Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 07:08

« Les élu-es et l’accueil des réfugiés »

Marie-Christine Vergiat, députée européenne, explique son engagement

jeudi 16 mars 2017

Cette formation du CIDEFE se tiendra à Nice le vendredi 31 mars 2017

1,5 million de personnes sont arrivées illégalement sur le territoire de l’UE dont 1 million via la Méditerranée en 2015 (850 000 de la Turquie vers la Grèce essentiellement à partir du mois de mars 2015).

Après l’accord UE/Turquie, et quoi que l’on pense de cet accord, les choses ont évolué puisque seulement 363 000 personnes ont traversé la Méditerranée (moitié vers la Grèce et moitié vers l’Italie) et que, depuis le début de l’année, ce nombre s’est réduit à 20 000, soit, une projection haute de 100 000 à la fin de l’année alors qu’il y a plus de 21,5 millions de réfugiés dans le monde selon le HCR.

Pour autant, on assiste à une fuite en avant des institutions européennes sous la pression des États membres pour verrouiller encore et encore les frontières de l’UE, ficher toutes celles et tous ceux qui veulent y séjourner, repérer les dépassements de durée de séjour autorisée afin d’accélérer les refoulements et accélérer les accords de réadmission.

Or, la réalité de l’Union, c’est l’incapacité de ses États membres à faire preuve de solidarité et à répondre à des situations d’urgence. On l’a vu notamment avec leur refus de mettre en œuvre réellement le mécanisme d’urgence pour les relocalisations.

Et l’exemple de la France, est particulièrement symbolique. Non seulement elle n’accueille pas toute la misère du monde mais elle est loin d’y prendre sa part. Ainsi, en 2015, le nombre de demandeurs d’asile a fort peu augmenté contrairement à la plupart des pays européens et c’est l’un des pays dont le taux d’acceptation de ces demandes est l’un des plus bas de l’UE (environ 30 % pour une moyenne européenne de 52%)

La situation dans la vallée de la Roya est exemplaire de cette absence de solidarité. Les autorités françaises utilisent le rétablissement des frontières demandé au moment de la COP21 et maintenu après les attentats de novembre 2015 pour bloquer et refouler les migrants à la frontières franco italienne au mépris du droit tant national qu’européen alors même que l’Italie est redevenu le 1er pays d’entrée vers l’UE pour ces hommes et de plus en plus ces femmes et ces enfants qui fuient guerres et persécutions.

30 000 refus d’entrée sur le territoire, soit 70% de l’ensemble des refus sur le territoire français et seulement 7 à 800 demandes d’asile déposées, soit 1% du nombre total des demandes en France.

Des solidarités citoyennes se lèvent mais les pouvoirs publics y répondent par le harcèlement, voire les poursuites judiciaires alors qu’ils n’accomplissent que des gestes d’humanité.

Alors oui, une des questions qui nous est posée est de voir comment les communes peuvent accompagner ces mouvements et se montrer elles aussi solidaires comme cela a été fait par exemple à Grande Synthe, à Ivry et ailleurs.

Interviendrons également :

 Gérald Briant, adjoint au maire du XVIIIe arrondissement de Paris 
 Cécile Dumas, conseillère municipale d’Antibes (06) 
 Gérard Sadik, responsable de la commission asile CIMADE 
 Jean-François Téaldi, président de l’ADECR 06 et conseiller municipal de Cagnes-Sur-Mer (06) 
 Marie-Christine Vergiat, députée européenne

Partager cet article
Repost0
18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 06:23

Je souhaite, par ce message, apporter mon soutien à l’initiative commune de ce 17 mars 2017, devant le Conseil Constitutionnel, visant à porter l’exigence d’un rassemblement des gauches sociales et écologistes. Retenu en circonscription, je ne peux m’associer physiquement à cette conférence de presse, dont je partage pourtant la nécessité et l’urgence. Je fais en effet le constat, comme beaucoup à gauche, que nous ne sommes collectivement pas à la hauteur de l’enjeu qui se dresse devant nous lors de cette échéance présidentielle.

La colère des Français est telle, le spectacle entretenu sur tous les écrans par les médias et les forces dominantes si affligeant, qu’il semble aujourd’hui quasiment impossible d’éclairer et de faire grandir les consciences. Beaucoup des forces en présence ont intérêt à exploiter encore et encore les rebondissements personnels et les affaires. Nous savons à quoi cela mène : un encouragement permanent à l’abstention, un vote par défaut ou un vote de repli aux conséquences très lourdes.

Loin de permettre aux citoyens de se saisir du contenu politique défendu par nos sensibilités respectives pour changer leur vie, la division actuelle entretient le renoncement à construire une gauche porteuse de progrès social et écologique. Acter l’impossibilité de rassemblement, c’est éloigner un peu plus de la construction de leur avenir une majorité de Françaises et de Français. C’est aussi les jeter dans les bras de choix politiques délégataires, perçus comme seule alternative, mais contraires à l’intérêt du plus grand nombre, voire mettant en danger l’avenir même de notre socle républicain. Alors qu’il est plus que jamais nécessaire de travailler d’arrache-pied à l’élargissement de l’implication sociale et citoyenne dans les choix politiques du pays, ne refusons pas aux Françaises et aux Français la possibilité d’entrouvrir une perspective politique de gauche.

Comme le souligne le texte d’invitation à cette initiative, « jamais les convergences et les attentes n’ont été aussi fortes dans la jeunesse, le syndicalisme, les mouvements citoyens, chez les intellectuels et le monde de la culture. L'annonce d'un rapprochement créerait une dynamique politique dans le pays et ainsi permettrait à une candidature de gauche d'être au deuxième tour pour gagner ensuite. »

Je peux en témoigner comme Président du groupe de la gauche démocrate et républicaine, au sein duquel les député-e-s Front de gauche ont œuvré depuis 5 ans sans relâche, à l’appui du mouvement social, pour créer des passerelles à l’Assemblée nationale avec d’autres député-e-s progressistes : jamais les positions de nos sensibilités politiques respectives n’ont été aussi proches. Indéniablement, tous les ingrédients sont à notre disposition pour relever un espoir populaire, indissociable d’un premier acte de convergence à gauche. Les circonstances politiques, l’état du pays, de l’Europe, du monde, l’exigent.

Dans ce moment politique particulièrement pénible pour tant de nos compatriotes qui partagent l’essentiel de nos valeurs communes, il nous faut amplifier notre cri de conscience collectif pour ouvrir enfin l’ère du commun. Car, qui peut croire sincèrement que nous pourrions commencer à nous extraire des politiques libérales et d’austérité sur le fondement d’une division électorale assumée le 23 avril prochain ?

A cet instant, nous comptons beaucoup d’appels au rassemblement et à l’intelligence collective. J’ai apporté mon soutien à certaines de ces initiatives publiques, dont le dernier appel « Rassemblement à gauche : urgence - Pour une candidature commune à l'élection présidentielle et un pacte de majorité » qui me semble complémentaire avec beaucoup d’autres démarches unitaires.

Il n’est jamais temps de renoncer. Et je citerai encore une fois pour conclure la célèbre citation de Bertolt Brecht : « Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu ».

André CHASSAIGNE, Député du Puy-de-Dôme

 

André Chassaigne, député PCF-Front de Gauche du Puy-de-Dôme: L'exigence de se rassembler (vendredi 17 mars 2017)
Partager cet article
Repost0
15 mars 2017 3 15 /03 /mars /2017 20:28
L'imposture du FN et Marine Le Pen démasquée
Partager cet article
Repost0
15 mars 2017 3 15 /03 /mars /2017 19:35
Traité international de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada: 43 sénatrices et sénateurs s’associent aux 100 députés ayant saisi le Conseil constitutionnel

 

Le mercredi 15 février 2017, Le Parlement européen a ratifié l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, plus connu sous l’acronyme de CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) par 408 voix pour, 254 contre et 33 abstentions.

