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23 juin 2017 5 23 /06 /juin /2017 05:32
La France, une société militarisée? - par Joëlle Palmeri, chercheure en Sciences Politiques (blog Entre les lignes entre les mots - 11 juin 2017)
La France: une société militarisée ?
Un texte de Joelle Palmieri (chercheure en sciences politiques)

Publié le 11 juin 2017 par le blog Entre les lignes entre les mots

Qu’est-ce que la militarisation ? Quelle est la différence avec le militaire, le militarisme, la militarité ? La France est-elle touchée par ce phénomène ? Ou est-elle épargnée ? Si oui, pourquoi ? Toutes ces questions me trottent dans la tête depuis un bon moment d’autant qu’apparemment dans l’hexagone cette problématique fait polémique.

Commençons par isoler les définitions. Le militaire est un membre des forces armées, institution de défense d’un État. C’est un individu dont le métier est de respecter l’ordre, en acceptant obéissance et discipline. En temps de guerre, ses droits personnels sont limités. Il peut occuper des fonctions de commandement ou de logistique, le tout au service de la défense du territoire, de la participation aux systèmes d’alerte de sécurité et d’information et du maintien de la paix à l’étranger et sous mandat international. En France, les femmes représentent en 2011 environ 15% des effectifs. Autant dire, que les hommes sont très majoritaires dans les corps d’armée.

La militarité recouvre tout ce qui se rapporte au « corps militaire » et à ses « vertus ». On peut ainsi lire dans les carnets d’un général de gendarmerie à la retraite la liste de ces vertus : « dévouement », « disponibilité », « discipline », « robustesse », « posture morale », le tout au service de la « démocratie ». Elle est rigoureusement associée à la hiérarchie. Elle concerne uniquement ceux qui constituent les corps de métier assurant la sécurité du territoire : les militaires, les gendarmes, les policiers. Cette définition est confirmée par Marie-Anne Paveau : « Nous appelons militarité l’ensemble des marqueurs (professionnels, juridiques, sociaux, idéologiques, culturels, corporels) attachés à la fonction militaire qui est autant une profession qu’un mode d’être ».

Le militarisme rend compte de l’idéologie politique, ou d’un courant de pensée, qui prône la primauté de la force militaire dans les relations interétatiques et dans l’organisation intraétatique. Par exemple, à l’issue de la IIe Guerre mondiale, et selon Andrew Bacevich, le militarisme américain a eu pour vocation de faire la promotion des « normalisation de la guerre, glorification des chefs militaires, recherche élitaire de la supériorité stratégique perpétuelle, accoutumance de la population à la guerre, “esthétique de la guerre” technologique à distance, et enfin transfiguration des présidents en seigneurs de guerre ». Le militarisme garantirait la stabilité des économies, y compris en temps de paix – par la production d’armement –, et favoriserait les prospérités nationale. Cette définition concerne alors les relations entre États et les populations qui s’y rapportent.

La militarisation évoque un processus. Ce processus vaut pour la subordination des États et populations aux forces armées mais aussi à ses valeurs. En tant que telle, la militarisation n’est pas figée dans le temps. Elle ne rend pas compte d’un état donné d’une société. Elle est le produit d’un fonctionnement, militaire, des valeurs qui l’accompagnent – l’ordre, l’obéissance, la hiérarchie, etc. –, autant qu’elle produit de nouveaux effets économiques, politiques et sociaux, de nouveaux comportements, rapports sociaux et épistèmês (banalisation de l’autorité, des rapports hiérarchisés, de l’utilisation des armes, de la course à la sécurité, de la violence, etc.) et renforce les rapports de domination (race, classe, genre) existants. Comme l’avait très tôt indiqué Andrée Michel en citant Kemp, « la militarisation se définit par trois critères : les dépenses militaires, le commerce des armes et les interventions armées, menées soit au cours de guerres civiles, soit au cours de guerres opposant des nations ennemies ». La sociologue française avait, il y a déjà plus de trente ans, démontré que les processus de désarmement avait bien eu lieu à la fin de la IIe Guerre mondiale, mais que les courses aux technologies militaires et spatiales continuaient à aller bon train, que les dépenses militaires dans les pays « en voie de développement » augmentaient par effet de vase communicant avec les pays dits « développés », que le marché au noir des armes florissait, que la surenchère de la production nucléaire accroissait les risques de piratage du matériel militaire, que les conflits internes à l’échelle planétaire était en pleine expansion. Pour preuve, elle citait les guerres de Yougoslavie, du Rwanda, d’Afghanistan et de Tchétchénie. Elle enchainait aussitôt sur ce qu’elle nomme les « fonctions latentes de la militarisation par les systèmes militaro-industriels (SMI) ». Alors que la sécurité des États aurait pu être basée sur la prévention, la négociation et le dialogue, les « grandes sociétés industrielles contemporaines » ont décidé une militarisation à outrance. Ce choix a pour conséquence directe : « reproduction et élargissement de la domination des pays du Nord sur les pays du Sud, des inégalités sociales et économiques internes à chaque État-nation et des inégalités basées sur le genre ». La sociologue, qui s’intéresse à l’étendue de ce processus à l’échelle internationale, ne parle pas tant du sexisme dans l’armée, qu’elle ne nie pas, mais bien de la production de rapports sociaux inégalitaires, de l’augmentation de la division sexuelle du travail, de la restructuration du travail, du développement de la culture de guerre et de leurs conséquences directes : prostitution, viols, trafic, pillage des ressources, conception du territoire en tant qu’espace de conquête, généralisation de la violence, exportation des systèmes répressifs et de torture, contrôle social brutal et « guerre contre la population civile ».

Alors ? La France ne serait pas touchée ? Selon le rapport annuel Jane’s du cabinet spécialisé IHS Markit publié en 2016, le pays occupe la 7e place derrière la Russie en matière de budget militaire avec 44,3 milliards de dollars dépensés. D’après le Global Firepower 2016, la France est la 6e puissance militaire mondiale après le Royaume Uni et l’Inde. D’après une étude française de 2015, elle est la 3epuissance nucléaire mondiale, après les États-Unis et la Russie. Ensuite, remonter les Champs-Elysées avec un véhicule militaire lors de son investiture en tant que Président de la République, prolonger l’état d’urgence (prononcé depuis novembre 2015, et possibilité créée pendant la guerre d’Algérie), prévoir de faire de cet état d’exception la règle, nommer une ministre des Armées plutôt que de la Défense (inédit depuis 1965), quadriller policièrement les manifestations de façon systématique, ne font-ils pas partie de l’arsenal d’un État militarisé ? Si on ajoute la disqualification des bavures policières (dont l’usage d’une matraque télescopique par la BST qui rappelle quelques pratiques militaires de torture), ou la prolifération de la banale promotion des jeux vidéo « musclés » ou plus simplement de l’usage des armes de poing sur les plateformes numériques ou audiovisuelles, la boucle et bouclée. Enfin, si on adopte le raisonnement d’Andrée Michel, on comprend que la réforme actuelle de la loi du travail s’inscrit dans la ligne droite de la militarisation de la société française. Vous avez encore des doutes ?

 

 1) PAVEAU Marie-Anne, 1994, Le langage des militaires, thèse de doctorat. Paris, U. Paris IV.

 2) GALBRAITH John Kenneth, 1968, La paix indésirable ? Rapport sur l’utilité des guerres, Calmann Lévy, Paris

.3) BACEVICH Andrew J., 2013 (2e édition), The New American Militarism : How Americans are Seduced by War, Oxford University Press, New York, 278 p.

4) MICHEL Andrée, Militarisation et politique du genre, in Recherches féministes, vol. 8 n° 1, 1995 : 15-34.

