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2 décembre 2016 5 02 /12 /décembre /2016 13:54

François Hollande, ou le passé d'une illusion

François Hollande a donc annoncé hier qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle 2017.

C'est la conséquence de l'échec politique, social, économique des choix engagés par lui et son gouvernement et bon nombre des parlementaires socialistes tout au long de ces cinq dernières années, trahissant le mandat que leur avait donné les électeurs de gauche et les idées fondatrices de la gauche.

Signature sans renégociation ni référendum du Pacte budgétaire européen Sarkozy-Merkel (TSCG) qui fait du libéralisme et de l'austérité les clefs de voûte des politiques publiques en Europe et donne un droit de censure à la Commission européenne sur les budgets votés par les représentants du peuple dans les Parlements nationaux, allongement de l'âge de départ en retraite, fragilisation de services publics essentiels comme l'hôpital, mise au pain sec des collectivités locales, réforme des territoires et des régions administratives anti-démocratiques, ANI, loi Macron, loi El Khomri créant les outils pour déréguler le code du travail au profit des patrons, la politique de l'offre, le CICE avec ses 40 milliards de cadeaux donnés aux entreprises, absence de vraie réforme fiscale redistributive sinon l'augmentation de la TVA et plafonnement de l'impôt sur les hauts revenus en faveur des plus riches, criminalisation du mouvement social et syndical, déchéance de nationalité et état d'urgence prolongé, politique atlantiste dictée par les marchands de canons et bienveillante jusqu'à la caricature avec les intérêts des pétromonarchies réactionnaires du Golfe, argent gaspillé dans le renouvellement de notre force de frappe nucléaire en contradiction avec nos engagements internationaux.

Aujourd'hui, il n'y a guère que le MEDEF, insensible à l'augmentation de la pauvreté, du chômage et des inégalités, qui distribue des satisfecits à François Hollande.

Jamais depuis Guy Mollet, l'expédition impérialiste de Suez et les pleins pouvoirs donnés à l'armée pour « pacifier » l'Algérie et torturer à tour de bras, une expérience de pouvoir de la gauche n'aura été aussi catastrophique, aussi contraire aux idéaux originels de la gauche et aux intérêts des Français.

La monarchie présidentielle s'est encore renforcée avec Hollande qui voulait d'une majorité et d'un parlement godillots et qui n'a pas craint d'imposer une loi travail minoritaire dans l'opinion et chez les députés de gauche par plusieurs recours au 49-3.

François Hollande est responsable d'une aggravation de la crise de la politique, de la crise de confiance des français vis-à-vis de la politique et tout particulièrement de la gauche.

Aujourd'hui, tous deux sans doute candidats aux Présidentielles, Manuel Valls et Emmanuel Macron représentent la continuité vis-à-vis de cette politique de centre-droit acquise au néo-libéralisme et aux intérêts de la finance, prête à anticiper l'effort de destruction des conquêtes ouvrières et sociales de la droite dure.

Les militants, cadres, élus socialistes n'ont, dans leur grande majorité, pas voulu ou su résister à cette politique qui mène la gauche au naufrage et nourrit l'abstention et le vote pour le Front National. Beaucoup d'entre eux étaient pourtant opposés à la vigueur de ce détournement à 180 degrés vis-à-vis des idées matricielles de la gauche.

L'exemple de la débâcle en Europe des autres partis sociaux-libéraux, et surtout des dégâts qu'ils ont pu commettre sur leurs systèmes sociaux et le rapport de force politique et idéologique, aurait dû aussi les faire réfléchir.

Aujourd'hui, il est temps que tout le monde à gauche se ressaisisse et tire les leçons de l'échec politique et social des orientations sociale-libérales pour reconstruire une gauche plus forte et rassemblée sur des bases de rupture avec les pratiques du passé. Une gauche qui ait le courage de s'attaquer aux intérêts capitalistes, de démocratiser la République et l'Europe, de remettre en cause l'austérité et les traités libéraux de l'Union Européenne, de défendre les travailleurs, de lutter contre la désindustrialisation et le chômage, de partager les richesses pour financer des services publics et une protection sociale du XXIe siècle.

C'est notre responsabilité. Aujourd'hui, face à la montée de la pauvreté, de la xénophobie, des logiques ultra-libérales de guerre aux classes populaires, de la réaction de droite et d'extrême-droite, plus que jamais, c'est socialisme (le vrai!) ou barbarie.

Ismaël Dupont, secrétaire départemental du Parti Communiste Français du Finistère

élu PCF Front de Gauche à Morlaix et Morlaix-Communauté

François Hollande, ou le passé d'une illusion
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2 décembre 2016 5 02 /12 /décembre /2016 13:09
IVG: la droite et l'extrême-droite montrent à nouveau leur vrai visage (Laurence Cohen, PCF)

Droit à l’IVG : la droite et l’extrême droite montrent à nouveau leur vrai visage

 

L’inscription du délit d’entrave numérique à l’IVG a franchi une première étape importante avec son adoption en première lecture par l’Assemblée Nationale.

Le débat a été l’occasion pour les élu-e-s les plus réactionnaires de vilipender leur opposition à l’IVG, remettant ainsi en cause la loi Veil.

Nous ne doutons pas que lors de la navette parlementaire, avec son examen au Sénat, la semaine prochaine, sera tout autant le lieu de ces expressions bafouant les droits des femmes.

Les communistes, au parlement comme dans la rue, portent, eux, la voix de cette avancée sociale, nécessaire, au regard de toute cette propagande numérique anti-IVG.

Il est plus que temps de sécuriser ce droit, remis en cause par des sites internet pseudo-officiels, qui tentent par tous les moyens d’interdire l’accès à l’IVG, de dissuader les femmes à faire ce choix, de les culpabiliser.

Nous ne laisserons pas les sphères les plus conservatrices, revenir sur cet acquis des féministes.

L’IVG est un droit individuel et collectif, obtenu de haute-lutte, et sera à coup sûr, l’un des sujets de la campagne des Présidentielles. Le « champion « de la droite, soutenu notamment par la manif pour tous, s’étant déclaré contre cette liberté pour les femmes.

A l’opposé, les communistes proposent que ce droit soit garanti par la Constitution, comme un droit inaliénable.

 

Laurence Cohen, Co-Responsable nationale du PCF " Droits des femmes et Féminisme",

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2 décembre 2016 5 02 /12 /décembre /2016 12:44

intervention introductive Ismaël Dupont - PCF - fête de l'Huma 2016 (vidéo Daniel Ravasio)

Intervention Jean-Marc Cléry - FSU - fête de l'Huma 2016 (vidéo Daniel Ravasio)

Intervention de Paolig Combot, président d'Ar Falz - fête de l'Huma Paris 2016 (vidéo Daniel Ravasio)

Intervention de Stéphanie Stoll, présidente de Diwan - fête de l'Huma Paris 2016 (vidéo Daniel Ravasio)

Et à la fête de l'Humanité Bretagne ce week-end:

Samedi 3 décembre, 18h : « Identité bretonne et langues de Bretagne »

Rencontre-débat avec Georges Cadiou, journaliste, historien, auteur notamment de « L'hermine et la croix gammée », « La gauche et la revendication bretonne », Erik Marchand, chanteur, musicien, fondateur de la Kreiz Breizh Akademi, Vincent Roussel, vice-président de Diwan, et une représentante de Radio Bro Gwened. Débat préparé par Jean-Pierre Fouillé. 

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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 20:55
Photo de Maurice Thorez et Ambroise Croizat sortant de l'hôtel Matignon en 1946

Photo de Maurice Thorez et Ambroise Croizat sortant de l'hôtel Matignon en 1946

La sécurité sociale, les retraites par répartition, les nationalisations, le statut des fonctionnaires, la reconstruction du pays dans un effort d'égalité et de justice sociale... C'était le gouvernement de la Libération, celui de De Gaulle, mais dans un contexte d'écrasement politique de la droite et de la grande bourgeoisie, trop compromises dans la collaboration, avec un Parti Communiste à 30% des suffrages et des ministres communistes d'extraction ouvrière et de courage qui ont remodelé le visage de la France et ont été à l'origine de la République Sociale, cette même république sociale que les Pompidou, Giscard, Mitterrand après 83,  Chirac, Sarkozy, Hollande, n'ont cessé de grignoter ou de pilonner à force de vénérer le veau d'or de la finance et de prendre leurs conseils, non chez les travailleurs, mais chez les technocrates aux ordres de la bourgeoisie. 

Aujourd'hui, c'est Fillon qui veut donner le coup de grâce à ce visage humaniste, social, égalitaire de notre démocratie en supprimant la Sécurité Sociale, développant les retraites par capitalisation, revenant sur la durée légale du travail, en privatisant à tour de bras et vidant les services publics de leur substance. Si vous voulez d'une société à l'américaine, ou revenir au XIX e siècle, votez pour cette droite de la revanche sociale et de la morgue des riches, ou faites tout pour lui laisser le champ libre! On s'en rapproche à grand pas, et certains ne pensent qu'à leurs petits intérêts de boutique ou d'égos!

Libération : quand les ministres communistes changeaient la vie
MICHEL ÉTIÉVENT, ÉCRIVAIN
VENDREDI, 23 NOVEMBRE, 2012
L'HUMANITÉ

1944-1946 : pour la première fois, les communistes participent au pouvoir. Pendant cette période, riche 
de changements politiques profonds, les cinq ministres communistes vont provoquer une véritable cassure dans la manière d’envisager une nouvelle politique au service de l’humain.

Le 31 août 1944, alors que les troupes alliées se battent encore sur le sol français, le général de Gaulle forme le premier gouvernement provisoire. Il compte deux communistes : François Billoux et Charles Tillon. Le 13 novembre 1945, le deuxième gouvernement du général de Gaulle est caractérisé par l’entrée de cinq ministres communistes : Maurice Thorez, Ambroise Croizat, François Billoux, Marcel Paul et Charles Tillon. Les ministres communistes vont devenir acteurs de l’invention sociale, provoquant une véritable cassure dans la manière d’envisager une nouvelle politique au service de l’humain.

Toutes les conditions sont réunies en 1945 pour une rupture : un programme inspiré du Conseil national de la Résistance sous-tendu par la volonté de mettre l’homme au centre de tous les choix ; un rapport de forces pour l’appliquer – 29,9 % des voix au PCF, 5 millions d’adhérents à la CGT ; une classe ouvrière grandie par sa lutte héroïque dans la Résistance ; un patronat déconsidéré par sa collaboration. S’y ajoutent des hommes issus du mouvement ouvrier et capables d’incarner ce mouvement. Des conditions repérables au fil des grands moments de notre histoire sociale et qui fondent tout changement majeur.

Dès la mise en place du deuxième gouvernement de De Gaulle, en novembre 1945, l’objectif est de mettre en application, dans un pays ruiné, les dispositions du programme du CNR. Son préambule résonne aujourd’hui d’une actualité brûlante : « Nous réclamons l’instauration d’une véritable démocratie sociale, impliquant l’éviction des féodalités financières de la direction de l’économie et le retour à la nation des moyens de production, de l’énergie, des richesses du sous-sol… » Empruntons, pour ce faire, le sillage de deux ministres à l’œuvre, sans doute deux des grands innovateurs sociaux du siècle : Ambroise Croizat et Marcel Paul.

Le soir même de sa nomination au ministère du Travail, Croizat, fils de manœuvre, secrétaire de la fédération CGT des métaux, donne le sens de son combat. Ses premiers mots sont pour le peuple : « Ministre du Travail, j’entends demeurer fidèle à mon origine, à mes attaches ouvrières, et mettre mon expérience syndicale au service de la nation. » Son discours signe la force du changement : « Nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous en finirons enfin avec les angoisses du lendemain ! » Il lance parallèlement un appel au peuple mobilisé, à l’irruption d’une dynamique sociale nécessaire au changement : « Il n’y a pas de politique efficace sans l’accompagnement d’un peuple vigilant. Rien ne pourra se faire sans vous. Le changement n’est pas qu’une affaire de lois. Il réclame votre participation dans la rue, la cité, l’entreprise. Il demande vos mains ! »

Cet appel s’accompagne d’une forte présence sur le terrain, qui rompt avec la politique clanique et électoraliste de la IIIe République. François Billoux le rappelle dans son livre, Quand nous étions ministres : « L’essentiel du temps de nos ministres se passait en réunions directes au cœur des entreprises, dans les hôpitaux, les municipalités. Il s’agissait de vraies discussions, où les gens apportaient leurs propositions, leurs solutions. » Les premiers pas d’une démocratie participative qui aboutit à la création de 138 caisses de Sécurité sociale gérées par les travailleurs.

