à Jérusalem, le tandem religion et nationalisme et leur instrumentalisation sont la pire des choses.

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24 octobre 2023 2 24 /10 /octobre /2023 12:12
Cessez-le-feu à Gaza: l'appel des peuples - éditorial de L'Humanité, Marion d'Allard, 23 octobre 2023
L’appel des peuples

Des foules immenses, pacifistes. De Washington à Londres, de Saint-Sébastien à Marseille, des centaines de milliers de personnes ont battu le pavé, ces dernières heures, pour exiger que se taisent les bombes. Partout, les bannières quadricolores de la Palestine, brandies comme autant de drapeaux blancs, ont fait écho aux manifestations des peuples du monde arabe, déclenchées spontanément après la destruction d’un hôpital de Gaza. Le signe d’un réveil des opinions occidentales.

Lutter pour que cesse immédiatement le pilonnage aveugle de la bande de Gaza n’excuse en rien les abominations perpétrées par le Hamas, le 7 octobre. Et le trait d’union grotesque tracé – notamment par le gouvernement français – entre celles et ceux qui se lèvent pour la paix et les tenants du terrorisme islamiste reste une injure à l’humanisme le plus élémentaire.

En France, l’interdiction systématique des manifestations de soutien au peuple palestinien a été battue en brèche par le Conseil d’État. Un camouflet pour Gérald Darmanin. La détermination des pacifistes a fissuré la digue répressive érigée par un gouvernement adepte de l’amalgame. Il faut désormais que leur voix porte haut. Ici comme ailleurs.

Dans le vacarme de la guerre, le concert des nations doit jouer, à l’unisson, la partition du cessez-le-feu. La situation humanitaire dans la bande de Gaza est effroyable et le passage via l’Égypte d’une vingtaine de camions d’aide d’urgence, après des jours de négociations laborieuses, semble particulièrement dérisoire.

Les Gazaouis ne sont pas victimes d’une catastrophe naturelle qui exigerait uniquement une intervention humanitaire massive. Un ciel de feu s’abat sur eux. Sur ordre du premier ministre israélien, les frappes sur l’enclave palestinienne se sont d’ailleurs intensifiées dans la nuit de samedi à dimanche. Prémices d’une incursion terrestre mortifère, que Tel-Aviv continue de promettre imminente. Gageons que le sursaut populaire puisse rectifier le cours de l’histoire.

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24 octobre 2023 2 24 /10 /octobre /2023 12:08
Israël-Palestine : appel du monde de la culture pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza - L'Humanité, 23 octobre 2023
Israël-Palestine : appel du monde de la culture pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza

Tribune

93 artistes lancent un vibrant plaidoyer en faveur de la paix au Proche-Orient au nom de « notre humanité commune ». Après des décennies d’occupation qui hypothèquent la vie et la sécurité des peuples - israélien et palestinien-, les signataires en appellent à la raison et plaident pour « un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, la libération de tous les otages détenus à Gaza, et le respect du droit international ».

POUR UN CESSEZ-LE-FEU IMMÉDIAT À GAZA

Nous nous rassemblons en tant qu’artistes face à la tragédie en cours. Nous sommes choqués par la perte de toutes ces vies, si précieuses, en Israël/Palestine. Et nous en sommes témoins.

Nous avons été horrifiés par les massacres du 7 octobre.

Nous condamnons tous les crimes de guerre, ceux du Hamas et ceux du gouvernement israélien. Nous pensons que l’oppression et le racisme, sous toutes leurs formes, sont un affront fait à notre humanité commune : il faut y mettre fin.

Aujourd’hui, des décennies d’occupation privent les Palestiniens de leurs libertés et de leurs droits fondamentaux. Déplacer des centaines de milliers de personnes de leur foyer — certaines pour la deuxième ou troisième fois  — serait une nouvelle injustice catastrophique ; elle nous éloignerait, en prime, de la possibilité d’une paix juste et durable, de la sécurité pour les deux peuples. Cela ne peut pas se produire.

Nous soutenons tous ceux qui appellent à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel afin de sauver autant de vies que possible et de permettre à l’aide humanitaire d’atteindre les habitants de Gaza, lesquels en ont désespérément besoin.

