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9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 06:49
Ci joint les photos de la cérémonie en hommage à Pierre Sémard  secrétaire général de la CGT Cheminots et premier secrétaire général du PCF

Ci joint les photos de la cérémonie en hommage à Pierre Sémard secrétaire général de la CGT Cheminots et premier secrétaire général du PCF

7 mars: en gare de Brest, la section de Brest du PCF rendait hommage au résistant communiste Piere Sémard, livré par Vichy aux Nazis le 7 mars 1942
7 mars: en gare de Brest, la section de Brest du PCF rendait hommage au résistant communiste Piere Sémard, livré par Vichy aux Nazis le 7 mars 1942

La section du Pays de Brest du PCF invitait à participer à la commémoration de l’assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux nazis, qui l’ont fusillé le 7 mars 1942 .
Cette cérémonie a eu lieu le jeudi 7 mars à 10h30 devant la stèle du monument aux morts de la gare.
Pierre Sémard était secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots et dirigeant du Parti communiste français, dont il fut le premier secrétaire général.
La série d’actes antisémites qui ont eu lieu ces derniers jours en France, l’installation au premier plan de la vie politique de partis ouvertement racistes et xénophobes, les coalitions nouvelles entre forces de droite et d’extrême-droite accédant ou aspirant au gouvernement dans plusieurs pays européens, montrent que « la bête immonde » n’est pas morte .
Aussi il est important de manifester notre attachement à la Résistance et à se mobiliser pour une démocratie fraternelle et républicaine.

7 mars: en gare de Brest, la section de Brest du PCF rendait hommage au résistant communiste Piere Sémard, livré par Vichy aux Nazis le 7 mars 1942

Pierre SEMARD, fusillé le 7 mars 1942.
Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur- Saône dans une famille de cheminots. Devenu cheminot lui-même, Pierre Sémard s’engage activement dans le syndicalisme. Il devient le secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT en juin 1921, de la Fédération des cheminots CGTU après la scission, puis de nouveau avec la CGT réunifiée en 1936.
La famille Pierre Sémard habitait au 65 avenue Secrétan dans le 19èarrondissement où se trouve aujourd’hui un nouvel immeuble des HLM.
En 1939, à la déclaration de guerre, Pierre Sémard est réquisitionné comme cheminot et doit s’installer avec sa famille à Loches en Indre et Loire. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, en octobre 1939, par le gouvernement de l’époque en vertu d’un décret qui interdit le Parti Communiste Français.
Alors que l’armée allemande envahit le pays, Pierre Sémard est maintenu en détention au camp de Gaillon dans l’Eure d’où les autorités de Vichy le livreront plus tard comme otage à l’occupant.
Durant sa captivité, Pierre Sémard, malgré son internement, réussit à garder le contact avec les syndicats clandestins, il sera un personnage-phare dans la mobilisation des Cheminots contre les nazis.
Il apporte ses conseils, rédige des appels au combat et dans sa dernier lettre avant d’être fusillé, il lance un ultime appel à ses amis cheminots : " Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà des vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat".
Les cheminots joueront un rôle considérable dans ce qu’on a appelé "la bataille du rail".
Le 6 mars 1942, Pierre Sémard est transféré à la prison d’Évreux et remis le lendemain aux autorités allemandes pour être fusillé comme otage, le lendemain.
Juliette, l’épouse de Pierre Sémard, fut elle aussi arrêtée le 7 août 1941, elle avait assuré durant l’internement de son mari la liaison avec la direction clandestine des cheminots. Jugée le 5 janvier 1942, elle fut condamnée à 8 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle fut rapatriée le 24 juin 1945.
Avec la complicité de son épouse, Pierre Sémard avait, jusqu’à son exécution, tenu une place considérable dans la direction de la Résistance cheminote. Cette place lui a été reconnue officiellement au titre de la Résistance Intérieure Française. Pierre Sémard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Le 07 mars 1942, Pierre Semard tombait sous les balles des nazis à l’âge de 55 ans. La vie trop brève de ce militant d’exception fut d’une intensité remarquable, traversant des moments très forts de l’histoire sociale et politique de la première partie du 20ème siècle. Il reste le symbole de la résistance des cheminots à l’Occupation

Sa dernière lettre avant d'être exécuté :

"Chers amis,

Une occasion inespérée me permet de vous transmettre mon dernier mot, puisque dans quelques instants je serai fusillé.

