Prolongation de l’Etat d’urgence
Ne pas somber dans un Etat sécuritaire
mercredi 20 juillet 2016
Au nom des députés du Front de gauche, André Chassaigne appelle à "ne pas céder à la facilité" et "à tirer les leçons de l’Histoire pour ne pas sombrer progressivement dans un état sécuritaire autoritaire, voire arbitraire. Il a annoncé que la majorité des députés du groupe Front de gauche voteront contre la prorogation de l’Etat d’urgence.
Le député a salué l’élan de solidarité qui s’est manifesté face à cette abomination et insisté sur l’impérieuse nécessité de poursuivre cet élan.
"Ne cédons pas aux appels à la haine, à la division, à la violence aux amalgames".
L’état d’urgence, déjà prolongé trois fois, n’a malheureusement rien changé à l’intensité de la menace, de même que le durcissement ( y compris de manière abusive) des procédures pénales . Le prolonger n’est pas la bonne solution.
Les mesures de l’état de l’urgence ont perdu leur efficacité d’autant qu’il faut maintenant affronter des actes isolés. Le régime d’état d’urgence est par nature attentatoire aux libertés et aux droits fondamentaux
Par contre il faut renforcer les moyens humains et matériels des renseignements et autorités judiciaires spécialisées, accroitre les effectifs de police et des douanes. Il a rappelé que sous N. Sarkozy 12 000 postes police gendarmerie avaient été supprimés et que la réforme du renseignement a durablement affaibli celui ci.
La riposte sécuritaire ne peut être le cœur de l’action politique, il faut, a-t-il dit, étudier, comprendre et concevoir des réponses globales dans une démarche de prévention du terrorisme.
Il faut dé-radicaliser mais aussi empêcher la radicalisation en utilisant tous les leviers éducation, monde du travail, culture et éducation populaire.
Riposter à Daesch par la seule réponse militaire et sans une stratégie politique visant le retour de la paix et le développement dans la région serait une erreur grave permettant à Daesch d’attendre ses objectifs de guerre. L’invasion de l’Irak et l’entière déstabilisation de la région qui a suivi dans la région après les attentats du 11 septembre en est la preuve. Nous payons les inconséquences de la politique française au Moyen-Orient a affirmé André Chassaigne.
Il a relevé l’incohérence à proclamer que nous sommes en guerre et à penser qu’il n’y aura pas de victimes sur notre territoire.
Les opérations militaires de la coalition ont marqué des points mais elles ne peuvent suffire si elles ne sont pas reliées à des opérations politiques de grande envergure pour mettre un terme au double jeu de l’Arabie Saoudite, du Qatar et de la Turquie qui instrumentalisent cette organisation terroriste afin d’asseoir leur hégémonie sur la région.
La France doit contribuer à rassembler, sous l’égide de l’ONU, toute la communauté internationale, il faut assécher la manne financière colossale de Daesch.
Vaincre le terrorisme cela passe par résoudre ces questions qui vont au delà des frontières...
Voir la vidéo de l’intervention d’André Chassaigne
Sous tension, l'Assemblée vote six mois supplémentaires d'état d'urgence
http://www.huffingtonpost.fr/2016/07/20/etat-d-urgence-assemblee-vote-six-mois-supplementaires_n_11074688.html
L'Etat d'urgence prolongé de 6 mois!
mercredi 20 juillet 2016
Les députés ont adopté, par 489 voix contre 26, et 4 abstentions la loi de prorogation de l’Etat d’urgence pour une durée de six mois, soit jusqu’à la fin du mois de janvier 2017.
L’Assemblée a voté la possibilité de fouille des bagages et des véhicules, sans instruction du procureur, sous le régime de l’état d’urgence. Le projet de loi rétablit aussi les perquisitions administratives suspendues en mai, et prévoit la saisie et l’exploitation des données informatiques et des téléphones portables.
Les députés ont aussi supprimé, en matière de terrorisme, toute automaticité de réduction de peines, ce qui était une proposition de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015.
