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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 07:00
Pétain, quand tu nous tiens... A propos d'une réaction du Figaro à la volonté du maire de New York de retirer une plaque d'hommage à Pétain

"Après Charlottesville, le maire de New York Bill de Blasio veut retirer une plaque commémorative dediée à Philippe Pétain sur la promenade "Canyon of Heroes". Une plaque érigée pour célebrer le défilé militaire auquel avait participé Pétain en 1931. 

Au grand dam du Figaro : "l'histoire actuelle oublie qu'il fut le héros de Verdun, pour retenir qu'il devint ensuite chef d'État français sous le régime de Vichy (1940-1944), collaborant avec les nazis"... 
Il fallait oser en 2017, et Le Figaro ose : félicitations au Figaro, au journal de Serge Dassault. 

Une autre plaque insolite se trouve sur la promenade "Canyon of Heroes" de Broadway à Manhattan dédiée à Pierre Laval.

Faut-il la sauver car Pierre Laval fut un précurseur du rapprochement franco-allemand? 

Ce micro-évènement a un double mérite historique: 

Nous rappeler qu'une fraction de la droite française, celle du roman historique national, du refus des repentances, du Travail, de la Famille, de la Patrie, de l'Ordre et de la Propriété souveraine, est toujours inspirée par une idéologie pétainiste.

Et parmi elle, bon nombre de représentants des "élites sociales", de riches familles de la bourgeoisie, qui furent un beau vivier de collaborateurs pendant l'occupation.  

Nous rappeler aussi que les Etats-Unis, qui plus tard pendant la guerre froide ne ménageront pas leurs soutiens aux dictatures militaires ou civiles d'extrême-droite tout à leur stratégie de l'endiguement du "péril rouge" et à leurs volontés impérialistes et mercantiles, ont considéré au début du gouvernement de Vichy ce régime anti-démocratique, liberticide et raciste comme un interlocuteur légitime et parfaitement fréquentable, ce qui n'enlève rien évidemment à l'importance de l'engagement américain contre le nazisme et à la valeur du sacrifice des jeunes américains pour libérer l'ouest de l'Europe du joug d'Hitler.  

🤮

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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 07:00
Louis Aragon : « Tout ce qui sert la culture sert l’humanité dans sa marche ascendante »
JÉRÔME SKALSKI
LUNDI, 14 AOÛT, 2017
L'HUMANITÉ
Portrait de l'écrivain et poète français Louis ARAGON, alors âgé de 39 ans, le 9 décembre 1936.
Il est le nouveau lauréat du prix Renaudot, ainsi récompensé pour son roman LES BEAUX QUARTIERS.
CREDIT : L'HUMANITE
Portrait de l'écrivain et poète français Louis ARAGON, alors âgé de 39 ans, le 9 décembre 1936. Il est le nouveau lauréat du prix Renaudot, ainsi récompensé pour son roman LES BEAUX QUARTIERS. CREDIT : L'HUMANITE
 

Les grands discours de la République 21/34. 19 février 1937 à Argenteuil, conférence des maisons de la culture d’Île-de-France

Ce n’est un mystère pour personne qu’à l’heure qu’il est la grande majorité des intellectuels français a pris parti. Et par suite que les membres de nos organisations, comme c’est leur droit, ou appartiennent à divers partis ou sympathisent avec eux. Mais c’est là l’affaire de leur conscience, et non point condition d’entrée chez nous. Chez nous l’appartenance à un parti reste et doit rester une affaire privée.

Chez nous les discussions politiques, les divergences entre les partis n’ont point de place. Si elles se font jamais sentir, c’est vestige du passé, erreur individuelle, et qu’il faut durement, impitoyablement, combattre. Aussi comprendra-t-on que je répète ici qu’il serait inadmissible qu’une organisation culturelle prît ses directives auprès d’un parti politique quel qu’il soit mais que par contre il n’est que tout naturel qu’une telle organisation, soucieuse d’inscrire son activité dans l’action nationale du gouvernement de la France, vînt avec une grande fidélité et une loyauté qui ne doit pas se démentir, chercher ses directives auprès de ce gouvernement.

En demandant au ministre de l’Éducation nationale de se faire représenter à la présidence de la conférence d’Argenteuil, c’est bien là ce que nous avons voulu signifier et manifester hautement, nous autres fondateurs de la première maison de la culture et vos porte-parole et vos administrateurs. C’est aussi ce que nous vous demanderons tout à l’heure d’approuver ou de désapprouver par un vote, pour que le gouvernement de notre pays sache de façon sûre que ce ne sont pas là des paroles d’une direction mais la volonté impérative de notre organisation tout entière.

Cet esprit de discipline ne doit pas se traduire par un acte de soumission symbolique. Pour qu’il ne se borne pas à une déclaration platonique, il faut qu’il suscite d’abord un rajustement de notre activité aux conditions de l’heure présente, et tout premièrement une critique de notre activité passée.

Un rajustement de notre activité aux conditions de l’heure présente… cela veut dire, mes chers amis, un grand effort pour la maîtrise de la technique et la qualité de l’art, la littérature, la pensée, la science, cela veut dire un travail acharné pour le développement, le prolongement de la culture, cela veut dire un labeur de géants, pour la prospection des richesses du passé, pour recueillir les fraîches fleurs de l’inspiration populaire, les traditions du passé, racines des inventions de demain. Cela demande une mobilisation véritable de l’intelligence française pour la connaissance systématique de notre pays, des œuvres qu’il contient, des possibilités qu’il recèle. Cela veut dire pour réaliser cet effort, ce travail, ce labeur, l’oubli des discussions, des différences politiques qui n’ont rien à voir avec la tâche surhumaine qui est la nôtre. Cela demande d’entraîner à l’accomplissement de cette tâche des hommes avec lesquels nous sommes peut-être sur bien des points en désaccord, mais qui en quelque chose au moins ont le souci du progrès humain.

Cela veut dire, et il faut que je mette sur ceci une certaine emphase, cela veut dire un sincère et durable effort de dépolitisation de notre activité commune, pour placer cette activité sur le terrain même de la culture, dans la persuasion profonde où nous sommes que tout ce qui sert la culture sert l’humanité dans sa marche ascendante, et que rien de ce qui sert le développement de la culture ne peut être profitable à la cause de ceux qui renvoient la femme au rouet, chassent les jeunes du travail, consacrent le chômage comme une nécessité impérieuse et brûlent les livres sur les places publiques.

Dépolitiser, entendons-nous, ne veut pas dire asservir. Je veux dire par là faire taire le bavardage calqué sur la politique des partis, mettre fin à l’étalage prétentieux de convictions qui sont en général d’autant moins solides qu’elles sont plus bruyantes. Ce qui ne permet pas de perdre de vue le fait important que tout cela même qui se veut apolitique s’inscrit dans le jeu politique de forces extérieures, et peut être utilisé à des fins politiques. C’est pourquoi je dis simultanément que nous devons dépolitiser notre action et l’inscrire dans le cadre de la politique du ­gouvernement de la France, c’est-à-dire la faire servir aux intérêts réels de la France.  

Fondée à l’initiative de Paul Vaillant-­Couturier le 14 mars 1935, la ­première maison de la culture est créée à Paris comme siège de ­l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires. Cette initiative, lancée dans le contexte de l’abandon de la stratégie de lutte « classe contre classe », promue jusqu’alors par le PCF, en faveur de celle de la « main tendue » et de l’unité d’action contre le fascisme et le nazisme, est l’occasion d’une redéfinition des tâches culturelles portées par l’organisation politique issue du congrès de Tour.

