Jeudi 23 février à l'invitation de Maxime Paul, candidat « pour rassembler à gauche, pour l'Humain d'abord » dans la 6ème circonscription du Finistère, et en présence d'Ismaël Dupont, secrétaire de la fédération du Finistère du PCF, et de Xavier Compain, secrétaire régional, se tenait à Châteaulin une réunion-débat sur la santé.
Hôpital public, Sécu, accès aux soins, démographie médicale, maillage du territoire, médicaments, perte d'autonomie...
Sujets qui touchent à la vie de chacun-e, à l'intime, à l'humain, et que les graves menaces que font peser les 3 cavaliers de l'Apocalypse, Le Pen, Fillon et Macron, sur notre Sécu et notre système de santé, déjà bien malmenés lors des derniers quinquennats, ont projeté au cœur du débat de 2017.
Le film « La Sociale » de Gilles Perret, qui fait salle comble à chaque projection, a aussi contribué, cette fois de façon positive, à mettre ces questions sous les feux de l'actualité.
Résister, rassembler, construire.
Démarche partagée par tous les participants : Fabien Cohen, co-animateur de la commission nationale santé-protection sociale du PCF; les « grands témoins » : Yves Jardin, pour les usagers de l'hôpital de Douarnenez et la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Marceline Séverac, secrétaire générale du syndicat CGT santé et action sociale du Finistère, Pierrick Raoul, syndicaliste CGT de l'hôpital de Carhaix ; ainsi que les personnes présentes dans la salle qui sont intervenues dans le débat.
Un seul regret pour tous : avoir dû se plier aux contraintes de temps alors qu'il y avait encore tant à dire !
Maxime Paul ouvrit le débat.
Yves Jardin fit l'historique des suppressions de services qui ont touché l'hôpital de proximité de Douarnenez et pointa les risques à venir pour les urgences et le SMUR.
A Douarnenez, nous avons vécu la conséquence d'une politique malthusienne, d'une politique d'austérité et d'économie: la maternité a fermé en 99, soi-disant parce qu'on ne pratiquait que moins de 300 accouchements. Ensuite, cela a été les maternités de Paimpol et de Quimperlé qui ont fermé, où l'on pratiquait aux alentours de 600 accouchements par an. Récemment, on a fermé une maternité qui pratiquait plus de 900 accouchements par an. On a aussi fermé à Douarnenez le service de réanimation 24h/24h. Et tout récemment le service d'ophtalmologie. Yves Jardin dénonça aussi la filière gériatrique mise en place sous le patronage de l'ARS avec un partenariat public-privé associant 2 hôpitaux publics (Douarnenez et l'EPSM de Quimper), un hôpital relevant du privé non lucratif (l'Hôtel-Dieu de Pont L'Abbé) et 2 établissements de soins de suite et de réadaptation à Tréboul (Douarnenez) et Bénodet qui appartiennent au groupe privé très lucratif Orpea-Clinea, côté en Bourse et dont l'actionnaire principal est un fonds de pension canadien. Yves Jardin montra aussi que ce sont des vraies logiques de privatisation et de marchandisation qui sont à l'oeuvre dans la santé: à l'hôpital, on applique aussi des normes de gestion privée, comme la tarification à l'activité: pour chaque acte, une valeur marchande. Cela ne se fait pas d'un seul coup comme en Espagne ou en Grèce, mais petit bout par petit bout. Le bulldozer de la marchandisation avance quand même. Or, on sait que les services hospitaliers comme les maternités sont aussi des supports de la médecine libérale. On crée des déserts médicaux en supprimant des activités hospitalières de proximité au nom de la rationalisation, du regroupement des moyens. Parallèlement, le numerus clausus empêche une présence territoriale égale des médecins. Il n'y a aucune réponse sérieuse pour répondre au problème de la désertification médicale.