Nous appelons à la libération de tous les otages détenus à Gaza.

Nous appelons tout le monde à respecter le droit international, qui interdit de porter atteinte aux civils — quel que soit le contexte. Tous les gouvernements doivent cesser de soutenir les graves violations du droit international et d’armer leurs auteurs.

Par-delà la douleur et le deuil, nous sommes mus par la volonté inébranlable de défendre notre humanité commune, la liberté, la justice, l’égalité des droits, la paix et la dignité pour tous les peuples. Comme nous sommes mus par un profond désir de mettre un terme à l’effusion de sang.

Nous ne serons jamais libres tant que nous ne le serons pas tous.

Signataires : 

Noée Abita, actrice

Abd Al Malik, musicien

Danielle Arbid, réalisatrice

Swann Arlaud, acteur

Juliette Arnaud, actrice

Jeanne Balibar, actrice

Melha Bedia, actrice

Riadh Belaïche, acteur influenceur

Suzy Bemba, actrice

Dali Benssalah, acteur

Juliette Binoche, actrice

Dominique Blanc, actrice

Romane Bohringer, actrice

Sami Bouajila, acteur

Shirine Boutella, actrice

Rachida Brakni, actrice

Jason Brokerss, humoriste

Céleste Brunnquell, actrice

Eric Cantona, acteur

Louise Chevillotte, actrice

Antoine Chevrollier, réalisateur

Camille Claris, actrice

Laurence Cordier, actrice

Mélanie Da Cruz, influenceuse

Slimane Dazi, acteur

Julia de Nunez, actrice

Waly Dia, comédien

Rokhaya Diallo, autrice

Mahaut Drama, humoriste

Caroline Ducey, actrice

Luana Duchemin, actrice

Annie Ernaux, autrice

Pauline Etienne, actrice

Robert Guédiguian, réalisateur

Faïza Guène, autrice

Samir Guesmi, acteur  

Adèle Haenel, actrice

Arthur Harari, acteur

Nabil Harlow, chanteur

Clotilde Hesme, actrice

Suzanne Jouannet, actrice

Valérie Jouve, photographe

Cédric Kahn, réalisateur

Sakina Karchaoui, footballeuse

Léo Karmann, réalisateur  

Reda Kateb, acteur

Sofian Khammes, acteur

Lyna Khoudri, actrice

Ariane Labed, actrice

Manele Labidi, réalisatrice

Ragnar Le Breton, acteur

Erwan Le Duc, réalisateur

Vanessa Le Moigne, journaliste

Djamil Le Schlag, humoriste

Marie Lemarchand, actrice

Paola Locatelli, actrice influenceuse

Matthieu Longatte, acteur

Elina Löwensohn, actrice

Guslagie Malanda, actrice

Garance Marillier, actrice

Guillaume Meurice, auteur et chroniqueur

Anna Mouglalis, actrice

David Murgia, acteur

Charlotte Namura, artiste

Nadine Naous, réalisatrice

Caroline Guiela Nguyen, metteuse en scène

Sabrina Ouazani, actrice

Ji-Min Park, actrice

Léonie Pernet, musicienne

Clémentine Poidatz, actrice

Clara Ponsot, actrice

Barbara Probst, actrice

Inès Rau, modèle

Kevin Razy, comédien

Éric Reinhardt, auteur

Luna Ribeiro, actrice

Niels Schneider, acteur

Céline Sciamma, réalisatrice

Frédérick Sigrist, animateur radio

Ramata-Toulaye Sy, réalisatrice

Mara Taquin, actrice

Serge Teyssot-Gay, musicien

Jenna Thiam, actrice

Karidja Touré, actrice

Manda Touré, actrice

Justine Triet, réalisatrice

Arnaud Valois, acteur

Stéphanie Valois, productrice radio

Sara Verhagen, actrice

Gisèle Vienne, chorégraphe

Maud Wyler, actrice

Jean-Pascal Zadi, acteur

Sofiane Zermani, acteur

 

