Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 07:32
le député communiste Sébastien Jumel, co-porte-parole du groupe avec Pierre Darhéville

le député communiste Sébastien Jumel, co-porte-parole du groupe avec Pierre Darhéville

Code du travail

A l’Assemblée, les députés communistes dénoncent le fond et la forme de la réforme

 

L’examen du projet de loi d’habilitation pour réformer par ordonnances a débuté le 10 juillet à l’Assemblée nationale.

Avant même que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, ait présenté son projet de loi Jean-Paul Lecoq a pris la parole pour un rappel au règlement.

"Les conditions d’examen de ce texte sont inédites et inacceptables. Les délais sont complètement fous. À peine plus de 24 heures pour laisser aux députés le temps de prendre connaissance du texte de la commission et exercer leur droit d’amendement. Le gouvernement veut faire vite, au cœur de l’été, pour rendre impossible la mobilisation populaire". Il a dénoncé "le dédain du gouvernement pour les salariés."

De son côté, Pierre Dharrévillle a déchiré ses feuilles : "Voilà ce que vous voulez faire du code du travail !"

Et de préciser entre autre, "votre projet de loi vise à élargir la brèche ouverte par la loi El Khomri lorsque notre président était ministre de l’économie. Votre projet va d’abord, quoi que vous en disiez, renverser la hiérarchie des normes et instituer le principe de défaveur puisque la loi pourra ainsi être contournée par des accords d’entreprise. Chacune aura le droit d’établir ses propres règles – des règles au rabais. Et vous continuez de nous dire que vous voulez lutter contre la complexité du droit pour le rendre effectif, alors que vous allez démultiplier le dumping social au sein même de notre pays et à l’intérieur de chaque branche. Quelle force restera-t-il à la loi ?

Votre projet va fusionner et rabougrir les instances représentatives du personnel, faisant au passage disparaître le CHSCT, pourtant si décisif sur les enjeux de santé et de sécurité.

Votre projet va créer encore de meilleures conditions pour les chantages à l’emploi dont nous avons eu moult exemples dans la période passée. Quels outils restera-t-il aux salariés ?

Votre projet va sanctuariser un nouveau concept, le CDI précaire, et élargir les possibilités de modification unilatérale du contrat de travail. Ainsi, vous souhaitez augmenter la latitude des employeurs tandis que vous limiteriez le pouvoir des juges.

Vos ordonnances ressemblent à celles des docteurs de Molière. La représentation nationale doit savoir que les organisations syndicales représentatives des salariés n’ont quasiment émis que des inquiétudes, tant sur la forme que sur le fond.

Si le Président de la République a expliqué aux salariés qu’il n’était pas le Père Noël, il distribue en revanche déjà des étrennes au Medef, qui en serait presque gêné.

Sa gêne, je vous rassure, madame la ministre, ne dure jamais longtemps ; il continue à vouloir faire baisser le prétendu coût du travail et n’a même pas besoin de promettre d’hypothétiques créations d’emploi – que vos mesures ne provoqueront d’ailleurs pas – puisque tout lui est donné sans effort, comme on l’a vu encore ces derniers jours sur la question de la pénibilité. Je rappelle que la droite a donné en commission son blanc-seing à votre projet.

C’est un signal éloquent, et pour nous pas une surprise.

Quant à ceux qui sont ici la majorité, je leur demande : « Qu’allez-vous faire de votre pouvoir ? Au nom de qui, au nom de quoi allez-vous faire la loi ? » Ce texte constituera l’acte de naissance de votre majorité et de votre force politique. Cet acte vous nomme. Il dira qui vous êtes.

Il va s’agir d’un grave bouleversement dans l’ordre public social, d’un changement de philosophie majeur. Longtemps encore, vous devrez alors expliquer que vous n’êtes pas le Père Noël pour justifier l’impuissance publique et la régression sociale imposée par une finance dont le journal Le Monde dénonçait hier encore les excès.

Ce choix politique nous conduit dans le mur. Il va encore aggraver les conditions de travail et faire des salariés les variables d’ajustement. Au lieu d’enclencher de nouvelles dynamiques sociales et économiques, il va alimenter la spirale de la crise. Il n’y a pas de majorité dans ce pays pour votre entreprise de démolition sociale, ne vous en déplaise.

Nous ferons des propositions pour un véritable code du travail du XXIe siècle, en pointant les défis du temps qui vient : la lutte contre la financiarisation de l’économie et la domination de la finance, l’obtention de nouveaux pouvoirs pour les salariés dans la gestion afin de relever les défis économiques, sociaux et écologiques, la sécurisation des parcours professionnels à travers l’emploi et la formation, l’encadrement du recours à la précarité et celui de l’échelle des salaires, une protection sociale de haut niveau, etc. Tous les gestes que nous poserons viseront à empêcher, ou tout au moins à limiter, non pas le champ de la concertation mais la portée de votre habilitation.

Voilà ce que vous voulez faire du code du travail. Mais nombreux sont celles et ceux qui veulent en écrire des pages d’avenir. Et vous ne pourrez longtemps les ignorer !"

- En savoir plus sur la page Facebook des députés du Front de gauche

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 06:47

Quand Sarkozy déclarait, avec pour bréviaire le discours culturaliste et essentialiste de Henri Guaino, inspiré des thèses de Hegel au 19e siècle, que l'homme africain n'était pas entré dans l'histoire... Macron, qui a travaillé dans ses études de philosophie sur Machiavel et ... sur Hegel, lui aussi, y est allé au sommet du G 20 de Hambourg le 8 juillet 2017 de sa propre explication, sur le mode Tintin au Congo: d'abord "le continent est confronté à un défi civilisationnel" et enchaîne le problème de ce continent vient du fait que "femmes font sept ou huit enfants".  Des propos racistes, misogynes, nourri de préjugés généralisateurs et insultants, de la part de notre représentant officiel, qui sont à nouveau une vraie honte pour notre pays, ancienne puissance coloniale, puissance néo-coloniale déclinante, pleine encore d'arrogance dans son rapport aux pays africains.  Cela en dit long sur des réserves de connerie insoupçonnées de gens qui au demeurant sont intelligents, manière bêtes calculatrices et rusées, nées de leur sentiment de supériorité usurpé et de leur suffisance.  Les illettrées de GAD, ceux et celles qui ne sont rien et qu'on croise tous les jours dans les gares, en savent quelque chose. 