J'attends la mort avec calme. Je démontrerai à mes bourreaux que les communistes savent mourir en patriotes et en révolutionnaires.

Ma dernière pensée est avec vous, camarades de lutte, avec tous les membres de notre Grand Parti, avec tous les Français patriotes, avec les héroïques combattants de l'Armée Rouge et son chef, le grand Staline. Je meurs avec la certitude de la libération de la France.

Dites à mes amis, les cheminots, que ma dernière volonté est qu'ils ne fassent rien qui puisse aider les nazistes.

Les cheminots me comprendront ; ils m'entendront ; ils agiront; j'en suis convaincu.

Adieu, chers amis, l'heure de mourir approche. Mais je sais que les nazistes, qui vont me fusiller, sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le grand combat.

Vivent l'Union Soviétique et ses Alliés ! Vive la France.

Pierre SÉMARD."

La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare
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4 mars 2019 1 04 /03 /mars /2019 18:39
La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l’assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux nazis, qui l’ont fusillé le 7 mars 1942 .
Cette cérémonie aura lieu jeudi 7 mars à 10h30 devant la stèle du monument aux morts de la gare.
Pierre Sémard était  secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots et dirigeant du Parti communiste français, dont il fut le premier secrétaire général.
La série d’actes antisémites qui ont eu lieu ces derniers jours en France, l’installation au premier plan de la vie politique de partis ouvertement racistes et xénophobes, les coalitions nouvelles entre forces de droite et d’extrême-droite accédant ou aspirant au gouvernement dans plusieurs pays européens, montrent que « la bête immonde » n’est pas morte .
Aussi il est important de manifester notre attachement à la Résistance et à se mobiliser pour une démocratie fraternelle et républicaine.
PCF Section du Pays de Brest
5 rue Henri Moreau 29200 Brest
Tramway : station St Martin
Tel 02 98 43 47 78
@ : pcf_brest@yahoo.fr
La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare
La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare

Pierre SEMARD, fusillé le 7 mars 1942, il y a 76 ans !
Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur- Saône dans une famille de cheminots. Devenu cheminot lui-même, Pierre Sémard s’engage activement dans le syndicalisme. Il devient le secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT en juin 1921, de la Fédération des cheminots CGTU après la scission, puis de nouveau avec la CGT réunifiée en 1936.
La famille Pierre Sémard habitait au 65 avenue Secrétan dans le 19èarrondissement où se trouve aujourd’hui un nouvel immeuble des HLM.
En 1939, à la déclaration de guerre, Pierre Sémard est réquisitionné comme cheminot et doit s’installer avec sa famille à Loches en Indre et Loire. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, en octobre 1939, par le gouvernement de l’époque en vertu d’un décret qui interdit le Parti Communiste Français.
Alors que l’armée allemande envahit le pays, Pierre Sémard est maintenu en détention au camp de Gaillon dans l’Eure d’où les autorités de Vichy le livreront plus tard comme otage à l’occupant.
Durant sa captivité, Pierre Sémard, malgré son internement, réussit à garder le contact avec les syndicats clandestins, il sera un personnage-phare dans la mobilisation des Cheminots contre les nazis.
Il apporte ses conseils, rédige des appels au combat et dans sa dernier lettre avant d’être fusillé, il lance un ultime appel à ses amis cheminots : " Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà des vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat".
Les cheminots joueront un rôle considérable dans ce qu’on a appelé "la bataille du rail".
Le 6 mars 1942, Pierre Sémard est transféré à la prison d’Évreux et remis le lendemain aux autorités allemandes pour être fusillé comme otage, le lendemain.
Juliette, l’épouse de Pierre Sémard, fut elle aussi arrêtée le 7 août 1941, elle avait assuré durant l’internement de son mari la liaison avec la direction clandestine des cheminots. Jugée le 5 janvier 1942, elle fut condamnée à 8 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle fut rapatriée le 24 juin 1945.
Avec la complicité de son épouse, Pierre Sémard avait, jusqu’à son exécution, tenu une place considérable dans la direction de la Résistance cheminote. Cette place lui a été reconnue officiellement au titre de la Résistance Intérieure Française. Pierre Sémard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare

En ce moment, on parle beaucoup des cheminots, de leur statut de privilégiés, du démantelement du reseau SNCF, alors aujourd'hui petite leçon d'histoire par devoir de mémoire.
Le 07 mars 1942, Pierre Semard tombait sous les balles des nazis à l’âge de 55 ans. La vie trop brève de ce militant d’exception fut d’une intensité remarquable, traversant des moments très forts de l’histoire sociale et politique de la première partie du 20ème siècle. Il reste le symbole de la résistance des cheminots à l’Occupation

Sa dernière lettre avant d'être exécuté :

"Chers amis,

Une occasion inespérée me permet de vous transmettre mon dernier mot, puisque dans quelques instants je serai fusillé.

J'attends la mort avec calme. Je démontrerai à mes bourreaux que les communistes savent mourir en patriotes et en révolutionnaires.

Ma dernière pensée est avec vous, camarades de lutte, avec tous les membres de notre Grand Parti, avec tous les Français patriotes, avec les héroïques combattants de l'Armée Rouge et son chef, le grand Staline. Je meurs avec la certitude de la libération de la France.

Dites à mes amis, les cheminots, que ma dernière volonté est qu'ils ne fassent rien qui puisse aider les nazistes.

Les cheminots me comprendront ; ils m'entendront ; ils agiront; j'en suis convaincu.

Adieu, chers amis, l'heure de mourir approche. Mais je sais que les nazistes, qui vont me fusiller, sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le grand combat.

Vivent l'Union Soviétique et ses Alliés ! Vive la France.

Pierre SÉMARD."

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4 mars 2019 1 04 /03 /mars /2019 06:00
photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

Il y a un an et demi déjà, nous alertions dans Le Chiffon Rouge sur le traitement honteux réservé à la plaque en hommage à Rol-Tanguy, né en gare de Morlaix, sur la nouvelle esplanade d'une place Rol-Tanguy dont le nom et l'identité sont devenus quasiment invisibles: plus de panneau de place côté Morlaix, une plaque en plastique abîmée et peu lisible derrière l'escalier de la passerelle, à 10 cm du sol, sur un socle de pierre légèrement surélevé, à hauteur idéale pour que les chiens pissent dessus... La mémoire d'un combattant de la Liberté réduite à sa plus simple expression, dans un coin détourné et quasi invisible à côté de l'abri à vélo, contre la grille, dans l'ombre de l'escalier monumental de la passerelle.  

Et dire que j'avais demandé à ce que soit installée une œuvre d'art, peinture, graff, ou sculpture, d'hommage à Rol-Tanguy et à la Résistance... 

Aucun tableau biographique, explicatif, non plus, à l'intérieur ou à l'extérieur de la gare alors que la rénovation aurait été l'occasion de le faire. Quelques centaines ou milliers d'euros qui n'auraient pas peser plus lourd par rapport aux 7 millions d'euros de la passerelle et aux 13 ou 14 millions d'euros du pôle gare.

Mais il semblerait que les élus en responsabilité de Morlaix-Communauté et ceux de Morlaix se foutent comme de l'an quarante de ce grand résistant, un ouvrier, un métallo, un militant, qui a libéré Paris, de ce dirigeant communiste et cégétiste, ancien de Citroën et des Brigades Internationales, qui a joué un rôle de premier plan dans la vie nationale au XXe siècle.

Un résistant et un patriote, tout simplement! 

La place de la Gare où étaient accueillis les déportés survivants en 45 est à l'image de cette occultation du passé: prétentieuse, minérale et froide, aseptisée, et mal conçue pour l' accueil des arrivants du train, la dépose des voyageurs ou l'achat de billets au guichet (c'est vrai que pour certains, c'est obsolète!) ! 