5) MICHEL Andrée, BERTRAND Agnès and SENE Monique, 1985, Le complexe militaro-industriel et les violences à l’égard des femmes, In Nouvelles Questions Féministes La militarisation et les violences à l’égard des femmes, No. 11/12, pp. 9-85 ; MICHEL Andrée, 1991, Le complexe militaro-industriel, la guerre du Golfe et la démocratie en France, InL’Homme et la société, N° 99-100, Femmes et sociétés. pp. 197-212.

6) Op. cit.

7) 50 facteurs sont pris en compte pour établir le classement : situation géographique, exploitation des ressources naturelles, quantité d’arsenal ou encore la situation économique. Certaines données ne sont pas intégrées comme les capacités nucléaires et la direction politique et militaire. 

8) COLLIN Jean-Marie, DRAIN Michel, NORLAIN Bernard, QUILES Paul, 2015, Les neuf puissances nucléaires, Irénées

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23 juin 2017 5 23 /06 /juin /2017 05:17
Code du travail: les projets du gouvernement confirmés (Médiapart, 22 juin 2017)
Code du travail: les projets du gouvernement confirmés
 PAR ,  ET 

Alors que le gouvernement continue à entretenir le flou sur son projet de réforme du code du travail, Mediapart, avec l’agence AEF, publie l’intégralité du texte d’habilitation. Les huit articles de loi en disent beaucoup sur la réforme envisagée. Beaucoup plus que tout ce qui avait été dévoilé aux syndicats.

 

 feuilleton de la réforme du code du travail continue. Dernier épisode en date : la révélation par Le Monde ce mercredi après-midi du projet de loi d’habilitation que le gouvernement présentera en conseil des ministres mercredi 28 juin. Le texte, transmis pour avis au Conseil d’État, sera soumis aux parlementaires. Ces derniers, en le votant, donneront l’autorisation au gouvernement de réformer profondément le code du travail, en se passant des discussions parlementaires classiques.

Jusqu’ici, comme l’a raconté Mediapart, rien de concret n’est sorti de la concertation menée actuellement avec les syndicats, en dehors des sujets déjà connus, comme le plafonnement des dommages et intérêts au prud’hommes pour les licenciement abusifs, le regroupement des instances de représentation du personnel et l’accent mis sur les négociations au sein de l’entreprise. Les autres sujets explosifs, telle la réforme des motifs de licenciement, n’ont été mis au jour que par la presse, ce qui a d’ailleurs provoqué le dépôt d’une plainte contre X pour « vol de documents » et « violation du secret professionnel » de la part du ministère du travail.

Encore une fois, c’est par un média que les intentions réelles du gouvernement sont dévoilées. Le texte révélé par Le Monde, que Mediapart, ainsi que l’agence AEF, publie dans son intégralité, en dit beaucoup sur la réforme envisagée. Les huit articles de loi courts et denses, permettant à l’exécutif de prendre des « mesures pour la rénovation sociale », décrivent beaucoup plus que tout ce qui avait été présenté aux syndicats, mais restent encore assez flou sur bon nombre de sujets. Une fois l’autorisation de légiférer accordée par l’Assemblée et le Sénat, le gouvernement aura ainsi une grande latitude pour décider exactement ce qu’il entend mettre en place. Une méthode qui inquiète fortement les syndicats. Ils auront l’occasion de le dire prochainement au gouvernement : selon nos informations, la ministre du travail Muriel Pénicaud doit s’entretenir avant la fin de la semaine au téléphone avec les leaders de chaque délégation, en parallèle des concertations déjà en cours.

  • La méthode du gouvernement, une « pseudo-concertation » ?

Nous l’avons déjà écrit à plusieurs reprises, la méthode suivie par le gouvernement pour sa consultation des organisations syndicales et patronales pose fortement question. Chacune des huit organisations représentatives – trois patronales, cinq syndicales – rencontre pour des consultations d’un peu plus d’une heure le directeur de cabinet de Muriel Pénicaud, pour échanger à deux reprises sur chacun des trois thèmes définis : articulation des accords entre la branche et l’entreprise, simplification du dialogue social, sécurisation des relations de travail. Ils ne disposent d’aucun document pour comprendre précisément les intentions du gouvernement. Le premier round se termine ce vendredi. La prochaine séquence, qui durera 15 jours, devrait débuter après le prochain conseil des ministres et la dernière se dérouler au moment même où les parlementaires débattront.

Didier Porte, membre de la délégation FO, avoue son étonnement à la lecture du document dévoilé par Le Monde : « Tout ne correspond pas à ce qui a été dit lors de nos rencontres. Maintenant, il est temps que nous ayons un texte, car il est difficile d’avoir une vision cohérente dans ces conditions. » Mais les syndicats se heurtent au refus de l’exécutif : la révélation du Monde s’est déroulée alors que la CGT était en pleine réunion avec le ministère. « Même dans ces conditions, le directeur de cabinet de la ministre n’a pas voulu nous communiquer le texte du projet de loi, prétextant qu’il ne faisait que lister les thématiques des ordonnances, raconte Fabrice Angeï, le négociateur du syndicat. Or, il apparaît que ce texte fait un peu plus que lister des thématiques ! On n’est pas sur une négociation, mais sur une pseudo-concertation, voire sur une opération de communication. »

Même son de cloche du côté du syndicat des cadres, la CFE-CGC : « Travailler sans aucun document devient difficile. Tout va arriver à la fin de nos discussions, souligne le négociateur Gilles Lecuelle. On a l’impression de courir un 110 mètres haies, avec beaucoup d’obstacles. » Malgré tout, les syndicats n’entendent pas pour le moment renoncer à ces rencontres : « Nous y apportons notre philosophie, pour éviter que la négociation au sein de l’entreprise concerne trop de champs. Nous avons des marges de manœuvres », assure le représentant FO. Son homologue de la CGT estime lui aussi que« les réunions [leur] permettent d’avoir une meilleure idée des intentions du gouvernement, sans que ce soit contradictoire avec la préparation d’une mobilisation la plus forte possible de [leur] côté ».

Pour le syndicat Solidaires, non représentatif et ne participant donc pas aux réunions officielles, la situation« ressemble fort à celle qui existe dans les entreprises », glisse le porte-parole Éric Beynel : « Les techniques de négociations se ressemblent, le culte du secret est très fort et, sur le fond, l’absence de transparence est totale… »

 

Même du côté du patronat, on tique un peu. Un représentant patronal reconnaît que « c’est très compliqué de travailler sans document ». Pour autant, il assure que le document publié par Le Monde « n’apporte rien de neuf » et qu’il « n’y a aucune surprise ». La CPME confirme : « Ce qui est paru dans Le Monde correspond à nos échanges. » Dans ce cas, cela signifie-t-il que le ministère en dit plus aux organisations patronales qu’aux organisations syndicales ? « Chaque interlocuteur peut aborder les sujet de son choix », rétorque le représentant. Au vu de ce que contient le projet de loi, les patrons ont mis bien des sujets sur la table…

  • Les « fondamentaux » de la réforme confirmés

Comme Édouard Philippe et Muriel Pénicaud l’avaient annoncé en présentant leur feuille de route le 6 juin, plusieurs thèmes phares de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron seront bien au cœur des ordonnances.

Ainsi, les indemnités accordées par les prud’hommes en cas de licenciement abusif seront étroitement encadrées, avec l’instauration « des planchers et des plafonds obligatoires ». Le juge devra s’y conformer, sauf dans certains cas, « notamment » pour un licenciement « résultant d’une discrimination ou de faits de harcèlement ».