Ismaël Dupont 

 

Le Point: 

C'est une petite phrase qui est passée relativement inaperçue samedi 8 juillet, mais qui a été repérée par le site Politis. Alors qu'il faisait face à la presse lors du sommet du G20 à Hambourg, Emmanuel Macron a été interrogé au sujet de la situation actuelle de l'Afrique. Évoquant un continent qui fait face à un défi « civilisationnel », il explique que, selon lui, les problèmes de l'Afrique sont liés aux « États faillis », aux « transitions démocratiques complexes » et à la « transition démographique ».

« Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d'y dépenser des milliards d'euros, vous ne stabiliserez rien », ajoute-t-il ensuite. Une déclaration qui a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, certains taxant le chef de l'État de racisme. Il y a un mois, Emmanuel Macron avait déjà dû faire face à une polémique après avoir déclaré au sujet des kwassa-kwassa, ces embarcations typiques de Mayotte, qu'elles « pêchaient peu », mais « amenaient du Comorien », référence à l'immigration très forte en provenance de l'archipel.

L'Élysée avait dû se justifier, évoquant des propos maladroits et un trait d'humour malheureux. Cette nouvelle sortie du président de la République sur l'Afrique a fait réagir certains médias étrangers, comme le site Quartz, qui parle d'une « tradition » française de déclarations « condescendantes » faisant totalement abstraction des séquelles encore importantes du colonialisme.

Une problématique envisagée de la mauvaise manière

Dans un ouvrage paru en 2017 et intitulé « Le Ventre des femmes », la politologue Françoise Vergès relate un épisode peu glorieux de l'histoire coloniale française, celui des avortements et des stérilisations forcés de nombreuses femmes sur l'île de La Réunion dans les années 70. Une réponse complètement erronée, selon elle, à un problème que les autorités françaises ont envisagé à l'envers : « On rend les femmes du tiers-monde responsables du sous-développement. En réalité, on inverse la causalité : la plupart des études prouvent aujourd'hui que c'est le sous-développement qui entraîne la surpopulation. »

En 2007, le discours controversé prononcé par Nicolas Sarkozy à Dakar avait provoqué de très fortes réactions, notamment en raison de cette phrase : « L'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire. » Celui qui était alors président de la République et son conseiller Henri Guaino avaient mis l'accent sur la responsabilité des Africains et pas suffisamment, au goût de certains observateurs, sur celle de la principale puissance coloniale du continent, la France.

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 06:36
L’hommage pluriel du lycée Voltaire à « Krasu »
JONATHAN LASNE
MARDI, 11 JUILLET, 2017
HUMANITE
L'hommage du lycée Voltaire à Henri Krasucki a attiré une diversité de personnes, communistes, anciens déportés, résistants ou simples curieux. Photo : Jacky Naegelen/Reuters
L'hommage du lycée Voltaire à Henri Krasucki a attiré une diversité de personnes, communistes, anciens déportés, résistants ou simples curieux. Photo : Jacky Naegelen/Reuters

Le lycée Voltaire, dans le XIe arrondissement de Paris, dévoilait, jeudi 6 juillet, une plaque à la mémoire du syndicaliste français. L’occasion de rassembler au-delà des âges, des convictions politiques et des histoires personnelles.

« Ca fait quinze ans qu’on réclame cette plaque. » Président des associations d’anciens combattants, Robert Fichtenberg ne cache pas son émotion. La salle la plus importante du lycée qu’il a fréquenté dans les années 1940 porte désormais le nom d’un « camarade », Henri Krasucki, lui-même ancien étudiant de l’établissement. Krasu, comme on l’appelait, savait rassembler. Jeudi dernier, il l’a fait à nouveau : l’événement a attiré une diversité de personnes, communistes, anciens déportés, résistants ou simples curieux. Il faut dire qu’Henri Krasucki était toutes ces choses à la fois. Une psychologue scolaire, dont le cabinet se situe en face de l’établissement, souligne l’importance de ce moment : « Je viens ici en tant que communiste. C’est bien, ça permet d’entendre l’histoire de Krasucki, qu’on a un peu oublié. Or Krasu, ce n’était pas n’importe qui ! »

Pas n’importe qui, en effet. Né en 1924 dans la banlieue de Varsovie, Henri Krasucki arrive à Paris à l’âge de quatre ans. Suivant les traces de son père, il intègre à la fin de l’année 1940 les Jeunesses communistes et participe à la résistance. Arrêté en mars 1943 puis déporté à Auschwitz, il continue le combat derrière les grilles, au milieu de l’horreur qui a pris la vie de son père. A son retour en France, il devient l’un des dirigeants du PCF et poursuit son engagement à la CGT, dont il devient secrétaire général en 1982. Il dira, à propos de sa vie : « Au fond, je ne suis jamais blasé, je demeure fidèle, comme au premier jour, à l’idéal et à l’élan de ma jeunesse. »

Des hommages de tous horizons

A sa mort en 2003, beaucoup déjà se souvenaient de sa modestie. Philippe Martinez l’a rappelé : « Henri Krasucki n’était pas forcément attaché aux honneurs, au sens des médailles, et pourtant nous avons toute légitimité à penser qu’il n’aurait pas pu être insensible à ce que son nom orne le mur d’une salle de l’établissement scolaire qui l’a accueilli. » L’hommage a été multiple. Aux côtés des syndicalistes, des communistes et du personnel enseignant, se trouvaient aussi des anciens déportés et enfants de déportés. Fanny Blachman Hochbaum, 79 ans, est venue d’Israël pour participer à une série de commémorations de la Shoah : « Je ne suis pas communiste, je ne l’ai jamais été. Mais je suis ici pour dire merci. Cette plaque, dans un lycée, c’est important : c’est ici que se forment les idées. Quand on est jeune, on n’a pas de préjugés, il faut préserver cette pureté d’esprit et le souvenir de la Shoah. »