Qu'il est loin le temps d'ambition de rénovation démocratique et sociale profonde portée par le programme du Conseil National de la Résistance !!! 

Mais il n'est jamais trop tard pour corriger cette injustice fait à un des grands finistériens du XXe siècle et à la mémoire de la Résistance.

Ismaël Dupont, élu PCF à la ville de Morlaix et à Morlaix-Communauté

Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?

Rol-Tanguy: un Brestois né à Morlaix dirige l'insurrection de Paris: le 19 août, prise de la Préfecture de Paris par Rol-Tanguy et les policiers résistants

"25 août 1944. Le métallo (Rol-Tanguy) et les généraux" par Roger Martelli

Libération de Paris: Cécile Rol-Tanguy : "Je représente les résistantes qui ont été oubliées" (France 24)

 

Article du 13 novembre 2017

Rol-Tanguy, héros de la résistance, grand militant de la CGT et du PCF, ancien des Brigades Internationales, le grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix.

Place Rol-Tanguy, un fantôme erre sur le parvis désert!

Après plusieurs interpellations de camarades, je me suis enquis auprès de Morlaix-Communauté du devenir de la stèle d'hommage à Rol-Tanguy et de la visibilité même du nom de la place de la Gare qui accueille les voyageurs à leur descente des TGV et des TER.

Il y a t-il un projet de relocalisation pour la stèle érigée à la mémoire de Rol-Tanguy et de rénovation ou de remplacement de cette stèle en mauvais état?

Actuellement, avec les travaux, elle est reléguée à un endroit non satisfaisant alors que la place porte son nom, ce qui est devenu assez difficile à identifier.

En décembre 2014, à mon initiative, toute l'opposition morlaisienne avait présenté un voeu en Conseil Municipal de Morlaix pour réaliser une fresque ou une sculpture d'hommage à Rol Tanguy dans le cadre de la rénovation de la gare.

A l'époque, la proposition n'avait pas été retenue par la majorité municipale de Morlaix dans le cadre d'un portage de projet par Morlaix ou Morlaix-Communauté et d'une demande du 1% culturel.

J'avais aussi fait cette proposition en Commission Transports de Morlaix Communauté.

Finalement, le choix a été fait d'orienter le 1% culturel vers une sculpture de Guillaume Castel côté nord de la gare.

Mais cela n'empêche pas de redonner dans le même temps une visibilité à la dénomination de la place et à Rol-Tanguy, né en gare de Morlaix par accident et qui fut un des plus grands résistants de la seconde guerre mondiale.

Ismaël Dupont

 

Vœu de l'opposition municipale pour le Conseil Municipal du jeudi 13 novembre 2014

Rapporteur: Ismaël Dupont


Le 12 juin 1908, Henri Tanguy naissait en gare de Morlaix à l'issue d'un accouchement précipité.

107 ans plus tard, la ville de Morlaix et la Communauté d'Agglomération, pilotent avec leurs partenaires et l'aide de l'Etat et de plusieurs collectivités la rénovation de la Gare de Morlaix et de ses environs immédiats pour requalifier le quartier, accueillir les nouveaux voyageurs prévus dans le cadre de la LGV et de l'augmentation du trafic TER.

La place Rol-Tanguy, anciennement place de la gare rebaptisée sous le dernier mandat Le Goff, va devenir une esplanade piétonne très passante et active. Un lieu de vie sociale, sans doute plus encore qu'aujourd'hui où elle sert surtout de passage pour les voitures arrivant en gare.

N'est-ce pas le bon moment, en ces années de commémoration de la Libération et du rétablissement de la République, d'honorer particulièrement ce grand résistant breton, en lui dédiant une statue ou un portrait-fresque sur support rigide ou mural, commandé à un artiste sur le parvis qui porte son nom? ...

Henri Rol-Tanguy fut en effet un des dirigeants de la Résistance qui a organisé la Libération de Paris...

