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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 11:37
Il y a 80 ans éclatait la guerre d'Espagne (Remi Skoutelsky, L'Humanité)

Publication initiale en juillet 2004 - Entretien réalisé par Théophile Hazebroucq, L'Humanité

Il y a 80 ans, le 18 juillet 1936, un coup d'État militaire se répercute dans l'Espagne. S'en suit une guerre civile de trois ans. A cette occasion nous republions notre entretien avec Rémi Skoutelsky, historien spécialiste de la guerre d'Espagne, qui revient sur cet événement et sa postérité dans le siècle passé.

Comment éclate la guerre civile espagnole ?

Rémi Skout
elsky. Au début du XXe siècle, l'Espagne est encore quasiment au XVIIIe. La Catalogne et le Pays basque sont développés, mais le reste du pays est totalement féodal. Après les élections municipales de 1931, le roi, grand-père de l'actuel Juan Carlos, s'enfuit, et la République est proclamée. Elle ne sera pourtant jamais légitime. La petite bourgeoisie patriote est numériquement faible, et du côté ouvrier, la force dominante anarchiste reste hostile à toute " démocratie bourgeoise ". Les deux piliers de la monarchie, l'Église et l'armée ne songent nullement à un compromis.

C'est un gouvernement de front populaire - alliance des socialistes, des communistes, et des républicains de gauche - qui est au pouvoir depuis le mois de février en Espagne. S'il y a déjà eu de nombreux putschs dans le pays, celui de 1936 s'inscrit dans un contexte international particulier. En Europe, la lutte fait rage entre l'alliance fascisme-nazisme et le mouvement ouvrier, surtout depuis que le Komintern a abandonné sa ligne gauchiste qui mettait dans le même sac démocratie et fascisme.

La conjuration militaire déclenche le putsch à l'issue de plusieurs semaines de guerre civile larvée : grèves dures d'un côté, assassinat de militants et de républicains de l'autre. Avant même l'intervention de Mussolini et Franco au côté des factieux, le monde entier lit les événements à travers la grille fascisme-antifascisme. L'échec du coup d'État entraîne une révolution dans la zone restée fidèle à la République et, inévitablement, la guerre civile, qui plonge immédiatement l'Espagne au coeur des affrontements internationaux.

Pour quelles raisons l'Angleterre et la France refusent-elles d'intervenir ?

Rémi Skoute
lsky. Les intérêts de ces deux États ne sont pas identiques. La bourgeoisie anglaise est d'emblée favorable aux putschistes, même si elle voit d'un mauvais oeil l'ingérence de Hitler et Mussolini. La France, elle, est gouvernée par un Front populaire. La première réaction de Blum est d'ailleurs d'envoyer des avions en Espagne, qui permettront de constituer l'escadrille Malraux. Au bout d'une dizaine de jours cependant, il estime que la meilleure tactique consiste à installer un cordon sanitaire autour de l'Espagne afin que ni l'Italie ni l'Allemagne ne puissent aider les nationalistes. Compte tenu du rapport de forces initial, cela aurait peut-être assuré la victoire républicaine.

Mais malgré l'accord de non-intervention, Allemands et Italiens continuent à ravitailler Franco sans discontinuer. En France, le gouvernement doit affronter une violente campagne de droite . Les radicaux, par crainte que l'Allemagne ne se saisisse de ce prétexte pour déclarer la guerre à la France, menacent de faire exploser la coalition de Front populaire si Blum aide l'Espagne. En outre, la Grande-Bretagne a prévenu la France de la caducité de leur alliance si la guerre éclatait pour ce motif-là. Mais la peur la plus déterminante, chez Blum, est vraisemblablement celle d'une réaction de l'armée en France. Il maintient donc la politique de " non-intervention ", même si les armes soviétiques passeront par la frontière des Pyrénées.

La guerre d'Espagne génère un formidable mouvement de solidarité qui conduit pour la première fois des milliers de volontaires à combattre pour une nation qui n'est pas la leur. Comment s'explique cet élan ? Qui s'engage, et pourquoi ? Quel rôle jouent les Brigades Internationales sur le terrain ?

Rémi Skout
elsky. Toute l'Europe vit au rythme de ce premier conflit de l'ère des médias. Les opinions publiques sont exacerbées. En France par exemple, les tensions restent vives après la fin de la grève générale de l'été 1936. On y vit en fait une véritable guerre civile par procuration, à travers l'Espagne. Entre 1936 et 1939, être de gauche, antifasciste, ou humaniste, c'est d'abord soutenir la République espagnole. Le corollaire de l'existence de régimes fascistes est l'arrivée massive dans les pays voisins de l'Espagne, à commencer par le nôtre, d'une importante immigration antifasciste.

Des centaines de communistes allemands, d'anarchistes italiens ou de réfugiés des pogroms juifs polonais rejoignent dès l'été 1936 les milices ouvrières espagnoles. Lorsque l'URSS se décide enfin à aider la République, par des livraisons d'armes d'une qualité au demeurant douteuse, il ne saurait être question d'envoyer en masse des soldats. Elle cherche en effet à se rapprocher de la France et de la Grande-Bretagne et ne veut surtout pas prendre le risque de s'attirer leur hostilité. Étant donné le potentiel de volontaires antifascistes, le Komintern décide donc de créer les Brigades internationales. Elles draineront 35 000 combattants : des ouvriers, dans leur écrasante majorité, de tous pays mais d'abord de France, plus tout jeunes, et loin d'être tous communistes. Ils joueront un rôle fondamental dans la bataille de Madrid et dans l'organisation de l'armée républicaine.

Quel est l'élément décisif de la défaite du camp républicain ?

Rémi Skoutelsky. Quoi qu'en disent certains historiens, le déséquilibre en armement est flagrant, quantitativement et qualitativement, entre les républicains qui ne disposent que du matériel soviétique pas toujours de première main, et Franco qui bénéficie d'une aide à guichet ouvert des nazis. C'est d'abord cela qui a pesé. L'affrontement inégal entre une armée professionnelle côté factieux, renforcée de surcroît par des dizaines de milliers de soldats italiens (heureusement pas très motivés), et des militants prêts au sacrifice suprême mais inexpérimentés côté républicain constitue, à mon avis, avec le déséquilibre des armes,la première cause.

Les divisions du camp républicain lui ont aussi porté préjudice et il est trop simple de les attribuer uniquement au Parti communiste espagnol. Mais son rôle de parti de "l'ordre" et l'interventionnisme de moins en moins discret des Soviétiques pour remettre en cause les conquêtes révolutionnaires de l'été 1936 pèsent.L'attaché militaire de l'ambassade de France - pas à proprement parler un gauchiste - note alors : "Si le gouvernement d'ici devait perdre la guerre, ce ne serait pas pour des fautes tactiques et techniques, mais pour avoir porté atteinte à sa seule force, l'élan révolutionnaire de l'armée."Pourquoi les divisions républicaines ne se sont-elles pas effacées derrière une sorte d'union sacrée ?

Rémi Skoutelsky. On a peine à imaginer la violence de la société espagnole de l'époque, y compris au sein du mouvement ouvrier. Les luttes entre socialistes et communistes français, dans les années vingt-trente, par exemple, ne sont rien à côté des affrontement entre la centrale syndicale socialiste, l'UGT (Union générale des travailleurs), et les libertaires de la CNT-FAI (Confédération nationale du travail - Fédération anarchiste ibérique). Les méfiances réciproques ne s'effacent guère pendant la guerre civile. Si des militants anarchistes sont " liquidés ", des communistes sont également assassinés par des libertaires. L'important est de comprendre que cette méfiance, exacerbée par le rôle des Soviétiques, se traduit à tous les niveaux : du gouvernement aux unités sur le front. La tentative d'éradication du POUM, parti communiste antistalinien (après les journées insurrectionnelles de Barcelone en mai 1937) n'est pas faite non plus pour apaiser les inquiétudes des démocrates.Quel lien peut-on établir entre cette guerre d'Espagne et la Seconde Guerre mondiale ?

Rémi Skoutelsky. Il s'agit d'un prélude, de la première bataille. Le gouvernement républicain ne s'y était d'ailleurs pas trompé. Son objectif, à partir de l'été 1938, était de tenir jusqu'à la guerre pour bénéficier de l'aide de la Grande-Bretagne et de la France.
Par ailleurs, elle a joué le rôle fondamental de laboratoire de l'armée nazie : la " guerre éclair " qui écrasera la France en quelques semaines est, par exemple, testée en Aragon. Enfin, les vétérans de la guerre civile joueront un rôle déterminant du côté des Alliés. On retrouvera ainsi des Espagnols dans la Résistance française et des anciens des Brigades internationales, dans les FTP (Francs-tireurs et partisans), les FFI (Forces françaises de l'intérieur), les commandos américains ou encore les maquis de Tito.

La dictature de Franco peut-elle être imputée à l'indifférence des puissances occidentales ?

