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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 09:43

Cher Benoît, cher Jean-Luc,

Je suis maire d’une ville où plus d’un enfant sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Dans cette ville, la santé est devenue un luxe. Dans cette ville, le plafond de verre contraint une partie de la jeunesse à renoncer à ses rêves. Dans cette ville, des gens ne mangent pas toujours à leur faim…

Cette ville, ma ville, est une ville populaire. Il y manque des médecins, des enseignants, des policiers, des assistants sociaux. Cette ville, c’est Grigny. Mais cela pourrait être n’importe quelle autre ville populaire. Nous sommes victimes de la ségrégation sociale et territoriale, de la discrimination à l’adresse, de ce système qui fabrique de l’exclusion, de la résignation et de la violence.

Les Grignois, comme l’ensemble de nos concitoyens modestes, ne peuvent plus attendre pour l’égalité. Ils ont besoin d’une hausse immédiate des salaires. Il faut redonner des moyens à l’école de la République et renouer avec la police de proximité. Nos concitoyens veulent des logements dignes, des transports de qualité, une énergie propre et moins chère, un environnement respirable. Ils doivent pouvoir se soigner et continuer à être fiers d’un système de sécurité sociale qui émancipe de la loi du plus fort.

Cher Benoît, cher Jean-Luc, à Grigny comme ailleurs, vos carrières, vos querelles, on n’en a rien à faire. L’urgence dans ce pays est sociale. Elle est celle de l’égalité réelle, des droits sociaux, du climat. Ensemble faisons le constat que ce quinquennat est un rendez-vous – encore – manqué pour les classes populaires. Construisons des propositions d’urgence pour les habitants de nos quartiers. Nous voulons la mise en œuvre de droits réels. Nous n’accepterons plus le saupoudrage de la politique de la ville, des politiques dites prioritaires, toutes ces expressions de solidarité, voire de charité.

Je vous invite à Grigny pour que vous vous rendiez compte de l’état de nos vies, de ces peurs face au quotidien, de ces résistances autant que des espoirs immenses. Je vous invite à venir dire aux Grignois, les yeux dans les yeux, qu’ils peuvent attendre cinq ans supplémentaires pour une vraie politique de gauche, que la victoire de la droite populiste, ou de l’extrême droite fasciste, ce n’est pas grave. Que la cure libérale de Macron, ça ne leur fera pas de mal.

Messieurs, la vraie raison de l’engagement à gauche est ici. Elle est dans ces vies qui se brisent face à la précarité, à l’exclusion et à la misère. Au lieu de cela, vous hésitez, vous posez des principes, vous discutez. Et, dans l’entre soi d’une salle de restaurant, vous décrétez que le rassemblement est impossible. L’excuse ? L’Europe. Trop facile !

Tout cela, ce n’est que de la petite politique. Où est le sens du commun ? Où est l’intérêt général dans cette guéguerre ? L’Europe que nous refusons, nous la combattions ensemble dès 2005. Nous pourrions rouvrir le même front en 2017. Mais par votre obstination à chercher le plus petit diviseur commun, vous vous apprêtez à faire perdurer trente années d’inégalités.

Vos divisions tuent l’espoir d’une politique ambitieuse qui pourrait mettre fin à l’insupportable. L’union est un combat quotidien. Dans nos quartiers, nous le mettons en œuvre tous les jours pour survivre. Alors pourquoi pas vous ?

Pire, vous vous apprêtez à dégoûter encore un peu plus de la politique ceux qui ne peuvent plus attendre. Messieurs devant l’Histoire, soyez dignes ! Pour le petit peuple que nous sommes, prenez vos responsabilités, rassemblez-vous ! 

Philippe RIO Maire de Grigny.

Philippe Rio : « À Grigny, on a la fraternité mais il nous manque l’égalité »
Michel Delaporte
Jeudi, 29 Janvier, 2015
L'Humanité
 

Lors d’une réunion, tenue mardi soir, Philippe Rio, maire (PCF) de Grigny, a proposé l’adoption d’un manifeste : la République pour tous, où le diagnostic accablant cède la place à une foule de propositions concrètes adressées à l’État. Il est reçu aujourd’hui à l’Élysée par François Hollande.

À l’entrée du centre socioculturel Sidney-Bechet de Grigny, situé au cœur du futur centre-ville, une affichette noir et blanc, « Je suis Charlie ». Il est 20 heures. Progressivement, habitants, élus, représentants religieux et acteurs sociaux de la ville entrent dans la salle. Au fond de la scène, sur un grand écran de projection, les visages de huit jeunes s’affichent. Huit apprentis journalistes, pour certains originaires de Grigny, qui ont produit une vidéo : Nous, reporters citoyens, refusons les préjugés. Une réponse filmée au contenu de l’article du Figaro paru le 15 janvier 2015 intitulé « À Grigny, la ville de Coulibaly, la théorie du complot va bon train ». Une cinquantaine de personnes ont répondu à l’appel du maire (PCF) de Grigny, Philippe Rio. Depuis les attentats du 7 et 8 janvier dernier, beaucoup de journalistes ont défilé à la Grande Borne, le quartier où a vécu un des trois djihadistes, pour y trouver des explications à l’inexplicable. Entouré de l’ancien maire et conseiller municipal Claude Vasquez ainsi que de Fatima Ogbi, deuxième ajointe socialiste, le maire de Grigny propose d’entamer, avec cette rencontre, « une première étape de reconstruction, après le tremblement de terre ».

16 % des habitants au chômage

Dans sa main, il tient un long texte distribué à chacun. Un projet de manifeste, la République pour tous. Douze pages qui dressent un diagnostic social et territorial accablant. Les chiffres surprennent même une assistance d’acteurs aguerris : 40 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, 40 % sont au chômage à la Grande Borne et 16 % au total dans la ville, près d’un jeune sur deux sorti du système scolaire est sans diplôme, près de 16 % des élèves de troisième ont un retard d’au moins deux ans, 5 % des enfants ayant un trouble du langage doivent attendre plus d’un an pour obtenir un rendez-vous avec un orthophoniste, près de 2 500 dossiers relevant d’infractions et de la justice des mineurs sont en attente de traitement. Voilà la réalité. Voilà les conséquences d’un quotidien qui se craquelle à très grande vitesse. « À Grigny, la fraternité et la solidarité, nous les avons. Il nous manque une chose : l’égalité », tonne Philippe Rio. Dénonçant avec véhémence « une inégalité territoriale délibérément organisée, des logiques de ségrégation construites en partie par les politiques publiques. Qui a abandonné ce navire ? Les gouvernements successifs. Sur la sécurité publique, combien de pétitions avons-nous signées pour pointer la suppression de trente postes de policiers dès 2003 ? Aucune réponse concrète du préfet aux dernières violences constatées sur la Grande Borne ».

