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9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 04:50
« Israël porte l’entière responsabilité d’une telle explosion », dénonce l’ambassadrice de Palestine en France, Hala Abou Hassira (L'Humanité, entretien avec Pierre Barbancey, 8 octobre 2023)

L'interview de Hala Abou Hassira, l'ambassadrice de Palestine en France : https://www.humanite.fr/monde/bande-de-gaza/israel-porte-lentiere-responsabilite-dune-telle-explosion-denonce-lambassadrice-de-palestine-en-france-hala-abou-hassira

L’ambassadrice de Palestine en France, Hala Abou Hassira, dénonce la politique d’occupation et d’apartheid israélienne et le non-respect du droit international par Tel-Aviv. Elle estime qu’il est temps de mettre fin aux souffrances des civils palestiniens et israéliens en créant un État de Palestine.

Pour la diplomate palestinienne, Hala Abou Hassira : « C’est le moment de vérité, c’est le moment de courage, c’est le moment de la sagesse pour éviter un bain de sang. Il faut que la communauté internationale s’engage dans une dynamique politique, et il faut aussi rendre Israël responsable de ses crimes et de son occupation. »

Diplomate chevronnée, l’ambassadrice de Palestine en France, Hala Abou Hassira est abasourdie par les réactions de soutien à Tel-Aviv qui se multiplient depuis samedi 7 octobre dans les capitales étrangères, sans un mot sur l’occupation israélienne des territoires palestiniens et la souffrance qui en découle.

Comment réagissez-vous à ce qui se passe actuellement au Proche-Orient ?

Israël porte l’entière responsabilité d’une telle situation et d’une telle explosion. Il est nécessaire de mettre les choses et les événements dans leur contexte politique et historique. On ne peut ignorer la source de problème, on ne peut ignorer une occupation et un apartheid israéliens qui durent depuis des décennies. C’est ce qui rend Tel-Aviv seul responsable de l’explosion actuelle.

C’est vraiment tout un système maintenu par les gouvernements israéliens consécutifs, donc y compris l’actuel, fasciste. Celui-ci poursuit sa politique d’annexion, ses crimes de guerre, ses agressions, donne le feu vert aux colons israéliens pour attaquer les Palestiniens, brûler leurs villes et villages, et les tuer en toute impunité, poursuit l’extension des colonies.

Ce qui a anéanti la résolution à deux États. Il faut tenir compte de tous ces éléments et du fait que le gouvernement actuel a pour seul projet l’annexion de la Palestine historique, la négation de droits d’existence du peuple palestinien et la poursuite de la politique de nettoyage ethnique des Palestiniens.

Le deuxième élément à prendre en compte, c’est l’impunité totale accordée à Israël depuis sa création en 1948. L’ONU, c’est-à-dire la communauté internationale, a accordé cette impunité, qui ne rend jamais Israël responsable de ses crimes, par le déni total de l’existence des Palestiniens, de leur souffrance, du nombre de morts. Depuis le début de l’année, 572 Palestiniens ont été tués par Israël, dont 320 samedi et plus de 200 auparavant.

Comment jugez-vous l’attitude des pays occidentaux ?

Je suis scandalisée, je suis plus que surprise de voir que les démocraties occidentales ont choisi un peuple contre un autre. Ils exercent la politique du deux poids, deux mesures. Leurs déclarations ont complètement ignoré ou voulu mettre de côté la vraie source du problème, qui est l’occupation. Ils ont oublié qu’Israël maintient son oppression et son apartheid depuis bien longtemps, avant même la création du Hamas en 1987. Les crimes d’Israël durent depuis 1948. Cet échec de la communauté internationale est flagrant, catastrophique, immoral eu égard aux valeurs qu’elle défend. C’est un feu vert donné à Israël pour assassiner plus de Palestiniens. La communauté internationale, et surtout les démocraties occidentales, se rendent complice de cette occupation, complice de cet apartheid.

« La communauté internationale, et surtout les démocraties occidentales, se rendent complice de cette occupation, complice de cet apartheid. »

Hala Abou Hassira

Les Palestiniens ne sont pas des humains inférieurs aux autres, ne sont pas inférieurs aux Ukrainiens, qui ont le droit de résister à l’occupation. Toute occupation est la même, peu importe qui est l’agresseur, qui est l’occupant. Il ne faut pas faire d’Israël l’exception quand il s’agit d’appliquer et d’imposer le droit international à un État occupant. Aujourd’hui, le peuple palestinien dans son entièreté est pris en otage par Israël.

L’agression ne concerne pas seulement Gaza. Samedi, sept jeunes Palestiniens ont été tués en Cisjordanie. À Jérusalem-Est, les attaques se multiplient non seulement contre les Palestiniens, chrétiens et musulmans, mais contre les fidèles chrétiens étrangers qui viennent effectuer leur pèlerinage.

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9 octobre 2023 1 09 /10 /octobre /2023 04:45
Tribune d'Efraim Davidi, membre du comité central du Parti communiste israélien, dans l'Humanité: « Il n’y a qu’une seule solution, mettre fin à l’occupation »

Une tribune de Efraim Davidi, membre du comité central du Parti communiste israélien qui dénonce la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou : https://www.humanite.fr/monde/israel/efraim-davidi-il-ny-a-quune-seule-solution-mettre-fin-a-loccupation

Membre du comité central du Parti communiste israélien, Efraim Davidi dénonce la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou, qu’il tient pour responsable de la situation, et met en garde contre les actes de vengeance qui pourraient être menés contre les citoyens arabo-palestiniens d’Israël. Il appelle à la reconnaissance du droit des Palestiniens.

Pour Efraim Davidi, membre du parti communiste israélien : « Il n’y a qu’une seule solution : mettre fin à l’occupation et reconnaître les revendications et les droits légitimes du peuple palestinien ».