Rémi Skoute
lsky. Après-guerre, c'est certain. À partir de 1943, Franco se rapproche des Américains. La tentative des maquisards espagnols de reprendre l'offensive, à partir du Val d'Aran en 1944, est un désastre. La guerre froide arrivant, Franco est dans le " bon " camp. Mais, au-delà, on peut retenir un aspect positif de cette guerre. À mon avis, l'Europe est née en Espagne, car les peuples européens se sentent directement concernés par ce qui s'y passe. L'internationalisme n'est pas qu'un humanisme. Il repose sur la solidarité, donc sur un sentiment de proximité : ce qui se passe là-bas peut se passer chez nous.

Mais le phénomène des Brigades internationales est aussi étroitement lié aux conditions historiques : il reste unique dans l'histoire. Il serait toutefois faux de prétendre que la conscience internationaliste est morte avec la République espagnole. Il n'est qu'à voir l'élan de solidarité en France au moment des attentats de Madrid, ou les mouvements altermondialistes. Le rapport à la violence, à l'engagement physique, lui, est différent.

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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 07:25
Samar Yazbek entr'ouvre les "Portes de la terre du néant" en Syrie

"Le monde est obsédé par l'Etat islamique, mais les avions d'Assad continuent à larguer des bombes sur les civils, dans les provinces d'Idlib, de Damas, d'Homs, d'Alep".

"Nous sommes dans une guerre entre le Beau et le Laid. Il faut lutter contre l'effondrement moral".

Samar Yazbek

Un livre beau, terrible et déchirant à lire d'urgence sur la guerre en Syrie, que l'on sent en lisant ce témoignage s'enfoncer dans l'absurdité, la confusion et le chaos le plus total.

Samar Yazbek a été trois fois clandestinement dans le Nord de la Syrie partiellement tenu par la rébellion depuis le début de la guerre: elle a suivi des combattants rebelles, vu et vécu les carnages causés par les bombardements des hélicoptères et avions de Bachar-al-Assad, ramassé des corps de victimes dans les décombres, écouté les témoignages des survivants des crimes de guerre des voyous sans foi ni loi qui terrorisent le peuple pour le compte du régime de Bachar-al-Assad. Elle a vu la volonté d'anéantissement des zones rebelles, certains villages ou petites villes pouvant recevoir cinq fois en une après-midi des salves de barils explosifs semant la mort de manière terrifiante. Elle raconte la dérive communautaire et sectaire d'un conflit opposant au départ une dictature à la majorité du peuple syrien entrée en rébellion pour sa dignité et ses droits bafoués, une évolution démocratique. Elle nous parle avec beaucoup d'humanité et un sens du détail qui résume des choses fortes et difficilement dicibles du courage et de la capacité de résilience d'une population civile qui survit et vit malgré tout dans les pires conditions, peut continuer à plaisanter, à pratiquer ses rituels quotidiens, à s'aimer, à manifester de la fraternité et de la solidarité collective, tout en étant confrontée aux agressions constantes des forces militaires et de sécurité criminelles de Bachar-al-Assad et des islamistes de Daech, souvent étrangers et méprisant pour la population autochtone, ou d'autres groupes, qui pratiquent les enlèvements, les exécutions, et tentent d'imposer une dictature sur les mœurs et les comportements à partir d'une conception de la morale et du religieux qui n'était pas du tout celle des Syriens, dont la vie sociale ressortait d'une vieille civilisation urbaine multiculturelle, non d'une politique religieuse sectaire, formaliste et essentiellement oppressive de l'individualité.

Ce livre est précieux pour comprendre l'insurrection du printemps 2011, mesurer la sauvagerie de sa répression par le régime pendant des mois, le cynisme et la cruauté du pouvoir, les raisons du déclenchement de la guerre civile, ses instrumentalisations, son évolution de moins en moins lisible, avec la multiplication des factions rebelles, en concurrence les uns avec les autres, parfois vénale, le morcellement du territoire, la progression de l'Etat islamique, mieux équipé, ayant plus de moyens, et bénéficiant de l'apport des djihadistes étrangers.

***

Voici de larges extraits d'une chronique du journaliste et écrivain Jean Hatzfeld, qui a lui-même magistralement raconté la barbarie humaine et la guerre au Rwanda et en Yougoslavie, dans "Le Monde des Livres" du 15 avril 2016.

Les Portes du néant (Bawabât ard al-adâm), de Samar Yazbek, traduit de l’arabe (Syrie) par Rania Samara, préface de Christophe Boltanski, Stock, « La cosmopolite », 306 p., 21 €.

Les Portes du néant, à la frontière turque, s’ouvrent une première fois sur la route qui mène à la région d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Samar Yazbek les franchit en août 2012, en se faufilant dans un trou creusé sous des barbelés. Une voiture l’attend, qui traverse la nuit sur un fond sonore de bombardements, avec à l’intérieur Maysara et Mohammed, deux frères d’armes rebelles : ses anges gardiens.

A Saraqeb, le véhicule stoppe devant une vaste demeure envahie de familles, qui sera désormais le sweet home de Samar Yazbek où, de retour de ses chaotiques expéditions, elle retrouve une douceur complice auprès de gens un peu en vrac, notamment deux gamines, Rouha et Aala, dont elle écrit, une nuit de frappes aériennes : « Une nouvelle famille se joignit à nous dans l’abri. Aala, qui insistait toujours pour raconter une histoire chaque soir (…), me les montra du doigt : “Leur mère est de notre côté, mais le père soutient Bachar. (…) Mais ça fait rien. Elles doivent se cacher ici avec nous pour ne pas mourir.” Ma petite Schéhérazade avait les plus beaux yeux noirs que j’ai jamais vus. (…) Elle observait attentivement le monde autour d’elle mais paraissait toujours plus fragile chaque fois que nous descendions dans l’abri. Elle s'occupait de sa petite sœur Tala qui souffrait d('un déséquilibre hormonal causé par la peur et l'angoisse (...) Peu de temps avant que les frappes ne s'interrompent, elle saisit le morceau d'obus que tenait Tala en lui disant d'un temps calme: "ça, ce n'est pas pour les enfants". Elle avait à peine sept ans."

Pas de néant à l'horizon, mais une guerre, soudaine, contre Bachar-al-Assad que les rebelles mènent à la kalachnikov tandis que l'armée attaque du ciel en hélicoptère. Samar Yazbek la rejoint pour vivre l'après-Bachar: aider les femmes à monter des ateliers, distribuer des journaux, discuter à longueur de nuits, écrire.

Samar Yazbek est née dans une grande famille alaouite, à Lattaquié, dans la Syrie d'Hafez Al-Assad, le chef alaouite. Elle a vécu une enfance insouciante sur les bords de l'Euphrate. Caractère trempé, elle quitte les siens à 16 ans pour Damas, pour se vouer à la littérature.

Aussi, naturellement, chaque vendredi du printemps 2011, elle a marché dans la foule pacifiste, qui après celle de Tunis, du Caire, a célébré les révolutions arabes. Elle a publié des articles sur le vent de la liberté, dénoncé les violences de la répression. Les policiers l'ont tabassée en prison. Sous la menace des moukhabarat (services de renseignements), elle s'est réfugiée à Paris.

L'espoir d'une Syrie libre l'attire donc dans les bras de la guerre un an plus tard.

Elle écrit un hymne à la dignité des Syriens, note les graffitis des murs: "O Temps que tu es traître!"

Elle accompagne les combattants en expédition. Puis la guerre sombre dans un chaos radical qui imprègne son écriture.

Février 2013, deuxième porte: cette fois, Samar franchit la frontière à travers un village bédouin. Elle décrit magnifiquement les zones frontalières. Elle repart dans les villages. Les barils de poudre jetés d'hélicoptère remplacent les obus, les cadavres sentent fort sous les décombres. Les gamines Aala et Rouha sont parties. L'auteur observe les nouveaux visages:

"Une fille de seize ans était assise à l'entrée, coiffée d'un hijab. Elle était amputée des deux jambes, l'une coupée à la cuisse, l'autre au genou. Son regard était serein cependant. Elle m'a dit qu'elle apprenait à dessiner à ses frères et à ses sœurs, mais qu'elle manquait de matériel. (...) Après nous avoir regardés descendre vers le caveau où vivaient les siens, la tête penchée, elle continua à tracer des lignes dans la terre humide."

Le temps presse terriblement, Samar Yazbek choisit un style qu'elle veut efficace, parfois rude. Elle rapporte ainsi les mots d'un déserteur de l'armée:

"On entre dans un appartement et on casse tout sous les ordres de l'officier qui vocifère et jure. Il décrète qu'on doit violer une fille. La famille s'est réfugiée dans la chambre à côté. Il nous passe en revue le doigt pointé avant de s'arrêter sur mon ami Mohammed. Il lui donne une tape dans le dos... Mohammed tombe à genoux, baise les godasses du type: "Pitié, commandant! Ya sidi! Je ne peux pas. S'il vous plaît" (...) L'officier lui saisit les couilles en criant: "Tu veux que je t'apprenne comment faire?" Alors mon ami s'est redressé et rué sur lui, et c'était un costaud, je vous le jure (...) L'officier a tiré sur Mohammed, il l'a tué. Vous voulez savoir où il a visé?".