Alors, que propose le manifeste ? Il y est clairement demandé « réparation des effets des politiques étatiques d’aménagement du territoire ». Exemple avec le recensement de la population. Tel qu’il est effectué, il n’inclut pas tous les foyers. « Nous estimons que vivent 30 000 habitants à Grigny (contre 27 000 recensés en 2012) et qu’un nouveau calcul des dotations de l’État devrait intervenir sur cette base. » Cela signifierait un surplus de… 15 millions d’euros. « Croire dès lors que les banlieues populaires comme Grigny fabriquent des terroristes est totalement faux. Il est dangereux de réduire à un problème local, un problème qui relève du national et qui concerne chacun où qu’il habite », conclut l’élu. Aminata Gueye, de l’association Afase, prend la parole : « Tous les parents veulent la réussite de leur enfant. Il y a beaucoup de femmes et d’hommes qui se mobilisent à Grigny. L’éducation populaire est essentielle. Je n’en veux pas aux journalistes mais on sait que le seul nom de Grigny fait vendre. Il y a une différence entre informer et déformer. » Aïssata, habitante de la Grande Borne, rebondit : « On doit poser des actes ensemble, sans se disperser. Même si on est dans la pauvreté, on peut être éduqué et fonder des bases solides auprès des parents avec les moyens du bord. » Jacky Bortoli, conseiller municipal et habitant de la Grande Borne, se lève : « On parque les gens sous l’égide d’un office HLM mourant, c’est une féroce machine à fabriquer de la précarité. Cette Grande Borne montrée dans les médias ne se laissera pas faire. Quand Malek Boutih (député socialiste de la 10e circonscription de l’Essonne) insinue que les élus pactisent avec le mal et qu’il parle d’islamo-nazisme à propos des terroristes, il est hors sujet. Il nous faudra lui répondre collectivement », s’emporte-t-il. Une bataille supplémentaire à mener, comme si le reste ne suffisait pas, pour rejeter un verbiage insultant bien éloigné des préoccupations quotidiennes des Grignois.

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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 09:38

Ces usagers demandent simplement l’application du principe de précaution

Instalation des Compteurs Linky
Par / 23 février 2017
 
Question écrite 25169.
 
Monsieur Michel LE SCOUARNEC souhaite attirer l’attention de Mme la ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat sur les risques éventuels à l’installation des compteurs Linky. L’exploitant de ce dispositif continue, depuis 2015, son déploiement sur tout le territoire alors que plusieurs zones d’ombres et interrogations persisteraient. En effet, les simulations réalisées permettraient-elles d’apprécier les dangers liés aux ondes électromagnétiques issues des courants porteurs en ligne (CPL) sur le terrain et les consommateurs ?
l’exposition à ces courants est reconnue nocive et classée par l’Organisation mondiale de la santé depuis 2011 « 2B cancérigènes possibles », les mesures associées au Linky resteraient très variables, dépassant pour certaines estimations les limites réglementaires, sachant qu’un probable effet d’accumulation des ondes ne serait pas pris en compte actuellement.

En l’absence d’informations suffisantes, ces installations suscitent de l’inquiétude légitime auprès des citoyens, comme en témoignent les associations créées dernièrement. Ces collectifs de citoyens demandent simplement l’application du principe de précaution. Certaines communes ont d’ailleurs pris des délibérations relatives à la généralisation des compteurs Linky sur leur territoire.

Ainsi, ne serait-il pas préférable de demander à ERDF de surseoir à toute pose de compteur contre l’avis de l’usager ?

C’est pourquoi il lui demande de préciser les éventuels risques que présentent les compteurs Linky ainsi que les dispositions possibles pour les refuser en conséquence.

Réponse de Mme la Ministre à venir

Compteurs Linky: Les usagers demandent simplement le principe de précaution: question du sénateur communiste du Morbihan Michel Le Scouarnec au gouvernement
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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 06:00
« Macron, c’est Tony Blair avec 20 ans de retard »
PROPOS RECUEILLIS PAS LOLA RUSCIO
JEUDI, 2 MARS, 2017
HUMANITE
Entretien avec l’économiste Frédéric Farah, co-auteur de l’ouvrage « Introduction inquiète à la Macron-économie » et professeur d’économie à l’université Paris III.
Quelle est votre appréciation de son programme économique dévoilé intégralement jeudi ?

@FredericFarah

 
 
 

Frédéric Farah : Macron est vendu comme du neuf, mais ce qu’il propose est poussiéreux. Il s’inscrit dans la continuité avec la ligne social-libérale du gouvernement tout en appuyant sur l’accélérateur.  On pourrait croire que la nouveauté se trouve dans sa réforme du marché du travail ou de l’assurance-chômage, mais elles sont directement inspirées du modèle anglais.  Alors que l'assurance-chômage est aujourd'hui financée par les cotisations salariales et patronales, il veut que ce système soit financé par l’impôt. Ce qui va engendrer un Etat social au rabais : tout le monde va bénéficier d’un minimum chômage, mais les indemnités vont être tirées vers le bas, comme c’est le cas en Grande-Bretagne. Pareil sur l’arrêt du versement des allocations chômage en cas de refus après des offres d’emploi, elles aussi inspirées par Margaret Thatcher. Autant de mesures qui ne combattent pas le chômage, mais les chômeurs.

