Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 05:55
Tomate du Maroc : juteuse pour l'Europe et toujours plus amère aux paysans

LES GRANDS ENJEUX POUR NOTRE PLANÈTE, PAR GÉRARD LE PUILL

Beaucoup de gros serristes européens se sont installés au Maroc pour bénéficier de marges élevées grâce aux bas salaires payés sur place.

En 2012, l'Union européenne a conclu un accord de libre échange avec le Maroc. Il permet à ce pays d'exporter chaque année des millions de tonnes de tomates, concombres, courgettes, melons, poivrons et autres légumes dans tous les pays de l'Union européenne. La France a ainsi importé 340 000 tonnes de tomates marocaines pour la seule année 2014 et sans doute encore davantage en 2015. Ce faisant, notre pays importe beaucoup d'eau du Maroc puisque 95 % du poids de la tomate est de l'eau. Cette eau exportée s'ajoute à celle utilisée dans le circuit d'alimentation de la plante dans cette culture irriguée.

Ces dernières années, l'auteur de ces lignes a été l'un des rares journalistes, voire le seul, à dénoncer régulièrement ces prélèvements en eau dans un pays qui souffre de sécheresses récurrentes alors que beaucoup de serristes de l'Union européenne s'y sont installés afin de bénéficier de marges élevées grâce aux bas salaires payés sur place. La production marocaine augmente aussi les marges des grandes surfaces hexagonales, qui vendent des légumes marocains ayant parcouru plus de 2 000 kilomètres en camions frigorifiques.

Mais voilà que le tribunal arbitral européen a été sollicité récemment pour tenter de régler certains litiges commerciaux avec le Maroc. Il a été saisi par le Front Polisario, qui revendique en droit le Sahara occidental et accuse le Maroc de lui voler l'eau des nappes phréatiques fossiles du désert pour faire pousser ses cultures d'exportation. Ces nappes, comme celles de l'Arabie saoudite, disposent de réserves d'eau datant de plusieurs milliers d'années. Mais elles ne se rechargent plus depuis longtemps, compte tenu des conditions climatiques.

Le tribunal arbitral européen n'a pas voulu prendre parti sur les raisons pour lesquelles le Front Polisario conteste la présence d'exploitations marocaines au Sahara occidental. Il ne met donc pas en cause la légitimité de ces exploitations agricoles « contrôlées par des personnes étrangères non indigènes ».

Mais il a retenu le fait que ces exploitations agricoles seraient « exclusivement orientées vers l'exportation et reposeraient sur l'extraction d'eau issue de bassins non renouvelables et située en profondeur ». La justice va suivre son cours dans cette affaire et il est difficile de savoir ce qu'il en sortira, en fin de compte. Mais que ce tribunal arbitral ait sanctionné en première instance le pillage des eaux souterraines non renouvelables d'une région désertique est encourageant pour ceux qui dénoncent ce pillage, qui se fait aussi au détriment des générations futures.

C'est pourquoi le moment est sans doute venu pour les consommateurs français de ne plus acheter des tomates, des concombres, des melons et des fraises en provenance du Maroc. C'est aussi une manière de dire qu'il est grand temps de relocaliser ces productions légumières qui poussent en serre, puisqu'on peut les cultiver à proximité des grands bassins de consommation, comme nous l'avons montré récemment dans « l'Humanité Dimanche

Partager cet article
Repost0
10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 05:50

Face à la pression des syndicats productivistes agricoles, de nombreux élus du département, du patronat, de la CFDT, les riverains à l'origine du recours contre l'implantation de la nouvelle usine Sill s'expliquent dans Le Télégramme.

Guipavas Finistère

Sill. Les riverains « entrouvrent » la porte

Après la manifestation des salariés de la Sill, vendredi, dans la zone de Lavallot, les riverains à l'origine du recours contre l'implantation de la nouvelle usine ont souhaité expliciter leur point de vue. Le collectif, qui représente 24 familles, rappelle, en premier lieu, qu'il n'a « rien contre la Sill et les salariés qui y travaillent. » Sur le fond du dossier, il apporte aussi des précisions. « Si notre action impacte cette entreprise, c'est parce que cette parcelle n°6, qui lui a été proposée, n'était pas fiabilisée comme le pensait son P-DG. La présence de la nappe phréatique affleurante qui pose problème n'a pas été décelée par l'aménageur de la zone, qui aurait du faire effectuer les études hydrogéologiques nécessaires avant de la commercialiser, du fait de la proximité d'une source et d'une zone humide ». Et le collectif de s'interroger : « Pourquoi et de quoi sommes-nous responsables à ce niveau ? Conséquence : La future usine est prévue pour être construite sur pilotis : plusieurs centaines de pieux de 80 cm de diamètre enfoncés jusqu'à 10 m de profondeur vont traverser cette nappe.

« Prêts à travailler à l'évolution du dossier »

« Le recours est le droit le plus fondamental dans une démocratie », rappelle encore le collectif. « Notre démarche s'inscrit dans la légalité, le respect de la loi et des personnes » en déplorant les argumentaires de certains communiqués « qui décrédibilisent leurs auteurs, tout comme nous déplorons les pressions, les menaces, le chantage et les mensonges de certains acteurs. » « Non, nous ne sommes ni " égoïstes ", ni " preneurs d'otages ", encore moins " criminels ", etc. Nous ne sommes pas non plus opposés à la création d'emplois, mais dans une démarche responsable qui considère que le secteur économique peut se développer en respectant également les autres critères. Nous sommes prêts, pour ce qui nous concerne, à travailler à l'évolution de ce dossier. Cette information a été officiellement donnée le 4/08 aux personnes et institutions intéressées. »

Et l'article du Ouest-France: Guipavas. Usine de la Sill : les riverains réagissent
http://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/guipavas-usine-de-la-sill-les-riverains-reagissent-4411801

***

Lire les commentaires / sur le Site du télégramme ou sur le blog "Le Homard Enchaîné":

michel kerninon 09 Août 2016 à 23h46

Pas sûr que "toute " l'information sur le sujet ait donc été " normalement " et complètement portée à la connaissance des citoyens-lecteurs.
Un peu louche cette " union sacrée " apparente en faveur du projet. Sans que soient même portés à notre connaissance les tenants et aboutissants à la fois environnementaux et techniques justifiant le refus des riverains d'accepter une atteinte à leur cadre de vie.
Arguments qu'on découvre aujourd'hui publiquement dans le contenu de leur prise de position... Y'a donc un lézard.

Pierre-Yvon Boisnard 09 Août 2016 à 21h28

Les riverains n'entrouvrent pas la porte, ils ouvrent les yeux et les oreilles à qui veut bien entendre, voir et écouter avant de condamner.

