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1 septembre 2019 7 01 /09 /septembre /2019 04:55

 

Résumé : Ces deux dramatiques explosions aux conséquences humanitaires effroyables et toujours présentes, nous ont fait entrer dans la folie mortifère de la dissuasion nucléaire.  En 1945, Hiroshima a ouvert une nouvelle période historique caractérisée par la possibilité volontaire ou par erreur d’une apocalypse atomique menaçant la survie de l’humanité. L’anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki permettra de réaffirmer, dans de nombreuses villes en France et dans le monde, l’urgence de l’action et la possibilité de gagner la mise en œuvre du Traité d’interdiction des armes nucléaires adopté à l’ONU le 7 juillet 2017. Ce traité déjà signé par 74 Etats et ratifié par 24 entrera en vigueur après 50 ratifications.

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Ces deux dramatiques explosions aux conséquences humanitaires effroyables et toujours présentes, nous ont fait entrer dans la folie mortifère de la dissuasion nucléaire.

Aujourd’hui, l’arsenal nucléaire mondial représente 5000 mégatonnes de puissance. C’est une énergie du même ordre de grandeur que celle dégagée par les éruptions des super volcans qui ont bouleversé la vie sur terre, et fait disparaître la plupart des espèces.

Plusieurs scientifiques de renom ont estimé que nous sommes au cœur de l’anthropocène, une nouvelle ère de l’histoire géologique qui pourrait être dénommée ainsi parce que c’est l’activité humaine qui aurait été le principal acteur des modifications géologiques de la planète. Au-delà du débat scientifique, force est de constater que la manière dont se sont développées les activités humaines a abouti à affecter l’ensemble de la planète, allant donc au-delà de seulement certains écosystèmes, à « réchauffer » le climat, à assécher des mers, détruire la biodiversité, créer de nouveaux “continents de plastique”. Par ailleurs, en 1945 Hiroshima a ouvert une nouvelle période historique caractérisée par la possibilité volontaire ou par erreur d’une apocalypse atomique menaçant la survie de l’humanité.

Il n’y a pas de solutions militaires aux maux de l’humanité. Pourtant, c’est au nom de la “sécurité” qu’a été constitué cet arsenal nucléaire et qu’aujourd’hui les dépenses militaires et parmi elles, celles dédiés aux armes nucléaires, continuent de croître inconsidérément.

Les survivants des bombardements atomiques, les hibakushas, n’ont eu de cesse de témoigner de leurs souffrances et de militer pour qu’aucun être humain n’ait un jour à subir de tels bombardements.

Heureusement, depuis 2017, un traité d’interdiction des armes atomiques a été adopté à l’ONU. Ce traité, qui interdit de « mettre au point, mettre à l’essai, produire, fabriquer, acquérir, posséder ou stocker des armes nucléaires… de transférer des armes nucléaires ou accepter le transfert d’armes nucléaires, d’employer ou menacer d’employer des armes nucléaires », est à même de faire disparaître de la panoplie des dangers que l’humanité doit affronter, le danger des armes nucléaires.

Parce que nous n’avons qu’une seule planète, que le danger des armes nucléaires peut et doit être éliminé, la France doit signer puis ratifier le traité d’interdiction des armes nucléaires (Tian)*.

L’anniversaire des  bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki permettra de réaffirmer, dans de nombreuses villes en France et dans le monde, l’urgence de l’action et la possibilité de gagner la mise en œuvre du Tian comme le prouve le fait que 74 Etats l’ont déjà signé et 24 l’ont ratifié.

L’élimination de ces armes de destruction massive ouvrira de nouvelles perspectives pour la lutte pour la construction de la Paix et l’émergence d’une culture de la paix.

Le Mouvement de la Paix, 5 août 2019

(*) Le traité entrera en vigueur dès sa ratification par 50 états. 24 l’ont déjà fait, et 74 l’ont signé.

 

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31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 06:42
Photos du rassemblement pour la libération de Vincenzo Vecchi à Morlaix ce vendredi 30 août (Jean-Luc Le Calvez et Lucienne Nayet)
Photos du rassemblement pour la libération de Vincenzo Vecchi à Morlaix ce vendredi 30 août (Jean-Luc Le Calvez et Lucienne Nayet)
Photos du rassemblement pour la libération de Vincenzo Vecchi à Morlaix ce vendredi 30 août (Jean-Luc Le Calvez et Lucienne Nayet)
Photos du rassemblement pour la libération de Vincenzo Vecchi à Morlaix ce vendredi 30 août (Jean-Luc Le Calvez et Lucienne Nayet)
Photos du rassemblement pour la libération de Vincenzo Vecchi à Morlaix ce vendredi 30 août (Jean-Luc Le Calvez et Lucienne Nayet)
Photos du rassemblement pour la libération de Vincenzo Vecchi à Morlaix ce vendredi 30 août (Jean-Luc Le Calvez et Lucienne Nayet)
Photos du rassemblement pour la libération de Vincenzo Vecchi à Morlaix ce vendredi 30 août (Jean-Luc Le Calvez et Lucienne Nayet)

7 camarades du PCF étaient présents hier soir devant la mairie à Morlaix pour le rassemblement en faveur de la libération immédiate du militant altermondialiste italien réfugié en France, Vincenzo Vecchi. Le rassemblement a regroupé une quarantaine de personnes ce 30 août à Morlaix. On reste mobilisés!

 

Le comité de soutien morlaisien de Vincenzo Vecchi appelair à se rassembler à 18h devant la mairie de Morlaix le vendredi 30 août. Il appelle à sa libération. Pour rappel, Vincenzo Vecchi est actuellement en prison à Vezin. Le militant altermondialiste de 46 ans a été condamné en Italie à 11 ans et 8 mois de prison pour participation aux manifestations contre le G8 à Gênes en 2001, et sous le coup d'un mandat d'arrêt européen, Vincenzo Vecchi s'est réfugié en 2011 à Rochefort-en-Terre (56). Il avait été arrêté le 8 août. Plus récemment, vendredi 23 août, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a demandé un supplément d'information concernant le mandat d'arrêt international décerné à l'encontre de Vincenzo Vecchi.

Communiqué du comité de soutien morlaisien de Vincenzo Vecchi, Le Télégramme - 28 août 2019

Le PCF soutient cet appel au rassemblement.

Vincenzo qui vit à Rochefort en Terre (Morbihan) depuis 8 ans, sans aucune histoire et complètement intégré à la vie locale, est arrêté par la police. Son arrestation à lieu sous mandat d’arrêt européen. Il est emmené au centre de détention de Vézin le Coquet, pour une procédure d’extradition.

Vincenzo avait participé tout d’abord en 2001 à Gênes à la manifestation contre le G8 et en second lieu en 2006 à Milan à une manifestation anti-fasciste non autorisée. Ce sont ces 2 faits qui lui sont reprochés par la justice italienne.