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19 octobre 2023 4 19 /10 /octobre /2023 05:28
Stopper le bain de sang à Gaza - Communiqué de la CGT, 18 octobre 2023
Stopper le bain de sang à Gaza - Communiqué de la CGT, 18 octobre 2023
Stopper immédiatement le bain de sang à Gaza !
En une dizaine de jours à Gaza, plus de 3000 civils dont près de 1000 enfants ont payé de leur vie une escalade de violence aveugle.
Version texte complète du communiqué de presse ⬇️
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12 octobre 2023 4 12 /10 /octobre /2023 17:21
« Une guerre que personne ne gagnera »
 
La Marseillaise jeudi 11 octobre 2023 - Entretien avec Reem Hazan, dirigeante du Parti communiste israélien
 
ENTRETIEN réalisé par Angélique Schaller
 
« Il est du devoir des forces saines en Israël, juifs et arabes, de faire
entendre une voix forte et claire contre toute tentative d’incitation à la violence à l’encontre des populations » : le communiqué du Parti communiste israélien. Reem Hazan en est la responsable internationale.
L’heure est à l’unité nationale en Israël et rares sont les voix à oser rompre cette trêve politique. Le journal progressiste Haaretz l’a fait, en appelant clairement hier à la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le parti communiste israélien également, dans un communiqué où il prône la paix.
 
La Marseillaise : trois jours après l’attaque du Hamas, quelle est votre analyse ?
Reem Hazan : Le peuple est traumatisé. C’est un événement majeur pour le peuple juif, mais il ne parvient pas à le connecter aux politiques qui y ont mené. Les gens ont du mal à questionner,à remettre en cause. Or, le problème avec ce genre de gouvernement d’extrême droite est que la seule réponse qu’il peut envisager à de tels événements est une autre guerre, plus d’agressivité et plus de
tueries. Israël est maintenant en train d’envoyer des bombes sur Gaza. Encore. Et on ne voit aucune condamnation internationale.
 
La Marseillaise : Netanyahu propose un gouvernement d’union nationale. Comment recevez-vous cette proposition ? Comment cela est-il apprécié dans la population ?
 
Reem Hazan : Il y a différentes voix en Israël, des voix qui peuvent s’élever contre l’occupation, qui peuvent demander la démission de Netanyahu. Mais en très petit nombre. Aujourd’hui, l’appel à une unité nationale est plus populaire après cette crise. Mais cette unité nationale ne sera pas différente du gouvernement actuel. Quand cette phase sera finie, ceux qui se disent contre le gouvernement de Netanyahu se seront rendus complices de la guerre et des crimes de guerre. Ils ne pourront donc pas être une alternative au gouvernement actuel.
 
La Marseillaise : Les tenants de la paix sont-ils encore audibles ?
 
Reem Hazan : Je ne sais pas si nous sommes encore audibles, mais on doit continuer. Nous appelons à arrêter la guerre à venir, arrêter ces horreurs et préserver la vie des gens. Il n’y a pas d’autre moyen de résoudre ce conflit que le biais politique. Il ne sera pas résolu par les armes ni par la force. Il doit être résolu par des moyens politiques et diplomatiques, en garantissant le droit des peuples à l’autodétermination, à tous les peuples. Les seuls à ne pas en profiter sont les Palestiniens. Tenir ces propos n’est pas facile. Parce que nous disons qu’on ne peut pas continuer avec ce massacre, qu’il y a des victimes des deux côtés, qu’Israël est à blâmer pour cette situation... Certains camarades ont été ces derniers jours littéralement attaqués sur les réseaux sociaux.
 
La Marseillaise : Pensez-vous que le conflit puisse s’étendre, notamment avec le Hezbollah ?
 
Reem Hazan : Oui, le conflit pourrait s’étendre à toute la région. Une attaque du Hezbollah est le scénario le plus probable. Des bombardements ont lieu au nord à partir du sud Liban. Dans les prochaines heures, le cabinet israélien va décider s’il va envahir Gaza par la terre ou par je ne sais quel autre moyen. Cela va inévitablement envenimer les choses et impliquer plus de pays.
C’est Israël qui est à blâmer pour la situation et doit décider d’arrêter les pertes, de négocier l’échange d’otages, de prisonniers politiques. Sinon, on ira dans une guerre dont personne ne connaît l’issue mais que personne ne gagnera. Tout le monde perdra, mais particulièrement le peuple, les travailleurs, les enfants.
 
