Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 07:58
Une rue Rosa Luxemburg à Brest pour le 150e anniversaire de la naissance de la grande militante révolutionnaire
Il y a 150 ans, le 5 mars 1871, naissait Rosa Luxemburg, révolutionnaire, militante communiste et théoricienne marxiste allemande.
La section du pays de Brest du PCF se félicite que la municipalité brestoise vienne de lui rendre un juste hommage en nommant une rue sur proposition des communistes .
 
En 1910 à Copenhague elle sera au coté de son amie Clara Zetkin, rédactrice en chef de la revue féministe L’Egalité ,qui menait une campagne internationale, pour que la journée du 8 mars soit retenue comme "Journée internationale de la femme", pour commémorer la lutte des femmes en particulier pour le droit de vote et de meilleures conditions de travail, lors d’une conférence des femmes socialistes.
Profondément internationaliste, et farouchement opposée à la Première guerre mondiale qui vient d'éclater, elle fonde notamment avec Karl Liebknecht et Clara Zetkin le "Gruppe Internationale", qui deviendra par la suite la Ligue Spartakiste, et ensemble ils appellent les socialistes du SPD à ne pas voter les crédits de guerre à l'Allemagne. Cependant les sociaux-démocrates comme la plupart de leurs homologues européens voteront ces crédits de guerre.
Rosa Luxemburg sera emprisonnée pour ses prises de positions contre la guerre.
En janvier 1917, alors qu'elle est encore en prison, elle est exclue du SPD ainsi que tous les socialistes opposés à la guerre.
En 1918 éclate la Révolution allemande, des conseils de soldats puis des conseils ouvriers se forment. En octobre la constitution est modifiée et l'Allemagne devient un régime parlementaire. Rosa Luxemburg est libérée le 10 novembre 1918.
Alors au pouvoir, les socialistes du SPD optent pour une stratégie réformiste. Les Spartakistes menaient par Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht s'y opposent fermement revendiquant le pouvoir au Conseils ouvriers et souhaitent que se forme une République des conseils.
En janvier 1919, les spartakistes avec d'autres révolutionnaires organisent un congrès qui aboutit à la formation du Parti communiste d'Allemagne (KPD).
Le 5 et 6 janvier, les ouvriers berlinois s'insurgent suite à la décision du ministre-président Paul Hirsch (SPD), le 4 janvier, de congédier le préfet de police de Berlin Emil Eichhorn proche des révolutionnaires.
L'insurrection est écrasée dans le sang par les corps-francs, militaires envoyés par le ministre social-démocrate Gustav Noske pour réprimer durement les ouvriers insurgés.
Arrêtée le 15 janvier 1919 pour avoir organisé l'insurrection, Rosa Luxemburg sera assassinée d'une balle dans la tête dans la voiture qui était censée l'amener en prison.

Pour accompagner l'hommage qui est rendu à Rosa Luxemburg par la ville de Brest, retrouvons la saine et réjouissante colère de Rosa Luxemburg écrivant de prison le 28 décembre 1916 cette lettre au vitriol à une dirigeante socialiste et femme de dirigeant, ralliés tous deux à l'Union Sacrée: Mathilde Wurm.  Cette lettre a fait l'objet d'une interprétation théâtrale au Quartz par Anouk Grimberg dans son magnifique spectacle sur les lettres de prison de Rosa Luxemburg, où l'on voit toute la profondeur, l'intelligence et la spiritualité vraie de la militante communiste.   

 

La lettre de Noël de Rosa Luxemburg

 

" Ma chère Tilde!

Je tiens à répondre sur le champ à ta lettre de Noël, avant que ne retombe la colère qu'elle a fait naître en moi. Oui ta lettre m'a mise en rage, parce que si courte soit-elle, chaque ligne montre à quel point tu es retombée sous l'emprise de ton milieu. Ce ton geignard, et ces jérémiades à propos des "déceptions" que vous auriez subies, imputables aux autres soi-disant, alors qu'il vous suffirait de vous regarder dans une glace pour voir la réplique la plus parfaite de ce que l'humanité a de pitoyable!

Voilà maintenant que tu dis "nous" pour parler de ce tas de grenouilles nauséabondes, alors qu'autrefois, quand tu étais avec moi, "nous" désignait ceux de mon bord. Alors attends voir, je vais t'en donner moi, du "vous"!

Vous avez "trop peu d'élan" à mon goût, dis-tu mélancoliquement. "Trop peu" ne serait pas si mal! Vous n'avez pas d'élan du tout, vous rampez. Ce n'est pas une différence de degré, mais de nature. Au fond, "vous" êtes d'une autre espèce zoologique que moi, et vos personnes chagrines, moroses, lâches et tièdes ne m'ont jamais été aussi étrangères, je ne les ai jamais autant détestées qu'aujourd'hui. Çà vous dirait bien d'"avoir un peu d'élan", écris-tu, seulement après, on se retrouve au trou, "et là on ne sert plus à grand chose". Ah! quelle misère que vos âmes d'épiciers! Vous seriez prêts à la rigueur à montrer un peu d'"héroïsme", mais seulement "contre monnaie sonnante", et tant pis si on ne vous donne que trois pauvres sous moisis, pourvu que vous voyiez toujours le "bénéfice" sur le comptoir. 

Ils n'ont pas été dits pour vous les mots tout simples de cet homme honnête et droit: "Je suis là, je ne puis faire autrement, que Dieu me vienne en aide"*. C'est une aubaine qu'à ce jour, l'histoire du monde n'ait pas été faite par vos semblables, sinon, nous n'aurions pas eu la Réforme, et nous en serions sans doute encore à l'Ancien Régime.

Pour ce qui est de moi, qui n'ait jamais été tendre, je suis devenue ces derniers temps comme de l'acier poli, et plus jamais je ne ferai la moindre concession, ni en politique ni dans mes relations personnelles. Il suffit que je me rappelle la galerie de tes héros pour que ça me flanque un cafard noir: le gentil Haase, Dittmann, avec sa jolie barbe et ses jolis discours au Reichstag, Kautsky, le pâtre vacillant, suivi fidèlement, comme de bien entendu, par ton Emmanuel, - pour le meilleur et pour le pire, Arthur le magnifique - ah, je n'en finirai!