De nombreux militants avaient été arrêtés à Gênes et une quinzaine de personnes avaient été condamnées à des peines lourdes (8 à 15 ans fermes) sous le chef d’inculpation officielle de « Dévastation et saccage ».  Vincenzo en faisait partie. Devant cette inculpation injuste et disproportionnée, il décide d’échapper à la prison et arrive alors à Rochefort en terre.

Le PCF apporte son soutien à Vincenzo VECCHI et à la lutte entamée pour sa libération

 

Communiqué du PCF Bretagne – Vincenzo Vecchi ne doit pas être extradé en Italie.

Le PCF Bretagne apporte son soutien à Vincenzo Vecchi qui ne doit pas être extradé en Italie.

Vincenzo Vecchi, citoyen italien vivant depuis 8 ans à Rochefort-en-Terre, militant altermondialiste et antifasciste, a été condamné en Italie à 11 ans et 8 mois de prison en vertu d’une loi inique pour participation aux manifestations contre le libre-échange et le capitalisme financier au G8 à Gênes en 2001. La répression féroce de ces manifestations par le gouvernement de Berlusconi avait été caractérisée à l’époque par Amnesty International comme « la plus grande violation des droits humains et démocratiques dans un pays occidental depuis la Seconde Guerre mondiale»: un jeune homme, Carlo Giuliani, avait été abattu et des centaines d’altermondialistes tabassés, blessés, torturés ou détenus arbitrairement.

Et pourtant Vincenzo Vecchi est convoqué ce mercredi 14 août à la chambre d’instruction de Rennes qui pourrait décider de son extradition dans l’Italie de Salvini, où les droits humains sont de plus en plus bafoués et où il deviendrait un prisonnier politique, un prisonnier d’opinion.

10 manifestants du contre-sommet du G8 à l’issue des violences déclenchées par la police et les brigades spéciales du gouvernement avaient été condamnés à des peines de 6 à 15 ans en recourant au délit de « dévastation et saccage ». Un élément du Code pénal italien, introduit par les fascistes de Mussolini en 1930, et remis au goût du jour par Berlusconi, qui permet, dans les faits, au nom de la notion de simple « concours moral » aux événements, de sanctionner avec des peines de 8 à 15 ans de prison la simple présence et la participation à des manifestations considérées comme insurrectionnelles.

Il faut dire que la justice italienne reproche aussi à Vincenzo Vecchi la participation à une manifestation interdite contre l’extrême-droite à Milan en mars 2006.

Ce serait une entorse grave aux droits de l’homme et au droit d’asile d’extrader Vincenzo Vecchi en Italie, dans un contexte où l’extrême-droite a pris le pouvoir et en abuse sans respect des droits humains.

Le PCF Bretagne soutient Vincenzo Vecchi et se félicite de l’élan rencontré par son comité de soutien et du rassemblement citoyen en solidarité avec lui à 9h devant la cour d’appel de Rennes le mercredi 14 août.

 

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31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 04:51

 

Selon un rapport confidentiel du gouvernement britannique, les conséquences d’une sortie sans accord avec l’Union européenne promettent d’être lourdes : pénuries de médicaments et ralentissement des échanges sont à prévoir.

Il pleuvra des grenouilles pendant cinquante ans. Lancé en 2005 lors du référendum sur le traité constitutionnel européen en France, le chantage aux châtiments pour les peuples récalcitrants est éprouvé : outre-Manche, depuis le vote sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit), en juin 2016, il refait surface régulièrement, raillé sous l’expression « Project Fear », « Projet peur »)… À une différence près, et de taille, avec les versions précédentes : c’est que les plaies et les bosses auxquelles le gouvernement de Boris Johnson, avec ses accents à la fois ultralibéraux et xénophobes, expose les Britanniques et les Européens, avec sa promesse – répétée le week-end dernier – de sortie sans accord le 31 octobre prochain, ne sont pas toutes systématiquement fantasmatiques… Les services du gouvernement britannique l’admettent eux-mêmes, désormais.

À cet égard, cela n’est sans doute pas fortuit si c’est le Sunday Times, l’édition dominicale du quotidien conservateur anglais, qui révèle ces jours-ci une série de prévisions internes du gouvernement en cas de sortie sans accord avec l’Union européenne (UE). « Ce n’est pas le Projet peur, promet une source proche des cercles du pouvoir au journal. C’est l’évaluation la plus réaliste de ce que les citoyens vont affronter en cas d’absence d’accord. Ce sont des scénarios basiques et raisonnables, et non pas le pire des cas ! » Le gouvernement Johnson, lui, évacue les questions en qualifiant de « dépassés » les documents présentés par le journal.

Par endroits, l’essence pourrait venir à manquer

Sous l’énigmatique label « Operation ­Yellowhammer » (« opération Bruant jaune », du nom d’une espèce de passereau réputé pour son chant ressemblant à une demande, « Un petit peu de pain et pas de fromage »), les documents évoquent plusieurs pénuries graves et prolongées dans le temps. Cela pourrait être le cas pour les médicaments et les fournitures médicales pendant six mois au moins. Pour l’alimentation, le rapport gouvernemental prédit des ruptures de stock, avec un resserrement de l’offre et une montée des prix des denrées. L’essence pourrait venir à manquer dans certains coins.

C’est sur les délais des échanges que le rapport, daté du début du mois d’août, s’avère le plus alarmiste : 50 % à 85 % des camions traversant la Manche pourraient ne pas être prêts aux yeux des autorités douanières françaises et, dans le pire mais toujours rationnel scénario, les poids lourds pourraient devoir patienter entre 36 et 60 heures avant de recevoir l’autorisation de passer… Autre exemple frappant : à Gibraltar, les 15 000 frontaliers passant chaque jour la frontière depuis l’Espagne devraient s’attendre à une attente pouvant aller jusqu’à quatre heures. Ce ralentissement drastique de toutes les activités pourrait se prolonger bien au-delà de trois mois, prévient encore le Sunday Times.