Paris libéré par l'insurrection de son peuple. Après 4 ans sous le joug allemand. L'action armée des résistants unis au sein du F.F.I. conjuguée avec le soulèvement de la population parachevée par les blindés de Leclerc chasse l'occupant et peut-être signifie la signature de l'acte de la capitulation auquel participe Rol-Tanguy.
"Nous avons donné le coup de grâce à l'ennemi, mais Paris était déjà aux mains des Parisiens" (Eisenhower, commandant en chef des forces alliées en Europe)?

Le premier détachement Leclerc et celui du Capitaine Dronne étaient composés de républicains espagnols.

Juste retour des choses: comme des milliers d'autres militants français, Henri Tanguy, alors syndicaliste CGT de la métallurgie et communiste, s' est engagé dans les Brigades Internationales pour défendre la république espagnole contre Franco qui était appuyé par les nazis et les fascistes italiens.

Son courage, son combat pour un monde de Liberté, d'Egalité, de Fraternité sont des exemples pour notre époque et il importe que les générations présentes, jusque-là épargnées par les tempêtes de l'histoire, n'oublient pas ce que le rétablissement de la démocratie et la lutte contre le fascisme doivent au dévouement de ces hommes pétris d'idéal et d'altruisme qui ont su dire non à la fatalité de la régression et de la barbarie.

Henri Rol Tanguy a su aussi s'engager dans les batailles de l'après-guerre: la reconstruction et l'application du programme de transformation sociale et économique bâti par le CNR.

Henry Rol-Tanguy fut longtemps président de l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance et il eut l'occasion de revenir de nombreuses fois à Morlaix à ce titre.

 

 

Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?
Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?
Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?
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Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?
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3 mars 2019 7 03 /03 /mars /2019 07:22

Jacques Prévert

 

Qui ne connaît pas Jacques Prévert ? Poète, scénariste, parolier, dialoguiste, rédacteur, Prévert savait tout faire. Et séduire aussi, par son « artisanat » protéiforme et populaire, par sa verve, son humour, son style inclassable. C’était l’artisan des mots. Il voit le jour le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine et décédera le 11 avril 1977 dans le Cotentin, à Omonville-la-Petite. Jeune, Jacques s’ennuie beaucoup à l’école. Avec la complicité de son père, ses absences répétées le conduisent à découvrir le théâtre, le cinéma tandis que sa mère, elle, l’initie à la lecture. Passé l’adolescence, il vit de petits métiers. Et n’a pas toujours que de bonnes fréquentations. Mais qu’importe. Prévert sait où il va ! Dans les années 20, il rencontre Yves Tanguy puis d’autres connaissances viennent l’enrichir comme celle de Marcel Duhamel, son futur éditeur. Il vit rue du château près de Montparnasse et ce lieu devient rapidement l’endroit de rencontre des surréalistes. Logement collectif, accueil de tous les camarades sans le sou, c’est la maison du bonheur. De la liberté. En 1932, le groupe Octobre vient de naître. Il les rejoint après avoir été sollicité par le communiste Paul Vaillant-Couturier. Ce sont des artistes contestataires, anarchistes, communistes, libertaires. Ils se produisent dans des usines en grève et soutiennent activement le monde ouvrier. Jacques, lui, rédige des textes au vitriol, son talent singulier fera rapidement la notoriété du groupe. Il ne supporte pas l’exploitation. Citroën. «  A la porte des maisons clauses, c’est une petite lueur qui luit. C’est la lanterne du bordel capitaliste, avec le nom du taulier qui brille dans la nuit, CITROÊN ». Ses remarques provoquent l’indignation des nantis mais gagnent l’admiration populaire. « J’écris pour faire plaisir à beaucoup et pour en emmerder quelques-uns ». Il se délecte à écouter Berg, Erick Satie, Vivaldi, Carl Orff avec qui il entretiendra une proximité très amicale.   Anarchiste contre l’état et les pouvoirs, Prévert l’agitateur extraordinaire, le provocateur obligé, n’aura de cesse de caricaturer le monde épouvantable qui l’entoure. Il n’aime ni le mensonge, ni la fourberie, ni les salauds ! C’est l’anti salaud par excellence. Gréco, Montand, Reggiani, les Frères Jacques l’ont chanté. Carné l’a sacralisé. Il était admiré de tous. Il n’adhère pas au parti communiste, mais s’y associe encore lorsqu’il s’agit d’écrire pour le journal l’Humanité. Jean Renoir, compagnon de route du Parti Communiste collaborera aussi avec lui. Sa liberté est à ce prix. Pas militant, jamais,  mais  étroit collaborateur et humaniste de gauche, ça oui. Sympathisant communiste, évidemment.  «  La gauche, c’est la main de l’ouvrier ». « Dans chaque église, il y a quelque chose qui cloche ». « Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c’est étrange… ». Oublier Prévert, c’est oublier les luttes. La liberté d’expression. L’insoumission. Oublier Prévert c’est mourir de désillusion.