Même exigence au ministère de la Production industrielle, où Marcel Paul, le jour de son investiture, s’adresse ainsi aux hauts fonctionnaires : « On ne vous paie pas pour que vous m’indiquiez les articles du Code m’interdisant de réformer, mais pour y trouver ceux qui vont me le permettre ! » Et les électriciens et gaziers, devenus par le biais de la nationalisation, selon les mots de Paul, « acteurs, citoyens, gérants de leur entreprise », redonneront à la France l’énergie qui lui manquait. « À développement économique à la hauteur des ambitions de la nation, il faut un statut social à la hauteur des besoins des hommes. » Cette phrase de Paul, étonnante de modernité, traverse la politique mise en place sous l’inspiration du CNR.

L’objectif est clair : allier l’essor économique au progrès social. D’où le statut des électriciens et gaziers du 22 juin 1946, celui des mineurs, ou, avec Croizat, l’institution d’une vraie « protection sociale » qui offre les moyens d’espérer des lendemains sereins. Là est l’innovation première de la pratique des ministres communistes à la Libération. Il faut y ajouter la capacité à mener de pair deux politiques : l’une faite de grandes idées transformatrices de la société à long terme (l’instauration de la Sécurité sociale, par exemple) ; l’autre, d’une politique de satisfaction immédiate des besoins des gens : doublement du montant des allocations familiales, institution de la retraite, lois sur les heures supplémentaires, augmentation des salaires, création de la fonction publique… Un corpus de lois sociales impressionnant donne au peuple français la dignité de son identité sociale…

(*) Auteur d’Ambroise Croizat ou l’invention sociale, 
suivi de Lettres de prisons 1939-1941.

La Sécurité sociale « Outre le fait qu’elle ouvre le droit à la santé pour tous, la Sécurité sociale a pour objectif de relever la France de ses ruines. Elle offre au salarié une tranquillité sociale qui lui permettra de reconstruire le pays à l’aune de ses besoins. » Ainsi s’exprime Ambroise Croizat, inaugurant le nouveau système de Sécurité sociale en 1945. « Nous bâtirons un plan de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence au cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail avec gestion des intéressés et de l’État. » Croizat reprend l’article 21 de la Déclaration des droits de l’homme 
de 1793 qui établissait le droit au travail et à la santé. Cent trente-huit caisses sont édifiées en moins de huit mois sous sa maîtrise d’œuvre par un peuple anonyme après le travail ou sur le temps des congés. Quatre principes charpentent l’institution. L’Unicité : tous les « risques sociaux » sont regroupés dans une seule caisse en proximité des assurés ; la Solidarité : pilier de l’édifice qui est financé par les richesses créées dans l’entreprise ; l’Universalité ; la Démocratie.

 

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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 20:29
Ousmane Sow: le scuplteur des hommes debout, est mort (L'Humanité, 1er décembre 2016)
Ousmane Sow, le sculpteur des hommes debout, est mort
AVEC AFP
JEUDI, 1 DÉCEMBRE, 2016 - L'Humanite
Ses sculptures monumentales de guerriers ont fait le tour du monde : figure majeure de l'art contemporain africain, le Sénégalais Ousmane Sow, décédé jeudi à l'âge de 81 ans à Dakar, a magnifié les grands peuples du continent noir.
En France, le grand public l'a découvert en 1999 lors d'une rétrospective sur le Pont des Arts à Paris. Ses guerriers Masaï du Kenya, ses lutteurs de l'ethnie Nouba du sud Soudan, ses Indiens d'Amérique, colosses figés dans le mouvement, au regard intense, attirent alors plus de trois millions de personnes.
"Jamais un gamin ne m'a demandé ce que mes sculptures voulaient dire. Je sculpte des hommes. J'ai tellement peur qu'on ne me comprenne pas, ou qu'on interprète mal ce que je dis, que je parle très directement. C'est la même chose en art", disait Ousmane Sow, du haut de son 1,93 m.
Né le 10 octobre 1935 à Dakar, le sculpteur n'a "jamais rêvé d'être un artiste", confiait-il en 2009. "Peut-être cela a été une chance. J'ai fait ça par plaisir".
A l'école, ce fils de comptable se plaisait à tailler de petites figurines dans des blocs de calcaire. Puis il s'est intéressé au fil de fer. Quand il part à 22 ans pour la France, il ne pense pas un instant à en faire un métier. A Paris, Ousmane Sow a parfois faim et froid. Il fait tous les métiers, puis devient infirmier et finalement kinésithérapeute. Une formation qui lui confère une parfaite connaissance des muscles et de l'anatomie dont il ne cessera de se servir plus tard pour ses créations. Après l'indépendance du Sénégal en 1960, Ousmane Sow revient s'installer dans son pays, avant de monter un cabinet à Montreuil, en banlieue parisienne. Il sculpte toujours pour son plaisir mais jusqu'à l'âge de 50 ans, détruit ses oeuvres, par manque de place notamment.
Un jour, un ami attire l'attention du Centre culturel français de Dakar sur ces sculptures et celui-ci lui consacre une exposition en 1987. Un succès, et le début d'une carrière fulgurante pour cet homme libre, qui n'a "jamais eu de patron". Ce "saut dans l'inconnu", il le représenta sur son épée lorsqu'il fut en 2013 le premier Africain à rejoindre l'Académie des Beaux-arts en tant que membre associé étranger. La série des Nouba, inspirée par les photos de Leni Riefenstahl, est présentée à la Documenta de Kassel en 1992, marquant l'entrée d'Ousmane Sow dans la cour des grands artistes contemporains. Trois ans plus tard, il expose au Palazzo Grassi, à l'occasion du centenaire de la Biennale de Venise.
Il poursuit son exploration des peuples africains avec "Les Masaï", "Les Zoulous", puis "Les Peuls", avant de s'intéresser aux Indiens d'Amérique à travers la mythique bataille de "Little Big Horn".
Ses sculptures monumentales aux tons bruns-ocres, cet homme massif les crée à partir d'une mixture secrète, macérée pendant plusieurs années et appliquée sur des ossatures de fer, de paille et de jute. Toujours sans modèle. "La kiné m'a libéré du corps parfait. Je peux me bander les yeux et faire un corps humain de la tête aux pieds", confiait le sculpteur, qui réalisait aussi des bronzes de ses oeuvres.
Ousmane Sow a aussi exploré la sculpture de grandes figures ayant marqué sa vie - Victor Hugo, de Gaulle, Mandela - et rêvait d'un "Musée des grands hommes". Au côté de ces personnalités, il voulait voir figurer son père, Moctar Sow, décédé en 1956. "Il m'a appris à avoir une énorme confiance en moi", disait-il. Sa dernière oeuvre est une tête monumentale de 2 m de diamètre, commande de la République du Sénégal. Ousmane Sow "emporte avec lui rêves et projets que son organisme trop fatigué n'a pas voulu suivre", a souligné sa famille, précisant qu'il avait fait ces derniers mois plusieurs séjours à l'hôpital à Paris et à Dakar.
 
Lire aussi :
 
Interview de Ousmane Sow par Pierre Barbancey le 30 mars 1999 dans L'Humanité
 
Les géants d'Ousmane Sow traversent les continents

Sur le pont des Arts à Paris, le sculpteur sénégalais présente notamment ses dernières statues consacrées à la bataille de Little Big Horn. Un travail spectaculaire, par les formes et les matériaux utilisés.

Né en 1935 à Dakar (Sénégal), Ousmane Sow ne pratique la sculpture que depuis une douzaine d'années. D'abord kinésithérapeute, il commence par fabriquer des marionnettes avec tout ce qui lui tombe sous la main, pour raconter des histoires. Très vite, il met au point son propre " produit ", dont il conserve jalousement le secret, et se lance dans la sculpture de grande dimension : les guerriers animistes noubas (sud du Soudan), les Massaïs (ethnie du nord du Kenya), les Zoulous et les Peuls. On peut en voir certaines sur le pont des Arts, accompagnant ses dernières productions, consacrées à la célèbre bataille de Little Big Horn, dernière victoire remportée par les Sioux, les Arapahos et les Cheyennes sur le VIIe de cavalerie du général Custer, en 1876.

Qu'est-ce qui vous a conduit à la réalisation de " Little Big Horn "? 

Ousmane Sow. Je me suis d'abord intéressé aux ethnies africaines. Little Big Horn, c'est une bataille, mais ce qui m'intéressait avant tout, c'est la vie des Indiens. Comme je ne voulais pas faire des Indiens dans leur vie quotidienne comme cela s'est passé pour les Peuls, il a fallu les replacer dans une situation conflictuelle. Ça me permettait de leur donner un mouvement, d'où le choix de Little Big Horn. Pour moi, ce n'est pas seulement un fait historique. Je voulais parler des Indiens en action.



Vous avez traité les Noubas, les Massaïs, les Zoulous puis les Peuls. Là, vous traversez l'Atlantique, à la rencontre des Indiens. Quel a été votre cheminement ?

Ousmane Sow. Les Indiens sont plus près des Africains que bien d'autres peuples. Il n'est qu'à considérer leur mode de vie, leurs croyances. Cette vie quotidienne s'apparente à celle des tribus africaines. Il y a donc une logique, une continuité dans mon travail. Ça me permet de ne pas seulement parler de nous. Je ne pense pas que, sur le pont des Arts, là où ils sont, il y ait un paradoxe. Ça ne tranche pas avec les peuplades africaines qui y sont aussi exposées.



Comment avez-vous organisé les scènes que l'on peut voir sur le pont des Arts ?

Ousmane Sow. Je les ai imaginées. Pour les hommes, ce n'était pas trop difficile. Mais pour les chevaux qu'il fallait empiler, il fallait trouver un certain écartement, donner un point d'appui pour recevoir le cheval qui allait venir dessus. Ça, je n'avais pas cette possibilité parce que, même si j'ai de la place à Dakar, là où je conçois mes sculptures, je n'en ai pas suffisamment pour les mettre en scène comme sur le pont. Il y a eu une part de chance.

Pierre Barbancey. Lorsque vous avez conçu le projet " Little Big Horn ", saviez-vous qu'elles étaient destinées au pont des Arts ?

Ousmane Sow. Il y avait un projet d'exposition qui me paraissait utopique. Je savais les difficultés à les installer dehors et surtout à un tel endroit, qui chevauche deux arrondissements de Paris. Ma compagne, Béatrice Soulé, a réussi à obtenir les accords. C'est l'idéal d'avoir un pont comme le pont des Arts, le bien nommé. C'est extraordinaire. Vous vous rendez compte de la puissance évocatrice de ce pont.


Pierre Barbancey. Vous avez beaucoup plus l'habitude de travailler sur des corps humains. Cette fois-ci, vous intégrez des animaux. Comment avez-vous abordé ce nouveau sujet ?

Ousmane Sow. Le cheval est un être parfait. Mais il ne faut pas le décrire tel qu'il est. Il faut essayer de tricher un peu, d'exagérer quelques traits pour arriver à le faire vibrer. J'ai pris le parti de l'humaniser pour lui donner - je n'ose pas dire la vie - un peu de souffle. Quand on donne un caractère à un visage, c'est la même chose. À partir du moment où le caractère cohérent est donné, on ne sait plus ce qui a été modifié. Mais, si vous n'aviez pas osé le faire par petites touches, peut-être seriez-vous passé à côté de pas mal de choses.

La technique n'est pas la même. Quand on fait cela, on est habité par d'autres propos qu'on a du mal à expliquer la tête froide, à moins d'être un professeur. L'art, c'est la liberté, la liberté d'expression. L'essentiel est que ça plaise à celui qui le fait, avant.


Pierre Barbancey. Dans votre travail de sculpture proprement dit, à quelles explorations nouvelles vous a conduit " Little Big Horn " ?

Ousmane Sow. Cela m'a permis de me libérer de mes réserves vis-à-vis de la couleur. Il y avait des habits, des instruments, des chevaux à réaliser. Donc, pour la première fois, j'ai utilisé une gamme de couleurs assez significatives. Auparavant, je me cantonnais à deux ou trois couleurs maximum. C'est une nouveauté pour moi.