Sans surprise, en plus des manifestations et des contre-manifestations qui, mobilisant les forces de police, ne manqueraient pas de survenir en cas de décision unilatérale du Royaume-Uni, ces sombres prophéties faites par les services ministériels eux-mêmes dans le cadre de l’« opération Bruant jaune » laissent une bonne place au retour d’une frontière physique entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord. Rien de bien neuf, toutefois, sur ce qui est la principale pierre d’achoppement depuis des mois entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. ­L’accord trouvé entre Bruxelles et Londres prévoyait la mise en place d’un « filet de sécurité » garantissant, faute de mieux, à l’issue d’une période transitoire, le maintien du nord de l’île dans les dispositions douanières et ­réglementaires du marché commun, mais Theresa May a échoué à convaincre sa majorité conservatrice et ses alliés unionistes ultras du DUP nord-irlandais. Le gouvernement Johnson envisage de recourir à des moyens technologiques pour protéger sa frontière, sans remettre en place des barrières et des postes de douane. Mais, selon le document officiel, « cela ne pourra pas marcher à long terme du fait des risques économiques, légaux et liés à la sécurité sanitaire ». De quoi, là aussi, réveiller les spectres de la guerre civile en Irlande du Nord…

Un dumping social et fiscal aux portes de l’Europe

Au-delà des prévisions catastrophiques liées à une sortie sans accord avec l’UE, Boris Johnson compte bien échafauder un accord de libre-échange transatlantique avec les États-Unis de Donald Trump. En visite à Londres la semaine dernière, John Bolton, le conseiller spécial à la sécurité du président américain, un des faucons ­néoconservateurs à Washington, l’a promis au premier ministre britannique. Avec Trump, a-t-il juré, il fait partie des premiers partisans du Brexit. « S’il doit y avoir une sortie sans accord, ce sera la décision du gouvernement britannique, mais nous la soutiendrons avec enthousiasme », assure-t-il. Il promet au passage un traité de libre-échange « secteur par secteur » afin, vante encore Bolton, de privilégier ceux dans lesquels l’accord sera vite trouvé… Précisant, au passage, que cela risque d’être plus complexe pour les « services financiers ».

Dans une situation de fragilité, Johnson, tout à son rêve de développer un champion du dumping social et fiscal aux portes de l’Europe, en concurrence directe avec les États membres de l’UE, compte donc s’en remettre à Trump, et les deux ne manqueront sans doute pas de mettre en scène leur amitié indéfectible lors du G7 de Biarritz à la fin de la semaine. Mais, ce faisant, le Royaume-Uni risque, comme le dénonce l’opposition travailliste depuis des mois, de livrer le système public de santé et de sécurité sociale – le National Health Service – aux géants états-uniens du secteur. Début juillet, Woody Johnson, ambassadeur des États-Unis en Grande-Bretagne et ami proche de Trump, ne cachait pas son intérêt : « Je pense que l’économie tout entière, tout ce qui peut être mis sur le marché, devra être sur la table. En effet, la santé devra l’être aussi. »

Enfin, au rang des mesures destinées à améliorer la « compétitivité » d’un pays qui, déjà largement remodelé depuis les années Thatcher, a depuis des décennies imposé ses vues au sein de l’UE dans les matières sociales, un think tank conservateur propose désormais de repousser l’âge de départ à la retraite à 70 ans en 2028 et 75 ans en 2035. Chaque jour en apporte une preuve supplémentaire : c’est une dangereuse utopie néolibérale qui, sous couvert de Brexit, s’est installée au 10, Downing Street. Autre chose qu’un Projet peur totalement virtuel : c’est un modèle de société en guerre contre ses classes populaires et ses couches moyennes, contre les étrangers, mais aussi contre les États voisins…

Thomas Lemahieu

 

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31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 04:50

 

L’hyperpuissance semble d’autant moins pouvoir échapper au ralentissement global de l’activité qu’elle y a contribué.

Les effets du bras de fer commercial avec la Chine

Déjà le phénomène dit d’inversion entre les taux à long et court terme, qui s’est produit à plusieurs reprises depuis le début de l’année et pour la dernière fois le… 14 août, avait donné l’alerte. Illustrant la défiance à l’égard de la solidité de l’activité dans les années à venir, l’observation du phénomène a été, à chaque fois depuis 1956, corrélée à une entrée des États-Unis en récession.

Paradoxe, alors que les signes de ralentissement ne cessent de se préciser des pays émergents à l’Europe, les États-Unis semblaient continuer de pouvoir surfer sur une forte croissance. La crise est partie des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), où l’activité a globalement tendance à s’effondrer depuis maintenant deux ans. Ce qui s’est traduit par une chute des commandes de biens d’équipement qui touche particulièrement les exportations allemandes, poussant désormais la première économie de la zone euro au bord de la récession.

La longue période de réduction du loyer de l’argent et de prêts quasiment gratuits offerts aux marchés financiers par la Fed est à l’origine de cet enchaînement. Les Brics et autres pays émergents, qui se sont endettés massivement en dollars pour financer leurs investissements, se sont retrouvés pris au piège quand les grands argentiers états-uniens ont commencé de relever les taux, rendant insupportable le poids de leurs créances. Pour eux, le mouvement de baisse initié par la Fed arrive trop tard.

Donald Trump, en campagne pour sa réélection en 2020, aurait tout intérêt à ce que la croissance ne s’essouffle pas d’ici là. Mais, si son « option » national-libérale est désormais ralliée par une bonne partie de Wall Street, le bras de fer commercial avec la Chine pourrait avoir un effet amplificateur sur la crise et la ramener vite aux États-Unis, au cœur du système financier mondial.

Les signes annonciateurs d’une récession mondiale, qui toucherait d’ici à 2020 ou 2021 des États-Unis aujourd’hui épargnés, se précisent toujours davantage. Les économistes les plus proches des milieux d’affaire outre-Atlantique en sont persuadés. Selon un sondage publié hier et réalisé auprès de 226 d’entre eux par la National Association for ­Business Economics (Association nationale des économistes d’affaires), une majorité (38 %) se dit persuadée que cette contraction interviendra dès 2020, 34 % estimant qu’elle ne se produira qu’un an plus tard, « compte tenu des mesures » (retour à une politique de baisse des taux) engagées par la réserve fédérale, la banque centrale états-unienne.

Bruno Odent

 

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31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 04:49

 

Déclaration – Si le 2 août 2019 marque la fin du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF) établi entre la Russie et les USA, cette date doit aussi marquer  le lancement de nouvelles mobilisations des peuples pour obtenir l’entrée en vigueur  du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) adopté à l’Onu le 7 juillet 2017.

Suite à l’annonce du retrait des USA du traité INF, ce Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) (INF) a expiré ce vendredi 2 août 2019. Le 23 octobre 2018 le président américain Donald Trump avait annoncé son intention de dénoncer ce traité  et avait confirmé sa décision le 1er février 2019. Ce traité était jusque-là considéré comme l’un des principaux accords de désarmement nucléaire convenus entre les Etats-Unis et la Russie. Signé en 1987 il entérinait la volonté d’éliminer les missiles nucléaires de croisière et missiles balistiques américains et soviétiques lancés depuis le sol et ayant une portée se situant entre 500 et 5 500 km. Il représentait un des résultats positifs auxquels ont contribué les mobilisations pacifistes des années 80 sous le  thème « Ni Pershing, Ni SS20 »

Si Moscou et Washington peuvent avoir chacun des responsabilités, il est clair que les USA ont joué un rôle extrêmement négatif, accentué par Trump, en cassant  tout ce qui a été obtenu de positif dans ce combat pour l’élimination des armes nucléaires, comme par exemple le retrait des USA du traité ABM (anti balistique missile), du Traité INF, de l’accord sur le nucléaire iranien et la relance de la course aux armes nucléaires par les USA, la non ratification du Traité d’interdiction des essais nucléaires, la présence illégale d’armes atomiques américaines sur le territoire d’Etats européens et le non-respect des engagements pris au moment de la dissolution de l’Urss de ne pas implanter le système de guerre des étoiles (bouclier-antimissiles implanté en Europe par les USA) qui est perçu comme un facteur de menace par la Russie et contribue à la relance de la course aux armements nucléaires.