Hector Calchas

 

Paroles. Citroën. Brest. Drôle de Drame. Les Visiteurs du Soir. Les Enfants du Paradis.

lire aussi:

COMMUNIST'Art: Fernand Léger

COMMUNIST’ART - Erik Satie

COMMUNIST'ART - Jacques Prévert, par Hector Calchas
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25 février 2019 1 25 /02 /février /2019 15:45
Décès de notre camarade Roland Leroy  ancien dirigeant national du Parti communiste français et directeur de l’Humanité - Hommage de Fabien Roussel et de Patrick Le Hyaric

Notre camarade et ami Roland Leroy, ancien dirigeant national du Parti communiste français et directeur de l’Humanité, est disparu cette nuit, au terme d’un long combat contre la maladie.

Cette nouvelle, que nous attendions malheureusement après les mois de souffrance contre laquelle il se battait avec courage, accompagné par sa femme Danièle, par sa famille et l’ensemble de ses amis, provoque une profonde émotion au sein du PCF, parmi ses militants et ses directions, comme au sein de la rédaction du journal L’Humanité, journal auquel Roland a tant donné. Cette profonde tristesse est à la mesure de l’apport de Roland Leroy au combat pour l’émancipation humaine, pour l’avènement d’une société débarrassée des dominations et de l’exploitation, pour un nouvel essor de la démocratie.

Fils de cheminot et cheminot lui-même, Roland Leroy avait dès ses plus jeunes années embrassé le combat contre le nazisme et l’Occupation, mené au sein du Mouvement des jeunes communistes de France dans la Résistance, où Roland anima avec courage la diffusion de la propagande.

Il se poursuivra après la guerre au sein du Parti communiste français, dont Roland deviendra d’abord le premier dirigeant en Seine-Maritime, son département auquel son image s’identifiera, puis progressivement au plan national, avec son élection au Comité central, au Bureau politique et au Secrétariat du PCF.

Il s’incarnera parallèlement avec l’Humanité, journal qu’il dirigea durant 20 ans, en lui faisant franchir les transformations indispensables, en lui permettant d’ouvrir ses colonnes à des personnalités de premier plan à l’échelle planétaire, à l’image des grands entretiens qu’il mena avec Houari Boumédiène, Rajiv Gandhi, Fidel Castro ou encore Michaël Gorbatchev. C’est sous sa direction aussi que l’Humanité érigera son nouveau siège à Saint-Denis, imaginé par Oscar Niemeyer.

Qui mieux que Roland pouvait ainsi mesurer les conséquences dramatiques pour le pluralisme, pour le débat d’idées dans notre société, des menaces pesant sur l’avenir de ce grand titre de la presse française qu’est l’Humanité ?

Roland mit cette même détermination à faire évoluer et grandir la Fête de l’Humanité, avec l’organisation notamment des premiers défilés de haute couture sur la grande scène de la Fête.

Car Roland Leroy était par ailleurs un homme de culture reconnu, avec sa contribution au Comité central d’Argenteuil en 1966 et avec la publication de son ouvrage « La culture au Présent » en 1972 qui fit date dans l’histoire du PCF. Roland contribua ainsi à affirmer une conception globale de la culture, devant être portée dans le combat politique, et à dessiner les contours de la nécessaire alliance entre la classe ouvrière et les intellectuels.