Un lieu symbolique de la lutte contre les inégalités

Ce travail de mémoire est très important dans l’établissement. « A Voltaire, on s’investi dans la transmission de la mémoire, explique la CPE du lycée.L’objectif de cette transmission de la mémoire de la Shoah est de faire de ces futurs citoyens des êtres libres capables de porter des valeurs dignes. » Le nom de Krasucki a donc tout à fait sa place dans un établissement qui fait du souvenir de la Seconde Guerre mondiale une de ses spécificités, et dont la majorité des enseignants sont syndiqués. Mais le lien entre Krasucki et son ancien lycée est aussi d’une autre nature, sociale et historique. « Cet établissement est emblématique du Paris populaire qui ne rend peut-être pas assez hommage à ces grandes figures. On participe à l‘élévation des élèves qui viennent des classes populaires. Henri Krasucki vient d’un milieu populaire, il considérait la culture comme un moyen de s’élever. »

Le lycée Voltaire, fidèle à ses idéaux de justice sociale, dispose donc désormais d’une salle au nom de celui qui, selon les mots de Philippe Martinez, « a donné sans compter avec pour seule ambition d’offrir aux générations futures un monde meilleur fait de justice et d’humanité. »

Henri Krasucki (1943)

Henri Krasucki (1943)

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 06:15
Loi travail: le rappel au réglement du député communiste Jean-Paul Le Coq (Paris-Normandie, 11 juillet 2017)

LE HAVRE (Normandie) -

Jean-Paul Lecoq, député PCF de la 8e circonscription de Seine-Maritime (Le Havre - Gonfreville-l’Orcher) a fait un rappel au règlement au sujet de l’examen de la loi Travail par les députés. L’élu communiste pointe « des délais complètement fous ». « Il ne m’a pas échappé que les conditions d’examen de ce texte et le déroulement de la séance sont inédits. Inédits et inacceptables ! Le gouvernement aurait souhaité empêcher le législateur d’intervenir sur ce texte, il ne s’y serait pas pris autrement. Notre commission a achevé l’examen du texte ce jeudi 6 juillet en fin de matinée. Il a été mis en ligne à 15 heures le jour même pour un dépôt des amendements le vendredi 7 juillet à 17 heures. À peine plus de 24 heures pour laisser le temps aux députés de prendre connaissance du texte de la commission et exercer leur droit d’amendement. Des délais complètement fous ! À tel point que la commission a sorti son rapport bien après le délai imposé pour déposer les amendements : le 7 juillet à 22 h 10. Et que dire du temps consacré à la concertation sociale ! L’article 86 de notre règlement prévoir que le délai qui sépare la mise à disposition par voie électronique du texte adopté par la commission et le début de son examen en séance ne peut être inférieur à 7 jours. Un délai serré mais acceptable. Lorsque la procédure accélérée est engagée, comme c’est le cas sur ce texte, le texte doit être mis à disposition dans les « meilleurs délais ». Nul doute ici : cette condition n’est pas remplie».

Le gouvernement veut faire vite, très vite, à tel point qu’il fait ce week-end son annonce sur la pénibilité. Il veut décrocher son habilitation au cœur de l’été pour rendre impossible la mobilisation populaire. Cette précipitation, qui conduit à traiter avec dédain l’exigence constitutionnelle « de garantir le caractère effectif du droit d’amendement », traduit le mépris du gouvernement à l’égard des premières victimes de votre réforme : les travailleurs» conclut le député communiste du Havre.

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 05:59
Didier Gelot Économiste / Fondation Copernic  

Avouons-le, s’il y a un reproche que l’on ne peut pas adresser au Président Macron et à son Premier Ministre c’est bien celui de manquer de cohérence. Le Gouvernement s’apprête en effet à transformer radicalement le droit du travail en un droit négocié dans chaque entreprise (voire établissement) poursuivant en cela l’œuvre engagée par ses prédécesseurs dans le seul but de réduire les protections des salariés en matière d’emploi et de travail (voir Argument Copernic N° 3). De son coté la Ministre du travail Muriel Pénicaud vient d’annoncer qu’elle s’apprête à mettre en œuvre la promesse du candidat Macron d’une instance unique de représentation du personnel reprenant l’ensemble des attributions des comités d’entreprise (CE), des délégués du personnel (DP), des comité hygiène sécurité et conditions de travail (CHSCT) et des délégués syndicaux (DS) dans toutes les entreprises et dans les groupes sans limitation de plafond d’effectif. Selon la Ministre du travail, « les salariés ne peuvent pas être représentés de quatre manières différentes, cela n’a aucun sens ».

Ainsi, pour Muriel Pénicaud, le droit du travail, qui s’appuie depuis des décennies sur une spécialisation des représentants des salariés en fonctions des thématiques de négociation n’aurait été qu’un vaste égarement législatif. L’objectif global est donc clair : casser le droit du travail, renvoyer la négociation au niveau de l’entreprise et affaiblir les instances représentatives du personnel afin de garantir l’impossibilité des salariés et de leurs représentants à disposer des moyens suffisants pour s’opposer aux reculs annoncés.

Moins médiatisée que le plafonnement des indemnités prud’homales pour licenciement abusif ou que l’inversion de la hiérarchie des normes, parce que plus technique, cette nouvelle proposition n’en constitue pas moins un des éléments essentiels de l’arsenal juridique envisagé pour casser le droit du travail.

