Ce pan de l'histoire n'avait jamais fait l'objet de recherches approfondies. Ils furent 26 000 à fuir la guerre civile puis Franco, de 1937 à 1940. Une historienne leur consacre un livre.
Entretien
Combien de réfugiés sont arrivés en Bretagne pendant la guerre civile espagnole ?
En 1937, 2 500 réfugiés sont arrivés en Bretagne. Ils fuyaient les combats de la guerre civile. En 1938, ils sont 2 000 de plus. En 1939, c'est un raz-de-marée de 22 000 réfugiés. Ils fuient les Franquistes qui pénètrent en Catalogne, dernière région aux mains des Républicains. C'est laretirada.
Qui sont les réfugiés en 1937 ?
En 1937, des Républicains mais aussi des Franquistes qui fuient les bombardements italiens et allemands. Les hommes repartent au combat en Espagne. Les femmes et les enfants sont répartis dans des trains à destination des départements bretons. La cohabitation entre Franquistes et Républicains crée des tensions. Des réfugiés sont arrivés par la mer, en paquebot à la Rochelle Palice, en vapeur à Saint-Nazaire. Sur un chalutier, 120 personnes tentent d'accoster à Saint-Pierre-Penmarc'h et évitent le naufrage grâce aux sauveteurs bigoudens. En octobre 1937, une embarcation à rame et à voile est repérée près d'Ouessant avec 30 personnes à bord, sans carte ni vivres depuis 24 heures !
Les réfugiés espagnols ne sont pas les mêmes lors de la vague de 1939...
En 1939, ce sont uniquement des Républicains vaincus, démoralisés. Ils ont traversé la frontière des Pyrénées à pied. Femmes et enfants arrivent en train en Bretagne. Les hommes en état de combattre sont gardés dans les camps du Sud de la France.
Comment est organisée la répartition des réfugiés dans les départements ?
C'est très compliqué pour les autorités préfectorales car elles apprennent la veille au soir que des centaines de réfugiés vont arriver en gare. Le Finistère en reçoit plus que les autres : 4 000 réfugiés en 1939. Seuls les maires de gauche acceptent de mettre des lieux à disposition, dans une Bretagne catholique où la majorité des mairies sont à droite.
Comment les réfugiés sont-ils accueillis en Bretagne ?
A Saint-Brieuc, les réfugiés sont placés dans une usine désaffectée rue de Gouédic, avec les machines au milieu. Il n'y a ni salle de bain, ni WC pour 300 personnes ! Ça a été le camp le plus minable, avec le camp de Verdun, à Rennes, et celui de Belle-Île-en-Mer qui a accueilli jusqu'à 800 réfugiés, refusés ailleurs. Certaines petites villes comme Plélo mettent au contraire des maisons d'ouvriers vides à disposition. En 1939, les français vont affronter la guerre et c'est chacun sa misère. Une minorité de gens de gauche et de catholiques aident les réfugiés, une autre minorité les hait. La majorité est silencieuse. Un peu comme aujourd'hui finalement...
L'exil espagnol en Bretagne, 1937-1940, d'Isabelle le Boulanger aux éditions Coop Breizh. 24,90 €.