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15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 08:00
Voeux de Maxime Paul, proposé par le PCF pour être candidat aux législatives dans la 6ème circonscription ( le 14 janvier à Plougastel-Daoulas)

Vœux de Maxime PAUL, 14 janvier 2017.

 

Des vœux pour faire le bilan et dresser des perspectives pour 2017.

L'exercice des vœux, au-delà de souhaiter à chacune et chacun plein de bonnes choses pour cette nouvelle année, consiste également à dresser le bilan de l'année écoulée et aussi les perspectives qui s’ouvrent à nous pour 2017.

2016 a été une année d'attaques inégalées contre le monde du travail. Il ne manque jamais de bons apôtres pour nous expliquer que la soumission aux intérêts du marché est la seule voie possible du bonheur, la valeur qui doit fermer la bouche aux inconscients archaïques qui ont encore le toupet anachronique de parler de justice, de solidarité, d'épanouissement au travail. En vérité, ces politiques d'austérité, qui désignent sans cesse les dépenses publiques, les fonctionnaires, les salaires, l'impôt payé par les sociétés comme les causes de tous nos maux, nous préparent de nouvelles crises financières, de nouvelles très lourdes factures sociales pour le plus grand nombre de nos concitoyens.

Le journal « Les Échos » révélait la semaine dernière que grâce à ces magnifiques politiques de désendettement, la zone euro allait emprunter la somme record de 900 milliards sur les marchés en 2017, pour le plus grand bonheur des créanciers et des spéculateurs.

En présentant à chacune et chacun d’entre vous mes meilleurs vœux de bonheur, d’épanouissement personnel pour vous et vos proches, je voudrais vous parler d’avenir. Pas de l’avenir tel qu’on nous le promet, fait de guerres, de compétitions toujours plus brutales, de souffrances, pas de cette année politique 2017 sans espoir, sans choix véritable à laquelle on voudrait nous condamner.

Non, je veux vous parler de l’avenir que nous allons construire en commun. « L’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible », a dit Saint-Exupéry. C’est de cela dont je veux vous parler, de ce que nous allons être capable de construire ensemble. Et, quoi qu’en dise tous les prophètes de malheur, nous pouvons beaucoup, j’en suis certain.

Vous êtes très nombreux ce midi à Plougastel. Ce sont nos combats et nos mobilisations qui ont permis en 2016 à notre pays de résister et d’espérer, malgré la terreur, les coups portés, les abandons et les trahisons. Ce sont nos combats communs qui porteront l’espoir en 2017.

 

Le bilan des deux quinquennats précédents est dramatique parce qu'il a conduit notre pays dans une crise économique sans précédent, qu'il a opposé les gens entre eux, qu'il a renforcé la perte de confiance dans l'action politique, particulièrement celle qui devrait être incarnée par la gauche.

 

L'engagement des communistes pour débloquer la situation.

Dans ce contexte, le Parti Communiste Français a depuis un an multiplié les initiatives pour que 2017 puisse être une année où une alternative de gauche à l'austérité devienne une réalité.

En organisant « les lundis de la gauche », dès les premières semaines de 2016 pour faire converger la gauche qui ne partage pas le bilan de François Hollande, en déployant une grande consultation « Que demande le peuple ? » qui a permis de prendre le pouls du pays auprès de 400 000 personnes, en travaillant avec de nombreuses initiatives comme l'appel des 100, au niveau national, le PCF a tout mis en œuvre pour que la gauche anti-austérité soit au deuxième tour de la présidentielle. A l'heure des choix, les militants communistes ont fait sans ambiguïté le choix d'appeler à voter pour Jean-Luc Mélenchon mais aussi de poursuivre les efforts de rassemblement pour que cette candidature soit présente au deuxième tour et soit en capacité de remporter l'élection présidentielle.

Sur la circonscription, nous avons lancé un appel au rassemblement pour les élections législatives dès septembre. Nous estimons qu'il est possible d'avoir un député qui rejoigne les bancs du groupe du Front de Gauche, à condition de partir en campagne très vite et de proposer un large rassemblement.

Dans ce cadre, nous avons multiplié les rencontres. Le bilan de ces rencontres et initiatives sur le terrain a conduit les communistes de la circonscription à proposer ma candidature pour incarner ce message et relayer les propositions de notre projet « la France en commun ».

 

Pourquoi je fais la campagne de Jean-Luc Mélenchon.

Nous espérions, pour partir en campagne un socle de rassemblement plus large que celui qui se fait jour actuellement. Nous avons pris acte, en responsabilité, de cette situation. Au mois de décembre 2016 les adhérents du PCF ont été appelés à se prononcer pour une candidature issue de leur rang ou le soutien à Jean- Luc Mélenchon. Le choix qui a été fait est un choix lucide ne voulant pas ajouter de l’émiettement à gauche.

Le soutien à Jean-Luc Mélenchon pour les Présidentielles est sans ambiguïté. Cette décision s’accompagne de la volonté d’apporter, dans la campagne des présidentielles mais aussi des législatives, nos propositions autour de notre programme la France en Commun.

Nous avons lancé notre campagne en faveur du vote pour Jean-Luc Mélenchon avec cet objectif : élargir le rassemblement le plus loin possible, pour battre la droite, le Front national, éviter le drame d'un second tour Fillon-Le Pen et qualifier une véritable politique de gauche au second tour.

Les bas salaires, la pauvreté qui ne cesse de grandir, le chômage, la précarité toujours plus présente, les services publics qui dépérissent, nos industries malades, des actionnaires qui exigent toujours plus de dividendes au détriment de l’emploi : la France est malade de ces politiques d’austérité qui n’ont de cesse de l'affaiblir.

Le temps du renoncement doit cesser, il est temps d’écrire une nouvelle page de l'histoire sociale, d'un nouvel âge de la Sécurité sociale, d'une nouvelle industrialisation de notre pays en un mot redonner l’espoir en un avenir meilleur.

Nous en sommes capables en levant un très large rassemblement politique et populaire pour un nouveau projet de progrès social digne de ce nom. Le peuple de France a déjà prouvé qu’il en était capable : C’est dans sa mémoire ouvrière et populaire. Le capitalisme ultralibéral, par l’accumulation des richesses pour un petit nombre, est en crise. Nous devons œuvrer pour mettre en place une société où l’humain est au centre de sa politique.

Ne nous y trompons pas, Marine Le Pen détourne le regard des couches populaires pour faire oublier l'indécence de l'argent roi. Elle dit surtout sa haine des pauvres. Chômeurs, allocataires du RSA, tous des assistés ! Au peuple, aux précaires, aux couches moyennes fragilisées de la société qui craignent de tout perdre, elle désigne un ennemi de proximité, un ennemi plus faible qu'eux, un ennemi facile : l'immigré, le réfugié, l'assisté. Voilà la vérité de son programme : dur avec les faibles, faible avec les forts. Et pendant qu'elle répand haine et division, la finance et les gros actionnaires prospèrent.

Au mois de février, le PCF prendra l'initiative de publier un livre argumentaire destiné à démonter une à une les impostures de la droite et du FN.

Lutter réellement contre la finance, c'est réorganiser le transfert des richesses vers le travail, vers le pouvoir d’achat.

Il est évident que notre combat n’est pas facilité par l’acharnement des médias à décrédibiliser nos propositions.

Présenter M. Macron comme étant un homme de gauche relève de la supercherie mais aussi d’une campagne idéologique. Il nous reste donc toute notre force militante pour convaincre.

Monsieur Macron galvaude le mot de progressistes, quant à M. Valls il tente de nous faire croire qu’il n’a aucune responsabilité dans le bilan de ce quinquennat.

Nous sommes donc en campagne, avec l'ambition qu'exige la période. Nous devons relever les défis qui se présentent à nous. C'est une campagne de terrain que nous lançons, en déployant dans le concret notre conception de l'union.

 

Les législatives : être utile aux habitant-e-s de notre territoire.

C'est ainsi que le Parti communiste entend mener campagne : être utile à toutes et tous. Comme le disait Nelson Mandela, « tout paraît impossible jusqu’à ce qu’on y arrive ».

Notre ambition qu'un député de gauche, promouvant une politique permettant au plus grand nombre de vivre dignement des fruits de son travail, n'est pas une utopie. Elle peut devenir réalité.

Nous reprendrons le pouvoir sur les banques, en nationalisant, au sein d'un pôle public bancaire et financier. Nous cesserons de racketter les petits comptes. Nous changerons l'orientation du crédit et de l'épargne, au service de projets créateurs d'emplois, créateurs de richesses et de solidarité dans les territoires, en faveur des services publics , en donnant aux salariés, à tous les citoyens, aux élus de nouveaux droits de regard sur l'activité des banques et sur les aides publiques aux entreprises. Nous mènerons une lutte sans merci contre l'optimisation et l'évasion fiscale des plus riches, des grands groupes, des multinationales.

Le livre « Sans domicile fisc » des frères Bocquet procure une démonstration sans appel de ce qu'il est possible de faire en la matière. Nous aurons l'occasion de développer cette thématique durant la campagne

Nous proposerons de mettre fin aux logiques du CICE, sans autre résultat que l'enrichissement des actionnaires et le gâchis des fonds publics, et à toute cette accumulation d'exonérations sociales et fiscales accordées sans aucune réelle contrepartie des entreprises. Cette nouvelle politique économique permettra une relance industrielle du pays, la transition écologique de nos modèles de production, le développement des services publics, le financement de la protection sociale, la création d’emplois.

J'ai soutenu l'initiative, cette semaine, des sénateurs Communistes visant à abroger la loi travail. Nous nous inscrivons clairement dans un élargissement des droits des travailleurs, de leurs représentants et de leurs institutions. Précariser, ubériser à perpétuité, la jeunesse a raison de dire qu'elle vaut mieux que cela. L’avenir c’est notre jeunesse, c’est pourquoi je peux vous annoncer dès aujourd’hui une initiative en direction de la jeunesse de notre territoire d'ici le mois de juin.