C'est une question de mûrissement. Il faut qu'il y ait une certaine compréhension de ce qu'on veut transmettre comme langage. Si on prend la sculpture comme mode d'expression, je pense qu'introduire des couleurs alors qu'on ne le faisait pas avant paraît tout à fait naturel. Je ne voulais pas dramatiser la guerre à outrance. C'est une scène dramatique qui part de la confrontation de deux êtres, même deux races. Il fallait adoucir un peu, en ne mettant volontairement pas de sang, pas de plaies sur les corps. En ne mettant pas que du bleu pour les soldats. Il ne fallait pas non plus exagérer parce que ce n'était pas carnaval.

Il est des couleurs qui peuvent donner l'atmosphère de guerre tout en développant une certaine tranquillité. Ce n'était pas calculé. C'est quelque chose que j'ai voulu introduire. En réalité, en commençant à travailler, je n'étais pas tellement téméraire sur les couleurs. En construisant ma maison, je me suis laissé aller à la peindre de toutes les couleurs. J'ai trouvé ça agréable, donner de la couleur aux choses. Mais je n'ai pas transigé sur ce que je voulais dire. À partir de ce moment, les couleurs devenaient anecdotiques. C'est pour le regard, pour le plaisir de faire des mélanges. Si les formes avaient été ratées, la couleur n'aurait été d'aucun secours. La couleur, c'est un support. J'ai essayé de traduire la vie courante, sans faire de misérabilisme, c'est-à-dire rien que du noir ou du marron ou du bleu. Ça aurait été glacé.


Pierre Barbancey. Après cette expérience, la couleur va désormais vous accompagner ?

Ousmane Sow. Je n'ai pas de préjugés. Je peux revenir à quelque chose de monocolore. Je vais peut-être attaquer une nouvelle série, consacrée aux Égyptiens. Il y a énormément de couleurs, je vais peut-être reconduire ce que j'ai fait ici. Je ne sais pas encore.

Pierre Barbancey. En revanche, vous avez continué à utiliser le même type de matériau...

Ousmane Sow. C'est variable. Il y a tout de même une base, un produit contenu dans un fût qui macère pendant de longues années. Mais, une fois sortie, je peux ajouter, retrancher, épaissir, fluidifier. Je fais ce que je veux avec ce matériau de base. C'est la chance que j'ai. Lorsque vous êtes en face d'un bloc qu'il faut tailler, si vous loupez votre coup, vous faites un trou. Moi, je peux faire avec autant de finesse que possible.

Pierre Barbancey. La sculpture traditionnelle sénégalaise, et plus généralement africaine, vous influence-t-elle ?

Ousmane Sow. Quelque chose d'insensible. Quand on voit mes sculptures, même si je traite des Blancs, on s'aperçoit que c'est un Africain qui a travaillé. C'est en cela que je suis un sculpteur africain, alors que je m'adresse à tout le monde. Il y a quelque chose qui est en moi. Je suis un sculpteur d'Afrique mais pas d'art africain. Je crois que mon travail dépasse l'Afrique.

Entretien réalisé par Pierre Barbancey
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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 20:27
Che Guevara et Fidel Castro: deux frères de combat (José Fort, L'Humanité - 1er décembre 2017)
Che et Fidel : deux frères de combat
JOSÉ FORT
JEUDI, 1 DÉCEMBRE, 2016 - L'Humanité
Le billet de José Fort. J’entends tellement d’âneries en ce moment sur les relations entre Fidel Castro et Che Guevara que je me permets de publier à nouveau un de mes articles.

« J’ai toujours été fier de mon fils et je sais qu’il restera dans les mémoires comme un homme droit, courageux, défendant de nobles causes, des valeurs de justice et de liberté. Un vrai révolutionnaire. » Ainsi me parlait M. Guevara Lynch, le père de Ernesto Rafael Guevara de la Serna dit le « Che ».  Au quinzième étage de l’Hôtel Habana Libre dans la capitale cubaine, nous avions pris l’habitude de prendre le café. Enfin, moi le café et lui le maté , l’infusion stimulante et diurétique traditionnelle argentine lors de nos « matinales » où nous échangions nos opinions sur un film, un bouquin, l’actualité internationale, l’orage de la veille et … la vie du « Che ». Aujourd’hui disparu, M. Guevara Lynch dont je conserve le souvenir d’un homme chaleureux m’a permis de découvrir la vie de son fils qui restera une figure emblématique du XX eme siècle.

Ernesto Rafael Guevara de La Serna, né le jeudi 14 juin 1928 à Rosario, aurait pu vivre bourgeoisement dans son pays, l’Argentine. Fils de l’architecte Ernesto Guevara Lynch, de descendance espagnole et irlandaise, et de Celia de la Serna de la Llosa, fille de famille fortunée, le future Che, déjà asthmatique, a d’abord vécu dans les quartiers huppés  de Buenos Aires puis dans la région de Cordoba, avant de s’installer à nouveau dans la capitale argentine. En 1947, il commence ses études et montre peu d’intérêt pour la politique, alors que ses parents affichent leur hostilité au régime péroniste. C’est une jeune communiste argentine, Berta Gilda Infante, connue sous le nom de Tita, qui lui propose ses premières lectures marxistes.

"Les conditions dans lesquelles j’avais voyagé m’avaient fait entrer en contact avec la misère, la faim et la maladie"

Premier voyage au Chili, au Pérou, en Colombie en octobre 1950. A 23 ans, Il repart à la fin 1951 sillonner l’Amérique latine sur une Norton 500 cm3 baptisée « La Vigoureuse » avec son ami Alberto Granado qui vient de mourir à La Havane. La moto les lâche en cours de route et ils trouvent des petits boulots pour financer le voyage : marchands ambulants, dockers, plongeurs dans des restaurants et même entraîneurs de football. Ernesto rentre à Buenos Aires terminer ses études et devient médecin. Il reprend la route à la découverte du continent : Bolivie, Pérou, Equateur, Panama, Costa Rica, Honduras, Nicaragua, Salvador, pour finalement arriver au Guatemala. Il découvre la triste réalité du continent, la pauvreté, la surexploitation, la violence, l’arrogante colonisation nord-américaine. Plus tard, il déclara : «  les conditions dans lesquelles j’avais voyagé m’avaient fait entrer en contact avec la misère, la faim  et la maladie. J’ai eu sous les yeux la dégradation provoquée par la sous-alimentation et la répression. » Plus tard au Mexique, il rencontre Fidel Castro et décide de s’engager totalement dans le mouvement révolutionnaire aux côtés des rebelles cubains, qui lui donnent le surnom « El Che », che étant une interjection  dans le langage parlé argentin (comme hé) dont Guevara usait souvent. « Je passais toute la nuit à parler avec Fidel », écrira Che, poursuivant : « A l’aube, j’étais le médecin de sa future expédition. Il est vrai que, depuis la dernière expérience vécue au cours de mes voyages à travers l’Amérique latine, et finalement au Guatemala, il ne fallait pas beaucoup pour m’inciter à entrer dans n’importe quelle révolution contre un tyran. Fidel m’a impressionné. Je fus gagné par son optimisme. Il fallait passer à l’action, combattre et concrétiser. »

Che sera de tous les coups : le débarquement à Cuba du « Granma » en 1956, la guérilla dans la Sierra Maestra, la bataille de Santa Clara, la victoire de la révolution cubaine, l’entrée dans La Havane en janvier 1959. Un mois plus tard, pour service rendu à la patrie, Ernesto Guevara est déclaré citoyen cubain. Alors commence le deuxième chapitre de l’histoire.

Ernesto Guevara était médecin et révolutionnaire, pas économiste

Guevara n’était pas un spécialiste de l’économie. Il effectue pourtant ses premiers déplacements à l’étranger pour traiter de ces questions puis occupe successivement les postes de président de la Banque nationale de Cuba et de ministre de l’Industrie. Etait-il le mieux placé pour occuper de telles fonctions ? À l’époque les candidats ne se pressaient pas au portillon. Quoi qu’il en en soit, l’attitude des gouvernants étatsuniens allait radicaliser la révolution. C’est ainsi que le Che notait qu’à « chaque coup de l’impérialisme US nous devions riposter. Chaque fois que les Yankees prenaient une mesure contre Cuba, nous devions immédiatement prendre une contre-mesure, et la révolution se radicalisait ainsi progressivement. » La construction du socialisme «  ce drame étrange et passionnant », selon le Che, était à l’ordre du jour pour la première fois en Amérique latine. Entre 1963 et 1965, Guevara effectue de nombreux voyages dans le tiers-monde, en Chine et en URSS. Il critique « la bureaucratie du socialisme réel », affirmant que «la recherche marxiste avance sur une route dangereuse. Au dogmatisme intransigeant de l’époque de Staline a succédé un  pragmatisme inconsistant ». En février 1965, lors d’un discours prononcé à Alger, il critique les pays dits socialistes « complices dans une certaine mesure de l’exploitation impérialiste. » La goutte qui fait déborder le vase de la colère des dirigeants soviétiques contre celui qui déclare : «  Il faut fuir comme la peste la pensée mécanique. Le marxisme est un processus d’évolution. Le sectarisme à l’intérieur du marxisme crée un malaise, un refus de l’expérience. Le Che accepte aussi de reconnaître ses propres erreurs : l’excès de volontarisme, une politique souvent désastreuse en matière agricole, l’industrialisation à marche forcée ne prenant pas en compte les contraintes nationales et internationales fournissant une production de médiocre qualité à un prix élevé. Ernesto Guevara était médecin et révolutionnaire, pas économiste. Il en tirera les leçons. Une, particulièrement : il est impossible de construire le socialisme dans un seul pays,  qui plus est dans une petite île dépourvue de matières premières et d’énergie et obligée de se soumettre aux lois du marché. La seule solution, selon lui, est dans l’extension de la révolution, permettant des échanges économiques justes, équitables et empêchant toute mainmise étrangère sur le pays et sur sa politique nationale et internationale. Le prélude à son célèbre mot d’ordre : « il faut créer un, deux, trois, plusieurs Vietnam », alors que ce pays d’Asie mène un terrible combat pour son indépendance contre la première puissance économique et militaire mondiale. Pour le Che, « nous ne pouvons rester indifférents devant ce qui se passe dans le monde. Une victoire ans n’importe quel pays contre l’impérialisme est notre victoire. Une défaite de n’importe quelle nation est notre défaite ».

Le Che est toujours disponible. Il sillonne le pays, participe à la coupe de la canne à sucre, anime des débats là où on ne l’attend pas. On le voit dans les rues de la capitale jouer échecs. Pour lui, il s’agit d’un « jeu science » et s’inscrit fréquemment dans les tournois de classification. Il affirme que « le jeu d’échecs est un passe-temps, mais aussi un éducateur de raisonnement, et les pays qui ont des grandes équipe de joueurs d’échecs sont à la tête du monde dans d’autres domaines ».

Où est passé Guevara ?

Le Che quitte les allées du pouvoir et Cuba en 1965. Le monde s’interroge : où est passé Guevara ? L’ancien ministre a repris son treillis vert olive – et des costumes-cravate pour franchir clandestinement les frontières – avec pour objectif l’élargissement du front anti-impérialiste, avec le total accord et soutien de Fidel Castro. Entre ces deux hommes aux qualités complémentaires, contrairement à une légende, l’entente était totale. Pour le père du Che « ils se partageaient les taches ».

Ernesto Guevara part pour le Congo  « venger » Patrice Lumumba assassiné et soutenir le mouvement révolutionnaire dans sa lutte contre Moïse Tschombé. La guérilla composée de Cubains et de Congolais s’enlise au fil des mois. Au manque de moyens et des dissensions entre les différents groupes rebelles congolais s’ajoutent les pressions venues de Moscou et de Pékin. Le Che devra constater que « nous ne pouvons pas libérer tout seul un pays qui ne veut pas se battre » et quittera l’Afrique, voyagera clandestinement, avant de lancer une guérilla en Bolivie. Son dernier combat à forte valeur symbolique et stratégique.