Pierre-Yvon Boisnard 09 Août 2016 à 21h20

Il semblerait que le personnel de la SILL manquait d'information de la part la direction de la SILL.

Dominique RESMON 09 Août 2016 à 17h55

Encore un dossier industriel pris par le petit bout de la lorgnette et qui s'avère avoir des répercussions écologiques, environnementales et humaines importantes...
Beaucoup trop de dossiers de ce type dans le Finistère depuis quelques années...
Dans le cas de la SILL c'est quand même la troisième commune consécutive...pour ce projet!

Partager cet article
Repost0
10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 05:44

Reportage

Paris : les migrants chassés sans relâche

Depuis plusieurs semaines, démantèlements et contrôles d’identité se multiplient dans la capitale. Les associations accusent de harcèlement les forces de l’ordre.

Les tractopelles sont arrivées peu de temps après les forces de l’ordre. Mardi, à l’heure du déjeuner, les quelque 200 réfugiés qui dormaient à même le trottoir de l’avenue de Flandre, dans le XIXe arrondissement de Paris, ont été emmenés dans quatre bus de la préfecture de police. Le campement de fortune a été rasé dans la foulée. Une «opération de contrôle», à ne pas confondre avec les évacuations de «mise à l’abri», menées jusqu’ici avec la mairie. Et dont la dernière remonte au 22 juillet, sur le camp situé entre les stations de métro Jaurès et Colonel-Fabien. Depuis, la stratégie de la préfecture, contactée parLibération, est tout autre :«Eviter la stagnation de migrants.» Certes,«certains réfugiés se verront proposer des solutions d’hébergement à l’issue de ces contrôles administratifs». Mais pour la plupart, la police le sait,«ils vont revenir». Autrement dit,«c’est comme vider la mer à la petite cuillère». Agathe, membre du Collectif parisien de soutien aux exilé-e-s, s’en désole :«On ne sait pas combien d’entre eux seront vraiment relogés. Et, comme d’habitude, certains iront au commissariat pour identification et seront ensuite remis à la rue. Sans parler de la situation déplorable réservée aux mineurs.»

Agathe était présente la veille, lundi, quand dix camions de CRS ont débarqué«discrètement» boulevard de la Villette, selon ce modus operandi utilisé depuis une dizaine de jours.«J’étais en train de discuter avec un jeune mineur, sur un banc, raconte-t-elle.Et là, d’un coup, nous nous sommes retrouvés entourés par la police qui est arrivée sans bruit, sur la pointe des pieds. Certains réfugiés ont sauté par-dessus la barrière du boulevard pour échapper à l’interpellation.» Une vingtaine de minutes, des contrôles d’identité et une nasse plus tard, environ 30 personnes de nationalité afghane ont été placées dans deux camions de CRS. Seuls 20 d’entre eux ont été relogés depuis dans un Formule 1, la préfecture assurant que«c’est le chiffre moyen de personnes à qui [elle] propose un hébergement» dans le cadre de ces opérations. Une sélection opérée selon«leurs dossiers et situations individuelles».

Si quelques-uns se voient donc proposer des solutions - souvent précaires - depuis une dizaine de jours, de nombreuses associations dénoncent le traitement par les pouvoirs publics de ces personnes originaires du Soudan, d’Erythrée, d’Ethiopie ou encore d’Afghanistan. En cause, ces interventions policières quasi quotidiennes, souvent qualifiées de«violentes» par les demandeurs d’asile. Les bénévoles, parlent, eux, d’un«véritable harcèlement». Un programme bien rodé, que la mairie de Paris - qui préfère prendre ses distances - qualifie de«stratégie de dispersion de la part de la préfecture»(lire ci-dessous) : les réfugiés délogés sont emmenés au commissariat où ils subissent un contrôle d’identité et de situation administrative. Certains y reçoivent alors des obligations de quitter le territoire français sous trente jours… Puis sont relâchés dans la rue, sans véritables solutions alternatives.

Une version corroborée par Ahmad, la vingtaine et d’origine soudanaise. Le document le sommant de quitter la France est soigneusement plié dans sa poche. Il n’en a cure :«Je ne vais pas retourner dans une zone que j’ai quittée à cause de la guerre. Je veux juste être aidé.» A ses côtés, Jad, 26 ans, qui vient lui aussi du Soudan. En France depuis deux mois, il vit dans une insécurité permanente. Régulièrement délogé, il bouge constamment, passe d’un bout d’asphalte à un autre :«Il n’y a nulle part où aller, la police vient tout le temps nous dire de partir, on se fait gazer.» Même chose pour Ali, 18 ans, qui a quitté le camp de Jaurès puis le boulevard de la Villette, après que les policiers lui ont crié«leave, leave !» Hatheam, 22 ans, a choisi pour sa part de s’installer sur une parcelle d’herbe de la Rotonde, place Stalingrad. Il a peur :«On se dispatche, car quand on est un groupe trop gros, la police vient nous déloger.» Il se dit également amer d’avoir«quitté [son] pays en guerre pour [se] retrouver dans cette situation».

Abdou, 25 ans, a eu, lui, plus de chance : il est actuellement logé à l’hôtel, après sept mois d’errance. Mais ce Soudanais aux chaussettes jacquard et lunettes de soleil sur le nez est las :«Parfois, la vie est tellement difficile que je me dis que j’aimerais mourir, comme ça, le calvaire serait terminé.» Sur son téléphone portable, il montre une photo de la manif des migrants de samedi, bloquée par les CRS. Sur l’image, une pancarte :«Honte à la France.»

Les associatifs, eux aussi, sont à vif.«Ces interventions quotidiennes, c’est vraiment pour décourager les gens, explique l’un d’eux.Elles ralentissent les réfugiés dans leurs démarches administratives et les empêchent de s’installer.» Pierre Henry, président de France terre d’asile, se désole de la situation mais parle aussi d’un phénomène «attendu, au plein cœur du mois d’août» : «On savait que les arrivées seraient plus nombreuses, avec 50 à 100 primo-arrivants par jour à Paris et en Ile-de-France.» Aline Pailler, ex-députée européenne apparentée PCF et productrice à France Culture, est elle aussi effarée :«C’est comme ce qui s’est passé pour les Roms, personne ne leur propose de solution et on les chasse violemment de lieu en lieu… Il n’y a aucune logique dans cette manière de procéder, puisqu’ils s’installent 20 mètres plus loin. Forcément, ils n’ont pas d’autre choix.» Elle est venue, avec sa fille, apporter des vêtements -«visiblement il y a besoin de chaussures d’hommes ici !» - et ne semble pas en revenir :«C’est une honte qu’on en soit arrivé là.»