En diminuant la durée légale du travail à 32 heures hebdomadaires, en avançant l’âge de la retraite, nous pouvons créer des emplois et lutter contre le chômage. Les besoins en personnels sont multiples. Dans la santé, dans l’accompagnement social pour favoriser l’autonomie des personnes âgées et pallier à la dépendance, dans l'économie sociale et solidaire via les PME, les associations, les coopératives. Dans l’enseignement, dans les services publics si décriés mais indispensables à un bon équilibre entre les territoires.

Par la transition écologique, dans la lutte contre les gaspillages, pour répondre aux défis du changement climatique, il faudra créer des centaines de milliers d’emplois.

Nous avons un formidable potentiel maritime que nous devons exploiter, je pense à la possibilité qu’il nous offre pour offrir une alternative écologique aux énergies fossiles et nucléaires.

Nous organiserons au printemps un débat sur la nécessaire transition écologique avec la présence de Gérard Le Puill, journaliste qui publiera début mars un ouvrage sur cette question. Mais sans attendre, dès la semaine prochaine, j'aurai l'occasion de m'exprimer sur la crise que subit une nouvelle fois l'industrie agro-alimentaire bretonne. Les propriétaires de ces usines sont des rapaces, il faut que ça se sache. Lorsque que je siégeais au sein de la direction départementale d'une organisation syndicale à la fin des années 90, on assistait déjà à ces méthodes de voyous, sauf qu'aujourd'hui on leur donne de l'argent public pour continuer la casse sociale. Cela doit cesser.

Pour notre projet de progrès social nous avons besoin de services publics déployés dans les domaines du logement, de la culture, de la petite enfance… En clair, tout l'inverse de ce qui se fait depuis des années comme me l’a indiqué il y a quelques semaines le maire de Trégourez.

Notre projet, c’est aussi de donner une nouvelle jeunesse à la Sécu pour généraliser une prise en charge de haut niveau, pour un droit à la retraite à taux plein à 60 ans, la prise en charge de l’autonomie, un renforcement de la médecine du travail et la prévention des maladies et accidents, pour une réforme du financement, une démocratisation de sa gestion.

C'est sur cette thématique importante pour la 6è circonscription du Finistère que nous organiserons à Châteaulin le 23 février, un premier débat avec le Dr Fabien Cohen et des acteurs locaux, syndicalistes, usagers, personnels de santé avec l'idée de travailler la question à partir des réalités de notre territoire mais aussi en réaffirmant la nécessité d'un cadre national, assurant la sécurité sanitaire et la solidarité, que l'on habite à Bolazec, Saint Ségal ou Hanvec.

Certains candidats ont découvert la pauvreté il y a quelques jours, lors d'une visite ultra médiatisée dans un centre Emmaüs. En ce qui nous concerne nous sommes depuis longtemps conscients des difficultés croissantes pour plus de 9 millions de Français. Quand la pauvreté, la misère, la grande précarité en sont là, c'est toute la société qui est tirée vers le bas, qui est fracturée.

L’interdiction des expulsions locatives, des coupures d'énergies et de l'eau, la suppression de la TVA sur les produits de premières nécessités, la construction massive de logements sociaux (emblématique ici à Plougastel), le soutien à l'insertion dans l'emploi, l'égalité salariale femmes-hommes, l'élargissement de l'accès aux soins, c’est le pacte de progrès social auquel nous nous engageons.

Nous devons œuvrer pour une République qui permette aux citoyens d'intervenir en leur donnant un pouvoir d'initiative législative, référendaire, et pétitionnaire.

Une République où le Parlement retrouve la primauté dans l'élaboration et le vote des lois. La suppression du 49-3 ainsi que toutes les dispositions qui restreignent son pouvoir.

Nous voulons un Parlement à parité où puissent siéger en nombre des ouvriers, des employés, des salariés de toutes conditions, à l'image de notre peuple et de sa diversité, un Parlement élu à la proportionnelle, où un statut de l'élu permette à chacun d'accéder à tous les mandats de la République, en s'appuyant sur une limitation du cumul et du renouvellement des mandats dans le temps.

Oui, il est temps, grand temps de parler égalité, et quand le mot est prononcé, de le mettre en pratique dans chacun des actes, des choix, des politiques mises en œuvre. Notre enquête « Que demande le peuple ? » a démontré la volonté de mettre en pratique réellement l'égalité Femme/Homme. Nous organiserons donc une initiative sur cette thématique avant le premier tour des élections législatives.

 

Avec « La France en commun », le Parti communiste livre au débat citoyen sa contribution pour l’élection présidentielle et les élections législatives avec la volonté de déjouer le scénario d'un duel déjà annoncé entre la droite et l'extrême droite et de contribuer à la construction d’un nouveau pacte de majorité, d’une nouvelle majorité politique à gauche, c’est-à-dire une majorité présidentielle, une majorité parlementaire, une majorité populaire et citoyenne agissante. Propositions réalistes et précises à l’appui, « La France en commun » propose à notre peuple un choix de société. Ce pacte dit notre confiance absolue dans les capacités de la France à se relever, à retrouver le chemin du progrès humain et à tenir un rôle prépondérant sur la scène européenne et internationale.

Ces objectifs, pour notre pays, cette France en commun que nous appelons de nos vœux, sont le socle du rassemblement populaire, de la nouvelle majorité que nous devons construire.

Oui, face au danger qui menace d'une élection confisquée par la droite et le Front national, le rassemblement auquel nous n'avons eu de cesse d'appeler tout au long de l'année écoulée reste une impérieuse nécessité.

Avec mon équipe de campagne, nous avons la volonté de poursuivre la discussion avec tout-e-s celles et ceux qui veulent que ça change concrètement. Nous mettons à disposition notre matériel, nos initiatives, afin que vous puissiez être acteurs de la refondation d'une gauche généreuse, ouverte et rassembleuse pour le centre Finistère de la Presqu'île de Crozon au pays de Daoulas, sans oublier Ouessant où je me rendrai le 04 février prochain.

Le rassemblement que nous voulons, en 2017 et au-delà , c’est celui des forces vives de la gauche de ce pays, forces sociales, politiques, citoyennes, associatives décidées à tourner la page du renoncement libéral et de l’austérité.

Ces forces je les sais désorientées. Je veux leur adresser un message de confiance et de sincérité.

 

Appel à créer des dynamiques

J'ai la conviction que nous ne sommes pas condamnés en 2017 à une gauche dispersée, « façon puzzle » comme disait Michel Audiard, assistant, impuissante, aux triomphes des « tontons flingueurs » de la droite extrême et de l’extrême droite. Leurs scénarios sont bien moins drôles.

J'invite donc chacune et chacun d'entre vous à converger sur le chemin du rassemblement. Toutes les compétences sont les bienvenues. Cette campagne sera une campagne de contact, de terrain. Je tiens personnellement à commencer cette campagne là où est né mon arrière-grand-père. Dès la semaine prochaine je serai donc présent, pour un porte-à-porte, sur le secteur de Pont de Buis lès Quimerc'h.

Je ne saurais terminer mon intervention sans vous dire que j’aurai à cœur d’être un ardent défenseur de notre langue. Notre belle langue Bretonne. J’interviendrai, comme je n'ai cessé de le faire depuis le début de mon engagement politique, il y a 20 ans, pour qu’enfin le gouvernement, la France signe la charte Européenne des langues Régionales et minoritaires.

Voilà, cher-e-s ami-e-s et camarades, ce que je tenais à vous dire aujourd'hui. Maintenant, il faut nous déployer afin de convaincre le maximum de personnes à s'engager pour l'alternative politique dont je suis porteur.

Trugarez déoc’h ha bloavezh mad d'an holl.

 

Site de campagne de Maxime Paul: 

 http://maximepaul.fr/

 

 

 

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15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 07:58
D'Ambroise Croizat à Alain Duhamel, à propos du Club de la Presse sur France 2: éditorial de Patrick Le Hyaric dans "L'Humanité Dimanche" (14 janvier 2016)
D'Ambroise Croizat à Alain Duhamel...
PATRICK LE HYARIC
SAMEDI, 14 JANVIER, 2017
HUMANITÉ DIMANCHE

Éditorial. "Il faut penser dans les cadres actuels, intime-t-on sur France 2. Si Croizat et de Gaulle avaient raisonné ainsi, il n'y aurait pas eu de Sécurité sociale."

Décidément, le pluralisme des idées, l'authentique confrontation politique quittent l'esprit des chaînes de radio et de télévision. Les pôles publics de France Télévisions et de Radio France, que je défends par ailleurs, donnent le mauvais exemple. « L'Humanité » comme nos confrères de « la Croix » ou de « Politis » ou encore du « Monde diplomatique » et bien d'autres qui font entendre un autre son de cloche sont quasiment interdits de micro. Certes, on ne trouvera nulle part un décret d'interdiction. Non, c'est devenu presque une banalité, une normalité.
Voici que France 2 lance, en prévision de l'élection présidentielle, une nouvelle émission baptisée « le Club de la presse ». La première a eu lieu dimanche 8 janvier, après le journal télévisé. Elle ressemblait, une fois de plus, à une discussion de café du commerce avec des journalistes aussi neutres que M. Duhamel, M. Brunet et deux autres confrères de « Challenges » et du « Journal du dimanche ».
Je ne leur reproche pas d'avoir des opinions et de les exprimer. Précisément parce que je suis pour la confrontation d'opinions. Ce que je conteste, ce sont les visages différents pour des opinions quasi similaires ! On y a sondé, avec l'air savant, le cerveau caché des candidats, les tactiques obliques, les phrases devenues petites au fur et à mesure qu'on les découpe, les jugements sentencieux toujours aussi éloignés de la vie de la multitude qui travaille et qui souffre.
 
