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15 mars 2017 3 15 /03 /mars /2017 19:15

« 2017 ne se fera pas sans nous ! »,

 

Une interview de Camille Lainé, secrétaire du Mouvement Jeunes communistes, et par ailleurs, candidate du PCF- Front de gauche, aux élections législatives, dans la 9ème circonscription de Seine – Saint – Denis (Bondy- Nord-Ouest, Les Lilas, le Pré Saint - Gervais, Noisy – le – Sec, Romainville)

Il y a quelques jours, le MJCF a lancé avec une dizaine d’organisations de jeunesse une plateforme de 25 propositions pour la campagne des élections présidentielles et législatives. Peux-tu nous décrire l’ambition de cette plateforme ?

 

CAMILLE LAINÉ : Nous avons effectivement dévoilé cette plateforme de propositions le 9 mars dernier. Cette date est loin d’être anodine puisqu’elle correspond à l’anniversaire de la première manifestation conte la loi travail, il y a un an. Nous sommes partis du constat que la campagne se déroulait, au milieu des affaires et des petites phrases, sans que les questions de la jeunesse ne soient au cœur du débat. Alors que l’on sort d’un quinquennat où la jeunesse devrait être une priorité et où notre génération a repris la rue au printemps dernier, nous ne pouvions pas rester spectateurs ! C’est pourquoi nous avons réuni toutes ces organisations, y compris d’autres qui ne sont pas signataires, pour diverses raisons, pour faire émerger cette plateforme commune et reprendre ensemble la parole alors que l’on tente d’écarter les jeunes des débats.

 

Cette plateforme est très ambitieuse sur le contenu, comment s’est-elle construite ?

 

CAMILLE LAINÉ : Çà a été un moment de travail intense ! Mais il faut dire que nous ne partions pas de rien…Le travail entre organisations mené pendant la loi travail et même avant avait déjà permis de construire un socle de revendications communes que l’on retrouve dans la plateforme. Mais nous voulions quelque chose de positif, qui offre des perspectives de conquête, pas uniquement contre une régression ou dans la défense de nos droits. Nous souhaitons exiger des droits nouveaux et çà dès maintenant ! Alors nous avons croisé le travail de chacun. De notre côté, au MJCF, nous avons fait remplir des milliers de questionnaires à l’automne, puis nous avons tenu dans de très nombreux endroits des « assises » permettant d’identifier, à partir des questionnaires et de la participation de beaucoup de jeunes, les mesures prioritaires. D’autres organisations ont également contribué à identifier les mesures phares comme la JOC avec sa grande enquête sur la précarité ou l’UNL autour de la question du droit de vote à 16 ans, par exemple. Ce travail de terrain de chacun a permis d’enrichir notre travail et d’atterrir sur cette plateforme, effectivement ambitieuse mais en lien avec la réalité que vivent les jeunes.

 

Comment allez-vous interpeller, informer, faire connaître cette plateforme ?
 

CAMILLE LAINÉ : il ya plusieurs échelles d’interpellation. Bien évidemment, nous visons les candidats à la présidentielle. Nous leur avons adressé la plateforme et nous sommes enj discussion avec leurs équipes. Nous souhaiterions pouvoir organiser un temps fort avec eux. Mais nous désirons également interpeller l’ensemble des candidats aux législatives et surtout redonner la parole aux jeunes dans tout le pays. C’est dans cette optique que nous organisons un « Tour de France » avec au moins une initiative par région. À chaque fois nous mettrons une thématique de la plateforme en valeur autour d’un débat, d’un concert, avec nos partenaires pour que les jeunes puissent venir porter avec nous ces propositions et que les candidats aux législatives les entendent et s’en emparent.

 

Pour finir, où peut-on retrouver cette plateforme ?

 

CAMILLE LAINÉ : Elle est déjà disponible sur les réseaux sociaux grâce aux comptes Facebook et Twitter « 2017 pas sans les jeunes ! » et elle sera très vite dans les mains de tous les militants des organisations signataires à travers un matériel militant pour aller à la rencontre des jeunes dans les lycées, les facs, les quartiers, devant les pôles emploi, les lieux de travail, etc. Une chose est sûre, de la rue aux urnes, 2017 ne se fera pas sans nous !

 

 

Lire aussi: 

 

 

Présidentielles et législatives 2017: l'enjeu de l'accès aux droits et à l'autonomie de la jeunesse

"2017 ne se fera pas sans nous!" - Une interview de Camille Lainé, secrétaire du Mouvement des Jeunes Communistes, candidate PCF-Front de Gauche en Seine St Denis
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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 19:52

Lutte contre l’évasion fiscale - Par Eric Bocquet

L’ennemi, c’est toujours la finance ?

mardi 14 mars 2017

Au terme de ce quinquennat finissant, la question se pose. Qu’est-ce qui a été fait pour terrasser et maîtriser cet ennemi, joliment stigmatisé lors du très fameux discours du Bourget en janvier 2012 ? Les affaires financières n’ont cessé d’émailler le mandat présidentiel, Cahuzac bien sûr, mais nous citerons aussi offshoreleaks, Luxleaks, UBS, HSBC, Panama Papers… Les dernières réunions de la commission des finances du Sénat, tenues en février dernier, furent aussi l’occasion pour nous de tirer une forme de bilan. Nous eûmes notamment deux auditions en commission sur le thème : « les avantages concurrentiels de la place financière de Paris après le Brexit ». Pour nous parler de ce sujet, des invités prestigieux du monde de la finance sont réunis. M. Proglio, représentait la Morgan Stanley France, une représentante de la Fédération Bancaire Française, la nouvelle directrice générale du Trésor, Mme Odile Renaud Basso, M. Boujnah PDG d’Euronext (la Bourse de Paris) et, cerise sur le gâteau, M. De Leusse, Président de la banque UBS France ! Tous ensemble réunis dans une sorte d’union sacrée pour faire venir à Paris les activités financières qui voudraient fuir la City. On croit rêver. Malaise dans la République, le Ministère de la République aux côtés de la banque UBS pour porter ce message, la banque UBS aux prises avec la justice française pour blanchiment de fraude fiscale et démarchage illicite, un jugement annoncé pour le printemps, l’amende pouvant atteindre 5 milliards d’euros. La semaine suivante, audition de M. William Coen, représentant le Comité de Bâle censé réguler les banques après la crise financière. Une instance non juridique qui formule des propositions, non contraignantes aux professionnels de l’industrie financière.

A la question de savoir s’il estime que la régulation bancaire est suffisante, M. Coen répond : « Oui, nous en avons fait assez ». Et pourtant, tous les spécialistes s’accordent à dire que la finance internationale est atteinte d’hypertrophie. Quelques chiffres pour illustrer ce propos. De nombreuses activités désertent le secteur régulé pour se diriger vers ce que l’on appelle en anglais le « shadow banking », la finance de l’ombre. Ce sont ainsi 80 000 milliards de dollars qui sont gérés dans ce système, hors de tout contrôle ! Pas moins de 38 % de la finance mondiale. M. William Coen admet, à ce stade, que cette situation génère des risques lourds. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche rassure les marchés, mais suscite de grosses inquiétudes.

La composition de son administration, avec trois anciens dirigeants de la banque Goldman Sachs pourrait-elle expliquer que le Président américain s’attaque d’emblée à la régulation des banques et aux taux de l’impôt sur les sociétés ? La finance est aux manettes, elle reste évidemment l’adversaire de tout progrès humain et fait courir à nos sociétés des périls considérables. Curieusement, dans la nouvelle campagne présidentielle qui s’engage, cette question ne vient jamais, on nous enferme dans le carcan et le piège idéologique que les tenants de la finance ont construit ; déficit, dette et réduction de la dépense publique. Au fait, nos invités cités plus haut demandaient aux sénateurs d’assouplir le droit du travail français et surtout de ne pas alourdir les taxes. Telles sont les conditions pour que Paris ait ses chances dans la course à l’échalote post-Brexit. Alors camarades sénateurs, on résiste ou on s’exécute ?

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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 08:13
Les enfants Fillon ont remis une partie de leurs salaires à leurs parents (Ouest-France, 14 mars 2017)

Nouveau rebondissement dans l'affaire des enfants de François Fillon qui ont été employés de 2005 à 2007 comme assistants parlementaires. Marie et Charles Fillon ont rétrocédé une partie de leurs salaires à leurs parents, a révélé ce lundi soir Le Parisien.

Ainsi, sur les 46 000 euros net touchés par sa fille, Marie, d'octobre 2005 à décembre 2006, environ 33 000 sont repartis sur le compte joint des parents, affirme le quotidien. François Fillon occupait alors son poste de sénateur.

Interrogé par l'AFP, l'avocat de Marie Fillon, Kiril Bougartchev, a confirmé ces chiffres, indiquant que la fille du candidat de la droite à la présidentielle avait souhaité « payer son mariage, mi-2006 », et que pour cela « elle a remboursé ses parents » qui avaient avancé les sommes. 

Un mariage à plus de 44 000 euros ?

« Elle fait ce qu'elle veut de l'argent qu'elle gagne ! Si elle veut rembourser ses parents, c'est son choix. Elle l'a dit spontanément aux enquêteurs » de l'office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff), qui l'ont entendue le 9 février, a-t-il affirmé. Selon lui, le couple Fillon a pu retrouver, « dix ans après », 14 factures de ce mariage pour une somme de 44 000 euros.