Il nourrissait sa réflexion de sa proximité, de son amitié étroite avec de grands créateurs, parmi lesquels Pablo Picasso et surtout Louis Aragon, dont il fut avec Michel Appel-Muller l’un des artisans majeurs de la Fondation créée après sa disparition.

Je me suis adressé ce jour-même à sa femme Danièle pour l’assurer, au nom de tous les communistes, mais aussi au nom des lecteurs, journalistes, diffuseurs de l’Humanité, de notre plus chaleureux et fraternel soutien dans ces tristes circonstances et lui dire combien l’héritage de Roland constituait un formidable legs pour les femmes et hommes aujourd’hui engagés dans le combat pour la libération humaine.

A Danièle, à François son fils, à ses beaux-enfants Laure et René, à ses petits-enfants Lenny, Jean-Baptiste, Adrien et Julien, j’adresse nos plus sincères condoléances et les assure de notre reconnaissance pour le combat et les idées que Roland nous laisse en héritage.

Fabien Roussel

Secrétaire national du Parti communiste français

Paris le 25 février 2019

 

Décès de notre camarade Roland Leroy  ancien dirigeant national du Parti communiste français et directeur de l’Humanité - Hommage de Fabien Roussel et de Patrick Le Hyaric
Roland Leroy l’élégance et l’humanité
Lundi, 25 Février, 2019
Par Patrick Le Hyaric, directeur de L’Humanité.
C’est avec un immense chagrin que nous apprenons, au lendemain de notre grande soirée de mobilisation pour L’Humanité, le décès de Roland Leroy. Son parcours est celui du cheminot communiste, du Résistant qu’il fut dès l’âge de 15 ans, du dirigeant devenu directeur de L’Humanité durant vingt années intenses (de 1974 à 1994), tout au long d’une période historique et marquante pour la gauche. Il fut encore un député réélu à plusieurs reprises, un membre du secrétariat et du bureau politique du Parti communiste. Il fut aussi un homme généreux et passionné, menant une vie tournée vers les autres, au service de son pays, animée par la solidarité internationale. Une vie qu’il avait voulue orientée par « la quête du bonheur », le  titre de l’un de ses livres.
Roland incarnait l’élégance et l’intelligence, le raffinement dans l’analyse et l’écriture. Ami de Picasso, de Louis Aragon et d’Elsa Triolet, des plus grands artistes, il aimait « la culture au présent ». Il fut longtemps le lien actif méthodiquement construit entre le Parti communiste et le monde de la culture et de la création. 
Directeur de l’Humanité, Il fit franchir à notre presse d’importants pas vers sa modernisation, en faisant de l’organe central du parti communiste un journal communiste plus ouvert à d’autres courants de pensée de la gauche sociale, intellectuelle et politique. Il créa notamment les pages « Idées » tout en renforçant l’attention au monde de la création et de la culture. Il ouvrit également la fête de L’Humanité à des espaces de débats, faisant preuve d’audace, notamment avec la programmation d’un défilé de mode sur la grande scène. Il aura mis l’Humanité au service de grands combats : celui du rassemblement et de la réussite de la gauche, tout en alertant sur la nécessité de mobilisations populaires, celui de la libération de Nelson Mandela ou encore du débat et du vote contre le traité de Maastricht. Roland avait le souci de permettre aux lectrices et lecteurs de l’Humanité d’accéder aux dirigeants de plusieurs pays au monde, réalisant lui-même un certain nombre de grands entretiens. Il continuait toutes ces dernières années à être proche de L’Humanité, de sa fête. A l’occasion du centenaire de notre journal, il dirigea un remarquable travail historique, conclu par la publication d’un livre  intitulé « un siècle d’Humanité ». Roland aura été un extraordinaire militant, un pilier du Parti communiste, un beau et fort directeur de L’Humanité, un député du peuple dont les populations de Seine-Maritime continuent de se souvenir. L’Humanité porte le deuil. 
A sa femme Danièle, à toute sa famille, nous présentons notre sympathie affectueuse et nos condoléances attristées.
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24 février 2019 7 24 /02 /février /2019 13:20
Marie Lambert, résistante, députée communiste du Finistère à la Libération, a aussi été journaliste à l'Huma et elle a eu, nous dit l'historien Alain Ruscio, cette lucidité au moment du début de la guerre, ou des "évènements d'Algérie", comme ils les appelaient.
Ci-joint l'article, que j'ai mis dans le Chiffon Rouge avec l'article du Maitron sur Marie Lambert que nous avait transmis Jean-Paul Cam.
Amicalement
Ismaël
 