Il s’inspire aussi de la flexisécurité danoise, initiée dans les années 1990, qui repose sur un marché du travail « flexible » et sur des facilités à licencier et embaucher, en assurant aux personnes une allocation modulable dans le temps et un accès à la formation. Dans ce sillage, Macron pense qu’accorder plus de flexibilité  sur le marché du travail revient à créer automatiquement des emplois. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui préconisait cette recette en 1994, concédait en 2004,  qu’il n’y a pas de corrélation entre la création d’emplois et la  flexibilité.  Au bout de la logique libérale, la flexibilité conduit à la modération salariale : le salaire est perçu comme un coût à comprimer pour gagner en compétitivité.
 
En ce sens, son projet s’inscrit-il dans les politiques d’austérité mises en œuvre en Europe ?
Oui. Emmanuel Macron est euro-compatible : il promet un plan de relance de 50 milliards et une réduction des dépenses publiques à hauteur de 60 milliards d’euros, en restant très flou sur la manière dont il va le faire. Comme il ne veut pas changer de cadre européen, il va davantage libéraliser, miser sur la  formation et la  mobilité en espérant que ça marche,  accroître le contrôle des chômeurs… Il reste dans cette logique qui consiste à traquer la dépense publique, comme si elle était improductive par nature. A l’instar des élites françaises, le candidat souhaite amplifier les réformes structurelles pour obtenir les faveurs de l’Allemagne. C'est-à-dire réformer le droit du travail et la protection sociale et ne trouve rien à redire sur l’euro ou les règles budgétaires. Sans sortir de ces règles européennes, une seule orientation politique est possible, qui repose sur un élargissement de la concurrence et un renforcement des mécanismes de marché.
 
L’alternative pour sortir de l’austérité est européenne ?
Oui, mais pas dans l’Europe que nous connaissons. Depuis le tournant de la rigueur sous Mitterrand, et plus que dans les décennies précédentes, la France a choisi d’associer son avenir au sein de la construction européenne. Personne n’a remis en cause cette idée, qui a été reprise par les majorités gouvernementales successives. Mais, aujourd’hui, les candidats devraient débattre sur notre rapport à l’Europe. Il appartient à la France de redonner vie au couple franco-allemand, non pas en se soumettant à son modèle, mais en lui expliquant qu’elle a intérêt à redevenir une Allemagne européenne, comme ce fût le cas pendant la guerre froide, et non plus une Europe allemande, comme c’est le cas aujourd’hui.
Concernant la zone euro, même le FMI, qui n’est pourtant pas une organisation altermondialiste, explique que la monnaie européenne est surévaluée pour l’économie française et sous-évalué pour l’économie allemande. Emmanuel Macron a choisi de ne pas s’emparer de ce débat. Pourtant la solution est européenne. 
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3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 05:51

Macron et Fillon : les frères jumeaux du néolibéralisme (Olivier Dartigolles )

 

Maintien de l'austérité budgétaire et de politiques néolibérales à l'échelle européenne, poursuite des exonérations de cotisations sociales patronales, baisse de l’imposition des hauts revenus et des revenus du capital à travers sa réforme de l'ISF, de l'impôt sur les sociétés et la flat tax à 30 %, baisse de 60 milliards d’euros des dépenses publiques, suppression de 120.000 fonctionnaires, casse des droits des chômeurs, suppression des régimes spéciaux de retraite… le programme d'Emmanuel Macron, entièrement soumis aux exigences du MEDEF, est une déclaration de guerre aux travailleurs du pays.

Loin d'apporter des réponses nouvelles, il fait la part belle à de vielles recettes inefficaces pour l'emploi et conduirait à la dégradation de services publics essentiels à la réponse aux besoins sociaux. Sa réforme de l'unedic fragiliserait considérablement l’indemnisation du chômage et la négociation collective dans son ensemble. La suppression des régimes spéciaux dégraderait le droit à la retraite pour des millions de français. Le droit à l'éducation serait quant à lui mis à mal par un projet qui casse le cadre national et créerait une École à plusieurs vitesses et le droit logement par l'absence totale de propositions en faveur du logement social.

Quant aux mesures soi-disant favorables aux catégories populaires et moyennes comme la suppression des cotisations salariales, la revalorisation d'allocations ou encore la suppression de la taxe d'habitation, force est de constater que l'augmentation du pouvoir d'achat promise serait annulée par la casse de la protection sociale et le recul des services publics, en particulier dans les communes, qui seraient pénalisées tant par la baisse de leurs ressources que par la réduction du nombre d'agents territoriaux.

François Fillon découvre aujourd'hui qu'il a un frère jumeau dont le programme partage exactement le même logiciel néolibéral.

 

Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF

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2 mars 2017 4 02 /03 /mars /2017 05:30
Le PCF n'abandonne pas la bataille du rassemblement
PIERRE DUQUESNE
MERCREDI, 1 MARS, 2017
L'HUMANITE
Initiative du PCF devant la Banque de France en mars 2015. Photo : PCF
Initiative du PCF devant la Banque de France en mars 2015. Photo : PCF

Le Parti communistes français a invité mardi à la Bellevilloise les principales forces de gauche à débattre de la finance internationale afin de travailler les convergences au-delà de la question des candidatures.

Pierre Laurent et le PCF ne lâchent pas l'affaire. Mardi soir, à la Bellevilloise à Paris, ils ont poursuivit le combat pour le rassemblement de la gauche, à l'occasion des deuxièmes Rencontres nationales de la campagne du PCF. Une construction par le bout des candidatures étant « compliquée », le secrétaire national du PCF a proposé d’y parvenir par « le biais des idées et des propositions », en invitant les principales forces de gauche à débattre autour de ce mot d’ordre : « Notre ennemi, c'est toujours la finance ! ».

« La question sur laquelle on ne parvient pas à s’entendre, c’est celle de l’Europe »

« La loi de séparation bancaire a été la première prise de conscience du fait que François Hollande avait déjà renoncé à faire de la finance son ennemi », estime d'emblée Eva Sas, députée EELV, soulignant les « combats communs » menés pendant cinq ans avec le frondeur Pascal Cherki (PS) et Nicolas Sansu (PCF), avant de dénoncer la pénétration des lobbys financiers au plus haut niveau de l'Etat. Il y a « de nombreux points de convergences », reconnaît la représentante de la France insoumise, Jeanne Chevalier. Mais « à moins de 60 jours de la présidentielle, la question sur laquelle on ne parvient pas à s’entendre, c’est celle de l’Europe, et elle a tout à voir avec l’argent et la puissance de la finance», mesure-t-elle, projetant la recomposition de la gauche à partir de la fracture née du « débat sur le Traité constitutionnel européen ». « Il faut que l'on se donne les moyens de négocier en se donnant un Plan B », rappelle-t-elle. 