Selon l'avocat, les salaires touchés par Marie Fillon, alors élève avocate, étaient justifiés. « Elle a mené des recherches sur plusieurs thématiques pour son père, sur des sujets institutionnels, européens et sur des questions de société, notamment en vue de la sortie de son livre en 2006 », a-t-il expliqué, évoquant « plusieurs notes attestant de ce travail » et « dix journées » de présence à la bibliothèque du Sénat pendant les quatre premiers mois de sa mission.

 
Rembourser son loyer et son « argent de poche »

Le Parisien affirme également que Charles Fillon, employé comme assistant parlementaire de janvier à juin 2007, pour 4 846 euros brut mensuels, a « évoqué des virements mensuels pour un pourcentage moindre, de l'ordre de 30 % environ de son salaire net ». Là encore, il s'agirait de remboursements de « son loyer et de son argent de proche », selon l'avocat de François Fillon, Antonin Lévy, cité par le quotidien.

François Fillon est convoqué ce mercredi devant les juges d'instruction, qui pourraient le mettre en examen, notamment pour détournement de fonds publics, dans l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs de sa femme, Penelope Fillon, et de deux de ses enfants. Le Canard enchaîné avait révélé fin janvier que son épouse avait été son assistante parlementaire rémunérée pendant des années, une fonction que le couple n'avait jamais affichée.

 

Entre 1986 et 2013, auprès de François Fillon ou de son suppléant Marc Joulaud (2002-2007), Penelope Fillon a perçu 680 380 euros net, soit environ 3 600 euros mensuels net.

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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 19:52

Présentation du programme de Fillon : "Une purge !" 
Le candidat Fillon a présenté son programme. Il promet un "choc puissant". Et l'addition va être lourde. M. Fillon s'engage dès le lendemain de l'élection, à faire voter en priorité le passage de l'âge de la retraite à 65 ans, la fin des 35h. François Fillon confirme aussi son intention de casser notre service public en supprimant 500 000 postes de fonctionnaires.
Il s'agit de "Libérer, protéger" dit-il.
Libérer... seulement les plus riches en supprimant l'ISF, plutôt qu'agir pour la justice fiscale et contre l'évasion et l'optimation qui nous prive de plus de 80 milliards d'euros. Monsieur Fillon préfère lui augmenter le taux principal de TVA de 2 points, un impôt injuste qui pèse sur toutes et tous au quotidien.

Protéger... en priorité évidemment le patronat, en baissant les cotisations et en brisant tous les instruments de la protection sociale. Monsieur Fillon entend ainsi démonter le code du travail, du moins ce qu'il en reste après la Loi El Khomri.

Pour le PCF, la remise en marche de l'économie passe d'abord par la revalorisation des salaires, notamment des plus modestes avec une revalorisation immédiate du SMIC à 23%; une meilleure distribution du travail pour tous par la réduction du temps hebdomadaire pour tendre à 32h avec pour première et essentielle remise en cause, celle de l'austérité budgétaire! Nous proposons de doubler les taux d'impositions actuels de l'ISF et d'intégrer au calcul de sa base les biens professionnels des entreprises. Nous voulons au contraire une refonte du code du travail pour instaurer de nouveaux pouvoirs aux travailleurs tout en rétablissant la hiérarchie des normes. L'inverse de cette purge que nous promet François Fillon.

Olivier Dartigolles, porte parole du PCF

Paris, le 13 mars 2017

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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 19:02
Macron : Un programme éducatif peu cohérent 

 

Préféré des enseignants, Emmanuel Macron a présenté le 2 mars son programme. Difficile de  dégager une logique dans un programme où les préconisations peuvent s'opposer. Le meilleur point, la baisse réelle du nombre d'élèves en éducation prioritaire au cycle 2, s'opposant a ce qui semble être le pire, la mise en concurrence ouverte des établissements et des écoles.  E Macron promet de défaire en partie la politique menée depuis 2012. L'Ecole a-t-elle vraiment besoin d'un nouveau "stop and go" ?

Le préféré des profs

 

Chouchou des enseignants, Emmanuel Macron est crédité, selon le Cevipof, de 29% des intentions de vote au premier tour, ce qui est davantage que dans les autres catégories de la société. Cela le met devant B Hamon (25%), JL Mélenchon (16%), Fillon (15%) et Le Pen (8%).

Peut-être est ce pour cela que l'éducation tient une place à part dans le programme d'E Macron : " Le premier chantier sera celui de l’éducation et de la culture", dit-il, mettant en avant le souci de cohésion nationale.

 

Autonomie des établissements

 

La mesure phare du programme d'E Macron c'est l'autonomie des écoles et établissements. "Aujourd’hui : les chefs d’établissement et les équipes pédagogiques bénéficient de peu de latitude pour individualiser les parcours et s’adapter au contexte local... Demain : les chefs d’établissements et leurs équipes auront davantage de liberté dans l’élaboration de leur projet pédagogique, en contrepartie d’une responsabilisation accrue et d’une évaluation plus régulière", dit-il. Jusqu'où irait l'autonomie ? Peut être jusqu'au recrutement des enseignants et des élèves et l'organisation des enseignements. Come les "équipes pédagogiques" n'ont pas d'existence légale, l'autonomie sera-t-elle surtout celle des chefs d'établissements et directeurs ?

Selon le programme, les communes pourront organiser librement le temps scolaire, ce qui leur donnera la latitude de revenir sur la réforme des rythmes et sans doute sur le nombre de jours de classe.

 

12 élèves par classe en cycle 2

E Macron annonce la limitation  à 12 élèves par classe des effectifs élèves dans les 12 000 classes de CP et CE1. Cela représente 6 000 postes qu'ils souhaite prélever sur les 54 000 créés sous Hollande, c'est à dire probablement au lycée. E Macron embaucherait 4 à 5000 enseignants supplémentaires sur le quinquennat, sans que le fléchage soit justifié.

Dans l'éducation prioritaire, les enseignants bénéficieraient d'une indemnité revalorisée à hauteur de 3000 euros par an. L'objectif c'est d'avoir des enseignants plus expérimentés (au moins 3 ans dit le programme).

 

Des avancées annulées par d'autres mesures

 

Ce soutien aux établissements difficiles est malheureusement annulé par d'autres mesures comme la mise en concurrence généralisée des écoles et établissements. En effet chacun devra publier ses résultats et chacun aura "une autonomie pédagogique et une autonomie de recrutement". On pourrait voir s'accentuer la ségrégation entre établissement.

La réforme du bac, réduit à 4 épreuves, devrait accentuer les inégalités de réussite, si l'on en croit une étude du Cnesco.

De la même façon, l'avantage accordé  aux enseignants de l'éducation prioritaire, pourrait être annulé par une autre mesure du programme Macron : la mise en place d'un seul système de retraite. Si les enseignants passaient, avec les autres fonctionnaires, au régime général, cela se traduirait par une hausse des prélèvements.

E Macron est peu convaincant sur la réussite des élèves. Il veut l'améliorer  par la mise en place d'évaluations nationales depuis la grande section de maternelle jusqu'en 3ème. L'évaluation généralisée devrait conduire à un pilotage plus étroit en opposition avec la volonté d'autonomie. On se rappelle la volonté de N Sarkozy d'évaluer l'efficacité de chaque enseignant à travers ces évaluations nationales. L'autre mesure, la multiplication de l'accompagnement scolaire en faisant appel à des volontaires bénévoles, semble aussi un peu légère par rapport à un enjeu aussi fondamental.

 

Des mesures déjà existantes

 

D'autres mesures ont davantage retenu l'attention des médias. Ainsi E Macron veut "interdire l'usage du téléphone portable à l'école et au collège". L'article L511-5 du Code de l'éducation établit pourtant déjà que "dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l'utilisation durant toute activité d'enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d'un téléphone mobile est interdite". Difficile d'aller plus loin sans se mettre les parents à dos.

E Macron veut aussi "un enseignement du fait religieux".  Celui-ci est déjà au programme, notamment dans les cours d'histoire. Introduire une nouvelle discipline "fait religieux" à l'école semble bien difficile et pas très productif.

Si l'éducation est "la priorité" d'une éventuelle présidence Macron, la partie éducation de son programme semble encore à travailler.

 

François Jarraud

 

Le programme Education

 

 

 

***

Quelques jours après la manifestation du 5 mars soutenue notamment par des organisations proches des écoles hors contrat réactionnaires, François Fillon annonce le 9 mars à Besançon qu'il veut que l'Etat les finance. C'est un élément du nouveau programme éducatif de François Fillon en nette rupture avec les politiques menées depuis plusieurs quinquennats. Un programme qui se présente comme traditionaliste mais qui en fait applique les recettes du New Public Management : paye au mérite, autonomie, responsabilisation allant jusqu'au tri précoce des élèves.

 

Stop and go

 

"Les programmes de l’enseignement obligatoire ont été « allégés » et leur simple lecture est incompréhensible pour les parents, et même parfois pour les professeurs. Les nouveaux programmes d’histoire négligent la chronologie et font l’impasse sur le « récit national »... Professeurs, chefs d’établissement, inspecteurs qui ont choisi leur métier parce qu’il incarnait une haute idée du savoir sont découragés. Découragés de recevoir des instructions fabriquées par une caste de pédagogues déconnectés. Découragés de voir que les objectifs de mérite et d’excellence sont bannis de l’école".