Le CETA étant un « accord mixte », il revient désormais à 38 parlements nationaux et régionaux, compétents en matière commerciale de se prononcer sur le texte, pour qu’il soit définitivement ratifié. Cet accord viendra donc en son temps devant le Parlement français et nous vérifierons alors si les parlementaires le valident. Cependant, quelle que soit l’analyse que les uns et les autres font de ce traité

– certains le jugent équilibré et positif, d’autres qu’il est l’aboutissement d’une logique de libre-échange dépassée – nous considérons qu’il est nécessaire de recueillir l’avis du conseil constitutionnel. En effet, de multiples questions se posent quant à sa compatibilité avec la Constitution de la cinquième République et il est décisif de savoir en amont si la ratification du CETA nécessitera ou non une révision constitutionnelle. Les interrogations principales portent sur les six sujets suivants :

- les stipulations du Traité affectant l’élaboration des normes nationales portent-elles atteinte aux conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale ?

- les stipulations du Traité conférant à des tiers à l’ordre juridique français et européen le pouvoir de définir des obligations pesant sur l’État français et d’influer sur les normes nationales portent-elles atteinte aux conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale et aux conditions d’exercice de compétences qui ont été attribuées par les États membres à l’Union européenne en contradiction avec les dispositions du titre XV de la Constitution ?

- la procédure de règlement des différends relatifs aux investissements entre investisseurs et États porte-t-elle atteinte à plusieurs principes constitutionnels ?

 - le Traité porte-t-il atteinte au principe d’information des citoyens et au principe d’intelligibilité et d’accessibilité de la loi ?

 - le Traité porte-t-il atteinte du principe de précaution ?

 - enfin, l’application provisoire du Traité porte-t-elle également atteinte à la Constitution ?

Le mercredi 22 février 2017, 106 députés ont donc formellement saisi le conseil constitutionnel pour lui demander de répondre à ces interrogations majeures. Aujourd’hui, mercredi 8 mars 2017, nous sommes 43 sénatrices et sénateurs (liste ci dessous), venant de différents groupes politiques, à annoncer que nous souhaitons solennellement nous associer à cette démarche. Nous espérons une réponse rapide du conseil constitutionnel sur cette question, afin que les intérêts du peuple français soient pleinement respectés et que le nécessaire débat public et parlementaire se déroule enfin dans une parfaite transparence.

Liste des sénatrices et sénateurs signataires  :

ABATE Patrick, CRC
ASSASSI Éliane, Présidente du groupe CRC
BEAUFILS Marie-France, CRC
BENBASSA Esther, écologiste
BILLOUT Michel, CRC
BLANDIN Marie-Christine, écologiste
BOCQUET Éric, CRC
BOSINO Jean-Pierre, CRC
BOUCHOUX Corinne, écologiste
BOURQUIN Martial, socialiste
CABANEL Henri, socialiste
COHEN Laurence, CRC
COLLOMBAT Pierre-Yves, RDSE
CUKIERMAN Cécile, CRC
DANTEC Ronan, écologiste
DAVID Annie, CRC
DEMESSINE Michelle, CRC
DESESSARD Jean, écologiste
DIDIER Évelyne, CRC
DURAIN Jérôme, socialiste
ESNOL Philippe, RDSE
FAVIER Christian, CRC
FOUCAUD Thierry, CRC
GODEFROY Jean-Pierre, socialiste
GONTHIER-MAURIN Brigitte, CRC
GORCE Gaëtan, socialiste
HOARAU Gélita, CRC
JEANSANNETAS Eric, socialiste
JOURDA Gisèle, socialiste
LABAZEE Georges, socialiste
LABBE Joël, écologiste
LAURENT Pierre, CRC
LE SCOUARNEC Michel, CRC
LIENEMANN Marie-Noëlle, socialiste
MASSERET Jean-Pierre, socialiste
MEUNIER Michèle, socialiste
MONTAUGÉ Franck, socialiste
POHER Hervé, apparenté écologiste
PRUNAUD Christine, CRC
RIVOLLIER Évelyne, CRC
VAUGRENARD Yannick, socialiste
VERA Bernard, CRC
WATRIN Dominique, CRC

Partager cet article
Repost0
15 mars 2017 3 15 /03 /mars /2017 19:15

« 2017 ne se fera pas sans nous ! »,

 

Une interview de Camille Lainé, secrétaire du Mouvement Jeunes communistes, et par ailleurs, candidate du PCF- Front de gauche, aux élections législatives, dans la 9ème circonscription de Seine – Saint – Denis (Bondy- Nord-Ouest, Les Lilas, le Pré Saint - Gervais, Noisy – le – Sec, Romainville)

Il y a quelques jours, le MJCF a lancé avec une dizaine d’organisations de jeunesse une plateforme de 25 propositions pour la campagne des élections présidentielles et législatives. Peux-tu nous décrire l’ambition de cette plateforme ?

 

CAMILLE LAINÉ : Nous avons effectivement dévoilé cette plateforme de propositions le 9 mars dernier. Cette date est loin d’être anodine puisqu’elle correspond à l’anniversaire de la première manifestation conte la loi travail, il y a un an. Nous sommes partis du constat que la campagne se déroulait, au milieu des affaires et des petites phrases, sans que les questions de la jeunesse ne soient au cœur du débat. Alors que l’on sort d’un quinquennat où la jeunesse devrait être une priorité et où notre génération a repris la rue au printemps dernier, nous ne pouvions pas rester spectateurs ! C’est pourquoi nous avons réuni toutes ces organisations, y compris d’autres qui ne sont pas signataires, pour diverses raisons, pour faire émerger cette plateforme commune et reprendre ensemble la parole alors que l’on tente d’écarter les jeunes des débats.

 

Cette plateforme est très ambitieuse sur le contenu, comment s’est-elle construite ?

 

CAMILLE LAINÉ : Çà a été un moment de travail intense ! Mais il faut dire que nous ne partions pas de rien…Le travail entre organisations mené pendant la loi travail et même avant avait déjà permis de construire un socle de revendications communes que l’on retrouve dans la plateforme. Mais nous voulions quelque chose de positif, qui offre des perspectives de conquête, pas uniquement contre une régression ou dans la défense de nos droits. Nous souhaitons exiger des droits nouveaux et çà dès maintenant ! Alors nous avons croisé le travail de chacun. De notre côté, au MJCF, nous avons fait remplir des milliers de questionnaires à l’automne, puis nous avons tenu dans de très nombreux endroits des « assises » permettant d’identifier, à partir des questionnaires et de la participation de beaucoup de jeunes, les mesures prioritaires. D’autres organisations ont également contribué à identifier les mesures phares comme la JOC avec sa grande enquête sur la précarité ou l’UNL autour de la question du droit de vote à 16 ans, par exemple. Ce travail de terrain de chacun a permis d’enrichir notre travail et d’atterrir sur cette plateforme, effectivement ambitieuse mais en lien avec la réalité que vivent les jeunes.

 

Comment allez-vous interpeller, informer, faire connaître cette plateforme ?
 