Je te le jure: j'aimerais mieux rester enfermée - et je ne dis pas ici, où je suis à tous les points de vue comme au paradis, mais même dans le salle trou de l'Alexanderplatz, où dans ma cellule de 11 m3, sans lumière le matin ni le soir, coincée entre le WC (sans W!) et le lit de fer, je déclamais mon Mörike, plutôt que de "lutter" - si l'on peut dire - aux côtés de vos héros, ou simplement d'avoir affaire à eux... Je te le dis, dès que je pourrai mettre le nez dehors, je prendrai en chasse et harcèlerai votre bande de grenouilles, à son de trompe, à coup de fouet, et je lâcherai sur elle mes chiens - j'allais dire comme Penthésilée, mais pardieu, vous n'êtes pas des Achille.

Ça te suffit, comme vœux de nouvel an?

Et puis... Fais donc en sorte de rester un être humainC'est ça l'essentiel: être humain. Et ça, ça veut dire être solide, clair et calme, oui, calme, envers et contre tout, car gémir est l'affaire des faibles. Être humain, c'est s'il le faut, mettre gaiement sa vie toute entière "sur la grande balance du destin" tout en se réjouissant de chaque belle journée et de chaque beau nuage. Je ne sais pas, hélas, donner de recettes, je ne sais pas dire comment on fait pour être humain, je sais seulement comment on l'est, et tu le savais toi aussi, chaque fois que nous nous promenions quelques heures dans la campagne de Südende, et que les rougeoiements du soir se posaient sur les blés. Le monde est si beau malgré toutes les horreurs, et il serait plus beau encore s'il n'y avait pas des pleutres et des lâches. Allez va! Je te fais un baiser, car tu es, malgré tout, un brave petit gars. Bonne année!

R. "

Partager cet article
Repost0
2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 06:20

 

Après la crise sanitaire, la pénurie de masques et de respirateurs, faut-il encore démontrer qu’un pays nécessite une industrie solide, à même de satisfaire les besoins de sa population ? Mais la distance est grande du besoin à la réalité...

*Alain Audier est secrétaire CGT du CSE de Arcelor-Mittal Méditerranée. Jean-Claude Cheinet est ancien maire adjoint de Martigues, ancien président du CYPRES.

Les activités industrielles sont implantées pour trouver preneurs à leurs produits, et donc répondre, directement ou non, aux besoins des populations. Mais la propriété privée des moyens de production a introduit un biais : produire plus pour maximiser les profits et réduire les coûts de production en pesant sur les salaires et les conditions de travail, en restreignant les investissements et en « externalisant » le traitement des effluents et sous-produits par des rejets dans la nature ou en les laissant à la charge des collectivités.

La grande industrie a atteint, voire dépassé, les limites de ce modèle. Risques d’accidents, pollutions et maladies en sont la matérialisation.

Depuis les débuts de l’industrialisation, les ouvriers et salariés ont veillé à leurs conditions de travail... Les luttes ouvrières ne sortaient de l’usine que temporairement. Or les salariés de l’usine sidérurgique Arcelor-Mittal de Fos-sur-Mer ont à la fois imposé un redémarrage du haut-fourneau arrêté depuis plusieurs mois et créé un comité de surveillance de l’activité industrielle du golfe de Fos et son impact environnemental (CSAIGFIE) ouvert à la population et aux élus. Une nouveauté importante qui dépasse les champs traditionnels d’intervention des syndicats.

 

LES LUTTES DANS LES USINES

Depuis les débuts de l’industrialisation, les ouvriers et salariés ont veillé à leurs conditions de travail (heures travaillées, salaires, mais aussi risques et santé au travail). Des lois sont venues consacrer des avancées ; pour les gagner, les salariés ont pesé par leur maîtrise de la production (grèves) de l’usine dans un face-à-face avec le patron. Les luttes ouvrières ne sortaient de l’usine que temporairement et souvent pour défendre une usine menacée de fermeture. Luttes importantes, mais dont l’objectif épargne pour l’essentiel la domination de la bourgeoisie.

Celle-ci garde la conduite générale des installations, édicte les décisions d’investissements et l’orientation générale de la production ; sur le plan global elle conserve son rôle dirigeant, maîtresse de l’avenir du pays.

 

À QUI LE « RÔLE DIRIGEANT » ?

La crise sanitaire et la cacophonie des masques montrent la faillite de ce modèle liant mondialisation et désindustrialisation. En revanche, la démocratie se construisant (à notre stade de civilisation) dans un cadre national, c’est l’État national qui doit jouer un rôle moteur; il ne le peut qu’en affrontant les logiques ultralibérales. Rien de spontané. Alors, comment l’y amener ? C’est tout un champ qui s’ouvre où classe ouvrière et salariés prennent la relève des bourgeoisies : en avançant des objectifs qui prennent en compte l’intérêt élargi des salariés et globalement des populations,ils conquièrent ce rôle dirigeant. En sortant de l’usine pour avancer des objectifs plus généraux, les organisations de salariés prennent alors en charge l’environnement, le cadre de vie, l’aménagement du territoire au même titre que les luttes sociales traditionnelles... et elles peuvent unir autour d’elles.

 

UNE ÉCOLOGIE DÉPASSÉE CAR « À L’ENVERS »

Depuis la Révolution française, la propriété privée est sacrée. Ainsi, l’industriel peut faire ce que bon lui semble dans son usine – et protéger ses « secrets de fabrication » –, mais il ne doit pas porter atteinte à la jouissance de propriété de ses voisins. C’est donc à l’État de jouer les arbitres, aussi les installations industrielles sont déclarées et sont soit autorisées, soit soumises à enquêtes et contrôles des autorités préfectorales par le biais des DREAL.

Traditionnellement, les organisations de salariés, qui sont en première ligne, ont donc réclamé la transparence sur les produits et les rapports sur les accidents, mis en avant les risques, demandé leur prévention par des contrôles accrus, des amendes grossies (ces revendications dépend de l’État et des industriels eux-mêmes... donc les accidents ont continué... Lubrizol récemment). L’efficacité de ces revendications dépend de l’État et des industriels eux-mêmes... donc les accidents ont continué.