Partager cet article
Repost0
10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 05:41
1927: Sacco et Vanzetti sont électrocutés: la couverture de l'évènement par l'Humanité

Sacco et Vanzetti sont électrocutés

Les séries d'été de L'Humanité

ALEXANDRE COURBAN HISTORIEN ALEXANDRE COURBAN HISTORIEN

VENDREDI, 29 JUILLET, 2016

Un jour dans L'Humanité. Au mois d’août 1927, deux éditions spéciales paraissent. L’une pour annoncer leur sursis, l’autre leur exécution qualifiée de « déclaration de guerre à la classe ouvrière ».

Dans la nuit du mercredi 10 août au jeudi 11 août 1927, une édition spéciale de l’Humanité est mise sous presse à l’Imprimerie française, rue Montmartre. Comme l’écrit Paul Vaillant-Couturier dans son éditorial, « la nuit horrible de veille (vient) de se terminer par un coup de théâtre ». Et le rédacteur en chef du quotidien communiste de préciser : « Le sursis est accordé… Sacco et Vanzetti sont vivants. » La dernière dépêche en provenance de Boston, aux états-Unis, annonçant que « toute décision concernant l’exécution (était) ajournée jusqu’au 22 août » a conduit la direction de l’Humanité à sortir ce numéro particulier. Depuis sa nomination au poste de rédacteur en chef en avril 1926, Paul Vaillant-Couturier entend faire de l’Humanité « le grand quotidien d’information de classe des travailleurs ». L’affaire Sacco et Vanzetti lui en donne pleinement l’occasion.

« Et les bourgeois eux-mêmes qui veulent savoir achètent, pour une fois, l’Humanité »

Le tirage de cette édition spéciale uniquement diffusée en région parisienne s’élèverait à 80 000 exemplaires ; ce qui équivaut à la moitié de la vente journalière totale en 1927. Le quotidien communiste revendique le lendemain avoir été « avant tous les autres, le premier de tous les journaux » à avoir annoncé la décision du gouverneur Fuller. Et d’ajouter : « C’était la ruée de la foule sur les boulevards, aux Halles, dans tous les quartiers sur nos camelots, portant des milliers d’exemplaires de l’Humanité, que Paris ouvrier s’arrachait. » On peut lire plus loin : « Et les bourgeois eux-mêmes qui veulent savoir, avec une grimace, achètent, pour une fois, l’Humanité. Mais chez eux, c’est curiosité, besoin d’informations, que nous sommes seuls à donner, et ils ne participent guère à l’allégresse populaire. » Une déclaration du bureau politique du Parti communiste publiée le lendemain « témoigne sa satisfaction à la rédaction de l’Humanité, à l’équipe des techniciens de l’imprimerie et à l’administration du journal pour le bel effort et les résultats obtenus au cours de la campagne Sacco et Vanzetti ». Le compliment est suffisamment rare pour être porté à la connaissance des lecteurs du journal. La priorité donnée à l’information – véritable leitmotiv de Paul Vaillant-Couturier – s’avère un choix payant.

Voilà plusieurs années déjà que l’Humanité rend compte de la situation de Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti. La mobilisation en faveur de la révision du procès des deux anarchistes italiens, condamnés à mort pour avoir soi-disant participé à un hold-up, est désormais mondiale.

Un rassemblement est convoqué au Pré-Saint-Gervais le dimanche 21 août 1927

Dans les jours qui suivent la parution de cette édition spéciale, l’Humanité rend compte de la multiplication des actions pour « arracher Sacco et Vanzetti à la chaise électrique ». Des photographies sont publiées, donnant à voir les multiples manifestations organisées, en particulier à Londres et à New York. Un rassemblement est convoqué au Pré-Saint-Gervais le dimanche 21 août 1927. Malgré une « pluie battante », les « travailleurs parisiens » sont présents au rendez-vous. L’Humanité espère encore la grâce du président des États-Unis Calvin Coolidge après le rejet des divers recours juridiques.

Dans la nuit du dimanche 22 août au lundi 23 août, une nouvelle édition spéciale de l’Humanité est imprimée. « Électrocutés ! Le prolétariat les vengera ! » La dépêche de Boston annonçant leur exécution est tombée à 5 h 30, heure française. Une heure plus tard, l’édition spéciale de l’Humanité est en vente, non seulement à Paris, mais aussi en banlieue parisienne et même au-delà. Des exemplaires sont expédiés par le train à Creil, Soissons et Lille pour y être vendus à la criée. Au total, le tirage de cette édition funeste s’élève officiellement à 192 000 exemplaires. Une nouvelle fois, le quotidien communiste a décidé de donner la priorité à l’information, qui plus est une information considérée comme une « déclaration de guerre » à l’encontre du « prolétariat » pour reprendre les mots de Paul Vaillant-Couturier. Comme le précise un rédacteur anonyme du journal dans son édition du lendemain : « L’Humanité n’a fait que son devoir en ces circonstances tragiques, mais qu’il nous soit cependant permis de constater que le journal de la classe ouvrière a été en mesure d’informer les ouvriers de Paris du crime du capital yankee, moins d’une heure après le martyre de nos deux camarades. L’Humanité, au point de vue technique, peut maintenant rivaliser avec les plus grands journaux de la bourgeoisie. »

Dans l’Humanité du 11 aout 1927 (édition spéciale) par Paul Vaillant-Couturier

« Au bord de l’assassinat, le capitalisme le plus brutal, le plus cynique, le mieux outillé, l’impérialisme aux rouages broyeurs d’acier trempé, le régime-exemple de la dictature bourgeoise, le capitalisme américain a dû céder. (…) Sacco et Vanzetti, qui devaient être exécutés cette nuit après 2 213 jours de torture et 24 jours de grève de la faim, SONT VIVANTS. Miracle du soulèvement de la conscience prolétarienne universelle ! À la face de l’ennemi capitaliste international et malgré des défections honteuses, comme celle de l’American Federation of Labour, le prolétariat mondial s’est manifesté comme une réalité tangible. (…) Sursis ? Sans doute ! Mais qui pourrait désormais oser faire de ce sursis une torture supplémentaire, un nouveau et atroce délai de souffrance avant l’exécution ? »

Joan baez Sacco et Vanzetti
extrait du film (et archives de l'époque a 6 minutes) : http://www.dailymotion.com/video/x2pl47_sacco-vanzetti_shortfilms

paroles en français de georges mous
taki:

http://artists.letssingit.com/georges-moustaki-lyrics-la-marche-de-sacco-et-vanzetti-heres-to-you-w19gwdg

Partager cet article
Repost0
10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 05:28

Après la réunion publique du vendredi 10 juin à Plourin, riche des nombreuses interventions et des témoignages des participants la décision avait été prise de prendre contact largement avec la population, au premier chef concernée par les conditions de fonctionnement de l’hôpital public.