CAMILLE LAINÉ : il ya plusieurs échelles d’interpellation. Bien évidemment, nous visons les candidats à la présidentielle. Nous leur avons adressé la plateforme et nous sommes enj discussion avec leurs équipes. Nous souhaiterions pouvoir organiser un temps fort avec eux. Mais nous désirons également interpeller l’ensemble des candidats aux législatives et surtout redonner la parole aux jeunes dans tout le pays. C’est dans cette optique que nous organisons un « Tour de France » avec au moins une initiative par région. À chaque fois nous mettrons une thématique de la plateforme en valeur autour d’un débat, d’un concert, avec nos partenaires pour que les jeunes puissent venir porter avec nous ces propositions et que les candidats aux législatives les entendent et s’en emparent.

 

Pour finir, où peut-on retrouver cette plateforme ?

 

CAMILLE LAINÉ : Elle est déjà disponible sur les réseaux sociaux grâce aux comptes Facebook et Twitter « 2017 pas sans les jeunes ! » et elle sera très vite dans les mains de tous les militants des organisations signataires à travers un matériel militant pour aller à la rencontre des jeunes dans les lycées, les facs, les quartiers, devant les pôles emploi, les lieux de travail, etc. Une chose est sûre, de la rue aux urnes, 2017 ne se fera pas sans nous !

 

 

Lire aussi: 

 

 

Présidentielles et législatives 2017: l'enjeu de l'accès aux droits et à l'autonomie de la jeunesse

"2017 ne se fera pas sans nous!" - Une interview de Camille Lainé, secrétaire du Mouvement des Jeunes Communistes, candidate PCF-Front de Gauche en Seine St Denis
Partager cet article
Repost0
14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 19:52

Lutte contre l’évasion fiscale - Par Eric Bocquet

L’ennemi, c’est toujours la finance ?

mardi 14 mars 2017

Au terme de ce quinquennat finissant, la question se pose. Qu’est-ce qui a été fait pour terrasser et maîtriser cet ennemi, joliment stigmatisé lors du très fameux discours du Bourget en janvier 2012 ? Les affaires financières n’ont cessé d’émailler le mandat présidentiel, Cahuzac bien sûr, mais nous citerons aussi offshoreleaks, Luxleaks, UBS, HSBC, Panama Papers… Les dernières réunions de la commission des finances du Sénat, tenues en février dernier, furent aussi l’occasion pour nous de tirer une forme de bilan. Nous eûmes notamment deux auditions en commission sur le thème : « les avantages concurrentiels de la place financière de Paris après le Brexit ». Pour nous parler de ce sujet, des invités prestigieux du monde de la finance sont réunis. M. Proglio, représentait la Morgan Stanley France, une représentante de la Fédération Bancaire Française, la nouvelle directrice générale du Trésor, Mme Odile Renaud Basso, M. Boujnah PDG d’Euronext (la Bourse de Paris) et, cerise sur le gâteau, M. De Leusse, Président de la banque UBS France ! Tous ensemble réunis dans une sorte d’union sacrée pour faire venir à Paris les activités financières qui voudraient fuir la City. On croit rêver. Malaise dans la République, le Ministère de la République aux côtés de la banque UBS pour porter ce message, la banque UBS aux prises avec la justice française pour blanchiment de fraude fiscale et démarchage illicite, un jugement annoncé pour le printemps, l’amende pouvant atteindre 5 milliards d’euros. La semaine suivante, audition de M. William Coen, représentant le Comité de Bâle censé réguler les banques après la crise financière. Une instance non juridique qui formule des propositions, non contraignantes aux professionnels de l’industrie financière.

A la question de savoir s’il estime que la régulation bancaire est suffisante, M. Coen répond : « Oui, nous en avons fait assez ». Et pourtant, tous les spécialistes s’accordent à dire que la finance internationale est atteinte d’hypertrophie. Quelques chiffres pour illustrer ce propos. De nombreuses activités désertent le secteur régulé pour se diriger vers ce que l’on appelle en anglais le « shadow banking », la finance de l’ombre. Ce sont ainsi 80 000 milliards de dollars qui sont gérés dans ce système, hors de tout contrôle ! Pas moins de 38 % de la finance mondiale. M. William Coen admet, à ce stade, que cette situation génère des risques lourds. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche rassure les marchés, mais suscite de grosses inquiétudes.

La composition de son administration, avec trois anciens dirigeants de la banque Goldman Sachs pourrait-elle expliquer que le Président américain s’attaque d’emblée à la régulation des banques et aux taux de l’impôt sur les sociétés ? La finance est aux manettes, elle reste évidemment l’adversaire de tout progrès humain et fait courir à nos sociétés des périls considérables. Curieusement, dans la nouvelle campagne présidentielle qui s’engage, cette question ne vient jamais, on nous enferme dans le carcan et le piège idéologique que les tenants de la finance ont construit ; déficit, dette et réduction de la dépense publique. Au fait, nos invités cités plus haut demandaient aux sénateurs d’assouplir le droit du travail français et surtout de ne pas alourdir les taxes. Telles sont les conditions pour que Paris ait ses chances dans la course à l’échalote post-Brexit. Alors camarades sénateurs, on résiste ou on s’exécute ?

Partager cet article
Repost0
14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 08:13
Les enfants Fillon ont remis une partie de leurs salaires à leurs parents (Ouest-France, 14 mars 2017)

Nouveau rebondissement dans l'affaire des enfants de François Fillon qui ont été employés de 2005 à 2007 comme assistants parlementaires. Marie et Charles Fillon ont rétrocédé une partie de leurs salaires à leurs parents, a révélé ce lundi soir Le Parisien.

Ainsi, sur les 46 000 euros net touchés par sa fille, Marie, d'octobre 2005 à décembre 2006, environ 33 000 sont repartis sur le compte joint des parents, affirme le quotidien. François Fillon occupait alors son poste de sénateur.

Interrogé par l'AFP, l'avocat de Marie Fillon, Kiril Bougartchev, a confirmé ces chiffres, indiquant que la fille du candidat de la droite à la présidentielle avait souhaité « payer son mariage, mi-2006 », et que pour cela « elle a remboursé ses parents » qui avaient avancé les sommes. 

Un mariage à plus de 44 000 euros ?

« Elle fait ce qu'elle veut de l'argent qu'elle gagne ! Si elle veut rembourser ses parents, c'est son choix. Elle l'a dit spontanément aux enquêteurs » de l'office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff), qui l'ont entendue le 9 février, a-t-il affirmé. Selon lui, le couple Fillon a pu retrouver, « dix ans après », 14 factures de ce mariage pour une somme de 44 000 euros.

Selon l'avocat, les salaires touchés par Marie Fillon, alors élève avocate, étaient justifiés. « Elle a mené des recherches sur plusieurs thématiques pour son père, sur des sujets institutionnels, européens et sur des questions de société, notamment en vue de la sortie de son livre en 2006 », a-t-il expliqué, évoquant « plusieurs notes attestant de ce travail » et « dix journées » de présence à la bibliothèque du Sénat pendant les quatre premiers mois de sa mission.

 
Rembourser son loyer et son « argent de poche »

Le Parisien affirme également que Charles Fillon, employé comme assistant parlementaire de janvier à juin 2007, pour 4 846 euros brut mensuels, a « évoqué des virements mensuels pour un pourcentage moindre, de l'ordre de 30 % environ de son salaire net ». Là encore, il s'agirait de remboursements de « son loyer et de son argent de proche », selon l'avocat de François Fillon, Antonin Lévy, cité par le quotidien.