En juillet 1935, Paul Vaillant-Couturier écrit dans la revue Commune : « Dans le débat entre la barbarie et la culture se pose pour la culture la question de la conquête de la majorité. C’est la tâche que nous devons entreprendre dès demain si nous voulons que notre œuvre aboutisse à des résultats concrets et durables. Il y va de l’avenir même de la civilisation. Notre tâche, abordons-la dans l’état d’esprit le plus large, avec une inlassable volonté de convaincre, en nous gardant les uns et les autres de l’enthousiasme de néophyte, comme de la déformation du partisan. Offrons à chacun un programme minimum de défense de la culture compatible avec tout ce qui peut encore subsister en lui d’influences du vieux monde. »

La victoire électorale du Front populaire au printemps et la mobilisation ouvrière de mai-juin 1936 fait passer le projet des maisons de la culture de l’expérimentation au lancement à grande échelle. À la suite de Marseille, plus de soixante localités se dotent de maisons de la culture mobilisant un grand nombre d’adhérents. Soutenue par le gouvernement, à Argenteuil, le 19 février 1937, trois cents délégués sont présents pour la première conférence des maisons de la culture d’île-de-France. Elle est présidée par le ministre de l’Éducation nationale Jean Zay, représenté par l’écrivain et poète Jean Cassou. Louis Aragon, secrétaire général de l’Association des maisons de la culture, est chargé de tracer les grandes lignes d’un mouvement culturel dont l’esprit souffle jusqu’à nous.

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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 06:48
A propos d'un "reportage" du "Monde Magazine" sur les "Trésors cachés du PCF": lettre de Pierre Laurent au directeur de rédaction
 J'aime mieux les méchants que les imbéciles car parfois ils se reposent." (Alexandre Dumas)
Suite à l’article du Monde Magazine, daté du 1er juillet « Le trésor perdu du PCF », j’ai écrit au directeur de rédaction. Voici le contenu de la lettre:
A l’attention de M. le Directeur de rédaction
LE MONDE – M Le Mag
Monsieur le directeur,
Je sais bien que nous sommes en été et qu’il vous faut cependant remplir les pages de vos journaux. Je sais bien qu’il est devenu aujourd’hui un banal marronnier de se payer la tête du PCF en croyant étriper son histoire. Mais enfin, comme dit le sapeur Camembert, « quand on dépasse les bornes, il n’y a plus de limites ». Et là, dans l’article du Monde Magazine, daté du 1er juillet « Le trésor perdu du PCF », elles ont été allègrement franchies. On pouvait s’attendre à du sérieux, nous n’avons eu que du ridicule et de l’approximatif grotesque ce qui est bien dommage pour la réputation de votre journal. Ce papier ressemble plutôt à une mauvaise copie dans laquelle le potache cherche à épater le correcteur à coups de formules « choc » quand il ne fait qu’étaler son ignorance.
Il serait trop long – et cet article ne le mérite pas – de reprendre point par point erreurs et confusions. Il est en effet comique de voir « La Maison de la pensée française » située « au sein de la cantine de l’usine Renault à Boulogne-Billancourt ». Il est tout aussi bouffon qu’ André Fougeron et Édouard Pignon soient déclarés « peintres officiels du parti communiste français » (ils doivent se retourner dans leur tombe). Il est ridicule de présenter Les Lettres françaises comme « une revue » (vos « prodiges » n’en ont sans doute jamais eu un exemplaire sous les yeux !). Autant de perles auxquelles s’ajoutent quelques touches de mauvaise foi, par exemple rendre le PCF responsable du fait que des éditions luxueuses acquises par des bibliophiles soient aujourd’hui revendues (par qui ?) à prix d’or dans les salles des ventes… Encore un effort, et vos folliculaires pourraient peut-être accuser le PCF du prix exorbitant de certaines affiches de mai 1968 qui se vendent aussi très bien aujourd’hui !
Mais cessons là et venons en au fond. L’article cherche en fait à tourner en ridicule de grands artistes qui voulaient – quelle folie ! – « rendre l’art accessible aux classes populaires » et n’auraient été ainsi que des gogos aveugles sinon stupides, et on parle là, je vous le rappelle, de Fernand Léger, Pablo Picasso, Louis Aragon, Paul Eluard, Pablo Neruda, Édouard Pignon, entre autres. Ceux qui dressent ce réquisitoire semblent tout ignorer de l’histoire du XXe siècle et étalent, à peu de frais, leur mépris pour ces grandes figures ! Pour ce qui concerne l’apport des uns et des autres à l’humanité, la lutte est bien inégale, non ?
Je suis tout autant meurtri que vous ayez publié sans barguigner un papier aussi méprisant pour les ouvriers qui semblent, dans vos colonnes, voués à une bêtise indécrottable. Nous sommes décidément là en plein racisme social, délivré par ceux qui se posent comme « élite » éclairée et donneuse de leçons. Peut-être pourriez-vous leur apprendre qu’Édouard Pignon, né dans une famille de mineurs, fut d’abord ouvrier (galibot, puis manœuvre dans le bâtiment), que Fernand Léger naquit dans une famille de paysans, que etc… Et qu’on n’est pas condamné, notamment grâce à l’action d’un parti comme le nôtre, au déterminisme implacable de ses conditions sociales d’origine. Peut-être encore pourriez-vous leur signifier que bien des villes ouvrières doivent notamment aux communistes leur théâtre, leur cinéma, leur médiathèque, leur salle d’exposition… Et que la fameuse formule d’Antoine Vitez « être élitaire pour tous » est toujours aujourd’hui une excellente définition du combat communiste.
Au milieu de toutes ces fadaises, votre article répand aussi un pseudo-scoop, un peu réchauffé en fait car il a déjà été utilisé dans vos colonnes, mais pour une autre œuvre de Fernand Léger. En 2007, une délégation de la direction du PCF se serait rendue auprès du directeur d’un grand musée d’Art moderne avec l’intention de vendre la tapisserie de Fernand Léger « J’écris ton nom Liberté » qui est évidemment toujours accrochée dans l’immeuble du PCF, place du Colonel Fabien. Ce courageux directeur, qui n’hésite pas à confier à la presse pareille baliverne, souhaite rester anonyme, et on le comprend. Je ne vous demande pas de révéler son nom, car fort légitimement vous protégez vos sources mais je vous mets au défi de donner à vos lecteurs les noms des dirigeants qui composaient cette fantomatique délégation. Là, il ne devrait pas y avoir pour vous de gros problèmes déontologiques, puisque – vos collaborateurs le démontrent – tous les coups sont permis contre le PCF. Mais sachez-le, je dors tranquille !
Une dernière remarque : vos « journalistes » évoquent l’immeuble d’Oscar Niemeyer comme « un vrai bijou de famille entretenu comme une vieille Chevrolet cubaine par les derniers communistes ». On mesure la finesse du style et la hauteur de vue. Mais voilà qui ne va pas faire plaisir au ministère de la culture qui a inscrit l’immeuble au « Patrimoine » et aux dizaines de milliers de visiteurs annuels de ce site dont ils apprécient le geste architectural. Oui, le PCF s’honore de faire vivre ce haut lieu culturel au cœur de la capitale.
Monsieur le directeur, vous connaissez la boutade d’Alexandre Dumas : « J’aime mieux les méchants que les imbéciles, car parfois ils se reposent. » Je vous laisse le soin de choisir la catégorie dans laquelle ranger les auteurs de cet article. Mais dites-leur bien de ma part : nous sommes en été, et surtout qu’ils se reposent… Pour conclure, serait-il excessif de vous demander de présenter des excuses à tous les communistes pour ces fariboles que votre journal a publiées ? Je vous laisse juge.
Pierre Laurent
Secrétaire national du Parti communiste français
A propos d'un "reportage" du "Monde Magazine" sur les "Trésors cachés du PCF": lettre de Pierre Laurent au directeur de rédaction
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18 août 2017 5 18 /08 /août /2017 06:16
PCF: cachez ces trois lettres que je ne saurais voir, dont je ne saurais parler, qu'il faut faire oublier...
PCF: cachez ces trois lettres que je ne saurais voir, dont je ne saurais parler, qu'il faut faire oublier...

Merci France 2 d'avoir réussi à taire pendant tout le reportage sur la vente directe de fruits et légumes à Bastille à l'initiative du Modef et du PCF, jusqu'au nom même du PCF dont les militants étaient à pied d'oeuvre depuis l'aube un peu partout en France ce matin. 

Merci à France Inter d'avoir fait un reportage de 2 minutes sympathiques sur des paysans vendant à prix coûtant leurs fruits et légumes place de La Bastille, et des acheteurs solidaires contents de cette opération "La Campagne à Paris" en omettant le fait que le PCF et le MODEF organisaient l'opération, avec notamment des paysans syndiqués du Tarn-et-Garonne, une opération qui se faisaient sur plusieurs dizaines de sites, en région parisienne notamment. 