Autre point incontournable pour le gouvernement, la fusion des instances représentatives du personnel : délégués du personnel, comité d’entreprise, comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Le gouvernement prévoit de créer une seule instance regroupant toutes celles qui existent. C’est un vieux serpent de mer, réclamé depuis des années par le Medef. La réforme désirée a pourtant été déjà largement mise en œuvre par la loi Rebsamen d’août 2015. Aujourd’hui, les entreprises de moins de 300 salariés peuvent mettre en place une « délégation unique du personnel »sur simple initiative de l’employeur, ce qui aboutit en pratique à une diminution du nombre de représentants du personnel et à une réduction de leurs moyens. Mais dans les plus grosses entreprises, il faut un accord des syndicats majoritaires, et c’est ce qui dérange apparemment le patronat et le gouvernement.

Les ordonnances permettront aussi au gouvernement de se pencher sur les places respectives de la loi, des accords de branches (par secteur d’activité) et des accords négociés au sein de chaque entreprise. Ce bouleversement de la « hiérarchie des normes » était le sujet des premières réunions entre organisations patronales et gouvernement, qui s’achèvent ce vendredi. « On voit bien que la réforme va laisser plus de place aux discussions au sein de l’entreprise, mais on ne sait pas encore exactement comment », explique Fabrice Angeï, de la CGT.

Aujourd’hui, six thèmes sont impérativement réservés aux branches professionnelles : le salaire minimum, les classifications professionnelles, la protection sociale complémentaire, la formation, la pénibilité et l’égalité professionnelle hommes-femmes. Ces « verrous » seront maintenus. Mais il en existe bien d’autres, selon les branches, qui pourraient bien disparaître. Nul ne peut donc dire aujourd’hui dans quelle mesure ou dans quel domaine une entreprise pourra négocier avec ses syndicats des conditions moins avantageuses que ce qui est prévu par les règles collectives de son secteur d’activité.

Enfin, le projet de loi laisse entendre que l’entreprise pourrait organiser un référendum, à son initiative, pour consulter les salariés sur un point à propos duquel elle n’arrive pas à trouver d’accord avec les syndicats. La loi El Khomri de l’an dernier avait abandonné cette possibilité, réservant ce pouvoir aux seuls syndicats qui pèsent 30 % des voix au moins dans l’entreprise. Mais le programme d’En Marche!, lui, se proposait bien de valoriser le référendum d’entreprise d’origine patronale.

  • Un invité de dernière minute, le contrat de projet

Mediapart l’avait relevé mardi 20 juin, le gouvernement a posé dans le débat un sujet qui n’avait quasiment jamais été abordé dans un débat public jusqu’alors : le CDI de chantier, ou de projet. C’est le premier ministre lui-même qui l’a évoqué le premier, sur BFMTV : « Le contrat de chantier, c’est une bonne discussion à avoir, parce que ça maintient le CDI comme la norme », a-t-il déclaré. Comme son nom l’indique, c’est un contrat à durée indéterminée, mais signé pour la durée d’un chantier ou d’un projet défini à l’avance. Il prend fin à l’issue de celui-ci ou peut être prolongé si cela est nécessaire. Contrairement à ce qui a cours pour le CDD, le licenciement ne donne pas droit à une indemnité de précarité.

Juste après la déclaration d’Édouard Philippe, la CFDT tombait des nues, parlant d’un« sujet qui n’a jamais été évoqué lors des consultations ». Mais FO a précisé que le sujet« a été mis sur la table à la suite des propos d’Édouard Philippe ». Idem du côté de la CPME, l’organisation patronale des PME, qui préférerait voir naître le « contrat de croissance » qu’elle porte depuis longtemps : un CDI à durée fixée à l’avance, lié à une performance de l’entreprise.

Le sujet est bien abordé par le projet de loi. « Cela correspond à une vieille lune du patronat », juge François Hommeril, le dirigeant de la CFE-CGC, qui le voit d’un très mauvais œil. Pour autant, il ne se dit pas particulièrement inquiet sur le sujet : « Nous avions été prévenus par la ministre que dans le projet de loi, il y aurait des choses qui ne nous plairaient pas, raconte-t-il. Pour autant, cela ne signifie pas qu’elles seront finalement imposées par le gouvernement. Il s’agit surtout d’un souci technique : si le thème n’est pas abordé dans la loi d’habilitation, il ne pourrait de toute façon pas être mis en place. En fait, tous les choix finaux n’ont pas encore été faits. » Le responsable syndical assure être « assez optimiste » sur l’issue de ce thème, qui pourrait disparaître.

Reste qu’il est bel et bien envisagé que les ordonnances puissent autoriser des modifications du contrat de travail par des négociations d’entreprises ou de branches, alors qu’il est pour le moment totalement réservé au niveau de la loi. Un représentant patronal assure même qu’« [ils] en [ont] parlé depuis le début »Selon lui, le champ même de ce premier round de concertation, sur l’articulation des accords entre la branche et l’entreprise et ce qui dépend de la loi, porte en lui le fait de discuter du contrat de travail, en l’occurrence le CDI de chantier et le CDD. Une vision bien personnelle, puisque que rien dans le document d’orientation présenté le 6 juin ne suggère que le contrat de travail pourrait être touché par la réforme. « Si le contrat de travail est un sujet retenu dans l’articulation entre branches et entreprises, alors on montera au créneau, prévient Didier Porte, de FO. On ne l’acceptera pas. » Le gouvernement souhaitant associer au maximum la CFDT et FO, il tendra sans doute l’oreille en entendant ce type de mise en garde.

  • L’aberration économique du licenciement économique par filiale locale

Second point semblant tomber du ciel, et relevant des « vieilles lunes », le texte entend réintroduire une mesure voulue par Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’économie, mais qui avait été retirée du projet de loi El Khomri, car trop explosive. Il s’agirait de modifier le périmètre qui est retenu pour apprécier les difficultés d’un groupe international qui licencie dans une de ses filiales en France. Aujourd’hui, la santé des sites dans le reste du monde est prise en compte. Mais le projet de loi pourrait modifier la règle, sans qu’on sache s’il limiterait le périmètre à la France ou à l’Europe.

Tous les syndicats de salariés sont contre cette idée. Et ils ont raison. Comme le souligneLe Monde, le législateur est censé forger des garde-fous contre « la création de difficultés artificielles entre filiales d’un même groupe ». Il conviendra donc d’évaluer ces garde-fous, mais la question n’est pas tant celle de l’organisation de « faux » licenciements économiques, c’est celle d’une logique d’ensemble qui trahit la vision économique du gouvernement.

Car choisir de faire du cadre national le critère de bonne santé économique d’un groupe multinational, cela revient à donner la priorité aux licenciements dans le traitement des difficultés des sites français. Ceci revient donc à protéger les bénéfices réalisés ailleurs et à désinciter ces groupes à investir dans l’Hexagone pour sauver des emplois, souvent industriels. C’est les inciter, en revanche, à faire des choix qui viendront toujours alimenter les résultats financiers, plutôt que faire celui d’investir dans l’avenir des sites français. C’est l’option de ce que la mondialisation financiarisée a de pire : la protection et l’optimisation des bénéfices à reverser aux actionnaires, qui viendront alimenter les bulles financières, au détriment de l’emploi industriel et des investissements.

Dans une France largement désindustrialisée, souffrant d’une baisse de sa capacité de production, ce choix serait très risqué et ne ferait qu’exacerber la compétition entre les travailleurs des groupes internationaux. Il ferait donc, par ricochet, peser une forte pression sur le coût du travail français : soumis à cette concurrence intra-groupe, les salariés devraient accepter des concessions en termes de salaires, de conditions de travail et de temps de travail que les autres dispositions de la réforme du code du travail permettraient justement. Il s’agirait donc bien davantage que d’une simple mesure technique.