A Besançon le 9 mars, le candidat des Républicains n'a eu de mots assez durs sur les réformes menées depuis 2012. Réformes pour lesquelles il veut le grand soir : l'abrogation des rythmes scolaires, chaque collectivité territoriale décidant du temps scolaire ,et abrogation de la réforme du collège, chaque établissement devenant autonome.  

 

Financement du privé hors contrat

 

F Fillon annonce un large financement du privé. Il veut "faire commencer la scolarité obligatoire à cinq ans au lieu de six". Cette mesure vise surtout à faire financer par l'Etat une année de maternelle du privé sous contrat. Le candidat veut même aller plus loin et gommer encore davantage la séparation entre public et privé en prenant en compte les écoles hors contrat ,proches il est vrai de ses soutiens. " Dans les zones de revitalisation rurale et les zones urbaines sensibles, l’Etat soutiendra la création d’établissements publics ou privés indépendants et innovants". Evoquant les écoles Espérances banlieue, proches de la droite extrême, F Fillon annonce qu'il subventionnera les écoles hors contrat. " L’Etat ne devra plus s’opposer à cette nouvelle offre éducative issue de la société civile ; il devra leur faciliter la tâche et les aider".  

 

Autonomie des établissements

 

Au primaire,  Filon déroule un programme traditionaliste tout en confiant l'organisation du temps scolaire à chaque commune. "Je veux concentrer les trois quarts du temps de l’enseignement élémentaire sur le socle de connaissances : lecture, calcul, écriture, grandes dates et grands personnages de l’histoire de la Nation, géographie de la France et de ses régions.. Je veux laisser aux collectivités territoriales la liberté de décider de l’organisation du temps scolaire."

Dans le secondaire c'est l'autonomie des établissements qu'il revendique en précisant que c'est le rôle du chef d'établissement et le statut des enseignants qui doivent changer. " Je revaloriserai les traitements des enseignants en tenant compte de leur mérite et en leur demandant d’être plus présents dans l’établissement. Je confierai progressivement aux chefs d’établissement du second degré le choix de  leurs personnels... Pour le collège, je veux abroger la réforme de Mme Vallaud-Belkacem ".

 

Suppressions de postes

 

Les suppressions massives de postes de fonctionnaires passeraient par le lycée. F Fillon envisage de réduire à 4 disciplines l'enseignement qui y sera donné. " Il faut permettre à chaque élève de première et de terminale de se concentrer davantage sur les matières qui le prépareront le mieux à la suite de son parcours. Je veux revaloriser le baccalauréat en réduisant à 4 le nombre d’épreuves". Pou r le post bac il instaurerait la sélection à l'entrée dans le supérieur. "Les universités devront faire connaître aux lycéens, pour leurs différents parcours de licence, les épreuves qu’elles recommandent de choisir au baccalauréat". Les suppressions de postes passeront aussi par l'enseignement professionnel qui passera aux régions. Le personnel deviendrait fonctionnaires territoriaux.

 

Tri des élèves

 

Reste la pédagogie. F Filon veut rétablir l'uniforme. Mais il a surtout la solution aux difficultés des élèves en créant une filière poubelle. "Je veux que les élèves qui sont exclus définitivement par le conseil de discipline, soient inscrits dans des établissements adaptés afin qu’ils modifient leur comportement et se remettent sur la voie des apprentissages scolaires fondamentaux". Leurs parents seront sanctionnés par la suppression des allocations de rentrée, des allocations familiales et des bourses.

Petite touche finale, F Fillon supprimera "le Conseil supérieur des programmes créé par la gauche, parce que ses choix et son idéologie ont contribué à l’affaiblissement de notre système éducatif". Et surtout parce que dans des établissements autonomes, voire ouvertement anti républicains, il n'est plus besoin de programmes nationaux

 

Le discours

L'échec du New Public Management

F Fillon etle grand changement

Hors contrat : Un rapport inquiétant

 

***

 

Le Front national construit l'école de la revanche 

Pour Marine Le Pen le projet du Front national pour l'Ecole c'est "l'école du mérite". Présentant le 22 septembre les "100 propositions" des Collectifs Racine, le mouvement lancé par le Front pour pénétrer le monde enseignant, la présidente du Front national n'a eu de cesse de fustiger  "les dogmes pédagogistes qui ont miné toute autorité et tout mérite personnel". Une condamnation qui soude des troupes  assez disparates où se cotoient des partisans du retour "au bon vieux temps", des corporatistes pointilleux et des obsédés de "l'assimilation". Cela donne des propositions écrites au négatif et à l'encre rouge. Alors que l'Ecole française joue au détriment des enfants de son électorat populaire, le Front échoue à proposer un projet éducatif qui porte ses ambitions.

 

Folies pédagogistes et foutaises...

 

 Nous avions croisé une première fois le Collectif Racine, un mouvement lancé par le Front national pour regrouper les enseignants, en 2014. A quelques mois d'une élection que le Front national est en mesure d'emporter, aller voir où en est le mouvement et ce qu'il propose pour l'Ecole s'impose.

 

En 2014, nous avions croisé très peu d'enseignants du primaire et du secondaire dans une réunion parisienne du Collectif. En juin 2016, selon une étude du Cevipof, 9% des enseignants déclarent vouloir voter pour Marine Le Pen au 1er tour des présidentielles. Mais le 22 septembre, la rencontre nationale des collectifs n'a pas fait le plein. Elle réunit environ 200 militants, dont beaucoup d'étudiants.

Marine Le Pen fustige les réformes réalisées dans l'Ecole qui sont "des bombes à retardement". "Le temps des folies pédagogistes a trop duré", dit -elle."Sui on veut reconstruire l'école il faut en finir avec les dogmes pédagogistes qui ont miné toute autorité et tout le mérite personnel". La présidente du FN retient 3 points : consacrer la moitié du temps d'école au primaire à l'apprentissage du français, supprimer le collège unique, rétablir la sélection à l'entrée de l'université. C'est au nom du "mérite" que sont présentées les 100 propositions du Collectif Racine.

 

Le retour aux années 1960...

 

Les 100 propositions du Collectif Racine additionnent des mesures à visée assimilationnistes, une nébuleuse d'intérêts corporatistes jusqu'au détail, avec des mesures qui ramènent l'école aux années 1960.

Dans les 100 mesures c'est le retour au passé qui domine. "Il faut mettre le savoir au centre. Le professeur n'est pas l'égal de l'élève. La notation est le meilleur système d'évaluation". Valérie Laupies, directrice d'école et conseillère régionale FN, se fait applaudir sur des propositions qui sentent la naphtaline.

On appréciera ainsi la proposition 43 qui veut "instaurer le cours magistral à tous les niveaux dans toutes les disciplines", ce qui changerait un peu les maternelles... La proposition 3 proscrit "les pseudos enseignements ludiques". La suivante fait de la méthode syllabique la seule méthode autorisée. La 44 instaure partout la note. Le Collectif veut aussi supprimer la réforme des rythmes et remplacer les TAP par des études surveillées, instaurer l'uniforme, supprimer le collège unique en rétablissant l'orientation en fin de 5ème vers le professionnel.

 

Une addition de corporatismes

 

Mais les propositions portent aussi les corporatismes les plus recuits, que l'on sent préparés dans les détails depuis des lustres.  Pierre Miscevic, professeur de lettres en Cpge plaide pour créer un corps de "professeurs d'excellence" enseignant... en CPGE. Marc Chapuis, professeur de maths en CPGE présente une refonte de la filière S : on élimine 30 000 élèves indignes d'être là, puis on crée 3 sous filières de façon à dégager un noyau de mathématiciens limité à 15 000 élèves... Daniel Philippot, directeur d'école retraité, demande la création d'un corps de directeurs d'école qui auraient toute autorité sur les professeurs. Le écoles deviendraient des établissements publics. Ces points se retrouvent dans les 100 propositions.

D'autres lobbys ont su aussi se faire écouter. Le Collectif demande la création d'un corps de "professeurs d'informatique" avec un enseignement en lycée et en série scientifique. Un autre enseignement civisme et droit serait créé ce qui permettrait aussi de supprimer l'enseignement de la philosophie en série technologique.

 

Rien pour les milieux populaires ?

 

Un troisième courant se lit dans les propositions. Le collectif veut "l'assimilation" des éléments hétérogènes. C'est le but de l'enseignement Civisme et droit. Il veut interdire tout signe religieux dans le supérieur et mettre fin aux repas de substitution et même à l'enseignement de langues étrangères  jugées communautaires.

Au final, les milieux populaires qui votent pour le Front n'y trouveront pas leur compte. Le Collectif promet de rétablir l'ordre dans les établissements prioritaires grâce à des super profs volontaires, une mesure qui ne colle pas avec une proposition plus sérieuse : abaisser le nombre d'élèves par classe en REP.  Si le Collectif veut rapprocher les séries technologiques et professionnelles (proposition 41) c'est bien parce que, vu des Cpge et des filières d'élite, tout ça c'est un peu  la même chose...