Merci à C NEWS, à B FM TV à l'AFP qui se sont ingénié à occulter le Parti Communiste sur cette opération qu'ils ont pourtant relaté avec un point de vue singulièrement choisi pour ne témoigner que d'une partie de l'événement. 

Les communistes sont occultés de tout média: dans zone interdite sur M6, on parle des festivals de France en parlant des vieilles Charrues comme le plus gros festival et en oubliant complètement la fête de l'Humanité.

Dans l'émission C dans l'air sur la 5 avant-hier dont l'objectivité est bien connue, le débat portait en partie sur la descente de Macron dans les sondages: pas d'allusion au PCF comme force oppositionnelle (à l'assemblée notamment), seule la FI est présentée comme parti d'opposition au gouvernement, la seule, sur la loi travail, à avoir fait des interventions pertinentes. La CGT est citée tout en soulignant qu'elle n'a pas le pouvoir politique de la FI...   

Quand va t-on citer le PCF? 

Pour reprendre les propos d'Arno Klarsfeld sur les communistes ennemis de l'Etat d'Israël au moment de la venue de Netanyahou à l'invitation de Macron à Paris, pour rappeler que nous soutenons la démocratie bolivarienne de Maduro, pour parler des "trésors cachés du PCF" à colonel Fabien... Mais surtout rien qui témoigne d'une mobilisation militante forte, d'une combattivité des élus sur des sujets de politique nationale. 

Le PCF n'existe plus médiatiquement, et pourtant il est le premier parti de gauche en nombre d'adhérents, il compte 56 000 adhérents à jour de cotisation, des milliers d'élus, cent ans d'histoire, un groupe parlementaire à l'Assemblée Nationale. Cela occulte tout ce que la société française doit au PCF et aux luttes des travailleurs: grands services publics, Sécurité Sociale, droit du travail, culture et loisirs pour tous, combat contre le fascisme, le racisme et le colonialisme, pour l'émancipation des dominés et des exploités.  

L'an passé, à la fête de l'Huma, les médias n'en avaient que pour les bons mots de Mélenchon: c'était quand même pas les quelques centaines de militants du Parti de Gauche qui organisaient la fête de l'Huma! 

Cela pose la question sans doute de notre mode d'apparaître et de notre force électorale. 

Cela traduit l'anti-communisme persistant d'une grande partie des médias. 

Cela pose avec plus de force les exigences d'un service public d'information respectueux de la diversité et réellement dégagé des puissances financières, ayant des missions d'éducation populaire fondées sur des valeurs démocratiques.  

Heureusement qu'il y a encore  l'Huma , même si le nombre de lecteurs s'amenuise et si la survie du journal tient du jeu d'équilibriste, voire du "miracle permanent"...  Si vous ne lisez pas L'Humanité vous ne saurez jamais qu'hier 1000 militants du PCF ont tenu une centaine de points de vente pour vendre 17 tonnes de denrées alimentaires à prix modique. Pourtant les drapeaux et badges du PCF sont bien visibles, mais l'AFP les à ignorés.

Mélenchon va t-il vouloir la racheter elle aussi comme "La Marseillaise" pour s'offrir le journal de Jaurès comme il convoitait le siège de Jaurès à l'Assemblée?  

 

Les points de vente solidaire de fruits et légumes le 17 août dans de nombreuses villes d’Ile de France
MERCREDI, 16 AOÛT, 2017
HUMANITE
Chaque année, au coeur de l'été, la vente solidaire de plusieurs tonnes de fruits et légumes nourrit le débat à l'initiative du PCF et du Modef. (Capture d'écran)

La vente solidaire de fruits et légumes organisée annuellement et conjointement par le PCF et le Modef (Confédération syndicale agricole des exploitants familiaux), c’est jeudi et c'est « pour le pouvoir d'achat, des prix justes et une agriculture rémunératrice responsable ». La liste de tous les points de vente. 

« L'ouverture des États généraux de l'alimentation a eu lieu en grandes pompes, avec une volonté de grand battage médiatique. Pour diversion ? Les dernières décisions gouvernementales ne laissent en effet entrevoir aucune volonté de répondre à la nécessaire augmentation du pouvoir d'achat des citoyens. Elles ne s'attaquent pas plus aux chantiers urgents de la rémunération du travail paysan et des salarié-e-s. », juge le Parti communiste français dans un communiqué qui annonce l’initiative qui se déroule jeudi 17 août toute la journée.

Il s’agira de proposer des fruits et légumes directement du producteur au consommateur, dans des dizaines de villes d’Ile de France (voir liste des points de vente ci-dessous). « Moins cher pour les consommateurs, plus rémunérateur pour les producteurs, le circuit court à prix juste, la population est invitée à en discuter... et à en bénéficier », commente le PCF dont une délégation sera reçue à 11h à Matignon.

Une initiative identique aura aussi lieu  les 1er et 2 septembre dans le Territoire de Belfort, dans le Jura, les 22, 23 et 24 septembre en Isère…

Les points de vente solidaire en Ile de France de ce jeudi 17 août

Paris

8h. Place de la Bastille

Hauts-de-Seine

Bagneux. 10h rond-point de la Fontaine Gueffier.

Gennevilliers.  9h30 parking Victor Hugo.  10h45 Place du marché du Luth.  12h Ferme de l'horloge. 14h45, Grésillons face à l'Espace. 16h mairie.

Nanterre.  9h, Petit Nanterre (5 allée des Iris).  11h : Esplanade Charles de Gaulle.

Val de Marne

Alfortville. 10H30 PCF, 1 Square Véron.

Boissy Saint Léger. 10h, Halle Griselle, rue Gaston Roulleau.

Bonneuil-sur-Marne.  10h : pharmacie de Fabien, laboratoire de Verdun, République (place des Libertés). 12h, mairie.

Champigny-sur-Marne. 10h : place Rodin et MPT  Gagarine. 12h : Mairie. 14h30 : parking avenue de Coeuilly. 14h30 gare des Boullereaux. 17h au Maroc (centre Jean Villar).

Chevilly-Larue. 18H30 : Maison pour tous ( 23 rue du Béarn ). 19H15 Quartier Anatole France.

Choisy le Roi. 16h30 place Jean Jaurès (Marché)

Fontenay sous Bois. 10H Hôtel de Ville.

Gentilly. 12H parvis du gymnase Carmen Lerou. 17H30 Mairie.

Ivry-sur-seine. 9h, Mairie.

Kremlin-Bicêtre. 17h45, 48 avenue Charles Gide (piscine).

La Queue-en-Brie. 9h30 Mairie, avenue Martier (Parking du centre commercial)

Nogent-Le Perreux. 10h, angle des rues Losserand et Anquetil.

Orly Ville. 10h, Espace Gérard Philipe.

Orly aéroport. 10h, section PCF de l’aéroport, 2 rue Georges Baudelaire.

Valenton. 18h, place du marché.

Villejuif. 10h, face à la Mairie. 17h, Marché Auguste Delaune.

Villeneuve-Le-Roi. 10 h, cité Paul Bert, cité Raguet Lépine.

Vitry-sur-Seine. 11h, Hôtel de Ville. 14h, Section PCF place de l’église. 18h Cité Colonel Fabien et

Place du 8 mai.

Seine Saint-Denis

Bagnolet. 10h30 Place du 17 octobre 1961, 78 rue Robespierre. 12h Hôtel de Ville. 17h30 Centre de santé rue Sadi Carnot.

Bobigny. 10h Espace citoyen 160 Avenue Jean Jaurès.

Drancy. 18h Quartier Salengro, ancien marché.

Epinay. 18h30 Section PCF 39 avenue de la Marne.

La Courneuve. 18h Franprix centre ville.

Le Blanc-Mesnil. 17h30 Section PCF 8b rue Claude Terrasse

Montreuil 17h. Section PCF 10 rue Victor Hugo, La Noue (Barrière de l'AFUL), Morillons (Leader Price) Bel Air (Château d'eau).