Face à cette situation nouvelle beaucoup de journaux européens axent leurs analyses sur les aspects négatifs et sur les dangers de la reprise de la course aux armements nucléaires (voir 1 et 2). C’est vrai que c’est une mauvaise nouvelle pour la paix et la sécurité du Monde car maintenant ces deux États peuvent produire des armes nucléaires qui visent à anéantir par millions des populations civiles et permettent  d’atteindre des cibles de 500 à 5 500 kilomètres. Ces armes constituent un réel danger et un péril pour l’Europe et le monde entier.

Cependant il est stupéfiant que la plupart des médias ignorent volontairement ou involontairement  qu’il y a deux ans, le 7 juillet 2017, le long combat contre l’arme nucléaire a été marqué par un succès historique à savoir l’adoption aux Nations Unies du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN).

Malgré l’opposition de la plupart des 9 Etats dotés de l’arme nucléaire dont la France (3), un vaste front mondial s’est constitué pour l’élimination des armes nucléaires et pour la ratification de ce Traité (Front constitué de 122 Etats à l’ONU, le Vatican, la Croix-Rouge internationale, la Conférence syndicale Internationale (CSI) qui regroupe toutes les organisations syndicales au plan mondial, et de nombreuses ONG).

Au 2 août  2019, 71 Etats ont signé le TIAN, 25 Etats l’ont déjà ratifié. Il entrera en vigueur lorsque 50 États l’auront signé et ratifié.

La solution pour arrêter la reprise de la course aux armements nucléaires, c’est bien de gagner l’élimination totale des armes nucléaires à travers la ratification du TIAN par au moins 50 Etats. Nous sommes en mesure de gagner cet objectif.

Nous appelons à agir pour la ratification du TIAN par la France en signant la pétition nationale et en participant à toutes les actions organisées en France pour obtenir cette ratification (4).

Le Mouvement de la Paix – le 2 août 2019

 

  1. «Le naufrage du traité FNI risque d’emporter avec lui le concept global du contrôle des armements. Et ce à un moment où la révolution technologique gagne aussi le domaine militaire à une telle vitesse que les « courses à l’armement » se multiplient. … Ceci appellerait l’adoption urgente de nouvelles règles et de nouveaux accords ». journal hollandais De Volkskrant
  2. « Les missiles volent plus vite que jadis et ne peuvent quasiment pas être interceptés par les dispositifs de défense. La course à l’armement gagnera bientôt l’espace. … En revanche, le nombre des dirigeants irrationnels, inadaptés à ‘l’équilibre de la terreur’ ne cesse d’augmenter.» Le journal autrichien Kurier de langue allemande
  3. Si les USA s’opposent au TIAN, le Gouvernement actuel de la France s’y oppose aussi. En effet la France est engagée dans un processus similaire sur certains points comme l’a montré la conférence de presse commune des USA, du Royaume Uni, de la France le 27 mars 2017 à New York, à l’initiative des USA (Dépêche AFP) pour s’opposer à l’adoption du TIAN à l’Onu. Par ailleurs  la France est engagée dans le quasi doublement des crédits consacrés aux armes nucléaires en France (de 3,5 à 6 milliards d’euros par an), pour le renouvellement quasi complet de l’arsenal en armes atomiques de la France dans le cadre de la loi de programmation militaire actuelle.
  4. Les 6 et 9 août à l’occasion de l’anniversaire des bombardements des USA sur Hiroshima et Nagasaki, le 21 septembre dans le cadre de la journée internationale de la paix et des marches pour la Paix, le 26 septembre lors de la journée international de l’ONU pour l’élimination des armes nucléaires.

 

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29 août 2019 4 29 /08 /août /2019 07:52
Heimat, l’œuvre monumentale du réalisateur allemand Edgar Reitz - la critique cinéma d'Andréa Lauro pour le Chiffon Rouge
Heimat, l’œuvre monumentale du réalisateur allemand Edgar Reitz - la critique cinéma d'Andréa Lauro pour le Chiffon Rouge

Heimat, l’œuvre monumentale du réalisateur allemand Edgar Reitz

par Andréa Lauro

Heimat : un projet monumental, sans doute l’une des plus vastes expériences de cinéma à cheval sur les deux millénaires.

Un titre sous lequel il est possible de couvrir une grande partie de la production (un total d’environ cinquante-sept heures de film) du réalisateur et scénariste Edgar Reitz, classe 1932, figure clé du Nouveau Cinéma Allemand, qui a attiré l’attention de la critique et du public international au milieu des années 80, grâce à la première partie de ce projet : Heimat, titre-événement du Festival de Venise 1984, où il fut présenté hors compétition et suscita l’enthousiasme immédiat de la critique. Diffusé comme un série à épisodes sur la télévision allemande et projeté dans les salles italiennes, Heimat peut être considéré comme un équivalent moderne de la tradition romanesque européenne : un film-fleuve magistral divisé en onze épisodes (plus de quinze heures de durée totale) pour raconter, avec une approche inédite, l’histoire de l’Allemagne du vingtième siècle.

Plus précisément, Heimat couvre la période allant de 1919, à la fin de la Première Guerre mondiale, à 1969, avec un épilogue en 1982, et met en scène les événements des habitants de Schabbach, un village imaginaire du Hunsrück : une petite communauté rurale dont l’existence coule avec calme et apparente immobilité, loin des clameurs et des tragédies qui caractériseront le sort de l’Allemagne du XXe siècle. À la République de Weimar, la montée du nazisme, les persécutions antisémites, la Seconde Guerre mondiale et la division de l’État allemand Reitz et son co-auteur Peter F. Steinbach opposent une dimension quotidienne et « privée », représentant des expériences, des amours, des déceptions et des espoirs des hommes et des femmes de Schabbach. Au cœur du récit, il y a surtout trois familles, les Simon, les Wiegand et les Schirmer, à l’intérieur desquelles se succèdent les différentes générations.

Dans le village de Schabbach on identifie donc la signification de heimat, c’est-à-dire la "patrie" : la patrie dans laquelle au début de Heimat, dans l’épisode intitulé La nostalgie du voyage, Paul Simon retourne à son pays natal après le service militaire; la patrie que neuf ans plus tard, en 1928, le même Paul abandonnera, pour traverser l’Océan Atlantique, sans donner aucune explication à la jeune épouse, Maria Wiegand. Maria devient une figure centrale autour de laquelle tournent presque tous les autres personnages, dont les destins respectifs s’entremêlent et se déconnectent.