 

François Jarraud

 

2014 le collectif Racine

Etude Cevipof

(source Café Pédagogique)

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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 18:55
Procès du Mediator: chronique d'un échec programmé (Médiapart - 13 mars 2017, par Michel de Pracontal)
Procès du Mediator: chronique d’un échec programmé
 PAR MICHEL DE PRACONTAL

Partie sur des chapeaux de roues en 2011, l’instruction du dossier Mediator s’est embourbée et l’affaire ne sera probablement pas jugée avant 2019. En ciblant la responsabilité du groupe Servier et en évacuant celle de l’administration et des politiques, la justice a-t-elle fait le bon choix ? Ou s’est-elle condamnée à échouer ?

Cibler la responsabilité des laboratoires Servier, coupables d’avoir dissimulé la vraie nature et les dangers de leur produit défectueux, le Mediator : cela semblait l’objectif évident de la procédure partie sur des chapeaux de roue en février 2011, à la suite de la révélation du drame sanitaire qui a causé la mort de 500 à 1 500 personnes. La tromperie de Servier paraissait flagrante, la responsabilité du laboratoire incontestable. En janvier 2014, le procureur de Paris, François Molins, annonçait qu'un grand procès du Mediator pourrait se tenir pendant le premier semestre 2015.

Trois ans après, l’affaire est embourbée. Les connaisseurs du dossier les plus optimistes estiment que le Mediator ne sera pas jugé avant 2019. Et rien ne garantit que le procès, s’il finit par avoir lieu, aboutisse à une issue satisfaisante pour les victimes. Le fiasco est en vue.

Comment la justice, malgré les moyens considérables déployés, a-t-elle pu rater cette affaire immanquable ? Lors de son audience solennelle tenue le 23 janvier, le procureur de Paris, François Molins, déplorait que « sur six ans de vie de ce dossier d’information, qui a été ouvert en février 2011, moins de trois ans aient été consacrés aux investigations et les trois années suivantes aient été exclusivement consacrées à la procédure à la suite des multiples demandes et recours faits par la défense des mis en cause, sans d’ailleurs que ce soit encore terminé ».

L’enquête de Mediapart montre que cette analyse est un peu courte. L’acharnement procédurier des avocats de Servier ne suffit pas à expliquer l’échec annoncé. Celui-ci résulte d’une cause plus profonde : en focalisant l’affaire sur la tromperie et sur la seule responsabilité des laboratoires Servier, la justice a trop limité son champ d’action. Elle a sous-estimé le rôle des politiques et celui de l’administration de la santé, en particulier de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) et de la DGS (Direction générale de la santé). Elle a « saucissonné » l’affaire, dissociant le volet « tromperie et escroquerie » du volet « blessures et homicides involontaires ». Cette approche restrictive, justifiée par un souci d’efficacité et d’allègement de la procédure, se révèle contre-productive. Elle affaiblit l’action des magistrats, exposés au feu des critiques des avocats de Servier, et freinés par des contraintes qui les empêchent d’aller au fond des choses.

Pourquoi la justice a-t-elle choisi une telle méthode ? Pourquoi n’a-t-elle pas traité d’emblée l’ensemble du champ des responsabilités ? L’on ne peut pas répondre à la place des juges, mais un certain nombre d’éléments suggèrent que l’instruction a été orientée par une préoccupation majeure : mettre hors de cause l’État et les politiques. Et cela, avant même que la procédure ne débute.

• NOVEMBRE 2010 : « L’AFFAIRE NE DOIT JAMAIS REMONTER AUX POLITIQUES  »

Au tout début du scandale Mediator, en novembre 2010, Xavier Bertrand, qui vient d’être nommé ministre de la santé, reçoit la visite d’un invité surprise : Martin Hirsch, ancien haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté du gouvernement Fillon, aujourd’hui directeur général de l’AP-HP (assistance publique-hôpitaux de Paris). Hirsch a un message à transmettre sur le Mediator, accusé d’avoir tué de 500 à 1 500 personnes entre 1976 et 2009. L’affaire ne doit jamais remonter aux politiques, explique l’ancien président d’Emmaüs France au nouveau ministre. Si quelqu’un doit payer, il faut cibler les experts, ces professeurs de médecine qui touchent des honoraires considérables versés par les labos, à commencer par Servier, le fabricant du Mediator.

Mais que vient faire Martin Hirsch dans cette galère ? À l’époque de sa visite confidentielle à Xavier Bertrand, il n’occupe pas de fonction officielle dans l’administration de la santé. À quel titre vient-il parler de ce sujet précis au ministre de la santé ? Est-ce parce qu’il est proche de Didier Tabuteau, qui a dirigé le cabinet de Bernard Kouchner au ministère de la santé de 1992 à 1993 et de 2001 à 2002, et a été à la tête de l’Agence du médicament, de sa création en 1993 à 1997 ? Est-ce parce que lui-même, Martin Hirsch, a été le directeur de cabinet de Bernard Kouchner, secrétaire d’État à la santé, de 1997 à 1999, période clé dans l’histoire du Mediator, avant de devenir le conseiller santé de Martine Aubry, au ministère de l’emploi et de la solidarité ?  

Une chose est sûre : Hirsch a été entendu. Parmi la trentaine de personnes morales et physiques mises en examen, figurent les laboratoires Servier, fabricant du produit incriminé, une pléiade de professeurs de médecine appointés par l’industriel, et l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament. Mais pas un ministre ou un parlementaire, à l’exception de l’ex-sénatrice Marie-Thérèse Hermange, mise en examen pour complicité de trafic d’influence, après avoir été surprise en pleine conversation avec un consultant de Servier, le professeur Claude Griscelli, en vue d’infléchir le rapport de la mission du Sénat sur le Mediator dans un sens favorable au laboratoire.

Les ténors du réseau politique de Servier, l’ancien garde des Sceaux Henri Nallet, ou Bernard Kouchner, et surtout l’ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy, ami personnel de Jacques Servier dès les années 1980, n’ont quant à eux pas été mis en cause par les magistrats. Pourtant, leur rôle potentiel dans la stratégie d’influence du groupe méritait examen. C’est particulièrement vrai pour Douste-Blazy, qui a été ministre de la santé à deux reprises (1993-1995 et 2004-2005), a bénéficié de multiples aides financières de Servier et a toujours affirmé son amitié au fondateur du groupe pharmaceutique (voir notre article).

Quand Douste-Blazy était ministre de la santé en 2004-2005, il avait pour conseiller le professeur Claude Griscelli, lui-même mis en examen pour ses mauvais conseils à Marie-Thérèse Hermange. Mais malgré tous ces liens compromettants, Douste-Blazy dort sur ses deux oreilles.

« Tu auras un classement sans suite ou un non-lieu »

• MARS 2011 : LE PROBLÈME DE LA RESPONSABILITÉ DE L’ÉTAT

En janvier 2011, Xavier Bertrand rend public un rapport explosif de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) dirigé par Aquilino Morelle, qui deviendra conseiller de François Hollande en 2012, avant de quitter piteusement l’Élysée à la suite des révélations de Mediapart sur son goût pour les chaussures bien cirées et surtout sur ses liens financiers avec les laboratoires Lundbeck.

Mais en 2011, le rapport Morelle est salué sur le site Slate comme « un travail historique ». Martin Hirsch – encore lui –, commentant le rapport Morelle dans une interview au JDD, le qualifie de « terrible récit d’un enfumage généralisé des autorités sanitaires par Servier ».

Le rapport Morelle est un véritable réquisitoire pour tromperie contre Servier. Il ignore le rôle des politiques, sous-estime la responsabilité des hauts fonctionnaires de la santé, et résume l’affaire à une faute originelle : avoir fait passer un anorexigène pour un antidiabétique.

Mais Servier a beau jeu de répliquer que son produit a bel et bien obtenu une AMM (autorisation de mise sur le marché) dans le traitement du diabète, et qu’il n’a pas été retiré pendant de longues années, malgré les signaux d’alerte. Dès lors, les défenseurs du laboratoire soutiennent qu’ils ne portent pas toute la culpabilité et que l’État pourrait être mis en cause autant, sinon davantage, que Servier !

Cette analyse apparaît dans une note de la DGS, la Direction générale de la santé : « En l’espèce, rien n’aurait été possible sans la défectuosité du Mediator mais le Mediator n’aurait pas produit de conséquences néfastes s’il n’avait pas obtenu une AMM ou si celle-ci avait été suspendue ou retirée plus tôt, lit-on dans ce document de la DGS révélé par Le Figaro. Le Mediator n’a pu être mis sur le marché que grâce à des autorisations de mise sur le marché délivrées à partir de 1974 par le ministre, puis par l’Agence du médicament, enfin par l’ANSM et alors qu’aucune des autorités investies du pouvoir de police sanitaire n’a estimé, avant la décision de 2009, devoir suspendre ou retirer à Servier l’autorisation de mise sur le marché de ce médicament. Sans le défaut du Mediator, pas de dommage, mais sans AMM pas de dommage non plus. » 

Le fonctionnaire de la DGS qui transmet cette note à ses collègues en mars 2011, alors que débute l’instruction, enfonce le clou dans un mail : « La conclusion la plus désagréable est que si la responsabilité de l’État est recherchée, elle sera probablement intégrale et non pas partagée avec Servier. »

Est-ce la nécessité de protéger l’État et les politiques qui a conduit à un certain « cadrage » de l’instruction ?