François Fillon est convoqué ce mercredi devant les juges d'instruction, qui pourraient le mettre en examen, notamment pour détournement de fonds publics, dans l'enquête sur des soupçons d'emplois fictifs de sa femme, Penelope Fillon, et de deux de ses enfants. Le Canard enchaîné avait révélé fin janvier que son épouse avait été son assistante parlementaire rémunérée pendant des années, une fonction que le couple n'avait jamais affichée.

 

Entre 1986 et 2013, auprès de François Fillon ou de son suppléant Marc Joulaud (2002-2007), Penelope Fillon a perçu 680 380 euros net, soit environ 3 600 euros mensuels net.

Partager cet article
Repost0
13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 19:52

Présentation du programme de Fillon : "Une purge !" 
Le candidat Fillon a présenté son programme. Il promet un "choc puissant". Et l'addition va être lourde. M. Fillon s'engage dès le lendemain de l'élection, à faire voter en priorité le passage de l'âge de la retraite à 65 ans, la fin des 35h. François Fillon confirme aussi son intention de casser notre service public en supprimant 500 000 postes de fonctionnaires.
Il s'agit de "Libérer, protéger" dit-il.
Libérer... seulement les plus riches en supprimant l'ISF, plutôt qu'agir pour la justice fiscale et contre l'évasion et l'optimation qui nous prive de plus de 80 milliards d'euros. Monsieur Fillon préfère lui augmenter le taux principal de TVA de 2 points, un impôt injuste qui pèse sur toutes et tous au quotidien.

Protéger... en priorité évidemment le patronat, en baissant les cotisations et en brisant tous les instruments de la protection sociale. Monsieur Fillon entend ainsi démonter le code du travail, du moins ce qu'il en reste après la Loi El Khomri.

Pour le PCF, la remise en marche de l'économie passe d'abord par la revalorisation des salaires, notamment des plus modestes avec une revalorisation immédiate du SMIC à 23%; une meilleure distribution du travail pour tous par la réduction du temps hebdomadaire pour tendre à 32h avec pour première et essentielle remise en cause, celle de l'austérité budgétaire! Nous proposons de doubler les taux d'impositions actuels de l'ISF et d'intégrer au calcul de sa base les biens professionnels des entreprises. Nous voulons au contraire une refonte du code du travail pour instaurer de nouveaux pouvoirs aux travailleurs tout en rétablissant la hiérarchie des normes. L'inverse de cette purge que nous promet François Fillon.

Olivier Dartigolles, porte parole du PCF

Paris, le 13 mars 2017

Partager cet article
Repost0
13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 19:02
Macron : Un programme éducatif peu cohérent 

 

Préféré des enseignants, Emmanuel Macron a présenté le 2 mars son programme. Difficile de  dégager une logique dans un programme où les préconisations peuvent s'opposer. Le meilleur point, la baisse réelle du nombre d'élèves en éducation prioritaire au cycle 2, s'opposant a ce qui semble être le pire, la mise en concurrence ouverte des établissements et des écoles.  E Macron promet de défaire en partie la politique menée depuis 2012. L'Ecole a-t-elle vraiment besoin d'un nouveau "stop and go" ?

Le préféré des profs

 

Chouchou des enseignants, Emmanuel Macron est crédité, selon le Cevipof, de 29% des intentions de vote au premier tour, ce qui est davantage que dans les autres catégories de la société. Cela le met devant B Hamon (25%), JL Mélenchon (16%), Fillon (15%) et Le Pen (8%).

Peut-être est ce pour cela que l'éducation tient une place à part dans le programme d'E Macron : " Le premier chantier sera celui de l’éducation et de la culture", dit-il, mettant en avant le souci de cohésion nationale.

 

Autonomie des établissements

 

La mesure phare du programme d'E Macron c'est l'autonomie des écoles et établissements. "Aujourd’hui : les chefs d’établissement et les équipes pédagogiques bénéficient de peu de latitude pour individualiser les parcours et s’adapter au contexte local... Demain : les chefs d’établissements et leurs équipes auront davantage de liberté dans l’élaboration de leur projet pédagogique, en contrepartie d’une responsabilisation accrue et d’une évaluation plus régulière", dit-il. Jusqu'où irait l'autonomie ? Peut être jusqu'au recrutement des enseignants et des élèves et l'organisation des enseignements. Come les "équipes pédagogiques" n'ont pas d'existence légale, l'autonomie sera-t-elle surtout celle des chefs d'établissements et directeurs ?

Selon le programme, les communes pourront organiser librement le temps scolaire, ce qui leur donnera la latitude de revenir sur la réforme des rythmes et sans doute sur le nombre de jours de classe.

 

12 élèves par classe en cycle 2

E Macron annonce la limitation  à 12 élèves par classe des effectifs élèves dans les 12 000 classes de CP et CE1. Cela représente 6 000 postes qu'ils souhaite prélever sur les 54 000 créés sous Hollande, c'est à dire probablement au lycée. E Macron embaucherait 4 à 5000 enseignants supplémentaires sur le quinquennat, sans que le fléchage soit justifié.

Dans l'éducation prioritaire, les enseignants bénéficieraient d'une indemnité revalorisée à hauteur de 3000 euros par an. L'objectif c'est d'avoir des enseignants plus expérimentés (au moins 3 ans dit le programme).

 

Des avancées annulées par d'autres mesures

 

Ce soutien aux établissements difficiles est malheureusement annulé par d'autres mesures comme la mise en concurrence généralisée des écoles et établissements. En effet chacun devra publier ses résultats et chacun aura "une autonomie pédagogique et une autonomie de recrutement". On pourrait voir s'accentuer la ségrégation entre établissement.

La réforme du bac, réduit à 4 épreuves, devrait accentuer les inégalités de réussite, si l'on en croit une étude du Cnesco.

De la même façon, l'avantage accordé  aux enseignants de l'éducation prioritaire, pourrait être annulé par une autre mesure du programme Macron : la mise en place d'un seul système de retraite. Si les enseignants passaient, avec les autres fonctionnaires, au régime général, cela se traduirait par une hausse des prélèvements.

E Macron est peu convaincant sur la réussite des élèves. Il veut l'améliorer  par la mise en place d'évaluations nationales depuis la grande section de maternelle jusqu'en 3ème. L'évaluation généralisée devrait conduire à un pilotage plus étroit en opposition avec la volonté d'autonomie. On se rappelle la volonté de N Sarkozy d'évaluer l'efficacité de chaque enseignant à travers ces évaluations nationales. L'autre mesure, la multiplication de l'accompagnement scolaire en faisant appel à des volontaires bénévoles, semble aussi un peu légère par rapport à un enjeu aussi fondamental.

 

Des mesures déjà existantes

 

D'autres mesures ont davantage retenu l'attention des médias. Ainsi E Macron veut "interdire l'usage du téléphone portable à l'école et au collège". L'article L511-5 du Code de l'éducation établit pourtant déjà que "dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l'utilisation durant toute activité d'enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d'un téléphone mobile est interdite". Difficile d'aller plus loin sans se mettre les parents à dos.

E Macron veut aussi "un enseignement du fait religieux".  Celui-ci est déjà au programme, notamment dans les cours d'histoire. Introduire une nouvelle discipline "fait religieux" à l'école semble bien difficile et pas très productif.

Si l'éducation est "la priorité" d'une éventuelle présidence Macron, la partie éducation de son programme semble encore à travailler.

 

François Jarraud

 

Le programme Education

 

 

 

***

Quelques jours après la manifestation du 5 mars soutenue notamment par des organisations proches des écoles hors contrat réactionnaires, François Fillon annonce le 9 mars à Besançon qu'il veut que l'Etat les finance. C'est un élément du nouveau programme éducatif de François Fillon en nette rupture avec les politiques menées depuis plusieurs quinquennats. Un programme qui se présente comme traditionaliste mais qui en fait applique les recettes du New Public Management : paye au mérite, autonomie, responsabilisation allant jusqu'au tri précoce des élèves.