"C’est la dernière fois que je vois le soleil se coucher"

Symbolique ? La Bolivie, dirigée à l’époque par le dictateur Barrientos, porte le nom de Simon Bolivar, leader des guerres d’indépendance contre la domination espagnole.
Stratégique ? La Bolivie se trouve au cœur du continent et dispose de frontières avec le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, le Chili et le Pérou. Après plusieurs mois, la guérilla s’enfonce dans l’échec. Pour plusieurs raisons : le manque d’un soutien populaire, une armée bolivienne bénéficiant d’une aide massive des Etats-Unis, la mobilisation de la CIA sur le terrain, le mauvais choix du lieu d’installation de la guérilla, l’absence de relais avec les villes, le rejet par les organisations syndicales et progressistes et l’hostilité des communistes boliviens inspirés par Moscou.

En ce début du mois d’octobre 1967, la plupart des compagnons du Che sont morts ou en fuite. Guevara tente d’échapper à la traque. En vain. Cerné, il est fait prisonnier au matin du 8 octobre à quelques kilomètres de La Higuera, une petite ville situé dans la précordillère andine. Blessé, il est installé sous bonne garde dans une classe d’une petite école. Les responsables de la CIA et les hommes du dictateur Barrientos consultent  La Paz et Washington. Et c’est au colonel Zentana que revient l’ordre de tuer Guevara. Le Che aura le temps d’écrire : «  c’est la dernière fois que je vois le soleil se coucher ». » Neuf ans plus tard, le colonel Zentana sera abattu dans une rue de Paris.

 

Au panthéon des mythes

Quarante cinq ans après sa mort, Ernesto Guevara est porté au panthéon des mythes de notre temps. Pourquoi les nouvelles générations choisissent-elles de porter  des tee-shirts à son effigie ? Pourquoi le Che apparaît si moderne et provoque tant d’admiration ? A chacun son Che. Mais n’est-ce pas les qualités de rebelle, de courage, de droiture, d’éthique qui emportent l’adhésion des jeunes du monde entier à ce personnage qui a préféré aux honneurs  la lutte anti-impérialiste au socialisme sclérosé, l’action internationaliste aux sirènes des apparats et des passe-droits, la simplicité et l’engagement total ?

José Fort est un internationaliste passionné du monde, journaliste, ancien chef du service monde de l’Humanité.
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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 20:24
2017, le PCF rentre en campagne (L'Humanité, 1er décembre 2017)
2017, le PCF entre en campagnes
CÉDRIC CLÉRIN
JEUDI, 1 DÉCEMBRE, 2016
HUMANITE.FR

Lors d'une conférence de presse à l'issue du premier conseil national du PCF post-vote des militants, Pierre Laurent a présenté la démarche et les grandes étapes de la campagne communiste pour la présidentielle et les législatives.

Réuni pour la première fois depuis le vote des communistes qui ont décidé d'appeler à voter pour Jean-Luc Mélenchon tout en menant une campagne autonome, le conseil national du PCF en a dessiné les contours. Le PCF veut déjouer le piège d'un « duel  mortifère » entre François Fillon et son programme « ultra libéral et ultra réactionnaire » et la fausse alternative que compte incarner le FN avec Marine le pen. « Ce sont les deux faces d'un même système en crise », a déclaré Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. Une brochure, dénonçant les programmes de la droite et de l’extrême droite, sera éditée au mois de janvier pour mener campagne en ce sens. 
Devant l'urgence de la situation, Pierre Laurent compte poursuivre son travail de rassemblement des forces d'alternatives à gauche  et appelle tout le monde à «  prendre conscience de l'impératif de rassemblement » pour « créer une dynamique suffisante et faire émerger un projet progressiste pour la France ».  Le Parti communiste veut mener ce travail, en dehors « des gesticulations pathétiques » du trio Hollande/Valls/Macrons qualifié de « Tiercé perdant pour la gauche », a précisé le dirigeant communiste. 
 Dès la semaine prochaine, à l'invitation du PCF  et d'acteurs du mouvement social, 150 personnalités  sont conviés à une soirée «  rassemblant forces politiques, citoyennes  et sociales » à la Belleviloise à Paris pour envisager des actions communes. 
Le « pacte d'engagements communs » regroupant 7 axes de transformation pour le pays, (VIE république, pouvoir sur la finance, écologie...) servira également de base à la campagne des communistes. 577 débats autour du projet doivent ainsi permettre dans chacune des circonscription législatives  de le discuter. Le PCF, qui considèrent que « les campagnes présidentielles et législatives sont d'égales importances » poursuit par ailleurs la désignation de ses candidats pour l'Assemblée nationale. Ceux-ci pourront être présentés ou soutenus par le PCF  dans le cadre d'un plus large rassemblement avec les forces appuyant la candidature de Jean-Luc Melenchon ou au-delà.  Les candidats aux élections législatives seront présentés le 28 janvier autour du slogan « Non à la monarchie présidentielle, démocratie citoyenne ! » 
Dans les prochains jours, le PCF rencontrera la France insoumise ainsi que les forces qui soutiennent Jean-Luc Mélenchon pour envisager les modalités de campagne.  

Journaliste à l'Humanité dimanche
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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 20:20
François Hollande renonce à se prononcer à la présidentielle (L'Humanité, 1er décembre 2016): "moi président", c'était une mauvaise farce à chute terrible!
François Hollande renonce à se présenter à la présidentielle
LIONEL VENTURINI
JEUDI, 1 DÉCEMBRE, 2016
HUMANITE.FR

François Hollande a annoncé ce jeudi soir en direct à la télévision qu'il renonçait à se présenter à l'élection présidentielle de 2017.

Le chef de l'Etat, dont la décision était attendue depuis des semaines par une majorité socialiste divisée et pessimiste sur les chances de même figurer au second tour, a expliqué qu'il entendait continuer à être président jusqu'au bout de son mandat. "Aujourd'hui je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle, aussi j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle", a-t-il dit à l'Elysée. C'est la première fois qu'un président en exercice de la Ve République renonce à briguer un second mandat.
 
Pas candidat à sa propre succession, une première dans la Ve République depuis Georges Pompidou et son décès durant son mandat, François Hollande effectue dans le même temps un droit d’inventaire et un éclair de lucidité. Droit d’inventaire, en défendant longuement un bilan de son quinquennat quelque peu enjolivé. « J’ai agi pour redresser la France et la rendre plus juste » défend-il, jugeant « la Sécu à l’équilibre », « la dette préservée » et même la finance « régulée » -euphémisme signant en creux l’échec. Au titre des libertés, il cite le mariage pour tous bien sûr, mais aussi se targue d’avoir fait avancer l’égalité homes-femmes, et avoir « amplifié la lutte contre les discriminations », en se gardant bien d’en citer des exemples. C’est pourtant  « la lucidité » que le chef de l’Etat revendique pour renoncer. Il concède des « erreurs »,  et un seul « regret », le débat sur la déchéance de nationalité, qui « nous a divisé ».  Avis à Manuel Valls, en pointe sur ce projet… Sur le chômage, le critère qu’il se donnait depuis 2012 pour pouvoir se représenter, il assure que « les résultats sont là », qu’il « a pris tous les risques ». Alors pourquoi renoncer, au terme des ces longues minutes de défense et illustration  de son bilan ? « Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle. Aussi, j'ai décidé de ne pas être candidat à l'élection présidentielle », a-t-il conclut en fin d’allocution, la voix blanche et hésitante. 
 
Avec des intentions de vote actuelles qui le reléguaient en cinquième ou sixième position, derrière François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, des sondages montrant que quel que soit le candidat soutenu par le PS, il ne dépasse à ce stade de la campagne jamais les 10% au premier tour de l'élection présidentielle d'avril 2017 (9% pour Harris Interactive, 8% pour Odoxa), François Hollande n’avait guère de choix. Sinon prendre acte du rejet qu’il porte dans l’opinion, à rebours du bilan qu’il a défendu lors de son allocution.  
 
Pour l’heure, il demeure président durant cinq mois,  et s’est contenté d’un appel à l’unité de la gauche, sans pencher ouvertement pour un candidat plutôt qu’un autre. Si la candidature de Manuel Valls ne fait plus guère de doute,  et entrainera un remaniement sans doute a minima, François Hollande s’est voulu au dessus de la mêlée,  souhaitant un « sursaut collectif », appuyant implicitement la primaire du PS fin janvier et expliquant « comme président de la République je me dois de diriger l'État. Comme socialiste, je ne peux me résoudre à la dispersion de la gauche». Il met en garde contre François Fillon, dont « le projet met en cause le modèle social », et l’extrême droite, sans nommer Marine Le Pen, qui « nous appelle au repli ». Nul doute qu’il sera plus tard, dans la campagne, tout sauf un observateur.
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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 13:33

Jean-Jacques Candelier député PCF- Front de gauche du Nord

"Le Smic n’aura augmenté que de 45 euros sur toute la durée du quinquennat"

jeudi 1er décembre 2016

Interrogée par Jean-Jacques Candelier sur le "faible" niveau du smic, la ministre du Travail a botté en touche et mis en avant les mesures prises par le gouvernement, procurant, selon elle, des revenus bien meilleurs aux plus modestes.

Myriam El Khomri dit réserver sa réponse pour le 19 décembre, après la réunion des partenaires sociaux, préférant mettre en avant les mesures prises pendant le quinquennat :

"Vous indiquez que le gouvernement n’a rien fait pour améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs modestes... [...] Je suis désolée, aucun gouvernement n’aura fait autant pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages" a t-elle précisé.

L’Intervention du député Front de gauche

le 28 novembre, le groupe d’experts sur le SMIC a rendu son avis. Selon lui il n’est pas nécessaire de donner un coup de pouce au salaire minimum, fixé aujourd’hui à 1 141 euros net par mois et qui concerne 1,6 million de salariés.

Si vous suivez l’avis des experts – comme vous le faites depuis maintenant quatre ans au nom de la sacro-sainte compétitivité –, le SMIC n’aura augmenté que de quarante-cinq euros sur l’ensemble du quinquennat, essentiellement du fait des revalorisations automatiques légales. Ce serait une première qu’un gouvernement se réclamant de gauche n’ose pas agir en faveur des bas salaires durant son mandat.

Dans le même temps, quarante milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires en 2016, faisant de la France la championne d’Europe en la matière.
Tout cela n’est que le reflet de la politique que vous menez depuis cinq ans : une politique de baisse de charges pour les entreprises au détriment du pouvoir d’achat des salariés.

Dans ce contexte, l’augmentation du salaire minimum est une exigence sociale autant qu’une nécessité économique.

Une exigence sociale d’abord, les besoins les plus élémentaires d’une grande partie de nos concitoyens n’arrivant plus à être satisfaits. Comment pourrait-on vivre dignement avec 1 141 euros par mois alors qu’on est considéré comme pauvre avec moins de mille euros de ressources ?

Une nécessité économique ensuite car l’augmentation du salaire minimum est le meilleur moyen de lutter contre les inégalités, qui ne cessent de croître dans notre pays. Il est plus que temps de redonner du pouvoir d’achat à nos concitoyens. Cela permettrait de faire repartir la consommation des ménages, moteur de la croissance française.

Monsieur le Premier ministre, ma question est simple : le Gouvernement va-t-il satisfaire les attentes populaires et les besoins du pays en se décidant enfin à augmenter le SMIC ?

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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 13:26
Conseil National du Parti Communiste du 1er décembre: rapport introductif de Pierre Laurent

Conseil national du PCF – 1er décembre 2016

Rapport introductif de Pierre Laurent

 

Cher-e-s camarades,

J'ai à cœur de commencer ce rapport en évoquant l'émotion, qui a étreint les communistes français , le peuple cubain comme les progressistes d'Amérique Latine et du monde entier, à l'annonce de la disparition de Fidel Castro, que toutes et tous appelaient simplement « Fidel ».

Le président Fidel Castro fut l'artisan de l'une des plus importantes révolutions initiées au XXe siècle et l'une des personnalités les plus importantes de notre histoire.

La révolution qu'il a dirigée dès 1953, est l'un des plus importants moments de l'histoire de Cuba et de l'Amérique latine: elle a signifié pour le peuple cubain la conquête de l'indépendance et le début d'un processus de construction d'une nouvelle société qui continue aujourd'hui. Pour l'Amérique latine, elle est restée un symbole de résistance et la possibilité d'une société juste et souveraine pour tous les peuples.