• L’ÉTONNANTE MANSUÉTUDE DES MAGISTRATS VIS-À-VIS DE L’AGENCE DU MÉDICAMENT

En 1998, une enquête du Centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Besançon, commanditée par l’Agence du médicament et menée sous la direction du professeur Pierre Bechtel, démontre que le Mediator entraîne des effets indésirables très graves. Ces effets sont similaires à ceux de l’Isoméride et du Pondéral, deux produits coupe-faim du groupe Servier retirés du marché mondial en septembre 1997 (voir notre article). En particulier, l’enquête montre une association entre le Mediator et la survenue de cas d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), pathologie du poumon gravissime et très souvent mortelle. Dans un fonctionnement normal, l’enquête de Besançon aurait dû conduire l’Agence à retirer le Mediator, ou au moins à le suspendre. Mais le Comité technique de pharmacovigilance, réuni fin 1998, escamotera l’alerte.

Ce n’est pas tout. Un document issu de l’instruction, révélé par le Journal du dimanchedu 12 mars 2017, suggère que la justice a cherché à protéger l’Agence du médicament. Il s’agit de la transcription d’une conversation téléphonique à propos de l’enquête de pharmacovigilance, entre le professeur Bechtel et une correspondante à l’Agence, Carole Fosset-Martinetti. Cette transcription figurait déjà dans les annexes du rapport Morelle. On y lisait qu’il était « difficile de démontrer qu’il n’y [avait] pas de risque », appréciation qui suggérait que l’Agence du médicament avait bien suivi le problème.

Seulement voilà : la transcription figurant dans le rapport Morelle était tronquée d’un passage que les magistrats instructeurs ont retrouvé dans le document complet. Le passage manquant affirmait, en contradiction avec les résultats de l’enquête de pharmacovigilance, qu’il n’y avait pas urgence à indiquer les risques nouvellement découverts dans la notice du Mediator : « En ce qui concerne les modifs du RCP, M. Bechtel est O.K. avec nos commentaires, à savoir qu’il est prématuré d’insérer dans le RCP le risque cardiovasculaire et cérébrovasculaire. »

Le professeur Bechtel et l’agence étaient donc d’accord pour ne pas modifier la notice du produit, privant ainsi les consommateurs du médicament d’une information cruciale ! Les magistrats n’ont pas retenu ce fait accablant pour l’Agence du médicament.

Des écoutes réalisées sur la ligne téléphonique de Jean Marimbert, qui a dirigé, de 2004 à 2011, l’Agence du médicament (qui s’appelait alors Afssaps), révélées par Le Figaro, montrent encore plus clairement la mansuétude des magistrats vis-à-vis de l’Agence. On y entend l’épouse de Marimbert lui expliquer qu’elle a eu une conversation avec l’un des juges d’instruction, et qu’elle a appris que l’intention des magistrats n’était pas de lui nuire. « Tu auras un classement sans suite ou un non-lieu », résume-t-elle. Et d’ajouter que les magistrats se seraient même excusés d’avoir dû effectuer la perquisition…

• LUCIEN ABENHAIM, « TÉMOIN IMPORTANT » À NE PAS DISCRÉDITER

Parmi les hauts fonctionnaires qui ont joué un rôle dans l’affaire Mediator, le professeur Lucien Abenhaïm occupe une place à part. Épidémiologue de renommée mondiale, auteur d’une étude décisive sur les risques d’HTAP associés à l’Isoméride, coupe-faim de Servier, il a aussi été directeur général de la santé de 1999 à 2003. Soit exactement au moment où les risques du Mediator sont confirmés de manière éclatante, à la suite de l’étude du CRPV de Besançon décrite ci-dessus.

Début 1999, un cardiologue de Marseille, le docteur George Chiche, observe qu’un de ses patients est atteint d’une fuite d’une valve cardiaque, et fait le lien avec la consommation de Mediator. Chiche signale son cas à la pharmacovigilance, mais l’Agence du médicament, après en avoir pris note, ne réagit pas.

« Servier a réussi à me neutraliser sur le Mediator »

Peu après la notification de Georges Chiche, en mai 1999, est signalé le cas d’une patiente de l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart atteinte d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), pathologie du poumon gravissime, alors qu’elle n’a pas d’autre facteur de risque que la prise de Mediator. L’HTAP est précisément la pathologie dont Lucien Abenhaim a démontré qu’elle était associée à la prise d’Isoméride, dans une célèbre étude appelée IPPHS (International Primary Pulmonary Hypertension Study).

Étant donné sa compétence dans le domaine, le professeur Abenhaim semblait la personnalité la mieux à même de se saisir du problème du Mediator. Son poste à la DGS lui permettait de donner l’alarme et même de prendre des mesures immédiates. Non seulement il n’en a rien fait, mais il a affirmé au cours de l’instruction qu’il n’avait eu connaissance de la parenté entre Mediator et Isoméride qu’en 2008 : « Cela a donc été pour moi un coup de tonnerre d’apprendre qu’il existait encore en France un produit à base de fenfluramine [molécule de l’Isoméride] », a-t-il affirmé.

Cette affirmation est peu admissible. En plus des éléments déjà cités, il est apparu qu’au moins une patiente incluse dans l’étude IPPHS avait consommé du Mediator. Cela aurait dû attirer l’attention des auteurs de l’étude, à commencer par Abenhaim.

Le dossier de l’instruction montre aussi qu’une fonctionnaire de la Direction générale de la santé, Catherine Choma, représentait cette dernière à une réunion de la commission nationale de pharmacovigilance du 7 juillet 1999, juste avant l’entrée en fonction de Lucien Abenhaim. Lors de cette réunion, l’on a parlé de l’enquête de 1995-1998 sur le benfluorex menée par le CRPV de Besançon et dirigée par Bechtel. Catherine Choma a reçu la copie du compte rendu de cette réunion le 15 septembre 1999, après la nomination de Lucien Abenhaim. Elle était aussi à une réunion de pharmacovigilance du 7 décembre 1999, où l’on a discuté du benfluorex et de l’HTAP.

Lorsque Abenhaim déclare qu’il n’a pas entendu parler du Mediator avant 2008, c’est à peu près aussi crédible que s’il disait avoir traversé la place de la Concorde sans voir l’obélisque. Il faut ajouter qu’Abenhaim a été consultant de Servier pendant de longues années. Il a touché des honoraires personnels pour l’étude IPPHS et a cosigné jusqu’en 2004 des articles scientifiques pour une étude appelée « VEINES », et financée par Servier.

S’interrogeant sur le rôle réel d’Abenhaim, les avocats de Servier ont demandé aux magistrats instructeurs d’auditionner différents membres de la DGS, dont Catherine Choma. Réponse des magistrats : « Ces demandes d’actes ne semblent avoir pour objectif que de discréditer un témoin important de la présente affaire, à savoir le Pr Lucien Abenhaim. » Le témoignage d’Abenhaim est donc a priori jugé indiscutable par les magistrats, qui là encore suivent le rapport Morelle. Or la position exprimée par Abenhaim tend essentiellement à accréditer la thèse de la tromperie de Servier. Il a été jusqu’à soutenir, alors même qu’il était expert pour Servier depuis de longues années, que le fabricant du Mediator lui avait caché la nature du produit : Servier « a réussi à me neutraliser sur le Mediator en me tenant (avec quelques centaines d’autres) dans l’ignorance de son caractère fenfluraminique, pendant l’IPPHS et après, pendant mon temps à la DGS, et durant 6 ans après mon passage à la DGS, soit près de 20 ans », déclarait-il à Mediapart en 2010 (voir notre article).

• ÉTAIT-IL JUDICIEUX DE PRIVILÉGIER LA TROMPERIE ?

Le rapport de l’Igas a mis en avant la tromperie imputée aux laboratoires Servier, et l’instruction va marcher sur les traces de Morelle. On reproche à Servier d’avoir dissimulé la vraie nature du Mediator en le commercialisant comme un traitement destiné aux diabétiques en surpoids, alors que c’est un anorexigène. Mais alors, pourquoi les autorités sanitaires ne l’ont-elles pas classé comme anorexigène, alors que son caractère de coupe-faim était un secret de Polichinelle ?

En 1968, les chercheurs de Servier ont breveté une famille de composés chimiques comprenant le Mediator, précisant que ces composés « peuvent être employés en particulier comme médicament anorexiant, analgésique, anticonvulsivant ou régulateur du métabolisme des lipides ». Quand l’AMM a été attribuée en 1976, l’administration savait, ou aurait dû savoir, que ce brevet existait.

Le principe actif du Mediator a été dénommé « benfluorex ». Or, « le suffixe “ –orex”  est en effet le segment clé retenu par l’OMS pour désigner les agents anorexigènes », précise le rapport Morelle. Les enquêteurs de l’Igas soulignent que Servier a cherché (sans succès) à faire modifier ce nom. Ils en tirent argument pour soutenir que Servier a cherché à « effacer une trace très visible » de la vraie nature de son produit – ce qui est supposé renforcer l’accusation de tromperie imputée au laboratoire. À cela près que l’administration a refusé de changer le nom, précisément parce qu’elle connaissait le caractère anorexigène du produit…

Il faut ajouter qu’une note de Didier Tabuteau de 1995, alors qu’il était directeur de l’Agence du médicament, révélée par Mediapart en 2011, fait définitivement justice de la prétendue ignorance de l’Agence quant à la nature du Mediator. Cette note montre que l’Agence du médicament est tout à fait consciente des propriétés anorexigènes du benfluorex (principe actif du Mediator). Elle précise que le benfluorex fait l’objet d’une surveillance quant à sa sécurité d’emploi et que l’Agence suit les volumes des ventes pour s’assurer que le produit n’est pas détourné comme anorexigène.