Le samedi 16 juillet les militants du comité de défense étaient présents sur le marché de Morlaix pour distribuer un tract décrivant la situation, les inquiétudes quant à l’avenir du centre hospitalier encore aggravées par la mise en place, à marche forcée, du Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) du Nord-Finistère.


Comme nous étions assez nombreux, ce fut aussi l’occasion d’échanger avec les chalands du marché.

Parmi les thèmes abordés l’inquiétude liée aux menaces programmées sur certains services (psychiatrie, maternité, pneumologie, chirurgie, …), la remise en cause de l’activité de proximité et les conséquences sur les patients et leurs proches contraints à de nombreux déplacements à Brest ou plus loin.

De nombreux témoignages aussi sur la dégradation des conditions de soins et de travail de la part de familles de malades, d’agents hospitaliers soumis à une véritable souffrance. Souffrance se répercutant aussi sur leur vie familiale et générant stress et arrêts de travail. Une mère de famille nous indiquant que sa fille, agent hospitalier à Morlaix, n’en pouvait plus et était prête à craquer. Une autre, retraitée, témoignait de la dégradation par rapport à sa période d’activité.


Un samedi matin de mi-juillet ensoleillé… forcément il y avait beaucoup d’estivants sur le marché. L’occasion, dans les échanges, s’il en était besoin, de vérifier que la loi Touraine, dans la même logique que la loi Bachelot et la politique générale du gouvernement produisent les mêmes effets dans tout le pays. Comment en serait-il autrement lorsque l’on sait qu’il prévoit de supprimer jusqu’en 2017 10 milliards d’euros sur la politique de santé dont 3 milliards sur le financement de l’Hôpital public. Parmi les témoignages me reste en mémoire celui de ce couple d’hospitaliers morbihannais dont le mari, quoi qu’il lui en ait coûté financièrement, se vit contraint de prendre sa retraite anticipée tant les conditions d’exercice lui étaient devenues insupportables.

Morlaix 04.08.2016

Alain DAVID

Nouvelle présence sur le marché :

Les adhérent-e-s du comité de défense vous attendent de nouveau sur le marché de Morlaix samedi 13 août, à partir de 10 H 30.

En fonction du nombre de personnes disponibles, nous serons devant la mairie et/ou en haut à l'angle de la rue piétonne et de la place Allende. N'hésitez-pas à venir nous rejoindre pour discuter et nous aider à faire connaître le collectif auprès d'un large public, en pièce jointe le tract que nous distribuerons.

Amicalement

Partager cet article
Repost0
9 août 2016 2 09 /08 /août /2016 08:42
Carte postale représentant un homme bandant ses muscles, vers 1913

Carte postale représentant un homme bandant ses muscles, vers 1913

Propriétaire entre 1996 et 2015 du concours de beauté Miss USA, M. Donald Trump avait promis « de réduire la taille des maillots de bain et d’augmenter la hauteur des talons ». Le jour de l’édition 2005, il clamait : « Si vous voulez voir un génie, n’allumez pas votre télévision ce soir ; mais si vous voulez voir une très belle femme, vous devriez regarder. »Le milliardaire a fait l’objet de plusieurs plaintes pour viol, dont l’une concernant une adolescente de 13 ans. Tout en se vantant sans relâche de ses propres conquêtes et exploits sexuels, il avait envisagé en 2007 de produire un reality-show dans lequel des jeunes filles « aimant faire la fête » seraient envoyées dans un pensionnat où on leur « apprendrait les bonnes manières ».

Sa passion pour la plastique féminine va de pair avec une profonde répulsion pour le corps des femmes. L’avocate Elizabeth Beck a raconté (CNN, 29 juillet 2015) qu’en 2011 elle avait dû interrompre une réunion pour aller tirer son lait ; M. Trump s’était alors levé, le visage rouge, et avait agité son index dans sa direction en répétant : « Vous êtes dégoûtante ! » Traumatisé par une interview tendue avec la journaliste de la Fox Megyn Kelly, il frissonnait : « Vous pouviez voir du sang jaillir de ses yeux, de son… Bref ! » (CNN, 7 août 2015). Et, le 21 décembre 2015, au cours d’un meeting, il commentait une brève absence de Mme Hillary Clinton, qui avait profité d’une pause publicitaire pendant un débat du Parti démocrate pour se rendre aux toilettes : « Je sais où elle est allée. C’est trop dégoûtant, je ne veux pas en parler. Non, ne le dites pas ! »

Sa passion pour la plastique féminine va de pair avec une profonde répulsion pour le corps des femmes. L’avocate Elizabeth Beck a raconté (CNN, 29 juillet 2015) qu’en 2011 elle avait dû interrompre une réunion pour aller tirer son lait; M. Trump s’était alors levé, le visage rouge, et avait agité son index dans sa direction en répétant: «Vous êtes dégoûtante!» Traumatisé par une interview tendue avec la journaliste de la Fox Megyn Kelly, il frissonnait: «Vous pouviez voir du sang jaillir de ses yeux, de son… Bref!» (CNN, 7 août 2015). Et, le 21 décembre 2015, au cours d’un meeting, il commentait une brève absence de Mme Hillary Clinton, qui avait profité d’une pause publicitaire pendant un débat du Parti démocrate pour se rendre aux toilettes: «Je sais où elle est allée. C’est trop dégoûtant, je ne veux pas en parler. Non, ne le dites pas!»

Le symbole laisse rêveur: la première femme à accéder à l’investiture pour l’élection présidentielle dans l’histoire des États-Unis affronte un homme qui se distingue par un étalage de misogynie virulente. «Vous savez, elle joue la carte féminine. Sans cela, elle n’aurait aucune chance de gagner», a lancé le candidat républicain à propos de Mme Clinton lors d’un meeting, le 7 mai. Rien d’étonnant: quand un membre d’un groupe marginalisé – une femme, un Noir – vient jouer les trouble-fête sur la scène politique, «on lui reproche d’injecter des questions identitaires dans le débat, comme si cela détournait l’attention des vrais sujets», observe Jackson Katz3. Or, soutient l’essayiste, l’élection présidentielle américaine a toujours été une affaire d’identité. Sauf qu’auparavant personne ne le remarquait, car la seule identité qu’elle mettait en jeu était la masculinité – et, jusqu’à M. Barack Obama, la masculinité blanche.