Samar Yazbek s'impose sur scène: "Je poussai un hurlement en croyant avoir touché une main douce et délicate sous les débris. Mon cri me trahit.(...) Un garçon de vingt ans à peine qui portait au front un bandeau noir sur lequel était écrit "Il n'y a de Dieu qu'Allah!" s'exclama: "Eloignez cette femme! Sa place n'est pas avec les hommes. Dieu nous pardonne!" Je lui aurais obéi si je n'avais pas su qu'il n'était pas syrien. Je le défiai du regard. C'était l'un des combattants étrangers de Daech. Je ne reculai plus d'un pouce comme il s'avançait vers moi. Au même instant, la voiture de mes amis s'arrêta devant nous (...)". (...)

Été 2013, revenue à Paris, on imagine Samar Yazbek à sa table, écrivant ses mois de guerre, le désespoir d'un pays perdu, le déracinement. Mais elle repart là-bas, à "la frontière où m'attendaient Abdallah et son frère Ali, qui venait de perdre un œil à cause d'une balle. (...) Chaque fois que je les quittais, j'avais le sentiment que je ne les reverrais plus, puis je revenais, et là, c'était comme si j'allais passer le reste de ma vie avec eux".

(...) Dans la Syrie en guerre, les journalistes ne voyagent plus comme au Liban ou en Bosnie. Leur tête, mise à prix, repose sur un cou fragile. Ils arpentent la frontière, parfois s'aventurent en de rapides incursions. Les réseaux sociaux pervertissent l'information qu'ils ne ramènent plus.

En Syrie, les villes sont écrasées, les champs dévastés; la guerre détraque les esprits. Elle dérobe la révolution. (...)

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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 05:58
Loi travail: les Français se sont battus et sont largement contre! Ils l'ont dans le cul... Ce n'est pas le peuple qui gouverne, mais le patronat, nous laissent entendre, tout sourire, Manuel Valls et Myriam El Khomri. Il y aura un épilogue à tout cela, ministres de pacotille: il sera dans les urnes!

Loi travail: les Français se sont battus et sont largement contre! Ils l'ont dans le cul... Ce n'est pas le peuple qui gouverne, mais le patronat, nous laissent entendre, tout sourire, Manuel Valls et Myriam El Khomri. Il y aura un épilogue à tout cela, ministres de pacotille: il sera dans les urnes!

Loi Travail. Les principales mesures avant son adoption
http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/loi-travail-principales-mesures-avant-son-adoption-17-07-2016-279387

Accords "offensifs"

Le projet de loi entend permettre aux entreprises d'ajuster leur organisation pour "préserver ou développer l'emploi". L'accord majoritaire signé primera sur le contrat, y compris en matière de rémunération et durée du travail. La rémunération mensuelle du salarié ne pourra être diminuée, mais des primes par exemple pourront être concernées.

Les salariés refusant de tels accords s'exposeront à un licenciement pour "motif spécifique", qui suivra la procédure d'un licenciement individuel pour motif économique mais sans les mesures de reclassement. Ces salariés bénéficieront d'un "parcours d'accompagnement personnalisé", assuré par Pôle Emploi et financé pour l'essentiel par l'Etat.

Branches professionnelles

Les branches dresseront chaque année un bilan des accords d'entreprise et pourront formuler des "recommandations", veillant notamment aux conditions de concurrence intra-branche.
Une négociation devra être engagée dans chaque branche dans les deux ans pour définir les thèmes sur lesquels les accords d'entreprise ne pourront pas être moins favorables que les accords de branche (hors cas où la loi prévoit la primauté de l'accord d'entreprise).
Dans deux domaines, égalité professionnelle entre femmes et hommes ainsi que pénibilité, l'entreprise ne pourra pas faire moins bien que la branche.

Code du travail

Création d'une commission chargée de proposer au gouvernement d'ici deux ans une refondation du Code du travail. Le Haut Conseil du dialogue social y sera associé.

Compte personnel d'activité

Présenté comme une grande réforme sociale du quinquennat, le CPA regroupera, à partir de 2017, le compte personnel de formation (CPF), le compte pénibilité (C3P) et un nouveau "compte d'engagement citoyen". Il sera ouvert aux retraités.
Le plafond du CPF monte de 150 à 400 heures pour les salariés sans diplôme.

Congés, protection et sexisme

Le congé exceptionnel d'un salarié en cas de décès d'un enfant sera porté de deux à cinq jours. Celui pour la mort des parents et beaux-parents, d'un frère ou d'une soeur, passera d'un à deux jours.
La période d'interdiction du licenciement pour les mères revenant de congé maternité sera allongée de 4 à 10 semaines.
Mesures pour mieux lutter contre les agissements sexistes au travail.

Déconnexion

A partir de 2017, modalités du "droit à la déconnexion" dans les sujets abordés lors de la négociation annuelle en entreprises.


Garantie jeunes

Pour les jeunes ni en emploi, ni en étude, ni en formation, généralisation dès 2017 du "droit" à la garantie jeunes, sous condition de ressources: accompagnement renforcé vers l'emploi et allocation mensuelle de 461 euros, pendant un an.
Pour les moins de 28 ans diplômés depuis moins de trois mois, création d'une aide à la recherche du premier emploi, accordée pour une durée de quatre mois.

Licenciement économique

Les critères des licenciements économiques sont précisés dans la loi et différenciés selon la taille des entreprises.
Il pourra y avoir licenciement économique en cas de "baisse significative des commandes ou du chiffre d'affaires", en comparaison avec la même période de l'année précédente. Il faudra que cette baisse soit d'au moins un trimestre pour une entreprise de moins de 11 salariés, deux trimestres consécutifs pour une entreprise de 11 à moins de 50 salariés, trois trimestres pour une entreprise de 50 à moins de 300 salariés, quatre trimestres pour une entreprise de 300 salariés et plus.
Le périmètre des difficultés économiques d'une entreprise restera fixé par la jurisprudence, avec une appréciation au niveau international.

Médecine du travail

Plus de visite médicale systématique à l'embauche, postes à risque exceptés.

Moyens syndicaux et représentation patronale

Hausse de 20% des heures accordées aux délégués syndicaux.
Transcription de l'accord conclu entre les organisations patronales sur la mesure de leur audience.

Neutralité

Le règlement intérieur des entreprises peut "contenir des dispositions inscrivant le principe de neutralité et restreignant la manifestation des convictions des salariés", dans certaines limites.

PME-TPE

Création d'un "service public territorial de l'accès au droit" pour aider notamment les entreprises de moins de 300 salariés. Une entreprise ayant suivi les procédures prescrites par l'administration pourra attester de sa bonne foi.
Les branches pourront négocier des accords-types applicables unilatéralement par les employeurs d'entreprises de moins de 50 salariés.
Dans les entreprises sans représentation syndicale, les employeurs pourront négocier avec des salariés mandatés par un syndicat sur tout sujet pouvant faire l'objet d'un accord.

Référendum d'entreprise

Un accord d'entreprise devra être "majoritaire" (signé par des syndicats représentant plus de 50% des salariés aux élections professionnelles). Faute de majorité, les syndicats minoritaires (représentant plus de 30%) pourront demander un référendum pour valider l'accord.

Temps de travail

La durée légale du travail restera de 35 heures. Sur l'aménagement du temps de travail, les accords d'entreprise primeront dans la plupart des cas.
La possibilité de passer à une moyenne hebdomadaire de travail de 46 heures (au lieu de 44) sur 12 semaines, qui nécessite actuellement accord de branche et décret, sera assouplie: un accord d'entreprise suffira.
Pour la fixation du taux de majoration des heures supplémentaires, l'accord d'entreprise primera sur l'accord de branche. Il ne pourra être inférieur à 10%. Les branches, qui pratiquent généralement 25%, perdront leur pouvoir de "verrou".

Travailleurs détachés

Renforcement des obligations des maîtres d'ouvrage et donneurs d'ordre en cas de recours à des prestataires établis à l'étranger et transposition partielle de la proposition de directive européenne sur les travailleurs détachés, concernant l'intérim.

Ouest-France

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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 05:43
L'explosion de 1936 racontée par un dirigeant syndical

Lu sur l'excellente page Facebook "Histoire Populaire" de Pascal Bavencove que l'on ne saurait que recommander pour la richesse et la diversité de ses publications - cet entretien de l'Huma avec André Trollet, il y a dix ans déjà.