Dans leur bouche, chaque électeur devient un sujet au service de tactiques biscornues. On explique, par exemple, que si on ne choisit pas M. Valls à la primaire, on aura M. Macron, car les élus socialistes ne voteront pas pour un autre candidat de leur parti. Bref, vous avez le choix entre un libéral et un... libéral. Tous sont hantés par la crainte que les candidats socialistes n'assument pas chacun un virage à droite. Tous reprochent même à M. Valls de ne pas tenir la ligne libérale qu'il mettait en oeuvre lorsqu'il était premier ministre. Certes, la mue de l'ancien premier ministre pose légitimement question, mais pas en ces termes ! S'il parle aujourd'hui à gauche après avoir dit qu'elle n'existait plus, c'est que le peuple de gauche existe et compte en France. Au-delà, une immense majorité de citoyens n'a supporté ni le 49-3, ni le projet de déchéance de nationalité, ni la loi sur la précarisation du travail, ni les cadeaux permanents aux grandes entreprises sans contreparties pour l'emploi, tandis que continuaient à progresser le chômage, la précarité, la pauvreté, l'affaiblissement des services publics et l'alignement permanent sur la doxa bruxelloise. Voici un élément de débat qu'il serait intéressant de décrypter. Ces porte-voix ne le souhaitent pas, trop occupés à démontrer que l'avenir passe par la mise en oeuvre de toutes ces solutions du passé vers encore plus de libéralisme, alors qu'elles ont toutes échoué partout. Peu leur importe si les conséquences des choix qu'ils défendent enferment beaucoup trop d'électeurs en colère vers le vote d'extrême droite.
Tous, sur le plateau, ont défendu comme « intelligente » cette incroyable profession de foi de M. Fillon déclarant qu'il ne serait pas dur avec la Sécurité sociale puisque « chrétien ». Autre manière de prolonger les épisodes affligeants autour du burkini, des menus à la cantine, du voile et autres propos stigmatisant précisément une « autre » religion. Sa foi si « chrétienne » le conduira-t-il à soutenir Cédric Herrou, poursuivi pour avoir « aidé son prochain », la salariée d'Auchan qui a perdu son enfant parce qu'on l'a obligée à rester « attachée » à sa caisse, ou encore la défense des services publics alors qu'il veut purger cinq cent mille emplois.
En vérité, cette déclaration ­ qui n'aurait jamais dû quitter la sphère privée ­ sert à illustrer le débat lancé par M. Sarkozy sur « l'identité » de la France. Oui, la droite veut, un jour ou l'autre, aller jusqu'à défigurer ou abolir la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État.
Transpirait de cette émission la hargne contre toutes les conquêtes du Conseil national de la Résistance. La première question de l'émission invitait Alain Duhamel à émettre son voeu pour l'année nouvelle. Du tac au tac, il réclama de chaque candidat qu'il ne fasse aucune promesse qui ne serait pas financée. Tout est ici ! Vous ne devez penser que dans les cadres actuels ! Si, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dans un pays dévasté et ruiné, Ambroise Croizat et le général de Gaulle avaient ainsi raisonné, il n'y aurait jamais eu de Sécurité sociale, et le pays aurait eu plus de mal à se relever. Il est heureux qu'une pensée inverse les animait, comme celle de M. Thorez qui érigea le statut de la fonction publique. Tout droit social, tout bien commun au service de tous est aussi la condition du redressement et du développement économiques.
Dans les conditions de notre époque, c'est d'une nouvelle Sécurité sociale dont il faudrait débattre ; celle, par exemple, ouvrant une cinquième branche pour financer le crucial enjeu de l'autonomie, ou celle permettant une « sécurité » de l'emploi. De même, un nouveau partage des richesses et une nouvelle manière de produire et de consommer, combinés à un nouvel âge de la démocratie participative d'intervention conditionnent un développement durable, respectueux de la planète. Quand et où en débattra-t-on enfin sérieusement ? Tout le monde, à commencer par les journalistes, a tout à gagner au fait que le pluralisme irrigue enfin les débats publics. Nous sommes disponibles pour cela !
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15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 07:50
Israël-Palestine: le Paris de la paix ce dimanche 15 janvier 2017 (L'Humanité, 13 janvier)

La France organise ce dimanche à Paris une conférence internationale pour tenter de renouer avec l’idée d’une paix possible entre Israéliens et Palestiniens. Les faits d’hier, les enjeux d’aujourd’hui. 

Ce dimanche 15 janvier 2017, quelque soixante dix pays seront représentés (notamment par leur ministre aux affaires étrangères) à la conférence internationale organisée à Paris pour tenter de relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Il était souhaité que les deux parties soient elles-mêmes représentées. Il n’en sera rien.

Quelques rappels pour comprendre :

Cette conférence fait suite à la réunion ministérielle internationale, moins étendue, qui s’était tenue en juin déjà à Paris et qui était arrivée au constat suivant : « la solution à deux Etats est la seule voie pour arriver à une paix durable, avec Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité ». Un tel rendez-vous diplomatique n’avait pas eu lieu dans le monde depuis neuf ans.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault soulignant qu’« il faut agir d’urgence pour préserver la solution des deux Etats et la ranimer avant qu’il soit trop tard ». Au cœur des préoccupations : la politique de colonisation qui se poursuit mais aussi le fossé qui se creuse de plus en plus « dans les cœurs et dans les esprits » des populations.

Le chef de la diplomatie française avait alors promis de plancher sur les moyens de la paix, évoquant des « incitations en matière économique, en matière de coopération et de sécurité régionale (…) à présenter aux Israéliens et aux Palestiniens » lors de la conférence internationale, initialement prévue à l’automne 2016. Elle aura finalement lieu ce dimanche 15 janvier 2017. Les propositions précises devaient y être mises sous les yeux des représentants d’Israël et de la Palestine Mais, on a d’abord appris qu’Israël ne participerait pas. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (67 ans) ayant décidé de boycotter l’initiative qualifiée d’« imposture ». L’Elysée a du coup fait savoir que le palestinien Mahmoud Abbas (81 ans) serait reçu "dans un cadre bilatéral dans les prochaines semaines". Les deux hommes ne se sont pas rencontrés depuis 2010.

L’ américain John Kerry sera quant à lui présent ce dimanche à Paris. Un dernier voyage à l’étranger sous sa casquette de secrétaire d’état avant la passassion de pouvoir entre Barack Obama et Donald Trump.

A voir : le webdocumentaire  réalisé en partenariat avec l'Humanité par Sarah Mauriaucourt dans les territoires palestiniens occupés. 

Cinq points qu'il faut avoir en tête pour comprendre les enjeux de la conférence internationale de Paris

1) Pourquoi le conflit ?

Le conflit remonte à 1947 quand les Nations unies ont proposé la création de deux États, l'un juif et l'autre arabe, sur le territoire. Israël a été proclamé l'année suivante.

En 1967, Israël a saisi par les armes la Cisjordanie et Jérusalem-Est, alors sous contrôle de la Jordanie. Il a depuis annexé Jérusalem-Est, site de lieux saints révérés par les chrétiens, les juifs et les musulmans. Son armée continue à occuper la Cisjordanie.

Le conflit a donné lieu à de multiples tentatives de paix. La solution de référence de la communauté internationale est la création d'un État palestinien qui coexisterait en paix avec Israël.

Le règlement du conflit se heurte à des querelles qui paraissent de plus en plus insolubles pour certaines: la sécurité d'Israël, le tracé des frontières, le statut de Jérusalem, le droit aux retours des réfugiés palestiniens ayant fui ou été chassés de leurs terres.

Après des années de lutte armée, deux soulèvements populaires palestiniens (intifadas), plusieurs guerres dans la bande de Gaza gouvernée par le mouvement islamiste Hamas qui refuse de reconnaître Israël, les Territoires palestiniens, Jérusalem et Israël sont en proie depuis l'automne 2015 à un nouvel accès meurtrier de violences.

Une large part de la communauté internationale s'inquiète du fait que la solution à deux États ne soit plus qu'un souvenir. La conférence de Paris vise à la ranimer.

2) Des discussions dans l'impasse

Les Palestiniens disent que des années de négociations bilatérales avec Israël n'ont servi à rien. Ils ont choisi d'internationaliser leur cause.

Pour reparler au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le président palestinien Mahmoud Abbas exige un arrêt de la colonisation dans les territoires palestiniens, parmi d'autres conditions.

Ce dernier refuse toute condition préalable. Mais il réclame que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un État juif. Les Palestiniens refusent de crainte de sacrifier le droit au retour des réfugiés.

Pour les deux, des facteurs intérieurs rendent toute concession ardue. M. Netanyahu est à la tête d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël. Certains membres sont ouvertement opposés à un État palestinien et défendent ardemment la colonisation.

M. Abbas n'a lui aucun contrôle sur la bande de Gaza. Il est également largement déconsidéré auprès des Palestiniens.

3) La violence, les colonies

Israël accuse l'Autorité palestinienne d'encourager la violence et affirme que la conférence de Paris fait "reculer la paix".

Une grande partie de la communauté internationale redoute que la poursuite de la colonisation ne scelle le sort d'un éventuel État palestinien, tant ces implantations juives étendent le territoire occupé par Israël.

Environ 600.000 colons israéliens vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Le conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 23 décembre 2016 pour la première fois depuis 1979 une résolution condamnant la colonisation, grâce à l'exceptionnelle abstention américaine.

4) Qu'attendre de la conférence ?

La tenue de la conférence est en soi une victoire pour les Palestiniens, mais M. Netanyahu a d'ores et déjà prévenu qu'Israël ne serait pas lié par ses résultats.

5) L'inconnue Trump

La conférence a lieu cinq jours avant la prise de fonctions de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Après des années de frictions avec l'administration Obama, le gouvernement israélien attend une politique américaine bien plus favorable.

M. Trump, qui a condamné la résolution du 23 décembre, a promis de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël. Un haut responsable palestinien a estimé lundi qu'avec M. Trump, "tous les signaux (étaient) négatifs".

 

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15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 07:49
A la frontière italienne, des cheminots résistent à la «chasse aux migrants»
12 janvier 2017 Par Louise Fessard
 

Le rétablissement des contrôles à la frontière italienne tue : cinq morts depuis août 2016, dont un sur la voie ferrée allant de Vintimille à Nice. Dans deux notes, la SNCF demande aux cheminots de la région Paca de signaler les « groupes » de migrants à bord des trains. Et de réacheminer en Italie les migrants arrêtés dans la journée. Plusieurs agents refusent cette « délation » et cette « chasse aux migrants ».