Certes, le gouvernement pourra avancer deux arguments pour défendre cette mesure : l’attractivité des investissements dans l’Hexagone et la « destruction créatrice ». Mais ces deux arguments semblent difficilement tenables. La France est déjà l’un des pays les plus attractifs d’Europe pour les investissements étrangers, y compris industriels. Quant à l’opportunité de se débarrasser d’industries vieillissantes pour laisser naître celles de demain, elle ne semble vraie qu’en théorie. Les pays ayant un marché du travail très libéralisée comme le Royaume-Uni n’ont guère pu bénéficier de cette « création » sur le plan industriel. Pour une raison simple : les coûts salariaux demeurent toujours trop élevés face à ceux des pays à bas coût. Dès lors, le risque est de voir s’accélérer la désindustrialisation et de substituer à ces emplois des emplois précaires dans les services.

  • Quelques gages accordés aux syndicats

Soucieux de montrer qu’il se soucie des syndicats et que sa réforme ne va pas dans un seul sens, le gouvernement a tout de même décidé de faire quelques gestes dans leur direction. D’abord, comme indiqué plus haut, le projet de loi prévoit que le barème pour les indemnités prud’homales permettra quelques dérogations, qui iraient peut-être au-delà des cas de discrimination et de harcèlement, qui existent déjà dans la loi. Cette demande est celle de la CFDT et de FO.

Et puis, le gouvernement a consacré tout un article de son texte à la mise en place d’une« nouvelle organisation du dialogue social dans l’entreprise ». Le texte promet de« favoriser les conditions d’implantation syndicale et d’exercice de responsabilités syndicales », avec par exemple le chèque syndical, qui devrait inciter les salariés à se syndiquer en faisant financer cette adhésion par l’entreprise. Le gouvernement évoque aussi une meilleure formation des représentants des salariés et une reconversion professionnelle plus facile pour ces représentants. Il suggère aussi d’améliorer les« outils de lutte contre les discriminations syndicales », sans trop de précision. S’il promet bien d’améliorer la représentation et la participation des salariés au sein des conseils d’administration des entreprises, il n’en dit pas beaucoup plus.

  • Encore bien des zones de flou

On l’a dit, le principe même des ordonnances permet au gouvernement de ne pas dévoiler toutes ses cartes, pour peu que les thèmes qui feront l’objet de la réforme soient bien mentionnés, au moins succinctement, dans la loi d’habilitation. Cela laisse ouverte la porte à toutes les interprétations, et à toutes les craintes. « On nous parle de fusion des instances de représentation du personnel, ce qui est déjà grave, pointe par exemple Éric Beynel, de Solidaires. Mais quid du nombre de représentants au final dans chaque entreprise ? Quid des prérogatives légales aujourd’hui exercées par le CHSCT ? Le Medef est vent debout sur ces points depuis des années, et on ne sait pas où on va aboutir exactement. »

La lecture du projet de loi laisse entrevoir d’autres reculs potentiels. Il indique par exemple que « les obligations de l’employeur en matière de reclassement pour inaptitude », qui concernent notamment l’obligation de proposer des nouveaux postes à un travailleur devenu handicapé, pourront être modifiées. Et les « modalités » pour contester un « avis d’inaptitude » prononcé par la médecine du travail pourront être toilettées. Mais dans quel sens ? Même interrogation sur les mesures de consultation et d’accompagnement des salariés concernant « les dispositifs de mobilité volontaires »qui concernent notamment les plans de départ volontaires, un sujet pas franchement anodin.

La question se pose plus encore sur le travail de nuit. Le gouvernement entend imposer que les accords collectifs autorisant le travail de nuit bénéficient « d’un régime de présomption de conformité à la loi », sous le contrôle du juge. Dans quel but exactement ? Sur ce point comme sur les autres, patronat et syndicats espèrent chacun que leur interprétation ou leurs intérêts feront pencher la balance dans le sens qui leur convient le mieux. Au vu du déroulé des événements depuis le début du quinquennat Macron, on peut sans doute deviner quel camp remportera le bras de fer.

 

 
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21 juin 2017 3 21 /06 /juin /2017 06:46
Le budget s’annonce sous le signe de l'austérité
 PAR 

Comme il entend respecter ses engagements européens dès cette année, le gouvernement va devoir résoudre une équation budgétaire très complexe. Mais passer sous les 3 % du PIB de budget ne sera pas suffisant, compte tenu des règles européennes à moyen terme. L’austérité semble une option non seulement possible, mais également durable.

 

Ce sera un des premiers chantiers du gouvernement Édouard Philippe doté de sa nouvelle majorité parlementaire : construire une stratégie budgétaire. Cette dernière s’appuie sur une ligne : le respect des engagements européens, un des piliers de la stratégie européenne d’Emmanuel Macron. Dans un entretien à Ouest-France du 11 avril, le candidat Macron avait affirmé que « l’Allemagne, aujourd’hui, attend que la France soit au rendez-vous des réformes. Tant qu’elle ne le sera pas, on ne pourra pas retrouver la confiance des Allemands qu’on a trahis deux fois, en 2003 et en 2007 ». Or, les deux dates évoquées par le futur candidat concernent deux dérapages budgétaires (dont l’un, du reste, en 2003, était issu d’un accord avec Berlin). Les « réformes » dont il est question concernent donc bien la consolidation budgétaire.

Pour convaincre Angela Merkel de s’engager dans une plus forte intégration de la zone euro, le président de la République va donc s’appuyer sur deux projets : la réforme du marché du travail et la consolidation budgétaire. Son ambition est de « rassurer » Berlin sur le fait que toute mise en commun ne conduira pas à faire prendre de risques supplémentaires à l’Allemagne si elle s’engage dans cette intégration, parce qu’elle le fera avec un partenaire jugé « solide » selon les critères dominants parmi les dirigeants des deux rives du Rhin. Voilà pourquoi il ne faut pas compter sur une politique budgétaire « souple » du nouvel exécutif. Elle sera nécessairement fondée sur une trajectoire de retour à l’équilibre, et donc sur une politique d’austérité budgétaire.

Comme, par exemple, sur la réforme du droit du travail, il faudra donner le ton rapidement. Deux chantiers risquent ainsi de s’ouvrir vite : le bouclage du budget 2017 dans le cadre exigé par la Commission européenne et accepté par le précédent gouvernement, et la mise en place d’une stratégie déterminée sur l’ensemble du quinquennat.

Le premier dossier ne sera pas le plus facile. 2017 devait être, selon la loi de finances, l’année du retour de la France sous la barre des 3 % du PIB de déficit public, pour la première fois depuis dix ans. Initialement, Bercy prévoyait un passage à 2,7 % du PIB de ce déficit, avant de relever l’objectif à 2,8 %. Cela représente néanmoins un effort budgétaire important, puisque les administrations publiques françaises ont terminé l’année 2016 avec un déficit de 3,4 % du PIB.

Or, le budget 2017 a été déjà largement critiqué pour les questions qu’il ouvrait. À commencer par le socle de l’ensemble budgétaire : la prévision de croissance, fixée à 1,5 %. Certes, de très optimiste à la fin de l’année dernière, cette prévision est devenue plus réaliste avec l’amélioration des indicateurs depuis quelques mois. L’acquis de croissance à la fin du premier trimestre est, désormais, compte tenu des diverses révisions, de 0,9 point de PIB. Mais il n’empêche : cette prévision demeure au-dessus de celle des principales organisations de prévision. La Commission européenne et laBanque de France tablent sur une croissance de 1,4 %, le FMI et l’OCDE, de 1,3 %. Si ces institutions voient plus juste que le gouvernement, l’objectif budgétaire risque mécaniquement d’être manqué.

Cet objectif est d’autant plus en danger que, si le gouvernement précédent a engagé de nouvelles dépenses pour financer les priorités de son action, notamment dans l’éducation (3 milliards d’euros supplémentaires) et la sécurité (2 milliards d’euros supplémentaires), les modalités de la maîtrise des autres dépenses visant non seulement à financer ces engagements, mais aussi à assurer le recul du déficit sont, elles, demeurées très floues. Dès septembre 2016, le Haut Conseil des finances publiques soulignait le caractère « irréaliste » des baisses de dépenses envisagées sur l’assurance-chômage et l’assurance-maladie.