 

Stop and go

 

"Les programmes de l’enseignement obligatoire ont été « allégés » et leur simple lecture est incompréhensible pour les parents, et même parfois pour les professeurs. Les nouveaux programmes d’histoire négligent la chronologie et font l’impasse sur le « récit national »... Professeurs, chefs d’établissement, inspecteurs qui ont choisi leur métier parce qu’il incarnait une haute idée du savoir sont découragés. Découragés de recevoir des instructions fabriquées par une caste de pédagogues déconnectés. Découragés de voir que les objectifs de mérite et d’excellence sont bannis de l’école".

A Besançon le 9 mars, le candidat des Républicains n'a eu de mots assez durs sur les réformes menées depuis 2012. Réformes pour lesquelles il veut le grand soir : l'abrogation des rythmes scolaires, chaque collectivité territoriale décidant du temps scolaire ,et abrogation de la réforme du collège, chaque établissement devenant autonome.  

 

Financement du privé hors contrat

 

F Fillon annonce un large financement du privé. Il veut "faire commencer la scolarité obligatoire à cinq ans au lieu de six". Cette mesure vise surtout à faire financer par l'Etat une année de maternelle du privé sous contrat. Le candidat veut même aller plus loin et gommer encore davantage la séparation entre public et privé en prenant en compte les écoles hors contrat ,proches il est vrai de ses soutiens. " Dans les zones de revitalisation rurale et les zones urbaines sensibles, l’Etat soutiendra la création d’établissements publics ou privés indépendants et innovants". Evoquant les écoles Espérances banlieue, proches de la droite extrême, F Fillon annonce qu'il subventionnera les écoles hors contrat. " L’Etat ne devra plus s’opposer à cette nouvelle offre éducative issue de la société civile ; il devra leur faciliter la tâche et les aider".  

 

Autonomie des établissements

 

Au primaire,  Filon déroule un programme traditionaliste tout en confiant l'organisation du temps scolaire à chaque commune. "Je veux concentrer les trois quarts du temps de l’enseignement élémentaire sur le socle de connaissances : lecture, calcul, écriture, grandes dates et grands personnages de l’histoire de la Nation, géographie de la France et de ses régions.. Je veux laisser aux collectivités territoriales la liberté de décider de l’organisation du temps scolaire."

Dans le secondaire c'est l'autonomie des établissements qu'il revendique en précisant que c'est le rôle du chef d'établissement et le statut des enseignants qui doivent changer. " Je revaloriserai les traitements des enseignants en tenant compte de leur mérite et en leur demandant d’être plus présents dans l’établissement. Je confierai progressivement aux chefs d’établissement du second degré le choix de  leurs personnels... Pour le collège, je veux abroger la réforme de Mme Vallaud-Belkacem ".

 

Suppressions de postes

 

Les suppressions massives de postes de fonctionnaires passeraient par le lycée. F Fillon envisage de réduire à 4 disciplines l'enseignement qui y sera donné. " Il faut permettre à chaque élève de première et de terminale de se concentrer davantage sur les matières qui le prépareront le mieux à la suite de son parcours. Je veux revaloriser le baccalauréat en réduisant à 4 le nombre d’épreuves". Pou r le post bac il instaurerait la sélection à l'entrée dans le supérieur. "Les universités devront faire connaître aux lycéens, pour leurs différents parcours de licence, les épreuves qu’elles recommandent de choisir au baccalauréat". Les suppressions de postes passeront aussi par l'enseignement professionnel qui passera aux régions. Le personnel deviendrait fonctionnaires territoriaux.

 

Tri des élèves

 

Reste la pédagogie. F Filon veut rétablir l'uniforme. Mais il a surtout la solution aux difficultés des élèves en créant une filière poubelle. "Je veux que les élèves qui sont exclus définitivement par le conseil de discipline, soient inscrits dans des établissements adaptés afin qu’ils modifient leur comportement et se remettent sur la voie des apprentissages scolaires fondamentaux". Leurs parents seront sanctionnés par la suppression des allocations de rentrée, des allocations familiales et des bourses.

Petite touche finale, F Fillon supprimera "le Conseil supérieur des programmes créé par la gauche, parce que ses choix et son idéologie ont contribué à l’affaiblissement de notre système éducatif". Et surtout parce que dans des établissements autonomes, voire ouvertement anti républicains, il n'est plus besoin de programmes nationaux

 

Le discours

L'échec du New Public Management

F Fillon etle grand changement

Hors contrat : Un rapport inquiétant

 

***

 

Le Front national construit l'école de la revanche 

Pour Marine Le Pen le projet du Front national pour l'Ecole c'est "l'école du mérite". Présentant le 22 septembre les "100 propositions" des Collectifs Racine, le mouvement lancé par le Front pour pénétrer le monde enseignant, la présidente du Front national n'a eu de cesse de fustiger  "les dogmes pédagogistes qui ont miné toute autorité et tout mérite personnel". Une condamnation qui soude des troupes  assez disparates où se cotoient des partisans du retour "au bon vieux temps", des corporatistes pointilleux et des obsédés de "l'assimilation". Cela donne des propositions écrites au négatif et à l'encre rouge. Alors que l'Ecole française joue au détriment des enfants de son électorat populaire, le Front échoue à proposer un projet éducatif qui porte ses ambitions.

 

Folies pédagogistes et foutaises...

 

 Nous avions croisé une première fois le Collectif Racine, un mouvement lancé par le Front national pour regrouper les enseignants, en 2014. A quelques mois d'une élection que le Front national est en mesure d'emporter, aller voir où en est le mouvement et ce qu'il propose pour l'Ecole s'impose.

 

En 2014, nous avions croisé très peu d'enseignants du primaire et du secondaire dans une réunion parisienne du Collectif. En juin 2016, selon une étude du Cevipof, 9% des enseignants déclarent vouloir voter pour Marine Le Pen au 1er tour des présidentielles. Mais le 22 septembre, la rencontre nationale des collectifs n'a pas fait le plein. Elle réunit environ 200 militants, dont beaucoup d'étudiants.

Marine Le Pen fustige les réformes réalisées dans l'Ecole qui sont "des bombes à retardement". "Le temps des folies pédagogistes a trop duré", dit -elle."Sui on veut reconstruire l'école il faut en finir avec les dogmes pédagogistes qui ont miné toute autorité et tout le mérite personnel". La présidente du FN retient 3 points : consacrer la moitié du temps d'école au primaire à l'apprentissage du français, supprimer le collège unique, rétablir la sélection à l'entrée de l'université. C'est au nom du "mérite" que sont présentées les 100 propositions du Collectif Racine.

 

Le retour aux années 1960...

 

Les 100 propositions du Collectif Racine additionnent des mesures à visée assimilationnistes, une nébuleuse d'intérêts corporatistes jusqu'au détail, avec des mesures qui ramènent l'école aux années 1960.

Dans les 100 mesures c'est le retour au passé qui domine. "Il faut mettre le savoir au centre. Le professeur n'est pas l'égal de l'élève. La notation est le meilleur système d'évaluation". Valérie Laupies, directrice d'école et conseillère régionale FN, se fait applaudir sur des propositions qui sentent la naphtaline.