Noisy-le-Sec. 17h30 Maison des communistes 27 rue Henri Barbusse.

Pantin. 17H30 Ciné 104 Avenue Jean Lolive.

Pierrefitte 10h, Place de la mairie.

Saint-Denis.  18h, Floréal (promenade de la basilique). Francs-Moisins (La Poste), Square Fabien. 18h30 Place du 8 mai 1945.

Saint-Ouen. 17h vieux Saint-Ouen, boulangerie du haut. 18h30 Docks, parvis des bateliers et Place de la mairie.

Stains. 10h, 38 rue Paul Vaillant-Couturier.

Villepinte. 16h Quartier Pasteur (Espace Prévert) et quartier Fontaine Mallet (face pharmacie). 

Alimentation. Paysans et citoyens n’avalent plus les salades du libéralisme
OLIVIER MORIN
JEUDI, 17 AOÛT, 2017
L'HUMANITÉ
Paris, 18 août 2016. « Cinq/euros, c’est le montant de la baisse des APL que défend le gouvernement. Cinq euros, cela peut permettre l’accès de temps en temps à une cagette de fruits ou de légumes de qualité pour bien se nourrir. » B. Arbesu
 

La vente de fruits et légumes organisée aujourd’hui par le Modef et le PCF en Île-de-France démontre que des prix justes pour les consommateurs et les producteurs sont possibles. À condition d’en finir avec les dérégulations de la politique européenne agricole.

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17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 18:56
17 août 1955, disparition de Fernand Léger, peintre universel et adhérent communiste depuis 1945

Disparition de Fernand Léger le 17 août 1955
Pour beaucoup de ses contemporains et pour la majeure partie de ses commentateurs, l'œuvre de Fernand Léger s'est imposée comme la plus spécifique de notre temps, celle qui témoigne le plus universellement d'ambitions plastiques devenues cohérentes, dès l'aube du siècle, grâce à quelques poètes et plasticiens justement dominés par la haute stature de cet homme qui, de ses origines terriennes, avait gardé le sens des réalités.
Fils d'un éleveur de bestiaux, Léger fait ses études dans une école religieuse avant d'entrer en apprentissage chez un architecte de Caen (1897-1899), puis de venir à Paris (1900-1902). Après son service militaire, il est reçu au concours d'entrée à l'École nationale des beaux-arts. C'est comme élève libre qu'il suit les cours de Léon Gérôme, tout en fréquentant l'académie Julian.

L'exposition de Cézanne, en 1907, au Salon d'automne le détermine dans sa voie. Léger y apprend le refus de la sentimentalité, la rigueur de la perception, la concentration sur le dessin et les structures essentielles.

Aussi, bien qu'intégré à Montparnasse au groupe de la Ruche, d'un caractère plutôt pittoresque, il sera plus proche de celui du Bateau Lavoir, où, avec Picasso et Braque, s'élabore le cubisme. À la Ruche, cependant, il rencontre Chagall, Soutine, Laurens Lipchitz, Archipenko, et se lie avec Blaise Cendrars, qui sera non seulement un compagnon de route, mais une sorte d'initiateur aux beautés de cette vie moderne dont ils vont devenir, l'un et l'autre, les chantres majeurs. « La guerre, faite en première ligne, comme brancardier parmi les sapeurs du génie, est le choc déterminant qui cristallise son orientation artistique et sociale, appartenance populaire et culte solidaire de la beauté mécanicienne », a justement noté Jean Leymarie dans son introduction au catalogue de la rétrospective organisée au Grand Palais, à Paris (octobre 1971-janvier 1972). Aux théories manipulées dans l'entourage de Jacques Villon, à Puteaux, et qui décideront de la fondation du groupe de la Section d'or, Léger préfère cet affrontement direct avec la réalité.
S'il fut proche des peintres cubistes, c'est surtout par un souci, commun avec eux, de s'opposer à l'impressionnisme, considéré comme une décadence de la peinture : d'où la reconnaissance exclusive de Cézanne, qui avait envisagé de « traiter la nature par le cylindre, la sphère, le cône ». Mais, en découvrant avec les cubistes une nouvelle architecture, Fernand Léger découvrait également le dynamisme du monde contemporain. Les « orphistes » (les Delaunay) et les futuristes codifiaient au même moment cette expression du mouvement. En s'éloignant de l'objet pour retenir ce qui pouvait rendre signifiant son dynamisme, Léger a senti, lui aussi, que la réduction de cette réalité à la géométrie était une solution. En témoignent des œuvres aussi majestueusement élaborées que la Noce (1910-1911, musée national d'Art moderne, Paris). Les formes découpées, multipliées par elles-mêmes en un jeu de plans kaléidoscopiques, créent une dynamique plastique que renforcent les effets de simultanéité des contrastes colorés. En 1913, les divers Contrastes de formes renoncent passagèrement à la figuration. Fernand Léger a ainsi très vite dépassé le cubisme, trop statique selon lui, pour construire des symphonies plastiques où l'on perçoit déjà ce sens de la monumentalité qu'il développera ultérieurement dans des compositions à contenu social. Dès 1910, il avait reçu le soutien du marchand D. H. Kahnweiler, qui le présente sur les cimaises de sa galerie aux côtés de Braque et de Picasso.
L'affirmation de l'expression personnelle
La Partie de cartes (1917, musée Kröller-Müller, Otterlo) marque le passage d'un dynamisme encore héritier des découvertes antérieures à une expression plus personnelle, enrichie par l'expérience même de l'artiste, qui a découvert sur le front (« Je fus ébloui par une culasse de 75 ouverte en plein soleil, magie de la lumière sur le métal blanc […] ») une nouvelle beauté, assez âpre, par rapport à laquelle la place de l'homme se situe moins en harmonie qu'en conflit. Fernand Léger, dès lors, en même temps qu'il vise l'expression des forces et des beautés de la modernité, ne perd pas de vue que cet environnement mécanique et technique implique un nouvel humanisme. Il tentera ultérieurement d'assurer la pérennité de ces nouvelles valeurs dans l'action politique. Mais, dès cette époque, il se donne intensément à la pédagogie, qui est pour lui la première manière de changer les choses. Il prend des notes et écrit de nombreux articles (dès 1913 et jusqu'à la fin de sa vie), dont la plupart ont été réédités dans le recueil Fonctions de la peinture (1965). En 1924, il ouvre une académie dans son atelier du 86, rue Notre-Dame-des-Champs, en collaboration avec Ozenfant, co-créateur du purisme avec Le Corbusier. Entre-temps, il aura illustré J'ai tué et la Fin du monde de Blaise Cendrars, enfin participé à la fondation de la revue l'Esprit nouveau, où l'élaboration d'une nouvelle plastique n'est plus, comme au temps du cubisme, dissociée de la pédagogie et par là, de la vie. Il est significatif que Le Corbusier, artiste complet, ait servi d'intermédiaire et, de ce fait, ait offert à Léger la possibilité de sortir des seuls problèmes de la peinture de chevalet.
Entre 1918 et 1924, l'art de Léger est à un de ses sommets, au maximum de son ampleur et de son harmonieuse insertion dans le domaine du décoratif : composition mécaniste des Disques (1918), synthétique de la Ville (1919-1920, Philadelphia Museum of Art) et du Grand Déjeuner (1921, Muséum of Modern Art de New York), qui intègre admirablement la figure humaine dans un décor où l'objet est moins détail réaliste que signe représentatif d'une époque. Parallèlement, les décors et costumes que l'artiste exécute pour les Ballets suédois, ainsi que son film le Ballet mécanique (1924) fortifient cette idée que l'art doit sortir des limites du chevalet, aborder une multiplicité de techniques et de supports et, par tous ces moyens, se mêler à la vie.
1925 marque une période de crise, Léger présentant à l'Exposition des arts décoratifs, dans le « pavillon de l'Esprit nouveau », des peintures murales abstraites d'une sévère orthogonalité. Mais, très vite, il revient à l'objet, qu'il traite non pas dans cette ambiguïté poétique que les surréalistes avaient mise à la mode, mais en l'isolant dans un espace indifférencié (la Joconde aux clefs, 1930, musée Fernand-Léger de Biot). Les figures, de leur côté, avec leur modelé conventionnel, laissent l'arabesque et la couleur, loin de toute fonction descriptive, se déployer avec leur valeur propre (Composition aux deux perroquets, 1935-1939). Les décorations de Léger pour une salle de l'Exposition internationale de Bruxelles, sur le thème du sport (1935), puis pour le palais de la Découverte à Paris, sur le thème du Transport des forces (1937) lui permettent de définir une esthétique de synthèse à l'échelle du mur, qu'il avait toujours considéré comme le support idéal d'un art destiné à tous.
Pendant l'Occupation, le peintre se réfugie aux États-Unis, où il était allé trois fois déjà (en 1931, en 1935 avec Le Corbusier, en 1938). Il y retrouve les intellectuels et artistes émigrés, tels André Breton, Masson, Tanguy, Ernst, Chagall, Mondrian, Ozenfant… Il collabore aux expériences cinématographiques de l'ancien dadaïste Hans Richter et peint sous l'influence du milieu américain, qui, par l'ampleur de ses conditions naturelles comme par sa dimension mécanisée, répond idéalement à ses rêves plastiques.
De retour en France en 1945, il adhère au parti communiste, dont il deviendra, avec Picasso, un des grands représentants du milieu artistique. Il reprend les grandes compositions à personnages d'avant-guerre, en dissociant parfois l'apport de la couleur de celui du dessin, chacun ayant sa vie propre (états définitifs, en 1954, de la Grande Parade [musée Guggenheim, New York] et de la Partie de campagne [fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence]). On a vu là des réminiscences à la fois des papiers collés du cubisme et de la vision que l'artiste eut de Broadway et rapporta ainsi : « Vous êtes là, vous parlez avec quelqu'un, et tout à coup il devient bleu. Puis la couleur passe, une autre arrive, il devient rouge, jaune. Cette couleur-là, la couleur des projecteurs, du néon, est libre : elle est dans l'espace. J'ai voulu faire la même chose dans mes toiles. »
On voit également l'artiste aborder, à cette époque, tous les domaines de la création plastique : décors et costumes pour le Bolivar de Darius Milhaud (1949) ; mosaïque pour l'église d'Assy (1946) ; vitraux pour l'église d'Audincourt (1951), vitraux en dalles de verre pour l'église de Courfaivre, en Suisse, et pour l'université de Caracas (1954) ; décoration pour la grande salle du palais de l'O.N.U., à New York (1952) ; étude chromatique pour l'hôpital de Saint-Lô (1954). Léger aborde également la tapisserie, la céramique et la sculpture polychrome ; il illustre en 1953 Liberté, de Paul Éluard, poème-objet qui connaîtra un large succès populaire.
Grand prix de la Biennale de São Paulo en 1955, il meurt à Gif-sur-Yvette la même année, dans la propriété qu'il avait acquise en 1952. En 1957 est entreprise à Biot (où il avait réalisé ses premières céramiques) la construction du musée Fernand Léger, inauguré en 1960 et devenu par donation musée national en 1967.