« En tant que Parti communiste israélien et membre du mouvement Hadash (Front démocratique pour la paix et l’égalité), nous estimons le gouvernement fasciste israélien responsable de l’escalade brutale et dangereuse de ces dernières heures, qui a coûté la vie à de nombreux citoyens innocents. Cela s’est produit à la fin d’une semaine choquante au cours de laquelle les colons se sont déchaînés dans les territoires occupés sous les auspices de leur gouvernement, ont profané la mosquée al-Aqsa et ont perpétré un autre pogrom à Huwara (ville palestinienne près de Naplouse déjà attaquée il y a quelques mois par les colons – NDLR). C’est une escalade très grave qui met en danger toute la région dans une guerre que le gouvernement de droite alimente depuis son premier jour.

Les événements que nous vivons depuis samedi montrent dans quelle direction dangereuse le gouvernement Netanyahou et les colons conduisent toute la région, et soulignent une fois de plus qu’il n’y a aucun moyen de gérer le conflit ou de le résoudre militairement. Il n’y a qu’une seule solution : mettre fin à l’occupation et reconnaître les revendications et les droits légitimes du peuple palestinien. La fin de l’occupation et l’établissement d’une paix juste sont un intérêt distinct et commun des deux peuples de ce pays.

Nous sommes profondément préoccupés par l’utilisation de ces événements par le gouvernement Netanyahou pour mener une attaque vengeresse contre la bande de Gaza. Nous appelons la communauté internationale et les pays de la région à intervenir immédiatement pour faire taire les tambours de la guerre et lancer des initiatives en faveur d’une solution politique. Enfin, nous mettons en garde contre les actes de vengeance qui pourraient être menés contre les citoyens arabo-palestiniens d’Israël, et en particulier les habitants des villes mixtes et des villages non reconnus du Néguev (villages bédouins que le gouvernement ne reconnaît pas comme légaux – NDLR), qui ont déjà payé un prix élevé car l’État ne s’occupe pas d’eux.

Dans cette réalité, il est du devoir des forces saines en Israël, juifs et Arabes, de faire entendre une voix forte et claire contre toute tentative d’incitation à la violence à l’encontre de populations entières et de promouvoir l’aspiration à une vie normale sans occupation, sans discrimination et sans suprématie – une vie de paix, d’égalité et de véritable démocratie pour tous. »

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5 octobre 2023 4 05 /10 /octobre /2023 05:16
L’exode forcé des Arméniens du Haut-Karabakh. Violence de l’indifférence
L’offensive éclair menée par Bakou le 19 septembre a forcé les autorités la république autoproclamée à la capitulation. Depuis, la population autochtone de cette région du Caucase ne cesse d’affluer à la frontière arménienne. C’est l’exil forcé pour les Arméniens du Haut-Karabakh.
 
COMMUNIQUE DE PRESSE DU PCF
Arménie : « Nous en sommes venus au temps où l’humanité ne peut plus vivre avec, dans sa cave, le cadavre d’un peuple assassiné » (Jaurès)
 
L’Astrakh est en train de disparaître sous nos yeux. Les autorités de la République ont annoncé la dissolution des institutions au 1er janvier 2024. Des dizaines de milliers d’Arméniens ont déjà fui leur territoire pour rejoindre, dans des conditions humanitaires effroyables, la République d’Arménie. C’est une véritable épuration ethnique qui est en cours, sans susciter aucune réaction internationale concrète.

 

Nous n’en serions pas là, si la France et d’autres pays avaient reconnu la République d’Astrakh, comme le PCF le demandait dès 2019, ni si l’Union Européenne, au lieu de négocier l’accord du gaz de la honte avec l’Azerbaïdjan, avait défendu le droit des peuples à la sécurité et à la paix.
Le peuple arménien, courageux, reste seul alors qu’il est menacé dans son existence. Le dictateur d’Azerbaïdjan Aliev a déjà annoncé qu’il ne s’arrêterait pas là. Il menace directement le territoire de la République d’Arménie, notamment la province du Syunik pour assurer une continuité territoriale avec l’enclave azerbaidjanaise du Nakhitchevan.
La France doit être à la hauteur de son histoire, en se plaçant résolument aux côtés du peuple arménien. La décision prise d’ouvrir une antenne consulaire française dans la région du Syunik est un signe positif.
La France peut et doit aller plus loin. Il est urgent d’agir concrètement pour arrêter le processus en cours, qui peut à tout moment se traduire par un génocide si l’entreprise du dictateur Aliev et de ses soutiens n’est pas arrêtée.
 
Le PCF demande donc au gouvernement français :
– De cesser immédiatement la vente d’armes à l’Azerbaïdjan
– D’agir auprès de l’UE pour dénoncer l’accord sur le gaz d’Azerbaïdjan et pour imposer des sanctions diplomatiques et économiques aux régimes d’Aliev et d’Erdogan
– De préparer dans le cadre de l’ONU l’envoi immédiat d’une force de protection et d’interposition internationale. Si cela s’avérait impossible, la France ne doit pas se priver de la possibilité d’agir en toute indépendance, si les autorités arméniennes en font la demande et en coopération avec elles, pour protéger le peuple arménien et lui permettre de se défendre alors que son existence est menacée.
 
Parti communiste français, Paris, le 29 septembre 2023
L’exode forcé des Arméniens du Haut-Karabakh. Violence de l’indifférence
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27 septembre 2023 3 27 /09 /septembre /2023 07:11
Entretien avec Fadwa Khader, dirigeante communiste palestinienne présente à la Fête de l'Humanité, L'Humanité, 18 septembre 2023

Entretien avec Fadwa Khader, dirigeante communiste palestinienne présente à la Fête de l'Humanité, L'Humanité, 18 septembre 2023

 « Il y a une issue, ce n’est pas une impasse », Fadwa Khader, une palestinienne communiste et déterminée

Originaire de Jérusalem, la militante a passé sa vie à lutter pour la fin de l’impérialisme israélien et les droits des femmes, malgré les coups reçus. Cette année, elle plaidait la cause de son peuple à la Fête de l’Humanité.