Le décès de cette grande personnalité, toujours admirée et respectée par ses amis et par ses ennemis les plus lucides, intervient alors que Cuba entre dans une nouvelle étape avec le rétablissement des relations avec les États-Unis, la puissance hégémonique mondiale qui avait mis tous les moyens pour abattre la révolution cubaine sans jamais réussir. La politique de harcèlement et de blocus mise en œuvre par Washington pendant un demi-siècle a montré l'impuissance de la première puissance mondiale face à la volonté de tout un peuple de résister et face aux changements intervenus dans la région avec les avancées des forces progressistes.

Les forces anti-impérialistes savent tout ce qu'elles doivent à la révolution cubaine et à Fidel Castro. Même dans les moments les plus difficiles, la révolution cubaine est restée fermement solidaire avec les forces progressistes du continent.

Personne ne pourra oublier ses combats.

En compagnie de Éliane Assassi, présidente du groupe au Sénat, Camille Lainé secrétaire Générale de la Jeunesse Communiste , je me suis rendu mardi à l'Ambassade de Cuba à Paris témoigner de la peine et la solidarité des communistes français envers le peuple cubain. Lydia Samarbakhsh nous a représentés à l'Hommage national rendu à Fidel place de la Révolution à Cuba, mardi.

Nous tiendrons ici même, vendredi 9 décembre, une soirée hommage au président Fidel Castro et je vous propose que notre Conseil national fasse part de sa solidarité fraternelle au peuple cubain et à ses dirigeants.

Inutile de préciser l'importance de ce Conseil national. Quelques jours après la désignation de François Fillon comme candidat de la droite, au moment où François Hollande et Manuel Valls continuent d'offrir le spectacle d'un pouvoir à l'agonie, des millions de travailleurs, de femmes et d'hommes de gauche attendent beaucoup du Parti communiste. Les adhérents de notre parti attendent aussi beaucoup de notre Conseil national pour tirer les enseignements de notre vote et définir le mode d’emploi de notre campagne et intensifier sa mise en œuvre.

Les 24, 25 et 26 novembre, nos adhérents se sont massivement exprimés sur les choix du Parti pour la  campagne des échéances électorales de 2017. Il revient désormais à notre direction nationale de jouer son rôle, c'est-à-dire de travailler à la mise en œuvre offensive  de la décision majoritaire des communistes. Nous devons le faire en respectant l'état d'esprit, empreint de beaucoup de responsabilité et d'attachement à notre unité, qui a présidé à ce vote, et en tenant compte de l'ensemble des messages politiques que les communistes ont délivré tout au long du processus de discussion, dans leurs assemblées générales, lors de la conférence nationale du 5 novembre et dans le vote final des adhérents, qui constitue, au terme de ce processus, la décision souveraine du Parti.   

C'est l'objet de ce Conseil national et nous tiendrons un point presse à l'issue de ce CN à 16 h pour rendre compte de nos décisions.

Le vote des adhérents

Sur les 56.740 cotisants à jour de leurs cotisations et pouvant donc participer au vote,  41.061, soit 72,37 % des inscrits, ont voté les 24, 25 et 26 novembre. Le nombre de cotisants à jour, qui continue de représenter environ la moitié de nos adhérents, montre qu'un potentiel démocratique important dans le Parti reste  sous-utilisé et c'est un sujet d'organisation qui mérite toute notre attention. Il n'en reste pas moins que ce vote a mobilisé 11.000 communistes de plus que pour le choix de la base commune au moment du Congrès. Ce débat aura donc permis une plus large  appropriation de nos débats d'orientation. C'est important pour la suite.   

Plus de 94 % ont adopté la résolution stratégique proposée par la conférence nationale « Uni-e-s pour l'humain d'abord, les communistes en campagne ». Cette résolution, que j'invite chacun d'entre nous à relire, fixe le cap général de nos batailles pour 2017 en trois grands points :

  • porter, face aux dangereux projets de la droite et de l’extrême-droite et à la faillite du quinquennat Hollande-Valls, un autre projet pour la France, un pacte d'engagements pour une nouvelle politique de progrès social, démocratique, écologique, à même de sortir notre pays de la crise dans laquelle il est plongé et de répondre à l'énorme attente de changements qu'exprime notre peuple.

  • construire, pour faire avancer ce projet, le rassemblement du maximum de forces jusqu'à rendre possible une nouvelle majorité politique de gauche alternative à l'austérité.

  • nous engager dans l'élection présidentielle en portant ces objectifs  et présenter ou soutenir, dans toutes les circonscriptions législatives de France, des candidate-s à la députation utiles à faire progresser ce projet et cette démarche de rassemblement.

Sur le choix présidentiel, qui faisait le plus débat entre nous, 53,50 % des exprimés ont voté pour l'option 1, c'est-à-dire le choix d'une campagne communiste autonome appelant à voter Jean-Luc Mélenchon, qui devient de ce fait la décision  du Parti communiste français, et 46,50 % ont voté pour l'option 2, qui préconisait de s'engager dans cette bataille avec une candidature communiste. Le vote est partagé sur l’ensemble du territoire : 55 fédérations ont placé l’option 1 en tête, et les autres l’inverse.

Les votes et les débats ont été jusqu'au bout partagés et évolutifs, au point que le choix final des communistes est différent de la préférence qu'avait exprimée la conférence nationale. Loin des « divisions, fractures ou désaveux » que cherchent à y voir les médias, les raisons de ce vote partagé ont une toute autre explication. Les communistes n’étaient pas divisés en deux moitiés opposées. Chacun était souvent traversé des mêmes interrogations, les uns craignant plutôt l’isolement, les autres plutôt l’effacement de notre parti, tous cherchant le chemin le plus utile. Dès lors, les communistes, et parmi eux les délégués eux mêmes à la conférence nationale, ont poursuivi leurs réflexions, leur évaluation de la situation à mesure de ses évolutions, certains aboutissant à choisir des options différentes à partir de constats très voisins. Au total, ils se sont prononcés en conscience et en responsabilité. Une majorité s'est dégagée qui désormais nous engage toutes et tous, d'autant plus que le  socle commun exprimé dans la résolution nous rassemble, quel qu'ait été notre vote.

Notre responsabilité est donc de travailler au rassemblement des communistes, sans interprétation erronée des votes, en prenant en compte l’ensemble de ce qu’a exprimé le vote des communistes. Je le résume pour ma part en trois points qui forment un tout cohérent.

D’abord, évidemment, la décision majoritaire : celle d’engager le parti communiste dans une campagne autonome appelant à voter Jean-Luc Mélenchon, sans se fondre dans son mouvement politique, la France insoumise, et en portant nos propositions dans cette campagne.

Ensuite, la conscience que face aux dangers qui menacent, il ne faut rien céder sur notre ambition de rassemblement. La nécessité de cette ambition s’est même affirmée  au cours de nos débats. C’est même cela qui a souvent fait discussion, compte tenu des craintes légitimes qu’ont nourri les premiers mois de campagne de Jean-Luc Mélenchon, là où la période appelle au contraire une campagne largement rassembleuse. Le Parti communiste doit absolument maintenir son cap en faisant de notre décision un levier pour aller plus loin, en faisant de notre parti un maillon fort du rassemblement, une force utile à le faire progresser. Cela est d’autant plus essentiel que nous ne sommes pas seulement engagés dans une campagne de premier tour d’une élection présidentielle, mais dans une nouvelle période politique bien plus globale, où élection présidentielle, élections législatives et élections sénatoriales vont redessiner tous les rapports de force et où notre tâche dans la durée est celle de la reconstruction d’un mouvement populaire et d’une gauche de progrès dans ce pays, ce que nous avons nommé un nouveau Front populaire et citoyen.

Enfin, le vote des communistes dit clairement l’exigence que soient maintenues et développées, pour parvenir à nos objectifs, une parole et une démarche fortes, visibles, offensives du Parti communiste avec l'ambition de faire progresser nos idées et notre organisation au service du rassemblement populaire. Je sais les doutes de certains camarades sur ce point essentiel. Nos décisions et leur mise en pratique devront répondre à cette exigence d’un engagement communiste à la hauteur de la situation qui puisse faire vivre avec ambition notre démarche.

L’ unité des communistes est notre force

C’est en prenant en compte l’ensemble du message politique délivré par les communistes dans ce débat, sans l’édulcorer ou le couper en tranches, que nous serons rassemblés, donc efficaces dans la bataille.

Cette unité dans l’action est souhaitée par les camarades, elle correspond à ce qu’ils  ont exprimé tout au long des débats de ces dernières semaines.

Lors de ma conclusion à la conférence nationale, je précisais à ce propos: « ne l'oublions pas, de la même manière qu'après cette conférence nationale il importe que nous soyons uni-e-s pour mener la bataille, il faudra que nous le soyons, après le vote de l'ensemble des communistes qui décidera de la manière dont nous nous engagerons dans cette bataille. »

Je tiens à nouveau à saluer l’état d’esprit des communistes, des secrétaires de section et de fédérations qui travaillent très largement en ce sens, et qui ont organisé et permis que nos débats et le vote se déroulent sereinement, ce qui ne veut pas dire sans passion. A l’heure où il est de bon ton de dénigrer les partis, et le nôtre en particulier, notre vie démocratique est une belle leçon.

La démocratie est le ciment de notre unité, l'efficacité de notre collectif militant. Et je le redis, la qualité de notre débat fait honneur à la vie politique nationale quand tant de comportements au contraire la salissent et la déconsidèrent.   

Avec le vote des communistes, nous avons donc franchi une étape importante. C’est une autre phase qui commence. Notre Conseil national est aujourd’hui devant la tâche de répondre concrètement à ce que doit être notre campagne dans le cadre choisi par les communistes.

L’avenir de la France est en jeu : menons une grande campagne d’idées et de propositions, projet contre projet.

Chacun vient d’en prendre mieux conscience avec la désignation de François Fillon comme candidat de la droite, avec les débats de la primaire de droite et ce qu’ils ont révélé : c’est bien de l’avenir de la France, de la société que nous allons laisser aux générations futures, du projet national dans ce qu’il a de plus fondamental dont il est question avec les échéances électorales de 2017.

J’y reviendrai plus en détail, mais relevons tout de suite qu’il y a un énorme défi face à un tel enjeu, les Français auront-ils réellement le choix, un choix sérieux, une possibilité crédible d’opposer au choix réactionnaire un projet de progrès ? Le danger est réel qu’ils en soient tout simplement privés. Tout est fait pour cela, et la présidentialisation de tout le système politique, primaires et média à l’appui, en marginalisant les réponses réellement alternatives, joue à plein régime depuis le quinquennat pour confisquer ce choix aux Français. Comment ? En organisant une offre politique sur mesure, totalement piégée, où toutes les variantes, du social-libéralisme à l’ultra-libéralisme en passant par le national-libéralisme, ont toutes droit de cité mais elles seules, en tout cas au rang des favoris médiatiques.

Toutes les réponses, même les pires, sont tolérées par les forces dominantes du capital du moment qu’elles ne touchent pas à leurs intérêts fondamentaux. Face à la montée des colères populaires contre les effets de ce système capitaliste et à la crise des réponses libérales, des alternatives piégées sont tendues aux peuples qui cherchent une issue :  plutôt Trump que Sanders, plutôt le Brexit que la refondation sociale de l’Europe, plutôt Le Pen que la gauche alternative française. Les Français se débattent dans ce scénario piégé : des électeurs de gauche votent à la primaire de droite pour éliminer Sarkozy et se réveillent groggy en découvrant le vrai visage de Fillon ; d’autres, dégoûtés des trahisons de Hollande, cherchent en Macron, et peut-être demain en Valls, subitement repeints par les média candidats anti-système parce qu’ils ont osé affronter le Président, d’improbables sauveurs…

Dans cette confusion savamment entretenue, le premier objectif de notre campagne doit être clair : permettre à la parole populaire progressiste, aux solutions qui s’attaquent réellement aux pouvoirs financiers de faire irruption dans ce système politique présidentiel verrouillé, pour redonner de l’espace et de l’espoir aux forces démocratiques et progressistes  et rendre à nouveau possible, dans le débat public, la discussion sur les alternatives sociales et solidaires aux politiques d'austérité.