Robert Clément

17 août 1955, disparition de Fernand Léger, peintre universel et adhérent communiste depuis 1945
17 août 1955, disparition de Fernand Léger, peintre universel et adhérent communiste depuis 1945
17 août 1955, disparition de Fernand Léger, peintre universel et adhérent communiste depuis 1945
17 août 1955, disparition de Fernand Léger, peintre universel et adhérent communiste depuis 1945
17 août 1955, disparition de Fernand Léger, peintre universel et adhérent communiste depuis 1945
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17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 18:49
Ne jamais l'oublier: 18 août 1945: Libération du camp de Drancy, placé sous la responsabilité de la préfecture de police et destiné aux persécutions antisémites contre les juifs dès août 1941

18 août 1945 : Libération du camp de Drancy 
Occupés par les troupes allemandes en juin 1940, les lieux servent de camp d’internement pour des prisonniers de guerre et des civils étrangers. C’est sous leur impulsion que la Préfecture de police y crée le 20 août 1941 un camp destiné aux Juifs. 4 230 hommes dont 1 500 Français, raflés à Paris entre le 20 et le 25 août, sont les premiers internés juifs du camp de Drancy.
Le camp est cerné d’une double rangée de barbelés séparés par un chemin de ronde, le tout précédé d’une cour intérieure en mâchefer. Une douzaine d’escaliers desservent les étages. Les W-C sont situés dans un bâtiment en briques plates et rouges qui ferme le fer à cheval. Hauts de quatre étages, les bâtiments entourent une cour d'environ 200 mètres de long et 40 mètres de large. Des miradors de surveillance se dressent aux quatre coins du camp.

Placé sous la responsabilité du Préfet de police, Drancy a initialement pour chef un commissaire de police. La surveillance est assurée par la gendarmerie et les services de ravitaillement de la Seine.
Le 12 décembre 1941, un détachement allemand avec à sa tête Theodor Dannecker, le chef du service des affaires juives auprès de la Gestapo en France, vient chercher 50 Juifs qui sont fusillés comme otages avec d’autres otages non-juifs. Trois cents autres détenus sont transférés à Compiègne pour compléter un convoi de déportés vers l’Est. Entre décembre et mars 1942, plusieurs dizaines de Juifs sont enlevés de Drancy pour être fusillés, le camp étant alors utilisé par les Allemands comme réservoir d’otages. Au début de juin 1942, tous les internés sont contraints de porter l’étoile jaune.
 

L'antichambre de la mort

Le camp devient à partir de mars 1942 le camp de rassemblement et de transit en vue de la déportation de tous les Juifs de France, ce qui lui confère un rôle majeur dans les persécutions antijuives perpétrées en France pendant la Seconde Guerre mondiale.

63 convois sont formés et partent de la gare du Bourget-Drancy jusqu'en juillet 1943 puis de la gare de Bobigny. Ils emmènent au total 65 000 personnes vers les camps d’extermination, principalement vers le camp d’Auschwitz-Birkenau.
Durant les périodes les plus intenses, et notamment dans la deuxième moitié de l’année 1942, deux voire trois convois par semaine sont formés au camp de Drancy. Le camp est alors surpeuplé, les installations sont insuffisantes et les nouveaux arrivants manquent de tout. Au plus fort des rafles, le camp compte environ 7 000 détenus alors que sa capacité théorique est de 5 000 places. Le comble de la détresse est atteint dans la deuxième quinzaine d’août 1942. Arrivent alors à Drancy, en provenance des camps du Loiret, les enfants de 2 à 12 ans qui ont été séparés de leurs parents le mois précédent.
A partir de l’été 1942, les départs rythment la vie à Drancy. À partir du 19 juillet 1942, les déportations se succèdent au nombre de trois par semaine. Elles offrent toutes un spectacle désolant. Durant l’été 1942, une atmosphère de terreur permanente règne à Drancy. Les larmes, les crises de nerfs sont fréquentes et l’on assiste à plusieurs suicides par défenestration. La veille du départ d’un convoi, les détenus déportables sont fouillés et dépouillés de tout ce qui peut avoir un prix. Ils sont ensuite enfermés dans les chambres attribuées aux « déportables » (les trois premières cages d’escalier) jusqu’à l’aube. De là, des autobus viennent les chercher pour les conduire à la gare de Bobigny ou du Bourget où ils sont entassés dans des wagons à bestiaux qui sont ensuite scellés. A partir de juin-juillet 1943, un commando de SS autrichiens, avec à sa tête Aloïs Brunner, prend en charge l'administration du camp jusqu'alors confiée à la préfecture de police - la gendarmerie assure cependant la surveillance générale de 1941 à 1944 - et y institue une administration violente et un renforcement de la discipline tout en procédant à des aménagements matériels. Brunner fait tout ce qu'il peut pour rafler le plus grand nombre de Juifs, jusqu'à charger des internés de convaincre des Juifs de sortir de la clandestinité et de rejoindre Drancy, faute de quoi leur famille internée à Drancy sera déportée immédiatement. Le dernier convoi à destination d'Auschwitz part le 31 juillet 1944. Le 17 août 1944, en pleine débandade de l'armée allemande, Brunner arrive à organiser le départ du dernier convoi dont 39 personnes réussiront à s'échapper avant l'entrée en Allemagne. Le 18 août 1944, 1 467 prisonniers sont libérés par le représentant diplomatique suédois et la croix rouge. 