Étrangement, cette note n’était pas citée dans le rapport Morelle, et les magistrats, qui y ont accédé, ne semblent pas en avoir tiré les conséquences.

Selon le Journal du dimanche du 12 mars, les avocats de Servier cherchent désormais à obtenir que l’Agence du médicament soit elle aussi mise en examen pour tromperie : « Il y a une évidente coresponsabilité de l’Agence, nous n’avons rien dissimulé aux autorités sanitaires », déclare au journal Me Hervé Temime, défenseur de Servier.

Pourquoi l’instruction a-t-elle été orientée aussi fortement sur l’accusation de tromperie, difficile à démontrer et en réalité peu plausible ? À moins que ce choix n’ait été précisément destiné à conduire la procédure dans une impasse… Car si le blocage judiciaire ne profite évidemment pas aux victimes, il fait l’affaire des politiques, de l’administration et de Servier. Et si l’échec annoncé de la procédure avait été en fait programmé ?

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13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 16:35

La multiplication des candidats positionnés entre droite extrême et extrême droite témoigne de la dérive et de la radicalisation du spectre politique français. Passage en revue de cet inquiétant casting.

En 2017, la gauche sera représentée par trois candidatures : Nathalie Artaud, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon. Trois – peut-être quatre si Philippe Poutou obtient ses parrainages –, c’est peu, c’est même du jamais vu depuis 1965 et la première élection au suffrage universel. Loin de l’avalanche des candidatures, c’est bien un paysage minimaliste qui s’annonce pour ce côté de l’échiquier politique. Au passage, cela relativise beaucoup l’idée que trois, ce serait encore trop, mais en dit long sur l’état de la gauche après ce quinquennat désastreux.

Par bonté d’âme, on placera Emmanuel Macron au centre-droit même si l’enthousiasme affiché d’Alain Minc ou d’Alain Madelin devrait faire réfléchir plus d’un électeur socialiste. Pour le reste, c’est à droite toute et ils seront sans doute cinq à occuper ce créneau.

Marine Le Pen et François Fillon en mode Pétain

Ces deux-là sont bien connus des services et il n’est nul besoin de s’appesantir. La candidate du Front national est aujourd’hui en position de force. Assurée d’être au second tour de la présidentielle, elle engrange aujourd’hui les dividendes des renoncements de toute sorte, à gauche comme à droite, de ces trente dernières années. Si la question identitaire s’était un peu estompée ces derniers mois avec la perspective d’un second tour contre François Fillon, elle revient en force devant l’affrontement programmé avec Emmanuel Macron. Pour preuve, au fil des semaines, "La France apaisée" a laissé place au beaucoup plus agressif "On est chez nous", comme lors du meeting au Zénith de Lyon.

Le cas Fillon est sans doute un cas d’école. Donné moribond et isolé, le candidat LR vient de réussir un spectaculaire rétablissement. Son obstination et l’absence d’un plan B faisant consensus ont bien sûr été décisives. Mais la relative réussite de son meeting du Trocadero du 5 mars a aussi beaucoup joué. Largement organisé par Sens commun, héritier de la Manif pour tous, ce rassemblement témoigne tout à la fois d’une radicalisation de la droite française et des capacités militantes nées de la mobilisation contre le mariage pour tous. Ecouter les multiples micro-trottoirs lors de la manifestation du Trocadéro, revient à se brancher sans filtre sur les égouts pétainistes, nausée assurée. Le ralliement d’Henry de Lesquen, président de Radio Courtoisie, antisémite et suprémaciste blanc (voir ici un florilège de ses dérapages) est en soi tout un programme.

Rappelons-nous aussi que, lors des primaires, le sobriquet "Ali Juppé" a servi une campagne visant à faire passer l’ancien premier ministre pour un quasi cheval de Troie de l’islamisme radical en France. Qu’une opération aussi délirante ait pu rencontrer un quelconque écho est en soi terriblement inquiétant. Aussi, lorsqu’Alain Juppé dénonce la radicalisation d’une partie de la droite, il maîtrise son sujet.

Les mauvaises fréquentations de Nicolas Dupont-Aignan

Le président de Debout la France se veut gaulliste, paraît-il. Il ne faut pourtant pas gratter bien longtemps pour saisir l’ampleur de ses accointances avec l’extrême droite. Au mois de janvier, dans l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, il a repris à son compte la théorie du "grand remplacement" liée à un supposé déferlement d’immigrés. Il s’est même fendu d’un tweet limpide le 17 janvier : « En 2016, les socialistes compensent la baisse de natalité par l’invasion migratoire. Le changement de population c’est maintenant ! »

Loin de constituer un dérapage, cette prise de position s’inscrit dans une orientation de longue date. Lors des élections européennes, par exemple, il s’était affiché avec UKIP (le parti britannique xénophobe) et Slavi Binev, ultra-nationaliste bulgare, ou encore avec le responsable du parti des Vrais Finlandais (tout un programme).

En France aussi, Nicolas Dupont-Aignan n’est pas très regardant. Il reçoit ainsi la contribution parlementaire du député maire d’Orange, Jacques Bompard (ancien d’Occident et fondateur du FN), à la tête de la Ligue du Sud un parti, sur le fond, très proche des identitaires. Lors des départementales de 2015, des candidatures communes aux deux partis ont été présentées dans le sud-est. Il est vrai que, déjà au printemps 2012, le candidat de Debout la France avait indiqué qu’il pourrait nommer Marine Le Pen premier ministre s’il remportait l’élection présidentielle.

François Asselineau, rejeton de l’extrême droite ultranationaliste

Moins connu que les précédents, François Asselineau, le président de l’Union populaire républicaine (UPR), n’est pas exactement un poussin de la dernière couvée. Énarque, évoluant dans les cabinets ministériels du gouvernement Juppé (1995-1996), il rejoint ensuite le RPF de Charles Pasqua et Philippe de Villiers. Nommé par le président Nicolas Sarkozy en 2004 à la tête de la Direction générale à l’intelligence économique à Bercy, l’homme n’est pas exactement un rebelle. Il fonde en 2007 l’UPR, dont le programme peut se résumer en trois points : sortie de l’Euro, sortie de l’Otan et sortie de l’Union européenne pour « rétablir l’indépendance de la France » et c’est à peu près tout. La charte fondatriceindique ainsi : « Il en découle que l’UPR est le parti qui a décidé de ne pas se laisser entraîner dans des débats accessoires lorsque l’essentiel est en jeu. Les adhérents de l’UPR restent ainsi libres, s’ils le souhaitent, de se déclarer – en dehors des instances du mouvement – en faveur de telle ou telle option économique, fiscale ou sociale, ou de telle ou telle philosophie sur les sujets de société ». On le voit, la palette de ce qui est laissé de côté est assez large, doux euphémisme.

Les liens avec l’extrême droite sont pourtant bien transparents, à commencer par l’ex numéro 2 de l’UPR, Éric Mary. Outre les photos des quenelles de ce dernier obtenues en quelques clics, sa passion pour la Légion étrangère, les guerres coloniales, pour Serge Ayoub (leader du mouvement troisième voie) ou encore la diffusion de chansons d’extrême droite en font incontestablement un rejeton de l’extrême droite ultranationaliste.

Mais on ne saurait évoquer Asselineau sans aborder un autre sujet : l’homme est adepte des thèses complotistes. Cette pépite relève plus de l’hôpital psychiatrique que du débat politique – attention, c’est du lourd :« Le Front national a été créé par François Mitterrand et Jacques Attali et financé par la CIA via le demi-frère de Nicolas Sarkozy qui travaille au Fonds Carlyle, le bras financier de la secte Moon contrôlé par la famille Bush qui soutient aussi l’hebdomadaire frontiste Marianne chargé de la promotion de Marine Le Pen afin de pourrir le discours de l’UPR et ce dans le but de faire élire à coup sûr Dominique Strauss-Kahn à la présidentielle de 2012 et ainsi maintenir la mainmise euro-atlantiste sur la France ».

Le martien Cheminade

Déjà candidat en 1995 et 2012, Jacques Cheminade devrait être en mesure de se présenter en 2017, même si une petite incertitude demeure. Ses fantaisies spatiales ont déjà été largement analysées. L’homme, tout à sa colonisation de l’espace, est notamment l’auteur de ce genre de propos : « À une identité terrienne se substituera ainsi une identité héliosystémique et galactique ». C’est dire qu’avec lui, on n’est pas porté mais téléporté.

Mais les liens de Cheminade avec l’extrême droite conspirationniste sont aussi avérés qu’anciens. Ancien énarque, lui aussi, il est devenu dans les années 1970 le disciple de l’Américain Lyndon LaRouche, classé à l’extrême droite après des diatribes négationnistes (quelques explications ici). Cheminade est lui aussi un amateur de théories du complot. Il a par exemple assuré qu’une partie de la fortune de la reine d’Angleterre venait du trafic de drogue avant d’évoquer « la tradition des Rothschild (…) qui ont fait toutes sortes de trafics ».