On appréciera ainsi la proposition 43 qui veut "instaurer le cours magistral à tous les niveaux dans toutes les disciplines", ce qui changerait un peu les maternelles... La proposition 3 proscrit "les pseudos enseignements ludiques". La suivante fait de la méthode syllabique la seule méthode autorisée. La 44 instaure partout la note. Le Collectif veut aussi supprimer la réforme des rythmes et remplacer les TAP par des études surveillées, instaurer l'uniforme, supprimer le collège unique en rétablissant l'orientation en fin de 5ème vers le professionnel.

 

Une addition de corporatismes

 

Mais les propositions portent aussi les corporatismes les plus recuits, que l'on sent préparés dans les détails depuis des lustres.  Pierre Miscevic, professeur de lettres en Cpge plaide pour créer un corps de "professeurs d'excellence" enseignant... en CPGE. Marc Chapuis, professeur de maths en CPGE présente une refonte de la filière S : on élimine 30 000 élèves indignes d'être là, puis on crée 3 sous filières de façon à dégager un noyau de mathématiciens limité à 15 000 élèves... Daniel Philippot, directeur d'école retraité, demande la création d'un corps de directeurs d'école qui auraient toute autorité sur les professeurs. Le écoles deviendraient des établissements publics. Ces points se retrouvent dans les 100 propositions.

D'autres lobbys ont su aussi se faire écouter. Le Collectif demande la création d'un corps de "professeurs d'informatique" avec un enseignement en lycée et en série scientifique. Un autre enseignement civisme et droit serait créé ce qui permettrait aussi de supprimer l'enseignement de la philosophie en série technologique.

 

Rien pour les milieux populaires ?

 

Un troisième courant se lit dans les propositions. Le collectif veut "l'assimilation" des éléments hétérogènes. C'est le but de l'enseignement Civisme et droit. Il veut interdire tout signe religieux dans le supérieur et mettre fin aux repas de substitution et même à l'enseignement de langues étrangères  jugées communautaires.

Au final, les milieux populaires qui votent pour le Front n'y trouveront pas leur compte. Le Collectif promet de rétablir l'ordre dans les établissements prioritaires grâce à des super profs volontaires, une mesure qui ne colle pas avec une proposition plus sérieuse : abaisser le nombre d'élèves par classe en REP.  Si le Collectif veut rapprocher les séries technologiques et professionnelles (proposition 41) c'est bien parce que, vu des Cpge et des filières d'élite, tout ça c'est un peu  la même chose...

 

François Jarraud

 

2014 le collectif Racine

Etude Cevipof

(source Café Pédagogique)

Partager cet article
Repost0
13 mars 2017 1 13 /03 /mars /2017 18:55
Procès du Mediator: chronique d'un échec programmé (Médiapart - 13 mars 2017, par Michel de Pracontal)
Procès du Mediator: chronique d’un échec programmé
 PAR MICHEL DE PRACONTAL

Partie sur des chapeaux de roues en 2011, l’instruction du dossier Mediator s’est embourbée et l’affaire ne sera probablement pas jugée avant 2019. En ciblant la responsabilité du groupe Servier et en évacuant celle de l’administration et des politiques, la justice a-t-elle fait le bon choix ? Ou s’est-elle condamnée à échouer ?

Cibler la responsabilité des laboratoires Servier, coupables d’avoir dissimulé la vraie nature et les dangers de leur produit défectueux, le Mediator : cela semblait l’objectif évident de la procédure partie sur des chapeaux de roue en février 2011, à la suite de la révélation du drame sanitaire qui a causé la mort de 500 à 1 500 personnes. La tromperie de Servier paraissait flagrante, la responsabilité du laboratoire incontestable. En janvier 2014, le procureur de Paris, François Molins, annonçait qu'un grand procès du Mediator pourrait se tenir pendant le premier semestre 2015.

Trois ans après, l’affaire est embourbée. Les connaisseurs du dossier les plus optimistes estiment que le Mediator ne sera pas jugé avant 2019. Et rien ne garantit que le procès, s’il finit par avoir lieu, aboutisse à une issue satisfaisante pour les victimes. Le fiasco est en vue.

Comment la justice, malgré les moyens considérables déployés, a-t-elle pu rater cette affaire immanquable ? Lors de son audience solennelle tenue le 23 janvier, le procureur de Paris, François Molins, déplorait que « sur six ans de vie de ce dossier d’information, qui a été ouvert en février 2011, moins de trois ans aient été consacrés aux investigations et les trois années suivantes aient été exclusivement consacrées à la procédure à la suite des multiples demandes et recours faits par la défense des mis en cause, sans d’ailleurs que ce soit encore terminé ».

L’enquête de Mediapart montre que cette analyse est un peu courte. L’acharnement procédurier des avocats de Servier ne suffit pas à expliquer l’échec annoncé. Celui-ci résulte d’une cause plus profonde : en focalisant l’affaire sur la tromperie et sur la seule responsabilité des laboratoires Servier, la justice a trop limité son champ d’action. Elle a sous-estimé le rôle des politiques et celui de l’administration de la santé, en particulier de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) et de la DGS (Direction générale de la santé). Elle a « saucissonné » l’affaire, dissociant le volet « tromperie et escroquerie » du volet « blessures et homicides involontaires ». Cette approche restrictive, justifiée par un souci d’efficacité et d’allègement de la procédure, se révèle contre-productive. Elle affaiblit l’action des magistrats, exposés au feu des critiques des avocats de Servier, et freinés par des contraintes qui les empêchent d’aller au fond des choses.

Pourquoi la justice a-t-elle choisi une telle méthode ? Pourquoi n’a-t-elle pas traité d’emblée l’ensemble du champ des responsabilités ? L’on ne peut pas répondre à la place des juges, mais un certain nombre d’éléments suggèrent que l’instruction a été orientée par une préoccupation majeure : mettre hors de cause l’État et les politiques. Et cela, avant même que la procédure ne débute.

• NOVEMBRE 2010 : « L’AFFAIRE NE DOIT JAMAIS REMONTER AUX POLITIQUES  »

Au tout début du scandale Mediator, en novembre 2010, Xavier Bertrand, qui vient d’être nommé ministre de la santé, reçoit la visite d’un invité surprise : Martin Hirsch, ancien haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté du gouvernement Fillon, aujourd’hui directeur général de l’AP-HP (assistance publique-hôpitaux de Paris). Hirsch a un message à transmettre sur le Mediator, accusé d’avoir tué de 500 à 1 500 personnes entre 1976 et 2009. L’affaire ne doit jamais remonter aux politiques, explique l’ancien président d’Emmaüs France au nouveau ministre. Si quelqu’un doit payer, il faut cibler les experts, ces professeurs de médecine qui touchent des honoraires considérables versés par les labos, à commencer par Servier, le fabricant du Mediator.

Mais que vient faire Martin Hirsch dans cette galère ? À l’époque de sa visite confidentielle à Xavier Bertrand, il n’occupe pas de fonction officielle dans l’administration de la santé. À quel titre vient-il parler de ce sujet précis au ministre de la santé ? Est-ce parce qu’il est proche de Didier Tabuteau, qui a dirigé le cabinet de Bernard Kouchner au ministère de la santé de 1992 à 1993 et de 2001 à 2002, et a été à la tête de l’Agence du médicament, de sa création en 1993 à 1997 ? Est-ce parce que lui-même, Martin Hirsch, a été le directeur de cabinet de Bernard Kouchner, secrétaire d’État à la santé, de 1997 à 1999, période clé dans l’histoire du Mediator, avant de devenir le conseiller santé de Martine Aubry, au ministère de l’emploi et de la solidarité ?  