Cette nouvelle proposition, si elle devait être mise en œuvre, répondrait très précisément aux demandes exprimées à de nombreuses reprises tant par le Medef que par la CPME (Ex CGPME). Rappelons que les syndicats s’étaient déjà opposés à une telle réforme en 2015, qui pourtant avait entraîné, dans le cadre de loi Rebsamen sur le dialogue social, l’institution  d’une Délégation Unique du Personnel (DUP) qui, outre les fonctions du CE et celle des DP, intègre celles du  CHSCT pour les  entreprises jusqu’à 300 salariés (contre 200 dans l’ancienne DUP qui réunissait DP et CE). Elle ouvrait aussi la possibilité, dans les entreprises de plus grande taille, sous condition  d’accord majoritaire, de  fusionner les instances représentatives du personnel élues (DP, CE, CHSCT) selon des configurations variables (1+1+1 ou 2+1).

Lors de sa campagne pour les primaires de la droite et du centre, François Fillon avait inscrit à son  programme « un relèvement des seuils de mise en place de certaines instances (de 10 à 50 salariés pour les DP et de 50 à 100 pour les CE) et une limitation à 50% du temps de travail consacré à l’exercice d’un mandat pour un représentant du personnel », mesures qui font aussi l’objet des propositions non encore totalement stabilisées. Mais il n’avait pas osé aller aussi loin que le projet actuel. En effet le fait de fusionner les quatre instances existantes (DP, CE, CHSCT, DS) en une instance unique équivaudrait, de fait, à limiter les droits des salariés à être convenablement représentés et à rendre encore plus difficile toute opposition dans l’entreprise. L’intégration des délégués syndicaux (qui ne sont pas des représentants élus mais les représentants des syndicats dans l’entreprise) atténuerait fortement la portée de leur rôle et renforcerait le flou des prérogatives de chacune des quatre instances. On estime aujourd’hui, avant même la réforme projetée, qu’une entreprise de 100 à 149 salariés qui passerait à la DUP « Rebsamen » perdrait environ six titulaires, trois suppléants et 49 heures de délégation par mois. Qu’en sera t-il demain lorsque les plus grands groupes multinationaux pourront adopter la délégation unique du personnel ! Gageons que l’objectif pour le patronat est bien de réduire le nombre de représentants des salariés jugé « pléthorique » (cf. tableau ci-dessous)

Nombres de représentants des salariés (titulaires)

Pour le Gouvernement les représentants des salariés sont trop nombreux pour exercer leur mandat

Champ : établissements de 11 salariés et plus du secteur marchand non agricole
Source : Dares, enquête REPONSE 2010-2011, volet « représentant de la direction »
*Il s’agit de mandats, le nombre de salariés ayant au moins un mandat d’élu (titulaire ou suppléant) ou de DS est estimé à 600 000 dans la même enquête, soit 6 % des salariés du champ, ce qui est loin d’être pléthorique.
Cf. Dares Analyses Novembre 2014 N°84

Dans un contexte de centralisation de la gouvernance des grandes entreprises et des groupes (et donc de centralisation des Instances Représentatives du Personnel), loin de faciliter l’implantation de ces instances et des organisations syndicales dans les nombreuses entreprises qui en sont dépourvues (y compris lorsqu’elles dépassent les seuils en vigueur), cette nouvelle mesure contribuerait à éloigner davantage représentants élus du personnel et délégués syndicaux des salariés et de leur base militante en transformant le syndicalisme revendicatif en un syndicalisme gestionnaire capable de porter une oreille attentive aux « difficultés du patronat ». C’est ce qu’exprime avec ses mots une avocate spécialiste de la défense des employeurs. L’intérêt de cette réforme  dit-elle « C’est que cela peut permettre aux élus d’avoir une vision globale de l’entreprise, et ainsi de mieux cerner les enjeux des projets proposés par l’employeur ».  Comme l’indique de son côté un intervenant auprès des élus des CE : « Considérer qu’un élu du personnel a obligatoirement vocation à s’investir tout à la fois dans l’analyse financière et les enjeux de santé au travail est aussi peu réaliste que d’exiger d’un étudiant qu’il détienne un diplôme de masseur-kinésithérapeute pour pouvoir intégrer une école de commerce ». Une telle fusion des instances, qui vise clairement à privilégier le dialogue gestionnaire entre employeur et représentation unique des salariés ne pourra se faire qu’au dépend des missions spécifiques actuelles de chacune des instances. C’est le cas pour les CHSCT mis en place en 1982 dans les entreprises à partir de 50 salariés pour défendre leurs intérêts en matière de santé, de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail. Il en serait de même pour les délégués du CE qui, au-delà de leur rôle social et culturel traditionnel, disposent de prérogatives économiques (droit d’information et de consultation sur tout ce qui concerne la vie économique de l’entreprise) mais également d’un droit de regard sur les licenciements collectifs pour motif économique et sur tout ce qui a trait à la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences. Quant aux délégués syndicaux, désignés par les syndicats représentatifs dans l’entreprise, ils portent les revendications de leur syndicat et négocient les accords collectifs. Quelle serait dès lors leur rôle dans une telle instance unifiée ?

Une fois de plus il importe de mettre au jour la logique des mesures prévues par le gouvernement en matière de casse du droit du travail et de présenter les arguments utiles pour une prochaine mobilisation. C’est le sens de cette courte note qui sera suivie de nouvelles analyses dans d’autres domaines.

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 05:52

 

 

Classement des 500 premières fortunes -

Par Eric Bocquet  / 7 juillet 2017

 

 

 

Chaque année à pareille époque je m’offre le numéro spécial du magazine « Challenges », celui qui, depuis 20 années, établit le classement des 500 premières fortunes professionnelles de France. « S’offrir » n’est pas un terme usurpé car ce magazine ne coûte pas moins de 5,50 euros, mais au moins vous en avez pour votre argent. Couverture en papier glacé et dès les premières pages vous êtes emporté dans le tourbillon de l’argent dégoulinant de partout, oui un autre monde décidément.