Or, le débat de société existe mais tout est fait pour qu’il se déroule en permanence et en toutes circonstances sur les solutions de droite et d’extrême-droite et sur rien d’autre. Ne sous-estimons pas l’impact sur les consciences de la monopolisation des media, des semaines durant, par le déferlement idéologique de la droite. Cela marque le pays bien  au-delà des seuls votants à la primaire. Nous aurons à l’avenir à nouveau à réfléchir sur tous ces processus de présidentialisation de la vie politique et sur la manière de les envisager. Mais en attendant, soyons conscients que l’espace d’un débat réellement démocratique, projet contre projet, où nos idées ont leur place,  reste dans ces conditions à conquérir. Ce doit être l’objet de notre campagne.

De ce point de vue, nous ne devons pas nous tromper de campagne. Certes, nous terminons un quinquennat catastrophique de François Hollande. Et l’élection présidentielle comporte toujours sa part de bilan, le pays débattant pour savoir si cela doit continuer ou au contraire changer. C’est ainsi que s’est menée la bataille en 2012 au terme du quinquennat de Sarkozy.

Mais cette fois-ci, la donne est totalement changée. Le quinquennat de François Hollande se termine quasiment dans la crise de régime, avec un pouvoir totalement discrédité et des niveaux de popularité historiquement bas. Personne, à part lui semble-t-il, n’envisage un second quinquennat Hollande. Le Parti socialiste est au plus mal, divisé comme jamais. La présidentielle va donc se dérouler avec un pouvoir sortant  qui laisse un grand vide et a nourri un discrédit de la politique qui frappe indistinctement, éliminant sèchement par exemple de leurs primaires respectives Cécile Duflot chez les Verts et Nicolas Sarkozy dans la primaire de droite.

Ce n’est donc pas autour des sortants que va s’organiser la bataille mais surtout autour des prétendants, chacun se présentant au nom de la rupture et de l’idéologie attrape-tout dite « anti-système » .

Dans ces conditions, nous devons clairement identifier le centre de gravité de la campagne qui s’annonce : il va s’agir d’une grande confrontation sur l’avenir de la France avec d’un côté les dangereux projets de société de la droite et de l’extrême-droite qu’il va falloir combattre ; et de l’autre, la nécessité de promouvoir face à eux, à l’opposé du désastreux bilan social-libéral de Hollande-Valls et Macron, un projet de justice, de solidarité, d’égalité et  de refondation démocratique. J’insiste sur ce point, car nous avons beaucoup débattu ces derniers mois de la situation à gauche.

C’est bien d’abord les idées de la droite et de l’extrême droite que nous aurons face à nous à l’élection présidentielle et dans les élections législatives. Avec le vote pour Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle, avec nos candidats aux élections législatives, nous voulons fédérer les forces vives du peuple et de la gauche autour d’un nouveau projet de progrès social pour la France. Cette bataille, nous devrons la mener en portant la colère populaire qu’exprime chaque jour notre peuple à l’égard de pouvoirs politiques qui les ont abandonnés, en donnant des repères à cette colère, en désignant la responsabilité des politiques au service du capital et de la finance et celles du pouvoir Hollande-Valls-Macron depuis cinq ans. Nous voulons autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et de nos candidats aux législatives créer l'arc de rassemblement le plus large possible.     

Je propose donc que notre premier acte de campagne soit d’éditer dans un tract tiré à un million d’exemplaires une adresse nationale à notre peuple pour lui dire les enjeux majeurs de la campagne qui s’annonce pour la France et sa vie quotidienne, et déclarer le sens de notre engagement contre la droite et l’extrême-droite, pour un véritable projet de progrès à gauche, pour le vote JLM à la présidentielle et le vote pour nos candidats aux législatives. Ce tract comporterait un appel au recto et un gros plan sur nos 7 axes de propostions au verso.

Ce premier tract national pourrait s’accompagner d’une affiche nationale du Parti communiste, d’un bandeau du PCF appellant au vote JLM et de la sortie rapide de nos propositions dans une petite brochure vendue deux euros : « la France en commun, sept axes pour un pacte d’engagements pour la France ».

Ces premiers matériels de campagne installeraient ce qui restera notre signature de campagne durant la présidentielle et les législatives : « 2017, pour l’humain d’abord. PCF-Front de gauche ».

Mais venons-en justement au contenu de cette bataille, aux principales forces en présence et à la nature de notre campagne.

 

Le projet de la droite et de Fillon

La droite qui s’avance sous la conduite de François Fillon avec l’objectif de reconquérir tous les pouvoirs porte un projet ultra-réactionnaire d’une rare violence.

Celui qui fut durant cinq ans le Premier ministre zélé de Nicolas Sarkozy veut cette fois revenir au pouvoir en enfonçant toutes les portes ouvertes par son propre travail entre 2007 et 2012 et le pouvoir Hollande-Valls contre les dépenses publiques, les services publics, les droits sociaux.

L’homme qui a réussi à se faire passer pour la divine surprise pour éliminer Sarkozy a bien l’intention de dépasser le maître, et revendique haut et fort d’être celui qui ira le plus loin dans les régressions de toute nature.

Le retour de la droite ne serait en rien une simple alternance ni même la simple poursuite de la désastreuse politique du gouvernement actuel. François Fillon avance à  projet découvert avec le projet le plus réactionnaire, le plus soumis aux intérêts du capital, le plus belliqueux que la droite ait jamais présenté depuis des décennies.

« Le  temps est venu » affirment-ils  tous et Fillon parle de « renverser la table », il emploie les mots de «  révolution du bon sens », en vérité une contre-révolution ultra réactionnaire.

Il faut lire les 15 mesures prioritaires de son programme. Je ne cite que les cinq premières.

  • La première : 100 milliards d’euros d’économies en 5 ans sur les dépenses publiques. Là réside la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires qui signifierait un massacre dans les hôpitaux, l’école et tous les services publics. Ce choix, c’est l’asphyxie programmée des communes et l’absorption programmée de milliers d’entre elles, mais c’est aussi la mort de la Sécurité sociale, par la généralisation des assurances privées aux lieu et place de la couverture sociale, avec l’explosion des inégalités d’accès aux soins et à la protection sociale qu’on imagine.

  • La seconde : 40 milliards de baisse des charges supplémentaires pour les entreprises. C’est le doublement du scandale que constitue le CICE, et l’asservissement de toute la distribution d’argent public au soutien des politiques de rentabilité du capital.

  • La troisième, c’est la fin des 35 heures dans le secteur privé et le retour aux 39 heures dans la fonction publique.

  • La quatrième, c’est la suppression de l’ISF pour  (entendez les guillemets) « aider au financement des entreprises », amplifiant encore l’inégalité de l’impôt.

  • La cinquième, c’est le recul de l’âge de la retraite à 65 ans pour tous les régimes de retraite sans exception.

J’arrête là mais en réalité tout était dit dans le programme des Républicains publié cet été, je cite: : « La France possède un des modèles sociaux les plus généreux (…)… Cependant, faute de réformes, notre modèle social est aujourd’hui à bout de souffle.  Il n’est plus pleinement adapté au monde dans lequel nous vivons. La France d’aujourd’hui n’est plus celle de 1945 quand a été créée la Sécurité sociale ! »

Nous avons désormais  un impératif : dévoiler, éclairer, montrer les dangers mais aussi décrypter les enjeux de société  projet contre projet en avançant le nôtre comme point de repère pour toutes celles et ceux qui n’acceptent pas l’entreprise de démolition de ce qui est encore la France.

Parlons concrètement aux Français de ce que cela signifie, car tous les aspects de la vie quotidienne seraient concernés.

Vous êtes épuisés au boulot ? Il faudra « tirer » 3, 4 ans de plus  et calculer à la baisse chaque pension de retraite pour un «  hold-up » total de près de 20 milliards d’euros.

Vous êtes sans-emploi ? On vous diminuera de 20% l’indemnisation après 12 mois puis à nouveau 20% après 18 mois.

Vous êtes souffrant, votre enfant a besoin de soins ?  C’est le dynamitage de la sécurité sociale, livrée aux assurances et aux appétits privés.

Tout y passe, jusqu’à l’Europe, car n’oublions pas que Fillon était premier ministre quand a été perpétré le coup de force contre le « non » des Français au TCE. Le candidat de la droite promet une convergence fiscale  intégrant un cadre unifié pour l’impôt sur les sociétés : en clair, c’en est fini  de l’impôt pour les grands groupes qui déjà en paient si peu !   

Soyons clairs, le projet Fillon est un vaste recul de civilisation, d'autant que pour couronner le tout, c'est à un véritable coup d’État anti-social qu'il veut se livrer en gouvernant par ordonnances.

« Il faudra mettre en œuvre le programme dès l’été 2017 par voie d’ordonnances, Transformer « l’état de grâce » en temps de l’action, rapide et efficace….. et ne céder ni face à la rue, ni face à l’administration. »

Chacun est prévenu.  

Dans cette contre-révolution libérale, toutes les valeurs d’émancipation sont aussi visées. Le mouvement «  Sens commun » , soutien de Fillon et pilier de la «  Manif pour tous » accusent par exemple dans ces textes l’école publique  de  faire œuvre « de suspicion à l’égard de notre culture et de notre civilisation… », propose de revenir sur le mariage pour tous en «faisant reconnaître constitutionnellement le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme ».

On trouve aussi chez eux pêle-mêle la «suppression du  droit du sol «  ou pour les enfants l’obligation d’ « assister au lever des couleurs », tout cela cohabitant avec la litanie  de «l’ allègement drastique des charges sociales et fiscales » et «  des valeurs entrepreneuriales » comme modèle.

Rapproché de la décision de plusieurs maires de droite d’interdire les affiches de la campagne anti-SIDA dans leur ville, tout cela fait peur pour l’avenir de notre société.

Face à ce projet qui vise à réduire en bouillie les traditions progressistes de notre pays, la dénonciation ne suffira pas, nous allons devoir, et nous avons les outils pour le faire, je vais y revenir, mener une campagne de projet, de propositions et d'alternative .

La dangereuse imposture du FN

Le programme de François Fillon n’est pas le seul danger qui menace.

La peur du déclassement social génère peurs, rivalités et divisions au sein même des classes populaires. La figure de l’étranger, de l’assisté est instrumentalisée pour faire reculer les solidarités de classe et exonérer le grand capital de ses responsabilités dans la crise. Mêlée à la crise démocratique et au discrédit jeté sur la gauche par la trahison du pouvoir socialiste, la souffrance sociale et la colère populaire trouvent dans le vote Front national un exutoire qui semble répondre au besoin d’alternative face au verrouillage politique.

Comme cela fut le cas dans les années 30, l’extrême-droite, le national-populisme redeviennent une des réponses monstrueuses du système capitaliste pour tenter d’échapper à la montée de forces réellement anti-capitalistes.

L’expérience historique nous enseigne. Les partis 
de l’ordre, autoritaires et racistes, ont toujours bénéficié 
de la collaboration d’élites dirigeantes, de membres éminents de la bourgeoisie et du patronat qui considèrent alors que, face au danger de remise en cause de leurs privilèges, de leurs pouvoirs, l’extrême-droite peut devenir un mal nécessaire pour préserver le capital en crise et son pouvoir sur les affaires du monde.

L’état du monde actuel vérifie malheureusement cet adage. L’élection de Trump, accueillie triomphalement par Marine Le Pen, en est l’exemple le plus éloquent. Donald Trump, l’ami de Marine Le Pen, n’est pas un trublion du système. Il en est l’expression la plus cynique et la plus brutale. Et nous devons le démontrer aux Français pour les mettre en garde sur ce qui les attend.

Dénoncer l’imposture du FN est une tache ardue mais indispensable. Totalement banalisé et promotionné par un système médiatique aux mains des puissances d’argent, le FN se présente habilement comme un rempart social mais toujours pour désigner le même ennemi : l’étranger, le musulman, le faible, l’assisté, jamais le cœur du pouvoir financier.