La ministre de la Transition écologique promet plus de contrôles en nombre ; ce faisant, elle baptise carpe le lapin : car à moyens constants en personnels, si le nombre des contrôles augmente, chacun sera superficiel et fera appel à l’« autocontrôle », par les industriels eux-mêmes donc,qui sont ainsi juges et parties.

 

DES AVANCÉES...

Pourtant en 1971, dans un contexte politique particulier, une avancée considérable a eu lieu sur la zone Fos-étang de Berre. Pour surveiller les pollutions, réduire les risques et alerter les populations ont été créées plusieurs structures placées sous l’autorité du préfet mais réunissant tous les acteurs : État, industriels, élus locaux, salariés et associations de riverains ; ainsi, SPPPI, Airfobep (Atmo Sud) puis CYPRES ont vu le jour. Approche innovante où l’État était en mesure d’imposer des limites aux industriels. Les rejets polluants locaux ont été rapidement réduits de 90 % dans l’eau et de 60 % dans l’air. Ces structures ont ensuite été imitées partout en France.

Après l’explosion d’AZF Toulouse, la ville de Martigues a créé une commission extramunicipale vite reconnue comme CLIS expérimentale (commission locale d’information et de surveillance) par l’État, mais ouverte à la presse et aux associations de riverains intéressées, aux syndicats et au public. Ces diverses avancées vers plus de transparence ont permis une réduction des pollutions et rétabli la confiance de la population.

 

... ET DES REMISES EN CAUSE

La loi de 2003 consacre certes les CLIS (appelées commissions de suivi de site [CSS]), mais elles sont placées sous la présidence du préfet qui désigne les associations, leur avis n’est que consultatif pour les mesures d’urbanisme (PPRT), leur droit de déclencher des études complémentaires est bridé par l’absence de budget pour les mener ; enfin, les industriels imposent ce qui est « économiquement acceptable », et ont donc un vrai droit de veto. Pour couronner y a eu un vrai détricotage des avancées antérieures et retour de la méfiance des populations. Pour parachever cette régression, le Medef (UPE 13) tente de prendre la place des institutions en déshérence : s’appuyant sur les illusions de modernité des technologies numériques, il a créé un site dédié aux informations sur les risques industriels, qu’il alimente de sorte qu’il maîtrise complètement une communication « descendante » et sans contestation.

 

 

REMETTRE LES CHOSES SUR LEURS PIEDS

Dans ce contexte, le syndicat CGT des sidérurgistes d’Arcelor-Mittal de Fos-sur-Mer a lancé au début de 2020 un comité de surveillance de l’activité industrielle du golfe de Fos et son impact environnemental. Au-delà d’une appellation à rallonge, il y a une vraie innovation : c’est d’initiative syndicale que sont réunis les divers acteurs de ces questions en une structure associative ouverte et d’emblée accueillie avec faveur par les collectivités locales. Véritable percée théorique, les objectifs du comité de surveillance joignent d’un même élan modernisation et pérennisation de l’outil de production, préoccupation sociale pour l’emploi et aussi préservation d’un cadre de vie de qualité pour et avec les populations riveraines.

C’est d’initiative syndicale que sont réunis les divers acteurs en une structure associative ouverte. Les objectifs du comité de surveillance joignent d’un même élan modernisation et pérennisation de l’outil de production, préoccupation sociale pour l’emploi et aussi préservation d’un cadre de vie de qualité pour et avec les populations riveraines.

Les actions en commun qui ne manqueront pas d’être construites sont de nature à éviter l’opposition entre salariés et riverains telle que vue à Toulouse après l’explosion d’AZF ; car salariés et riverains ont les mêmes intérêts pour imposer les conditions d’une activité industrielle propre et pourvoyeuse d’emplois.

Mais une relation de confiance se construit dans la durée, en amont, bien avant incidents ou accident. Le premier pas est dans la lutte pour la transparence sur les produits traités et ceux rejetés, la sûreté des installations que les salariés connaissent mieux que personne. On est immédiatement dans la nécessité de la démocratie pour les mesures à prendre en se heurtant de front à la monarchie patronale qui sauvegarde son pouvoir dans le secret de la prise de décisions. La bourgeoisie oppose les « secrets de fabrication », mais salariés et délégués des riverains sont parfaitement à même de respecter les secrets professionnels. Du reste, leur fonction doit être en conséquence revalorisée au sens où il faut lui donner l’importance qu’elle mérite, et pour cela rien de mieux que l’élection (c’est déjà le cas pour les salariés) des délégués des riverains sur des listes présentées par les associations.

Cette construction progressive de la confiance dans l’industrie la rendra acceptable, voire désirable, et favorisera les luttes pour la réindustrialisation de la France. Mais rien ne tombe du ciel, tout se conquiert. Et la démarche nouvelle qui prend forme à Fos-sur-Mer est un chemin pour rassembler plus largement, être offensifs sur de nouveaux critères de gestion... et gagner.

Partager cet article
Repost0
1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 10:48
Partager cet article
Repost0
1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 09:42
Les communistes bretons votent sur leur projet et leur positionnement pour les Régionales du 4 au 6 mars 2021

Communiqué du PCF Bretagne : élections Régionales juin 2021

Du 4 au 6 mars prochains, les communistes des quatre fédérations bretonnes auront à voter en vue des élections régionales de juin 2021.

Le vote portera sur deux sujets : la demande d’approbation du programme que porteront les communistes avec leurs futurs partenaires et le choix de l’éventuel rassemblement des communistes décliné en trois propositions :

Choix 1

Travailler à la construction d’une liste commune avec le Parti Socialiste menée par Loïg Chesnais-Girard, ouverte à d’autres formations politiques de gauche, au mouvement social.

Elle participera au rassemblement au second tour des forces de gauche et écologistes pour battre la droite et l'extrême droite.

Choix 2

Travailler à la constitution d’une liste avec la France Insoumise, ouverte à d’autres formations politiques de gauche, au mouvement social.

Choix 3

Présenter une liste de rassemblement conduite par un-e communiste, ouverte au mouvement social. Elle participera au rassemblement de l'ensemble des forces de gauche et écologistes au second tour pour battre la droite et l'extrême droite.

Choix 4: Abstention

Lors de la Conférence régionale du PCF Bretagne qui s’est tenue en visio-conférence le samedi 20 février, réunissant 41 délégué.e.s, c’est sur le choix 1 que s’est porté majoritairement la conférence régionale.