C’est la mémoire qui maintient et renforce le sens de continuité entre la génération des pères et la génération des enfants, entre passé, présent et futur, et c’est la mémoire qui garantit la survie du concept même de "patrie" entre une décennie et l’autre. Heimat se révèle donc quelque chose de plus qu’une simple histoire familiale.

Réalisé en 1992, composé de treize épisodes pour une durée de plus de vingt-cinq heures, Heimat 2 - Chronique d'une jeunesse est un formidable exemple de roman de développement personnel totalement centré sur Hermann Simon, fils de Maria Simon et de l’ingénieur Otto Wohlleben, auquel était déjà consacré un épisode entier de Heimat, Hermännchen : situé entre 1955 et 1956, Hermännchen racontait l’éducation sentimentale de Hermann adolescent avec un prodigieux talent pour la musique, éperdument amoureux de la plus mûre Klärchen Sisse. Heimat 2 reprend le fil de l’existence de Hermann à partir de quatre ans plus tard, en 1960, lorsqu’à l’âge de vingt ans Hermann arrive à Munich pour étudier la musique; au contact d’un milieu bohème, parmi de jeunes musiciens et intellectuels en herbe, Hermann trouvera à Monaco une nouvelle patrie et s’attachera sentimentalement à la violoncelliste Clarissa Lichtblau.

Chronique des ferments culturels et sociaux des années 60 (la série s’ouvre en 1960 avec Le temps des premières chansons et se termine en 1970 avec L’art ou la vie avec un parcours narratif qui évoque le cycle cinématographique de François Truffaut sur la vie et les amours d’Antoine Doinel (ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la Nouvelle Vague a influencé de façon déterminante la production de Reitz).

Douze années s’écouleront lorsque, en 2004, Edgar Reitz reprendra en main le sort d’Hermann Simon dans Heimat 3 – Chronique d'un tournant historique, le troisième chapitre de la trilogie de Heimat, articulé en six films pour presque douze heures de durée. Encore une fois, les événements individuels des personnages se situent dans le cadre de l’histoire de l’Allemagne du XXe siècle : le premier film, Le peuple le plus heureux du monde, s’ouvre en 1989, au moment de la chute du Mur de Berlin, événement fatidique précédant la prochaine réunification des deux Allemagnes, tandis que le dernier, Adieu à Schabbach, se termine onze ans plus tard, en 2000, à l’aube d’un nouveau millénaire, en accomplissant une réflexion plus que jamais stimulante et problématique sur le passage du temps, sur les liens entre les générations, sur l’importance de ses racines et sur l’incessante confrontation entre l’Homme et l’Histoire.

Le quatrième film, Heimat : Chronique d’un rêve, tout en s’insérant dans une ligne de continuité idéale avec la précédente trilogie, elle se distingue fortement de Heimat pour s’offrir au public comme une vision surprenante et inédite. À la progression chronologique fait contrepoids un retour au passé, au village de Schabbach pendant la période de deux ans comprise entre 1842 et 1844. Ce n’est pas un simple préquel, mais un nouveau récit de formation qui est en même temps un rêve de liberté incontournable : celui du très jeune Jakob Simon. Fils du forgeron du pays, Johann Simon, et de son épouse Margarethe, Jakob se tourne vers un avenir à construire : un avenir qui passe par la connaissance, l’étude de la nature et des langues, l’apprentissage du vocabulaire des peuples d’Amérique du Sud, "terre promise" dans laquelle Jakob aspire à s’installer.

Le passage de Jakob de l’adolescence à l’âge adulte, opposé par un père incapable de comprendre la soif de culture de son fils, et les rythmes de cette petite communauté de paysans et d’artisans, marqués par la succession des saisons, sont rendus avec des images par une mise en scène au charme ineffable et à l’extraordinaire pouvoir évocateur : des impeccables scénographies, qui reconstruisent un village du milieu du XIXe siècle avec un sens du réalisme et une attention aux détails étonnants, au magnifique noir et blanc de la photographie.

La curiosité intellectuelle de Jakob devient les clés d’accès pour une perspective plus profonde et plus consciente de la réalité elle-même et de ses couleurs, les couleurs que seul Jakob semble capable de percevoir. Jakob, qui soulève un regard débordant d’émerveillement vers la nature, est un personnage emblématique d’une modernité naissante : modernité entendue non pas comme acceptation des traditions et des valeurs de la civilisation des pères, mais comme le courage d’aller, avec la pensée, les yeux et le cœur, au-delà des frontières de sa patrie familiale.

En ce sens, le camée du grand Werner Herzog, autre pilier du demi-siècle de cinéma allemand, prend une valeur fondamentale, dans le rôle d’Alexander von Humboldt, célèbre naturaliste et explorateur qui, en visite à Schabbach, après avoir reçu une lettre de Jakob, il laisse à son fervent admirateur un message qui sonne comme un impératif moral : "Restez fidèle à la science!".

C’est le sceau d’une œuvre d'une beauté immense, d'un voyage inoubliable.

Andréa Lauro, pour le Chiffon Rouge - 24 août 2019

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29 août 2019 4 29 /08 /août /2019 05:16

 

Par Celso Amorim, ancien ministre des Affaires étrangères (gouvernement Lula da Silva) et de la Défense (gouvernement Dilma Rousseff) du Brésil.

Le 7 avril 2018, l’ancien président Lula a été arrêté à São Bernardo do Campo et conduit au siège de la police fédérale à Curitiba. C’était l’aboutissement d’un processus, dirigé par les médias traditionnels et une partie du pouvoir judiciaire, qui a commencé il y a un peu plus de deux ans, avec les manœuvres qui ont conduit à l’éviction de la présidente Dilma Rousseff, par une mise en accusation sans responsabilité. L’objectif dans les deux cas était de frapper un projet politique, qui a réussi plusieurs fois dans les urnes, visant à apporter plus de justice et d’égalité à la société brésilienne.

En mai de l’année dernière, sans faire explicitement référence au Brésil mais certainement avec les yeux tournés vers lui, comme j’ai pu le constater lors de l’audience qu’il m’a donnée, le pape François a qualifié ce processus de « nouvelle forme de coup d’État ». Plus tard, le souverain pontife reviendra sur le sujet, s’adressant à des magistrats de tous les pays du continent américain, appelant ce type d’action « lawfare ».

Le processus qui a conduit Lula à la prison était faussé, on le savait dès le début. Quiconque lirait la sentence du juge Sergio Moro réaliserait que Lula a été reconnu coupable « d’actes indéterminés » et sans que le prétendu bénéfice de la corruption – l’appartement notoire sur la côte de São Paulo – ne puisse jamais être prouvé. Au contraire, des faits ultérieurs ont clairement démontré que ce bien n’avait jamais appartenu à Lula, ni à aucun membre de sa famille.