Épousant les colères populaires, il s’emploie à les détourner, à les retourner notamment contre les luttes sociales et le monde syndical, toujours accusé selon lui de défendre des privilèges. L’amnistie des syndicalistes ? Une loi clientéliste et démagogue, a dénoncé la députée Marion-Maréchal Le Pen. Les licenciements boursiers ? Pas touche aux pleins pouvoirs des actionnaires, a-t-elle plaidé, défendant le principe de rachat d’entreprise par LBO (des fonds financiers) au nom du droit aux dividendes. La réforme des allocations familiales, pour lesquelles les patrons ne paient plus rien ? Il faudrait supprimer les allocations aux étrangers, répond Marine le Pen ? Comme les municipalités frontistes ou les élus frontistes dans les conseils régionaux qui votent la suppression des subventions ou des locaux au Secours Populaire ou autres associations de solidarité...

Le Front national de Marine Le Pen n’a rien abandonné de son projet raciste, qu’il a au contraire répandu dans des sphères très larges de la droite et de la société avec la complicité active d’une part croissante des dirigeants de droite. Mais ce n’est plus seulement le projet de l’extrême-droite. Il est aujourd'hui le projet d'un pan entier d'une droite radicalisée, d'une partie importante des sphères dirigeantes.

Le piège est terrible, car Fillon et Le Pen seront présentés comme des concurrents quand ils sont en réalité deux faces du même système en crise, d’un système de plus en plus tenté par l’autoritarisme et le muselage politique des classes populaires.

Voilà pourquoi, comme nous l’avons décidé à la conférence nationale, nous éditerons une seconde brochure de campagne en janvier qui sera un argumentaire dénonçant le piège tendu à notre peuple par un duel Fillon-Le Pen.

Nous devons mener cette bataille en convergence avec de nombreuses forces déjà à la tâche. Des associations qui refusent que les pauvres soient associés à des assistés ou à des fraudeurs. Les syndicats qui luttent pied à pied dans les entreprises pour porter les valeurs de solidarité contre le poison de la division.

Mais ce travail, il ne peut se mener fondamentalement qu’en reconstruisant une réponse politique alternative forte aux logiques du système capitaliste, qui oppose aux thèses frontistes le choix radical de l’humain, de l’humain d’abord en toutes circonstances. Construire cette réponse humaine et progressiste, c’est le cœur de notre campagne.

Répondre aux attentes populaires avec un projet de progrès

Force est de constater que l’un et l’autre, François Fillon comme Marine Le Pen,  tentent de s’appuyer sur le sentiment d’urgence, l’exaspération et le besoin de rupture qu’expriment la population.  

La consultation inédite « Que demande le peuple »  menée dans tout le pays par les communistes, nous l'a mis devant les yeux : Nos concitoyens ont besoin d'être entendus, entendus dans leur souffrance, leur colère et leur désir de changement, de changement dans leur vie quotidienne, pour sortir du chômage, de la précarité et trop souvent, tout simplement de la pauvreté :   

75 % des français, selon le secours catholique,  vont souffrir cet hiver du froid. 75 % !

Ceux qui claquent des dents ont parfois un toit sur la tête, mais ils vivent dans le noir faute d’avoir 
pu régler la facture d’électricité. Parce que leur salaire ne permet pas d’assumer le coût d’un loyer, on découvre que des personnes avec des revenus stables vivent dans des caravanes ou des logements précaires, ou des maisons achetées à crédit qu'ils ne peuvent chauffer.

Dans cette recherche de solutions concrètes mais aussi d'espoir et d'idéal, chacun se trouve en situation de se débrouiller avec une offre politique en décalage complet avec nos attentes.

Pour autant, notre consultation a montré la force des attentes et des aspirations comme le rappelle notre résolution, je cite : 

« Loin des discours fatalistes, 71% des personnes interrogées estiment qu’il n’y a pas de fatalité aux difficultés actuelles, 71% également qu’elles peuvent « jouer un rôle pour transformer la société », 59% que le rôle de la politique est de « construire de l’égalité pour empêcher « la loi du plus fort ». »

C'est en allant au devant de ces attentes que nous entrons en campagne en soumettant au pays un pacte d’engagements pour une nouvelle majorité. 

Nos sept axes de campagne  peuvent trouver beaucoup d’échos dans la société. Je les rappelle brièvement:

1. Prendre le pouvoir sur la finance et partager les richesses, pour changer profondément l'utilisation de l'argent des entreprises et des profits, celui des banques et du crédit, lutter sans merci contre l’évasion fiscale et mettre l'argent public au service de la satisfaction des besoins humains et sociaux.

2. Tout changer, de la nouvelle République au renouveau de la politique, pour faire entrer la démocratie dans un nouvel âge, plus ouverte sur la société, sur le monde, plus active dans la sollicitation des citoyens

3. Investir pour demain, en reconstruisant l'école de l'égalité, en libérant des logiques de rentabilité la recherche et la création, en créant une sécurité d'emploi et de formation, en mettant la révolution numérique au service du commun.

4. Passer aux actes maintenant pour l’égalité femmes-hommes !, en faire une grande cause nationale, avec des moyens publics à la hauteur de cet enjeu.

5. Reconstruire une France protectrice et solidaire, avec un nouveau pacte social et républicain avec au cœur la lutte contre toutes les discriminations, le développement de tous les services publics, une France agissant pour la paix et une sécurité mondiale de développement partagé.  

6. Produire autrement et protéger la planète, avec un nouveau mode de production et un nouveau modèle agricole, fondés sur l'épanouissement humain, la solidarité et l’égalité des territoires

7. Mettre la France à l’offensive pour changer l’Europe en engageant  notre peuple, meurtri par les politiques libérales en Europe et par le déni de démocratie de 2005,   dans une lutte historique  pour une Europe solidaire et démocratique.

Nous ne voulons pas seulement distribuer ces propositions aux Français, nous voulons engager un grand débat et des mobilisations populaires de masse sur ces propositions.

Comment engager «ce grand débat populaire de masse » :

Je propose que nous décidions d’organiser tout au long du premier trimestre 2017 une grande campagne de débats publics ,  577 débats, un par circonscription, sur ces propositions. Nous pourrions prolonger ces débats par la création d’ateliers législatifs, ou des actions sur un des thèmes de nos propositions en lien avec les préoccupations du terrain.

Nous pourrions également ponctuer cette campagne tout au long du premier trimestre de temps forts nationaux, sur nos grands thèmes, sous la forme d’une initiative décentralisée en région.

Ces initiatives pourraient porter sur :

  • la lutte contre l'évasion fiscale et la maîtrise publique et citoyenne des banques ;

  • les nouveaux pouvoirs dans la cité et l'entreprise ;

  • l'école de l'égalité et le nouveau statut social de la jeunesse ;

  • une nouvelle industrialisation de la France pour l'humain et la planète ;

  • la lutte contre les violences et l'égalité femmes-hommes ;

  • la défense de la Sécurité sociale et la sécurisation de l'emploi et de la formation ;

  • la lutte contre l'austérité en France et en Europe, l'augmentation des salaires, des services publics ;

  • l'accueil des migrants et l'égalité des droits dans la République ;

  • l'insécurité internationale, le terrorisme et le besoin de paix.

A cela s'ajoute le Festival envisagé par la Jeunesse communiste avec d'autres organisations de jeunesse, le 31 mars, place de la République, un an après la loi travail.

Chaque initiative serait précédée ou accompagnée de la sortie d'un tract national développant nos propositions pour la thématique concernée.

 Une campagne de proximité  

Pour être efficace et exister face au rouleau compresseur médiatique sur la présidentielle, notre campagne doit être une campagne de proximité. La consultation nous a montré la valeur de cette proximité, attendue et appréciée par nos concitoyens.

Ce que nous voulons c'est bien une campagne active, de terrain, s'appuyant sur la proximité et les liens multiples que nous avons noués et pouvons intensifier avec la population.

Pour avoir fait un tour de France et sillonné notre pays de long en large, je vois, à chaque fois, des communistes dans la création de start-up, de FabLab, de SCOP, prendre des responsabilités dans des AMAP, dans le lien avec celles et ceux qui luttent, dans la défense d'un bureau de poste, d'une gare, d'un service hospitalier qui menace de fermer. Je vois des communistes dans des chaînes humaines contre les expulsions locatives, pour aider une famille en détresse, pour permettre à des enfants de voir la mer, pour mettre en place des marchés solidaires, comme récemment à Grigny. Je vois de la générosité, de la solidarité avec les producteurs, avec les réfugiés.  Je vois de l'énergie, de l'envie. Je vois une multitude d'expérimentations, d'inventivité locale pour améliorer, changer la vie des habitant-e-s… C’est le moment de faire émerger ces initiatives, leurs initiateurs et les idées qu’ils portent dans le débat national.

Nos moyens, notre communication, nos actes de campagne doivent se mettre au service de ce travail pour tisser les liens directs et de proximité durables avec la population. Les liens tissés lors de notre enquête populaire « que demande le peuple » doivent être utilisés, ainsi que tous nos moyens humains et militants,  nos réseaux, nos moyens numériques, servent ce dialogue politique avec notre peuple, quartier par quartier, circonscription par circonscription.

Dans ce travail, nous pouvons aussi faire de nombreuses adhésions et un bulletin d’adhésion sera éditée pour cette période de campagne.

Une campagne dans les luttes

Campagne de proximité, cela veut dire aussi une campagne en lien avec toutes les luttes et les mobilisations sociales qui existent et qui, n'en doutons pas, vont se développer pour faire pièce au rêve séculaire de Fillon et du patronat de les briser pour y mettre un terme. 

Emploi, sécurité sociale, services publics, droits des femmes sont des préoccupations sociales majeures et l’objet de nombreuses luttes. Les réalités sur lesquelles s’est construit le mouvement contre la loi travail sont toujours là. Les dérives sécuritaires et xénophobes de la droite et du FN n'ont pas non plus partie gagnée, en témoigne   le front de refus de la déchéance de nationalité ou l’émoi sur le fichier TES.

Nous devons accorder, de ce point de vue, une importance particulière, à nos liens avec les salariés et les syndicalistes dans les entreprises. Le travail en ce sens a été engagé sous l’impulsion d’Isabelle De Almeida, conformément à nos choix de congrès : cette campagne doit être l'occasion de les intensifier. Un travail spécifique est nécessaire car l’entreprise sera un des lieux de l’affrontement politique de ces prochains mois.

Nous serons de ces batailles là, comme nous serons de toutes celles qui vont se mener sur les services publics, à l'échelle nationale ou locale, pour la défense et le développement de l'Hôpital, de l'école, de la Poste et du rail, pour la revivification de la ruralité, contre les baisses de dotations aux communes.

L'importance de nos élus

Et dans ce dialogue, ces luttes, ces mobilisations sociales,  nous pouvons nous appuyer sur notre extraordinaire potentiel d'élus communistes et républicains, sur tout le territoire. Le récent congrès de l'ANECR , dynamique et constructif, a permis de mesurer la richesse humaine et de proximité qu’ils représentent.

 Vous me permettrez de citer, en le saluant, les derniers mots de Patrice Bessac, élu secrétaire national des Élus Communistes et Républicains :

« nos compatriotes n’attendent pas de nous qu’on les plaigne. Ils n’attendent qu’une unique chose : qu’on règle leurs problèmes, qu’on donne un avenir à leur vie et surtout à celle de leurs enfants. …... Nous vivons un moment de rupture, une accélération, un emballement de l’histoire. C’est l’heure des grands bouleversements, c’est l’heure où s’achèvent les contes à dormir debout et où commence l’histoire souvent violente des sociétés humaines. Dans ces moments où tout devient flou, où l’humanisme recule ou les lumières faiblissent, où Voltaire laisse la place à Barrès, ce n’est pas de nous dont il s’agit, ce n’est pas juste de notre courant politique, c’est de l’avenir de 61 millions d’hommes et de femmes, nos compatriotes, c’est de l’avenir de la France et de l’Europe dont il s’agit. A notre place, à la place qui est la nôtre, avec la modestie qui donne aux honnêtes gens la force de canaliser les courants les plus déchaînés, nous ferons notre travail, nous exercerons nos responsabilités, nous servirons nos concitoyennes et nos concitoyens » .

Hier matin, la réunion à laquelle j’avais invité nos élus disposant d’une possibilité de parrainage a montré une grande disponibilité à prendre leur part de la campagne qui s’annonce. Une grande envie aussi de déployer leurs efforts dans la convergence et l’unité.