Une chose est sûre : Hirsch a été entendu. Parmi la trentaine de personnes morales et physiques mises en examen, figurent les laboratoires Servier, fabricant du produit incriminé, une pléiade de professeurs de médecine appointés par l’industriel, et l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament. Mais pas un ministre ou un parlementaire, à l’exception de l’ex-sénatrice Marie-Thérèse Hermange, mise en examen pour complicité de trafic d’influence, après avoir été surprise en pleine conversation avec un consultant de Servier, le professeur Claude Griscelli, en vue d’infléchir le rapport de la mission du Sénat sur le Mediator dans un sens favorable au laboratoire.

Les ténors du réseau politique de Servier, l’ancien garde des Sceaux Henri Nallet, ou Bernard Kouchner, et surtout l’ancien ministre de la santé Philippe Douste-Blazy, ami personnel de Jacques Servier dès les années 1980, n’ont quant à eux pas été mis en cause par les magistrats. Pourtant, leur rôle potentiel dans la stratégie d’influence du groupe méritait examen. C’est particulièrement vrai pour Douste-Blazy, qui a été ministre de la santé à deux reprises (1993-1995 et 2004-2005), a bénéficié de multiples aides financières de Servier et a toujours affirmé son amitié au fondateur du groupe pharmaceutique (voir notre article).

Quand Douste-Blazy était ministre de la santé en 2004-2005, il avait pour conseiller le professeur Claude Griscelli, lui-même mis en examen pour ses mauvais conseils à Marie-Thérèse Hermange. Mais malgré tous ces liens compromettants, Douste-Blazy dort sur ses deux oreilles.

« Tu auras un classement sans suite ou un non-lieu »

• MARS 2011 : LE PROBLÈME DE LA RESPONSABILITÉ DE L’ÉTAT

En janvier 2011, Xavier Bertrand rend public un rapport explosif de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) dirigé par Aquilino Morelle, qui deviendra conseiller de François Hollande en 2012, avant de quitter piteusement l’Élysée à la suite des révélations de Mediapart sur son goût pour les chaussures bien cirées et surtout sur ses liens financiers avec les laboratoires Lundbeck.

Mais en 2011, le rapport Morelle est salué sur le site Slate comme « un travail historique ». Martin Hirsch – encore lui –, commentant le rapport Morelle dans une interview au JDD, le qualifie de « terrible récit d’un enfumage généralisé des autorités sanitaires par Servier ».

Le rapport Morelle est un véritable réquisitoire pour tromperie contre Servier. Il ignore le rôle des politiques, sous-estime la responsabilité des hauts fonctionnaires de la santé, et résume l’affaire à une faute originelle : avoir fait passer un anorexigène pour un antidiabétique.

Mais Servier a beau jeu de répliquer que son produit a bel et bien obtenu une AMM (autorisation de mise sur le marché) dans le traitement du diabète, et qu’il n’a pas été retiré pendant de longues années, malgré les signaux d’alerte. Dès lors, les défenseurs du laboratoire soutiennent qu’ils ne portent pas toute la culpabilité et que l’État pourrait être mis en cause autant, sinon davantage, que Servier !

Cette analyse apparaît dans une note de la DGS, la Direction générale de la santé : « En l’espèce, rien n’aurait été possible sans la défectuosité du Mediator mais le Mediator n’aurait pas produit de conséquences néfastes s’il n’avait pas obtenu une AMM ou si celle-ci avait été suspendue ou retirée plus tôt, lit-on dans ce document de la DGS révélé par Le Figaro. Le Mediator n’a pu être mis sur le marché que grâce à des autorisations de mise sur le marché délivrées à partir de 1974 par le ministre, puis par l’Agence du médicament, enfin par l’ANSM et alors qu’aucune des autorités investies du pouvoir de police sanitaire n’a estimé, avant la décision de 2009, devoir suspendre ou retirer à Servier l’autorisation de mise sur le marché de ce médicament. Sans le défaut du Mediator, pas de dommage, mais sans AMM pas de dommage non plus. » 

Le fonctionnaire de la DGS qui transmet cette note à ses collègues en mars 2011, alors que débute l’instruction, enfonce le clou dans un mail : « La conclusion la plus désagréable est que si la responsabilité de l’État est recherchée, elle sera probablement intégrale et non pas partagée avec Servier. »

Est-ce la nécessité de protéger l’État et les politiques qui a conduit à un certain « cadrage » de l’instruction ?

• L’ÉTONNANTE MANSUÉTUDE DES MAGISTRATS VIS-À-VIS DE L’AGENCE DU MÉDICAMENT

En 1998, une enquête du Centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Besançon, commanditée par l’Agence du médicament et menée sous la direction du professeur Pierre Bechtel, démontre que le Mediator entraîne des effets indésirables très graves. Ces effets sont similaires à ceux de l’Isoméride et du Pondéral, deux produits coupe-faim du groupe Servier retirés du marché mondial en septembre 1997 (voir notre article). En particulier, l’enquête montre une association entre le Mediator et la survenue de cas d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), pathologie du poumon gravissime et très souvent mortelle. Dans un fonctionnement normal, l’enquête de Besançon aurait dû conduire l’Agence à retirer le Mediator, ou au moins à le suspendre. Mais le Comité technique de pharmacovigilance, réuni fin 1998, escamotera l’alerte.

Ce n’est pas tout. Un document issu de l’instruction, révélé par le Journal du dimanchedu 12 mars 2017, suggère que la justice a cherché à protéger l’Agence du médicament. Il s’agit de la transcription d’une conversation téléphonique à propos de l’enquête de pharmacovigilance, entre le professeur Bechtel et une correspondante à l’Agence, Carole Fosset-Martinetti. Cette transcription figurait déjà dans les annexes du rapport Morelle. On y lisait qu’il était « difficile de démontrer qu’il n’y [avait] pas de risque », appréciation qui suggérait que l’Agence du médicament avait bien suivi le problème.

Seulement voilà : la transcription figurant dans le rapport Morelle était tronquée d’un passage que les magistrats instructeurs ont retrouvé dans le document complet. Le passage manquant affirmait, en contradiction avec les résultats de l’enquête de pharmacovigilance, qu’il n’y avait pas urgence à indiquer les risques nouvellement découverts dans la notice du Mediator : « En ce qui concerne les modifs du RCP, M. Bechtel est O.K. avec nos commentaires, à savoir qu’il est prématuré d’insérer dans le RCP le risque cardiovasculaire et cérébrovasculaire. »

Le professeur Bechtel et l’agence étaient donc d’accord pour ne pas modifier la notice du produit, privant ainsi les consommateurs du médicament d’une information cruciale ! Les magistrats n’ont pas retenu ce fait accablant pour l’Agence du médicament.

Des écoutes réalisées sur la ligne téléphonique de Jean Marimbert, qui a dirigé, de 2004 à 2011, l’Agence du médicament (qui s’appelait alors Afssaps), révélées par Le Figaro, montrent encore plus clairement la mansuétude des magistrats vis-à-vis de l’Agence. On y entend l’épouse de Marimbert lui expliquer qu’elle a eu une conversation avec l’un des juges d’instruction, et qu’elle a appris que l’intention des magistrats n’était pas de lui nuire. « Tu auras un classement sans suite ou un non-lieu », résume-t-elle. Et d’ajouter que les magistrats se seraient même excusés d’avoir dû effectuer la perquisition…

• LUCIEN ABENHAIM, « TÉMOIN IMPORTANT » À NE PAS DISCRÉDITER

Parmi les hauts fonctionnaires qui ont joué un rôle dans l’affaire Mediator, le professeur Lucien Abenhaïm occupe une place à part. Épidémiologue de renommée mondiale, auteur d’une étude décisive sur les risques d’HTAP associés à l’Isoméride, coupe-faim de Servier, il a aussi été directeur général de la santé de 1999 à 2003. Soit exactement au moment où les risques du Mediator sont confirmés de manière éclatante, à la suite de l’étude du CRPV de Besançon décrite ci-dessus.