«Une version à peine plus sophistiquée d’un concours de popularité entre adolescents mâles»: voilà, selon Katz, à quoi s’apparente la course au titre de leader du monde libre. Comme au lycée, le pire est de passer pour une «mauviette»4; et, comme au lycée, ceux qui fournissent des efforts trop voyants pour avoir l’air à leur avantage ne peuvent espérer aucune pitié. En 1988, le démocrate Michael Dukakis avait épargné aux républicains la fatigue de le ridiculiser eux-mêmes quand il avait cru bon de se faire filmer paradant à bord d’un tank, un casque sur la tête: on aurait dit un garçon de 4 ans effectuant son premier tour de manège. En 2004, le candidat John Kerry, tentant de rivaliser avec l’image de cow-boy du président sortant, M. George W. Bush, avait convié les photographes à une partie de chasse dans l’Ohio; les conservateurs avaient ricané de l’aspect un peu trop neuf de sa veste.

Cette année, cependant, M. Trump et ses concurrents de la primaire républicaine ont réussi la prouesse de se livrer à une version littérale du concours de celui qui a la plus grosse. En mai, M. Marco Rubio a insinué que le vieux play-boy au teint orange avait un tout petit pénis; l’intéressé a démenti en fanfaronnant. En janvier, lui-même s’était moqué d’une paire de bottines à talonnettes arborée par le sénateur de Floride, obligeant celui-ci à contre-attaquer en parlant football américain et armes à feu. Voir le débat politique sombrer dans de tels abysses inquiète jusqu’au militant masculiniste Dean Esmay: «On a une bulle de la dette étudiante sur le point d’exploser, une classe moyenne en cours de désintégration5…» Encore un intello efféminé qui ne sait pas s’amuser.

M. Trump se vantait, lors d’un meeting, de pouvoir «tirer sur quelqu’un au milieu de la 5e Avenue sans perdre un seul vote». S’il était élu, son profil de président «petite frappe» ne serait toutefois pas une innovation. M. Vladimir Poutine en Russie, M. Nicolas Sarkozy en France (2007-2012), M. Rodrigo Duterte aux Philippines… Le premier voulait «aller buter les terroristes jusque dans les chiottes» (septembre 1999); le deuxième, «nettoyer au Kärcher» la cité des 4000 à La Courneuve (19 juin 2005); le troisième, élu le 9 mai dernier, a promis la mort de «cent mille délinquants dont les cadavres iront engraisser les poissons de la baie de Manille6».

Dans chaque pays, cet hypervirilisme prend racine dans une histoire particulière. Aux États-Unis, c’est Richard Nixon qui, dans les années 1970, a le premier eu l’idée d’exploiter le ressentiment des hommes blancs des classes populaires; non pas en leur redonnant la dignité économique qui leur avait été volée avec la complicité du Parti républicain, mais en plaçant le débat sur le terrain des «valeurs»7 et en les incitant à diriger plutôt leur colère contre les femmes libérées, les hippies, les minorités.

Nul n’aura incarné la réussite de cette stratégie mieux que Ronald Reagan. Face à un Jimmy Carter dont le crédit avait été sapé par une interminable prise d’otages (quatre cent quarante-quatre jours) à l’ambassade américaine de Téhéran, il apparut en 1980 comme un rédempteur. Sa carrière hollywoodienne lui permit de réactiver le mythe du cow-boy, ce paroxysme de la virilité blanche, recourant volontiers à la violence dans un monde impitoyable. «This is Reagan country» («Ceci est le pays de Reagan»), disait un slogan pour sa réélection en 1984 – allusion transparente à celui des célèbres publicités pour cigarettes mettant en scène un cow-boy, «This is Marlboro country». Bien sûr, tout cela entretenait peu de rapports avec la réalité. L’un de ses anciens stratèges de campagne a raconté comment un jour, alors que, candidat au poste de gouverneur de Californie, il devait aller se promener à cheval avec une journaliste, il était apparu vêtu d’un pantalon jodhpur – sa tenue habituelle pour monter. Accablé, son conseiller l’avait immédiatement envoyé se changer: «Tu vas passer pour une chochotte de la côte Est! Les électeurs californiens veulent que tu sois un cow-boy!»

Autre réminiscence du Far West: un candidat au poste suprême se doit d’afficher sa détermination à «protéger sa famille». En 1988, M. Dukakis a définitivement sabordé une carrière politique déjà bien compromise par l’affaire du tank quand, interrogé sur ce qu’il ferait si son épouse était violée et assassinée, il s’est contenté de répondre que, à son avis, la peine de mort n’était pas la solution. Détaillant la spectaculaire crispation antiféministe qui a suivi le 11-Septembre8, l’essayiste Susan Faludi a montré comment, en réaction aux attentats, les Américains se sont mis à produire à jet continu des récits fantasmatiques de sauvetages de faibles femmes par des héros musculeux. L’humiliation infligée par la soudaine découverte de leur vulnérabilité les ramenait à la première «guerre contre la terreur» que la nation ait connue: celle des colons face aux incursions indiennes. Réécrite pour les besoins de la propagande, l’histoire du sauvetage de la soldate Jessica Lynch en Irak en 20039 faisait ainsi écho à La Prisonnière du désert de John Ford (1956). Un clip pour la réélection de M. Bush en 2004 mettait en scène le président serrant dans ses bras une adolescente, Ashley, dont la mère avait péri dans l’attentat du World Trade Center, tandis que la jeune fille disait en voix off: «Il est l’homme le plus puissant du monde et tout ce qu’il veut, c’est s’assurer que je suis en sécurité.»

On l’aura compris: dans cette surenchère de postures viriles agressives, les démocrates partent avec un désavantage structurel. Cependant, Katz a une remarque intéressante: nombre d’entre eux se laissent entraîner sur le terrain idéologique de l’adversaire – quand ils ne droitisent pas tous azimuts leur discours, comme en témoigne la politique étrangère prônée par Mme Clinton. Ils apparaissent alors fatalement comme hésitants et pusillanimes. À cet égard, la candidature de M. Bernie Sanders à l’investiture démocrate a marqué un tournant. En assumant sans complexes ses convictions de gauche, le sénateur du Vermont a réussi à ramener une partie des hommes blancs des classes populaires dans le giron (si l’on ose dire) du parti. Il s’est même offert le luxe de l’autodérision, affirmant lors d’un meeting en Californie, en mai, qu’il était «typiquement l’homme [du magazine masculin] GQ» (Daily Republic, 19 mai 2016). Sur Instagram, on l’a vu poser, souriant, avec un chapeau rouge vif et ce commentaire: «Enfin chopé ce look GQ.» Une pointe d’humour dans un océan de testostérone: voilà qui ne fait pas de mal…