Evidemment « Challenges », malgré son prix, vit aussi avec de la publicité bien sûr. Une croisière en yacht de luxe en décembre prochain, 10 jours à Ushuaia à partir de 7 220 euros, à partir de... On vous présente des montres de luxe, une Mauboussin à 2 095 euros, d’autres marques suisses à 5 080 ou 5 750. Attention, certaines d’entre elles sont en édition limitée à 12 exemplaires, ne tardez donc pas, cédez à vos envies ! Des banques prestigieuses, BNP Paribas banque privée, Cyrus Conseil peuvent vous aider dans la gestion de votre patrimoine et de votre fortune, j’vous jure parfois on aurait envie d’être pauvre !

Vous pouvez aussi vous faire aider dans l’acquisition d’un bien immobilier, un appartement dans le 8ème arrondissement de Paris pour la modique somme de 11 000 000 euros. Vous y dégusterez avec les amis, un grand vin de Bordeaux, on vous propose ici un grand cru classé Graves Pessac Léognan à 123,80 euros la bouteille.

Un article attire mon attention page 106 : « Auteuil, Neuilly, Passy tels sont leurs îlots ». Rien à voir avec le sketch mythique des Inconnus, ici c’est du sérieux, lecture, chers amis de Liberté Hebdo je vais plagier, je prends le risque... « Parmi les 700 voies fermées à la circulation de la capitale, les plus cossues se situent dans les anciennes communes de Passy et Auteuil et à Neuilly sur Seine, leur voisine. Des petits morceaux de campagne à la ville, souvent créés par des promoteurs du XIXème siècle qui séduisent artistes, businessmen français et fortunes étrangères... » Mais désolé les amis, je dois interrompre ici mon propos, un flash à la radio nous annonce qu’il y aurait « un trou de 8 milliards d’euros dans le budget 2017 (toujours ce sacré Docteur Diafoirus-Migaud de la Cour des Comptes), et donc ce nouveau gouvernement ne pourra malheureusement tenir ses engagements, il va falloir trouver des économies immédiatement, point d’indice des fonctionnaires gelé, les collectivités au pain sec…

Rassurez-vous je reviendrai la semaine prochaine sur « Challenges », encore une véritable mine d’or, et puis merde, il faut bien que je le rentabilise à ce prix-là !

 

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 05:49
Partager cet article
Repost0
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 05:44
Le gouvernement Macron-Philippe veut encore affaiblir les prud'hommes (Médiapart - 11 juillet 2017)
Le gouvernement veut encore affaiblir les prud'hommes
 PAR 

Emmanuel Macron et sa ministre du travail, Muriel Pénicaud, souhaitent raboter le montant des indemnités versées aux salariés licenciés abusivement. Alors même que le nombre de cas portés devant les tribunaux fond comme neige au soleil, comme le révèle Mediapart.

 

Emmanuel Macron a décidément une dent contre les prud’hommes. Parmi les mesures emblématiques de la réforme du code du travail qu’il pousse son gouvernement à adopter séance tenante, figurent en bonne place le plafonnement et la barémisation des dommages et intérêts que les conseils des prud’hommes peuvent accorder lorsqu’ils jugent qu’un licenciement est abusif. Cette mesure sera l’un des symboles de la loi sur le travail, saison 2, et devrait concentrer une bonne partie des polémiques autour du débat parlementaire qui s’est ouvert ce lundi 10 juillet. Mais qui l’a compris ? Ce n’est pas la première fois que, sous la tutelle d'Emmanuel Macron, une mesure est prise qui aboutit à restreindre le pouvoir des prud’hommes, ces juridictions que les représentants du patronat présentent quasi unanimement comme une nuisance potentielle.

Comme Mediapart l’avait expliqué en mai, une discrète mesure de la loi Macron, passée inaperçue en 2015, complique très sérieusement l’accès des salariés aux prud’hommes. À l’époque, nous ne disposions pas des données officielles. Nous avons depuis obtenu les statistiques du ministère de la justice, telles qu’elles ont été remontées de tous les conseils des prud’hommes de France, et elles sont ahurissantes. En 2016, selon les chiffres officiels révélés aujourd’hui par Mediapart, le nombre de saisines des prud’hommes a diminué de 20 % par rapport à l’année précédente. Et la tendance n’a fait que s’accélérer au premier trimestre 2017 : concernant les affaires au fond (qui ne comprennent pas les référés), la baisse a été de 22 % en janvier 2017 par rapport à janvier 2016, de 33 % en février, et de 46 % en mars. Selon Le Parisien, cette baisse au premier trimestre 2017 est de 30 à 40 % à Bobigny, et de 66 % à Créteil… Alors que jusqu’en 2015, entre 190 000 et 200 000 personnes saisissaient les prud’hommes chaque année, ce chiffre fond donc à une vitesse vertigineuse.

Qu’à cela ne tienne. Les projets gouvernementaux, qui devraient se concrétiser dans les ordonnances publiées à la fin de l’été, ne vont pas rendre les prud’hommes plus attractifs, loin s’en faut. La loi d’habilitation, actuellement débattue à l’Assemblée, devrait déterminer de façon très précise quelle somme pourra être versée au salarié dont le licenciement a été jugé abusif par les prud’hommes, en plus des indemnités légales qui sont toujours versées en cas de licenciement (un cinquième de mois par année d’ancienneté). Sont prévus un plancher sous lequel ne pas descendre et un plafond à ne pas dépasser, le tout en fonction de l’ancienneté du salarié dans l’entreprise, avec une série de curseurs intermédiaires obligatoires. Ce barème sera exprimé en nombre de mois de salaire pour chaque salarié.

 

L’idée d'un barème, à l’époque indicatif, a été suggérée dans le dernier rapport portant sur les prud’hommes, rendu en juillet 2014 par Alain Lacabarats, président honoraire de la chambre sociale de la Cour de cassation. L’idée a immédiatement séduit le ministre de l’économie Emmanuel Macron, et a été reprise par le gouvernement pendant le débat parlementaire sur la loi portant son nom. En 2015, la loi Macron établit donc un plafonnement des indemnités versées et un « référentiel indicatif » en fonction de l'ancienneté, de l'âge et de la situation du demandeur par rapport à l'emploi. Mais la mesure est invalidée par le Conseil constitutionnel, qui refuse que le barème se fonde en partie sur la taille de l’entreprise. Pourtant, sur le fond, le Conseil a validé le principe du barème, estimant qu’il poursuivait « des buts d’intérêt général ».