Mais la force de la campagne médiatique et la déification naïve de la lutte contre la corruption, quels que soient les moyens utilisés, ont fait que le doute reste dans des esprits plus sceptiques. La nomination du juge Moro au poste de ministre de la Justice par Jair Bolsonaro, le bénéficiaire direct de ses actes, et les révélations ultérieures du portail de nouvelles The Intercept ont prouvé ce que des observateurs proches savaient déjà : Lula était l’objet d’une persécution politique dirigée par un juge et des procureurs fanatisés, et imprégnés d’un projet favorisant leur propre puissance.

La prise de conscience de ces faits a récemment amené dix-sept juristes (notamment des professeurs célèbres, des membres de cour constitutionnelle et d’anciens ministres de la Justice) d’Europe, des États-Unis et d’Amérique latine à signer un document exigeant l’annulation du processus par lequel Lula avait été condamné et privé de liberté.

Le jour de son arrestation, Lula, dans un discours improvisé, a déclaré que ses ennemis pouvaient arrêter un homme mais ne pouvaient pas emprisonner le rêve de la population. Le spectacle de cruauté auquel nous avons assisté, avec les attitudes stupéfiantes du plus haut représentant, arrivé au pouvoir grâce au bannissement de Lula, nous inciterait même à douter de cette affirmation.

Au Brésil, aujourd’hui, le rêve est devenu un cauchemar : les pauvres sont de plus en plus privés de leurs droits ; la censure, qu’elle soit voilée ou sournoise, restreint encore la liberté d’expression ; la peur affaiblit la capacité de décision des bonnes personnes ; préjugés et stupidité attaquent la raison et la science. Le Brésil devient l’objet de la honte dans le monde, un véritable paria international. Nous vivons un climat d’anormalité sans précédent dans notre histoire.

Pour que la normalité revienne dans le pays et que l’espoir soit redonné à notre peuple, la liberté de Lula, en annulant le processus par lequel il a été condamné, est essentielle. Compte tenu de la crédibilité dont il jouit auprès de la grande majorité de la population, Lula – et lui seul – peut rétablir le dialogue entre toutes les forces de la société, indispensable au retour du Brésil sur la voie de la paix et du développement.

Même avant l’arrestation de Lula, le lauréat Adolfo Pérez Esquivel avait dirigé un mouvement pour proposer la candidature de l’ancien président au prix Nobel de la paix, décision qui sera prise dans les prochaines semaines par la commission compétente en Norvège. Nous espérons que soit considéré le travail d’un dirigeant présidentiel de la classe ouvrière qui a libéré des millions de Brésiliens du fléau de la faim, contribué à la paix en Amérique du Sud et dans le monde, pris des mesures courageuses pour protéger l’environnement et pour défendre les droits des Noirs et des peuples autochtones, et lutté pour la démocratie dans un pays en développement de dimension continentale, dont le destin, depuis, ne cessera d’influencer la région et le monde dans son ensemble.

 

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29 août 2019 4 29 /08 /août /2019 05:09

 

Surenchère électoraliste oblige, les deux chefs d’État interdisent le territoire israélien à deux élues du Congrès, critiques de la colonisation.

Depuis leur élection lors du scrutin dit de mi-mandat en novembre 2018 à la Chambre des représentants, Ilhan Omar et Rashida Tlaib sont une cible récurrente du locataire de la ­Maison-Blanche, qui a multiplié les allusions les plus lourdes sur le danger que représenterait l’accès aux ­responsabilités de ces deux jeunes femmes musulmanes – une première au Congrès. L’une, fille de réfugiés somaliens, vit dans le Minnesota. L’autre, fille de Palestiniens, réside dans le Michigan et est née aux États-Unis. Déterminé à jouer à fond la carte des éclats les plus populistes et racistes, Trump n’avait pas hésité à leur demander de « retourner » dans les pays dont leurs familles étaient originaires. Sans peur de se contredire quand il se prononce, désormais, pour qu’elles soient au moins bannies du territoire israélien.

Effets contre-productifs

Le principal prétexte saisi par les potentats états-unien et israélien est l’appartenance des deux élues au mouvement Boycott, désin­vestissement et sanctions (BDS), qui vise la politique coloniale israélienne. Une ­implication jugée sans doute d’autant plus impardonnable qu’elles avaient prévu de rencontrer des… militants pacifistes israéliens et palestiniens.

Le fait des deux princes destiné d’évidence à mobiliser le noyau dur nationaliste et ultraréactionnaire de leur électorat respectif pourrait toutefois avoir des effets contre-­productifs. Aux États-Unis, même chez les républicains, on s’inquiète d’un « abaissement » de la fonction présidentielle. Et les démocrates font bloc avec les deux élues, la sénatrice Elizabeth Warren, candidate à la présidence, qualifiant de « honteuse » l’initiative des deux compères.

La décision d’Israël d’interdire, jeudi 15 août, l’accès à son territoire à Ilhan Omar et Rashida Tlaib, deux représentantes démocrates qui avaient organisé ce déplacement de longue date, illustre, à sa manière, la faiblesse relative des deux dirigeants proches de leurs extrêmes droites respectives, à la tête des États-Unis et d’Israël. La sanction, une première dans l’histoire des relations entre les deux pays, possède en effet une double dimension électoraliste. Elle intervient quelques semaines avant des législatives qui s’annoncent difficiles pour un premier ministre israélien impliqué dans de redoutables affaires politico-financières. Quand son complice Donald Trump a entamé une campagne pleine d’incertitudes pour sa réélection en 2020. Le locataire de la Maison-Blanche apparaît comme le vrai ini­tiateur de ce double bannissement, après qu’il a pesé en sa faveur auprès de son « ami » en déclarant que cela « serait le signe d’une grande faiblesse d’Israël s’il autorisait » les deux élues à entrer sur son territoire.

Bruno Odent

 

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27 août 2019 2 27 /08 /août /2019 05:13

 

Guerre commerciale avec la Chine, Gafam, Brexit, Iran… Donald Trump s’est montré inflexible, avec l’appui de nouveaux alliés, loin du consensus formel des G7 précédents.

Les rapports de forces ont bougé

Il était bien difficile, hier, d’enregistrer de véritables points de convergence jusque entre pays réputés alliés au sein de l’Union européenne, comme l’a regretté le président sortant du Conseil européen, le libéral polonais Donald Tusk, estimant que la réunion de Biarritz était « peut-être la dernière occasion de restaurer (notre) communauté politique ». Au-delà des fissures entre présumés alliés comme Paris et Berlin sur l’attitude qu’il conviendrait d’adopter à l’égard de l’Amazonie, du Mercosur et donc du Brésil de Bolsonaro, une ligne de fracture essentielle est apparue entre partisans d’une politique national-libérale, comme celle de Donald Trump, et d’autres dirigeants encore convaincus du bien-fondé d’une approche plus multilatérale de la mondialisation capitaliste.

Les rapports de forces ont indiscutablement bougé au sein de l’instance. Sur les sept chefs d’État, deux au moins, outre le locataire de la Maison-Blanche, penchent en faveur d’une approche plutôt nationaliste pour gérer les affaires de la planète : le Japonais Shinzo Abbe et le tout nouveau premier ministre britannique, Boris Johnson. Et ce n’est pas ce malheureux Italien Giuseppe Conte, en proie à une crise politique majeure dans son pays, potentiel prélude à une nouvelle percée de l’extrême droite, qui aura pu infirmer cette tendance générale.