L'explosion de 1936 racontée par un dirigeant syndical

VENDREDI, 3 MAI, 1996

L'HUMANITÉ

A quatre-vingt-deux ans, André Tollet reste le même: oeil vif, propos alerte, mémoire vivante et toujours la blague prête, en un mot, celui que des milliers de militants ouvriers auront appelé «Toto» tout au long de sa vie. Il se prépare pour des conférences sur juin 36 et accumule précieusement notes et documents pour répondre aux questions de ses auditeurs. Mais à peine a-t-il besoin de les feuilleter tant ses souvenirs sont précis.

Certains historiens prétendent que le mouvement de 1936 a été spontané, d'autres qu'il serait une manipulation de l'Internationale communiste, téléguidé de Moscou. Comment ces grèves ont elles éclaté?

Sur un fond d'écrasement de la classe ouvrière, d'une répression violente par le patronat et les gouvernements des années trente. Les gens en avaient assez. Déjà des grèves importantes avaient eu lieu. En 1933, chez Citroën, trente-cinq jours de grève, avec des répercussions importantes. Moi-même, je me suis fait piquer dans le métro en vendant des billets de solidarité pour les grévistes. Il y avait aussi les scandales, Mme Hanau, Oustric et Stavisky, financiers escrocs. C'est surtout de ce dernier dont les fascistes français se sont emparés pour crier «A bas les voleurs» et «La France aux Français». Il y avait la prise de pouvoir par les fascistes en Italie et en Allemagne, et la tentative de putsch, en France, le 6 février 1934.

Ce jour-là, j'étais délégué au congrès de la JC à Ivry comme secrétaire du comité de Paris-Ville. Nous avons suspendu le congrès pour descendre dans la rue. Nous l'avons disputée aux fascistes non sans confusion, nous battant tantôt contre eux, tantôt contre les flics. La mobilisation policière était extraordinaire. J'ai vu passer des rames de métro bourrées de soldats envoyés en renfort.

Puis il y eut le 9 et le 12. D'abord notre contre-manifestation, où Villemain et Scorticati, deux jeunes ouvriers, furent tués par la police dans le quartier de Belleville. Puis le 12. Mais il ne faut pas croire que tout était gagné. Le matin encore, on distribuait des tracts aux portes des boîtes. On craignait une saisie de «l'Huma». J'en avais planqué un stock que je donnais par petits paquets aux copains pour le vendre. Et puis ce fut, l'après-midi sur le cours de Vincennes, la convergence des deux cortèges qui allait sceller l'unité syndicale. L'unité politique s'était réalisée après l'appel de Maurice Thorez à Bullier, le 11 octobre 1934, puis l'acceptation par les socialistes, le 12 juin 1935, et par les radicaux, le 27 octobre 1935, de l'idée de Front populaire.

Il y eut donc ce processus d'unité, puis, le 26 avril 1936, le premier tour des élections législatives et, le 3 mai, le second tour donnant la victoire au Front populaire.

Les travailleurs se sont sentis encouragés par cette victoire électorale...

Et le sentiment de ne plus avoir face à eux le même gouvernement...

Oui, encore que Léon Blum ait refusé de constituer le gouvernement tout de suite, la législature s'achevant début juin.

Ce qui explique peut-être le mouvement. J'ai lu une déclaration de Charles Nédelec, secrétaire de l'union départementale CGT des Bouches-du-Rhône: «Il faudra faire tout de suite quelque chose pour montrer que les élections ont vraiment modifié la situation politique.»

Oui. Il y a une impatience et cela éclate au Havre, chez Bréguet le 9 mai. La grève et puis la provocation du patron, qui licencie les dirigeants syndicaux. Alors les gars occupent l'usine pour protéger leurs responsables. Début juin, ce fut l'explosion...

Que faites-vous à ce moment?

Je suis secrétaire du syndicat des tapissiers. On se réunit dans un bistrot, le Tambour de la Bastille. La salle pleine, jamais on n'avait vu une assemblée pareille. Les gars crient «La grève, la grève...». On vote et c'est parti, on a mis le faubourg en l'air. Les gens avaient pris tellement de coups, tellement subi la répression qu'ils ont sauté sur l'exemple du Havre et, partout, on a occupé...

Même au Lido, les cent vingt-six garçons, maîtres d'hôtel, danseuses...

Dans des boîtes où le syndicat n'avait jamais existé. Aux Galeries Lafayette, on avait installé la tribune en haut du grand escalier et on y faisait des discours comme on y chantait des chansons. Finalement, le patronat s'est affolé et a demandé à Léon Blum de jouer les médiateurs. C'est ainsi que s'est réunie la conférence qui devait aboutir aux accords Matignon.

Quel rôle a joué la CGT?

D'abord, il faut rappeler que la CGT est réunifiée depuis le congrès de Toulouse du 6 mars 1936. Je suis alors devenu un des secrétaires de l'union des syndicats de la Seine, avec Henri Raynaud et Eugène Hénaff. Nous sommes partout où l'on nous appelle. Je suis allé à Gargenville pour discuter la convention collective de la céramique. Je n'y connaissais rien mais les boîtes étaient en grève et nous appelaient à l'aide pour la discussion avec les patrons. Alors, moi, je demandais des suspensions de séance pour aller voir les gars dehors et leur demander leur avis. Si bien qu'un patron m'a dit de venir visiter l'usine pour mieux comprendre. J'ai dit: «D'accord mais sans vous.» Et, finalement, j'ai signé la convention collective. C'était partout comme cela.

La CGT avait une grande autorité, parce que ses revendications exprimaient bien celles des travailleurs. Dans la métallurgie, on n'avait pas des syndicats dans toutes les boîtes mais le syndicat des métaux de la Seine était connu. Tintin (Jean-Pierre Timbaud, qui sera fusillé par les nazis à Châteaubriant) était à toutes les portes d'usine. Il se faisait embarquer par les flics plusieurs fois par semaine entre 1934 et 1936.

Et les adhésions à la CGT?

On ne fournissait pas. Je me souviens avoir manqué de cartes et avoir fait des reçus sur un bout de papier. Dans les assurances où nous n'avions aucune organisation, nous avons obtenu des taux de syndicalisation de 80% à 90%. Nous avons atteint 1.250.000 adhérents pour la région parisienne.

On connaît les grandes conquêtes de 36. Quelles ont été les plus importantes pour toi?

L'augmentation des salaires. Surtout pour les plus bas. Un exemple: Poivrossage à Pantin, où travaillaient surtout des jeunes filles, presque des gosses. Leur salaire est passé de 1 franc à 4 francs et 5 francs de l'heure.

La semaine de 40 heures. On s'est battu pour elle et pour la journée de 8 heures. J'ai un copain qui est allé en taule pour le respect de la journée de 8 heures, car il ne suffit pas d'une bonne loi, il faut encore qu'elle soit appliquée et respectée. En 1932, un copain a été tué par la police sur un chantier de Vitry au cours d'une manifestation contre les heures supplémentaires. Chez nous, les tapissiers du faubourg Saint-Antoine, on avait réglé la question. Quand un patron essayait de faire travailler au-delà de 8 heures, on faisait une descente et on cassait tout. Ça lui ôtait vite l'idée de recommencer...

Et les congés payés?

Les congés payés figuraient dans les revendications de la CGT, mais je dois dire que je n'y croyais pas trop. Je ne voyais pas le taulier nous payer à ne pas travailler. Lambert-Ribot, délégué de la Confédération générale de la production française (nom du CNPF de l'époque), a dit à Benoît Frachon: «On n'a jamais vu des revendications pareilles», et Benoît de rétorquer: «Avez-vous déjà vu un mouvement pareil?»

Même la presse de droite de l'époque est obligée de constater l'ordre respecté dans les usines en grève.

C'est la fierté ouvrière. Partout les machines ont été entretenues en état de marche, à tel point que la reprise a pu se faire dès l'accord signé. On briquait les bécanes mieux qu'avant et, dans certains cas, on en a réparé.

Justement, la reprise a eu lieu dès la signature des accords Matignon?

Non. D'ailleurs la CGT n'a jamais appelé à la reprise, c'était aux travailleurs à décider. Des patrons ont refusé de signer, traîné les pieds. Il y en avait qui ne voulaient pas des délégués du personnel. C'était un changement! Au lieu d'aller chacun trouver le taulier la casquette à la main, c'est un représentant élu qui exigerait en leur nom.

Les grèves se sont poursuivies en juin...

Il a fallu que le Parlement vote une loi, le 11 juin, pour imposer congés payés et 40 heures. Ce fut sous la pression des grèves et aussi, il faut bien le dire, sous celle des patrons qui avaient cédé et voulaient imposer les mêmes conditions à leurs concurrents. On a fait la queue à Matignon pour régler les différends. Moi je l'ai faite avec les représentants du patronat de la tapisserie. Le patronat avait cédé sous la pression, dès qu'il le pourrait, il allait tenter de reprendre ce qu'il avait lâché.

Juin 36, ce fut la fête dans les établissements occupés. Comment cela s'est-il passé?