Maintenant, à partir des débats dans les sections, c’est autour des adhérents de voter car comme à chaque élection, c’est le vote de celles-ci et de ceux-ci qui décidera définitivement du choix des communistes.

 

Lire aussi:

BRETAGNE – ÉLECTIONS RÉGIONALES 2021 En Bretagne, l’Humain et la Planète d’abord ! -Programme régional des communistes bretons soumis au vote des adhérents

Partager cet article
Repost0
1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 09:00
L'Italie: un laboratoire? - par Patrick Le Hyaric (L'Humanité Dimanche, 25 février 2021)

L’éditorial de L’Humanité Dimanche du 25 février 2021 – par Patrick Le Hyaric.

L’Italie vient de basculer vers un scénario inédit : un gouvernement dit « d’union nationale » dirigé par Mario Draghi pour utiliser les 209 milliards d’euros du plan de relance européen. Voici donc, à la manœuvre, l’apôtre des marchés financiers, lequel fit ses classes sous les lambris dorés de la banque états-unienne Goldmann Sachs alors que celle-ci s’illustrait en inondant les marchés de créances toxiques qui allaient déclencher la crise de 2008. Il a également maquillé les comptes d’Etats européens. Et le voilà installé à la tête de la troisième puissance européenne à la demande des industriels et des banquiers avec l’ardent soutien de Mme Merkel et de M. Macron.

A la présidence de la Banque centrale européenne, il épongeait l’écroulement financier qu’il avait contribué à créer pour offrir des débouchés au capital en manque d’investissements lucratifs tout en exigeant des peuples privatisations et sacrifices sociaux, non sans avoir dépecé la Grèce au nom de la « stabilité monétaire ». Nous avons ici le prototype de ceux qui sont présentés comme les représentants d’une « élite apolitique » par ceux qui veulent cacher qu’il s’agit d’un valet du capital.

La grande nouveauté du scénario italien tient à un renversement des données d’un débat initié depuis plus d’une décennie, dans lequel, à la faveur de l’affaiblissement des partis communistes, les structurations politiques ont été déportées des enjeux des antagonismes de classe vers l’invention de catégories nouvelles : d’un côté les « européistes », représentants des « élites », de l’autre des « populistes » de droite ou de gauche censés être les opposants des premiers. Sous couvert de « gouvernement technique », l’alliance scellée sous l’égide de l’ancien président de la BCE réunit le Parti démocrate, la droite de Forza Italia, les populistes du Mouvement cinq étoiles et l’extrême droite de la Ligue du Nord. Autrement dit les représentants « des élites » et « les populistes » de toutes tendances font gouvernement ensemble.

On aura noté les cris unanimes des forces se réclamant du consensus libéral pour célébrer cette « entente » au nom d’un intérêt supérieur que l‘on voudrait faire passer pour l’intérêt général. Mais l’intérêt supérieur, ici, n’est autre que celui du grand capital européen qui compte bien faire du cas italien un cas d’école pour tous les pays européens. Car l’union nationale est la condition pour faire accepter aux peuples des « réformes » imposées par la Commission européenne. Cette « réconciliation nationale » s’opère ainsi sous les auspices du marché capitaliste et d’un nouveau degré de « financiarisation » de l’économie. Mais surtout sur le dos des travailleurs qui sont une fois de plus appelés à servir de monnaie d’échange contre les lignes de crédit de la Banque centrale européenne. Par ricochet, la voie est ainsi ouverte aux néofascistes du parti Fratelli d’Italia pour incarner l’opposition à ce consensus bruxellois droitier, mais sur des bases précisément et ouvertement… fascistes.

Le discours d’investiture de Mario Draghi en dit long sur la nature de ce consensus : une dose de xénophobie pour complaire à la Ligue du nord, une autre d’écologie pour satisfaire le Mouvement cinq étoiles, une autre encore de baisse de la fiscalité sur le capital pour neutraliser la droite berlusconienne, et enfin une ode à l’Union européenne pour s’accorder les faveurs du Parti démocrate. Le tout agrémenté d’un serment de fidélité à l’Alliance atlantique.

Les représentants des classes dominantes considèrent à juste titre qu’elles ne disposent plus de majorité populaire pour progresser vers l’étape nouvelle que réclame le système capitaliste pour son déploiement. Ils travaillent à l’alliance des anciens partis sociaux-démocrates et des forces baptisées populistes de droite ou de gauche pour tenter de s’assurer la majorité sociale et politique qui leur échappe, pour ainsi éviter toute forme de contestation trop radicale. Les mouvements sociaux discontinuent et celui des Gilets jaunes avec le soutien massif qu’ils ont reçu, comme la sourde protestation qui se répand sur les enjeux de santé fait cogiter en haut lieu et bien au-delà de la France. Ceci au prix d’une inquiétante redéfinition du champ politique qui se déporte toujours plus vers la droite et tend à gommer toute expression anticapitaliste. L’ingestion par le pouvoir macroniste et la droite des thèses de l’extrême droite en France, spectaculaire ces derniers jours, laisse augurer une nouvelle recomposition politique si ceux qui ont intérêt à un changement de politique et de société ne se lèvent pas. Entre des pans entiers d’électorat socialiste conquis en 2017 et neutralisés depuis, et M. Darmanin qui braconne sans vergogne sur les terres idéologiques de l’extrême droite, l’arc macroniste n’est en effet pas si éloigné de celui de M. Draghi. Avec, une fois encore, les réformes structurelles contre les retraites, la propriété publique et la Sécurité sociale pour viatique.

On observera dans l’actualité italienne la grande faiblesse de la force communiste. Celle se réclamant du populisme de gauche, qui, en refusant de s’organiser sur une base solide de classe et recourant à des raccourcis souvent outranciers, se trouvent finalement ballotée par le vent politique. Jusqu’à se fondre dans un gouvernement au service des puissances financières.