L’année suivante, toujours à Bercy, Emmanuel Macron a de nouveau tenté de faire passer le principe, dans la loi sur le travail défendue par El Khomri. Un pas de plus était franchi : le barème devenait obligatoire, et très restrictif, alignant tous les seuils sur des montants très faibles, destinés aux petites entreprises dans la loi précédente. Mais craignant de s’ajouter une épine dans le pied en pleins mois de manifestations, François Hollande et Manuel Valls avaient finalement désavoué leur ministre, optant pour un barème purement indicatif. Les seuils d’indemnisation conseillés, publiés seulement fin 2016, se sont révélés plus généreux que ceux que le ministre souhaitait initialement. La nouvelle réglementation ne date donc que de six mois et il va sans dire, comme Mediapart l’a déjà pointé, que la réforme voulue par Macron se fera donc sans que personne ne soit capable de tirer un vrai bilan des règles actuelles, tout juste stabilisées.

Aujourd’hui, le gouvernement avance deux raisons pour justifier sa réforme. Il s’agirait d’abord d’en terminer avec« l’imprévisibilité » des décisions des prud’hommes à propos des indemnités à accorder à un salarié licencié abusivement. La ministre du travail Muriel Pénicaud a affirmé à plusieurs reprises que « l’insécurité juridique »serait « un frein à l’emploi et un frein à l’initiative » pour les entreprises, qui craindraient de vivre sous l’épée de Damoclès d’un jugement potentiellement sévère. La ministre assure aussi que les indemnités accordées seraient inéquitables, car pouvant fortement varier pour des contentieux qui se ressemblent fortement. La réforme permettrait, assure le gouvernement dans l’étude d’impact du texte, de « lever les freins au recrutement, en accroissant la prévisibilité des décisions rendues et en sécurisant les entreprises, notamment les TPE-PME, au regard des risques liés à la rupture du contrat de travail ».

 

Le problème, c’est qu’aucune étude sérieuse n’a pu établir que les prud’hommes, et le montant des indemnités qu’ils accordent, étaient vraiment des « freins au recrutement ». Au contraire, même. Dans une toute récente étude, dont Mediapart s’est déjà fait l’écho, l’Insee a résumé les positions des chefs d’entreprise qu’elle interroge très régulièrement. Il apparaît que ceux qui estiment qu’il y a des barrières à l’embauche en France ne dirigent que 48 % des salariés du pays, et que même parmi eux, les risques juridiques du licenciement et les coûts qui y sont liés n’arrivent qu’en quatrième et cinquième positions des motifs cités (ils sont nommés par des entreprises employant respectivement 14 % et 10 % des salariés). Loin derrière l’incertitude de la situation économique (28 %), l’absence de main-d’œuvre compétente (27 %) et les cotisations sociales jugées trop élevées (18 %)…

« C’est un peu désespérant. Les statistiques et les études sont moins puissantes que les récits et les anecdotes qui circulent. Quand Emmanuel Macron dit que les PME ont peur d’embaucher, il est au niveau de l’anecdote. Aucun chiffre sérieux ne valide cette idée. Quand on descend dans les faits, cela ne tient pas », estime Sebastian Schulze-Marmeling. Chercheur associé au Centre d’études de l’emploi, spécialiste du conflit au travail, il a réalisé une étude en 2014 qui montre que les prud’hommes ne sont pas un frein à l’embauche. Il a établi qu’en France, on constate plutôt une grande stabilité du nombre de saisines entre la fin des années 1970 et le milieu des années 2010, et que le taux de recours à cette instance en France était bien en dessous de la moyenne européenne (lire ici l’interview où il détaille ses conclusions).

« Depuis trois ans, ce sujet n’a fait que monter, et atteint désormais le discours politique à la tête de l’État, note Sebastian Schulze-Marmeling. Il y a peut-être des abus aux prud’hommes, comme partout, mais aucune statistique n’existe sur le sujet. Et bien que les audiences soient publiques, les récits de décisions favorisant exagérément les salariés n’émergent pas. » Le chercheur rappelle également que l’on trouve facilement des abus dans l’emploi des CDD de la part d’entreprises. « Et pourtant, ce n’est pas pour ça qu’on trouve un seul membre du gouvernement qui propose de supprimer le recours aux CDD », souligne-t-il pour mieux critiquer la position politique du gouvernement. Quant à l’argument de Muriel Pénicaud et du premier ministre Édouard Philippe selon lequel il est anormal que des décisions judiciaires ne soient pas les mêmes pour des cas proches, cela ne l’émeut guère : « Justement, cette incertitude joue un rôle. La justice n’est pas là pour mettre une étiquette disant combien cela coûte de violer la loi en licenciant un salarié de façon abusive… » C’est pourtant l’objectif affiché du gouvernement.

Sur quelles bases travaille donc l’exécutif ? Comment évalue-t-il l’échelle des condamnations prononcées par les prud’hommes pour affirmer, comme vient de le faire Muriel Pénicaud dans l’hémicycle, qu’une situation similaire entre deux salariés pouvait déboucher sur une indemnisation allant « de un à cinq » ? En fait, une seule étude sérieuse a été réalisée. En 2015, le ministère de la justice a fait étudier un échantillon de quelque 400 arrêts rendus en appel, jusqu’en octobre 2014. Elle concluait que les dédommagements liés à l’absence de cause réelle et sérieuse de licenciement s’élevaient en moyenne à un peu plus de 24 000 euros et étaient supérieurs à 29 000 euros dans un quart des décisions. En intégrant tous les coûts de la rupture du contrat de travail (indemnités légales de licenciement, salaires ou heures supplémentaires impayés), la somme moyenne atteint 40 000 euros. Mais les variations sont très fortes, s’étageant de 1 225 à 350 000 euros.