  • 1.Andrew Kaczynski, «Donald Trump said a lot of gross things about women on ‘Howard Stern’», Buzzfeed.com, 24 février 2016.
  • 2.Steven Zeitchik, «Trump’s “Lady” comes to Fox», Variety.com, 12 juin 2007.
  • 3.Jackson Katz, Man Enough? Donald Trump, Hillary Clinton, and the Politics of Presidential Masculinity, Interlink Books, Northampton, 2016. La plupart des anecdotes citées ici en sont tirées.
  • 4.Cf. Stephen J. Ducat, The Wimp Factor. Gender Gaps, Holy Wars, & the Politics of the Anxious Masculinity, Beacon Press, Boston, 2005.
  • 5.Hannah Levintova, «Even some men’s rights activists are worried about a Trump presidency», Mother Jones, San Francisco, 20 mai 2016.
  • 6.Cf. Harold Thibault, «Aux Philippines, ‘Duterte Harry’, le candidat à la présidence partisan des escadrons de la mort», Le Monde, 29 février 2016.
  • 7.Cf. Thomas Frank, Pourquoi les pauvres votent à droite, Agone, Marseille, 2013.
  • 8.Susan Faludi, The Terror Dream. Fear and Fantasy in Post 9/11 America, Metropolitan Books, New York, 2007.
  • 9.Lire Ignacio Ramonet, «Mensonges d’État», Le Monde diplomatique, juillet 2003.

Paru dans Le Monde diplomatique d’août 2016

"Moumoutes, flingues et talonnettes": le machisme échevelé de la politique américaine dont Donald Trump constitue l'apothéose, par Mona Chollet ( Le Monde Diplomatique, août 2016): ou comment la démocratie libérale post-moderne redécouvre les Cavernes de Neandertal!
Partager cet article
Repost0
9 août 2016 2 09 /08 /août /2016 07:15

En juillet, les prisons françaises comptaient 69 375 détenus pour une capacité de 58 311 places. Un record qui n’avait pas été atteint depuis avril 2014.

La mission de la prison républicaine est en partie mais inséparablement de réintégrer le détenu au terme de sa détention dans la communauté civique. Quelle possibilité pour cela si les conditions de détention sont indignes et génèrent du stress, de la violence? De manière générale, le degré de civilisation d'une société se mesure à la manière dont elle traite ses êtres les plus vulnérables: vieux, enfants, bêtes, fous, prisonniers... On est loin du compte!

Cela interroge aussi sur la législation pénale: sachant qu'une bonne proportion des prisonniers sont des trafiquants de cannabis, et que la prison ne les rend souvent pas plus honnêtes et pas plus tendres, mais surtout pas plus en mesure de s'intégrer économiquement et socialement par des voies légales, n'y a t-il pas urgence à remettre en débat la dépénalisation du cannabis, pour mettre fin à toute cette économie illégale de la drogue, cet argent facilement et mal gagné pour les jeunes, qui génère aussi beaucoup de criminalité, de danger par rapport à la santé publique, en envisageant une légalisation sous contrôle public comme aux Pays-Bas?

Les partisans du "tout répressif", motivés souvent par la démagogie puisque que l'instinct populaire veut souvent semble t-il, surtout quand le discours médiatique célèbre les victimes et surmédiatise les drames indépendamment des explications rationnelles, la punition exemplaire et la plus sévère pour autrui, devraient se rendre à l'évidence: la prison, surtout quand elle est surpeuplée et manque de moyens, ne fait pas suffisamment revenir les citoyens qui ont fauté dans le droit chemin, et ne protège pas suffisamment la société.

Par ailleurs, ne faut-il pas reconnaître que la prison est aujourd'hui un moyen de gérer, très mal et de manière très inefficace et contre-productive, les conséquences pathologiques d'un système social et économique inégalitaire, qui rejette dans la marginalité sociale des périphéries urbaines et des enfants de l'immigration pour lesquels l'accès au travail et à des conditions de vie décentes est très compliqué? Ce n'est pas être angélique de rappeler que la prison est toujours un échec pour la société et que c'est une société d'intégration basée sur la justice et une volonté d'égalité d'accès aux droits, mais aussi sur des valeurs communes solides, autre chose que le capitalisme sauvage et l'argent roi, qui peuvent réduire les crimes et délits.

I. D

En juillet, les prisons françaises comptaient 69 375 détenus pour une capacité de 58 311 places. Un record qui n’avait pas été atteint depuis avril 2014. 11 000 détenus de trop!

Dans la région parisienne par exemple, celles de Fresnes ou de Fleury enregistrent des taux d’occupation de 200 %.

Adeline Hazan décrit bien les conséquences de cette surpopulation carcérale: "Que ce soit pour la société ou pour l’individu incarcéré, elle a des conséquences catastrophiques. L’administration pénitentiaire ne dispose pas d’assez de moyens pour préparer des projets de réinsertion. En outre, la forte proximité crée de la violence et des tensions entre les codétenus, mais aussi entre détenus et surveillants.

Aujourd’hui, les droits fondamentaux des détenus ne sont pas respectés, comme le droit aux liens familiaux ou le droit à la santé, puisqu’il n’y a pas assez de médecins pour voir tout le monde. Les prisons françaises sont des cocottes-minute, il pourrait se passer n’importe quoi".

" Plus on construit de places dans les prisons, plus elles se remplissent. Il faut créer un certain nombre de places, mais pas au niveau qu’on entend aujourd’hui dans la bouche de certaines personnalités politiques. L’ancienne garde des sceaux, Christiane Taubira, avait annoncé 6 000 places supplémentaires, c’est amplement suffisant.

La bonne solution face à la surpopulation carcérale, c’est de développer des alternatives à l’incarcération, comme les contraintes pénales, ou des libérations sous contrainte."

A lire en intégralité, cet article du journal Le Monde constitué d'un entretien avec Adeline Hazan, contrôleuse générale des prisons, ancienne députée socialiste: Surpopulation : « Les prisons françaises sont des cocottes-minute »

Surpopulation : « Les prisons françaises sont des cocottes-minute »
http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/08/08/surpopulation-carcerale-le-numerus-clausus-une-question-de-courage-politique-adeline-hazan-controleure-generale-des-lieux-de-privation-de-liberte-surpopulation-les-p_4980010_1653578.html

En juillet, les prisons françaises comptaient 69 375 détenus pour une capacité de 58 311 places. Un record qui n’avait pas été atteint depuis avril 2014.

Surpopulation carcérale: "les prisons françaises sont des cocottes-minute" (Marine Forestier/ Adeleine Hazan: Le Monde, 8 août 2016): 69 375 détenus pour 58 311 places, des prisonniers qui dorment sur des matelas à même le sol!
Partager cet article
Repost0
9 août 2016 2 09 /08 /août /2016 06:50
Histoire secrète du Patronat, 23€ aux éditions La Découverte (2014): Fréderic Charpier, Benoît Collombat, Martine Orange, Erwan Seznec, David Servenay: un usuel à se procurer de toute urgence!