Apparemment, ces craintes n’étaient pas injustifiées. À fin avril 2017, la situation budgétaire montrait clairement une dégradation du solde d’exécution du budget de l’État, par rapport à fin avril 2016, de 1,5 milliard d’euros. Ce point intermédiaire ne préjuge en rien du niveau du déficit public sur l’ensemble de l’année, qui intègre le budget de la Sécurité sociale et celui des administrations locales. Mais il montre que l’effort durant les huit derniers mois de l’année va devoir être soutenu pour atteindre l’objectif d’une baisse de 0,3 point de PIB du déficit du seul budget de l’État.

Le 13 juin, le premier ministre Édouard Philippe a préparé le terrain sur France Info en évoquant un « risque extrêmement fort » de rater l’objectif de 2,8 % du PIB. Ce risque devrait être officialisé le 3 juillet, lors de la publication par la Cour des comptes de l’audit des comptes publics.

Si le scénario d’une dégradation de la situation budgétaire se confirme, quelle sera la réaction du gouvernement ? La marge de manœuvre pour accepter un dépassement de l’objectif est très faible, puisque, comme on l’a vu, le « respect des engagements » est essentiel pour le président de la République.

D’autant que la Commission, de son côté, sera peu encline à se montrer conciliante, alors qu’elle est menacée par les projets de réforme de la zone euro. On sait, par exemple, que le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, souhaite confier à un « ministre des finances de la zone euro » un contrôle renforcé des engagements budgétaires des États membres. Dès le 19 juin au matin, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, a mis en garde sur le risque pour la France de se retrouver seul pays en procédure de déficit excessif. « C’est de l’intérêt du pays d’être conforme à ses engagements », a-t-il indiqué sur Sud Radio.

Pierre Moscovici avait déjà rappelé, au lendemain de l’élection présidentielle, que la« France peut et doit sortir de la procédure de déficit excessif ». Bruxelles s’est ainsi montrée très ferme dans ses recommandations par pays au sujet la France, publiées le 22 mai dernier : « La France doit se tenir prête à prendre des mesures supplémentaires pour assurer le respect des dispositions du pacte de stabilité et de croissance en 2017. » 

En cas de dépassement et de non-respect de ses engagements, la France pourrait être menacée de sanctions. Ce serait politiquement un désastre pour Emmanuel Macron, qui serait alors en position de faiblesse face à l’Allemagne et à son nouveau gouvernement, peut-être issu d’une coalition CDU/CSU-FDP particulièrement à cheval sur l’orthodoxie budgétaire. Paris serait alors réduit à reprendre la stratégie de Nicolas Sarkozy et de François Hollande menée depuis 2010.

Édouard Philippe a donc prévenu qu’il fallait sans doute s’attendre à des mesures complémentaires. Donneront-elles lieu à une loi de finances rectificative ? L’option n’a pas été exclue, mais la priorité reste, selon le premier ministre, d’ajuster, sans collectif budgétaire, par « toute une série de mesures ». Autrement dit, si le dérapage budgétaire reste réduit, il sera réglé par une réduction des dépenses dans les ministères. S’il est trop élevé, il faudra envisager des mesures plus sévères et donc en passer par un collectif budgétaire. Le 6 juin dernier, Les Échos évoquaient un besoin de 5 à 6 milliards d’euros pour parvenir non pas à remplir l’objectif, mais à atteindre un déficit sous les 3 % du PIB. Or, Édouard Philippe a bien évoqué les 2,8 % promis à Bruxelles…

Passer sous les 3 % ne sera pas suffisant

Mais l’exécution du budget 2017 n’achèvera pas la tâche du gouvernement. Souvent réduites à une obsession des 3 % du PIB de déficit, les règles européennes ne se limitent plus à ce seuil symbolique. Depuis le renforcement des dispositions budgétaires et la ratification du pacte budgétaire en 2012, les objectifs sont fixés à moyen terme et en termes structurels, autrement dit indépendamment des évolutions de la conjoncture.

La Commission exige de la France un retour à un déficit structurel de 0,4 % du PIB en 2020, contre 1,5 % en 2016. Le précédent gouvernement avait prévu, dans son programme de stabilité, de revenir à l’équilibre structurel en 2020, mais là encore, Bruxelles doute de cette trajectoire et souligne qu’en 2018, une détérioration du solde structurel de 0,5 % du PIB est prévue. Il est vrai que le Sénat avait souligné, lors de l’examen du projet de loi de finances, une tendance du budget 2017 à reporter les dépenses et les charges engagées. La haute Assemblée avait évalué ces reports à 12 milliards d’euros.

Le pacte budgétaire prévoit de plus un amortissement progressif du stock de dettes. C’est ainsi que l’Italie se débat encore avec les exigences budgétaires de Bruxelles, alors même que son déficit est inférieur à 3 % du PIB. Là encore, Pierre Moscovici le 17 juin l’a rappelé : « C’est en 2018 qu’on constatera que la France est sortie ou non de la procédure de déficit excessif. »

Bref, passer sous les 3 % ne sera pas suffisant. Il faudra aussi engager une baisse sensible du déficit structurel et un processus de désendettement. Évidemment, le parcours budgétaire dépendra de l’évolution de la croissance, qu’il est impossible de prévoir réellement dans les prochaines années. Et si la consommation des ménages reste solide, elle n’est nullement portée par une dynamique salariale et est à la merci d’une remontée des prix et des taux. D’autant que la conjoncture pourrait être affaiblie par l’effet des réformes du marché du travail dans un premier temps. Cet effet négatif est largement accepté par les économistes, y compris les partisans des réformes, comme par exemple l’économiste de Natixis Patrick Artus, qui l’a reconnu dans une note du 30 mai dernier. Bref, il serait un peu audacieux de s’en remettre à la seule croissance pour rentrer dans les clous des règles européennes.

Là encore, le nouveau gouvernement et le président de la République semblent décidés à« respecter les règles ». C’est pourquoi, selon Les Échos du 13 juin, l’Élysée s’apprêterait à bousculer les habitudes budgétaires françaises. Finies les discussions de chaque ministère pour négocier sa propre marge de manœuvre budgétaire. Des grandes priorités budgétaires seront définies en septembre. Les ministres seront chargés de les mettre en œuvre et seront désormais aussi jugés sur « leurs capacités à faire des économies ». Autrement dit, la trajectoire budgétaire ne devrait plus seulement être indicative, mais elle sera le cadre de chaque ministère. En sortir sera beaucoup plus complexe que jusqu’à présent. Et comme il est évident que ce cadre sera celui inspiré par la trajectoire de la Commission, les ministères soumis aux économies seront donc plus nombreux que ceux généreusement dotés. Dans ce cas aussi, la politique budgétaire de la France s’annonce comme nécessairement restrictive.

Or, cette démarche est risquée. D’abord, si les politiques d’austérité ont marqué le pas en zone euro, la politique budgétaire en zone euro serait, de l’aveu même de la Commission, neutre, en 2017. Dans un tel contexte, il est beaucoup plus difficile de consolider le budget à marche forcée que lorsque les partenaires du pays s’engagent dans une politique expansive. À partir de 2005, l'Allemagne avait ainsi réduit son déficit dans un contexte d'expansion de la dépense publique dans la zone euro.

L’effet de cette politique budgétaire centrée sur le respect des objectifs européens sera nécessairement négatif sur la croissance. On ne peut, étant donné la fragilité de la reprise mondiale, écarter une spirale négative où l’affaiblissement de la demande, dans la foulée de la consolidation budgétaire, conduit à un affaiblissement de la demande, laquelle oblige à de nouveaux efforts pour rester dans les clous de la trajectoire budgétaire promise à Bruxelles. De plus, comme l’a souligné, voici un an, le FMI, le succès des réformes sur le marché du travail, si tant est que l’on puisse en attendre un, dépend d’une politique budgétaire en soutien.