 

Le 23 décembre 2016, dans le secteur de Latte un peu après Vintimille (Italie), un train régional circulant vers Nice heurte un groupe de migrants cheminant vers la France sur la voie ferrée. Un jeune homme, sans papiers d’identité, est projeté sur le ballast et tué sur le coup. Ses compagnons s’enfuient avant l’arrivée des secours et de la police ferroviaire. Il est 20 h 38, l’accident a lieu au point kilométrique 255,4, tout près de la frontière franco-italienne. D’après La Reppublica, la victime est un Algérien d’environ 25 ans.

En tongs, Chérif, un Ivoirien de 28 ans, s'éloigne du centre-ville de Vintimille où « il y a trop de policiers » avant de tenter de se rendre en France de nuit en suivant la voie ferrée. © LF
Pour la SNCF, cette mort est répertoriée à la fois comme un accident de personne et un accident du travail, car le conducteur du TER, traumatisé, est placé en arrêt de travail. C’est le cinquième accident impliquant des migrants – et le premier mortel – enregistré sur la ligne Vintimille-Menton depuis début août 2016.

Le 5 août 2016, un jeune Soudanais de 27 ans est grièvement blessé par un train français dans le dernier tunnel côté italien. Souffrant d’un trauma crânien, il est évacué par hélicoptère à l’hôpital San Martino de Gênes. « Alors que je circulais avec le train aux abords d’un poste frontière, j’ai aperçu trois individus sur la voie, j’ai percuté l’un d’eux », relate le conducteur du train dans le registre de la SNCF. À l’arrivée des secours, les deux autres personnes ont disparu.

Le 11 août, côté français, un Soudanais saute en pleine nuit d’un pont ferroviaire, vraisemblablement pour échapper à une patrouille militaire. Il serait toujours hospitalisé, entre la vie et la mort. « Une enquête judiciaire avait été initiée qui n’est pas achevée à ce jour mais dont il résulte des premiers éléments que la personne avait voulu éviter de croiser une patrouille du dispositif Sentinelle qui approchait, explique le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre. Elle serait alors sortie des voies sans avoir réalisé dans l’obscurité qu’elle pouvait se trouver au niveau d’un pont. » Comme il a eu lieu côté français à la différence des précédents, c’est le seul accident grave enregistré par la justice française.

Le 31 août, un conducteur français signale un accident de personne côté italien et le trafic est interrompu sur la ligne. Selon la presse italienne, son TER a « frôlé » un groupe de trois ou quatre migrants dans la zone de Vintimille. Ayant ressenti un heurt, le conducteur a alerté les secours et la police italienne. À leur arrivée, une fois de plus, ils ne trouvent personne.

Le 1er octobre 2016, à 22 h 20, un conducteur français ressent un heurt juste avant de desservir la gare de Menton-Garavan, le premier arrêt côté français. Il fait nuit. Après des recherches, le conducteur voit des personnes s'enfuir, mais ne trouve ni blessé, ni défunt.

En cas d’accident de personne, la procédure est toujours la même à la SNCF. Le conducteur du train doit s’arrêter, descendre inspecter les rails et prévenir le poste de régulation qui arrête la circulation, le temps que la police et les secours interviennent. Selon Cyrille Poggi, représentant du personnel conducteur CGT pour les Alpes-Maritimes et le Var, cette ligne Vintimille-Nice est devenue la hantise des « mécanos ». « Ils sont traumatisés car il y a beaucoup d’accidents de personne à cause des réfugiés dans les tunnels, explique le syndicaliste âgé de 37 ans. La ligne est tortueuse, avec des tunnels pas éclairés, une mauvaise visibilité. Un train met 300 à 800 mètres à s’arrêter. Des roues en métal sur un rail en métal, ça freine très mal. Souvent, les accidents se passent la nuit : les réfugiés transitent en groupe et on ne retrouve pas les corps. » Après un accident, un autre conducteur doit impérativement venir relever le premier, « ce qui impacte la productivité pour la SNCF, c’est pourquoi la direction veut remettre en place le sifflement dans les tunnels ».

« Nous circulons toujours avec le risque de heurter des gens, redoute un contrôleur, sous couvert d'anonymat. Les conducteurs surtout sont soumis à un stress quand ils franchissent les tunnels. À chaque trajet, nous croisons du monde, plutôt très tôt ou en fin de journée. » Au point que les « mécanos » ont pris pour habitude de « klaxonner systématiquement dans les tunnels de leur propre initiative, car ça fait des années que cela dure ». Depuis le printemps 2011 plus précisément, et les révolutions arabes qui ont transformé Vintimille en porte d’entrée de la France pour des milliers de Tunisiens. Un autre conducteur, entré à la SNCF en 1998, se souvient avoir toujours entendu parler d'accidents avec des migrants dans cette zone. « À l'époque, on les appelait des clandestins, mais aujourd'hui ça c'est accentué, dit-il. C'est très dangereux : ils marchent au milieu de la voie sur les traverses, car c'est plus facile que sur les bords en pente avec les cailloux. Ils ne sont pas habitués à la vitesse de nos trains. D'autant qu'ils ignorent, comme beaucoup de Français, qu'un train on ne l'entend pas arriver et que ça ne s'arrête pas en quelques minutes. »

De Vintimille, deux lignes rejoignent la France : la plus empruntée passe par Menton et la côte, l’autre par les montagnes et la vallée de la Roya. Depuis le rétablissement des contrôles aux frontières en novembre 2015 par la France, les agents qui travaillent sur ces deux lignes croisent quotidiennement des migrants marchant le long des voies pour éviter les contrôles policiers à bord des trains. « Avant, plein de migrants passaient à Menton, Sospel et Tende, constate un guichetier. Maintenant, nous ne les voyons plus aux guichets, ils marchent sur les voies. »

 

 

Il arrive cependant encore que certains se perdent et se retrouvent à proximité des gares. « En allant chercher la rame pour le premier train à Breil-sur-Roya, cela nous arrive de marcher sur quelqu’un qui a dormi près des rames dehors, dit un conducteur. Il commence à faire sacrément froid, il va y avoir des drames. » C’était un soir de la fin septembre. Un agent SNCF trouve sur le quai à Breil-sur-Roya « un jeune migrant apeuré et affamé ». « Il commençait à faire froid », explique l’agent, qui a hébergé le « gamin »une nuit au foyer local SNCF, puis l’a caché dans le local de conduite du premier train pour Nice.

Pour échapper aux contrôles, les candidats au passage se dissimulent également sous les sièges ou dans la locomotive de queue quand le conducteur a oublié de fermer la fenêtre. « Sur la ligne venant de Breil-sur-Roya, on sent la détresse, il y en a de 14 ou 15 ans, raconte ce contrôleur, agacé par leur présence. Ils se cachent dans des zones dangereuses : les tableaux électriques, les soufflets, les armoires à matériel. Ce n’est plus gérable. » Le 21 décembre 2016, dans un train pour Nice, deux jeunes migrants nigérians n’ont dû leur salut qu’à une patrouille de la police ferroviaire italienne en gare de Vintimille. L’attention des policiers italiens a été attirée par de faibles coups provenant d’une armoire électrique, relate la presse italienne. À l’intérieur de cet espace exigu, les fonctionnaires ont découvert deux jeunes hommes, l’un évanoui, l’autre épuisé et très faible. Le passeur, qui leur aurait fait miroiter un passage en France contre 150 euros, les avait ensuite enfermés dans ce placard. « Tous les passeurs sont équipés de clefs de berne (carrées) qui ouvrent les cabines et les armoires », assure un agent SNCF.

Sans avoir vécu d’accident aussi tragique, plusieurs agents refusent de participer à ce qu’ils appellent « une chasse aux migrants » et dénoncent l’ambiguïté de la SNCF à ce sujet. « Nous nous battons pour que la SNCF arrête de collaborer à la chasse aux migrants, dit Najim Abdelkader, 36 ans, secrétaire CGT cheminots du secteur de Nice. Malheureusement la SNCF a mis à disposition de la préfecture des locaux (d’anciens appartements loués à des cheminots) à Menton-Garavan pour le refoulement des réfugiés. Et dans les trains, les CRS fouillent les placards techniques et les toilettes, c’est donc que la SNCF leur a fourni nos clefs. »

Note de                    service de la SNCF en région Paca © DR Note de service de la SNCF en région Paca © DR
Nous nous sommes procuré une note de service interne à l’établissement public intitulée « Mesures sûreté pour s’adapter au contexte migratoire ». Non datée et diffusée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, celle-ci incite les chefs d’escale et les contrôleurs à signaler au Poste de commande national sûreté (PCNS) la présence de « groupes en gare prenant le train » ou « à bord » « afin de pouvoir localiser les événements et permettre à la SNCF de travailler en coordination avec les services de l’État et les associations ».La note indique également qu’après une « réunion de crise » le 26 juillet 2016, associant la direction de la sûreté de la SNCF, la Direction départementale des territoires, la Suge et la police aux frontières, ont été décidés « le renforcement de la présence des autorités dans les gares et les trains en fonction des remontées de la SNCF » et l’« organisation d’opérations coup de poing ». Ce qui semble quelque peu étranger à la mission première de l’établissement public, chargé par la loi du 4 août 2014 de concourir au « service public ferroviaire et à la solidarité nationale ainsi qu’au développement du transport ferroviaire, dans un souci de développement durable ».