Histoire secrète du Patronat, 23€ aux éditions La Découverte (2014): Fréderic Charpier, Benoît Collombat, Martine Orange, Erwan Seznec, David Servenay: un usuel à se procurer de toute urgence!

Partager cet article
Repost0
9 août 2016 2 09 /08 /août /2016 05:46
Affaire de la «chemise» à Air France: El Khomri valide le licenciement du délégué CGT

8 AOÛT 2016 | PAR MATHILDE GOANEC

Contrairement à l'avis de l'inspection du travail, le ministère du travail a validé le licenciement d'un délégué syndical CGT d'Air France, impliqué dans l'affaire de la « chemise arrachée ». Une étincelle de plus dans un dossier qui hérisse le milieu syndical, dans une affaire qui sera jugée à la rentrée.

La décision est importante, dans une affaire lestée par les symboles. Le ministère du travail a validé lundi la décision d’Air France de licencier Vincent Martinez, délégué CGT d’Air France, impliqué dans la désormais fameuse affaire de la « chemise arrachée », malgré une décision contraire de l’inspectrice du travail chargée du dossier. Les quatre autres salariés concernés, dépourvus de mandats syndicaux, ont perdu leur emploi depuis plusieurs mois, sans que le ministère n’ait eu son mot à dire.

L’histoire remonte à octobre 2015, et elle a fait le tour du monde. Alexandre de Juniac, alors encore PDG d’Air France, vient de mettre fin aux négociations avec les syndicats et de dévoiler son plan pour redresser Air France. Il parle de 2 900 suppressions d'emploi, et prévoit 10 % de vols long-courriers en moins. Très vite, la manifestation organisée en contestation à ces annonces dégénère sur le parvis de l'entreprise. Plusieurs manifestants s’engouffrent dans le siège de l’entreprise, occupent la salle de réunion où a lieu le comité central d’Air France.

L’arrivée inopinée des salariés provoque le départ précipité des membres de la direction, dont le DRH Xavier Broseta, ainsi que le numéro deux de la compagnie, responsable des vols long-courriers, Pierre Plissonnier. Poursuivis par les manifestants, les deux hommes sont finalement évacués par des vigiles, et se voient obligés de sauter par-dessus les grilles qui encadrent le siège social, leurs costumes en charpie, pour échapper à la colère. Très vite, le premier ministre tranche la polémique, traitant les salariés de « voyous » et entraînant derrière lui une large partie de la classe politique. Xavier Broseta et Pierre Plissonnier s’en tirent eux avec sept jours d’incapacité totale de travail (ITT), et les vigiles qui les entourent avec 0, 4 ou 5 jours d’ITT, selon les cas.

La réponse des autorités est néanmoins sévère. Les mis en cause sont interpellés chez eux, au tout petit matin, et subiront pour certains près de 30 heures de garde à vue, ce qui provoquera des réactions outrées du monde syndical. « Les conditions de cette interpellation volontairement mise en scène pour criminaliser des salariés ayant pris part à un mouvement social sont particulièrement scandaleuses », déclarait ainsi le syndicat Sud aérien, interrogé à l’époque par Mediapart.

La direction ainsi que deux vigiles d’Air France (l’un d’eux a fait un malaise de quelques minutes au moment des incidents) déposent une dizaine de plaintes. En fin de compte, quinze salariés d’Air France sont poursuivis, pour avoir participé aux échauffourées. Cinq d’entre eux sont poursuivis pour violences en réunion, les dix autres pour des dégradations, notamment sur la grille d’entrée du siège d’Air France. Le procès, initialement prévu pour décembre 2015, a été reporté deux fois sous la pression des avocats, et devrait se tenir les 27 et 28 septembre prochains.

L’entreprise n’a cependant pas attendu la condamnation judiciaire possible pour statuer. Elle a lancé illico les sanctions disciplinaires, et licencié cinq salariés pour violences diverses. Avec quelques incongruités : comme Mediapart le révélait en décembre dernier, le premier salarié licencié par Air France n’a pas été mis en cause par les enquêteurs, et ne fait pas partie des employés ayant à répondre devant la justice. Inversement, l’un des hommes poursuivis en justice pour violences l’a été à la suite d'une plainte d’un vigile, mais il ne fait l’objet d’aucune procédure de la part d’Air France.

Par ailleurs, le dossier judiciaire lui-même est moins limpide qu'il n'y paraît : Lilia Mhissen, avocate de trois salariés poursuivis pour violences, et de neuf autres pour dégradations, a dénoncé une enquête policière pilotée par le parquet, bouclée en moins de deux semaines par la police aux frontières de Roissy, et reposant presque exclusivement sur des images très difficiles à interpréter au vu du nombre de manifestants présents sur les lieux. Savoir qui a ou n'a pas tiré sur la fameuse chemise s'avère également plus complexe que prévu. « Il est rapidement apparu que la densité et la mobilité de la foule rendaient extrêmement complexes les identifications formelles d'individus s'étant rendus coupables de faits délictuels », ont par exemple indiqué les enquêteurs sur des PV du dossier que Mediapart a pu consulter (lire ici en détail le papier de Dan Israël). Ou encore : « La confusion est telle qu'il est impossible de distinguer des éventuels auteurs de violences ou de dégradations. »

Restait également pour Air France une incertitude sur le sort de Vincent Martinez, cinquième salarié mis en cause par la justice, délégué syndical, donc légalement davantage protégé. L’inspection du travail a statué le 20 janvier 2016 en demandant sa réintégration. Comme elle en a le pouvoir, la direction d’Air France a ensuite sollicité l’avis du ministère, qui a finalement choisi d’aller contre l’inspection du travail, et validé le licenciement. Le dossier judiciaire n'est cependant pas plus explicite sur son cas que sur le reste. Devant les policiers, Vincent Martinez a reconnu avoir poussé un vigile, mais expliqué que c’était parce qu’ils s’étaient déjà affrontés quelques instants plus tôt, et que le vigile l’avait insulté et lui avait donné des coups. Il aurait voulu se venger, sans vouloir faire de mal à Xavier Broseta, qu’il n’avait pas reconnu. Il présente à plusieurs reprises ses excuses pour ce « mauvais geste », mais rejette toutes les autres accusations d’Air France, qui lui attribue une autre bousculade, où il repousse un second employé d’Air France.

Vincent Martinez a également expliqué aux enquêteurs qu'à l'aube de cette journée fatidique, il a été bombardé membre du service d’ordre et tenté à de nombreuses reprises de protéger les cadres dirigeants. Une version que la direction réfute, mais qui est confirmée par une vidéo dénichée par le site d’information Les Jours, où l’on voit le cégétiste s’interposer entre la foule et Pierre Plissonnier.