Marceline Séverac présenta la situation de l'hôpital public dans le département après la mise en place des 2 GHT, les fermetures programmées de services et de lits, déjà en route, au nom de la suppression des « doublons », et souligna la souffrance des personnels et celle des patients, parlant de « non-assistance à personnes en danger », et le ressenti qu'elle en avait elle-même quand elle passait dans les services : « Je n'ai jamais vu en 30 ans des collègues aussi malheureux ». Pour Marceline Séverac, face à l'ampleur des attaques contre le service public hospitalier, leur caractère méthodique et planifié, on ne peut plus raisonner en termes de défense d'établissement mais en termes de défense d'un modèle social, d'une logique de santé publique. Les GHT sont des instances anti-démocratiques. L'objectif à terme c'est de passer à un CHU par région, 4 GHT au niveau de la Bretagne. Les rapports médicaux aujourd'hui parlent de parts de marché, de zones d'activité, comme des prospectives financières d'entreprises. La question, c'est comment organiser les usagers avec les personnels pour résister efficacement?
Elle mit l'accent sur les luttes à venir, avec la mobilisation nationale du 7 mars, et sur la nécessité aujourd'hui de ne pas rester chacun dans son coin à défendre « son » hôpital mais de faire converger tous ces mouvements pour l'hôpital public, pour la santé. Hélène Derrien parle de la théorie de la grenouille: pour privatiser et libéraliser progressivement l'hôpital, il faut chauffer à petit feu le chaudron. Comme une grenouille qu'on ébouillante progressivement, on trouve d'abord l'élévation de la température assez confortable et relativement insensible, mais ça finit par nous tuer!
Pierrick Raoul rappela la lutte à l'hôpital de Carhaix pour le maintien de sa maternité, puis la fusion avec le CHRU de Brest, qui n'a pas écarté les menaces qui pèsent sur la maternité de Carhaix au sein du nouveau GHT Bretagne occidentale. Il porta aussi à partir de lettres un témoignage très fort sur la situation dans les EHPAD. Il mit en avant l'évolution des directions à l'hôpital où les directeurs n'ont plus vraiment la notion du service public mais pratiquent le même management que dans l'entreprise privée, avec des cadres qui sont aussi là pour mettre en oeuvre la bonne parole libérale. Des techniques sont mises en place pour éviter que les personnels communiquent, s'organisent, protestent.
Fabien Cohen développa l'analyse et les propositions des communistes, pour une protection sociale et un système de santé du 21ème siècle, rappelant que lorsque nous avions lancé à la fête de l'Huma 2015 notre campagne pour le 100 % Sécu, beaucoup nous présentaient comme des gens déconnectés des réalités. Aujourd'hui notre revendication fait école. Mais attention aux falsifications !
Le Crime de la Sécurité Sociale version Croizat, c'est d'avoir installé le communisme dans le système social et économique français, via la gestion par les travailleurs de caisse de solidarité représentant plus financièrement que le budget de l’État et prélevés sur les richesses créées dans l'entreprise et le travail, limitant ainsi les profits de l'employeur au nom du droit à la sécurité et au bien-être de tous.
La Sécu, c'est aujourd'hui 200 milliards qui échappent à la finance (comparativement, les mutuelles ne représentent que 34 milliards), qui sont prelevés sur les richesses produites par les travailleurs, dans les entreprises, qui ne vont pas aux patrons. C'est beaucoup trop ! C'est trop énorme ! La Sécu doit donc n'être qu'un problème, un trou, un déficit !
Le trou ou le déficit annuel de la Sécu, 6 milliards d'€, créé par les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires (40 milliards), la fraude sociale (40 milliards), la soumission aux lobbies de l'industrie pharmaceutique ou de la médecine libérale, par le poids du chômage de masse (1 % de chômage en moins, 1 milliard de plus qui rentre dans les caisses de la Sécu), un trou que l’État a creusé lui-même donc, est le prétexte tout trouvé pour détruire petit à petit cette institution révolutionnaire que le mouvement ouvrier et la Résistance ont produites et que la Patronat n'a jamais, jamais digéré.