Ce sont les comités de grève qui organisaient et nous, nous contactions les artistes. J'ai emmené sur ma moto un des frères Marc, plus connu aujourd'hui sous le nom de Francis Lemarque.

J'ai vu une reproduction du journal «l'Illustré» montrant Mistinguett chantant pour les grévistes (1).

Il y eut alors un rapprochement formidable avec la classe ouvrière en lutte. C'était le cas des commerçants et des paysans répondant aux appels des comités de grève pour le ravitaillement. Mais ce fut surtout important avec les intellectuels, avec ce Comité de vigilance antifasciste animé par le professeur Rivet, le philosophe Alain, le professeur Langevin. C'est une particularité du mouvement ouvrier français à cette époque, le seul en Europe où la classe ouvrière fût à l'initiative d'un rassemblement de masse

C'est aussi l'époque d'une formidable éclosion culturelle en milieu ouvrier, avec la CGT, avec l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR), le groupe Octobre qui joue du Prévert dans les usines en grève...

Nous avions aussi ce souci à l'union départementale de la Seine. Nous avons loué, 15, rue de Chalon, un local qui abrita quelque temps la Chorale populaire de Paris et le cercle de peinture et de dessin animé par Franz Maserel. Nous avons créé l'Association populaire des amis des musées avec Georges-Henri Rivière et Georges Besson, le Théâtre du peuple (une idée d'Henri Raynaud) qui joua à Sarah-Bernhardt, à la Renaissance, où, le jeudi, on accueillait les gosses pour «les Contes d'Andersen»; nous avons loué quatre fois l'Opéra, pour 18.000 francs. Un succès formidable, les gars venaient autant pour voir l'Opéra que pour ce qui s'y jouait... Nous avons constitué une association de tourisme et de loisirs et acheté une maison au bord de la mer.

Mais le Front populaire ne va pas durer. Comment intervient son échec?

Par les concessions du gouvernement à la réaction. Le 13 février 1937, Léon Blum proclame «la pause» pour les revendications ouvrières. Le 16 mars, une manifestation fasciste à Clichy est autorisée. Le ministre Sarraut répond à notre délégation que c'est démocratique. Une contre-manifestation est organisée, c'est sur elle que tire la police. André Blumel, membre du cabinet de Blum, est blessé. Il se rend chez le président du Conseil, le sang sur ses vêtements, et lui dit: «Regardez ce qu'a fait votre police...»

Concessions aux fascistes espagnols, en rébellion contre la République depuis le 18 juillet 1936 avec la non-intervention, alors que Hitler et Mussolini envoient à Franco argent, troupes, munitions. Concession, encore, du gouvernement du radical Daladier, cette fois, avec la capitulation à Munich devant Hitler, le laissant libre d'envahir la Tchécoslovaquie, notre alliée, le 30 septembre 1938. Le 13 novembre, les décrets-lois Reynaud remettent en cause les conquêtes de 1936: «Finie la semaine des deux dimanches», dit-il. La bourgeoisie française veut sa revanche. A tout prix. Déjà, le 22 août 1936, le journal «le Messin» pouvait écrire «Plutôt redevenir allemands que de vivre sous un gouvernement bolchevisé».

C'est alors qu'intervient la grève du 30 novembre 1938.

Une grève décidée par le congrès de Nantes de la CGT le 14 novembre. Pour faire échec à nos adversaires, nous votons une motion, avec Jouhaud, appelant à une grève générale le 30 novembre. Ce sera un semi-échec. Les anticommunistes au sein de la CGT (comme Belin, qui finira ministre de Pétain) ne feront rien pour son succès, le temps accordé au gouvernement pour réagir va permettre une mobilisation policière telle que l'on verra quatre gardes mobiles par autobus conduit par un chauffeur embarqué à l'aube par la police. Les syndiqués auront du mal à réagir. Je me souviens de cette fille licenciée après le 30 novembre et disant que son patron n'avait pas le droit de le faire. Les succès de 36 avaient créé aussi quelques illusions. Mais surtout, le 30 novembre fut l'occasion pour le patronat d'une chasse aux militants, décapitant l'organisation syndicale. La guerre, l'exclusion des syndicats demeurés sur des positions de classe, l'occupation et la trahison de Vichy allaient apporter aux patrons cette revanche tant attendue.

CLAUDE LECOMTE

(1) Dans le livret d'un double CD sur «le Front populaire», recueil des chansons de l'époque, aux éditions Frémeaux et Associés. 43.74.90.24.

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18 juillet 2016 1 18 /07 /juillet /2016 05:33
Fête du PCF du Guilvinec - 16 juillet 2016

Fête du PCF du Guilvinec - 16 juillet 2016

Fête du PCF à Guilvinec - 16 juillet 2016 - Dominique Gontier faisait remplir le questionnaire "Que demande le peuple?" pour la fédération

Fête du PCF à Guilvinec - 16 juillet 2016 - Dominique Gontier faisait remplir le questionnaire "Que demande le peuple?" pour la fédération

Fête du PCF à Guilvinec - Yves Jardin représentait l'AFPS

Fête du PCF à Guilvinec - Yves Jardin représentait l'AFPS

Fête du PCF à Guilvinec le 16 juillet - le groupe Manec

Fête du PCF à Guilvinec le 16 juillet - le groupe Manec

Voici le commentaire de notre camarade Dominique Gontier, membre du bureau départemental du PCF, sur cette fête du PCF au Guilvinec samedi dernier:

" Très belle soirée au Guilvinec. Des centaines de personnes ... plus rien à manger sur les coups de 21h30, c'est dire.

Le discours d'Etienne Le Bellec était parfait et uniquement consacré à la tragédie de Nice, les questions internationales, l'état du monde et notre solidarité avec les victimes et les familles endeuillées.

Il a terminé par une minute de silence.

Applaudissements nourris et Internationale spontanée.

23 questionnaires "Que demande le peuple?" ont été remplis et une bonne centaine distribués. Les gens ont tous apprécié la méthode et l'obligation de fixer des priorités par choix restreints. Ils ont été attentifs aussi aussi à la volonté du Parti de consulter la population à travers sa grande consultation citoyenne. Sinon, on ressent beaucoup d'inquiétudes, de colère contre le PS de rejet de la droite. Et surtout "comment on va s'en sortir"?"

Et les photos et commentaires de Karo Berardan, du Cap Sizun, sur la page Facebook du PCF Finistère:

https://www.facebook.com/Parti-Communiste-Fran%C3%A7ais-du-Finist%C3%A8re-1732388910361176/photos/?tab=album&album_id=1740336492899751

Voici le texte lu par Etienne Le Bellec, responsable de section du Pays Bigouden, à la fête du Guilvinec:

"Bonsoir

Dans la nuit du 14 juillet un crime a été perpétué à Nice.

On l’appellera comme on veut, l’œuvre d’un fou, ou le massacre des innocents ?

Nous nous sommes interrogés hier matin si nous devions annuler cette fête, mais n’était-ce pas abonder au désir profond des tueurs ?

Nous l’avons donc maintenue !!!

Certes la part de responsabilité des puissances occidentales, par leurs interventionnismes, en Afrique, au Moyen Orient, rappelant les pires moments du colonialisme n’est pas étrangère à la montée du terrorisme.

Et n’est il pas vrai que les mêmes que nous armons en un endroit, nous les combattons ailleurs ?

Car derrière les religions mortifères se cache les intérêts économiques des puissants, ici un gazoduc, là un combinat là encore l’appropriation de l’eau.

Les multiples guerres que la France mène au delà de ses frontières, ne peuvent cependant servir d’excuses aux assassins.

Le massacre de Nice touchant des enfants, des femmes et des hommes qui ne demandaient qu’à vivre, marque la dégénérescence des idées de ce siècle et cette violence aveugle qui ne repose sur aucune légitimité nous devons l’éteindre car « Le ventre est encore fécond d’où surgit la bête immonde. »

La liberté est un combat, elle ne trouve sa place dans aucun compromis, dans aucun arrangement, dans aucun pacte avec Dieu ou le Diable.

Ce combat pour la Liberté, l’Egalité, la Fraternité c’est ensemble que nous devons le mener et sur notre sol, comme sur tous les sols des peuples martyrisés, il se trouvera toujours quelqu’un, quels que soit les circonstances, pour se lever , avec une pierre, ou un pieu à la main, pour crier à la face du monde son droit à l’existence.

En hommage aux victimes fauchées à Nice, permettez-moi de vous lire cet extrait du poème LA NUIT DE JUILLET d'Aragon.

" C’est encore une fois Juillet dont les dents brillent

C’est toujours en Juillet que grillent les Bastilles

Les roses de naguère expliquent leurs reflets

Par cette chienlit des licteurs qui brûlaient

Enfin le feu s’est mis à la fête foraine

Qui soit même consume au milieu de l’arène

Le pitre le jongleur et le danseur de corde

Courent de tous côtés criant miséricorde

Aux grelots de son char pend le faux Phaéton

Et le sable est jonché de masques en carton

L’équilibriste tombe et l’avaleur d’étoupe

Flambe avec l’avaleur de sabre qui se coupe

Et tandis que le peuple éprouve qu’il est grand

A comment dans leur cirque il foule les tyrans

L’étalon Liberté crevant l’écran de toile

Dante sort de l’enfer et revoit les étoiles"

Nous allons maintenant observer une minute de silence."