C’est la politique officiellement défendue par le programme du président de la République, mais, compte tenu des priorités du gouvernement, on voit mal comment l’on pourra engager les 50 milliards d’euros d’investissements publics prévus d’ici 2022. Ces investissements, du reste, ne compenseraient pas les 60 milliards d’euros d’économies promises… Il faudra de plus financer les mesures dites de “compétitivité” auxquelles Bruxelles tient tant : transformation du CICE en baisse de charges (avec un effet de double paiement la première année) et baisse de l'impôt sur les sociétés. Le seul moyen alors sera de sabrer dans les dépenses, notamment les dépenses sociales.

Contrairement à ce qu’il a prétendu durant la campagne, il n’est pas sûr qu’Emmanuel Macron ait tiré les leçons de la crise de 2010 en zone euro. La route de l’austérité semble grande ouverte, avec toutes les conséquences négatives, désormais largement documentées par la science économique.

 

 

 
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21 juin 2017 3 21 /06 /juin /2017 06:02

Communiqué du Syndicat National des Journalistes CGT, 20 juin 2017: 


Le nouveau président de la République a vraiment un problème avec la liberté d’information et avec le service public.
Après avoir porté plainte contre X après les articles publiés par Le Parisien, Libération et Médiapart sur la prochaine loi de casse du Code du travail, il a dû faire (un peu) machine arrière en retirant le qualificatif de recel. Cette plainte a été unanimement condamnée au point de faire reculer le gouvernement ; toutefois elle demeure et il paraît difficile, sinon impossible, de tenter de poursuivre les auteurs des fuites sans mettre en cause la publication des documents. Des documents qui permettent, grâce à l’excellent travail de nos confrères, de révéler les réelles intentions du pouvoir.
De plus, le gouvernement multiplie les pressions pour verrouiller toute « information sensible ».
C’est Bayrou qui téléphone à Radio France au sujet des révélations sur les problèmes du MODEM avec la justice et c’est le directeur de cabinet de la ministre du travail qui demande à la CGT une totale confidentialité sur le contenu des discussions en cours sur la loi travail, menaçant de réduire les informations délivrées à la centrale syndicale au minimum en cas de refus.
La CGT a affirmé sa totale liberté de rendre compte à ses adhérents de ce que sera demain le code du travail.
Enfin, la nouvelle ministre de la Culture a demandé aux patrons des sociétés du service public de l’audiovisuel, France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et Arte, « de rapprocher les sociétés audiovisuelles publiques, pour une plus
grande efficacité d’ensemble ».
On ne peut s’empêcher de rapprocher cette invitation de l’Objectif 7 du candidat Macron d’avoir « des chaînes moins nombreuses », entraînant de fait des suppressions d’emplois.
Le SNJ-CGT dénonce fermement toutes ces initiatives et pressions sur l’information, sur la liberté d’expression et, enfin, sur l’indépendance syndicale.
Le président de la République n’aura pas été long à montrer sa véritable nature ; face à cette dérive, le SNJ-CGT appelle la profession à se mobiliser et à rejoindre les rangs des organisations syndicales.


Montreuil, le 20/06/2017

SNJ-CGT Liberté d’information : Macron se démasque
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21 juin 2017 3 21 /06 /juin /2017 05:45
"On vous dira le moment venu de manifester"... Mélenchon et le ministère des masses révolutionnaires
"On vous dira le moment venu de manifester"... Mélenchon et le ministère des masses révolutionnaires

On attend le feu vert?

Du grand patron de la "résistance sociale" qui nous dira s'il faut mieux manifester en ligne ou dans la rue? Quand il faut activer la marche avant pour rejoindre les cortèges et faire trembler Macron? 

Ces communications en disent long sur ce que Mélenchon le grand guide conçoit de son rôle et entend pas "révolution citoyenne", disciplinée, cohérente, menée à la baguette. 

Quelqu'un peut lui dire que ça fait 120 ans que la CGT et les syndicalistes en général n'ont pas attendu le groupe de Melenchon pour se mobiliser. Que les féministes , les LGBT, les discriminés ne vont pas attendre le groupe de Melenchon pour se mobiliser. Que la bataille sociale elle se passe tous les jours dans ce pays....ce sont les luttes qui déterminent le rapport de force politique, pas les parlementaires... Faut ouvrir un livre d'histoire un peu hein !

"On vous dira le moment venu de manifester"... Mélenchon et le ministère des masses révolutionnaires
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21 juin 2017 3 21 /06 /juin /2017 05:35

François Ruffin, soutenu par le PCF, France Insoumise, Ensemble, EELV, présent aux élections avec une suppléante PCF, a refusé à raison de signer la charte France Insoumise ne voulant pas être "soumis" aux diktats de grand chef JLM. 

Les Insoumis locaux voulaient qu'ils ne soient plus leur candidat dans ces conditions.

Jean-Luc Mélenchon, qui ne voulait pas qu'il passe à l'ennemi, c'est à dire qu'il se présente en préfecture comme candidat PCF, a fait une exception pour lui. Intransigeance dogmatique à géométrie variable...   

 

" M. Ruffin partait avec un retard d’une dizaine de points à l’issue du premier tour, après avoir toutefois réalisé la prouesse de passer devant le Front national, dans un territoire où Marine Le Pen avait recueilli 28,81 % lors du premier tour de la présidentielle, et où le parti d’extrême droite avait présenté une figure médiatique : le comédien Franck de Lapersonne.

François Ruffin, « toujours entre le ridicule et le formidable »
Le journaliste et réalisateur de Merci patron ! – documentaire récompensé aux Césars – est parti en campagne sous une quadruple bannière à gauche. Le Parti communiste, La France insoumise, Europe Ecologie-Les Verts et Ensemble l’ont investi pour affronter la députée socialiste sortante et ancienne secrétaire d’Etat chargée des personnes âgées, Pascale Boistard. Cette dernière, qui n’a recueilli que 7 % des voix lors du premier tour, a appelé à voter pour lui dans l’entre-deux-tours. "

Le Monde, 19/06/2017

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21 juin 2017 3 21 /06 /juin /2017 05:30
André Chassaigne, président du groupe Front de Gauche à l'Assemblée de 2012 à 2017, réélu avec 63% des voix dimanche 18 juin dans le Puy-de-Dôme

André Chassaigne, président du groupe Front de Gauche à l'Assemblée de 2012 à 2017, réélu avec 63% des voix dimanche 18 juin dans le Puy-de-Dôme

"Une fois la victoire fêtée, reste aussi à s’organiser. Les élus disposent de peu de temps puisque dès mardi prochain les groupes devront être constitués. Avec 29 députés au minimum (11 PCF, 2 Ensemble !, 14 France insoumise, 2 ultramarins soutenus par ces formations) auxquels pourraient se joindre d’autres élus de gauche ou d’outre-mer, la constitution d’un ou de deux groupes est envisageable. Les communistes se réuniront mercredi pour étudier les différentes « hypothèses sur la table avec la volonté d’un travail et d’une expression coordonnés entre les différentes sensibilités de la gauche radicale ». 

(L'Humanité) 

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21 juin 2017 3 21 /06 /juin /2017 05:24
Pierre Darhéville, nouveau député communiste dans les Bouches du Rhône

Pierre Darhéville, nouveau député communiste dans les Bouches du Rhône

Voici quelques uns des propos tenus ce matin par celui qui sera le chef du groupe de la France Insoumise. Voilà qui a le mérite d'être clair. 