Son sourire a beau être éclatant, sa détermination l’est encore plus. Derrière les pattes-d’oie et le regard noisette de Fadwa Khader, on discerne une vie à lutter contre l’occupation et la colonisation israéliennes. « Je suis née pour ça. Je suis née pour trouver un matin notre maison familiale, qui se trouve sur la route de Bethléem, confisquée par les Israéliens quand ils ont envahi la Palestine en 1967 », explique la communiste, membre du bureau politique du Parti du peuple palestinien (PPP).

« Quand nous avons dû déménager dans la vieille ville de Jérusalem, l’armée a scellé la porte avec de la cire rouge pour nous empêcher d’y entrer ! J’avais 10 ans quand ils ont commencé à bombarder la vieille ville pour l’occuper. C’est ma mère, toujours courageuse, qui m’a influencée, et a fait que j’ai milité dès l’âge de 19 ans. » Les années n’ont rien entamé de sa volonté. Outre son militantisme, elle est aussi directrice générale de l’association Sunflower (tournesol), essentiellement tournée vers l’environnement et vers les femmes, qui y trouvent des ateliers pour confectionner des sacs, qu’elles peuvent ensuite revendre sur les marchés. Une action concrète qui permet à chacune de trouver sa place dans une société palestinienne encore patriarcale.

« Nous, les femmes, avons mené la lutte quand nos hommes étaient enfermés »

Le week-end des 15, 16 et 17 septembre, comme chaque année depuis dix ans, elle arpentait les allées de la Fête de l’Humanité, multipliant les rencontres et les discussions, alertant sans relâche sur l’apartheid vécu par les Palestiniens.

« Je crois en la jeunesse et en son engagement, se réjouit-elle. Sans elle, il n’y a pas d’avenir, et nous avons besoin de ses forces. » Quand elle avait l’âge des jeunes qui ont la chance de la croiser, Fadwa Khader a surtout réussi à imposer la question féminine, avec la création d’un comité des femmes au sein du PPP. C’était à la fin des années 1970.

« Lors de la première Intifada (1987-1993 – NDLR), mon mari était à l’hôpital, raconte-t-elle. Les soldats israéliens sont entrés dans la chambre. Il leur a demandé s’ils venaient pour lui ou pour moi. Malheureusement, c’était pour l’enfermer lui. C’était très dur, comme quand ils ont arrêté mes deux fils. Mais il fallait que nous restions fortes, car nous, les femmes, avons mené la lutte quand nos hommes étaient enfermés. On se levait tôt pour peindre des slogans contre l’occupant israélien sur les murs, faire flotter le drapeau palestinien. »

Lors de la seconde Intifada, entre 2000 et 2005, l’État israélien a rouvert plusieurs prisons, dont Damoun, où les 51 femmes palestiniennes détenues ont vu leurs droits et leur dignité bafoués.

L’année dernière, la militante est même victime de violences physiques lors des commémorations liées à la mort de Shireen Abu Akleh, journaliste palestinienne tuée en 2022 par les forces israéliennes à Jénine. Sans respect pour la douleur de la famille, les soldats ont réprimé l’hommage de milliers de manifestants à notre consœur, frappant, tirant des grenades lacrymogènes à bout portant, manquant de faire tomber le cercueil, et laissant Fadwa Khader avec un visage tuméfié et un œil au beurre noir. « J’ai été rouée de coups par l’armée et la police, mais je n’arrêterai jamais, parce qu’il y a une voie, une volonté. Donc nous résistons pour exister et nous existons pour résister, comme le dit notre slogan. Nous continuerons de le faire, avec la jeune génération. »

« Des camarades juifs du Parti communiste israélien font entendre nos voix, et sont aussi frappés, voire enfermés »

Du soutien, les Palestiniens en ont besoin, car à Gaza et en Cisjordanie, d’où elle est originaire, leur situation se détériore jour après jour. « Cela fait soixante-quinze ans que nous combattons le gouvernement fasciste et sioniste d’Israël, et ça continuera jusqu’à ce que nous ayons notre indépendance et que nous puissions revenir dans notre capitale, Jérusalem, sans colons ni occupation. »

Pour cette lutte, la responsable du PPP peut compter sur les communistes du monde, y compris en Israël. « On se renforce l’un l’autre, il y a des camarades juifs du Parti communiste israélien qui agissent contre les colons, font entendre nos voix, et sont aussi frappés, voire enfermés, rappelle-t-elle. Nous continuons la lutte, des deux côtés, pour amener de plus en plus de candidats et d’activistes face à l’aile droite et fasciste du gouvernement israélien. Nous avons aussi des souffrances en commun, puisque les criminels sont couverts par le gouvernement d’Israël. Nous continuons donc de nous battre main dans la main. »

L’union et la justice, tels sont les thèmes que la Palestinienne a développés à l’occasion de plusieurs débats à la Fête de l’Humanité, sans jamais faiblir. « Il y a une issue, ce n’est pas une impasse », conclut Fadwa Khader, combative et pleine d’espoir.

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10 septembre 2023 7 10 /09 /septembre /2023 05:56

 

Le 15e sommet des BRICS qui s’est réuni à Johannesburg du 22 au 24 août fut un évènement de portée mondiale, bien davantage que les précédents. Non seulement parce qu’il bénéficia d’une large couverture médiatique, mais surtout parce que la phase de recomposition des rapports de domination mondiaux fait des BRICS la caisse de résonnance de la contestation de l’ordre du monde libéral issu des accords de Bretton Woods et de l’hégémonie unilatérale du dollar. Il manifeste une nouvelle donne internationale qui se cherche.

La part des BRICS dans le PIB mondial, calculée en parité de pouvoir d’achat, dépasse désormais celle du G7 (32 % contre 30 %). Cela cache cependant d’importantes disparités : la Chine en compte à elle seule 17,6 % et le second, l’Inde, est loin derrière avec 7 %. Signe de cette force d’attraction, 71 pays y ont participé au total, comme observateurs ou comme membres.