Ceci nous oblige à réagir. Les forces libérales, instruites par le succès de Trump et des extrêmes droites européennes, sont en train de pactiser avec ces dernières pour défricher le terrain d’une offensive redoublée contre les droits sociaux et démocratiques. Avec pour notable conséquence un glissement considérable du débat public vers l’extrême droite. La séquence xénophobe orchestrée par le pouvoir la semaine dernière — entre le rapprochement Darmanin/Le Pen, la loi séparatisme, la polémique sur Trappes puis sur un prétendu « islamo-gauchisme » l’illustre parfaitement.

Cette opération d’envergure a pour principale fonction de rendre invisible le durcissement de la lutte de classes, les désastres sociaux, la corruption de l’industrie pharmaceutique, la misère galopante et les mauvais coups en préparation contre le monde du travail, la jeunesse et les familles populaires sous prétexte des dettes contractées par l’Etat pour faire face aux conséquences de la pandémie.

Sans l’organisation d’une résistance contre la dé-civilisation capitaliste, sans force ni visée communiste rassembleuse sur un projet de civilisation nouvelle, la stratégie adoptée par les forces capitalistes risque d’entraîner notre continent vers de très sombres lendemains. Travailler à l’union populaire pour des changements de politique et de société relève d’une urgente nécessité.

Partager cet article
Repost0
1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 06:16

 

Avec une actualité marquée par les tractations plus ou moins obscures entre groupes financiers se disputant la domination du secteur eau et assainissement, des élus locaux responsables de structures publiques reviennent sur leurs atouts.

*Jean-Marc Lespade est maire de Tarnos. Christophe Lime est vice-président de Grand Besançon Métropole. Laurent Lucaud est vice-président de Grand Poitiers. Yannick Nadesan est maire adjoint de Rennes.

À la faveur de deux crises majeures, la France a (re)découvert en l’espace d’un an l’incroyable résilience de ses territoires grâce aux services publics nationaux et aussi de proximité, ainsi que leurs forces de liens sociaux à travers la solidarité nationale et locale. La population a pris conscience de la mise à mal des services publics qu’ont entraînée les nombreuses réformes opérées depuis des années où les objectifs financiers ont prévalu dans leur gestion au quotidien. Dans le même temps, elle a mesuré la fragilité d’une dépendance économique trop importante à des structures et à des approvisionnements mondialisés, y compris pour des produits essentiels à la vie. Les soubresauts de 2020 ne sont pas pour autant des phénomènes conjoncturels. Depuis plusieurs années, les crises se suivent, qu’elles soient d’origine sociale, économique, cyber, climatique ou sanitaire,plaçant les élus face à la responsabilité de réfléchir autrement et de trouver des solutions pour faire face à ces contextes mouvants.

 

SPÉCIFICITÉS LOCALES ET GESTION LOCALE

Plus que jamais et de manière cruciale sont posées les questions d’une gestion plus locale de biens communs, qu’il s’agisse de l’eau, de l’assainissement, des déchets... ; et pour d’autres, comme l’énergie, l’alimentation, l’agriculture... d’ancrages plus locaux avec une cohérence nationale, voire européenne. Ce sont là des thèmes et dynamiques auxquels les acteurs publics de l’eau peuvent pleinement contribuer, chacun à leur façon, en tenant compte des spécificités et richesses locales tout en cherchant à s’adapter aux enjeux globaux qu’impose le changement climatique. Car, on ne le dit jamais assez, l’eau ne consiste pas qu’en une industrie de réseaux. Tous les peuples ne sont-ils pas installés aux abords de fleuves, rivières et autres cours d’eau pour vivre et se développer ? L’eau est l’un des facteurs majeurs du développement des sociétés humaines.

Les acteurs publics de l’eau sont au carrefour de nombreuses politiques publiques et à l’origine de multiples solutions locales;assurant un service public de proximité, inscrits dans le long terme pour le bénéfice des citoyens, ils ne sont pas que des exploitants d’un service public,ils sont aussi de véritables garants de ces dynamiques de vie.

 

LES COLLECTIVITÉS FACE AUX FINANCIERS DE L’EAU

Dans un contexte de dérèglement climatique, de fragilisation de la biodiversité et de pandémie, l’eau est plus que jamais un bien commun précieux, qu’il convient de préserver. Les dernières semaines ont été marquées par l’affaire Veolia-Suez et ses enjeux de stratégie financière, de développement commercial à l’international, sans aucun regard sur les enjeux sociaux ou environnementaux. Cette affaire met en lumière un changement d’époque déjà opéré avec l’entreprise Saur (troisième du secteur en France) depuis son rachat fin 2018 par un fonds d’investissement : nous passons de la marchandisation à la financiarisation du secteur de l’eau, Veolia comptant céder ses activités eau à un fonds d’investissement qui n’a pas d’historique dans le secteur. Il y a un enjeu fort à sortir des secteurs aussi stratégiques que l’eau ou l’assainissement des griffes d’opérateurs financiers. Les contrats privés sont souvent conclus surplus de dix ans avec, demain,des changements d’interlocuteurs, mettant encore plus à mal ce type de gestion. L’enjeu est donc d’autant plus important qu’il s’agit d’engager nos collectivités sur plusieurs mandats, avec le changement climatique en cours qui oblige à une implication dans les choix stratégiques et dans le pilotage quotidien toujours plus important des élus.

 

UNE RÉPONSE LOCALE, CITOYENNE ET PUBLIQUE

La réponse optimale réside dans les opérateurs publics de l’eau, engagés au service de l’intérêt général et d’une gestion durable et au plus proche des territoires de ce bien commun nécessaire à la vie. Assurant l’approvisionnement en eau potable de plus de 40 % de la population, et plus de 60 % du traitement des eaux usées, ils démontrent chaque jour leur capacité à assurer la continuité de services essentiels aux citoyens de notre pays, y compris en cas de crise sanitaire avec confinement.

Et pour garantir un accès durable, pérenne et équilibré à l’eau, nombreux sont les défis que relèvent les collectivités et leurs opérateurs publics : gestion durable de la ressource, gestion patrimoniale et performance de l’exploitation, qualité du service public et participation citoyenne, accès à l’eau et à l’hygiène pour les plus démunis. Une attention toute particulière doit être portée aux personnels actuels et futurs de nos services, ils sont une richesse pour la mise en œuvre des processus, mais aussi pour la recherche d’amélioration permanente du service : un personnel conscient de ses droits, mais aussi de ses devoirs liés à la notion de service public.