******************************
"La question de l'appartenance à ce groupe des 10 élus du Parti communiste (PCF)* n'est pas encore tranchée. «On va parler ensemble. On a plusieurs questions préalables à régler», a lancé Jean-Luc Mélenchon. Avant d'évoquer sa succession au Parlement européen, qui passe mal: la PCF Marie-Pierre Vieu, devrait devenir eurodéputée, contre l'avis de Jean-Luc Mélenchon qui lui préférerait le suivant sur la liste, Manuel Bompard, son directeur de campagne pendant la présidentielle. «Si cela n'est pas réglé, si l'accord précédent n'est pas respecté, on ne peut pas envisager qu'il y en ait de nouveau», a déclaré Jean-Luc Mélenchon, qui tient à «l'autonomie» des deux mouvements. «Nous ne sommes pas le PCF, il a son siège, ses dirigeants, ses responsables. Nous, nous sommes la France Insoumise».

 

* En réalité, ils sont onze. 

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20 juin 2017 2 20 /06 /juin /2017 05:36
Entreprise de liquidation des contre-pouvoirs à la société capitaliste: quand l'audiovisuel ignore le PCF, son groupe parlementaire et ses onze députés...

COUP DE GUEULE !
Cinq minutes de temps d’antenne au PCF dans la campagne officielle, alors qu’il compte un groupe à l’Assemblée nationale !

Dimanche soir on pouvait zapper sur toutes les chaînes de télévision, impossible d’y trouver le point de vue d’un responsable communiste !

L’ineffable et ignare Madame Saint Cricq, annonça même dimanche sur France 2 l’élection du « SOCIALISTE ANDRÉ CHASSAIGNE » !

Pierre Laurent n'a été invité sur aucun plateau télé alors qu'il est le responsable d'un parti qui compte 56 000 adhérents à jour de cotisation et des milliers d'élus. Ian Brossat, un de nos porte-paroles prévus pour la soirée télévisée, n'a pas non plus été invité. A côté, Clémentine Autain (Ensemble), plusieurs cadres de France Insoumise ont été invités sans problème. 

Sur France 2, toujours, lundi midi on annonce l’élection des députés, sauf les 11 appartenant au Parti Communiste ! Tous les médias d’aujourd’hui se sont donné le mot : on peut parler des élu-e-s de la France Insoumise, mais silence sur celles et ceux du PCF.

Si je me réjouis de l’élection de tous ces député-e-s appartenant aux forces de la transformation sociale, qui vont se retrouver pour mener les combats contre toutes les régressions et pour faire du commun – pour paraphraser Patrick Appel-Muller –, je suis profondément attaché au pluralisme, à une information honnête, respectueuse de toutes les sensibilités, qui ne soit pas aux ordres de la grande bourgeoisie et de la finance. C’est un combat, il doit être mené. Et oui, ils en avaient rêvé de la mort du PCF ! Mais le cadavre bouge encore. Mon coup de gueule n’enlève rien à la réflexion qui doit être celle de tous les communistes, dans une écoute et un respect mutuel, sur les échéances que nous venons de vivre et sur le chantier de la reconstruction politique à laquelle le PCF souhaite prendre toute sa part !

Hier soir sur France 2, nous avons eu droit à un passage en revue des député-e-s, LREM, LR, le FN, le PS, la FI, et même les nationalistes Corses. Mais Lettellier et saint-Cricq, n’ont pas encore retrouvé les députés communistes !

 

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18 juin 2017 7 18 /06 /juin /2017 18:47
André Chassaigne, ancien président du groupe Front de Gauche à l'Assemblée Nationale, réélu au second tour avec 60% des voix

André Chassaigne, ancien président du groupe Front de Gauche à l'Assemblée Nationale, réélu au second tour avec 60% des voix

Fabien Roussel, député communiste du Nord. Fabien Roussel, secrétaire départemental de la Fédération PCF du Nord succède à Alain Bocquet comme député du Nord. Il devance le FN au second tour après l’avoir distancé d’une courte tête au premier. Alain Bocquet était député de cette circonscription, historiquement communiste, comprenant Saint-Amand-les-Eaux, dont il est maire depuis 1978.

Fabien Roussel, député communiste du Nord. Fabien Roussel, secrétaire départemental de la Fédération PCF du Nord succède à Alain Bocquet comme député du Nord. Il devance le FN au second tour après l’avoir distancé d’une courte tête au premier. Alain Bocquet était député de cette circonscription, historiquement communiste, comprenant Saint-Amand-les-Eaux, dont il est maire depuis 1978.

Hubert Wulfranc, député communiste de Seine Maritime Le maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, Hubert Wulfranc , devient député de Seine-Maritime avec 61,07% des voix après plusieurs tentatives. Cette circonscription, qui élit régulièrement un député socialiste, avait été communiste entre 1993 et 1997.

Hubert Wulfranc, député communiste de Seine Maritime Le maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, Hubert Wulfranc , devient député de Seine-Maritime avec 61,07% des voix après plusieurs tentatives. Cette circonscription, qui élit régulièrement un député socialiste, avait été communiste entre 1993 et 1997.

Jean-Paul Le Coq, député communiste élu avec plus de 55% des voix dans la 8e circonscription de Seine-Maritime. Jean-Paul Lecoq (PCF), maire de Gonfreville-l’Orcher retrouve le siège de député qu’il occupait entre 2007-2012 perdu au profit du PS. Dans cette circonscription comprenant une partie du Havre, le communiste (62.70%) devance largement son adversaire de la « République en marche », Béatrice Delamotte, qui accusait 3 points de retard au soir du premier tour.

Jean-Paul Le Coq, député communiste élu avec plus de 55% des voix dans la 8e circonscription de Seine-Maritime. Jean-Paul Lecoq (PCF), maire de Gonfreville-l’Orcher retrouve le siège de député qu’il occupait entre 2007-2012 perdu au profit du PS. Dans cette circonscription comprenant une partie du Havre, le communiste (62.70%) devance largement son adversaire de la « République en marche », Béatrice Delamotte, qui accusait 3 points de retard au soir du premier tour.

Sébastien Jumel, député communiste en Seine-Maritime

Sébastien Jumel, député communiste en Seine-Maritime

Pierre Darhéville député communiste des Bouches-du-Rhône: elu avec 62.41% dans la 13eme circo des bouches du Rhône

Pierre Darhéville député communiste des Bouches-du-Rhône: elu avec 62.41% dans la 13eme circo des bouches du Rhône

Député communiste Alain Bruneel du Nord, élu face au Front National. Alain Bruneel (PCF) devient député du Nord, à la suite de Jean-Jacques Candelier. Il devance la candidate du Front national, Hortense de Mereuil, qui avait pourtant près de 10 points d’avance après le premier tour. Le maire de Lewarde et ancien syndicaliste cheminot était jusqu’alors le suppléant du député sortant.

Député communiste Alain Bruneel du Nord, élu face au Front National. Alain Bruneel (PCF) devient député du Nord, à la suite de Jean-Jacques Candelier. Il devance la candidate du Front national, Hortense de Mereuil, qui avait pourtant près de 10 points d’avance après le premier tour. Le maire de Lewarde et ancien syndicaliste cheminot était jusqu’alors le suppléant du député sortant.

Jean-Paul Dufrègne, nouveau député communiste de l'Allier: Dans la 1ere circonscription de l’Allier, Jean Paul Dufrègne (PCF) remporte le siège de député avec 51,85% des voix. L’ancien président du conseil départemental était pourtant en ballotage défavorable à l’issue du premier tour avec prés de 7 points (22,66%) de retard sur sa concurrente REM, Pauline Rivière (29,04). Le communiste a fortement rassemblé au second tour.