Et puis, au fond, cette étude sur 400 cas peut difficilement prétendre être représentative : à cette époque, plus de 180 000 cas étaient jugés tous les ans, et 80 % d’entre eux donnaient lieu à un appel. Qui plus est, cette étude n’est pas publique. Mais un article détaillé en a dévoilé le contenu l’an dernier dans La Revue du droit du travail. Il est signé par Évelyne Serverin, directrice de recherche émérite au CNRS, membre du Conseil supérieur de la magistrature et l’une des meilleures spécialistes des prud’hommes, et il est disponible sous l’onglet Prolonger de cet article.

De fait, à l’image d’une bonne partie de cette loi sur le travail, saison 2, la réforme des prud’hommes répond à une vieille doléance patronale. Les chefs d’entreprise rêvent de pouvoir provisionner par avance le coût d’un licenciement potentiellement illégal. Et pour appuyer leurs demandes, ils n’hésitent pas à relayer les cas qu’ils ont repérés au fil du temps et qui ont mis en difficulté une entreprise, souvent de petite taille. Et puisque l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le vice-président de la CPME, Jean-Michel Pottier, décrit inlassablement depuis plusieurs années un cas concernant la petite entreprise de textile qu’il dirige.

Il a encore raconté sa mésaventure ce lundi sur France Info, comme il l’avait faitdevant la commission des affaires sociales de l’Assemblée, le 30 mars 2016

Il explique qu’il a perdu aux prud’hommes après avoir licencié un salarié lui ayant« prélevé » du tissu. Bien que la cour d’appel de Douai ait reconnu la faute du salarié, elle a estimé que le licenciement n’était pas une sanction adaptée, et a condamné l’entreprise à lui payer 40 000 euros de dommages et intérêts. Résultat, assure le représentant patronal, il a dû mettre de son argent personnel dans la trésorerie de son entreprise, pour lui permettre de passer ce cap difficile. Devant l’Assemblée, il a assuré que le « pouvoir d’appréciation » des juges « peut conduire à des situations catastrophiques pour l'emploi et pour l'entreprise ».

 

Mais la chercheuse Évelyne Serverin a un autre regard sur ce cas présenté comme emblématique. Dans son article, elle en donne une version plus nuancée, après avoir lu l’arrêt de la cour d’appel : « La faute de la salariée consistait à avoir réalisé un travail personnel (un tablier), avec des chutes de tissu et dans le temps de travail. Or, selon les termes mêmes de la lettre de licenciement, il existait une “tolérance” à l'égard de l'utilisation des machines à coudre pour des travaux personnels pendant les périodes de pause, y compris en utilisant des chutes de coupe non valorisables. » Ce que la justice a retenu contre cette salariée, 26 ans d’ancienneté, est qu’elle a confectionné ce tablier pendant ses heures de travail, et non de pause. Pas de quoi valoir un licenciement.« Qu'un employeur puisse se présenter comme une victime dans une telle affaire, et recevoir une écoute complaisante, en dit long sur l'état d'avancement du processus de délégitimation de la justice du travail », assène l’auteure.

L’article d’Évelyne Serverin est aussi, et surtout, intéressant parce qu’il se penche sur le nerf de la guerre : l’argent. Il compare les sommes accordées par les cours d’appel, telles qu’elles ont été recensées par la Chancellerie sur 400 décisions, au barème qu’Emmanuel Macron avait tenté d’imposer dans la loi sur le travail avant de se faire désavouer par l’Élysée et Matignon. Une échelle qu’il est pertinent de considérer, puisque nul ne sait pour l’instant à quel niveau sera fixé le nouveau barème 2017, institué par les ordonnances. Or, l’article « met en évidence la tendance à l'écrêtage des indemnisations, limitant la compensation des dommages subis par les salariés les plus anciens dans l'entreprise ».

Le barème, tel que l’avait pensé l’alors ministre de l’économie en 2016, plafonnait les dommages et intérêts versés à 12 mois de salaire pour une ancienneté de 10 à 20 ans, et à 15 mois pour plus de 20 ans de présence dans l’entreprise. Si l’on s’en tient aux moyennes constatées par la Chancellerie sur son échantillon restreint, les plafonds proposés correspondent à peu près aux sommes accordées par la justice. Mais il y a un nombre substantiel de décisions qui accordaient aussi beaucoup plus, au-delà de deux ans de salaire. Or, constate la chercheuse, la proportion des salariés ayant obtenu plus de deux ans de salaire « s'accroît en fonction de l'ancienneté : c'est le cas d'un cinquième des salariés dans la tranche des 10 à 15 ans, d'un quart dans celle des 15 à 20 ans, et de la moitié dans celle des plus de 20 ans ».

Conclusion, « ce sont les droits des salariés les plus anciens qui étaient les plus menacés par l'avant-projet de loi travail », avec de très sérieuses conséquences, car « la part des salariés âgés demandeurs aux prud'hommes n'a cessé de croître entre 2004 et 2013 : la fraction des plus de 50 ans est passée de 21 % à 34 %, et celle des plus de 60 ans de 2 % à 10 % ». Et donc, « un plafonnement à des niveaux aussi bas que celui qui avait été envisagé par le projet de loi travail était porteur d'un risque réel de faciliter le licenciement des salariés les plus anciens, venant grossir la population des demandeurs d'emploi de longue durée ».