Au total, plus de 80 000 Juifs auront été détenus à Drancy entre mai 1941 et août 1944, à 4 km de Paris.  

Page Facebook de Robert Clément, ancien dirigeant communiste de Seine St Denis et président du conseil général 

Ne jamais l'oublier: 18 août 1945: Libération du camp de Drancy, placé sous la responsabilité de la préfecture de police et destiné aux persécutions antisémites contre les juifs dès août 1941
Ne jamais l'oublier: 18 août 1945: Libération du camp de Drancy, placé sous la responsabilité de la préfecture de police et destiné aux persécutions antisémites contre les juifs dès août 1941
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17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 06:37
 ISBN 978-2-7082-4557-0  96 pages  /  Prix  7 €    Format : 120 x 180

 ISBN 978-2-7082-4557-0 96 pages  /  Prix  7 €   Format : 120 x 180

Et maintenant, Monsieur le Président ?   / André Chassaigne

Dix interpellations à Emmanuel Macron

 

À 39 ans, le fondateur d'En marche ! vient de conquérir l'Élysée. Déjouant tous les pronostics, reléguant à la marge les partis au pouvoir depuis quarante ans, le nouveau Président de la République promet une « Révolution » où triompheront le « progrès », la liberté, l’« émancipation », l’«  égalité des chances », un « travail libéré ». Une révolution ? Vraiment ?

 

Dans ce petit livre, dépassant les exercices de communication et les invectives stériles, André Chassaigne, député du Puy de Dôme, interpelle Emmanuel Macron sur dix points essentiels de son projet : "renouveau démocratique", réenchantement de l'Europe, modèle de croissance, « libération du travail », protection sociale, avenir des territoires, égalité des chances, compétitivité, finance au service de l’investissement, sécurité… Chaque volet est examiné sans caricature ni complaisance avec le désir d’ouvrir un débat exigeant qui sorte la France de l’impasse économique et sociale dans laquelle l’ont plongé les quinquennats précédents.

 

Ancré dans son territoire, auteur de propositions de loi élaborées avec les citoyens, un député s’adresse au Président de la République.

Et maintenant Monsieur le Président ? Ouvrons le débat ! Rénovons vraiment la démocratie !

 

 

André Chassaigne  est député du Puy-de-Dôme. Président des députés du Front de Gauche et du Groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine à l'Assemblée nationale de juin 2012 à juin 2017.

Il a été classé le plus actif des 577 députés durant la mandature 2012-2017 (par le média « Capital.fr », sur la base du bilan effectué par le collectif « Regards Citoyens ») pour sa disponibilité et son implication à l'Assemblée nationale et en circonscription, au plus près des citoyens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et maintenant, monsieur le Président? - Dix interpellations à Emmanuel Macron, par André Chassaigne - un livre à lire
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17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 06:27
Douarnenez: le festival de cinéma ouvre ses frontières (Le Télégramme, 17 août 2017)

Marie-Line Quéau. 

 

Pour sa 40e édition, qui démarre demain pour s'achever samedi 26 août, le festival de cinéma de Douarnenez s'ouvre sur un thème d'actualité, celui des frontières. 

« Depuis 1978, le festival accueille des peuples minorisés en lutte. Pour cette édition anniversaire, le thème est venu assez naturellement. Identités, migrations, frontières... Toutes les éditions ont abordé cette question, plus que centrale aujourd'hui. Une question compliquée, reconnaît Yann Stéphant, directeur de ce festival de cinéma militant. À Douarnenez, nous avons souvent reçu des peuples comme les Kurdes ou les Sahraouis, qui sont des peuples sans États ». Emblématique des questions qu'elle pose, la frontière entre le Mexique et les États-Unis sera à l'affiche à Douarnenez. En cinéma et en parole politique. Également au programme, les Balkans, comme route de migrations mais aussi comme territoire où de nouvelles frontières se dessinent. Il y aura un zoom sur la Guyane, cette improbable porte de l'Europe en Amérique du Sud. Et un plan large sur la frontière israélo-palestinienne. Sur ce sujet, le festival assume son parti pris, plutôt pro-palestinien. « En cohérence avec notre postulat, qui est le respect des droits humains », explique son directeur.

Les droits humains d'abord


Illustration avec certains invités, comme Cédric Herrou, agriculteur dans la vallée de la Roya, lieu frontière entre la France et l'Italie. « Il en est devenu la figure médiatique pour avoir fait oeuvre de solidarité, de la manière la plus simple qui soit.

 

 Juste en accueillant et en donnant de la nourriture, rappelle Yann Stéphant. Il sera parmi nous, si son actualité judiciaire le permet. Aujourd'hui, on assiste en effet à une volonté de criminaliser ceux qui portent simplement assistance à personne en danger, notamment en les assimilant à des passeurs, comme en Méditerranée. À Douarnenez, nous avons tissé des liens forts avec l'association SOS Méditerranée, avec des sauveteurs comme avec des sauvés. Ils seront là aussi ».

« L'encampement » du monde


« Nous verrons des films très impressionnants sur les gens traités comme du bétail dans les grands corridors entre les frontières, souligne Yann Stéphant. Et justement, l'anthropologue Michel Agier viendra parler de la notion d'encampement du monde, de la frontière habitée, de ces nombreuses zones de passage qui sont devenues des zones de vie, sans avoir été conçues pour l'être, comme à Calais ou à Idoméni, en Grèce. La frontière, c'est aussi un lieu de rencontres, d'altérité. Nous aurons des témoignages de personnes qui y ont vécu et de nombreux films retraçant le parcours de migrants. Les migrants sont des combattants et ceux qui les aident aussi. Ce sont des aventuriers qui ont des histoires extraordinaires à raconter ». 

Pratique 
Programmation complète à consulter sur www.festival-douarnenez.com

 

Et aussi: 

 

Festival de cinéma de Douarnenez. Cinq raisons d'y aller
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17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 06:17
Le devoir d’hospitalité
 PAR 

Tandis qu’en France la solidarité est devenue un délit, sanctionné par les tribunaux, l’Union européenne laisse l’Italie criminaliser les ONG qui viennent au secours des migrants en Méditerranée. Cette politique de rejet et d’indifférence est aussi irréaliste qu’elle est inhumaine.

 

Un jour, on se souviendra avec honte qu’en France, au début du XXIe siècle, une démocratie, son État, ses gouvernants et ses juges, ont criminalisé ce geste élémentaire d’humanité : la solidarité. Et qu’ils l’ont fait alors que notre continent, face à un défi humanitaire sans précédent depuis les catastrophes européennes du siècle passé, avait rendez-vous avec son âme, pour reprendre la forte formule du président de SOS Méditerranée, Francis Vallat, ancien armateur fidèle aux solidarités élémentaires, comme tout marin l’a appris de la mer : « À un moment donné, quand quelqu’un coule, vous le sauvez… Nous, on essaie de sauver notre âme, celle de l’Europe » (lire ici notre entretien).

Pour l’heure, on se demande comment, lors de la prochaine rentrée des classes, les enseignants s’en sortiront face aux élèves qui les interrogeront sur la condamnation en appel de l’agriculteur Cédric Herrou à quatre mois de prison avec sursis pour avoir aidé des migrants, avec cette motivation jugée aggravante par les magistrats d’« une démarche d’action militante ». Une peine qui ne témoigne d’aucune mansuétude puisque, de nouveau mis en examen pour des faits similaires et n’ayant aucune intention de renoncer à son engagement avec tous les solidaires de la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), Cédric Herrou risque désormais la prison ferme à sa prochaine récidive.