 

Les collectivités et leurs opérateurs publics locaux doivent voir leur périmètre défini d’une façon démocratique, en s’appuyant sur l’histoire et les caractéristiques locales pour une meilleure efficacité, tout particulièrement environnementale,au cœur des territoires. Ils doivent favoriser la dynamisation économique locale, tant par les emplois directs qu’ils génèrent que par leur intégration dans le tissu des PME-PMI et d’entreprises de proximité. N’ayant rien à vendre, ils agissent au cœur d’un maillage partenariat étroit qui leur permet de s’adapter aux enjeux locaux tout en étant présents sur le terrain de l’innovation et l’excellence. Porteurs d’une vision de long terme où chaque euro de la facture d’eau est immédiatement et intégralement réinvesti dans la qualité du service et la gestion patrimoniale, ils sont l’avenir de la gestion de l’eau.

Les coopérations public-publics ont indispensables : coopérations entre recherche publique, tout particulièrement les universités et les collectivités ; coopération aussi entre nos structures publiques définies localement et les communes, car l’échelon communal a montré ses limites dans la technicité de nos métiers mais pas dans le lien avec nos populations; coopération entre nos structures pour assurer un avenir durable à la gestion des ressources.

Un grand service national public de l’eau et d’assainissement déconcentré et s’appuyant sur les élus locaux serait un complément nécessaire et reste un objectif. Évidemment, cet objectif ne saurait retarder nos prises de responsabilités pour avancer localement. Car la gestion publique est source de solutions durables pour nos territoires. C’est avec la consolidation et la conquête de nouvelles gestions publiques directes et locales que nous ferons reculer l’emprise des intérêts privés et contribuerons à la mise en place d’une solidarité des gestions publiques à l’échelle nationale.

Partager cet article
Repost0
28 février 2021 7 28 /02 /février /2021 17:45

Samedi 6 mars à 14h30

devant la mairie de Quimper, place St Corentin

pour rendre hommage à Nathalie Le Mel ouvrière relieuse née à Brest, ayant vécu à Quimper, qui partit ensuite à Paris où elle joua un rôle important dans les luttes ouvrières et féministes, avant de devenir une des principales animatrices de la Commune de Paris à la tête de l'Union des femmes.

Pionnière de l'égalité femmes-hommes, de la solidarité, des luttes ouvrières, membre de l'Internationale, elle fut une héroïne de la Commune de Paris.

Trop peu connue, en dehors des spécialistes de la Commune, beaucoup moins que son amie Louise Michel.

Notre camarade Eugène Kerbaul lui consacra un livre qui a inspiré il y a quelques années la bande dessinée "Des graines sous la neige".

Ci-dessous le communiqué de presse de notre section.

Nous nous associons bien sûr aussi aux autres initiatives prises à QUIMPER autour de la journée du 8 mars :

  • manifestation féministe au départ de la place St Corentin dimanche 7 mars à 14h30
  • rassemblement à l'appel de la CGT lundi 8 mars devant la médiathèque de 12h à 14h

Yvonne Rainero

Rassemblement pour rendre hommage à Nathalie Le Mel - Samedi 6 mars à 14h30  devant la mairie de Quimper, place St Corentin

Hommage à Nathalie Le Mel samedi 6 mars à 14h30 devant la mairie de Quimper

À l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes du 8 mars et de la commémoration en ce mois de mars des 150 ans de la Commune de Paris dont elle fut une figure marquante, les communistes du pays de Quimper ont choisi de mettre à l’honneur une pionnière bretonne des luttes sociales et féministes, Nathalie Le Mel, et appellent à lui rendre hommage le samedi 6 mars à 14h30 devant la mairie de Quimper place Saint-Corentin.

Nathalie Le Mel, fille d’un ouvrier corroyeur de Brest où elle est née en 1826, vécut à Quimper de 1849 à 1861, elle y tint une librairie et un atelier de reliure rue Kéréon puis rue Saint-François avant de partir pour Paris où elle exerça son métier de relieuse, élevant seule ses 3 enfants après la séparation d’avec son mari.

En 1864, elle s’investit dans les luttes des ouvriers relieurs parisiens, revendiquant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes.

Avec son ami Eugène Varlin, elle rejoint l’Internationale qui venait de se créer.

Ensemble ils créent un restaurant ouvrier« La Marmite » et une coopérative d’alimentation, sorte de restaurant du cœur/épicerie solidaire.

Dès les première heures de la Commune en mars 1871, Nathalie Le Mel est sur tous les fronts : clubs de femmes, réquisition des ateliers abandonnés par les patrons, égalité salariale, laïcisation des écoles et des hôpitaux...

C’est la Commune de Paris qui a proclamé l’enseignement laïque, gratuit et obligatoire pour les filles comme pour les garçons, et l’égalité des salaires entre institutrices et instituteurs.

En avril 1871, Nathalie Le Mel, avec Elizabeth Dmitrieff, crée l’Union des femmes pour la défense de Paris dont elles prennent la tête et signent les proclamations.

Lors de la semaine sanglante elle se bat sur les barricades contre les troupes versaillaises.

Elle sera arrêtée, jugée, déportée en Nouvelle-Calédonie avec son amie Louise Michel, elle n’en reviendra qu’en 1879 lors de l’amnistie, ayant toujours refusé toute mesure de grâce, et finira sa vie dans la misère à l’hospice d’Ivry en 1915.

En ces temps où les inégalités de salaires, d’accès aux droits, sont toujours importantes entre les femmes et les hommes, où la précarité touche majoritairement des femmes, où les « invisibles », qui ont permis à notre société de tenir malgré la crise sociale et sanitaire, sont le plus souvent des femmes, caissières, aides-soignantes, aides à domicile, personnel d’entretien..., où le besoin de solidarité, de partage est fort, les combats émancipateurs de Nathalie Le Mel sont d’une grande modernité.

L’hommage que nous lui rendrons samedi et auquel nous appelons toutes et tous à participer, rejoint les combats d’aujourd’hui contre les inégalités et les discriminations, contre les violences faites aux femmes, pour la dignité et l’émancipation humaine.