Cette catégorie de la population ne sera sans doute pas davantage protégée par la future barémisation. Mais il faut considérer l’intérêt que pourrait y trouver, ou non, une autre catégorie d’acteurs, les petites entreprises. Car tous les conseillers siégeant aux prud’hommes donnent une explication simple sur la grande disparité des indemnités accordées selon les cas : lorsqu’il s’agit de prendre leur décision, les conseillers, qui sont répartis à égalité entre représentants des employeurs et des salariés, prennent largement en compte la taille et la santé de l’entreprise. Dans une étude publiée par le site The Conversation, Thierry Kirat, directeur de recherche au CNRS, a justement étudié 83 décisions prud’homales selon cet axe. Il a établi que lorsque l’employeur est une TPE ou une PME, le conseil donne tort au salarié dans 43 % des cas, contre 31 % des cas pour les grandes entreprises. Et lorsqu’une réparation financière est accordée, son montant moyen est de 8 000 euros pour les petites entreprises, soit quatre fois moins que pour les grandes…

« Les juges ne sont pas des enfants. Si un licenciement est jugé sans cause réelle et sérieuse, c’est qu’il y a un abus, et c'est uniquement cet abus qui est sanctionné par le conseil des prud’hommes, qui doit rester maître de ses décisions, rappelle Emmanuel Boutterin, un des responsables de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), conseiller prud'homal à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) et membre du Conseil supérieur de la prud’homie. Chaque cas est pesé raisonnablement par le juge, en fonction de multiples critères. Un plancher, par exemple, pourrait être contre-productif dans le cas de petites entreprises, qui vont plutôt souffrir d'une barémisation. »

Emmanuel Boutterin indique que l’Udes « n’est pas opposée en soi à la barémisation, notamment à cause des chiffres surréalistes qui peuvent être atteints dans la section encadrement », mais estime qu’une telle réforme « ne va pas au bout du raisonnement » :« Si on veut vraiment sécuriser les entreprises, on peut, pourquoi pas, travailler sur une meilleure définition des causes réelles et sérieuses du licenciement ? Pourquoi ne pas barémiser les parachutes dorés et les soumettre au juge ? Mais l’affaiblissement du pouvoir du juge, cela ne peut pas être positif. » Une opinion qui sera partagée par une grande majorité des conseillers prud’homaux, tout comme des syndicats, mais qui a peu de chances de convaincre dans les rangs de La République en marche.

 

Partager cet article
Repost0
12 juillet 2017 3 12 /07 /juillet /2017 05:00
le tombeau des Patriarches et la mosquée d'Ibrahim à Hébron: mosquée et synagogue

le tombeau des Patriarches et la mosquée d'Ibrahim à Hébron: mosquée et synagogue

Communiqué de l'AFPS

 

http://www.france-palestine.org/Hebron-patrimoine-mondial-palestinien-en-peril-une-victoire-du-droit

 

Hébron, patrimoine mondial palestinien en péril : une victoire du droit

 

Le Comité du Patrimoine mondial de l’Unesco a déclaré, vendredi 7 juillet, la vieille ville d’Hébron et le lieu saint appelé Mosquée d’Ibrahim par les Musulmans et Tombeau de Patriarches par les Juifs « patrimoine mondial palestinien » et l’a inscrit sur la liste des sites « en péril ».

La réaction d’une violence sans retenue des dirigeants israéliens montre à quel point leur lobbying s’était déployé ces derniers jours pour faire échouer cette demande de la Palestine.

Comme à leur habitude, ils ont entretenu une confusion totale entre croyances religieuses et droits nationaux. D’après eux, déclarer ce site religieux « palestinien » en ferait un site « non juif » ! La ville d’Hébron se situe bel et bien en territoire palestinien et l’UNESCO ne fait que rappeler cette évidence : Israël n’a aucune souveraineté sur ce territoire quels que soient les sites religieux qu’il héberge et quelles que soient ses propres ambitions coloniales.

Et c’est cette reconnaissance qui engendre la fureur des dirigeants israéliens : malgré 50 ans d’occupation militaire, malgré une colonisation particulièrement violente à Hébron, que ce soit au cœur de la vieille ville ou en périphérie, la communauté internationale ne leur reconnait aucun droit sur cette terre.

Quant à la notion de patrimoine en péril, aucun témoin de la situation de la vieille ville d’Hébron ne peut nier qu’elle est en danger. La violence et les exactions générées par la présence en son cœur de quelques centaines de colons fanatiques - protégés et secondés par plusieurs milliers de soldats de l’armée d’occupation - en sont la cause. Le vieil Hébron est devenu un enfer pour les Palestiniens. Des centaines de boutiques ont définitivement baissé les rideaux, si bien que le centre historique, autrefois très animé n’est plus que l’ombre de lui-même. Une partie en est même complètement bouclée par l’armée d’occupation et est transformée en ville fantôme où quelques familles palestiniennes totalement isolées persistent à vivre dans un grand dénuement et harcelées en permanence par les colons.

C’est donc avec une très grande satisfaction que nous avons appris cette décision de l’UNESCO. C’est une victoire du peuple palestinien, de la diplomatie palestinienne mais aussi du mouvement de solidarité. Elle vient en particulier couronner les efforts des municipalités de Belfort et d’Arcueil qui animent depuis 2009, avec la municipalité d’Hébron, un Comité International pour la sauvegarde de la ville d’Hébron.

N’oublions pas non plus l’action des ONG palestiniennes pour faire connaître la situation à Hébron et aider les habitants à continuer à y vivre. Ni celle de deux ONG israélienne : B’Tselem qui a fourni la première caméra à une famille vivant encerclée par des colons, pour lui permettre de montrer au monde entier ce que sont les exactions des colons d’Hébron ; et « Rompre le silence », qui a publié les témoignages d’anciens soldats de l’armée d’occupation en poste à Hébron. Ces deux ONG sont – ce n’est pas un hasard - particulièrement visées par les lois liberticides récemment votées à la Knesset.

La décision du Comité du patrimoine de l’UNESCO n’est que justice. Elle n’amènera cependant pas, à elle seule, un changement de la réalité sur le terrain. Nous devons plus que jamais rester mobilisés, et nous appuyer sur cette décision pour exiger, au côté de nos partenaires palestiniens, israéliens et français, la fin de la colonisation et de l’occupation militaire de la ville d’Hébron, désormais classée comme patrimoine palestinien et toujours en péril.

Partager cet article
Repost0
10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 07:11

« C’est depuis les années de Giscard d’Estaing qu’on nous dit de nous serrer la ceinture »

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011