Car la « solidarité » figure explicitement aux programmes de l’enseignement moral et civique (voir ici), dispensé aussi bien en école élémentaire qu’au collège et au lycée. En bonne place, ce mot venant juste après les trois de la devise républicaine (liberté, égalité, fraternité) et celui de laïcité, il fait partie des « principes » et des « valeurs » que l’éducation nationale est supposée transmettre à notre jeunesse afin que son « aptitude à vivre ensemble » soit portée par « une même exigence d’humanisme ». Selon son énoncé officiel (les programmes sont ici et ), cet enseignement prévoit même d’éduquer les élèves à« la sensibilité » comme « composante essentielle de la vie morale et civique : il n’y a pas de conscience morale qui ne s’émeuve, ne s’enthousiasme ou ne s’indigne ».

Dès l’école primaire, le « secours à autrui » est cité comme exemple de ce nécessaire « engagement » dans les affaires de la cité et la marche de l’humanité auquel préparent ces leçons, invitation à « agir individuellement et collectivement » afin de « s’impliquer dans la vie collective ». Quand on arrive au lycée, le refrain se fait encore plus insistant, ambitionnant « la formation d’une conscience morale », vantant « l’exercice du jugement critique » et plaidant pour « le sens de l’engagement ». L’affaire Cédric Herrou est donc bien, littéralement, un cas d’école qui illustre le divorce entre des gouvernants ayant renoncé aux principes dont notre République se réclame et des individus qui s’efforcent de les sauver en les faisant vivre, au-delà des grands discours(par exemple ici celui tenu par Emmanuel Macron, à confronter à la réalité expliquée).

Tout comme le maire de Grande-Synthe, Damien Carême, qui a refusé de se dérober face au devoir d’hospitalité (voir son blog sur Mediapart), Cédric Herrou est une figure morale, incarnant cette résistance éternelle à la raison d’État, à son cynisme froid et à son égoïsme imprévoyant. Les tenants de celle-ci ont coutume de ricaner au seul énoncé de ce mot, « morale », oubliant que l’État dont ils se prétendent les gardiens l’enseigne aux générations à venir, lui conférant une dimension civique en refusant de la reléguer au seul domaine de l’intime ou du spirituel. C’est pourquoi la désobéissance éthique (lireici et ) que revendiquent les militants solidaires des migrants et des réfugiés restera comme l’exemple même des combats par lesquels l’humanité s’est grandie quand les noms de ceux qui les ont méprisés ou réprimés seront définitivement oubliés.

Inventeur du concept de « désobéissance civile » en 1849, l’Américain Henry David Thoreau refusa de payer ses impôts pour empêcher qu’ils financent l’injuste guerre de conquête des États-Unis au Mexique, tout comme la féministe Hubertine Auclert fit de même en 1879 afin de revendiquer le droit de vote si longtemps refusé aux femmes. Qui ne convient, aujourd’hui, que l’une comme l’autre furent précurseurs et visionnaires quand les politiciens et les administrations auxquels ils s’opposaient ne voyaient pas plus loin que leur pouvoir immédiat, borné et limité, sans imagination ni anticipation ? Ainsi l’attitude des désobéissants d’hier et d’aujourd’hui est-elle autant politique que morale : en prenant leur risque, en s’indignant et en résistant, ils font de la démocratie un chantier toujours ouvert, en construction permanente.

« Le citoyen, demandait Thoreau, doit-il un seul instant, dans quelque mesure que ce soit, abandonner sa conscience au législateur ? Pourquoi, alors, chacun aurait-il une conscience ? Je pense que nous devons d’abord être des hommes, des sujets ensuite. » Un peu plus d’un demi-siècle auparavant, la Déclaration des droits de l’homme de 1789 ne disait pas autre chose en énonçant, dès son article 2, la « résistance à l’oppression »parmi « les droits naturels et imprescriptibles de l’Homme » (voir ici). Or, sauf à ignorer tout principe d’humanité, qui ne voit, parmi nous, qu’il y a en effet oppression quand des États se refusent à aider des hommes, des femmes et des enfants en détresse ou en péril, ne les secourent pas quand ils risquent la mort dans le simple espoir de survivre, ne les accueillent pas alors qu’ils fuient guerres et misères, violences et sécheresses, désordres économiques, dénis démocratiques et dérèglements climatiques, ne les nourrissent ni ne les hébergent, ne leur accordant même pas le minimum vital ? 

Loin de relever de pétitions de principe abstraites, ces mots, qui fondent une éthique de la solidarité, sont concrètement inscrits dans une foultitude de textes internationaux et européens – traités, conventions, résolutions, déclarations, directives, etc. – qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, font obligation aux États de les respecter. Quand ces derniers les bafouent, avec la complicité active de gouvernants incapables d’être au rendez-vous de leur responsabilité historique, flattant les égoïsmes nationaux et jouant sur les replis identitaires, il revient donc à la société de les défendre. Tel est le sens de l’action de Cédric Herrou ainsi que de tant d’autres militant-e-s associatifs. Et c’est bien parce qu’elle dévoile l’injustice et la lâcheté des politiques officielles, de tri entre migrants et de fermeture des frontières, qu’elle devient insupportable au pouvoir en place.

Le réalisme est du côté des solidarités

Car, contrairement à ce que nous serine depuis des années la vulgate politicienne et médiatique, le réalisme est du côté de ce monde associatif et militant. Réalisme des principes, évidemment, qui, à force d’être piétinés par les administrations étatiques et les gouvernements en place, deviennent des mots vidés de leur sens et, pour le coup, des digues immensément fragiles face aux régressions xénophobes, autoritaires et identitaires. Ainsi, comment ne pas être alarmé par le fossé abyssal qui s’est creusé entre le monde unanime des défenseurs des droits humains et les politiques mises en œuvre, sous cette présidence comme sous les deux précédentes, à l’encontre des migrants ? Leur expertise, nourrie de l’expérience vécue, est tenue pour négligeable par un État qui ne raisonne qu’en termes de flux, de stocks et de chiffres, sans jamais prêter attention aux réalités humaines qu’ils recouvrent et à ce qu’elles pourraient lui apprendre.

Le très indépendant et fort respecté Défenseur des droits (ici et aussi là), la Commission consultative des droits de l’homme, à l’unanimité de la soixantaine d’associations qu’elle regroupe (), des ONG aussi diverses qu’Amnesty International, la Cimade, Médecins du monde, Médecins sans frontières et le Secours catholique (), tous ont beau avoir pris position contre cette criminalisation de la solidarité, proclamant qu’elle n’est que la mise en pratique de la défense des droits humains fondamentaux, rien n’y fait !

L’État continue son aveugle et irresponsable bonhomme de chemin, contrôle, réprime, interpelle, garde à vue, poursuit, met en examen, traduit en justice, condamne… « Ni trafiquants ni délinquants, lui ont récemment rétorqué plusieurs ONG et associations,ces personnes [qui viennent en aide aux migrants], inquiétées, intimidées, poursuivies et désormais condamnées, sont avant tout des défenseurs des droits humains. Car il s’agit bien de protéger les droits violés des personnes migrantes et réfugiées, qui sont confrontées à l’inaction, aux défaillances et même aux atteintes à ces droits portées par les autorités françaises. »

Mais ce que donne à voir ce divorce entre un État, qui parie sur une indifférence collective qu’il entretient, et des militants, dont les actes individuels s’efforcent de réveiller les consciences, c’est aussi l’irréalisme inopérant des politiques officielles quand, au contraire, le monde associatif fait preuve d’un pragmatisme efficace. Car qu’ont fait nos gouvernants depuis que l’accentuation interdépendante de crises démocratiques, humanitaires, sécuritaires, sociales, écologiques, etc., a accéléré la mise en branle d’une humanité en quête de survie et de dignité, venue du monde arabe et du continent africain ? Ils n’ont rien voulu comprendre ni entendre. Au lieu de prendre la mesure durable et persistante de cet ébranlement, ils s’entêtent à fuir le monde nouveau qu’il dessine, où réfugiés politiques et migrants économiques sont emmêlés, où les désastres guerriers et les désordres climatiques avancent de concert, où l’Europe est définitivement requise par un devoir d’hospitalité.