Section PCF du pays de Quimper, le 28 février 2021

Partager cet article
Repost0
28 février 2021 7 28 /02 /février /2021 06:30

 

🔺💸Aidé par des lanceurs d'alerte et des élus européens Fabien Roussel fait la lumière sur l'évasion fiscale et le scandale #OPENLUX. 🔺💸⬇⬇

Partager cet article
Repost0
28 février 2021 7 28 /02 /février /2021 06:19

 

Des vaches qui s’écroulent, un prion dévastateur transmissible à l’Homme... Il y a trente ans, la crise sanitaire partie d’outre-Manche a semé la panique en Europe, notamment en France où le psychodrame a pris un tour très politique. Retour sur un scandale dont toutes les leçons n’ont pas été tirées. 

Depuis le milieu des années 1980, l’encéphalopathie spongiforme bovine (EBS) frappe les vaches laitières au Royaume-Uni. C’est la conséquence d’une baisse de la température de cuisson des farines de viande et d’os introduites à hauteur de 2 % dans les aliments concentrés servis au bétail. Les importations de farines et d’animaux vivants ont fait entrer la maladie en France, où un premier cas est découvert début 1991.

L’encéphalopathie spongiforme bovine est le nom scientifique de la maladie de la vache folle. Elle se traduit par une infection dégénérative du système nerveux central des bovins. Elle est causée par un agent infectieux moléculaire d’un type particulier appelé « protéine prion », nous disent les scientifiques. L’EBS affecte le cerveau et la moelle épinière des bovins et des autres ruminants. Elle provoque des lésions cérébrales qui se caractérisent par des altérations à allure spongieuse visibles au microscope. Chez les animaux malades, les symptômes apparaissent quatre à cinq ans après le début de la contamination, généralement sur des bêtes de 5 à 7 ans, et se traduit par des changements de comportement. La production laitière d’une vache atteinte d’EBS décroît tandis que l’évolution de la maladie débouche sur des troubles de la locomotion. Nous nous souvenons d’avoir vu à la télévision ces vaches tremblantes, peinant à tenir debout, dérapant dans la stabulation et finissant par tomber sans parvenir à se relever.

La maladie a infecté des vaches laitières du Royaume-Uni, au début des années 1980

C’est l’époque où Margaret Thatcher dirige le gouvernement et mène une politique économique ultralibérale. Outre-Manche, comme en France et dans d’autres pays européens, on collecte depuis des décennies les graisses, les os et autres déchets d’abattoirs, mais aussi les carcasses d’animaux morts dans les fermes pour produire ces « farines animales ». Ces protéines entrent à hauteur de 2 % en moyenne dans les aliments concentrés, également composés de maïs, d’orge, de protéines végétales comme les tourteaux de soja, de colza ou de tournesol destinés aux animaux d’élevage que sont les poules pondeuses, les volailles de chair, les porcins, mais aussi les herbivores ruminants que sont les bovins.

Des années durant, cela s’est fait sans conséquences négatives sur la santé des vaches laitières. Initialement, ces farines étaient stérilisées, cuites à une température d’environ 120 °C. Dans le processus de fabrication, une étape d’extraction des graisses par des solvants organiques permettait de détruire d’éventuels prions pathogènes, sans que leur présence dans les tissus ainsi traités soit soupçonnée à l’époque. Mais, en 1981, le procédé de production des farines animales est modifié au Royaume-Uni. On baisse leur température de cuisson à 90 °C. Cette méthode a le double avantage d’obtenir un taux de protéines plus élevé dans ces farines et de réduire le coût énergétique sur les chaînes de production.

Mais la maladie de la « vache folle » est venue de là. Quatre ans plus tard, en septembre 1985, le laboratoire vétérinaire du secrétariat d’État britannique de l’Agriculture signale l’apparition d’une maladie nouvelle aux symptômes étranges sur les bovins du pays. Il faut attendre novembre 1986 pour que la nouvelle maladie soit identifiée sous le nom d’encéphalopathie spongiforme bovine. Mais c’est seulement en 1987 que l’on découvre que la maladie de la « vache folle » provient de l’incorporation dans l’alimentation des vaches laitières de ces farines d’origine animale dont la température de cuisson a été baissée pour réduire leur prix de revient tout en les rendant plus nourrissantes. Entre-temps, dans le cadre des échanges intracommunautaires en Europe, des farines animales britanniques et des génisses de races laitières nées au Royaume-Uni ont été exportées en France et dans les autres pays membres de l’Union européenne. C’est la course au profit qui a tué des vaches et des humains en Europe

La France, avec Henri Nallet au ministère de l’Agriculture, interdit les importations de farines produites au Royaume-Uni en 1989. Mais le mal est fait. Au début de l’année 1991, on découvre un premier cas de « vache folle » dans une ferme laitière des Côtes-d’Armor. À partir de ce moment, le gouvernement ordonne l’abattage de tout le troupeau dans toute exploitation où un cas d’ESB est découvert.

Les choses vont s’accélérer tout au long des dernières décennies

La maladie de la « vache folle » atteint son point culminant au Royaume-Uni durant l’année 1993, avec près de 800 cas par semaine. En 1994, l’Union européenne interdit les protéines issues des tissus de bovins dans l’alimentation des ruminants. En 1995, plusieurs agriculteurs britanniques sont victimes de la maladie de Creutzfeldt-Jakob et les médias annoncent la possible transmission de l’EBS à l’homme à partir de la consommation de certaines pièces de viande bovine, à commencer par les abats et la moelle épinière. En 1996, la France, suivie par d’autres pays européens, décrète un embargo sur les importations de viande bovine en provenance du Royaume-Uni. Prise de court face à l’émotion grandissante en ­Europe, la Commission de Bruxelles n’ose plus ramer à contre-courant et impose à son tour un embargo total en Europe sur tous les bovins et les produits dérivés provenant d’outre-Manche.

Des mois durant, le dossier de la « vache folle » fait les gros titres des médias et la consommation de viande bovine chute sensiblement en Europe, de même que les cours des bovins sur les champs de foire et les marchés au cadran. Dès 1995, la consommation a diminué de 11 % en Allemagne et de 15 à 25 % au Royaume-Uni. En France, la consommation de viande bovine chute de 25 % en 1996 par rapport à la moyenne des années précédentes. Celle des abats, réputés plus à risques, baisse de 45 %. En Allemagne, la consommation de viande bovine baisse à nouveau de 32 % entre avril 1995 et avril 1996. En Italie, elle baisse de 36 % sur un an. En France, du coup, les débouchés des broutards, ces jeunes bovins de races charolaise, limousine et autres, vendus en Italie, en Espagne, en Grèce et dans d’autres pays pour l’engraissement, se réduisent et les cours s’affaissent.