Pour le ministère, cette décision de confirmer son licenciement est « cohérente avec le licenciement des quatre autres salariés impliqués dans le même dossier, qui ne bénéficient d’aucun mandat syndical ». La dernière issue pour le salarié est désormais de former un recours de la décision de la Direction générale du travail devant le tribunal administratif, en parallèle du procès en correctionnelle. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a jugé de son côté cette décision « éminemment politique », et condamné l’attitude « revancharde » du gouvernement dans cette affaire.

L’annonce tombe effectivement au plus mal sur le front social. Chez Air France, l’arrivée du nouveau PDG Jean-Marc Janaillac a été saluée la dernière semaine de juillet par une semaine de grève dure. Hôtesses et stewards refusent que l’accord concernant leurs conditions de travail soit revu tous les 17 mois, contrairement aux autres catégories de personnel. La grève a été très suivie, et l’affaire de la chemise reste un puissant carburant. Par ailleurs, les procès mettant en cause des syndicalistes se multiplient. Les huit salariés Goodyear, accusés d’avoir séquestré et violenté leur ancien dirigeant, ont été condamnés à 8 mois de prison ferme mais font appel de la décision. Le procès se tiendra en octobre 2016 (voir notre Espace de travail consacré au sujet ici). Cinq militants anti-loi Travail sont également poursuivis pour avoir bloqué le centre-ville d’Amiens et leur procès aura lieu le 27 septembre dans cette ville.

Partager cet article
Repost0
9 août 2016 2 09 /08 /août /2016 05:41
Retenue à la source de l'impôt sur le revenu : attention, un prélèvement peut en cacher d'autres...!

Jean-Marc Durand

Membre de la Commission économique du PCF

Dans la préparation de la loi de finances 2017, une question occupe une place centrale : le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu en 2018. Présenté comme une simplification du paiement de cet impôt, le prélèvement à la source ne serait-il pas le cheval de Troie d'une refonte de l'ensemble de la sphère des prélèvements fiscaux et sociaux ?

Un fait tend à valider cette hypothèse : c'est la confusion qui entoure les modalités d'application de ce prélèvement. Les « usines à gaz » servent souvent d'écran de fumée à des projets encore inavouables. Ainsi, à propos de la confidentialité des revenus autres que salariaux, il serait possible de conjuguer divers types de paiement : un prélèvement à la source par l'employeur ou un prélèvement « à l'ancienne » ou exécuté par les banques. Et il y a aussi le taux neutre. C'est le contribuable qui le proposerait à son employeur pour ne pas révéler ses autres sources de revenus ou ceux de son conjoint. Cela reviendrait à ce que chacun déclare pour lui seul. Et puis il y a le Medef qui fait grise mine : projet trop compliqué, trop de charge de travail, dit-il ! Une seule chose serait à peu près certaine à ce jour, l'année 2017 serait une année fiscale blanche en matière d'impôt sur les revenus salariaux et assimilés.

Il est bon de le répéter, en matière de simplification, de sécurité et de régularité du recouvrement des rentrées fiscales, l'administration dispose avec la déclaration préremplie et la mensualisation d'outils efficaces. Sur 17,5 millions de contribuables payant l'impôt sur le revenu, 10,4 sont mensualisés.

Alors cherchons l'erreur ou plus exactement le véritable moteur de cette réforme. Cet objectif n'est d'ailleurs pas un secret : c'est la fusion entre l'impôt sur le revenu et la CSG. Le président, François Hollande lui-même, en a fait un objectif, reprenant en cela le projet initial du père de la CSG, Michel Rocard. En fusionnant un impôt progressif et un impôt proportionnel, on ferait entrer dans le nouvel impôt sur le revenu des milliers de contribuables jusque-là non imposables car disposant de trop faibles revenus, devenus ainsi captifs face aux aléas des hausses de taux ou de variation de tranches futurs.

Mais c'est aussi le moyen de franchir un nouveau pas vers la fiscalisation des recettes de la protection sociale, notamment de la branche santé, et donc d'accélérer le désengagement du patronat de ce financement par le biais des cotisations. Dans un premier temps, ce sont 25 milliards d'euros, montant des allégements de cotisations sociales patronales, que le gouvernement souhaiterait « barémiser » et ainsi graver dans la loi de financement de la protection sociale, voire pour ensuite faire basculer des cotisations sociales vers la fiscalité

Là ne s'arrêtent pas les évolutions sous-tendues par le prélèvement à la source. Même si aujourd'hui seul l'impôt sur les revenus salariaux entre dans cette épure, d'autres, comme les impôts locaux, notamment la taxe d'habitation, déjà très souvent mensualisés, pourraient suivre. Au-delà, c'est l'architecture de l'impôt sur le revenu et les fondements de la politique familiale qui pourraient être très fortement chamboulés.

Derrière le taux neutre, donc la possibilité pour chaque membre du foyer fiscal de choisir son type d'imposition, s'ouvre la voie à une remise en cause de la notion de foyer fiscal et avec lui du quotient conjugal et familial. Cela fait de nombreuses années qu'à divers prétextes, y compris de l'égalité femme-homme et de l'équité fiscale, les notions de quotient conjugal et de quotient familial sont attaquées.

Même s'il est nécessaire de réfléchir aux moyens de préserver, y compris sur le terrain fiscal, l'égalité femme-homme et d'agir pour mieux mettre à contribution les hauts revenus, il est un fait avéré : la suppression du quotient conjugal entraînerait une augmentation globale de l'impôt sur le revenu payé par un couple et celle du quotient familial rendrait plus de 9 millions de foyers fiscaux perdants (Rapport des services de Bercy de 2013).

Enfin, si le Medef rechigne à appliquer ce système, c'est surtout pour la forme ! Qui mieux que lui peut évaluer les liquidités supplémentaires dont les entreprises pourront ainsi momentanément disposer ? Et il n'a certainement pas oublié que Bercy avait évalué à 1,5 milliard d'euros le coût de la gestion de l'impôt sur le revenu, manne qu'il n'a cessé de convoiter.

Par contre, il y a fort à parier que le gouvernement prenne prétexte de cette réforme pour à nouveau réduire les moyens de l'administration fiscale. Pour 2017, 1 200 suppressions d'emplois sont déjà programmées, ce qui porte à 36 000 les suppressions d'emplois au ministère des Finances en quinze ans. Or, la retenue à la source n'allégera en rien le travail des services. Au contraire, il le complexifierait, d'une part parce que les contribuables devront toujours remplir une déclaration et qu'il faudra vérifier les montants déclarés et les montants payés. D'autre part parce que vont perdurer divers types de paiement de l'impôt et qu'il faudra répondre aux demandes de régularisation des contribuables, car, une chose est certaine, le prélèvement à la source n'est qu'un acompte sur l'impôt dû.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011