Les BRICS se sont formés dans les remous de la crise systémique du capitalisme de 2008. Ils ont en grande partie échappé à la vision du monde occidentale. Il est d’ailleurs révélateur qu’Emmanuel Macron, dans son discours au corps diplomatique le 29 août, ne les évoque qu’au détour d’une phrase au bout d’une heure de discours. Les BRICS offrent un cadre d’échange souple à ses membres, autour de sommets annuels des chefs d’État et de réunions au niveau ministériel. Ils ont également créé un cadre de coopération financière, qui reste cependant dépourvu de structure permanente. La seule institution commune est la Nouvelle Banque de développement, créée en 2014, siégeant à Shanghai et aujourd’hui présidée par Dilma Rousseff. Elle est ouverte aux demandes d’investissement des pays en développement. Le renforcement des BRICS n’est pas linéaire. Les évolutions à droite du Brésil et de l’Inde ainsi que les différences de positionnement de ses membres dans la rivalité entre la Chine et les États-Unis l’ont ralenti. La relance des BRICS est alimentée par la conjonction de trois évènements : la pandémie mondiale (souvenons-nous du refus des puissances occidentales de lever les brevets sur les vaccins !), le retour de Lula au pouvoir, puis la guerre en Ukraine. La politique occidentale est épinglée pour son « deux poids, deux mesures », alors qu’elle a manifesté un désintérêt total pour les guerres meurtrières qui ont ensanglanté le Yémen, que l’ONU qualifie de « crise humanitaire du siècle », et l’Ethiopie.

Le sommet de Johannesburg a entériné un élargissement significatif des BRICS, à six nouveaux pays : Iran, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Égypte, Éthiopie et Argentine. Deux grands États pétroliers y entrent, sur fond de rapprochement spectaculaire entre l’Arabie Saoudite et l’Iran sous l’égide de la Chine, ce qui change la donne au Moyen-Orient. Les BRICS élargis représenteront, à compter du 1er janvier 2024, 46 % de la population et 36 % du PIB mondial (dont 70 % par la Chine). Par ailleurs, l’adhésion de l’Arabie Saoudite et des Émirats permettra sans doute de renflouer la banque des BRICS. Cependant, le sommet a buté sur la question du renforcement de la coopération monétaire. La perspective de se dégager du dollar en utilisant les monnaies nationales devrait à terme déboucher sur une monnaie commune d’échange. Les banques centrales doivent préparer un rapport sur le sujet d’ici le prochain sommet.

Quelle analyse peut-on porter sur cette dynamique ? Incontestablement, les BRICS élargis représentent de nouvelles coopérations qui se cherchent en s’autonomisant des institutions de Bretton Woods et de certaines évolutions de la mondialisation capitaliste, qui a perdu sa dynamique, et à laquelle les États-Unis et les États du G7 veulent donner un aspect politique de plus en plus affirmé. C’est la « mondialisation entre amis » chère à la secrétaire au Trésor des États-Unis Janet Yellen. Dire cela ne revient pas à porter au pinacle un certain nombre d’États des BRICS dont les gouvernements ne sont ni démocratiques, ni anticapitalistes et encore moins des « modèles » de quoi que ce soit. Mais les BRICS, dans leur dynamique d’ensemble, manifestent un monde non occidental, ce qui ne signifie pas nécessairement « anti-occidental », souhaitant agir en faveur de relations internationales « plus équilibrées », comme l’analyse le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

Cependant, les contradictions internes sont nombreuses. La recomposition de l’ordre du monde et l’affirmation de nouvelles puissances génèrent des tensions fortes entre membres des BRICS, entre la Chine et l’Inde par exemple. Le positionnement des différents États dans cette recomposition mondiale n’est d’ailleurs pas le même. Autant pour l’Afrique du Sud ou le Brésil il s’agit de ne pas se laisser entraîner dans une compétition entre puissances mondiales, autant le gouvernement russe théorise un affrontement de longue durée avec l’Occident « et ses valeurs », sur une base par ailleurs réactionnaire. Nous verrons comment ces contradictions seront gérées lors du prochain sommet, en 2024, qui est annoncé à Kazan, en Russie. Les BRICS ne sont donc ni une alliance, ni un bloc mais un regroupement de pays dont les diplomaties sont souvent multi-vectorielles.

Par ailleurs, le G7, sous hégémonie étatsunienne, garde une cohérence et une force de frappe qui demeure plus forte que celle des BRICS. La dédollarisation est un processus long. L’hégémonie du dollar est contestée, affaiblie, mais elle n’est pas encore renversée. Le dollar reste dominant, en représentant la moitié du commerce mondial, 90 % des transactions quotidiennes sur le marché des changes et 60 % des réserves de change mondiales. Le renminbi a certes progressé depuis 20 ans, mais il ne représente pour l’instant que 7 % des transactions sur le marché des changes.

Il n’en demeure pas moins que le sommet des BRICS manifeste une aspiration à construire autre chose, un monde plus équilibré dans lequel le dollar et les États-Unis ne font plus la pluie et le beau temps. Notons d’ailleurs qu’à la différence de Washington, relativement prudent dans ses réactions, Emmanuel Macron a eu une réaction très vive, défensive, fustigeant les « velléités d’ordre alternatif ».

Tous ces éléments amènent à renforcer l’exigence de construction d’un autre ordre du monde, de peuples souverains et associés, fondé sur la paix et la coopération. Les propositions du PCF sur la paix, formulées par Fabien Roussel dans sa tribune dans le Monde du 17 juillet, ou de constitution d’une monnaie commune mondiale, sur des bases non pas de compétition mais de coopération, en utilisant les droits de tirage du FMI et plus largement de réforme du FMI et de l’ONU, sont une base d’initiatives politiques.   

 

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8 septembre 2023 5 08 /09 /septembre /2023 05:24

 

 

 

 

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1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 05:01
En Syrie, la colère sociale réveille le souvenir de la Révolution - Nadjib Touaibia, L'Humanité, 30 août 2023
En Syrie, la colère sociale réveille le souvenir de la Révolution

Bachar Al Assad est rattrapé par l’effondrement économique de son pays. La hausse des carburants provoque une réaction populaire vive dans la province druze. Les slogans éveillent le spectre du mouvement de 2011.