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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 19:56
Décès de Raymonde Nédelec-Tillon, la dernière des 33 femmes élues à la première assemblée constituante de la IVe République, résistante communiste ayant survécu à la déportation à Ravensbruk

Âgée de 100 ans, elle était la dernière survivante des 33 femmes élues à la première Assemblée Constituante de la 4e République, ce qui correspond aux premières législatives après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elles étaient donc les premières femmes électrices et éligibles.

Elle avait été déportée en 1944 au camp de Ravensbrück, en Allemagne, avant de s'en échapper.

Publié par le PCF Aveyron ce 17 juillet :

Raymonde Tillon est décédée, résistante qui a survécue aux camps Nazis. Elle était communiste, une des premières femmes élues des 1945, C est un pan de l' histoire des droits des femmes, de l' histoire de la démocratie, qui nous quitte. Les générations suivantes poursuivront le combat !

La résistante Raymonde Tillon (aussi connue sous le nom de Raymonde Nédelec), députée communiste des Bouches-du-Rhône de 1945 à 1951, est décédée.

Âgée de 100 ans, elle était la dernière survivante des 33 femmes élues à la première Assemblée Constituante de la 4e République, ce qui correspond aux premières législatives après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elles étaient donc les premières femmes électrices et éligibles.

Elle avait été déportée en 1944 au camp de Ravensbrück, en Allemagne, avant de s'en échapper.

***

Sur le site du Ouest-France:

La résistante communiste Raymonde Tillon-Nédelec est décédée
http://www.ouest-france.fr/culture/histoire/guerre-39-45/la-resistante-communiste-raymonde-tillon-nedelec-est-decedee-4373079

« J'écris ton nom, Liberté ». Ce vers d'Éluard est le titre du livre de mémoires qu'a publié en 2002 Raymonde Tillon, l'épouse de l'ancien chef de la résistance communiste et de l'ancien ministre de De Gaulle, Charles Tillon (1897-1993). Mme Tillon, qui était revenue vivre à Rennes où son mari était né, avait à cette occasion rencontré notre confrère Eric Chopin. Voici l'article qu'il avait rédigé à l'époque :

L'héroïque liberté de Raymonde Tillon

La perte de ses parents à l'âge de 4 ans, la déportation à Ravensbrück, l'exclusion du PCF au plus fort du stalinisme d'après-guerre : la vie de Raymonde Tillon a été marquée par les épreuves. Et quelles épreuves... Ce destin exceptionnel forgé dans la douleur mais riche de grandes joies, Mme Tillon le raconte dans un livre autobiographique.

Femme et « fidèle secrétaire » de Charles Tillon, cette grande figure historique née du côté des Lices en 1897, Raymonde Tillon a pris à son tour la plume pour « évoquer sept décennies de luttes et d'espoir » en dénonçant d'entrée de jeu « le stalinisme à la française qui a bien existé ».

Engagée très jeune dans les Jeunesses communistes puis au sein du PCF, Raymonde Tillon s'est mobilisée sur le front syndical (CGT) entre les deux guerres, au temps du Front Populaire. Avec son premier mari, Charles Nédelec (1907-1944), elle ne ménage pas son énergie au service de la cause ouvrière. Mais la seconde guerre mondiale la met rudement à l'épreuve. Déportée à Ravensbruck en avril 1944, Raymonde Tillon réussit à s'extirper de l'horreur en mai 1945. « Quand je suis revenue à Paris, pesant à peine 35 kg, j'ai appris le décès de mon mari, mort d'épuisement dans la Résistance ».

« Fraternité brisée »

Raymonde Tillon met, au lendemain de la Libération, son idéal communiste au service des institutions. Vivant à Marseille, elle devient conseillère générale, puis députée de la Constituante avant d'entrer à l'Assemblée nationale où elle fait la connaissance d'un certain Charles Tillon, député PCF d'Aubervilliers, ancien mutin de la Mer Noire, chef de la Résistance communiste FTP et ministre de De Gaulle de 1944 à 1947.

Ils unissent leur destin familial (deux enfants naîtront de leur union, qui s'ajoutent aux deux garçons de Charles, lui aussi veuf) et vont faire face ensemble à l'écroulement de leur idéal communiste au début des années 50.

« Le parti nous en a fait voir »

Le stalinisme fait des ravages. Ils se démarquent des positions du PCF « qu'ils ne comprennent pas ». C'est l'époque des « Procès de Moscou à Paris » », titre d'un des livres de Charles Tillon. « Le Parti nous en a fait voir mais nous avons résisté ». Le couple Tillon s'exile en Provence. La « fraternité est brisée ». Pour avoir protesté contre l'invasion soviétique en Tchécoslovaquie, Charles Tillon est finalement exclu du PCF en 1970. Les enfants ayant grandi, les Tillon reviennent vivre au pays (à La Bouëxière, près de Rennes) avant de repartir pour Marseille où le géant Charles Tillon s'éteint le 13 janvier 1993.

Raymonde Tillon a choisi en juillet dernier de revenir vivre « là où Charles est né ». C'est à dire à Rennes. Le rapatriement des cendres de son époux est en préparation. Raymonde Tillon est soulagée d'avoir dit « ce qu'elle avait, elle, à dire ». Mais foin de nostalgie. Raymonde Tillon fait « une confiance extraordinaire à la jeunesse ».

Éric CHOPIN.

« J'écris ton nom, Liberté », de Raymonde Tillon, aux éditions Du Félin. Collection Résistance-Liberté-Mémoire. 212 pages. Préface de Germaine Tillion. Postface de Charles-Louis Foulon.

Et sur le site du journal Le Monde:

Elle était la dernière des trente-trois premières femmes entrées à l’Assemblée nationale en 1945 encore vivante. Raymonde Tillon est morte, dimanche 17 juillet, rendant hommage à une « femme engagée » au « parcours exemplaire ». Elle avait 100 ans.

Née Raymonde Barbé le 22 octobre 1915 à Puteaux (Hauts-de-Seine), elle avait épousé en 1935 Charles Nédelec, militant communiste, et était devenue députée des Bouches-du-Rhône sous ce nom, avant de se marier en secondes noces avec Charles Tillon, dirigeant du Parti Communiste français (PCF), ministre, puis exclu du bureau politique du PCF en 1952.

Revenue de Ravensbrück

Entrée tôt dans la Résistance, elle avait été arrêtée le 31 mars 1941 et condamnée à vingt ans de travaux forcés par le tribunal maritime de Toulon, selon sa biographie sur le site de l’Assemblée nationale. Emprisonnée tour à tour à Marseille, Toulon et Lyon, elle avait été livrée aux Allemands en juin 1944 et déportée d’abord à Sarrebruck puis au camp de Ravensbrück. Affectée dans une usine de guerre de Leipzig, elle avait réussi à s’évader le 20 avril 1945 et à regagner Marseille. Elle était alors devenue députée.

En 2005, elle avait rappelé, dans une interview à l’AFP, son émotion lors de son élection 60 ans auparavant. « On était émues. Les femmes étaient reconnues comme des citoyennes, en tenant compte de leur travail dans la Résistance », s’était-elle félicitée.« Nous étions de partis différents. Mais toutes nous nous disions : enfin ! ».

Et dans L'Humanité, il y a quelques mois, le 22 octobre 2015:

Résistante, déportée à Ravensbrück, elle fut la première femme députée, communiste, de Marseille en 1945.

Née à Puteaux, Raymonde Barbé perd ses parents à 5 ans et est élevée dans un orphelinat religieux avant de s’en enfuir, avant sa majorité, pour rejoindre son frère près d’Arles. C’est dans les Bouches-du-Rhône qu’elle est employée de commerce et qu’elle épouse Charles Nédelec, militant syndical cégétiste qui, devenu clandestin sous l’Occupation, devait mourir d’épuisement au printemps 1944.

Une méconnue de l’Histoire, mais une militante exemplaire

Raymonde Nédelec, arrêtée dès mars 1941, est condamnée à vingt ans de travaux forcés par une section spéciale de Vichy prononçant des peines ­rétroactives. Après la prison de Rennes, livrée aux nazis par le gouvernement de Vichy, elle est déportée à Ravensbrück. Durant toute sa détention, elle garde dans sa poche son insigne de jeune communiste, risquant pour ça la pendaison. Elle la risque aussi en sabotant les obus qu’elle et ses camarades de kommandos devaient « chemiser » pour les armées du IIIe Reich. Elle risque sa vie enfin en échappant aux gardes SS lors des marches de la mort. Sa bravoure lui valut la médaille militaire et la croix de guerre, puis la croix de chevalier de la Légion d’honneur. À la Libération, elle se marie avec Charles Tillon, ­commandant en chef des FTP sous l’Occupation, puis ministre du général de Gaulle. Raymonde eut la joie d’être élue, en octobre 1945, parmi les premières femmes électrices et éligibles, députée communiste à Marseille. Comme élue communiste, elle a défendu les valeurs de justice et de liberté. Elle est aujourd’hui la seule survivante parmi les députées de la Constituante. Nous fêtons donc aujourd’hui son centenaire et le 70e anniversaire de son élection.