Avec cinq candidats oscillants entre droite extrême et extrême droite, rarement une présidentielle ne s’était révélée aussi pestilentielle. Avec l’ouverture de la campagne officielle dans quelques jours, l’omniprésence des thématiques les plus réactionnaires devraient vite devenir proprement insupportable. Souhaitons au moins que cette situation produise un électrochoc et permette un regain de mobilisation de tous ceux et toutes celles qui aspirent à transformer radicalement une société française décidément bien malade.

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12 mars 2017 7 12 /03 /mars /2017 17:55

 

La nouvelle LGV Bretagne entrera en service le 2 juillet. Mais les billets seront mis en vente par la SNCF dès ce mercredi 15 mars. Une certitude : le voyageur breton paiera plus cher pour rejoindre Paris. Le prix à payer pour le temps gagné, selon la SNCF. A trois jours de cette commercialisation, Le Télégramme ouvre le débat sur ces tarifs et publie les nouveaux horaires été et automne de cette nouvelle LGV Bretagne.

Guillaume Pepy, président de la SNCF, le 20 janvier dernier, à Rennes, a clairement annoncé la couleur : les tarifs des billets des nouveaux TGV, en service à partir du mois de juillet, augmenteront. Et ce, en lien avec le gain de temps sur le trajet. Mais cette augmentation sera raisonnable, a-t-il souligné.

À lire sur le sujet Des tarifs qui déraillent ?

Pour les « pros » ?

Ces déclarations ne sont toutefois pas de nature à rassurer les usagers du chemin de fer. Dominique Serouin, vice-président de l'Audiv 35, craint, en effet, que les tarifs ne deviennent prohibitifs et que la LGV ne soit finalement réservée à une clientèle d'affaires et à des gens aisés : « Nous ne sommes pas contre le principe de gagner du temps mais les tarifs actuels sont déjà excessifs et inabordables pour les voyageurs aux revenus modestes et les familles. On peut craindre que l'effet escompté de la LGV ne soit pas au rendez-vous et que cela ne conduise à une baisse du trafic TGV, comme cela a déjà été le cas, l'an passé, au niveau national ». Et les promotions ? « Les quotas sont limités et il faut s'y prendre trop longtemps à l'avance pour en bénéficier. On préférerait des tarifs fixes plus raisonnables qui inciteraient à prendre le train plus souvent. »

« On prendra la voiture »

Alain Daher, PDG du groupe automobile Bodemer, présent dans le Grand Ouest, préférerait, lui aussi, des tarifs « plus clairs et moins aléatoires » pour guider le choix de ses modes de déplacement et celui de ses collaborateurs. Quant à une augmentation des tarifs : « Qu'est-ce que cela signifie quand on peut payer le trajet 60 ou 140 euros et que les tarifs changent tous les jours ? », s'interroge Alain Daher. « De toute façon, si cela devient trop cher, on prendra la voiture. » Matthieu Leroy, directeur des projets chez Néovia (*), à Saint-Nolff (Morbihan), groupe dont les collaborateurs et clients utilisent fréquemment le train, estime, quant à lui, que les cartes-fréquence permettent de gommer le phénomène et contribuent à la stabilité des tarifs. En revanche, il souhaite que ces tarifs n'augmentent pas malgré ou en raison du gain de temps assuré par la LGV. Il revendique, en effet, cette non-augmentation de la tarification, considérant que « celle-ci serait compensée par un meilleur taux de remplissage des trains que l'on peut légitimement attendre du gain de vitesse ».

Moins cher pour la pointe de la Bretagne ?

En tout état de cause, Investir en Finistère, qui regroupe les 27 plus grosses entreprises de ce département, souhaite que les répercussions de l'augmentation annoncée soient les plus minimes possibles. « Et ce, particulièrement pour la pointe de la Bretagne qui bénéficiera de façon moindre des gains de temps par rapport à l'est de la région. Il faut que cela soit pris en compte dans les calculs », souligne sa directrice, Françoise Lelann. 

* Premier groupe coopératif français, spécialisé dans la nutrition et la santé animale, 7.700 salariés dans 28 pays, 1,6 milliard d'euros de chiffre d'affaires.

Lire aussi: 

Conférence de presse des cheminots CGT de Morlaix et Landivisiau: gare de Morlaix, ligne Morlaix-Roscoff, horaires LGV, guichets

"La LGV se prépare en gare de Morlaix: Encore des questions sur la ligne": les cheminots CGT alertent (Le Télégramme, 10 mars 2017)

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12 mars 2017 7 12 /03 /mars /2017 10:01
Macron, candidat de l’enfumage dans un pays en désarroi
JEUDI, 9 MARS, 2017
HUMANITE
Les chaînes d’information en continu n’en finissent pas de mettre en avant les chances qu’aurait Emmanuel Macron de devenir président de la République. Photo : AFP
Les chaînes d’information en continu n’en finissent pas de mettre en avant les chances qu’aurait Emmanuel Macron de devenir président de la République. Photo : AFP

Un sondage réalisé par Harris Interactive pour France Télévision place Emmanuel Macron en tête dans les intentions de vote pour l’élection présidentielle. Alors que Fillon patine tandis que Hamon et Mélenchon se neutralisent,  certains médias sont désormais dans une stratégie de promotion  du candidat d’En Marche !.

Alors que François Fillon se trouve quelque peu handicapé par les méthodes qu’il a utilisées pour se faire du fric des années durant, les médias audiovisuels et leurs chaînes d’information en continu n’en finissent pas de mettre en avant les chances qu’aurait Emmanuel Macron de devenir président de la République. Ces médias mettent en exergue les ralliements qui vont de Robert Hue à Bertrand Delanoë et spéculent sur ceux susceptibles d’intervenir chez certains ministres du gouvernement de Bernard Cazeneuve. Tout est fait pour rendre incontournable l’ancien ministre de l’Economie du gouvernement que dirigea Manuel Valls.

Ce matin, un sondage de l’institut Harris Interactive pour France Télévision place Emmanuel Macron en tête au premier tour avec 26% des intentions de vote, devant Marine Le Pen à 25% tandis que François Fillon serait à 20%. Il s’agirait d’un gain de 6 points en deux semaines pour Macron, lesquels doivent beaucoup aux ennuis de François Fillon. Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon sont respectivement crédités de 13% et 12%  et perdent chacun un point sur le précédent sondage du même institut. A eux deux, ils réunissent néanmoins le quart des intentions de vote tout en étant quatrième et cinquième dans un scrutin qui ne sélectionne que deux candidats pour le second tour. Interrogés sur leurs motivations en faveur du candidat d’En Marche, 63% des personnes interrogées citent son « projet », 57% sa capacité à porter des idées nouvelles, 56% le souhait de le voir gagner cette élection et 54% son honnêteté. On peut toutefois se demander dans quelle mesure le « projet » d’Emmanuel Macron et de son équipe de campagne est connu des électeurs. Quel est par exemple l’intérêt économique de transformer le CICE en allègement de 6% des cotisations sociales pour toutes les entreprises dont beaucoup - à commencer par les enseignes de la distribution- ne créent pas la moindre richesse alors qu’elles pillent leurs fournisseurs grâce à une Loi de modernisation économique que fit voter François Fillon en 2008 en s’inspirant d’un rapport rédigé par …Emmanuel Macron. Que vaut par ailleurs la suppressions des cotisations salariales maladie et famille pour augmenter de 20€ par mois les petits salaires que propose Macron quand la somme sera récupérée par une augmentation de la CSG qui réduira le pouvoir d’achat pour d’autres salariés et surtout pour des retraités dont la pension diminuera de ce fait ?

Avec Macron, l’emploi évoluera vers toujours plus de précarité en France

Reprenant à son compte une partie de ce que fut la politique de Nicolas Sarkozy, Macron propose aussi une exonération des cotisations sociales des employeurs sur les heures supplémentaires. Or il s’agit là d’une perversion préjudiciable pour la protection sociale. Actuellement, les 8 premières heures supplémentaires au delà de la durée légale de 35 heures par semaine sont majorées de 25%. Si l’employeur en propose davantage à ses salariés, la majoration passe à 50% par heure au-delà de 43 heures par semaine. Ces majorations ont un double effet. En travaillant plus on gagne certes un peu plus à la fin de mois. Mais ces heures majorées font aussi rentrer plus d’argent  dans les caisse de la Sécu, dans les caisses de retraite et pour l’indemnisation du chômage. En réduisant le coût horaire de ces heures supplémentaires grâce à la baisse des cotisations sociales on diminue globalement le salaire différé qui sert à financer la protection sociale. De surcroit, on limite les embauches ce qui ne peut que faire grimper le nombre de chômeurs. S’agissant des chômeurs, le projet de Macron affirme que les indemnisations « seront  strictement conditionnées aux efforts de recherche d’un emploi avec un contrôle drastique ». Il est question de supprimer l’indemnisation du chômage après deux refus d’emploi dont le salaire serait égal à 80% de celui du dernier emploi occupé par le demandeur. Comme la réduction des charges sur les heures supplémentaires sont de nature à réduire les offres d’emplois, trouver un poste convenablement rémunéré sera rendu plus difficile pour les chômeurs.