La Marseillaise : Qu’attendez-vous de la communauté internationale ? L’Onu peut-elle encore jouer un rôle ?
 
Reem Hazan : De la communauté internationale ? Qu’elle arrête de
systématiquement soutenir Israël. Des structures telles que l’Onu sont évidemment très importantes, ce qu’elles disent est toujours entendu. Ses différentes agences ont aidé le peuple palestinien et les réfugiés pendant de nombreuses années et c’est essentiel. Malheureusement, l’Onu n’a pas toujours les dents pour changer les politiques et les décisions diplomatiques. C’est au niveau politique que l’Onu doit s’investir et pas seulement dans l’aide, aussi importante soit elle.
 
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12 octobre 2023 4 12 /10 /octobre /2023 17:18
Paix & Justice au Proche-Orient (PCF)
Paix & Justice au Proche-Orient (PCF)
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12 octobre 2023 4 12 /10 /octobre /2023 05:35

 

Quatre jours après l’attaque terroriste du Hamas, la riposte du gouvernement israélien d’extrême droite frappe indifféremment cibles combattantes et civiles, donnant lieu à des centaines de morts d’innocents, enfants inclus.

Toute l’action de la diplomatie française doit être tournée vers l’obtention d’un cessez-le-feu immédiat. L’urgence est à la désescalade.

Les otages détenus par le Hamas doivent être libérés et les menaces d’exécution doivent cesser ; mais rien ne peut légitimer la privation de gaz, d’eau, d’électricité pour plus de deux millions de Gazaouis, ni leur bombardement indifférencié.

Le respect de la dignité humaine est une condition indispensable à la paix. Les membres du gouvernement israélien niant l’humanité des Palestiniens sont les plus grands adversaires de la paix et agissent contre l’intérêt des deux peuples.

Les puissances occidentales, en livrant un blanc-seing au gouvernement israélien et en légitimant d’avance toutes ses actions, ont ouvert la porte aux massacres et aux crimes de guerre.

La menace de suspension des aides au développement est un très mauvais signal. En frappant indistinctement l’ensemble des Palestiniens, elle participe à l’enlisement du conflit. Aucune paix juste et durable ne sera construite sur l’annihilation d’un peuple. On ne négocie pas la paix le ventre vide.

Pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, le MJCF revendique :

Un cessez-le-feu immédiat et la libération des otages.

Une solution à deux États, avec la reconnaissance de l’État palestinien dans ses frontières de 1967 et Jérusalem-Est comme capitale.

La libération des prisonniers politiques palestiniens.

La fin du blocus à Gaza.

MJCF

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10 octobre 2023 2 10 /10 /octobre /2023 17:32
Halte au feu au Proche-Orient ! - Fabien Roussel

Chaque jour aggrave l’horreur éprouvée par l’opinion internationale devant le massacre de centaines de civils israéliens par les forces du Hamas.

Rien ne justifiera jamais un carnage aussi contraire aux valeurs de la dignité humaine et du droit international.

Le Parti communiste français réitère solennellement sa condamnation totale de ces actes terroristes qui, en visant des hommes, des femmes, des enfants et même des bébés, ont ensanglanté la société israélienne.

Il condamne avec la même force l’offensive de l’armée israélienne faisant des centaines de victimes civiles palestiniennes qui, heure après heure, viennent endeuiller de nouvelles familles dans une escalade mortifère et en dépit de toutes les conventions internationales.

Il s’incline devant la mémoire de toutes ces victimes et réaffirme sa pleine solidarité avec les familles touchées.

Il exige la libération immédiate des otages détenus par le Hamas.


Il faut d’urgence arrêter la spirale de la haine, de la violence et des massacres, comme vient d’y appeler le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

Seule une perspective de paix dans la justice entre Israéliens et Palestiniens, ouvrant à ces derniers l’espoir d’une vie digne, peut arrêter l’effusion de sang.