Ça tombe bien, Pascal Cherki, proche de Hamon, a voté contre ce traité. Mais il appelle à construire l'avenir plutôt que de regarder le passé, se remémorant au passage que seuls les communistes s'étaient prononcés contre le traité de Maastricht, à l’époque, avant que d’autres forces n’évoluent sur le sujet. La victoire de Benoît Hamon est, pour lui, le signal que la « page a été tournée » au PS. Pour le reste, il a répété, pour preuve de bonne foi, que le premier déplacement de Hamon s'est fait au Portugal, et non en Allemagne, et qu'il n'y aura pas de solution qui ne soit pas européenne. « Ce n’est pas une unité de façade qui permettra de battre Marine Le Pen, mais la mise au cœur du débat de la question sur laquelle la gauche a échoué, analyse Pierre Laurent. Et c’est sur la question de la finance qu’elle a échoué, comme elle échoue depuis trente ans à chaque fois qu’elle est confrontée à l’exercice du pouvoir. Il n'y aura donc pas de succès de la gauche si nous n’organisons pas la reprise du pouvoir sur la finance. »

« Rien ne se fera sans intervention populaire »

Les convergences semblent nombreuses dès lors que les participants abordent la question de la Banque centrale européenne, dont les économistes Frédéric Boccara et François Morin ont souligné l’importance. Même chose pour les conséquences du CICE et du crédit impôt recherche, ce gâchis d’argent public mis en lumière par la sénatrice PCF Marie-France Beaufils. Idem encore sur la question de la rémunération du capital bien plus haute que celle du travail. La proposition de COP fiscale, avancée par le député PCF Alain Bocquet, sur le modèle des grandes conférences environnementales mondiales a aussi un certain succès, repris par plusieurs intervenants à la tribune. Si nous avions commencé à « discuter d'un contrat commun avant de discuter des uns et des autres, cela aurait été plus facile », note Pierre Laurent. Les échanges entre forces de gauches, qui sont « toutes légitimes », doivent être « publics, clairs, transparents », ajoute-t-il. « Moi, je refuse que tout le monde soit otage d’un débat où il y a deux solutions : ou le ralliement, ou se tourner le dos et se retrouver après la catastrophe. Des millions de Français attendent de nous voir débattre », poursuit le secrétaire nationale du PCF. « Rien ne se fera sans intervention populaire », souligne aussi Françoise Davisse, réalisatrice du documentaire Comme des Lions, sur la lutte des salariés de PSA d'Aulnay-sous-Bois, dont l’usine a été fermée dans le seul but de faire encore plus de profits financiers. « Il ne suffira pas d’avoir un programme, des points d’accords, et les meilleurs propositions communes », poursuit-elle. La question, c'est aussi ce qu'il se passe après l'élection. Car si François Hollande a renoncé, c'est peut être parce que « plein de gens ont intégré l’idée que la lutte, ça ne marche pas, ça ne sert à rien ». Pour gagner, il faut créer du « rapport de force. Il faut bien autre chose que des élections », conclut-elle.

« Il faut dire aux gens que nous allons continuer le combat avec eux »

Un soir électoral ne pourra pas tout changer, reconnaît Pierre Laurent. Mais toutes « les grandes conquêtes sociales dans notre pays ont allié grandes mobilisations sociales et victoires électorales ». Et l'on ne part pas de rien, selon le communiste : il y a eu la mobilisation contre la loi travail, entre autres, et l’élimination de Manuel Valls après le renoncement de François Hollande. « Dans les entreprises, comme dans le processus électoral, il faut permettre aux citoyens, travailleurs, salariés, de reprendre les pouvoirs. Il faut dire aux gens que nous allons continuer le combat avec eux », insiste-t-il. « Il y a des obstacles pour construire dans le peu de temps qu'il nous reste des alliances, des rapports de forces électoraux. Mais si nous faisons dans tous le pays des débats de ce genre, si nous multiplions des Bellevilloises comme ce soir, si nous encourageons les forces citoyennes à entrer dans le débat sans rester spectateurs de la vie politique, nous pourrons lever des obstacles et changer la situation dans les huit semaines qui viennent. Car beaucoup de choses peuvent encore se jouer ! »

Lire aussi :

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2 mars 2017 4 02 /03 /mars /2017 05:15
Paris manif contre la loi El Khomri - mai 2017 - va t-on subir 5 ans de régression sociale et démocratique XXL faute d'une entente Hamon-Mélenchon sans laquelle la gauche n'a quasiment aucune chance d'être présente au second tour des Présidentielles?

Paris manif contre la loi El Khomri - mai 2017 - va t-on subir 5 ans de régression sociale et démocratique XXL faute d'une entente Hamon-Mélenchon sans laquelle la gauche n'a quasiment aucune chance d'être présente au second tour des Présidentielles?

Grand rassemblement citoyen SAMEDI 14 heures Place de la République à Paris pour une candidature unitaire à la Présidentielle !

 

SOYONS LE PLUS NOMBREUX POSSIBLE !!!

 

L’appel « Vous attendez quoi » est issu de l’Appel des Cent qui regroupe des responsables politiques (  dont PCF) et syndicaux de tous horizons de la gauche depuis  le 1er Mai 2016…

Les discussions sont en cours entre les différent-e-s candidat-e-s, mais rien ne nous garantit que cela aboutisse à une réelle coalition des gauches et des écologistes aux prochaines élections.

Il est temps de leur montrer que nous sommes nombreux à demander ce rassemblement, nombreux à vouloir une véritable alternative gagnante aux élections présidentielles. Une alternative fondée sur un grand projet de transition démocratique, écologique, économique et sociale.

 

Rejoignez-nous lors des rassemblements organisés les 3, 4 et 5 mars aux quatre coins de la France pour faire passer le message !