« On nous demande de signaler tout groupe de migrants, c’est de la délation », estime un contrôleur de la région Paca, sous couvert d’anonymat. Selon la loi, c'est uniquement en cas de fraude qu'un contrôleur peut « exiger la production d'un document d'identité ».Si le fraudeur n’a aucun papier sur lui, les agents peuvent prévenir un officier de police judiciaire (OPJ) et retenir le contrevenant jusqu’à l’arrivée de cet officier. Beaucoup des migrants venant d’Italie voyageant avec des billets, certains agents remarquent qu’ils n’ont pas à leur demander leurs papiers d’identité, encore moins à les signaler au Poste de commande national sûreté. « Nous ne faisons pas de contrôle au faciès. Ce n'est pas “Tiens, deux Blacks, on va leur demander leur billet”, c’est lors du contrôle de tout le train qu’on tombe éventuellement dessus », affirme Najim Abdelkader.

 

« Est-ce que tu en as ? »

À Menton-Garavan, premier arrêt côté français, les CRS et gendarmes mobiles sont en gare du premier au dernier train, de 5 heures du matin à minuit. Ce déploiement policier agace le syndicaliste qui souligne qu’en 2011, à la suite d’une vague d’agressions, la CGT cheminots avait demandé en vain plus de renforts policiers. « Et aujourd’hui les autorités trouvent un nombre incalculable de CRS pour chasser des réfugiés de notre pays ! »

À la gare de Menton-Garavan, des CRS                      contrôlent un homme dans le train pour Nice le 15                      juin 2015. © LF À la gare de Menton-Garavan, des CRS contrôlent un homme dans le train pour Nice le 15 juin 2015. © LF
Pour faciliter les contrôles policiers, la SNCF a modifié ses horaires, allongeant l’arrêt en gare de Menton-Garavan et ajoutant une halte pour les TGV partant de Vintimille. « Les associations d’usagers criaient à cause des retards », explique un agent. Les contrôles continuent cependant de s’effectuer de façon discriminatoire, malgré la condamnation définitive de l'État français en novembre 2016. « Un contrôle d'identité fondé sur des caractéristiques physiques associées à une origine réelle ou supposée, sans aucune justification objective préalable, est discriminatoire : il s'agit d'une faute lourde qui engage la responsabilité de l'État », avait rappelé à cette occasion la Cour de cassation.

Mais à Menton-Garavan, il est matériellement impossible aux CRS et gendarmes mobiles de contrôler en quelques minutes une soixantaine de passagers, voire le triple le vendredi, jour de marché à Vintimille. « Les CRS demandent rarement les papiers à tout le monde, c’est au faciès, confirme Nadjim Abdlekader. À Vintimille, les patrouilles franco-italiennes filtrent sur le quai. Ils ne laissent monter que les passagers de couleur blanche et demandent leurs papiers aux bronzés. » Le délégué syndical explique avoir été lui-même contrôlé alors qu’il accompagnait en civil dans le train des jeunes qui passaient l’examen de contrôleur. « À Menton-Garavan, un fonctionnaire de police m’a demandé mes papiers, pas aux gens autour. » « Même des collègues en uniforme, arabes ou noirs, sont contrôlés, relate de son côté Cyrille Poggi. Parfois, les policiers contrôlent plusieurs fois des mecs connus juste pour leur faire sentir qu’ils ne sont pas bienvenus. Le fait que cette situation dure, ça se banalise, ça fait sauter des barrières chez les forces de l’ordre. »

Les agents SNCF sont directement sollicités par les forces de l’ordre. Le représentant syndical, également conducteur, décrit : « Les policiers viennent nous demander : “Est-ce que tu en as ? – De quoi tu parles ? Moi je ne sais pas reconnaître une personne en situation irrégulière.” Les policiers nous montrent le visage pour dire noir. Ils m’ont aussi déjà demandé mes clefs de service pour ouvrir une cabine. » Un contrôleur relate les mêmes scènes : « Moi, les gendarmes me demandent : “Vous en avez vu ?” Je reste neutre car, au bout d’un moment, on a l’impression de faire de la délation. Ces gens-là essaient de fuir un pays en guerre. » Avec le temps, ces contrôles discriminatoires deviennent « routiniers ». « On s'y est habitué, dit un cheminot. Ça s'est banalisé. On sait qu'à Vintimille, les policiers italiens et français sur le quai vont filtrer les voyageurs et qu'à Menton-Garavan, les CRS vont fouiller le train et quand ils auront fini, ils nous donneront l'autorisation de repartir. Que peut-on faire ? Notre direction nous a bien fait comprendre qu'il ne fallait pas faire passer de gens et que nous nous exposions à des sanctions. D'autant que nous sommes dans une région de droite et que ça se ressent aussi chez les cheminots. Nous avons quelques agents qui sont de zélés délateurs. Le cheminot est un citoyen comme un autre, il regarde TF1 et a des problèmes de pouvoir d'achat... »

Parfois, racontent plusieurs agents, ce sont les usagers eux-mêmes qui dénoncent des migrants : « Ils sont en dessous du siège ! » « Ça se retourne parfois contre eux, dit en riant un conducteur. Ça m'est arrivé une fois qu'un client appelle les CRS en disant que certains étaient encore cachés, qu'il avait travaillé en Afrique et savait que c'étaient des voleurs, qu'ils venaient en France pour vendre de la drogue, etc. Le CRS lui a demandé de quel droit il faisait ça, comment il savait qu'il s'agissait de clandestins, et s'il avait lui-même ses papiers. Il a fini sur le quai, car le contrôleur s'est aperçu que ce client n'avait pas de titre de transport et l'a invité à descendre ! »

Mais parfois, le contrôle dérape. Fin août, Cyrille Poggi affirme ainsi avoir assisté à une scène très violente avec sortie d’arme à Sospel. « Il y avait énormément de réfugiés dans le train, les deux gendarmes voulaient que je ferme les portes, dit-il. Ils voulaient bloquer des réfugiés dans le train en attendant des renforts. Mais ce n’est pas notre travail, j’ai refusé. Ils ont appelé le PC de la SNCF pour changer la signalisation et m’empêcher de partir. Les réfugiés qui avaient des baskets sont partis en courant, ceux en tongs ou pieds nus sont restés bloqués. Un gendarme a fait usage du Taser. Le plus gradé, à bout, a fait des sommations, et j’ai cru qu’il allait tirer. Alors que les réfugiés n’étaient pas menaçants, au contraire, ils voulaient s’enfuir ! » Une autre fois, « sur le premier train partant à 4 h 53 de Vintimille », relate-t-il, à Menton-Garavan des gendarmes ont demandé à voyager dans sa cabine pour pouvoir bloquer les portes à un arrêt suivant. « Ils voulaient qu’à Beaulieu-sur-Mer [juste avant Nice – ndlr], j’enferme les passagers et que leurs renforts montent par ma cabine pour coincer les réfugiés dans le train. Mais pour monter en cabine, il faut une autorisation spéciale, les conducteurs ont besoin de concentration. »

Note de service de la SNCF affichée en salle                      des contrôleurs à la gare de Nice. © DR Note de service de la SNCF affichée en salle des contrôleurs à la gare de Nice. © DR
À Menton-Garavan, plutôt que de faire réadmettre en Italie les étrangers arrêtés, les forces de l’ordre les remettent désormais directement dans le dernier train en direction inverse, pour Vintimille. Sans plus de formalité, ni de billet, par groupes d’une trentaine de personnes. Pour vaincre les réticences de ses agents, la SNCF a affiché en salle des contrôleurs à Nice une note rappelant l’obligation légale des transporteurs à « prendre en charge les personnes qui nous sont confiées ». Le code des étrangers prévoit en effet que lorsqu’un étranger non européen se voit refuser l’entrée en France, « l’entreprise ferroviaire qui l’a acheminé est tenue, à la requête des autorités (…), de mettre à disposition de ces autorités des places permettant le réacheminement de cet étranger au-delà de la frontière française ».

« Il s’agit souvent de familles avec bébé qui se retrouvent à dormir en gare de Vintimille, dit Najim Abdelkader. De plus en plus de conducteurs refusent de les prendre. Ce qui a causé quelques altercations des plus courageux avec les CRS. » Un agent a accepté de nous raconter une de ces confrontations. « En septembre, à Menton-Garavan dans le sens Nice-Vintimille, cinq CRS ont essayé de me remettre un groupe d’une quinzaine de migrants, dont au moins dix mineurs, explique-t-il sous couvert d’anonymat. Je refuse, car ce sont des mineurs isolés. Les CRS me disent qu'il y a leurs parents. Je demande les papiers le prouvant. J’ai fait le départ de mon train. Au retour les CRS m’attendaient énervés, ils ont sortis leurs portables et m’ont pris en photo et filmé. “Qui vous a donné l’autorisation de repartir ?” Moi ça me rappelle 39-45, ces méthodes. »

Selon la loi française, tout mineur non accompagné doit être pris en charge par la police et placé dans un foyer par l’aide sociale à l’enfance (ASE) du département concerné. Mais la préfecture des Alpes-Maritimes prétexte du rétablissement des contrôles aux frontières pour leur refuser cette protection. L’argutie est la suivante : lorsque les mineurs sont contrôlés sur un des treize points de passage autorisés (PPA) des Alpes-Maritimes, comme la gare de Menton-Garavan ou celle de Sospel, ces étrangers sont considérés comme “non entrés” en France et donc “non admis”. « Les CRS me disent que ça [la protection des mineurs non accompagnés – ndlr], c’est pour la France, pas la frontière, relate l’agent déjà cité. Mais Menton-Garavan, c’est une gare française ! »

Après Menton-Garavan, les contrôles deviennent aléatoires. Certains migrants, ayant payé un billet jusqu’à Paris, se font interpeller à  Cannes et retenteront leur chance dans un prochain train ou le long des voies. D’autres parviennent à rejoindre la gare de Marseille Saint-Charles où on les croise, errant par petits groupes, sans bagage. Les moins fortunés empruntent les bus Macron, une clientèle que l'ancien ministre de l'économie, promoteur de la libéralisation des bus longue distance, n'avait sans doute pas anticipée. Un guichetier, habitué à ces clients, leur conseille en anglais de s'éloigner de la gare en attendant le départ de leur bus de nuit, afin d'éviter les contrôles policiers.