Les mesures pour autoriser la fermeture administrative de certains lieux de culte ou interdire leur financement par des fonds étrangers n’ont pas été adoptées tout comme les propositions d’assigner à résidence ou de placer sous surveillance électronique les personnes fichées « S » et celles visant à faciliter les expulsions des étrangers soupçonnés ou condamnés pour terrorisme.
Le texte passera devant le sénat aujourd’hui.
Voici, l'information est sur le site de Public Sénat, les députés qui n'ont pas voté la prolongation de 6 mois de l'état d'urgence:
Vingt-six contre et 4 abstentionnistes, principalement de gauche: les députés qui n'ont pas voté la quatrième prolongation de l'état d'urgence...
Vingt-six contre et 4 abstentionnistes, principalement de gauche: les députés qui n'ont pas voté la quatrième prolongation de l'état d'urgence post-attentats, critiquent l'"inefficacité" de ce régime d'exception dans la durée, voire de la "communication politique".
Dans les rangs socialistes ou apparentés, 7 députés ont voté mercredi contre cette prolongation de six mois après l'attentat de Nice: les "frondeurs" Fanélie Carrey-Conte, Linda Gourjade, Denys Robiliard, Barbara Romagnan, Gérard Sebaoun et Suzanne Tallard, ainsi que Jean-Luc Laurent (président du MRC, apparenté PS). Un s'est abstenu, Jean-Patrick Gille.
Non seulement "l’efficacité de l’état d’urgence dans la durée n’est pas démontrée", mais il a "conduit à des dérives" et "le basculement dans un état d’urgence devenu permanent (...) porte en lui le danger d’accoutumer la société à des logiques d’arbitraire", a écrit Fanélie Carrey-Conte sur son site internet.
A droite, un seul élu a voté contre, comme en février puis en mai: Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien démocrate. Cet ancien corapporteur de la commission des Lois sur l'application de l'état d'urgence a dénoncé une "hypocrisie d'Etat" et invoqué une "inefficacité croissante" de ce régime depuis janvier 2016, convaincu que "nous sommes en train de toucher la limite du système exclusivement sécuritaire imaginé pour répondre au terrorisme depuis un an et demi".
Sept députés du Front de Gauche ont aussi refusé de voter la prolongation, décidée finalement par François Hollande: François Asensi, Alain Bocquet, Marie-George Buffet, Jean-Jacques Candelier, Patrice Carvalho, André Chassaigne et Jacqueline Fraysse. Et deux se sont abstenus: Gaby Charroux et Nicolas Sansu.
Pour leur chef de file, M. Chassaigne, l'état d'urgence n'apporte "rien de plus dans la lutte contre le terrorisme" et "plus dans la communication politique que dans l'utilité d'une telle prolongation".
Du côté des non-inscrits, 11 ont voté contre, dont les écologistes critiques du gouvernement Laurence Abeille, Isabelle Attard, Danielle Auroi, Michèle Bonneton, Cécile Duflot, Noël Mamère, Jean-Louis Roumégas, Eva Sas et Sergio Coronado.
"Prolonger indéfiniment un outil qui devait être temporaire et n'est pas utile dans la durée à la lutte antiterroriste - les spécialistes auditionnés l'ont tous dit - est une erreur", a jugé Cécile Duflot sur Facebook.
"L'état d'urgence ne peut être une solution pérenne et n’est pas un instrument efficace contre le terrorisme", selon Sergio Coronado, membre de la commission des Lois.
S'y ajoutent les ex-socialistes Pouria Amirshahi et Philippe Noguès, ce dernier considérant dans un communiqué que "l’efficacité de l’état d’urgence est aujourd’hui remise en question par les faits" et refusant "de cautionner ce qui ressemble de plus en plus à une simple opération de récupération politicienne"
Le député Jean Lassalle s'est abstenu, se demandant "à quoi peut bien servir notre état d’urgence" et s'inquiétant "au-delà de Daech, (d')une sorte de violence immanente répandue dans notre pays".