L'Humanité - Mercredi 30 août 2023

Où va la Syrie, après une guerre qui a fait 500 000 morts et des millions de déplacés ? Déclenchée dans la province de Soueïda, bastion de la communauté druze dans le sud du pays, à la suite de la levée des subventions sur les carburants à la mi-août, la colère populaire se répand sur le terrain politique.

Des centaines de Syriens descendent dans la rue depuis une dizaine de jours à Soueïda, scandent des slogans en opposition au régime de Bachar Al Assad, mènent des actions, dont l’interdiction de l’accès aux permanences du parti Baas au pouvoir et le blocage des rues, organisent des « veillées révolutionnaires ».

Le mouvement gagne d’autres régions : Deraa (berceau de l’insurrection de 2011), au sud, Alep, au nord et Deir Ez-Zor – ville reprise à l’« État islamique » en 2017 – à l’est. Mais, contenu, il n’atteint pas la capitale, Damas, dont les localités alentour sont quadrillées par l’armée. « Le pouvoir déploie, depuis lundi, ses forces de sécurité aux portes de la capitale syrienne, craignant l’infection de Soueïda », commente le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat.

L’inflation, carburant de la révolte

Le régime ne réprime pas pour l’instant ce qui prend la tournure d’une insurrection et les forces de sécurité ne sont pas présentes lors des rassemblements à Soueïda, ou évitent d’être au contact des manifestants. Les autorités agissent en revanche auprès des figures religieuses druzes, lesquelles soutiennent la contestation, mais n’en appellent pas moins à une mobilisation pacifique.

Les Druzes représentent environ 3 % de la population syrienne. Leur province est restée à l’écart du conflit qui a déchiré le pays. La région compte parmi celles où la « main de fer du régime » n’agit plus vraiment, ce qui expliquerait les réactions spontanées et fermes à la hausse du prix des carburants, dans un contexte économique dégradé pour les ménages.

Selon le site Syria TV, « les prix augmentent de 100 % en un mois. Cela s’applique à tous les produits alimentaires de base, l’huile d’olive, dont le prix est passé de 9 000 livres syriennes à 33 000 livres », soit une hausse d’environ 12 euros.

Le régime de Bachar Al Assad est rattrapé par la régression économique que traverse le pays après une guerre civile des plus meurtrières. Mais il reste difficile de mesurer la menace politique. « La population de Soueïda se mobilise contre la corruption, la violence d’État, l’incursion des chabiha (gangs mafieux liés au clan Assad – NDLR), le passage de la drogue, et elle a aussi le sentiment que la mort du régime approche », écrit Saba Madawar sur le site syrien Al-Modon.

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 05:45
Victor JARA, justice enfin - par Dominique Noguères
Victor JARA, justice enfin
 
Yo no canto por cantar
ni por tener buena voz,
canto porque la guitarra
tiene sentido y razón.
 
La Cour Suprême du Chili vient de rendre une décision définitive de 25 ans de prison contre les 7 militaires , maintenant retraités, pour les délits de séquestration et homicide du chanteur Victor Jara, Victor Jara militant du parti communiste et membre du gouvernement d’Union Popular de Salvador Allende. a été détenu le 12 septembre 1973 un jour après le coup d’état et assassiné peu de jours après.
Ce fut un des crimes les plus symboliques de la dictature.
La procédure concernant la mort de Victor Jara était un des cas relevant de la justice chilienne qui a mis le plus de temps à aboutir.
Cette sentence définitive arrive seulement 15 jours avant la commémoration au Chili des 50 ans du Coup d’Etat dans ambiance de forte polarisation sociale sur le récit officiel des faits du 11 septembre 1973
Il n’est jamais trop tard pour que justice soit rendue mais que ce fut long…….
 
Dominique Noguères
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24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 13:28
Démocratie en Israël et libération de la Palestine : même combat - Par Patrick Le Hyaric, L'Humanité, 23 août 2023
Démocratie en Israël et libération de la Palestine : même combat
 
Mercredi 23 août 2023 - L'Humanité
 

Le puissant mouvement qui perdure en Israël contre la refonte judiciaire soulève deux questions fondamentales liées entre elles : la démocratie et l’enjeu de la coexistence de deux États – Israël et la Palestine - vivant côte à côte et en paix. Deux questions restant taboues dans la plupart des chancelleries notamment aux États-Unis et en Europe, soutiens inconditionnels des différents gouvernements israéliens malgré leurs violations constantes des résolutions des Nations Unis.

Deux tiers des Israéliens demandent le retrait du projet de loi permettant la transformation de leur système judiciaire et par voie de conséquence du régime politique de leur pays contre les principes proclamés dans la Déclaration d’établissement de l’État d’Israël, couramment appelée Déclaration d’indépendance. Certes, ceux-ci sont souvent restés théoriques, mais le fait qu’ils se réfèrent à des règles d’État de droit, de séparation des pouvoirs, tout en garantissant la liberté de conscience constitue un point d’appui pour que les citoyens, les associations puissent se défendre.

On sait que ceux qui clament que l’État israélien est la plus grande démocratie du Proche-Orient cachent les violations permanentes de ces principes comme notamment l’engagement d’assurer « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ». Ceux-ci pouvaient cependant constituer une garantie – certes fragile -, un levier, une base juridique permettant aux citoyens, aux associations, aux mouvements démocratiques y compris de la minorité palestinienne d’Israël de saisir la Cour suprême – seule instance de référence ultime en l’absence de Constitution - lorsqu’ils considéraient que des droits fondamentaux étaient bafoués.

C’est cela que la coalition ultra-réactionnaire d’extrême droite composée de religieux intégristes, d’adepte du suprémacisme juif veut rayer d’un trait de plume. Elle veut s’assurer un total contrôle de la Cour suprême. Les décisions de celle-ci ne pouvaient jusque-là faire l’objet d’appel. Elle pouvait contester une décision du pouvoir exécutif au nom d’une « clause de raisonnabilité ». La réforme en cours prévoit de supprimer ce dispositif qui donnait le droit à la Cour de rejeter une loi, un décret jugé… « Déraisonnable ».