En 1996, dans l’optique de rassurer les consommateurs sur la traçabilité de la viande bovine, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev), avec l’appui de Philippe Vasseur, ministre de l’Agriculture dans le gouvernement Juppé, crée la marque collective VBF (viande bovine française) indiquant qu’un animal est né, a été élevé et abattu en France. L’année suivante est rendue obligatoire l’apposition sur les étiquettes de la provenance de l’animal ainsi que de son type et de sa race afin de mieux informer le consommateur.

Une nouvelle crise éclate en octobre 2000

Un animal suspect est découvert en France à l’entrée d’un abattoir. Du coup, des viandes d’animaux provenant du même élevage et abattus une semaine plus tôt sont rappelées pour être détruites sur décision du distributeur Carrefour, ce qui fait les grands titres des journaux. Le 5 novembre suivant, la télévision diffuse une enquête intitulée « Du poison dans votre assiette » avec le témoignage d’une famille dont un membre est atteint de la forme humaine de la maladie de la « vache folle ». Deux jours plus tard, le président Chirac intervient à la télévision, toutes affaires cessantes, en fin de matinée. Il demande au gouvernement dirigé par Lionel Jospin d’interdire les farines animales dans tous les aliments du bétail en France. On l’avait informé d’une décision imminente du gouvernement dans ce sens. Chirac pensait déjà à la présidentielle de 2002 face à son premier ministre.

Dès 1996, deux jeunes Britanniques de 19 et 25 ans sont morts de ce qui semble être la maladie de Creutzfeldt-Jakob, transmise par le prion de la « vache folle ». En juillet 2012 est publiée une estimation qui fait état de 214 victimes humaines de cette maladie dans le monde, dont 173 au Royaume-Uni, 27 en France, 5 en Espagne, 4 en Irlande, 3 aux Pays-Bas et 2 au Portugal. Le Japon, l’Arabie saoudite, le Canada et l’Italie font état d’un seul cas.

S’agissant des troupeaux de bovins contaminés depuis le début de l’épidémie, leur nombre s’élèverait à 4 950 au Royaume-Uni, 1 488 en Irlande, 954 au Portugal, 951 en France, 538 en Espagne, 369 en Allemagne. Il y en eut 457 en Suisse, un pays qui n’est pas dans l’Union européenne mais qui commerce avec elle. La maladie de la « vache folle » aurait pu être contenue beaucoup plus tôt si le gouvernement conservateur britannique dirigé par John Major entre novembre 1990 et mai 1997 avait informé la Commission européenne et les pays membres de l’Union de la situation réelle dans son pays.

L'accord de libre-échange ratifié en juillet 2019 par Macron

Partout en Europe, on continue à produire des farines de viande et d’os. Il faut bien recycler les déchets des abattoirs et collecter les cadavres d’animaux morts dans les fermes. L’interdiction de ces farines dans l’alimentation des herbivores ruminants est une précaution salutaire – même si, de l’avis des scientifiques, un chauffage de ces farines à 133 °C écarte tout risque de survie du prion.

En revanche, et contrairement à d’autres pays européens qui les servent aux animaux monogastriques (non ruminants), la France continue de les interdire dans l’alimentation des volailles, lesquelles consomment toutes les protéines animales qui leur tombent sous le bec quand elles vivent en liberté, qu’il s’agisse des vers de terre ou des insectes. Et, en même temps, la majorité parlementaire fidèle au président Macron a ratifié en juillet 2019 le Ceta, cet accord de libre-échange qui permet au Canada d’exporter en Europe et en France des bovins qui mangent ces farines. Parallèlement, nos 600 000 tonnes annuelles de farines animales servent désormais de combustibles dans les cimenteries.

Nous vivons depuis un an avec la pandémie du coronavirus que des animaux sauvages auraient transmis aux humains. De temps à autre, on nous informe aussi que des préparations culinaires provenant d’un business porté par des firmes souhaitant développer des élevages industriels d’insectes pourront bientôt nous fournir les protéines d’origine animale que nous donnent aujourd’hui les herbivores ruminants que sont les bovins et les ovins. En attendant, on brûle les farines qui pourraient entrer sans le moindre risque dans le menu des volailles, lesquelles consomment beaucoup de soja, ce qui contribue à la déforestation de l’Amazonie. Ce n’est pas le meilleur chemin pour atteindre la neutralité carbone que l’Europe nous promet pour 2050.

Icon Education Dernier ouvrage paru : « Choses apprises en 2020 pour agir contre la faim », Éditions du Croquant, novembre 2020.

 

 

Partager cet article
Repost0
27 février 2021 6 27 /02 /février /2021 13:43
Marché de Morlaix - 27 février 2021 - Distribution de tract de la JC - Photo Pierre-Yvon Boisnard

Marché de Morlaix - 27 février 2021 - Distribution de tract de la JC - Photo Pierre-Yvon Boisnard

Marché de Morlaix - 27 février 2021 - Distribution de tract de la JC - Photo Pierre-Yvon Boisnard

Marché de Morlaix - 27 février 2021 - Distribution de tract de la JC - Photo Pierre-Yvon Boisnard

Marché de Morlaix - 27 février 2021 - Distribution de tract de la JC - Walden

Marché de Morlaix - 27 février 2021 - Distribution de tract de la JC - Walden

Marché de Morlaix - samedi 27 février 2021 - Distribution de tracts des JC
Marché de Morlaix - samedi 27 février 2021 - Distribution de tracts des JC

La JC sur le marché de Morlaix ce matin pour distribuer "A cœur ouvert", le journal santé du PCF Bretagne, et des tracts du PCF sur l'emploi avec Fabien Roussel. Walden, Corentin et Enzo - photos Ismael Dupont, Pierre-Yvon Boisnard, Enzo de Gregorio

Marché de Morlaix - samedi 27 février 2021 - Distribution de tracts des JC
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011