 

ALBI : samedi 4 mars - Place du Vigan - 10:00
https://www.facebook.com/events/262738794149288/

AUBENAS : samedi 4 mars - au Kiosque - 10:00
https://www.facebook.com/events/735583879950329/

LILLE : sam 4 mars - Place du Vieux Marché aux Chevaux - 13:00
https://www.facebook.com/events/1941762442723828/

LYON : dimanche 5 mars - Place de la Comédie - 16:30
https://www.facebook.com/events/1917467021817721/

MONTPELLIER : sam 4 mars - Place de la Comédie - 15:00
https://www.facebook.com/events/1657885481171842/

NANTES : jeudi 2 mars - Place Royale - 18:30
https://www.facebook.com/events/1403611863024340/

PARIS : samedi 4 mars - Place de la République - 14:00
https://www.facebook.com/events/414026398939874

TOULOUSE : samedi 4 mars - Place du Capitole - 14:00
https://www.facebook.com/events/987409494724155/
https://www.facebook.com/events/987409494724155/

AUTRES VILLES :
Des initiatives citoyennes naissent chaque jour. Depuis l'envoi de ce message, un rassemblement s'est peut-être ajouté près de chez vous ! Vérifiez-le ici :
https://www.facebook.com/events/1449968668360950/

 

Montrons-leur que le peuple de gauche est debout et déterminé !

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1 mars 2017 3 01 /03 /mars /2017 13:06
Chemin de croix - Fra Angelico (Notre-Dame de Rimont)

Chemin de croix - Fra Angelico (Notre-Dame de Rimont)

"Le nous" s'incarne si mal dans leurs "Je-ux"! 

Certes, il faut de l'imaginaire, des émotions, du combat symbolique et réel en politique car les choix à faire sont tranchés et la vie sociale est faite de combats économiques et sociaux réels, d'une lutte des classes, tandis que la conscience de groupe se pose en s'opposant. 

Mais les institutions pernicieuses et anti-démocratiques de la Ve République, aggravées par des pratiques politiques peu reluisantes et malhonnêtes pour la droite et l'extrême-droite, par un capitalisme financier prédateur et vampirisant, produisent une caricature de campagne présidentielle où des candidats prétendent marcher sur l'eau conduisant le troupeau ou s'exposer au sacrifice pour le faire monter au Ciel.  

Après Marine Le Pen qui se veut l'incarnation de la colère du Peuple et soit la victime émissaire soit le fossoyeur du Système - Europe, juges, gouvernement, médias aux services des puissances d'argent, Emmanuel Macron qui tout en se donnant des airs de sauveur touché par la grâce se voulait aussi marginal et persécuté par rapport au "système" dont pourtant il défend si bien les intérêts capitalistes de court et moyen terme en brouillant de manière toujours plus accusée, dans la logique creusée par Hollande et Valls, le clivage gauche-droite, Jean-Luc Mélenchon qui dit "moi ou le déluge" et incarne aussi un style de charisme messianique centré sur l'idée que nous seuls, les Initiés, les Insoumis, incarnons la "pureté et pouvons sauver le pays" , "tout le reste n'étant que compromission et pourriture", c'est François Fillon qui joue les Christs martyrs d'un complot ourdi par la gauche et le système judiciaire. C'est la fin d'un faux suspense. Convoqué par les juges, le 15 mars, pour une probable mise en examen, François Fillon, criant son innocence, nous refait le coup du complot, de l'acharnement judiciaire et politique, allant jusqu'à évoquer la violation de l'Etat de droit, d'un assassinat politique de l'élection présidentielle elle-même. Il aurait bénéficié d'une justice inéquitable et uniquement à charge. Contrairement à l'engagement pris il y a un mois, à savoir qu'il se retirait s'il était mis en examen, il persiste et signe. Il ne cédera pas, il ne se retirera pas. Contre vents et marées, il en appelle au seul juge à ses yeux, le suffrage universel. Dans la foulée, François Fillon s'attaque à l'état de droit, à l'indépendance de la justice, multiplie les procès d'intention indignes. Il montre la droite qu'il représente en organisation mafieuse prête à tout pour le pouvoir et l'argent et qui ne respecte ni les valeurs, ni les lois de la République. En attendant, ce sont les citoyens qui portent leur croix, et ce n'est pas prêt de s'arrêter, apparemment! 

Ismaël Dupont - le 1er mars 2017

 

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1 mars 2017 3 01 /03 /mars /2017 13:03
LA SNCF renoue avec les bénéfices au détriment des effectifs et des salaires (L'Humanité, 27 février 2017)
La SNCF renoue avec les bénéfices aux dépens des effectifs et des salaires
LAURENCE MAURIAUCOURT
LUNDI, 27 FÉVRIER, 2017
HUMANITE

La journée a été marquée par deux informations émanant de l’entreprise ferroviaire. D’un côté, elle annonce avoir réalisé un bénéfice net de 567 millions d’euros et de l’autre, elle confirme avoir supprimé plus de 1800 postes en France et freiné les augmentations de salaire. 

La SNCF a laissé derrière elle sa perte colossale de 2015 pour retrouver la rentabilité en 2016, grâce notamment à d'importants gains de productivité et à la croissance de ses activités internationales.

Le groupe ferroviaire public a annoncé lundi avoir enregistré un bénéfice net de 567 millions d'euros en 2016.

L'année précédente, une importante dépréciation comptable de la valeur de son réseau, de ses gares et de ses trains, l'avait conduit à essuyer une perte nette géante de 12,2 milliards d'euros.

La SNCF a "fait face à un environnement épouvantable", entre inondations, grèves, attentats, et difficultés dans certains secteurs économiques, a commenté à l'AFP le président du conseil de surveillance, Frédéric Saint-Geours.

Coût estimé de ces événements: 700 millions d'euros. Mais "on a fait 825 millions (d'euros) de progrès de productivité, assez largement au-dessus de ce qu'on s'était fixé", soit 750 millions, a-t-il fait valoir.

Le chiffre d'affaires a quant à lui augmenté de 2,8% à 32,3 milliards d'euros, tiré notamment par une acquisition aux Etats-Unis.

En tout, un tiers du chiffre d'affaires du groupe est réalisé à l'international.