Début 1999, un cardiologue de Marseille, le docteur George Chiche, observe qu’un de ses patients est atteint d’une fuite d’une valve cardiaque, et fait le lien avec la consommation de Mediator. Chiche signale son cas à la pharmacovigilance, mais l’Agence du médicament, après en avoir pris note, ne réagit pas.

« Servier a réussi à me neutraliser sur le Mediator »

Peu après la notification de Georges Chiche, en mai 1999, est signalé le cas d’une patiente de l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart atteinte d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), pathologie du poumon gravissime, alors qu’elle n’a pas d’autre facteur de risque que la prise de Mediator. L’HTAP est précisément la pathologie dont Lucien Abenhaim a démontré qu’elle était associée à la prise d’Isoméride, dans une célèbre étude appelée IPPHS (International Primary Pulmonary Hypertension Study).

Étant donné sa compétence dans le domaine, le professeur Abenhaim semblait la personnalité la mieux à même de se saisir du problème du Mediator. Son poste à la DGS lui permettait de donner l’alarme et même de prendre des mesures immédiates. Non seulement il n’en a rien fait, mais il a affirmé au cours de l’instruction qu’il n’avait eu connaissance de la parenté entre Mediator et Isoméride qu’en 2008 : « Cela a donc été pour moi un coup de tonnerre d’apprendre qu’il existait encore en France un produit à base de fenfluramine [molécule de l’Isoméride] », a-t-il affirmé.

Cette affirmation est peu admissible. En plus des éléments déjà cités, il est apparu qu’au moins une patiente incluse dans l’étude IPPHS avait consommé du Mediator. Cela aurait dû attirer l’attention des auteurs de l’étude, à commencer par Abenhaim.

Le dossier de l’instruction montre aussi qu’une fonctionnaire de la Direction générale de la santé, Catherine Choma, représentait cette dernière à une réunion de la commission nationale de pharmacovigilance du 7 juillet 1999, juste avant l’entrée en fonction de Lucien Abenhaim. Lors de cette réunion, l’on a parlé de l’enquête de 1995-1998 sur le benfluorex menée par le CRPV de Besançon et dirigée par Bechtel. Catherine Choma a reçu la copie du compte rendu de cette réunion le 15 septembre 1999, après la nomination de Lucien Abenhaim. Elle était aussi à une réunion de pharmacovigilance du 7 décembre 1999, où l’on a discuté du benfluorex et de l’HTAP.

Lorsque Abenhaim déclare qu’il n’a pas entendu parler du Mediator avant 2008, c’est à peu près aussi crédible que s’il disait avoir traversé la place de la Concorde sans voir l’obélisque. Il faut ajouter qu’Abenhaim a été consultant de Servier pendant de longues années. Il a touché des honoraires personnels pour l’étude IPPHS et a cosigné jusqu’en 2004 des articles scientifiques pour une étude appelée « VEINES », et financée par Servier.

S’interrogeant sur le rôle réel d’Abenhaim, les avocats de Servier ont demandé aux magistrats instructeurs d’auditionner différents membres de la DGS, dont Catherine Choma. Réponse des magistrats : « Ces demandes d’actes ne semblent avoir pour objectif que de discréditer un témoin important de la présente affaire, à savoir le Pr Lucien Abenhaim. » Le témoignage d’Abenhaim est donc a priori jugé indiscutable par les magistrats, qui là encore suivent le rapport Morelle. Or la position exprimée par Abenhaim tend essentiellement à accréditer la thèse de la tromperie de Servier. Il a été jusqu’à soutenir, alors même qu’il était expert pour Servier depuis de longues années, que le fabricant du Mediator lui avait caché la nature du produit : Servier « a réussi à me neutraliser sur le Mediator en me tenant (avec quelques centaines d’autres) dans l’ignorance de son caractère fenfluraminique, pendant l’IPPHS et après, pendant mon temps à la DGS, et durant 6 ans après mon passage à la DGS, soit près de 20 ans », déclarait-il à Mediapart en 2010 (voir notre article).

• ÉTAIT-IL JUDICIEUX DE PRIVILÉGIER LA TROMPERIE ?

Le rapport de l’Igas a mis en avant la tromperie imputée aux laboratoires Servier, et l’instruction va marcher sur les traces de Morelle. On reproche à Servier d’avoir dissimulé la vraie nature du Mediator en le commercialisant comme un traitement destiné aux diabétiques en surpoids, alors que c’est un anorexigène. Mais alors, pourquoi les autorités sanitaires ne l’ont-elles pas classé comme anorexigène, alors que son caractère de coupe-faim était un secret de Polichinelle ?

En 1968, les chercheurs de Servier ont breveté une famille de composés chimiques comprenant le Mediator, précisant que ces composés « peuvent être employés en particulier comme médicament anorexiant, analgésique, anticonvulsivant ou régulateur du métabolisme des lipides ». Quand l’AMM a été attribuée en 1976, l’administration savait, ou aurait dû savoir, que ce brevet existait.

Le principe actif du Mediator a été dénommé « benfluorex ». Or, « le suffixe “ –orex”  est en effet le segment clé retenu par l’OMS pour désigner les agents anorexigènes », précise le rapport Morelle. Les enquêteurs de l’Igas soulignent que Servier a cherché (sans succès) à faire modifier ce nom. Ils en tirent argument pour soutenir que Servier a cherché à « effacer une trace très visible » de la vraie nature de son produit – ce qui est supposé renforcer l’accusation de tromperie imputée au laboratoire. À cela près que l’administration a refusé de changer le nom, précisément parce qu’elle connaissait le caractère anorexigène du produit…

Il faut ajouter qu’une note de Didier Tabuteau de 1995, alors qu’il était directeur de l’Agence du médicament, révélée par Mediapart en 2011, fait définitivement justice de la prétendue ignorance de l’Agence quant à la nature du Mediator. Cette note montre que l’Agence du médicament est tout à fait consciente des propriétés anorexigènes du benfluorex (principe actif du Mediator). Elle précise que le benfluorex fait l’objet d’une surveillance quant à sa sécurité d’emploi et que l’Agence suit les volumes des ventes pour s’assurer que le produit n’est pas détourné comme anorexigène.

Étrangement, cette note n’était pas citée dans le rapport Morelle, et les magistrats, qui y ont accédé, ne semblent pas en avoir tiré les conséquences.

Selon le Journal du dimanche du 12 mars, les avocats de Servier cherchent désormais à obtenir que l’Agence du médicament soit elle aussi mise en examen pour tromperie : « Il y a une évidente coresponsabilité de l’Agence, nous n’avons rien dissimulé aux autorités sanitaires », déclare au journal Me Hervé Temime, défenseur de Servier.

Pourquoi l’instruction a-t-elle été orientée aussi fortement sur l’accusation de tromperie, difficile à démontrer et en réalité peu plausible ? À moins que ce choix n’ait été précisément destiné à conduire la procédure dans une impasse… Car si le blocage judiciaire ne profite évidemment pas aux victimes, il fait l’affaire des politiques, de l’administration et de Servier. Et si l’échec annoncé de la procédure avait été en fait programmé ?

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011