La même Union européenne qui impose à ses peuples des politiques économiques uniformes, sur lesquelles ils n’ont guère prise, a été incapable d’élaborer des réponses communes, solidairement partagées par ses États membres, sur les questions migratoires. Impuissante à inventer des solutions à la hauteur d’un défi historique, elle a préféré se défausser, écarter, repousser, mettre à distance, etc., cette réalité humaine qui la bouscule et la dérange. C’est ainsi qu’en 2015, elle a pressé le gouvernement italien de mettre fin à l’opération de secours en mer Mare Nostrum, pour donner la priorité, avec Frontex, à la surveillance de ses frontières. Puis, en 2016, elle a conclu cet accord de la honte avec la Turquie (lire ici), sous-traitant à Ankara le blocage des réfugiés, moyennant finances – les migrants ne sont plus qu’une monnaie d’échange – et silences – la dérive autoritaire du régime a continué de plus belle.

Or c’est ce même accord qu’avec le concours zélé de la France, l’UE veut aujourd’hui reproduire en Libye (lire là), dans un pays encore plus instable, dévasté et déchiré, où les violences et sévices subis par les migrants sont attestés. Comment ne pas redouter que cette promotion de la Libye en auxiliaire des politiques de contrôle migratoire ne s’accompagne d’une tolérance coupable envers les atteintes aux droits humains et aux principes démocratiques subies par son peuple ? Et d’autant plus que le semblant d’autorités libyennes et les autorités italiennes paraissent soudain s’être donné le mot, les premières pourchassant les navires de sauvetage en mer (lire ici), les secondes criminalisant les ONG qui les affrètent (lire ici l’alerte de Migreurop et là le rapport de Forensic Oceanography). C’est comme si, pour guérir une maladie, on s’en prenait aux médecins qui, vaille que vaille, tentent de la soigner. 

Le repli sur nous-mêmes, nos frontières, nos nations, nos conforts, nos indifférences, est une dangereuse illusion qui ne nous protégera pas des bouleversements de ce nouveau monde où « nous ne sommes plus seuls », selon la pertinente formule de Bertrand Badie qui aimerait trouver des gouvernants capables de voir loin, de penser large et d’agir au-delà du court terme (lire ici). Politistes, géographes, historiens, démographes, etc., nombreux sont les chercheurs qui documentent cette complexité inédite de la question migratoire qu’une politique digne de ce nom devrait oser prendre à bras-le-corps. S’ils étaient lus, mieux écoutés, nous entendrions cette pédagogie qui manque, capable à la fois de dire les difficultés objectives de l’accueil et de l’intégration tout en énonçant cette vérité que nous n’avons plus le choix, sauf à nous couper du mouvement du monde et de l’exigence d’humanité.

François Gemenne est l’un des plus notables d’entre eux qui, dans un appel lumineux à « ouvrir les frontières » (lire ici, accès payant), a mis en évidence le « vide politique abyssal » des réponses européennes à une crise qui, souligne-t-il, « n’est pas celle des réfugiés » : « Cette crise est d’abord celle de l’Europe. Parce qu’elle révèle son incapacité à répondre de façon digne et cohérente à l’une des plus graves crises humanitaires qu’elle ait connues à ses portes. » Europe, on le sait, fut une divinité de la mythologie grecque. Il y a un quart de siècle, le philosophe René Schérer exhumait l’une des figures qu’y prend Zeus, le dieu des dieux : Zeus hospitalier, dieu de l’hospitalité (voir ici). Ce Zeus que l’on retrouve dans l’Odyssée, lors du retour final du pérégrinant Ulysse à Ithaque.

Déguisé en mendiant, crasseux et misérable, Ulysse, méprisé des puissants dont il fut, est accueilli de bonne grâce par un humble porcher qui, à ses remerciements, réplique :« Étranger, je n’ai pas le droit, quand même viendrait quelqu’un de plus miséreux que toi, de manquer de respect envers un hôte. Ils sont tous envoyés de Zeus, étrangers et mendiants. » Lui-même helléniste, Jean-Pierre Vernant, cette haute figure de résistance démocratique et d’exigence intellectuelle, creusait ce sillon, où se mêlent antiques sagesses et compassions spirituelles, en nous invitant à jeter des ponts, à faire lien, à tendre la main, bref à être solidaires : « Pour qu’il y ait véritablement un dedans, encore faut-il qu’il s’ouvre sur le dehors pour le recevoir en son sein. Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans et par lui. Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre et cesser d’être. On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est un pont. » 

Cédric Herrou et ses semblables sont de ces hommes qui, jetant des ponts, sauvent l’âme de l’Europe.

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17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 06:13

Le président nouvellement élu a cru devoir à l'occasion de la commémoration de la rafle du Vel' d'Hiv inviter M. Netanyahou et dans le même mouvement prononcer une condamnation ex cathedra contre l'antisionisme identifié à l'antisémitisme. 

Ce comportement est inconcevable pour plusieurs raisons: en premier lieu parce que le premier ministre israélien est coupable de crimes de guerre, qu'il pratique une politique non seulement contraire à toutes les résolutions de l'ONU relatives au règlement pacifique juste et négocié du conflit au Proche-Orient mais en outre traite la déclaration d'indépendance d'Israël comme un chiffon de papier; celle-ci ne permet à aucun gouvernement israélien de faire fi des résolutions dont l'engagement à les respecter a conduit à la création de l'Etat d'Israël. 

En second lieu, cette invitation du premier ministre israélien pour la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv conforte les propagandes - notamment celle d'Israël, répercutée par le Crif en France - qui veulent faire admettre à l'opinion publique qu'Israël est légitime pour parler au nom de tous les juifs, comme si toutes les victimes de la rafle, tous les survivants du génocide et leurs successeurs se reconnaissaient dans "le" sionisme. 

En troisième lieu, l'identification de l'antisionisme à l'antisémitisme est scandaleuse: il est notoire que "le" sionisme n'existe pas, ses variantes sont multiples; rappelons que Ben Gourion, qui se réclamait du "sionisme", considéra M. Begin comme un nouvel Hitler jusqu'à la guerre des Six-Jours; la politique israélienne subit ensuite de profondes inflexions jusqu'à aujourd'hui, où la version du "sionisme" de Jabotinsky, version d'ultradroite et quasi fascisante, l'inspire. Il n'existe et ne peut exister de définition univoque de ce courant idéologique traversé d'influences multiples et de contradictions considérables. 

Pour cette même raison, l'"antisionisme" est une terminologie qui n'admet aucune définition univoque. Celles et ceux qui éventuellement s'en réclament sont constitués par au moins deux courants distincts et opposés; le premier est d'inspiration démocratique, ne conteste pas la légitimité de l'Etat d'Israël au terme des résolutions de l'ONU et à ce titre entend protester globalement contre la politique de l'Etat d'Israël. Ignorer qu'en Israël même nombre de voix de progressistes se réclament de l'"antisionisme" révèle ou bien l'ignorance coupable du chef de l'Etat ou sa complicité avec la politique actuelle de l'Etat d'Israël. 

Un second courant se réclamant de "l'antisionisme" ne fait aucun mystère de son rejet des résolutions de l'ONU, considère globalement l'Etat d'Israël comme illégitime, sa création comme une erreur, et suspecte tout compatriote "juif", qu'il se déclare tel ou non, comme suspect de "sionisme"; ce courant est ouvertement antisémite et il se pare d'"antisionisme" pour éviter d'être traduit en justice; en France l'antisémitisme est un délit. 

Entretenir la confusion est gravissime et vise à empêcher la critique démocratique de la politique du gouvernement israélien, à criminaliser celles et ceux qui n'hésitent pas à la combattre en utilisant une terminologie sujette à caution mais dont le contexte de l'expression ne laisse aucune place à aucune interprétation équivoque. 

Enfin, c'est le plus grave, cette identification entre un délit et une terminologie discutable crée un précédent inadmissible: c'est le courant démocratique qui est seul visé et qui se trouve sous le coup d'un procès inquisitorial. Une autre voix juive a constamment refusé de placer son action sous le signe de "l'antisionisme" mais combattra avec résolution toute tentative d'intimidation de nos compatriotes qui tout en voulant à bon droit protester contre la politique israélienne ne mesurent pas les ambiguïtés de cette terminologie. 

 

Pascal Lederer et Olivier Gebuhrer

Coanimateurs d'Une autre voix juive  

http://uavj.free.fr 

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