Symbole de cette fracture entre grandes puissances occidentales : l’annonce de la création d’une vaste zone de libre-échange entre les États-Unis et le Royaume-Uni, censée compenser, et au-delà, les difficultés d’un Brexit, fût-il dur, après la date du 31 octobre fixée par le premier ministre britannique. Donald Trump et Boris Johnson n’ont eu de cesse d’afficher leur complicité à Biarritz. Le locataire de la Maison-Blanche a promis la conclusion prochaine « d’un très grand accord commercial, le plus grand qu’il n’y a jamais eu ». Ce sera « un fantastique accord », a acquiescé dans la foulée le résident du 10 Downing Street.

Tout le reste est marqué par l’intransigeance à toute épreuve du président des États-Unis. Il a confirmé combien il entendait maintenir le cap sur la guerre économique avec la Chine. Pas plus tard que vendredi dernier, Washington a décidé de relever de 25 % à 30 % la taxation portant sur 250 milliards de dollars de produits chinois, et de 10 % à 15 %, celle touchant quelque 300 milliards de dollars d’autres marchandises. Pékin avait annoncé des représailles sur les premières attaques tarifaires des États-Unis, à hauteur de 75 milliards de dollars de productions états-uniennes. Et Trump a exclu explicitement à Biarritz toute désescalade. Or, la poursuite de ce bras de fer constitue l’un des facteurs qui pourrait aggraver la tendance générale observée vers un ralentissement mondial, qui a déjà des répercussions sur l’Europe et pourrait en avoir jusque sur les États-Unis. Au point d’y rendre une récession inéluctable, jugent de nombreux économistes outre-Atlantique.

En dépit des risques annoncés, Donald Trump reste donc inflexible, convaincu que le rétablissement de la domination de l’Empire américain passe par l’unilatéralisme et sa « diplomatie du deal » ; une « diplomatie » qui intègre toutes les dimensions du rapport de forces, politique, économique et militaire, pour imposer une décision favorable.

Menace de représailles

Fort d’un soutien de Wall Street, devenu désormais bien plus ostensible, le président des États-Unis a fait preuve de la même intransigeance pour contrer toute velléité, notamment française, de taxer les Gafam, les multinationales états-uniennes qui dominent le marché du numérique. Il a réitéré sa menace de représailles en taxant les vins français.

À l’heure où son ami Benyamin Netanyahou bombardait, sans autre forme de procès, des positions de forces réputées proches de Téhéran en Syrie et au Liban (voir page 15), Trump s’est montré tout aussi inflexible sur le dossier dit du nucléaire iranien. Lui qui a déchiré l’accord historique signé en 2015 n’entend même pas reprendre langue avec Téhéran. Et Emmanuel Macron, qui se faisait fort de couper court aux périls en tentant une conciliation entre les deux parties, a dû piteusement reconnaître son impuissance en déclarant que tous allaient continuer à agir… « chacun dans son rôle ».

Malgré les efforts des uns, des autres et leurs fausses connivences affichées, il était difficile de ne pas repérer la profondeur des désaccords enregistrés à ce G7 de Biarritz sur la plupart des sujets clés : climat, commerce, Iran, éventuelle taxation des géants du numérique. Ce sommet fut celui des clivages, reflet des contradictions entre les grandes puissances occidentales. Et cela même s’il avait été décidé prudemment, après le fiasco enregistré au précédent G7 au Canada, de ne plus se prêter à l’exercice d’une déclaration commune qui relevait jadis déjà du grand art pour les sherpas diplomates assujettis à cette tâche.

Bruno Odent

 

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27 août 2019 2 27 /08 /août /2019 05:10

 

À l’hôpital universitaire de Palerme, la docteure Antonietta Lanzarone a ouvert depuis un an une consultation dédiée aux migrants ayant subi des tortures afin de leur délivrer un certificat médical qu’ils peuvent ajouter à leur demande d’asile. Ils y trouvent une écoute dont ils ont rarement pu bénéficier auparavant.

Palerme (Italie), de notre correspondante.– Il y a dans les « OK » et les « va bene » répétés de la docteure Lanzarone la délicate tentative de dire que tout ira bien, malgré un récit fait de violences qui semblent ne jamais finir. En face d’elle, de l’autre côté du bureau marron, R., un Ivoirien de 19 ans dont l’italien courant parvient à rendre tous les détails du long voyage qui l’a amené jusqu’à elle, dans ce bureau impersonnel de l’hôpital Policlinico de Palerme.

Trois ans plus tôt, au mois d’août 2016, R. posait le pied sur le quai du port d’Augusta, dans ce bout de Sicile cerné par les usines pétrochimiques. Depuis, sa demande d’asile a été rejetée une première fois. « J’ai pleuré quand la responsable du centre d’accueil me l’a dit, confie-t-il à la légiste. Ils ne m’ont même pas laissé raconter mon histoire en détail comme on est en train de le faire ici. » Un instant, elle lève la tête des feuilles volantes sur lesquelles elle consigne soigneusement chaque réponse. « La commission a une manière différente de procéder. Ils doivent donner des réponses. Je comprends que tu le vives comme une injustice, mais nous, on repart de zéro », précise-t-elle, avant de revenir aussitôt aux brûlures de briquet mentionnées par R. peu avant.

Depuis le mois de mai 2018, la légiste a reçu à l’hôpital 93 migrants, dont 11 mineurs qui souhaitent obtenir un certificat médico-légal attestant des violences qu’ils affirment avoir subies. Dans un contexte de durcissement des conditions requises pour obtenir l’asile, chaque document peut compter. Pour mener à bien cette activité encore en rodage, elle est assistée de trois autres légistes et d’une psychologue, et travaille en partenariat avec les autorités sanitaires régionales et la Clinique légale pour les droits de l’homme de l’université de Palerme.

En octobre dernier, un premier décret-loi sur la sécurité entrait en vigueur, supprimant notamment la protection humanitaire, qui était, avec le statut de réfugié et celui de protection subsidiaire, l’une des trois formes de protection que peut octroyer la commission territoriale aux demandeurs d’asile. Au mois de juin 2019, selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l’intérieur italien, le taux de rejet des demandes d’asile est de 82 %. À titre de comparaison, en mai 2018, avant l’arrivée au gouvernement de la Ligue et du Mouvement Cinq Étoiles, il était de 61 %, alors que 28 % des demandeurs obtenaient la protection humanitaire. R., lui, a fait appel de la décision de la commission et espère que le rapport médico-légal pourra donner du poids à ses déclarations.