Cependant, ne le cachons pas ! Tout en étant un atout pour des associations de défense des libertés, maintes décisions de cette instance suprême n’ont pas constitué un barrage contre l’occupation militaire, les persécutions contre les Palestiniens et les discriminations envers les Palestiniens israéliens. Ainsi, alors même que cette réforme n’est pas encore applicable – la Cour suprême doit en décider à partir du 12 septembre- on recense, depuis le début de cette année, la construction en Cisjordanie occupée de 13 000 logements supplémentaires dans les colonies, sans compter les dizaines d’ « avant-postes illégaux » * (terme officiel pour des projets d’installation « sauvage » de nouvelles colonies) régulièrement « légalisés » depuis le début cette année. Mais cela ne suffit pas pour la coalition ultra-droitière et raciste au pouvoir. Ils veulent accélérer le projet du « Grand Israël » en empêchant définitivement la création d’un État de Palestine. C’est du reste ce que stipule leur accord de gouvernement : «  Le peuple juif a droit exclusif et inaliénable sur la terre d’Israël ; le gouvernement développera l’implantation partout, y compris en Judée-Samarie ». (autrement dit en Cisjordanie). C’est le projet en cours d’installations de 500 000 à 1 million de colons sur le sol de Palestine tout en parquant les habitants palestiniens dans des sortes de bantoustans sans droits, à défaut de pouvoir les faire fuir.

La volonté du gouvernement de s’accaparer les pleins pouvoirs en réduisant à néant le rôle de la cour suprême, après les lois sur « l’État-nation » devient donc bien le moyen politique et juridique de l’annexion définitive de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, tandis que la bande de Gaza reste une prison à ciel ouvert.

Le processus ne date pas d’hier. Depuis la conquête de ces terres palestiniennes en 1967, tous les gouvernements, ceux classés à gauche comme ceux de droite ont développé une même stratégie de colonisation devant aboutir, peu ou prou, à une annexion. Le pouvoir actuel est tout à la fois une résultante de cette politique et de sa mise au grand jour, sans fard et faux semblants, sans actions concrètes des États-Unis et de l’Union européenne pour l’empêcher.

Cette transformation juridique allie d’un même mouvement l’étranglement des libertés pour les citoyens Israéliens eux-mêmes, des dispositions sexistes et homophobes, et le renforcement de l’occupation militaire et la colonisation. Rien ne dit qu’un tel État théocratique et ethniciste prônant « la préférence nationale » ne conditionnerait pas l’attribution de la citoyenneté israélienne aux Juifs selon un certain nombre de critères de reconnaissance de la judéité déterminée par les clans religieux les plus puissants. Les populations israéliennes ont donc raison d’être inquiètes et d’agir. Elles se trouvent dans une contradiction que notre solidarité de combat devrait aider à dépasser.

La coalition portée au pouvoir lors de scrutin de l’an dernier n’était sans doute pas ce que souhaitaient nombre d’électeurs : chacun a voté pour son clan en dépit de ses capacités à gouverner. Nombre de citoyens Israéliens ne s’attendaient sans doute pas à la naissance d’un monstre hybride jailli des laboratoires des droites dont B Netanyahou échappant aux poursuites judiciaires est devenu la tête incontestée sous peine d’éclatement de l’ensemble. C’est en effet, un vote au scrutin proportionnel intégral à un seul tour qui a permis cette majorité fascisante à la Knesset. De fait, dans de multiples secteurs de la société israélienne, l’inquiétude grandit sur l’avenir de la nation née, il y a seulement 75 ans.

Cela complique la construction d’un rapport de force dans la rue alors que les puissances occidentales si promptes à se gargariser du respect de la Charte des Nations-Unies laissent faire. Et le pouvoir israélien profite de ce moment critique où les yeux sont tournés vers la guerre en Ukraine. Voilà qui oblige plus que jamais à notre solidarité envers un peuple miné par les inégalités, une classe ouvrière qui paie un lourd tribut du fait des dépenses pour la colonisation. Le mouvement est si profond que plus de 10 000 réservistes dont des officiers de haut rang ont décidé de ne plus servir le pouvoir, des responsables des services de sécurité protestent dans la presse, des secteurs du patronat contestent la réforme en cours, le syndicat Histadrout menace d’une grève générale. Ce puissant mouvement peut créer des conditions nouvelles pour un bilan de l’histoire et des remises en cause au sein de la société israélienne, et une revitalisation des forces de gauche parmi lesquelles il faut saluer le combat courageux de nos amis du Parti communiste israélien.

À une essentielle condition : le retour d’Israël dans ses frontières d’avant la guerre de juin 1967. Des personnalités de premier plan, notamment dans l’armée prennent conscience que les choix politiques consistant à bafouer les décisions de l’ONU ouvrant la voie à l’existence de deux États sont non seulement une impasse, mais une menace pour l’existence même d’Israël. Un ancien général de l’armée israélienne, M. Amiran Levin après avoir qualifié l’armée israélienne de « partenaire de crime de guerre » « lorsqu’elle assiste sans rien faire aux attaques de colons israéliens contre des Palestiniens a lancé cette alerte.  "Nous sommes en train de nous tuer de l’intérieur", s’est-il exclamé sur la chaîne de télévision publique Kan.

Dans les manifestations en Israël, des pancartes portent le slogan ". Non au fascisme" mais aussi de moins en moins rarement "pas de démocratie avec l’occupation". Il est vrai qu’un "peuple qui en opprime un autre ne peut pas être libre" .

Les Palestiniennes et Palestiniens subissent actuellement, une accélération de la dégradation de leur situation, un renforcement de l’occupation découlant de la stratégie engagée par le gouvernement d’ultradroite raciste sous la baguette de M. Netanyahou.