À l’inverse, le gouvernement de Benyamin Netanyahou, poursuivant sa politique odieuse d’annexion rampante des territoires occupés et d’humiliation nationale permanente du peuple palestinien, organise une vaste opération militaire qui fait et va faire un très grand nombre de victimes parmi la population civile gazaouie.


Déjà, il annonce le siège total de cette enclave qui était déjà une « prison à ciel ouvert », dans le but de priver ses habitants d’eau, d’électricité, de carburant et de nourriture. Alors que les Gazaouis sont pour moitié des enfants, alors que Gaza subit le taux de chômage le plus élevé du monde, ce sont des innocents qui vont payer l’affrontement entre un pouvoir israélien discrédité auprès de ses citoyens et une organisation islamiste qui exerce sur les palestiniens une dictature impitoyable au quotidien.


Le Parti communiste français appelle à la levée de ce blocus inhumain contre Gaza.

Il s’oppose totalement aux propositions, venues de certains partis politiques français ou de la Commission européenne, de couper toute aide aux Palestiniens.
Il appelle au contraire la France et l’Union européenne à agir avec résolution pour une solution de paix juste et durable, en application des résolutions de l’ONU qui sont toutes restées lettre morte avec, en premier lieu, la reconnaissance de l’État de Palestine aux côtés d’un état israélien.

Il appelle nos concitoyennes et nos concitoyens à la plus grande vigilance afin que l’escalade meurtrière en cours ne serve pas de prétexte à la recrudescence d’actes antisémites et racistes sur le sol français.
Paix et justice : voilà ce qui doit rassembler les forces de gauche et écologistes, toutes les forces progressistes et républicaines de notre pays.


Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,

Le 10 octobre 2023.

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9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 05:18
Israël-Palestine : le scénario du pire - L'Humanité, Benjamin König, 8 octobre 2023

En quarante-huit heures, l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », lancée par le Hamas depuis la bande de Gaza, puis la riposte de l’armée israélienne ont provoqué la mort de près d’un millier de personnes. La communauté internationale s’émeut d’une situation pourtant prévisible. Les voix pour la paix semblent inaudibles. À nouveau, le conflit israélo-palestinien déstabilise le monde.

Benjamin König

D’abord, l’horreur. Celle du sang, de la haine et de la peur. Mais depuis que le bruit des armes résonne à nouveau entre le Hamas et Israël, un autre mot revient : la stupeur. Non pas que cette attaque ne constitue une surprise, tant le cycle de violences, de colonisation et l’humiliation quotidienne d’un régime d’apartheid ne pouvaient que mener à cette situation, mais bien plutôt par l’ampleur d’une opération planifiée et organisée de façon militaire.

Jamais depuis 2007, année où le Hamas avait pris le pouvoir dans la bande de Gaza et où, en représailles, Israël a débuté le blocus du territoire, le mouvement islamiste palestinien n’avait mené une telle action. La riposte israélienne est déjà terrible pour les populations palestiniennes, à Gaza et ailleurs – mais elle peut tourner au massacre. La stupeur, c’est aussi celle de la communauté internationale, et notamment des pays arabes : ce nouveau conflit vient rappeler au monde que rien n’est réglé en Palestine. En somme, un séisme aux conséquences incertaines mais que l’on sait déjà incalculables.

Le Hamas a annoncé avoir tiré plus de 6 000 roquettes jusqu’à Tel-Aviv

Depuis le lancement de l’attaque nommée « déluge d’Al-Aqsa », samedi 7 octobre à l’aube, les combats n’ont pas cessé. « Nous avons décidé de mettre un terme à tous les crimes de l’occupation », a déclaré Mohammad Deif, le commandant des brigades al-Qassam, peu après le lancement de l’opération. De la bande de Gaza, le Hamas a annoncé avoir tiré plus de 6 000 roquettes jusqu’à Tel-Aviv, située à 70 km au nord de Gaza, et a mené pour la première fois dans l’histoire une incursion massive sur le territoire israélien selon une stratégie réfléchie et relayée quasiment en direct sur les réseaux de propagande du Hamas.

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