Le principe d’un appel collectif permettant à tous les élus communistes et citoyens qui le souhaitent de dire pourquoi ils s’engagent dans les campagnes de 2017 et le sens qu’ils entendent donner au parrainage de Jean-Luc Mélenchon a été retenu. Cet appel, qui sera rédigé dans les jours qui viennent et soumis ensuite à leur signature, devrait être publié courant janvier, le dépôt officiel des parrainages ne débutant qu’en février pour s’étaler jusqu’au 17 mars.

Une campagne de rassemblement

Pour atteindre nos objectifs, tout faire pour enrayer la chronique annoncée d’une victoire conjuguée de la droite et de l’extrême-droite, c’est un très large mouvement de rassemblement qu’il convient de remettre en mouvement autour des idées que je viens d’énoncer.

Le travail de reconstruction est immense tant les dégâts causés par le quinquennat de François Hollande dans les consciences et les repères politiques de millions de nos concitoyens sont immenses. Hollande, Valls et Macron portent une très grave responsabilité dans le boulevard aujourd’hui ouvert à la droite et à l’extrême-droite. En trahissant les électeurs de 2012, en trahissant la gauche et en menant une politique ouvertement libérale, ils ont jeté les forces populaires dans le désarroi et la division. Aujourd’hui, les trois sont en bataille, en concurrence pour leur leadership, mais leurs querelles sont pathétiques et il n’y a rien à en attendre. Nous en saurons sûrement plus dans les heures ou les jours qui viennent sur le dénouement du feuilleton Hollande candidat ou non. Mais ce tiercé là dans l’ordre ou le désordre est un pari perdu d’avance, une impasse pour les forces de gauche.

Face à la situation inédite créée par le discrédit historique de ce quinquennat, face aux dangers d’extrême droite qui menaçaient déjà et menacent plus encore, nous avons alerté et tenté de rassembler l’ensemble des forces d’alternative sans y parvenir à ce jour.

Notre engagement dans la présidentielle a tenu compte de cet état de fait. Et c’est ce qui a fait débat entre nous : comment persévérer dans cette voie malgré les obstacles rencontrés ?

Notre choix a donc été fait pour les deux élections d’un même mouvement. Dans l’élection présidentielle, nous appelons à voter Jean-Luc Mélenchon. Nous le faisons en mettant notre autonomie de parole et d’initiative au service de l’élargissement de ce rassemblement. Et nous continuons de nous adresser à toutes les forces qui ne nous ont pas encore rejoint dans cet effort de construction alternative, pour l'élargir encore. Dans les élections législatives, nous présentons ou soutenons partout des candidatures susceptibles de favoriser le rassemblement le plus large et le plus conforme à nos objectifs.

Comment mettre en œuvre concrètement ces choix ?

Notre campagne de soutien à Jean-Luc Mélenchon se mènera en conservant notre autonomie. Nous donnerons sens à cet appel dans l’adresse publique que nous distribuerons comme je l’ai indiqué. Malgré les obstacles devant nous, nous pensons que l'idée et  l'exigence du rassemblement sur une politique de gauche alternative à l’austérité à gauche peuvent encore grandir dans l'électorat jusqu'à devenir, comme le disait Marx, une force matérielle. Des milliers d'électeurs de gauche vont être dans quelques semaines floués par leur attente à l'égard de la primaire du PS.

Comme je l’ai dit dans Libération mardi, cette reconstruction « doit commencer maintenant et pas après 2017, pas après le désastre ».

Pour des raisons de fond, nous n’intégrerons pas la France Insoumise. C'est le choix de nos adhérents, toutes options confondues. Mais évidemment, nous sommes prêts à un dialogue avec France insoumise.

Jean Luc Mélenchon a acté publiquement au début de cette semaine notre décision, je le cite «  j’ai compris que le PCF souhaite mener une campagne autonome et que son  adhésion à ma candidature ne signifiait pas une demande d’intégration au cadre large de la FI. J’en donne acte aux communistes. Je me mets à leur disposition ainsi que toute notre équipe de campagne pour entendre les propositions de partage du travail à accomplir dans la dure tâche qui est la nôtre. »  

Je vous propose  qu’après avoir discuté aujourd hui des grandes lignes de notre engagement nous le sollicitions pour  le rencontrer et  débattre de ce partage du travail et voir qu'il est possible ou non de construire en commun pour les deux élections

Sur le projet, je l’ai dit, nous voulons élargir le débat populaire. Avec « La France en commun », nos propositions pour un pacte commun sont donc versées au débat.

Ces propositions sont en partie communes avec le projet de Jean-Luc Mélenchon, « l’avenir en commun », mais elles divergent sur des points non négligeables ou sont différentes sur d’autres. Le débat de la campagne sera utile à les confronter. Chacun sera libre de les faire vivre.

Je pense qu’il est également utile que nous ayons des rencontres avec les autres forces engagées dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon et qui d’ailleurs, elles aussi, n’intègrent pas la France insoumise pour voir quels cadres de travail peuvent exister, avec force. Nous rencontrerons Ensemble dès que possible, qui nous en a fait la demande. Et je vous propose que nous soyons représentés en réponse à l’invitation que nous a fait l’appel Front commun pour ce samedi.

Notre travail de rassemblement doit en même temps continuer à pousser toujours plus loin les constructions possibles.

C’est ainsi que le 10 décembre j’ai lancé une invitation pour une réunion publique à la Bellevilloise, à Paris, à 150 personnalités avec lesquelles nous avons eu l’occasion d’échanger depuis le début de l’année, que ce soit dans  le cadre des lundis de gauche, de l’Appel des 100 ou des initiatives du FdG pour continuer à évoquer la situation du pays, à lever les obstacles à l’unité de la gauche, sur les axes prioritaires d'une politique transformatrice, leur expliciter nos choix et les entendre sur leurs propositions. La lettre d'invitation à cette initiative, à cette rencontre est signée en commun par Roland Gori, Leïla Shahid, Evelyne Sire Marin, Francis Wurtz et moi-même.

Dans le même esprit nous devrions nous adresser à tous les syndicalistes de France, en menant le dialogue avec eux  sur le thème « Après la loi Travail, avec Fillon et Le Pen, on fait quoi ? » en construisant partout avec eux des débats et des appels au monde du travail sur les enjeux de 2017.

Au-delà, nous continuerons l’effort de dialogue avec toutes les forces que nous avons à chercher à rassembler sur des bases alternatives depuis le début de l’année.

Nous rencontrerons EELV. Olivier Dartigolles a participé en notre nom à la réunion socialiste de Bondy. Nous poursuivons le dialogue avec les frondeurs, bien qu’engagés dans une primaire socialiste aujourd’hui enlisée par les manœuvres de François Hollande. L’avenir n’est pas écrit, à nous de maintenir les mains tendues.

Tout ce travail doit évidemment se déployer de la même façon, dans les conditions particulières de nos départements et des circonscriptions.

Il est même essentiel de considérer qu’aujourd’hui c’est localement que nous sommes en état d’aller le plus loin. Voilà pourquoi l’enracinement et la construction de nos campagnes présidentielle et législatives à l’échelle des circonscriptions sont essentiels. La bataille des législatives n’est pas pour nous la bataille d’après, mais elle est la bataille pour tout de suite pour plusieurs raisons fondamentales.

Les élections législatives

Nous voulons stopper la dérive présidentielle autoritaire de nos institutions que le quinquennat et l'inversion du calendrier entre la présidentielle et les législatives ont terriblement accélérée. La question du rôle du Parlement devient une question démocratique centrale avec la dérive sur l’utilisation du 49-3 et la prétention de Fillon de gouverner par ordonnances. Il importe de faire de ces questions un débat populaire à part entière, un sujet de mobilisation démocratique. Les cinq semaines post-présidentielle rendent cela impossible. c’est maintenant qu’il faut en faire une question politique.

D’autre part, la constitution d'une nouvelle majorité politique en 2017 passe tout autant par les élections législatives que par l'élection présidentielle. Mais la plupart des candidat-e-s déclaré-e-s s'inscrivent dans la logique d'une subordination de l'échéance législative à celle de la présidentielle. Or, c'est précisément cette subordination qui est pour l'essentiel à l'origine de la crise politique que connaît notre pays : une population qui se sent mise à l'écart, abandonnée par un pouvoir de plus en plus éloigné, monarchique toujours décue par la personnalité présidentielle dans laquelle elle a placé tous ses espoirs.

Nous voulons donc redonner à l'élection législative sa fonction politique et démocratique, celle d'élire des députés, représentants du peuple, chargés d'écrire et de voter les lois sous le contrôle et pour les citoyens.

Le danger est immense de voir élire une Assemblée nationale dominée par la droite et le FN, et le mode de scrutin, qui éliminera les candidats ne faisant pas 12,5 % des inscrits au second tour, pourrait avoir des effets ravageurs.

Si le scenario pronostiqué à l’élection présidentielle se confirmait en juin 2017, la droite sera ultra majoritaire à l’AN .

Le FN, quant à lui, pourrait espérer entre 30 et 50 députés, peut-être plus, se positionnant comme principale force d'opposition à la droite filloniste, tout en ouvrant la porte à des alliances entre elle et la droite au sein de l'Assemblée, comme cela se pratique ouvertement dans de nombreuses régions.  

Pour nous, c’est l’existence d’un groupe qui se joue. Un groupe qui pourrait bien avoir un rôle crucial à jouer dans la perspective politique qui s’annonce.

La nécessité de présenter partout des candidats qui donnent aux électeurs la possibilité de se doter d’un-e  député-e de gauche/PCF/FDG face à la droite et au FN et en faveur d’une gauche fière et respectueuse de ses valeurs est donc un enjeu majeur

Il ne s'agit pas, contrairement à une ritournelle que nous connaissons bien, de  sauver les sièges PCF, mais  de se donner des député-e-s utiles au combat politique et aux gens.

Cela commence par mettre en valeur le bilan d’activité des députés PCF/Fdg : opposition à la ratification du TSCG négocié auparavant par Merkel/Sarkozy, transposition de l’ANI, pacte de responsabilité, l’irresponsable CICE, les iniques « loi Macron » et « loi El-Khomri », leurs engagements dans les luttes, dans leurs circonscriptions et au plan national…Nos députés vont en janvier déposer un projet de loi sur la sécurisation de l’emploi et la formation.

Ce bilan est plus ample et est explicité dans une brochure tirée à des milliers d’exemplaires et disponibles dans les Fédérations.

Le rôle de nos députés sera tout à la fois de s’opposer et de proposer, dans les luttes, au Parlement, sur le terrain social. De porter au sein du parlement l’exigence populaire avec des propositions de lois, en mettant en place des ateliers législatifs et d’actions dans chaque circonscription.

La résolution indique : « dans l’échange avec toutes les forces disponibles pour construire avec nous une nouvelle majorité politique de gauche alternative à l’austérité, nous désignerons/soutiendrons dans toutes les circonscriptions des candidat-e-s « Uni-e-s pour l’humain d’abord » qui travailleront au rassemblement des Français-e-s dans cette perspective. » 

Dans chaque circonscription, là où ce n'est pas encore fait, les communistes doivent maintenant sans attendre travailler à la candidature la mieux à même de défendre les populations, d'écouter les citoyen-ne-s, de se battre avec eux, de créer de l'espoir en commun. En dialoguant avec les forces citoyennes de la circonscription, avec leurs partenaires du Front de gauche, avec la France insoumise là où c’est possible, avec toutes les forces disponibles, les communistes doivent décider de la candidature la mieux à même de rassembler le plus largement sur ces objectifs.

Ces candidatures présentées ou soutenues par le PCF, nous les voulons « à l’image du monde du travail, de nos communes, de nos quartiers, dans leur diversité, qui permettent le renouvellement de la représentation nationale et l’émergence de nouvelles pratiques politiques éthiques, citoyennes et transparentes. »

Nous les voulons évidemment à parité sur tout le territoire. C'est une question politique essentielle à nos yeux.

Le 14 janvier prochain, lors de notre Conseil national, nous ratifierons les candidatures présentées ou soutenues par le Parti ; d’ici là, un travail intensif doit se faire dans les fédérations avec l’aide des secteurs Élections et Vie du Parti.

Fin janvier, nous rassemblerons nos candidats devant l’Assemblée nationale pour une initiative de lancement public spectaculaire sur le thème : « non à la monarchie présidentielle, démocratie citoyenne ! »

Vous les voyez, les deux campagnes ne se découpent pas en tranches mais seront totalement imbriquées.

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