« Dans le TGV pour Paris, la majorité des réfugiés ont des billets, parfois à 180 euros en première classe, quand la seconde est pleine, dit Najim Abdlekader. S’ils n’ont pas de billet, nous essayons d’avoir leur identité, ils ont parfois des lettres d’association demandant aux contrôleurs d’être bienveillants à leur égard. » En l’absence de papiers d’identité, les agents sont censés alerter un OPJ, qui montera au premier arrêt ou attendra sur le quai à l’arrivée à Paris. Mais débordés par l’état d’urgence, les policiers ne se déplacent plus. « La plupart des contrôleurs ne le font pas, il y a plutôt une solidarité qu’une chasse à l’homme, assure le syndicaliste. Souvent, les collègues donnent une bouteille d’eau ou paient un sandwich dans le TGV. Beaucoup ont conscience qu’ils fuient la mort et de ce qui leur est déjà arrivé. »

Dans un TGV pour Paris, on croise ainsi un contrôleur apportant une bouteille d’eau à deux jeunes Soudanais, de 16 et 24 ans, sans billets. Les voyageurs ont marché de Vintimille à Nice et n’ont pas dormi « depuis quatre nuits ». « Un voyageur sans billet, c’est toujours problématique, souligne le contrôleur en question. Mais ils sont toujours très propres, très polis et calmes. Même quand nous devons leur demander de descendre à Avignon, ils ne font jamais d’histoire."

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15 janvier 2017 7 15 /01 /janvier /2017 07:00
Neruda en 1951

Neruda en 1951

" J'accuse" par Pablo Neruda. 

Alors qu’il siégeait au sénat chilien sous les couleurs du parti communiste depuis 1945, le poète et prix Nobel de littérature Pablo Neruda, fut banni par le régime de Gonzalez Videla en 1947 pour avoir commis un brûlot contre l'oligarchie qui gouvernait le Chili d’alors.

Dans ‘’J’accuse’’, un poème dont le titre s’inspire du fameux ‘’J’accuse’’ de Zola, le poète qui écrivait souvent à l’encre verte (couleur de l'’espérance) a gravé dans nos consciences engourdies des mots aux couleurs de sang.
 

“ Ils se sont promus patriotes.
Ils se sont décorés dans les clubs.
Ils ont aussi écrit l’histoire.
Les parlements se sont remplis de faste 
Après quoi ils se sont partagés la terre,
La loi, les plus jolies rues,
L’air ambiant, l’université, les souliers.

Leur prodigieuse initiative
C’est l’Etat ainsi érigé,
La mystification rigide.
Comme toujours, 
On a traité l’affaire avec solennité
Et à grand renfort de banquets
D’abord dans les cercles ruraux,
Avec des avocats, des militaires.
Puis on a soumis au Congrès
La Loi suprême, 
La célèbre Loi de l’Entonnoir
Aussitôt votée.

Pour le riche, la bonne table,
Le tas d’ordure pour les pauvres.
La prospérité pour les riches
Et pour les pauvres le turbin.
Pour les riches la résidence.
Le bidonville pour les pauvres.
L’immunité pour le truand,
La prison pour qui vole un pain.
Paris pour les fils à papa,
Le pauvre, à la mine, au désert !
L’excellent Rodriguez de la Crota
A parlé au Sénat
D’une voix mélliflue et élégante.
’Cette loi, établit la hiérarchie obligatoire
Et surtout les principes de la chrétienté.
C’est aussi indispensable que la pluie.
Seuls les communistes, 
Venus de l’enfer comme chacun sait,
Peuvent critiquer notre charte de l’Entonnoir,
Savante et stricte.
Cette opposition asiatique,
Née chez le sous homme, 
Il est simple de l’enrayer :
Tous en prison, tous en camp de concentration,
Et ainsi nous resterons seuls,
Nous les messieurs très distingués
Avec nos aimables larbins
Indiens du parti radical’.

Les applaudissements fusèrent
Des bancs de l’aristocratie :
Quelle éloquence, quel esprit,
Quelle philosophie, quel flambeau !
Après cela chacun courut
A son négoce emplir ses poches,
L’un en accaparant le lait,
L’autre escroquant sur les clôtures
Un autre volant sur le sucre
Et tous s’appelant à grands cris Patriotes !
Ce monopole du patriotisme,
aussi consulté dans cette Loi de l’Entonnoir.”

Pablo Neruda

 

Lu sur la page Facebook Histoire Populaire

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14 janvier 2017 6 14 /01 /janvier /2017 07:30
Agriculture française: entretien avec André Chassaigne, chef de file des députés Front de Gauche, dans le journal La Tribune de la FNAF-CGT

Entretien publié dans le journal "La tribune des professionnels de l'agriculture moderne" du syndicat FNAF-CGT n°220 Janvier - Mars 2017, sur la situation de l'agriculture française et du secteur agricole. 

Comment analyses-tu la situation de l’agriculture française et du secteur agricole en France ?

 Dans notre pays, 10 000 agriculteurs quittent le métier chaque année. Un agriculteur se donne la mort tous les deux jours. Un tiers d’entre eux touche moins de 350 € par mois. Nos producteurs ne sont pas victimes d’une simple fluctuation conjoncturelle des prix, mais d’une crise profonde et durable, conséquence des choix politiques libéraux au niveau européen : des marchés et des volumes sans régulation ; une valeur ajoutée captée en aval de la production ; une mise en concurrence permanente sur la base des prix mondiaux, avec des traités de libre-échange, comme le CETA entre l’Union Européenne et le Canada, qui prévoit notamment d’ouvrir la voie sans droits de douanes à des centaines de milliers de tonnes de viande bovine et porcine.

Mais que faire face à cette dérive ?

 Sortir notre secteur agricole de cette ornière libérale qui concerne l’Europe toute entière et va à l’encontre de ce fameux article 33 du Traité instituant la Communauté européenne, devenu l’article 39 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne : « la politique agricole commune a pour but […] d’assurer un niveau de vie équitable à la population agricole, notamment par le relèvement du revenu individuel de ceux qui travaillent en agriculture ».

 La course folle à la « compétitivité », règle d’or du libéralisme, frappe toutes ceux qui travaillent dans le secteur agricole : les producteurs, mais aussi les salariés de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

Mais comment agir ?

 Il faut porter collectivement une grande politique agricole et alimentaire, en France comme en Europe. Et pour cela, les moyens sont bien là ! Les 50 milliards d’euros que représente aujourd’hui le budget annuel de la PAC ne sont qu’une goutte d’eau au regard des richesses produites chaque année au sein de l’UE : 14 000 milliards d’euros ! Qui peut être crédible en dénonçant le coût exorbitant de la PAC alors qu’il ne représente en fait que 0,35 % des richesses créées ?

Mais n’est ce pas d’abord un manque de volonté politique ?

 Oui, il manque une volonté politique forte. Elle ne pourra se concrétiser qu’en s’appuyant sur un large rassemblement populaire et citoyen, impliquant tous les actifs de l’agriculture et du secteur agricole, mais aussi les consommateurs. Cette volonté passe par un tout autre rapport de force avec les tenants du « petit manuel libéral »… qu’ils se trouvent dans les couloirs de la Commission, ou dans les conseils d’administration des grands groupes de l’agroalimentaire et de la distribution. Nous portons là une voie révolutionnaire, quand tous les discours politiques sont irrigués par la langue néolibérale : « compétitivité », « performance », « libre-concurrence »…

Tu parles de rassemblement populaire et citoyen, mais sur quelles bases politiques ?

 Il faut repartir des « fondamentaux ». Ainsi, les produits agricoles, base de notre alimentation, ne peuvent pas être considérés comme de simples marchandises soumises aux stratégies spéculatives, alors qu’ils satisfont à un besoin premier de l’humanité. Sans oublier que notre santé, notre bien-être et la dynamique économique et sociale de nos territoires ruraux dépendent des conditions de production et de qualité de ces produits.

 Aussi, devons-nous rebâtir un « nouveau pacte agricole et alimentaire » européen fondé sur des points clés : la garantie des revenus, du niveau de vie et d’un haut niveau de protection sociale et salariale de l’ensemble des actifs du secteur agricole ; la montée en qualité de l’ensemble des productions européennes tout en sortant de la concurrence déloyale ; une reconquête de notre souveraineté et de notre sécurité alimentaires avec des outils d’intervention et de garantie.

Mais, n’allons-nous pas en sens inverse quand, par exemple, on impose au monde du travail la loi El Khomri ?

 Bien évidemment ! La loi travail est tout le contraire de l’harmonisation sociale par le haut. La bataille que j’ai menée avec les députés communistes, en relais des luttes des salariés et des jeunes, était fondamentale et porteuse d’espoir. Quel dommage qu’une telle mobilisation n’ait pas pu se construire dès 2012 pour pousser d’autres choix politiques que l’alignement sur les politiques d’austérité européennes et l’enchaînement de tant de reculs sociaux.

Comme Président des Député-e-s Front de Gauche à l’Assemblée nationale, comment vois-tu les enjeux des élections présidentielles et législatives de 2017 ?

 Je suis pour ma part convaincu que si nous jouons collectif, nous sommes capables de bouleverser les plans de bataille des forces d’argent. Il faut donc un rassemblement le plus large pour trouver les voies de la construction partagée d’un projet d’alternative antilibéral et progressiste. Au cœur d’une crise systémique et d’une République à bout de souffle, cela ne pourra se faire qu’en sortant d’une forme de certitude selon laquelle chacun pourra régler tout seul les problèmes du pays. Une des conditions réside dans notre capacité à impliquer pleinement les salariés dans la construction de leur avenir. Créer un autre rapport de force politique passe déjà par un lien nouveau avec tous ceux qui portent dans le monde syndical des réponses concrètes au service de meilleures conditions de travail et de vie des salariés.