Malgré la dureté de la vie imposée aux enfants, aux femmes, aux travailleurs en Cisjordanie, avec courage et détermination le peuple palestinien refuse de plier. Les actions de résistance se multiplient. Les Palestiniennes et Palestiniens sont dans leur droit. Ceux que l’on appelle en Israël »les résidents d’avant-postes« , »c’est-à-dire les colons qui volent des terres pour élargir les colonies ou en implanter de nouvelles ont accentué les violences ces derniers mois avec 600 attaques contre des Palestiniens et leurs biens***. L’armée n’a pas contesté ce chiffre. Le pogrom perpétré par des colons dans la ville de Huwara en février dernier sans que l’armée n’y mette fin, l’équipée sauvage, officiellement initiée, de plus de mille militaires dans le camp de réfugiés de Jénine début juillet, avec des bulldozers rasant des habitations, des drones tueurs, et même un tir de missile tuant douze personnes et blessant 118 autres, sont des éléments d’une escalade dans la violence. La « vengeance » proclamée par M. Ben Gvir, le « ministre de la sécurité nationale » est le prétexte pour aboutir à une guerre totale destinée à écraser un peuple qui ne se laissera pas faire. Il luttera jusqu’au bout pour disposer de sa terre et de son État.

Nous sommes à ses côtés pour l’application du droit international : deux États dans les frontières de 1967, démantèlement des colonies Israéliennes, libération du territoire de Gaza, fin du système d’apartheid, libération de tous les prisonniers politiques dont Marwan Barghouti est la figure de proue. Le peuple Palestinien a urgemment besoin de bénéficier d’un mécanisme de protection internationale sous l’égide de l’ONU.

Notre solidarité pour le droit et les libertés en Israël et pour ouvrir la voie à la création de l’État de Palestine dans les frontières de 1967 doit considérablement se renforcer. Il n’y aura pas de liberté et de mieux vivre, en Israël tant que ce pays oppressera, spoliera, occupera La Palestine.

* « avant-postes » installations sauvages de colons sur le territoire palestinien qui constituent par la suite des colonies légalisées par le pouvoir israélien. *
 
 
Démocratie en Israël et libération de la Palestine : même combat - Par Patrick Le Hyaric, L'Humanité, 23 août 2023
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17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 06:30
En Palestine, des élus français pour la solidarité en actes - Marion D'Allard, L'Humanité
En Palestine, des élus français pour la solidarité en actes

Venue des quatre coins de France, une délégation de maires, de responsables associatifs et de syndicalistes s’est rendue, fin juin, en Cisjordanie occupée à l’invitation de l’Association de jumelage des camps de réfugiés palestiniens avec les villes françaises.

Publié le
Mardi 18 juillet 2023

Cisjordanie occupée, envoyée spéciale.

Se rendre en Palestine n’est jamais anodin. Y aller dans le cadre d’une délégation de l’Association pour le jumelage des camps de réfugiés palestiniens avec les villes françaises (AJPF) l’est sans doute encore moins.

Fin juin, une petite quarantaine d’élus, de responsables d’associations et d’organisations syndicales, venus des quatre coins de France, ont fait le voyage, à l’invitation de l’association créée en 1999 par le militant communiste Fernand Tuil et le Palestinien Ahmed Muhaisen, aujourd’hui disparus.

Si les deux tiers d’entre eux n’avaient jamais mis les pieds en Palestine occupée, tous y sont allés avec un objectif : faire vivre la solidarité concrètement et sur le terrain, porter haut les revendications de la reconnaissance d’un État palestinien et du droit au retour des réfugiés.

Un voyage initiatique

« J’imaginais que ce serait comme un voyage initiatique, et ça l’a été », confie Stéphane Buisine, conseiller municipal à Limay, jumelée depuis plus de vingt ans avec le camp de réfugiés de Shuafat. Avec Djamel Nedjar, maire communiste de cette ville des Yvelines, ils ont profité de leur passage en Palestine pour rencontrer le responsable du comité de résistance populaire de Shuafat.

Une séance de travail au cours de laquelle « on a beaucoup travaillé sur la question des déchets, de l’éducation et de l’intégration des femmes », détaille Stéphane Buisine. Pas de jumelage encore mais un premier voyage aussi, pour Carole Thomas. Élue à la solidarité à la mairie d’Alba-la-Romaine (Ardèche), elle mesure désormais « la réalité d’un système colonial, la toute-puissance de l’État israélien qui grignote le territoire palestinien ».

Si embarquer la population de sa ville dans un grand projet de coopération décentralisée lui semble pour l’instant prématuré, Carole Thomas assure que d’autres passerelles existent pour créer des liens de solidarité. Construire des projets d’échanges autour de l’archéologie en fait partie.

Lui aussi du voyage, Samy Charifi Alaoui a troqué, le temps d’une petite semaine, sa casquette de cheminot contre une bonne paire de baskets. Secrétaire général du secteur fédéral de la CGT cheminots de la région Paris-Est, il est « venu dans l’idée de (s)’engager dans une coopération avec un camp de réfugiés ». Mais les jours passant, les rencontres se faisant, les choses ne se sont pas passées comme prévu.

« La conviction très forte que c’était là que notre engagement serait utile »

« À Masafer Yatta, quand je me suis assis dans cette petite école menacée de destruction, j’ai tout de suite eu la conviction très forte que c’était là que notre engagement serait utile », confie le syndicaliste. Dans cette zone semi-désertique du sud de la Cisjordanie, les populations de tradition bédouine subissent quotidiennement les assauts de la colonisation. Il lui fallait acter un engagement concret.

Et c’est sous la forme d’une prise en charge financière du salaire d’une dizaine d’animateurs qu’il s’est concrétisé. « Les gamins du coin étaient même privés de leur camp d’été. On a fait en sorte qu’il puisse avoir lieu », sourit Samy.

Dans le camp de réfugiés de Nur Shams, dans le gouvernorat de Tulkarem, c’est une tout autre ambiance qui attendait les élus de la petite ville armoricaine de Rostrenen. Hymnes nationaux, spectacle de danse traditionnelle, la signature officielle de l’accord de coopération s’est faite en grande pompe.