C’est sa passion de la liberté qui lui fit rejeter le stalinisme et lier son sort à celui de Charles Tillon. Elle connut avec lui une terrible période d’isolement de 1952 à 1956. Écartée, puis exclue du PCF, refusant les diktats staliniens, Raymonde Tillon est une méconnue de l’Histoire. Pourtant, elle fut une militante exemplaire. Les mots du président de la République devant le Panthéon le 27 mai dernier valent pour elle : Raymonde Tillon est admirable sans avoir voulu qu’on l’admire. Elle demeure un des nobles visages de la République.

Aujourd’hui, elle est accablée par les maladies du grand âge, et nous lui devons un salut reconnaissant.

(1) Auteur de la postface des Mémoires de Raymonde Tillon, J’écris ton nom, Liberté. Éditions du Félin. 2002, 220 pages, 19,70 euros

Raymonde Tillon: "J'écris ton nom, Liberté"

Raymonde Tillon: "J'écris ton nom, Liberté"

Raymonde Tillon - photo d'archive

Raymonde Tillon - photo d'archive

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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 19:53

Hier matin, les commerçants du marché faisaient signer une pétition contre une décision unilatérale du maire de Morlaix de les obliger à quitter leur place au marché à 13h30. Des centaines de signatures ont déjà été obtenues.

Nous l'avons signé conscients que le marché de Morlaix est un vecteur essentiel de la vie sociale sur la ville et le territoire, et de son attractivité commerciale. Beaucoup de clients arrivent actuellement sur le marché à 12h30, 13h. Ils font leur course, vont ensuite dans les cafés, les commerces, c'est très important pour la vitalité de Morlaix le samedi, pour l'ensemble des commerçants du centre-ville et pour le bien vivre à Morlaix.

Les commerçants des marchés travaillent beaucoup et tirent souvent des revenus relativement modestes de leur activité. Leur fidélité au marché de Morlaix est très importante pour l'image de la ville (des documentaires télé sur le marché de Morlaix ont d'ailleurs eu semble t-il un impact réel sur le tourisme dans la région l'année dernière) et la qualité de vie à Morlaix et dans la région.

Ils ont le droit d'être entendus et respectés. Rien ne s'oppose à ce qu'ils puissent continuer leur activité de plus, comme auparavant. La décision contraire occasionnerait pour eux une perte de revenus significative. C'est aussi de nos emplois dont il est question ici!

Sans parler des complications matérielles très grandes à vouloir vider la place Allende plus tôt, avec tous les débaleurs et le temps de rangement et de démontage. Et de la frustration pour les chalands et les commerçants à devoir refuser le service au gong, même en cas de file d'attente! C'est simplement inimaginable dans ce type d'activité commerçante reposant sur la convivialité, les rapports inter-personnels, la confiance... Veut-on que faire profiter les supermarchés d'une baisse de fréquentation des marchés?

Voici la lettre des commerçants du marché à Agnès Le Brun qui nous a été remise hier, samedi 16 juillet:

Madame le Maire,

Lors de la dernière commission paritaire, la volonté des membres de votre service technique de modifier les horaires de fin de marché sur la place Allende à partir du 1er septembre 2016 ne peut nous laisser indifférents.

Ayant pris connaissance de ce paragraphe peu de temps avant cette réunion, l'ensemble des commerçants inscrits au registre du Commerce, de l'agriculture, ainsi que de nombreux salariés exerçants sur celui-ci, ont signé d'un commun accord une pétition (111 débaleurs, 111 signatures) pour exprimer leur désaccord sur cette décision, désaccord d'ailleurs qui n'est pas un refus systématique, mais de bon sens.

Les membres de votre service technique ont simplement oublié lors de cette décision que l'horaire actuel de 14 heures existe depuis de très nombreuses années, qu'il a déjà été discuté avec des membres de ce service, qu'il correspond parfaitement au délai de temps qu'il faut pour que la totalité des emplacements soit libéré pour le nettoyage, et qu'en aucune manière nous n'accepterons le remplacement de ce règlement par un nouveau, avec des horaires que nous ne pourrons pas respecter.

Nous pensons que parce ces faits, les membres de ce service ignorent les éléments principaux qui régissent notre corps de métiers.

La pérennité de nos entreprises ne repose que sur deux éléments. La qualité de nos produits, et l'accueil que nous réservons à nos clients en rapports humains et en disponibilité. La disponibilité permanente, ce qui veut dire quelque soit l'heure de leurs achats (matinaux ou tardifs).

Le deuxième, c'est que nous faisons tous de l'alimentaire (produits carnés, fruits et légumes, poissons et autres) et que nous sommes sujets après la vente à de multiples opérations de rangement, de nettoyage, de mise en frigos pour certaines corporations en respect des normes sanitaires, cela nous demande du temps.

Le troisième, c'est que la mise en place, et le départ des chalands sur le marché quelque soit son importance, se fait par vagues d'arrivées et de départs, dans un contexte amiable et bien structuré entre nous. Votre marché Madame, compte 111 étalages alimentaires, comment peut-on exiger un départ à 13h30 alors qu'une majeure partie finit entre 13h15 et 13h30?

Le fait ci-dessus, nous oblige à vous demander un entretien dans un bref délai, pour mettre fin à une situation qui risque de nous entraîner dans un conflit qui n'a pas lieu d'être, et qui provoquera de fortes tensions et complications qui mettront à mal toutes les relations satisfaisantes, et positives que nous avons eu avec votre municipalité depuis de nombreuses années et qui permet la renommée de votre marché sur l'ensemble de la côte nord du Finistère.

En souhaitant que vous portiez une attention particulière à ce courrier, et en espérant que celui-ci ne reste pas sans réponses de votre part,

Veuillez recevoir, Madame, nos sincères salutations.

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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 19:48

Turquie : "La France doit cesser son soutien au régime sanguinaire d'Erdogan" (PCF)


La tentative de putsch militaire en Turquie, dans la nuit du 15 au 16 juillet, organisée par quelques divisions de l'armée turque insurgées contre le président Erdogan s'est soldée par près de 300 morts à
Istanbul et Ankara, plus d’un millier de blessés, et a entraîné en moins de 24 heures 6 000 arrestations. À l’appel du pouvoir, des lynchages de putschistes ont eu lieu et l’éventualité d’un rétablissement de la peine de mort ressurgit. La politique de polarisation extrême, orchestrée par l’AKP, a attisé des fractures au sein de l’armée.

Le Parti communiste français tient à exprimer sa solidarité avec les peuples de Turquie, les démocrates et progressistes qui sont pris en étau entre la violence d'Etat, la mobilisation de l'extrême droite et
des ultra-religieux, et la rébellion militaire. Or, comme le souligne le Parti démocratique des peuples (HDP), il ne peut y avoir d’autres solutions qu’une démocratisation de la Turquie et l’établissement d’une
paix durable dans tout le pays, et particulièrement dans les villes kurdes assiégées depuis près d'un an par les forces de l'ordre et armées.

Les événements des 15 et 16 juillet montrent que la politique de R.T. Erdogan conduit au chaos. La France et l’Union européenne doivent la condamner et cesser de la soutenir. Le ministre français des Affaires
étrangères, Jean-Marc Ayrault, en affirmant ce matin la volonté de la France de voir "l’Etat de droit fonctionner pleinement en Turquie" et refuser tout "chèque en blanc à Monsieur Erdogan", engage une inflexion du discours de la France qui devra être suivie d'effets. Car, après l’échec de la tentative de coup d’État, le pire est déjà en marche.

R.T. Erdogan amplifie la purge de ses opposants dans l’appareil d’État, notamment dans la magistrature et l’armée, en violation totale de l’Etat de droit. Des milliers de juges ont été destitués et arrêtés dont des
membres du Conseil d’État et de la Cour constitutionnelle. Cette purge devrait s’élargir à toute la haute administration.

Tout en se présentant désormais comme le "défenseur de la démocratie", R.T. Erdogan poursuit l’établissement de sa dictature après avoir écrasé les libertés, muselé les médias, réduit les pouvoirs de l’opposition, levé l’immunité parlementaire des députés du HDP afin de les jeter en
prison, et déclenché une guerre meurtrière contre les populations kurdes du pays.

Au moment où les forces conservatrices et nationalistes font bloc autour du pouvoir, il faut certainement s’attendre à l’annonce d’un référendum sur la réforme constitutionnelle afin d’établir le régime ultra-présidentiel sans contre-pouvoir auquel aspire Erdogan.