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13 janvier 2017 5 13 /01 /janvier /2017 16:53
"La France doit reconnaître l'Etat Palestinien avant qu'il ne soit trop tard" (tribune d'un collectif d'ambassadeurs dans le journal Le Monde, 9 janvier 2016)
« La France doit reconnaître l’Etat palestinien avant qu’il ne soit trop tard »

Dans un texte collectif, des ambassadeurs français estiment que tout le monde aurait à gagner à la reconnaissance, y compris Israël. Une conférence internationale sur le Proche-Orient doit s’ouvrir le 15 janvier à Paris.

Texte collectif d’ambassadeurs français, Le Monde, lundi 9 janvier 2017

Depuis plusieurs mois, un débat s’est engagé sur la possibilité de réaliser un Etat palestinien. L’accaparement systématique des terres palestiniennes par la colonisation israélienne, la mainmise grandissante sur Jérusalem, l’état de siège permanent à Gaza laissent peu de place à ce projet.

Le Conseil de sécurité des Nations unies, bénéficiant de l’abstention américaine, vient de demander l’arrêt immédiat des implantations et a rappelé son attachement au principe de deux Etats. Le premier ministre israélien a rejeté brutalement cette résolution au mépris du droit international.

L’Etat palestinien peut-il encore résulter d’une négociation bilatérale ? C’est l’espoir du secrétaire d’Etat John Kerry qui vient de réaffirmer à juste titre les paramètres d’un accord de paix, sans toutefois définir les moyens d’y parvenir.

La présence à la tête d’Israël d’un gouvernement au nationalisme religieux déterminé, qui profite des troubles du monde arabe, enlève toute crédibilité à la reprise d’un processus de paix dont la stérilité a été maintes fois déplorée, dès lors que nulle pression ne s’exerce sur Israël, sûr de sa force et de l’appui occidental qui lui est consenti.

Mahmoud Abbas disqualifié auprès de son opinion

Faute de résultat, le négociateur palestinien, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, se trouve disqualifié auprès de son opinion publique sur qui pèsent les humiliations de l’occupation, qui est soucieuse de récupérer les milliers de prisonniers politiques et qui n’a devant elle qu’un avenir sans espoir dans lequel toute évolution démocratique est paralysée par les contraintes matérielles et politiques que la situation impose. Il en résulte que le Hamas, lui, jouit des avantages de l’intransigeance.

Les Etats-Unis ont échoué à faire émerger une solution et ont renouvelé leur aide à Israël sans poser aucune condition, malgré leur condamnation maintes fois réaffirmée d’une colonisation contraire à l’établissement d’un Etat palestinien qui était pourtant jusqu’à présent leur objectif officiel. Il est probable que le nouveau président Donald Trump, appuyé par une majorité républicaine déterminée, ira encore plus loin dans le soutien inconditionnel à Israël et dans la négation des droits des Palestiniens.

Une autre solution est-elle possible ? Certains appellent à la création d’un Etat binational où l’égalité des droits des deux communautés serait respectée. Mais cette perspective est illusoire car un Etat juif ne peut abandonner son caractère national et religieux, imprégné de l’histoire biblique. L’expérience montre que cet Etat unique aboutirait à une situation d’apartheid qui existe d’ailleurs déjà largement sur le terrain.

Garanties de sécurité

Comment ne pas voir que le conflit israélo-palestinien, s’il est éclipsé dans l’opinion mondiale par les malheurs de la Syrie, de l’Irak et du Yémen, ainsi que par l’omniprésence du péril que représente l’organisation Etat islamique, est appelé à perdurer, engendrant dans l’opinion publique arabe le ressentiment contre le monde occidental, accusé de complicité avec Israël ?

L’insertion définitive d’Israël dans son environnement régional ne peut être assurée par la force. Elle doit résulter d’une acceptation qui lui a été proposée par les pays de la Ligue arabe en échange de la reconnaissance d’un Etat palestinien crédible. Israël n’a pour le moment jamais consenti à cette proposition, malgré les garanties de sécurité qu’elle lui apporterait.

Il existe certes des pacifistes israéliens prêts à s’engager dans ce sens mais ils ne sont pas relayés par les politiques, tandis que certaines organisations juives extérieures à Israël appuient résolument les positions les plus contestables de l’extrême droite israélienne, en oubliant l’appartenance prioritaire des communautés qu’elles représentent aux Etats dans lesquelles elles évoluent.

Il est donc évident qu’un Etat palestinien ne pourra naître sans pression internationale. Il a déjà été reconnu par 137 Etats aux Nations unies mais pas par les Etats occidentaux majeurs, paralysés par l’Histoire et en proie trop souvent à des influences électorales partisanes. Il n’a probablement plus aucune chance d’émerger après le 20 janvier, date d’entrée en fonction du nouveau président américain.

Péril des sanctions

Dans cette situation, la France a un rôle éminent à jouer en tant qu’avocate des libertés humaines au service de la paix. Elle a engagé un nouveau processus de consultation des pays directement intéressés par le conflit, qui doit aboutir à des principes directeurs dont les négociateurs devront obligatoirement s’inspirer.

Une étape déterminante doit être franchie en ce début d’année. Malgré les aléas de la politique intérieure française, l’échéance doit être tenue. Ce peut être l’occasion d’une ultime réflexion de l’administration américaine en partance. Il est malheureux cependant que M. Nétanyahou a, dès le départ, annoncé qu’il ne voulait pas rencontrer M. Abbas à Paris. Mais ce refus montre la nécessité d’une pression internationale pour recadrer un dialogue impossible.

A défaut, on voit mal comment Israël échapperait au péril des sanctions. En demandant l’étiquetage des produits en provenance des colonies israéliennes, l’Union européenne, en se montrant cohérente avec sa condamnation des colonies, a ouvert la voie. Elle est périlleuse pour Israël, ouvert au monde extérieur, et donc vulnérable. On se rappelle le rôle des sanctions dans la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud.

Réparer une injustice de l’Histoire

Pour les Palestiniens, rien n’est pire que l’absence d’Etat. Sa proclamation ne changera certes rien sur le terrain. Mais elle créera une dynamique imposant des réalités nouvelles. Ce serait à l’honneur de la France de reconnaître l’Etat palestinien. Un tel geste, dont la signification politique et morale est incontestable, s’inscrirait dans sa politique traditionnelle en faveur de la liberté et des droits humains. Il est temps de réparer une injustice de l’Histoire. Israël, au destin duquel nous sommes tous attachés, en serait le premier bénéficiaire, tant pour sa sécurité que pour son rôle attendu dans le développement de la région où il faut pérenniser sa présence. Ni la loi du plus fort ni le messianisme religieux ne peuvent être considérés comme fondateurs de droits territoriaux au profit de l’Etat d’Israël. L’appropriation progressive de Jérusalem-Est et d’une partie croissante des terres de Cisjordanie est inconciliable avec l’idée de négociation. Un partage équitable ne peut être obtenu par une négociation bilatérale en raison de la disproportion des forces des parties en présence.

Un encadrement international s’impose donc dans lequel la France, amie des Israéliens et des Palestiniens, doit être au premier rang. L’initiative diplomatique qu’elle a prise est essentielle et doit être soutenue par tous les Etats responsables, proches ou lointains, désireux de définir les conditions d’une paix juste et durable. Avec l’arrivée du président Trump au pouvoir, l’espoir d’un Etat palestinien disparaît sans doute pour les années à venir. Mais sa nécessité demeure. La France et l’Union européenne doivent s’engager avant qu’il ne soit trop tard.

Les diplomates signataires : Yves Aubin de La Messuzière ; Denis Bauchard ; Philippe Coste ; Bertrand Dufourcq ; Christian Graeff ; Pierre Hunt ; Patrick Leclercq ; Stanislas de Laboulaye ; Jean-Louis Lucet ; Gabriel Robin ; Jacques-Alain de Sédouy ; Alfred Siefer-Gaillardin

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13 janvier 2017 5 13 /01 /janvier /2017 16:04
Le PCF appelle à un rassemblement de "la gauche de progrès" (Ouest-France, 13 janvier 2016)
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13 janvier 2017 5 13 /01 /janvier /2017 15:15
Au collège, une réflexion sur la déportation avec Lucienne Nayet (Ouest-France, Morlaix - 12 janvier 2016)
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13 janvier 2017 5 13 /01 /janvier /2017 13:04
Débat au Sénat sur la situation et l'avenir de l'hôpital public à l'initiative du groupe communiste: intervention de Laurence Cohen

Débat au Sénat sur la situation et l’avenir de l’hôpital public à l'initiative du groupe communiste, républicain et citoyen

 

Intervention de la sénatrice communiste Laurence Cohen

Nous avons tenu avec mon groupe à inscrire ce débat à l’ordre du jour du Sénat car l’hôpital joue un rôle essentiel dans notre système de santé, comme le conforte l’actualité.

Aussi, je veux commencer mon propos en rendant hommage aux personnels hospitaliers qui, malgré l’avalanche de réformes qui s’est abattue sur l’hôpital depuis près de 20 ans maintenant, continuent d’assurer une haute qualité des soins, dans des conditions de plus en plus difficiles.

En France, l'hôpital est synonyme d'accès aux soins pour toutes et tous. Malheureusement, ce principe d'égalité se heurte de plus en plus aux problèmes de rentabilité car l’hôpital est géré comme n’importe quelle entreprise, la santé considérée comme une marchandise, le patient un consommateur et le médecin « un producteur de soins. »

Je vous renvoie au livre, écrit en 2009 par le Professeur Grimaldi, « L'Hôpital malade de la rentabilité », plus que jamais d’actualité.

Le fonctionnement même de l’hôpital est remis en cause par les politiques de restrictions budgétaires opérées par les gouvernements successifs, et singulièrement ces 5 dernières années, avec l’insuffisance notoire de l’Objectif national des dépenses de l’Assurance Maladie (ONDAM), qui organisent les déficits des établissements.

Avec cet ONDAM exsangue, des dépenses contraintes en hausse et un endettement bancaire (29,9 milliards) triplé depuis 2003, les hôpitaux publics ne peuvent que réduire l’offre de soins. Le plan d’économie de plus de 3 milliards d’ici à 2017 annonce la suppression de 22 000 postes, ou si vous préférez, Madame la Ministre, le non remplacement de 22 000 départs en retraite ainsi que de très nombreuses suppressions de lits.