Ce matin deux études de l’INSEE ont été publiées. La première nous dit que le poids économique de l’industrie manufacturière qui était de 19,6% en 1995 dans les pays de l’actuelle zone euro est passé à 16,9% en 2015. L’industrie manufacturière a reculé en France, en Italie comme en Espagne et elle est restée stable en Allemagne. Une autre étude nous dit que l’économie française a créé 187.200 emplois en 2016 dans le secteur marchand. Mais l’industrie et la construction ont perdu un total de 35.700 emplois durant la même année. Parallèlement, les créations d’emplois se sont traduites par une augmentation de 12%  des postes de travail en intérim, soit dix fois plus que les créations d’emplois en pourcentage. L’emploi évolue donc vers toujours plus de précarité en France. Macron et son équipe de technocrates sont dans une démarche esclavagiste visant à accentuer cette tendance. Cela fait d’ailleurs des années que Macron affirme que les travailleurs précaires sont victimes non pas des patrons exploiteurs mais des garanties en termes de droit du travail dont bénéficient encore les travailleurs à statut et à contrat à durée indéterminée. Selon le candidat d’En Marche !, c’est en précarisant le plus grand nombre que l’on parviendra à une parfaite égalité entre les travailleurs précaires et ceux qui ne le sont pas encore. Mieux vaut le savoir, avant d’aller voter !

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12 mars 2017 7 12 /03 /mars /2017 08:28
Rassemblement à gauche: Urgence! Pour une candidature commune à la présidentielle et un pacte de majorité
 
 

Rassemblement à gauche : urgence !

Pour une candidature commune à l’élection présidentielle et un pacte de majorité
 

L'élection présidentielle approche dans une situation très préoccupante, lourde de dangers. Le FN est en tête dans les sondages et E. Macron semble pouvoir se substituer à F. Fillon pour qualifier la ligne ultra-libérale et austéritaire pour le 2d tour.

Cela relance le défi de la construction d’un rassemblement de la gauche pour battre la droite et l’extrême-droite, rompre avec le social-libéralisme et sortir de l’austérité avec une candidature commune à la présidentielle, un contrat de majorité pour les législatives, avec un pluralisme des candidatures et une dynamique de luttes populaires.

La responsabilité des candidats et des forces de gauche est engagée.

Jean-Luc Mélenchon somme Benoît Hamon de se rallier à lui tandis que Benoît Hamon paraît se contenter de miser sur un « vote utile » sans bouger sur le contenu de son programme. Continuer ainsi, c’est courir à la catastrophe d’un deuxième tour entre la droite et l’extrême-droite, alors que des éléments nouveaux permettraient de la conjurer. Qui est prêt à en porter la responsabilité ?

Devant les réticences des deux candidats à s’unir, il est urgent de travailler à la convergence des propositions. C’est possible et c’est le moyen de concrétiser le rassemblement !

Travaillons à converger sur un pacte majoritaire avec le souci d’une cohérence associant des objectifs sociaux audacieux à la conquête de pouvoirs pour les salariés et les citoyens sur l’utilisation de l’argent. On conjuguera ainsi, au lieu de les opposer, réalisme, efficacité et radicalité.

Nous avons la conviction qu'il est possible de converger sur quelques grands axes dont le contenu doit être débattu :

1. Emploi, travail, salaires : Il s’agit de la préoccupation majeure de la population française. Face au défi de la révolution numérique, il faut conquérir des moyens financiers (à travers le crédit et la fiscalité) et des pouvoirs sur ceux-ci pour sécuriser l’emploi et la formation ainsi que le revenu, et créer les conditions d'une véritable égalité femmes-hommes. Ce n’est plus le marché ni le patronat qui doivent décider des trajectoires professionnelles de chacune et de chacun, de nos vies. Augmenter les salaires, retraites et minima sociaux, réduire le temps de travail, redonner sens au travail, devraient faire partie des objectifs communs. On irait ainsi vers l'éradication progressive du chômage et de la pauvreté.

2. Protection sociale : son avenir exige une forme de refondation, à la fois à travers de nouveaux modes de financement qui responsabilisent les entreprises (avec modulation des cotisations selon le volume et la qualité de l’emploi) et qui  fasse contribuer la finance. Ce n’est pas le « coût du travail » qu’il faut baisser, c’est le « coût du capital » (intérêts, dividendes, etc.), pour consacrer beaucoup plus de moyens au développement de toutes les capacités humaines. C'est indispensable pour revenir à la gratuité des soins à 100 % comme à la retraite à 60 ans.

3. Services publics : leur relance est nécessaire pour répondre aux besoins populaires sur tous les territoires (éducation, santé, recherche, écologie, culture, justice, logement, énergie, …). Elle soutiendrait aussi la demande, aujourd’hui si insuffisante, tout en développant l’efficacité de la production nationale (l’offre). Il faut rompre avec l’austérité budgétaire, mettre en cause le verrou européen actuel. Il faut repenser les missions des services publics à partir de leurs finalités spécifiques, donner une priorité aux valeurs humanistes, et à leur démocratisation profonde avec leurs usagers.

4. Écologie : la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation des ressources naturelles avec, dans une transition énergétique pour remplacer les énergies carbonées, un mix associant développement des énergies renouvelables et encadrement de celui du nucléaire, sous contrôle public et social. Elle va de pair avec l’essor de tous les services publics et le soutien à un mode de développement et de production alternatif fondé sur l'économie de moyens matériels, la promotion de nouveaux emplois et de nouvelles qualifications, avec de nouveaux financements maîtrisés par les populations et leurs élu.e.s.

5. Argent : la dictature des marchés financiers et des grandes banques privées sur l’utilisation de l’argent doit être combattue de façon conséquente. Pour cela, il faut un pôle public bancaire démocratique, pour pratiquer un crédit incitatif à l'essor de l'emploi, des qualifications, et de la recherche. Il y a besoin de pouvoirs pour les salariés et les habitants afin de changer l’utilisation de l’argent des entreprises, contre la spéculation financière et l’évasion fiscale et pour soutenir un développement efficace et écologique de l’activité et d’un emploi de qualité. Le CICE doit être supprimé et une réforme fiscale de progrès entreprise.

6. Europe : Le Pacte de stabilité est une stupidité. Les centaines de milliards d’euros créés par la BCE doivent servir à une expansion nouvelle de tous les services publics, avec les emplois et les investissements nécessaires. Cela permettrait d’aborder tout autrement les enjeux européens, pour construire avec les autres peuples les rapports de force nécessaires à des mesures immédiates de progrès. Il faut viser une refondation progressiste de l’Union européenne, une transformation progressive du monde, avec de tout autres traités que le CETA ou le TAFTA.

7. Démocratie : une VIème République est nécessaire, sociale et démocratique, rompant avec le présidentialisme et ressourçant la démocratie représentative : pouvoirs décisionnels nouveaux des salariés dans les entreprises et les administrations, et des citoyens sur le territoire. Il faut aussi inciter au renouvellement des élus et représentants politiques.

8. Egalité et Justice : Une égalité réelle pour toutes et tous, émancipée des origines assignées, univoques et prétendument apparentes, de toute différenciation injuste liée à l’âge, au genre, à la catégorie sociale, doit être instaurée et affirmée en donnant les mêmes droits à chacun.e, dans une égale dignité de participation et d’intervention. La politique des boucs émissaires, des relégations territoriales, de l’incitation au racisme et de la stigmatisation masque les vrais problèmes et les entretient. Cela appelle tout à la fois un effort culturel, un effort démocratique, une justice réaffirmée, une autre police et un nouvel âge des services publics.

 Rien n’est joué. Il est urgent et encore possible de construire des bases solides au rassemblement nécessaire pour battre la droite et l’extrême-droite.

 Une candidature commune à gauche est possible et indispensable.

 Cet appel ouvert rassemble des militants et responsables politiques du PCF et de différents partis de gauche, des personnalités intellectuelles, des syndicalistes, des militants associatifs et des personnalités de la société civile.

42 Premiers signataires :

Gérard ASCHIERI

Alain BEITONE

Amar BELLAL

Thibaut BIZE

Alain BOLLA

Frédéric BOCCARA

Paul BOCCARA

Gaby CHARROUX

André CHASSAIGNE

Ulf CLERWALL

Gilles COHEN-TANNOUDJI

Mahama COMPAORE

Raphaël DEBÛ

Yves DIMICOLI

Marc DOLEZ

Denis DURAND

Jean-Marc DURAND

Serge GUICHARD

Valérie GONCALVES

Roland GORI

Aurélien GUILLOT

François JACQUART

Jacky HENIN

Sylvestre HUET

Brahim JLALJI

Pascal JOLY

Marie-Jo KOTLICKI

Pierre LACAZE

Cédric LATTUADA

Didier LE RESTE

Cécile LEFEVRE

Gérard MATTERA

Nicolas MARCHAND

Catherine MILLS

Yannick MONNET

François MORIN

Alain PAGANO

Christian PIQUET

Sébastien PRAT

Frédéric RAUCH

Dominique VIDAL

Bora YILMAZ

Cette pétition sera remise à:

  • candidats
    B Hamon - JL Mélenchon - P Laurent - Y Jadot

Lire la lettre de pétition

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