Le montant total des investissements s'élève à 8,6 milliards d'euros - dont 90% en France - en hausse par rapport à 2015 (8,2 milliards), mais légèrement en-deçà des 9 milliards prévus.

Parmi ces investissements, 5,2 milliards ont été consacrés au réseau, un niveau "pas vu depuis 40 ans", a commenté auprès de l'AFP le président de SNCF Réseau, Patrick Jeantet.

"On a rénové plus que ce qu'on avait prévu, surtout en Ile-de-France", a-t-il ajouté. Par ailleurs, ces "5,2 milliards d'euros d'investissement représentent près de 50.000 emplois" directs et indirects.

En 2017, les investissements devraient s'élever à 9 milliards d'euros, dont 5,3 milliards pour le réseau.

Pour 2017, la SNCF table sur une croissance "modérée" du chiffre d'affaires, mais avec de "forts gains d'efficacité".

 

 

Mais ces chiffres mirobolants s’accompagnent d’une autre réalité. La SNCF a supprimé au moins 1.800 postes dans ses activités ferroviaires en France en 2016, au moyen de départs en retraite non remplacés, surtout dans sa branche Mobilités, qui exploite les trains.

"Il y a eu, pour l'ensemble du groupe public ferroviaire, de l'ordre de 1 800 à 2 000 départs non remplacés", a déclaré Guillaume Pepy, président de la SNCF et de la branche Mobilités, ce lundi 27 février lors d'une conférence de presse consacrée aux résultats annuels du groupe.

Le groupe public ferroviaire est composé de SNCF Mobilités (trains et gares), SNCF Réseau (construction et entretien des voies) et de la holding de tête SNCF, qui pilote l'ensemble.

"Nous avons fait des efforts de productivité sur les effectifs. A Mobilités, nous n'avons pas remplacé 1 600 départs", a précisé M. Pepy. C'est un peu moins que les 1 700 suppressions programmées, a-t-il été relevé.

L'opérateur ferroviaire a dans le même temps appliqué "une politique salariale particulièrement rigoureuse", marquée par une "deuxième année sans mesure générale" d'augmentation, afin de limiter "l'évolution du coût moyen (par) agent (qui) a été pour la première fois inférieure à 1%", a-t-il ajouté.

A l'inverse, Réseau a enregistré "un accroissement de 300 (postes) à fin décembre", a indiqué son PDG Patrick Jeantet. C'est moins que les 350 postes supplémentaires budgétés. Mais le gestionnaire du réseau ferré français "a produit plus avec moins de gens", a-t-il assuré, chiffrant ce gain de productivité à 380 équivalent temps plein.

Le groupe public ferroviaire a embauché 6 200 personnes en 2016, en CDI ou au statut cheminot, "ça veut donc dire que deux départs sur trois sont remplacés", ce qui place la SNCF "dans le très, très haut de la fourchette du secteur public", a affirmé Guillaume Pepy.

Au moins 1 150 postes doivent encore être supprimés en cette année 2017, principalement chez Mobilités.

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1 mars 2017 3 01 /03 /mars /2017 11:12

La sculpture en hommage au P. Hamel qui sera installée à Saint-étienne-du-Rouvray sera choisie ce lundi. Une manière, pour le maire, de permettre aux habitants de faire le deuil, après l’assassinat du prêtre, le 26 juillet 2016.

Hubert Wulfranc lors de l’hommage rendu au P. Jacques Hamel, le 28 juillet 2016. / Pascal Rossignol/Reuters

« Soyons ensemble les derniers à pleurer. » C’était le 26 juillet dernier, quelques heures après l’assassinat du P. Jacques Hamel par deux jeunes djihadistes. Ces mots, prononcés d’une voix tremblante par un maire les yeux remplis de larmes, avaient ému au-delà de la petite foule rassemblée sur le parvis de l’hôtel de ville de Saint-Étienne-du-Rouvray, à deux pas de l’église attaquée.

Un peu plus de six mois plus tard, costume noir et pull-over gris à col roulé, le même élu parle cette fois en frappant régulièrement du plat de la main sur une table ronde, à l’étage de la mairie. « Excusez-moi », lâche-t-il après le premier coup. Âgé de 60 ans, Hubert Wulfranc occupe ce bureau de maire depuis 2002, après avoir été directeur de cabinet de son prédécesseur de 1981 à 1995 et enseignant en histoire-géographie et français en lycée professionnel dans l’intervalle.

À LIRE : « A Dieu » au P. Jacques Hamel

L’édile communiste, par ailleurs conseiller départemental, avoue qu’il avait eu « du mal » à descendre de cette pièce, le 26 juillet 2016. En bas, les mots lui sont venus « comme ça » : « Dans ces moments, vous savez et on vous dit que vous avez à dire quelque chose. Vous y allez avec une purée de pois dans la tête. Personne n’est préparé à être la pierre angulaire d’une tragédie de cette nature. En même temps, je suis persuadé que la quasi-totalité de mes collègues sont en mesure de réagir. Parce qu’il le faut bien. »

300 des 700 agents municipaux ont bénéficié d’un soutien psychologique

Il lui a aussi bien fallu continuer à gérer cette ville de 30 000 habitants dans la banlieue rouennaise, marquée au-delà de la seule communauté catholique. Environ 300 des 700 agents municipaux ont bénéficié d’un soutien psychologique. Lui dit ne pas en avoir eu besoin. « La dignité de la réaction de la population et de ceux qui nous ont entourés a été telle que cela a été d’un soutien majeur, souligne-t-il. Il en aurait été autrement, je ne porterais sans doute pas les choses comme je les porte aujourd’hui. »

Cette dignité s’est notamment manifestée lors de la cérémonie d’hommage, organisée deux jours après le drame. Deux semaines après le massacre de Nice, le risque de tensions n’était pas négligeable. « On a été quasiment tout de suite dans la reconstruction et l’apaisement, avec le concours de l’archevêché, qui a été décisif, reprend-il. Il n’y a pas eu de dérapage. Si vous permettez l’expression, il y a eu quelque part une espèce de miracle. »

Depuis, Hubert Wulfranc a été amené à s’exprimer à plusieurs reprises à propos de la mort du P. Hamel. L’émotion était peut-être moins forte, mais le sens du propos identique. Il est toujours question de paix, comme pour le projet de sculpture qui doit être installé en hommage au prêtre devant l’église Saint-Étienne avant l’été prochain. Un concours a été lancé et le jury doit se réunir le 27 février pour choisir l’œuvre retenue.