« L’entretien dure au moins deux heures. Je fais l’investigation de l’histoire médicale des patients », explique la légiste, qui applique rigoureusement les règles définies par le protocole d’Istanbul, également appelé Manuel pour enquêter efficacement sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. « C’est éprouvant mais nécessaire pour établir le rapport de compatibilité entre ce qu’on me dit et ce que je vois sur le corps. »

Au récit fait par R. de violences intrafamiliales, d’une attaque à la machette et un peu plus tard de brûlures au briquet faites par un gang qui l’a dépouillé, la question de la médecin est la même : « Est-ce que ça a laissé des traces ? » En silence, R. tend la main, montre ses avant-bras, lève son T-shirt. « OK, va bene », répète la Dre Lanzarone. Ces mêmes mots qu’elle prononcera un peu plus tard, une fois l’entretien terminé, en photographiant chaque balafre, chaque plaie, chaque endroit du corps dont la couleur sombre s’est évaporée sous les supplices. Délicatement, pour chaque blessure, elle dépose une réglette millimétrée sur la peau meurtrie.

Dans ce métier, la vérité se mesure. « Ça peut sembler aberrant parce que, sur le visage de la personne qui vous fait un tel récit, on peut lire la souffrance, mais, pour une série de raisons, notamment légales, il me faut être la plus objective possible et connaître dans les moindres détails tout ce qui s’est passé », raconte la médecin légiste, dont le quotidien était jusque-là plutôt fait d’accidents de la route, de suicides ou de règlements de comptes.

Puis, dans la nuit du 27 au 28 août 2015, le navire militaire suédois Poseidon amarre au port de Palerme. À bord, 571 migrants et 52 corps récupérés après le sauvetage d’une embarcation de bois au large des côtes libyennes, presque tous asphyxiés dans la soute où ils avaient été enfermés. Pour ramener leurs corps à quai, une grue a fendu de son ronronnement le silence qui enveloppait le port, interrompant momentanément le ballet des combinaisons blanches qui s’activaient à terre, pour y déposer un énorme conteneur frigorifique.

Cette nuit-là, la jeune interne en médecine légale fêtait ses 28 ans. Tout le département de médecine légale de l’hôpital est alors réquisitionné. En quarante-huit heures, ils effectuent toutes les autopsies, dans des conditions de fortune, au cimetière des Rotoli, qui toise la mer depuis les hauteurs de la ville.

D’autres bateaux sont arrivés, d’autres corps aussi. « On a d’abord remarqué sur les corps des traces liées aux conditions de la traversée, des contusions, des coupures, des signes de déshydratation, des brûlures sur ceux qui parfois étaient entassés dans la salle des machines ou des brûlures de carburant, se souvient Antonietta Lanzarone. Il y avait aussi des lésions plus anciennes. On pouvait supposer qu’elles remontaient au séjour dans les pays d’origine ou au passage en Libye, mais dans les deux cas, on s’est dit que si on retrouvait ces blessures sur les cadavres, alors nous en retrouverions sûrement aussi sur les corps de ceux encore en vie. »

Lorsqu’elle commence les entretiens, la légiste découvre alors l’histoire de ces blessures. Certaines sont le souvenir d’accidents ou de rites tribaux, d’autres en revanche racontent à elles seules les parcours de migration et, surtout, la systématisation des tortures et des actes dégradants dans les prisons libyennes.

Un patient, par exemple, avait la plante des pieds décolorée après avoir été contraint de marcher dans une pièce dont le sol était couvert d’un liquide, « probablement un produit chimique étant donné les brûlures », ajoute la légiste. « Cette situation relève d’une anomalie complète, d’abord parce que, d’un point de vue médico-légal, mon travail porte d’habitude sur des lésions récentes, alors que là, il faut remonter à des lésions de longue date et surtout, parce que rencontrer de telles cicatrices, c’est anormal, c’est inhumain », tranche le médecin.

Parmi les migrants rencontrés, certains sont arrivés en Italie deux ou trois ans plus tôt, à l’instar de R. Sur tous les patients qu’elle a vus, 55 % avaient subi des mauvais traitements dans leur pays d’origine et 91 % lors de leur passage en Libye. « On retrouve de manière systématique certaines tortures, de la privation de nourriture ou d’eau, à la falanga, qui consiste à attacher quelqu’un par les chevilles et à le frapper de manière continue avec des bâtons ou des tubes de plastique rigides de la plante des pieds au talon », détaille Antonietta Lanzarone. « Comme toutes les formes de torture, c’est très insidieux, car cela laisse peu de traces visibles de l’extérieur, mais le patient aura des douleurs pendant longtemps, il aura des difficultés à marcher », poursuit-elle.

 « De la Libye, je n’ai pas de traces visibles. Quand on nous torturait pour qu’on crie au téléphone et qu’on demande de l’argent à nos familles, on nous frappait avec des tubes de plastique », s’excuserait presque R., qui garde aussi de fortes douleurs aux genoux après le voyage dans le désert nigérien, pendant lequel on l’a frappé pour qu’il monte dans le 4x4, en se contorsionnant comme si son corps était celui d’un pantin.

C’est la limite de la consultation médico-légale : certaines cicatrices sont invisibles. « Le plus difficile, ce sont les violences sexuelles », reconnaît la Dre Lanzarone. 20 % des patients en ont été victimes, dont la totalité des 12 femmes rencontrées. « Sept hommes m’ont raconté des viols, soit par sodomie, soit parce qu’on les a obligés à violer d’autres femmes, confie le médecin. Ils pourraient être bien plus nombreux en réalité, car le fait que je sois une femme médecin ou la honte peuvent être des facteurs qui les retiennent de parler. »

Chaque fois, les patients sont orientés vers un urologue ou une gynécologue. Il y a aussi les séquelles psychologiques, souvent difficiles à déterminer. « Ce sont des entretiens qui peuvent amener à une reviviscence du trauma. C’est déjà arrivé qu’il faille interrompre les questions ou programmer une seconde visite », explique la médecin. À ses côtés, la psychologue Valeria Tullio observe chaque réponse de R., ses hésitations, sa manière de parler et de décrire son histoire.

Sur l’ensemble des entretiens, 60 % des patients présentent des troubles psychologiques ou psychiatriques et 77 % des problèmes de somatisation. « Après cet incident, tu réussissais à dormir ? » interrompt-elle, lorsqu’il raconte avoir été terrassé par une « maladie mystique » après une énième agression des gangs de son quartier. « Tu trouvais la force de te lever du lit ? »

Cette force, il la trouve quelques semaines plus tard, lorsqu’un ami lui avance de l’argent pour aller se faire soigner en Europe. « Quand je suis arrivé, je pleurais tous les matins dans le premier centre d’accueil, et puis c’est passé, confie le jeune homme. Aujourd’hui, je préfère ne pas sortir la nuit et surtout, j’ai vraiment peur quand j’entends les feux d’artifice. Ça me rappelle les tirs pendant la crise en Côte d’Ivoire, en 2010. Des fois, j’oublie que tout ça, c’est fini. »

 

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