Jean-Paul Dufrègne, nouveau député communiste de l'Allier: Dans la 1ere circonscription de l’Allier, Jean Paul Dufrègne (PCF) remporte le siège de député avec 51,85% des voix. L’ancien président du conseil départemental était pourtant en ballotage défavorable à l’issue du premier tour avec prés de 7 points (22,66%) de retard sur sa concurrente REM, Pauline Rivière (29,04). Le communiste a fortement rassemblé au second tour.

Elsa Faucillon, députée communiste du Val-de-Marne

Elsa Faucillon, députée communiste du Val-de-Marne

Marie-George Buffet réélue députée communiste de Seine St Denis

Marie-George Buffet réélue députée communiste de Seine St Denis

Stephane Peu réélu en Seine St Denis

Stephane Peu réélu en Seine St Denis

Huguette Belo, réélue à la Réunion

Huguette Belo, réélue à la Réunion

Clémentine Autain, Ensemble, soutenue par le PCF et France Insoumise, élue sur la circonscription de François Assensi

Clémentine Autain, Ensemble, soutenue par le PCF et France Insoumise, élue sur la circonscription de François Assensi

François Ruffin, député soutenu par FI et le PCF dans la Somme. Le rédacteur en chef, François Ruffin, qui avait le soutien dès le premier tour du PCF, de la FI, d’Ensemble et d’EELV, l’emporte au second tour avec 19 329 voix (55,97 %) contre le candidat de la République en marche, le maire d’Abbeville Nicolas Dumont (15 205 voix, 44,03%). François Ruffin était arrivé deuxième lors du premier tour avec 9 545 voix (24,32%).

François Ruffin, député soutenu par FI et le PCF dans la Somme. Le rédacteur en chef, François Ruffin, qui avait le soutien dès le premier tour du PCF, de la FI, d’Ensemble et d’EELV, l’emporte au second tour avec 19 329 voix (55,97 %) contre le candidat de la République en marche, le maire d’Abbeville Nicolas Dumont (15 205 voix, 44,03%). François Ruffin était arrivé deuxième lors du premier tour avec 9 545 voix (24,32%).

Une soirée où En Marche et Macron raflent 100% des circonscriptions finistériennes, 90% des circonscriptions bretonnes, le reste échu à la droite (Loudéac, St Malo, Fougères) ou au PS centriste (Rennes-Pacé). 

Dans un contexte de très forte abstention (42% des électeurs seulement sont allés aux urnes) et de marginalisation de la gauche à l'Assemblée Nationale (44 députés PS, apparentés et radicaux, 14 à 16 députés France Insoumise selon les modes de calcul, 11 députés communistes: soit 70 députés), les candidats du Parti Communiste qualifiés au second tour ont fait mieux que se défendre, avec 11 députés élus, soit plus que sous la précédente mandature (7 adhérents PCF, 8 en comptant un apparenté: pour la première fois depuis 1997, le PCF regagne des députés), et 15 députés pour France insoumise.

3 députés PCF dans le département du premier ministre, Edouard Philippe, la Seine-Maritime. 

Une pensée de reconnaissance pour Nicolas Sansu, battu dans le Cher.  Nicolas Sansu (PCF) perd son siège dans le Cher avec 47,43% au second tour. Le retard de près de 10 points accusé après le premier tour sur la candidate du Modem, Nadia Essayan, était trop important pour être comblé. Le maire de Vierzon faisait parti des nouveaux élus communistes à l’Assemblée en 2012.

Une pensée de satisfaction pour Marie-Pierre Vieu, qui deviendra députée européenne du Sud-Ouest en lieu et place de Jean-Luc Mélenchon, élu député à Marseille. 

Dans les départements d'Outre-mer, 4 député.e.s sur 5 du groupe parlementaire Gauche Democrate et Républicaine (groupe PCF - Front de gauche et forces proches) sont réélus. 

Parmi les responsables de la politique anti-sociale du gouvernement Hollande-Valls, Marisol Touraine et Myriam El Khomri sont battues, Manuel Valls échapperait d'extrême-justesse, dans un climat extrêmement tendu, à une défaite face à une candidate France Insoumise.  

Parce ce qu'il veut son jouet à lui tout seul et qu'il a le sentiment que la politique nouvelle à gauche est née avec lui et son mouvement, Mélenchon, qui s'est félicité du taux important d'abstention, a exclu de constituer un groupe avec les députés communistes disant vouloir former un groupe "discipliné, cohérent, offensif" autour de son seul leadership.

Petit récapitulatif utile ! Après une analyse détaillée des résultats, voilà où nous en sommes : 11 députés communistes, 14 de la France Insoumise, + ClémentineAutain et François Ruffin + 4 députés progressistes en Outre-Mer qui étaient membres du groupe GDR présidé par André Chassaigne lors de la précédente mandature..... 

Pas sûr à écouter François Ruffin sur BFMTV:  "Je ne suis pas qu'un Insoumis, on a rassemblé derrière nous le PCF, les écologistes, Ensemble, la gauche unie derrière ma candidature, je suis pour cela" 

Les onze députés communistes pourront probablement de toute façon, et c'est la bonne nouvelle, car c'est compliqué de dépendre d'un Mélenchon mégalo qui veut la place pour lui seul, constituer un groupe avec les 4 députés d'outre-mer progressistes qui s'étaient joint au groupe PCF-Front de Gauche sous la précédente mandature. 

 

***

Elections législatives – Déclaration du Parti communiste français

Déclaration du PCF avec l'ensemble des 11 candidats communistes élu-e-s
Ce soir, les français peuvent compter sur 11 député-e-s communistes qui ont été élu-e-s, Jean-Paul Dufrègne (03), Pierre Dharréville (13), André Chassaigne (63), Fabien Roussel (59) et Alain Bruneel (59), Jean-Paul Lecoq (76), Sébastien Jumel (76) et Hubert Wulfranc (76), Elsa Faucillon (92), Marie-George Buffet (93), Stéphane Peu (93) et sur les député-e-s qui formeront, avec eux, un groupe parlementaire d'opposition au gouvernement pour permettre à cette voix libre et combative de servir les intérêts populaires. Les députés communistes travailleront dès cette semaine à constituer ce groupe et agiront sans attendre en faveur des propositions alternatives qu'ils ont élaborées durant leurs campagnes.

Le groupe PCF – Front de Gauche (GDR) est le seul groupe parlementaire qui progresse.

La cote d'alarme démocratique est une fois encore dépassée, avec une nouvelle baisse de la participation.

Le Parti communiste français demande d'urgence l'ouverture d'un débat national sur le changement de nos institutions, à commencer par l'instauration de la proportionnelle. Tout doit être repensé pour sortir progressivement de la présidentialisation à outrance et pour mieux représenter nos citoyens dans leur diversité.

Les résultats confirment par ailleurs que le Président de la République va disposer d'une majorité écrasante de députés. Le paradoxe est qu'elle ne correspond à aucune majorité dans le pays, ni chez les salariés, ni chez les jeunes et les privés d'emplois qui aspirent à une sécurité d'emploi et de formation pour une vie digne.

C'est inquiétant. Nous appelons à une riposte immédiate la plus large possible pour empêcher que l'été soit celui des mauvais coups.
En effet, dès cet été, les députés d'En Marche ! vont être sommés d'obéir au doigt et à l’œil au Président et au 1er ministre pour leur donner les pleins pouvoirs, au service des milieux financiers et du MEDEF, pour casser le Code du Travail par ordonnances et liquider des acquis que le mouvement progressiste et populaire a gagnés dans notre pays de haute lutte.

Au-delà, les résultats appellent les forces de transformation sociale à ouvrir un immense chantier de reconstruction politique.

Le Parti communiste français prendra pour sa part des décisions dès son Conseil national des 23 et 24 juin.

La Fête de l'Humanité, en septembre, sera un moment fort de cette riposte et de cette reconstruction.

Le Parti communiste français
Paris le 18 juin 2017


 

  

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