Depuis 1947, le Patronat veut récupérer les cotisations sociales que nous lui avons confisqué pour financer la protection sociale universelle (santé, retraites, allocations familiales).
Jusqu'à présent, pour faire accepter la remise en cause de la Sécurité Sociale, casser la démocratie sociale dans la gestion des caisses de sécurité sociale, livrer la protection sociale aux Patrons, aux Mutuelles, aux Assurances, et aux profits financiers, baisser le prélèvement social sur les profits des patrons, on a employé des techniques discrètes et utilisé un plan progressif mais mis en œuvre avec beaucoup de constance et de précision par la droite comme par les socialistes.
En 67, en imposant la Parité dans la gestion des caisses de Sécurité Sociale, Pompidou et la droite permettent aux Patrons de pouvoir dominer leur gestion avec l'appui des syndicats d'accompagnement.
On a cassé l'unicité de la Sécu, séparée en 4 branches séparées, on a séparé le régime obligatoire et le régime complémentaire, et favorisé le glissement vers les complémentaires, réduit considérablement les remboursements Sécu ce qui a fait grimpé le prix et l'importance des mutuelles et assurances sociales.
La CMU et aujourd'hui le Tiers Payant Généralisé (« on ne voit plus ce qui vient de la carte verte, ce qui vient de la carte bleue ») ont servi de couverture pour dissimuler la part de moins en moins importante prise par les remboursements Sécurité Sociale sur les soins et les médicaments, la part de plus en plus importante prises par les particuliers.
On a étatisé la Sécu en la mettant sous le contrôle de l'Etat (ONDAM) et des critères de gestion à l'économie et à la rentabilité. Beaucoup voudrait faire dépendre le financement de la Sécu de la fiscalité surtout, de la CSG, et non plus des cotisations sociales : c'est le cas notamment de Jean-Luc Mélenchon, et c'est un débat que nous avons avec lui.
Aujourd'hui, sous un gouvernement dit de gauche, il y a une augmentation significative de français qui doivent renoncer aux soins. Un domaine aussi important que la prise en charge du vieillissement de fait pas l'objet d'une réponse solidaire à la hauteur, dans le cadre de la sécurité sociale.
Pourtant, la Sécu, les Français y sont attachés, sans percevoir forcément la logique politique et l'aspect de révolution sociale qui ont présidé à sa création.
C'est la Sécu qui fait chuter Fillon, qui voulait la détruire par ordonnance, au moins autant que le Pénélope Gate.
Le mot d'ordre du PCF depuis des années, « Remboursement à 100 % par la Sécurité Sociale », est de plus en plus repris : cela passe notamment par la taxation des revenus financiers. C'est possible en luttant contre la fraude sociale, l'évasion fiscale et la fraude fiscale, en mettant fin aux exénorations de cotisations sociales, en mettant une politique de réindustrialisation au service de l'emploi. Les frais de gestion des mutuelles sont beaucoup plus lourds que les frais de gestion de la Sécu (25 % de frais ou de charges d'exploitation pour les mutuelles contre 6 % pour la Sécu). En même temps, aujourd'hui, face à nous, dans ces élections Présidentielles - on a des candidats de la privatisation du système de santé et de protection sociale : Fillon, Macron, Le Pen sans doute. Ce pourquoi les enjeux de l'élection présidentielle sont décisifs pour l'avenir de notre modèle de société.
Le 100 % Sécu ce n'est pas le tiers payant à la mode Touraine, ni le remboursement par les complémentaires privées à la mode Macron ou Fillon. Il s'agit bien du remboursement à 100 % de tous les soins prescrits par la Sécurité sociale, avec comme 1ère étape le remboursement à 80 % pour tous et à 100 % pour les jeunes de moins de 25 ans et les étudiants.
Cela suppose que l'on s'en donne les moyens financiers.