Selon la DREES, 57 000 lits d’hospitalisation ont été supprimés en onze ans dans les établissements de santé de France métropolitaine, dans les départements et régions d’Outre-Mer, y compris le service de santé des armées (SSA).

Cette diminution de lits a un impact grave sur le fonctionnement des services. Je l’avais déjà démontré en 2014 en présentant notre proposition de loi tendant à instaurer un moratoire sur les fermetures de services et d’établissements de santé ou leur regroupement. Je ne peux que déplorer le rejet de notre PPL par le sénat car ce moratoire serait bien utile aujourd’hui.

Ainsi, je vous invite à examiner attentivement la situation des urgences. Vous constaterez avec moi qu’il existe un lien entre diminution du nombre de lits et augmentation des passages aux urgences qui ont crû de 75 % en quinze ans, sans rapport avec l’augmentation de la population. C’est un cercle vicieux : moins de lits d’aval entraîne plus de passages aux urgences et les engorge en même temps.

Les situations de crise, telles que les épidémies, la canicule… sont révélatrices des conséquences des politiques d’austérité sur l’hôpital !

Quel constat d’échec de la part de la Ministre Marisol Touraine quand face à l’épidémie de grippe, elle demande aux hôpitaux de déprogrammer des opérations non urgentes, de rappeler des soignants, d’ouvrir des lits, ou encore quand elle culpabilise les personnels et les patients en leur reprochant leur non-vaccination.

Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France, reconnaît que les établissements sont débordés. Il y voit 2 explications : d’une part, une défaillance de la médecine de premier recours, et d’autre part, le fait que trop de lits aient été fermés.

 

Le gouvernement n’est-il pas amené, à revoir ses choix politiques profondément remis en cause à l’épreuve de la pratique ?

Cette dégradation du service public sur l’ensemble du territoire, en zone urbaine comme en zone rurale est ressentie douloureusement par les patients et les personnels de santé.

La souffrance des agents est palpable, les poussant parfois jusqu’au suicide. Elle touche toutes les catégories de personnels, comme nous l’ont expliqué des membres de l’Association Mégnien, ou encore des responsables syndicaux lors de notre conférence de presse ce matin.

Contre tous ces mauvais coups : baisses des dotations, stagnation des salaires, non remplacement des départs en retraite, suppression des 35 heures à l’AP-HP ou encore marche forcée vers les GHT… Des mobilisations se multiplient.

C’est le cas emblématique de l’Hôtel Dieu qui est décidément bien gênant pour ceux, soutenus par le Président de la République lui-même, qui veulent mener une vaste opération foncière en faveur du réaménagement de l’Ile de la Cité. Alors que les luttes menées de 2010 à 2014 avaient permis de poursuivre les missions de service public de cet hôpital historique, le plan brutal de restructuration remet en cause son avenir, comme celui de Bichat, de Beaujon, de Longjumeau, de Juvisy, de Jean Verdier à Bondy, de l’hôpital gériatrique Adelaïde Hautval à Villiers-Le-Bel pour n’en citer que quelques-uns en IDF ! Ou bien encore la fermeture programmée de l’hôpital Henri Gabrielle de Saint-Genis de Laval, près de Lyon. Sans parler de la situation des hôpitaux psychiatriques, des maternités déjà fermées ou celles menacées comme la maternité des Bluets.

Alors face à cette situation, que faire pour l’hôpital ? Quel projet ? C’est un débat de fond avec 2 logiques diamétralement opposées.

Et pas comme certains tentent de le faire croire, une vision moderne qui voudrait faire évoluer le rôle et la place de l’Hôpital et celle passéiste, ringarde qui s’attacherait à s’arc-bouter sur un hôpital cathédrale en refusant tout changement.

D’un côté, une conception marchande de la santé, avec recherche d’une rentabilité maximum, symbolisée par la pratique de la T2A. L’offre de soins à l’hôpital public est réduite sur les territoires à des fins d’économies budgétaires en encourageant de fait l’implantation et l’ancrage de structures privées à but lucratif. Il ne s’agit pas pour moi de diaboliser le privé, mais de dénoncer l’optique qui encourage à laisser au public les soins difficiles et peu rentables, les patients les moins solvables et d’ouvrir au secteur privé les soins les plus rentables.

De l’autre côté, au contraire, une politique qui vise la satisfaction des besoins de santé pour toutes et tous sur l’ensemble du territoire.

Avec la loi santé, la Ministre a voulu mieux organiser l’offre globale des territoires pour mieux répondre à la gradation de la prise en charge des patients, ce que nous partageons. Mais qu’en est-il dans la réalité ?

Depuis le 1er juillet dernier, les 1100 hôpitaux existants sur notre territoire sont réunis en quelques 150 regroupements hospitaliers de territoire, les GHT, sans concertation. C’est la mise en place de mégapôles au détriment des hôpitaux de proximité, avec un établissement support qui aura la main sur toutes les activités et les budgets, sous l’autorité des directeurs des ARS, véritables préfets sanitaires !

De plus, comment ignorer que cette organisation aura des incidences sur la répartition territoriale des professionnels de santé ? Toutes les études montrent que l’activité médicale a tendance à se concentrer dans les pôles urbains où il existe un CHU. Ainsi, loin de régler la problématique des déserts médicaux, ces GHT vont accentuer les inégalités de densité médicale et paramédicale dans les régions.

Parallèlement, la loi santé encourage l’ambulatoire. Nous n’y sommes pas opposés.

Encore faut-il que chaque patient puisse en bénéficier dans les meilleures conditions, tant en termes de recours que de parcours de soins.

Or, lors des auditions que nous avons menées, des soignants nous ont alertés sur l’intensification de l'accueil en hôpital hôtel. Ainsi le CHU de Bordeaux a pour objectif de passer d’ici fin 2017 de 31,5% d'ambulatoire à 60 %.

Alors que les patients, qui viennent souvent de loin, étaient accueillis en hospitalisation traditionnelle, ils seront reçus en hôpital hôtel. La prise en charge financière est laissée au patient qui doit s'alimenter et se véhiculer. Si le gouvernement attend une économie de 7, 5 millions par an, on peut fortement s’interroger sur les restes à charge pour les patients, sur une certaine forme de rationalisation du personnel, et sur les responsabilités nouvelles qui vont peser sur les familles.

Ce débat sur l’avenir des hôpitaux s’invite dans la campagne électorale puisque le candidat de la droite et du centre propose notamment de rétablir les 39 heures à l’hôpital, de rationaliser la carte hospitalière et de limiter le nombre d’hôpitaux dotés d’un plateau technique de haut niveau, ce qui est à mettre en perspective avec son annonce de vouloir réduire de 100 milliards les dépenses publiques, supprimer 500 000 fonctionnaires et transférer la prise en charge des soins vers les complémentaires privées ! C’est la course entre les moins disants de la santé, ce que nous condamnons avec force.

Selon un sondage du journal Les Echos du 9 décembre 2016, 90% des Français refusent que l’on baisse les dépenses publiques en matière de santé et 58% n’estiment pas souhaitable la suppression de 500 000 emplois publics.

Nous pensons, au groupe CRC, que la relance de l’hôpital public doit être une priorité qui se concrétise par un investissement massif dans les établissements et dans les recrutements.

La mise en place d’un système de santé solidaire alternatif n’est pas une utopie mais une question de choix politique notamment en renforçant notre système de Sécurité sociale par un financement plus juste et plus efficace.

De nouvelles ressources assureraient à notre système une meilleure santé financière en soumettant par exemple les revenus financiers des entreprises à cotisation, ou en supprimant les exonérations dont elles bénéficient actuellement.

En amont de l’hôpital il faut agir pour lutter contre les freins aux soins de premier recours. Il faut donc s’attaquer prioritairement aux dépassements d’honoraires qui ont progressé de 8% en 2015 selon le Collectif Inter Associatif.

C’est indispensable pour réduire les inégalités sociales d’accès aux soins car les premiers à renoncer à se soigner sont aussi les plus précaires.

Il y a urgence à articuler les différents niveaux de réponses aux besoins sanitaires et sociaux de la population plutôt que de les mettre en concurrence. Un service public ambulatoire de proximité est indispensable avec comme rôle pivot les centres de santé publics ou associatifs qui sont des structures de soins de proximité pratiquant le tiers payant afin justement de faciliter l’accès aux soins.

Il faut également augmenter le nombre de médecins et plus largement de nombreux paramédicaux en supprimant les numerus clausus.

Enfin, pour lutter contre les inégalités territoriales de santé, il faut s’attaquer à l’épineuse question de la répartition géographique de ces personnels.

Outre la nécessité pour les pouvoirs publics de prendre des mesures incitatives plus volontaristes, il faut rendre plus attractives ces professions : augmentation des salaires et réflexion sur le temps de travail (J’attire votre attention, Madame la Ministre, sur la mobilisation des orthophonistes et des psychologues sur ces questions notamment), il faut également des crèches dans les hôpitaux…

Je terminerai mon propos en disant que le maillage sanitaire doit être un élément des politiques d’aménagement des territoires.

C’est aussi une question démocratique qui implique de mieux reconnaitre la place des usagers et nous proposons de remplacer les Agences Régionales de Santé par des conseils cantonaux de santé coordonnés au niveau régional et national et composés de représentants des professionnels, des élus locaux, et des usagers.

L’avenir de l’hôpital est bien la question de toutes et tous.

En la posant en termes de réponses aux besoins humains, on dessine les contours d’une politique de santé publique ambitieuse qui s’articule à une médecine de ville bien ancrée sur l’ensemble du territoire. Notre pays en a les moyens, encore faut-il avoir la volonté de les mobiliser.

Vous l’aurez compris, au travers de ce débat, nous lançons une alerte sur la situation de l’hôpital public, il y a vraiment urgence, sans jeu de mot, la France qui a été rétrogradé au 24ème rang mondial en termes de système de santé, doit retrouver sa 1ère place.

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