Un brin impressionné, Guillaume Robic explique que « la grandeur de la cérémonie est à la hauteur de l’espoir que suscite ce genre d’accord ». Le maire de Rostrenen n’en était pas à sa première visite en Palestine. Sur place, il a constaté l’aggravation des tensions. « Il y a ici un véritable apartheid, un colonialisme territorial doublé d’un impérialisme culturel qui laissent un sentiment très fort de colère et d’indignation. »

Yveline Le Briand ne le contredira pas. Première adjointe à la mairie de Grigny (Essonne), elle est venue officialiser une démarche de jumelage, entamée un an plus tôt par Philippe Rio, le maire communiste de sa ville, avec le camp de réfugiés d’Aïda, au nord de Bethléem. Sensibilisée à la cause palestinienne, Yveline concède que ce voyage a eu sur elle l’effet d’un électrochoc. « Savoir est une chose, mais le vivre, être témoin de ce traitement réservé aux Palestiniens dans le silence ahurissant de la communauté internationale, dépasse l’entendement », confie l’élue.

La montée en tension de la situation sur place, constatée par toutes celles et tous ceux qui connaissaient le terrain, va de pair avec l’extrême-droitisation du pouvoir israélien, explique Isabelle Tordjman-Tuil.

Elle qui vient « depuis trente ans en Palestine » a vu « la colonisation s’intensifier ». « Les populations palestinienne et israélienne sont de plus en plus isolées les unes des autres », déplore la militante. Avant de conclure, sans jamais se lasser, que « la paix se fera par les peuples ».

La maire communiste de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, a pris la présidence de l’Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) en janvier dernier. Elle s'est rendue avec une délégation d'élus fin juin en Palestine

La maire communiste de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, a pris la présidence de l’Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) en janvier dernier. Elle s'est rendue avec une délégation d'élus fin juin en Palestine

Palestine : « En tant qu’élu, notre premier devoir est de témoigner »

La maire communiste de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, a pris la présidence de l’Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) en janvier. Charlotte Blandiot-Faride revient sur l’engagement de l’association auprès du peuple palestinien et interpelle directement le gouvernement français sur la situation.

Publié le
Mardi 18 juillet 2023
La maire communiste de Mitry-Mory, en Seine-et-Marne, a pris la présidence de l’Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) en janvier dernier. Elle s'est rendue avec une délégation d'élus fin juin en Palestine
 
 

Chaque année, l’AJPF (Association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises) organise le déplacement de délégations d’élus en Palestine et dans les camps de réfugiés, en Cisjordanie et au Liban. En quoi est-ce essentiel ?

Il n’y a pas meilleure façon de se rendre compte de la situation que d’y aller. Constater ce que subissent chaque jour les Palestiniens, ce que perpètrent une armée et un gouvernement colonial. L’AJPF s’est constituée, en complémentarité de beaucoup d’autres associations qui luttent pour les droits du peuple palestinien, avec une certitude : les liens tissés entre les peuples peuvent faire gagner la paix.

Alors que la question palestinienne a été reléguée au second rang des priorités internationales, que les médias dominants parlent peu et mal de ce conflit, envoyer sur place des élus de la République – mais pas que – permet de constater l’oppression, le mépris, la haine même qui s’abattent sur ce peuple dans le silence assourdissant de la communauté internationale, qui condamne, certes, de temps en temps, les actes du gouvernement et de l’armée israélienne, mais sans jamais prononcer de sanctions.

Pourtant, on l’a vu avec la guerre en Ukraine, elle a les moyens d’agir. En parallèle, lors de ces délégations, l’AJPF s’oblige à travailler avec un panel de partenaires locaux, responsables politiques palestiniens ou personnalités issues de la société civile – y compris israélienne. L’AJPF ne cherche pas à imposer un récit mais à opposer le réel aux préjugés.

Quelles actions menez-vous sur le terrain ?

Le but de notre association est avant tout de créer des réseaux, des liens privilégiés avec les camps de réfugiés palestiniens. Il appartient ensuite à chacun de développer des projets en fonction des besoins, des affinités, des capacités d’investissement. Ce lien de jumelage est d’abord politique. Nous militons pour la reconnaissance de l’État de Palestine et du droit au retour des réfugiés. Mais pas seulement.

Le jumelage ou la coopération décentralisée permettent également des échanges culturels, sportifs ou de solidarité. Soutien scolaire, formation d’animateurs socioculturels, financement de centres de santé, projets d’assainissement ou de traitement des déchets, accueil en vacances de jeunes Palestiniens… le panel d’actions possibles est large.

C’est grâce à cela que, par exemple, des jeunes Palestiniens du camp de Balata (dans les environs de Naplouse, au cœur de la Cisjordanie occupée – NDLR), ont pu, en se rendant à Mauléon (Deux-Sèvres), voir la mer pour la première fois.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la situation sur place ?

Je suis allée en Palestine pour la première fois il y a dix ans, et j’y suis retournée quatre fois depuis. À tous les niveaux, la situation s’est largement durcie et profondément dégradée, y compris ces derniers mois. Depuis janvier, le nombre d’incursions israéliennes dans les camps et les villages palestiniens a explosé, avec plus de 200 Palestiniens tués en quelques mois à peine.

Il est particulièrement frappant de constater à quel point les colons agissent violemment, encore plus que l’armée parfois. Ils détruisent des maisons, incendient des terres agricoles et des véhicules, assassinent en toute impunité.

En face, le peuple palestinien fait preuve d’une immense résilience, mais, coupé géographiquement de ses voisins et ignoré de la communauté internationale, il ressent aussi une profonde lassitude, un véritable sentiment d’isolement.

En tant qu’élue, quel message adressez-vous au gouvernement français et à l’Union européenne ?

Notre premier devoir est de rendre compte, clairement, de ce que nous avons constaté et vécu sur place. Il est évident qu’à chaque fois que la communauté internationale réagit sur la situation des Palestiniens, la réponse n’est pas à la hauteur du préjudice subi. L’ONU a reconnu à plusieurs reprises que l’État d’Israël bafouait le droit international.

Dans certaines villes palestiniennes, comme Hébron, les soldats, armés jusqu’aux dents, qui ont contrôlé plusieurs fois l’identité des membres de notre délégation et retenu pendant des heures nos accompagnateurs palestiniens sans raison, étaient franco-israéliens. C’est-à-dire que, là-bas, certains de nos compatriotes se sentent tout-puissants.

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