« L’action catholique ouvrière, ici, est puissante »

Un représentant du diocèse en fait partie. Le membre du PCF ne se sent pas complètement dépaysé quand il fréquente des ecclésiastiques. « J’ai de nombreux amis communistes qui sont catholiques pratiquants, confie-t-il en souriant. On a la moitié de la section du PC à l’église. C’est particulier, mais c’est l’ADN de la ville. L’action catholique ouvrière, ici, est puissante. »

Hubert Wulfranc cite alors une vieille une des années 1970 du quotidien Paris-Normandie, qui titrait sur « l’ouvrière et la religieuse » à propos de Saint-Étienne-du-Rouvray. « Les choses évoluent, mais cela reste vrai », rappelle-t-il. La composition socioprofessionnelle de sa ville est toujours dominée par les ouvriers et d’importantes communautés espagnoles, italiennes et portugaises ont importé leurs traditions chrétiennes.

À LIRE : P. Jacques Hamel, une humble lumière

Le premier magistrat, lui, n’est pas croyant. « Ma femme est catholique, raconte-t-il. À Noël, elle va à la messe, moi je reste à la maison. Mais j’ai une sensibilité très ouverte. Je suis persuadé que la croyance et la foi sont une dimension humaine. »À Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, il a d’ailleurs glissé lors d’une rencontre en préfecture : « Je suis persuadé qu’on a des choses à se dire. »

« Je suis très pantouflard »

Hubert Wulfranc s’est aussi lié d’amitié avec Michel Lebouc, son homologue de Magnanville (Yvelines), où un couple de policier a été victime d’un terroriste le 13 juin 2016. Après l’assassinat du P. Hamel, cet autre maire communiste avait tellement insisté pour lui parler qu’il avait fini par le prendre au bout du fil. D’autres ont eu plus de mal à le joindre. L’édile ne possède pas de téléphone portable et cela lui a été reproché après l’attentat : « On m’a dit : “C’est pas normal.” C’est peut-être pas normal, mais c’est comme ça. On me trouve. »

Car ce Stéphanais de toujours, réélu au premier tour en 2014 avec 84,90 % des suffrages, assure n’être jamais très loin. « Je suis très pantouflard, dit-il. Je suis très souvent dans ma mairie ou dans ma ville. Ce que je n’apprends pas à 10 h moins 10, je finis par l’apprendre à 10 h 05. C’est aussi la meilleure façon de déléguer. Quand on ne me trouve pas, on téléphone au premier adjoint. »

Pascal Charrier, envoyé spécial à Saint-Étienne-du-Rouvray
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1 mars 2017 3 01 /03 /mars /2017 07:51
Interview de Marie-Pierre Vieu, membre de la direction du PCF, à "Regards": « Je regrette que l’on donne un spectacle de division »

Marie-Pierre Vieu, membre de la direction du Parti communiste, explique pourquoi elle appelle à une candidature commune Hamon-Mélenchon, et évoque les difficiles négociations avec la France insoumise dans la perspective des législatives.

 

Regards. Vous êtes cosignataire d’un appel à faire converger les candidatures de gauche à l’élection présidentielle. Cela ne risque-t-il pas de brouiller votre appel à voter Jean-Luc Mélenchon, que le PCF soutient pour la présidentielle ?

Marie-Pierre Vieu. Au contraire. Je parle en mon nom, mais je crois que le soutien à Jean-Luc Mélenchon procède à la fois d’une antériorité, d’un ancrage qui est celui du Front de gauche et de la volonté de tracer le sillon d’une majorité anti-austéritaire, mais aussi, dans le contexte actuel, de tirer le bilan du quinquennat pour offrir une autre perspective à notre pays. Inscrire ce soutien dans un rassemblement que je souhaite le plus large possible, cela relève de mon ADN de responsable et d’élue. Il y a un an, dans la région d’Occitanie, notre liste Nouveau monde en commun comprenait l’ensemble du Front de gauche, EELV, des intellectuels, des syndicalistes, qui rentraient dans cette idée de promouvoir une alternative écologiste, anti-austéritaire et démocratique. La situation est marquée par une crise politique et un besoin de rupture, mais aussi par des dangers multiples : l’extrême droite, une droite extrémisée et un "élection libre" Emmanuel Macron positionné au confluent du social-libéralisme, du libéralisme le plus pur et d’une certaine dose de populisme…

Cela suppose d’envisager une alliance avec le candidat PS ?

La candidature Hamon n’est pas la candidature du PS : c’est celle des gens qui ont manifesté contre l’état d’urgence, contre la loi Travail et qui ont voulu, lors des primaires, se débarrasser de Manuel Valls et de la politique Macron. Je regrette que l’on donne un spectacle de division à ces gens-là, qui ne veulent pas attendre après-demain pour reconstruire une alternative. Cela n’aboutirait peut-être pas, mais ne pas mener le débat jusqu’au bout, c’est ne pas prendre la mesure de la situation. Le choix de Mélenchon ne doit pas être fait au détriment des forces disponibles pour un rassemblement majoritaire.

 

« Deux bonhommes qui défendent la constituante, mais qui règlent l’éventualité de l’unité et du rassemblement populaire à deux dans un troquet, cela donne une image funeste de ce qu’ils vont faire dans le futur. »

 

Est-ce que les divergences entre Hamon et Mélenchon relèvent seulement d’un problème d’égo, pour reprendre les termes de l’appel ?