R.T. Erdogan croit pouvoir capitaliser sur les événements de ces derniers jours pour restaurer son image, et celle de la Turquie jusqu’alors isolée sur le plan diplomatique en raison de son soutien apporté aux différentes organisations djihadistes Daesh et Al Nosra. Si J.-M. Ayrault doute de la fiabilité du régime turc en la matière, le PCF tient à lui rappeler que les preuves de cette duplicité sont connues et qu'elles ont valu à des journalistes, comme Can Dündar, des poursuites judiciaires et une tentative de meurtre.

Aujourd'hui, Erdogan se considère autorisé aux brutalités de masse les plus sanglantes. Il est de la responsabilité de la France et des pays membres de l'UE de cesser leurs soutiens à ce régime qui représente pour la Turquie et sa région un obstacle de plus à la paix et à la sécurité collective.

Parti communiste français
Paris, le 17 juillet 20
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La France doit cesser son soutien au régime sanguinaire d'Erdogan (PCF, 17 juillet 2016)
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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 19:40
Huit questions pour comprendre le putsch raté en Turquie (Libération, entretien avec d'Aude Massiot avec Elise Massicard, chercheuse au CNRS spécialiste de la politique turque)

Huit questions pour comprendre le putsch raté en Turquie - Libération

Vendredi soir, des officiers de l’armée turque ont tenté de prendre le pouvoir par la force et de renverser le président Recep Tayyip Erdogan, qui était alors en vacances sur la côte méditerranéenne. Après plusieurs heures d’affrontements, entre les putschistes d’un côté, et de l’autre la police, certains corps de l’armée et des citoyens turcs descendus dans la rue à l’appel du président Erdogan, ce dernier a pu reprendre la main sur le pouvoir, samedi matin.

Pouvait-on s’attendre à une tentative de coup d’Etat en Turquie ?

Les observateurs spécialistes du pays ne s’accordent pas tous sur ce point. Pour Elise Massicard, chercheuse au CNRS spécialiste de la sociologie politique contemporaine turque, «une telle éventualité était envisageable. Cela fait plusieurs mois que des rumeurs circulent sur une possible intervention antigouvernementale par l’armée». La Turquie possède une tradition de coups d’Etat militaires. Quatre ont eu lieu depuis 1960.

Actuellement, toutes les institutions étatiques sont contrôlées par le gouvernement. Un renversement du pouvoir ne pouvait vraisemblablement venir d’un autre acteur que l’armée. Du moins, une partie de l’armée, car l’intervention militaire de vendredi n’a pas été menée par tous les corps militaires. Certains pilotes de l’armée de l’air, par exemple, n’auraient pas suivi les putschistes et seraient intervenus pour les neutraliser.

Les militaires putschistes étaient-ils soutenus par une partie de la classe politique turque ?

«Certains milieux souverainistes ne sont pas contre une intervention militaire pour renverser le gouvernement, remarque Elise Massicard. Mais ce n’est pas une solution qui est acceptée officiellement. Le Parti kémaliste, la plus grande formation d’opposition ne soutient pas une intervention par la force». L’argument d’une prise de pouvoir non démocratique a été justement utilisé par Erdogan pour délégitimer ce parti. Face à la population, le président se présente désormais comme le défenseur de la démocratie en Turquie. Pourtant, depuis son accession au pouvoir, Erdogan n’a cessé de réduire les libertés individuelles, la liberté de la presse et le pouvoir de l’opposition.

La population descendue dans la rue condamnait-elle justement cette prise de pouvoir non démocratique ?

Selon notre reporter à Istanbul, il apparaît plutôt que les citoyens qui sont sortis dans la rue ont répondu à l’appel lancé par Erdogan via Facetime dans la nuit. Les slogans entendus seraient plutôt ouvertement pro-Erdogan. «Le président a toujours une assise populaire très large dans la société turque, rappelle Elise Massicard. La population est très polarisée sur ces questions entre ceux qui soutiennent le gouvernement, et ceux qui s’opposent à sa politique».

Le gouvernement a désigné rapidement la mouvance islamiste Gülen comme instigatrice du coup d’Etat. Est-ce crédible ?

La mouvance islamiste tenue par l’ancien allié du gouvernement, Fethullah Gülen, réfugié actuellement aux Etats-unis, est un «bouc émissaire pour Erdogan depuis la fin de l’année 2013, rapporte la chercheuse du CNRS. Le régime lui attribue tout ce qui ne va pas dans le pays». Selon elle, il semble donc difficile de croire qu’ils aient pu organiser cette intervention tout seuls. Par ailleurs, l’armée turque n’est pas spécialement pro-Gülen et inversement. Il est tout de même possible qu’il y ait eu une coalition entre la mouvance et une partie de l’armée pour renverser Erdogan.

«Mais pour la population qui ne suit l’actualité que via les médias étatiques, l’implication de Gülen est une explication tout à fait crédible,ajoute Elise Massicard. Ces médias affirment régulièrement depuis deux ans que la mouvance complote pour renverser le pouvoir». Ces membres sont poursuivis dans toutes les institutions d’Etat.

Doit-on s’attendre à une purge contre les putschistes ?

Erdogan l’avait promis dès le début du coup d’Etat vendredi soir. Elle a donc débuté dès le lendemain. Le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé, samedi matin, l’arrestation de 2 839 personnes et la possibilité de rétablir la peine de mort pour punir «les traîtres». D’autres institutions sont touchées. Plusieurs centaines de juges ont été écartés samedi. En plus des affrontements entre policiers et militaires, certains civils auraient lynché des militaires putschistes. «Ces violences non contrôlées par les autorités ont été légitimées, voire encouragées, par le gouvernement», souligne Elise Massicard.

Erdogan a-t-il utilisé les responsables religieux pour légitimer son appel à la population ?

Dans la nuit de vendredi, à Istanbul, les muezzins ont interrompu leur chant de prière pour appeler la population à descendre dans la rue afin de soutenir le gouvernement. Pour la chercheuse du CNRS, «ce ne sont pas des initiatives personnelles». En Turquie, les imams et les muezzins sont des fonctionnaires d’Etat, et Erdogan a des liens forts avec la communauté religieuse musulmane. Reste que c’est la première fois que le gouvernement en appelle aux responsables religieux pour relayer ce type de messages politiques. «Pour Erdogan, c’est un moyen de se légitimer en s’appuyant sur la religion», ajoute-t-elle.

Erdogan avait-il préparé ses arrières dans l’éventualité d’un coup d’Etat ?

Vendredi soir, les putschistes comme les forces pro-gouvernementales ont fait usage d’un important arsenal militaire. Comment expliquer cet équilibre? D’abord, toute l’armée n’a pas soutenu le coup d’Etat. Il y avait donc des moyens de défense militaires du côté des pro-Erdogan. L’arsenal donné à la police laisse tout de même penser que le président envisageait un retournement des militaires. Depuis son accession au pouvoir, Erdogan s’est beaucoup appuyé sur la police pour établir sa politique sécuritaire. Leurs moyens d’intervention ont été largement renforcés depuis plusieurs années.

Dans le pays s’observe déjà un resserrement du pouvoir par Erdogan. L’échec de ce putsch renforce l’assise du président turc sur l’opposition politique qui subsiste, mais aussi face aux puissances qui interviennent dans la région. Le gouvernement a déjà annoncé la fermeture de la base militaire d’Incirlik, qui servait de base arrière pour la coalition internationale, dans les interventions en Syrie et en Irak, tant que Fethullah Gülen ne serait pas extradé des Etats-unis. Plus largement, c’est tout l’espace aérien qui a été fermé. Les missions aériennes des Etats-unis contre l’Etat islamique ont donc été suspendues.

La communauté internationale, y compris la France, a largement condamné le coup d’Etat. De même pour tous les partis représentés à l’Assemblée nationale turque. «Le président a pu ainsi rassembler derrière lui et obtenir un consensus sur son maintien au pouvoir, alors qu’il était, depuis plusieurs mois, fragilisé, à cause notamment de la multiplication des attentats terroristes sur le territoire, observe Elise Massicard. Cette reprise en main politique pourrait avoir pour conséquence un durcissement de la gestion sécuritaire de la question kurde».

Aude Massiot

Lire aussi dans le Monde Diplomatique du mois de juillet (repris par le "Chiffon Rouge" il y a quelques jours) la tribune du leader kurde du mouvement de gauche démocratique et laïc, Selahattin Demirtas, parti persécuté par le pouvoir.

La sale guerre du président Erdogan, "l'homme qui se prend pour un sultan" par Selahattin Demirtas, leader kurde des formations de gauche et écologiste en Turquie (HDP, Parti démocratique des peuples) - Tribune du Monde Diplomatique, juillet 2016

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17 juillet 2016 7 17 /07 /juillet /2016 17:17
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