Elles ne relèvent pas seulement d’un problème d’ego. Il y a des divergences et la question est de savoir si elles sont indépassables ou pas. Pour le savoir, il faut les instruire. Deux bonhommes qui défendent la constituante, mais qui règlent l’éventualité de l’unité et du rassemblement populaire à deux dans un troquet, cela donne une image funeste de ce qu’ils vont faire dans le futur. Quand on veut aller au bout de l’unité, cela ne peut pas être qu’une posture, pour ensuite reprendre son sac et repartir. Il faut d’abord acter ce qu’il a en commun et essayer d’aller aussi loin que possible. Or, en commun, il y a toute une série de revendications sociales, qui vont du relèvement du smic et des minima sociaux à une relance de l’économie par le pouvoir d’achat et la création d’emplois, en passant par l’écologie, la volonté de refonder la démocratie avec une VIe République, etc. Bien sûr, des questions se posent : jusqu’où veut-on pousser le combat anti-austéritaire et la rupture avec les politiques libérales, comment repense-t-on la négociation sociale, quel rapport au travail souhaite-t-on ? Dans d’autres pays européens, comme le Portugal, la volonté de vraiment répondre aux attentes populaires a conduit des formations politiques à s’unir pour dépasser leurs divergences.

Ce discours du rassemblement n’est-il pas devenu inaudible pour une large part de l’électorat de gauche après ces cinq années de gouvernement socialiste ?

Le meilleur moyen de remettre le Parti socialiste en position de centralité, c’est bien de continuer à mettre un fossé infranchissable entre Hamon et Mélenchon : on va ainsi pousser une partie des électeurs à soutenir Hamon, qui sait probablement mieux incarner le rassemblement et qui, sans rassemblement, sera de fait le candidat de la social-démocratie. Si, au contraire, on joue la convergence et le débat jusqu’au bout, on oblige Hamon à s’appuyer sur les gens qui l’ont élu contre l’appareil du PS et contre l’axe social-libéral. C’est miser sur un rassemblement dont la colonne vertébrale ne sera plus la social-démocratie – ni le PS. J’entends qu’une partie de la population est en rupture avec la politique, à plus forte raison après le dernier quinquennat. Mais avoir la rupture comme seule identité est moins utile à la gauche, malheureusement, qu’au vote en faveur de Marine Le Pen. La gauche doit se reconstituer sur la base d’un ras-le-bol, mais un ras-le-bol avec une perspective. En conformité avec son histoire, elle doit délivrer un message positif, créatif et humain.

 

« Mon mouvement ne s’inscrit pas dans la social-démocratie, ni dans le creuset du PS. Mais pas non plus dans celui de la France insoumise, pour être tout à fait honnête. »

 

La question principale n’est donc pas le rapport avec le PS ?

Le problème, ce n’est pas les socialistes – et croyez bien que, des socialistes, j’en bouffe matin, midi et soir (rires) – mais de savoir si l’on veut rester dans une situation d’absence de débat et de division des candidatures qui conduit à une défaite… dont on espérerait qu’elle accélère une recomposition pour les forces de progrès. Je pense que c’est un pari fou, que nous avons toujours perdu historiquement. Il vaut mieux instruire l’immédiat pour ce qu’il est, tout en sachant qu’il faudra aussi instruire le moyen et le long terme, ce qui demande un débat, des refondations et des recompositions. Mon mouvement ne s’inscrit pas dans la social-démocratie, ni dans le creuset du PS. Mais pas non plus dans celui de la France insoumise, pour être tout à fait honnête.

Quelle signification concrète cet appel au rassemblement prend-il par rapport aux législatives à venir ?

Contrairement à beaucoup, je crains qu’elles soient encore plus compliquées que la présidentielle. Les problèmes de celle-ci seront multipliés par autant de circonscriptions qu’il y en a, avec une base guère plus raisonnable que le sommet. Une défaite d’ampleur à la présidentielle nous inscrirait dans une situation d’urgence : faute d’avoir prévenu, il faudra guérir. Une Marine Le Pen à 25 ou 28% compromettra d’autant les possibilités d’obtenir des députés. Nous-mêmes essayons de travailler à la convergence des forces alternatives, mais nous sommes confrontés à une France insoumise qui veut imposer son propre diktat. Pour le moment, la situation est celle d’une concurrence entre France insoumise, le Parti communiste et une partie non négligeable de ce qui reste du Front de gauche, compliquée par des candidatures citoyennes, des bouts de NPA et même des candidats Macron…

 

« Le PCF veut avoir des députés, mais il ne va pas brader ce qu’il est. Certains disent que nous ne pensons qu’à conclure un accord avec le PS, mais il n’y aura pas d’accord avec le PS ! »

 

Justement, où en sont les négociations entre le PCF et la France insoumise ?

Pour l’heure, nous sortons douloureusement du débat de posture de la France insoumise sur la signature obligatoire de sa charte et sur sa volonté de présenter des candidats dans toutes les circonscriptions. Les logiques et les tensions territoriales ne contribuent pas à une dynamique pour la présidentielle…Mais on en vient à parler de la réalité et à se soucier de ne pas être en concurrence, notamment dans les circonscriptions reprenables, afin, plus largement, d’obtenir des députés voire un groupe parlementaire qui puissent être la colonne vertébrale de la reprise du combat antilibéral à l’Assemblée. Il faut beaucoup d’efforts, et j’ai parfois l’impression qu’ils sont à sens unique… Je comprends l’aspiration derrière la construction d’un mouvement libéré des logiques d’appareil, en prise directe avec les citoyens : c’est une volonté à laquelle je souscris, et que les partis eux-mêmes veulent prendre en compte. Mais il faut aussi prendre en compte ce qui est le plus utile pour les populations.

Quelle est l’importance de disposer d’un groupe à l’Assemblée nationale ?

L’enjeu législatif est extrêmement important, le dernier quinquennat nous l’a montré. L’élection présidentielle n’entraîne pas forcément une majorité à l’Assemblée. Avec un horizon aussi sombre que le nôtre aujourd’hui, face à l’extrême droite et au libéralisme exacerbé, une présence significative à l’Assemblée est cruciale pour faire entendre notre voix. Et sans majorité législative, nous serons dans l’incapacité d’imposer un processus constituant. Il s’agit donc bien d’un enjeu politique, et non comptable ou boutiquier, contrairement à ce que j’entends souvent. Le PCF veut avoir des députés, mais il ne va pas brader ce qu’il est pour y parvenir. Certains disent que nous ne pensons qu’à conclure un accord avec le PS, mais il n’y aura pas d’accord avec le PS ! Nous prendrons nos responsabilités dans des situations particulières, par exemple face au FN, mais notre ancrage législatif est un ancrage de rupture avec le quinquennat et au-delà.

 

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