Alain Ruscio : « La force communiste fut à l’origine de la protestation anticolonialiste en France »
Vendredi, 22 Février, 2019 entretien avec  Rosa Moussaoui

 

" Lorsque est déclenchée l’insurrection, le 1er novembre 1954, l’Humanité dépêche sur place l’une de ses journalistes, Marie Lambert. Dans un meeting au Vél’d’Hiv, le 5, Duclos prononce le mot « indépendance ». Pourquoi le communiqué officiel tardif du PCF est-il, lui, très ambigu ?

Alain Ruscio Merci de citer ces premiers reportages, totalement oubliés par l’historiographie, de l’ancienne députée communiste Marie Lambert (qui signait dans l’Humanité Marie Perrot). Grâce à elle, le mot « guerre » a été imprimé par votre journal dès le 3 novembre 1954. Vient, en effet, le 5 novembre, une réunion visant à célébrer l’anniversaire de la révolution d’Octobre, comme il était alors de rigueur. Jacques Duclos, après avoir salué les réalisations de l’Union soviétique, prononcera trois fois le mot « indépendance » . Et pourtant, vous avez raison, le mot n’apparaît plus dans le texte officiel qui suit, le communiqué du bureau politique du 8 novembre. Ici, nous sommes confrontés à un manque d’archives, les réunions du « BP » n’étant ni enregistrées, ni transcrites. Je risque une hypothèse : une semaine après le déclenchement de l’insurrection, les communistes étaient dans la totale ignorance de ses instigateurs. Rappelons que le sigle « FLN » n’était apparu que le 1er novembre. Une prise de distance est manifeste, marquée notamment par la crainte d’une provocation. Au passage, je signale que les communistes algériens, eux, ne partagèrent pas cette méfiance et tentèrent même de dissuader leurs camarades français d’utiliser cet « argument ».

 

LAMBERT Marie-Yvonne [née PERROT, Marie, puis épouse GOSNAT]

Par Christian Bougeard - pour le MAITRON

Née le 26 octobre 1913 à Landerneau (Finistère), morte à Ivry-sur-Seine le 22 janvier 1981 ; secrétaire fédérale communiste du Finistère (1947-1949) ; députée PCF du Finistère (1948-1951).

Originaire de la petite ville de Landerneau (Finistère), Marie Perrot avait un grand-père qui avait participé, contre son gré, à l’écrasement de la Commune de Paris mais aurait exprimé de la sympathie pour les Communards. Il aimait porter les jours de fêtes un chemise rouge pour manifester ses opinions.
Marie Lambert avait interrompues ses études après le brevet. Elle acquit par la suite, , en autodidacte, une importante culture. Elle avait épousé jeune Henri Lambert , avec qui elle eut trois enfants : Jean-Paul en 1932 ( serge nt cassé pour refus d’être appelé en 1956), Henri en 1935 et Annie en 1944. Elle fut brièvement institutrice pendant la "drôle de guerre".
Son mari fut un résistant FN et FTP. Arrêté en Ille-et-Vilaine en décembre 1943, torturé et déporté. Sous l’Occupation, Marie Lambert participa aux actions de son époux ,diffusant tracts et journaux clandestins dans la région de Landerneau. Elle servit d’agent de liaison à Daniel Trellu, chef des FTP du Finistère et organisa des groupes de « femmes patriotes », malgré une grossesse. Pour son action, elle obtint la médaille de la Résistance et la Croix de guerre.

Ayant adhéré au PCF en 1943, ettant u rapport se geste et la licture avec la lecture de Lyssagaray et la lecture de son Histoire de la Commune., « la ménagère » Marie Lambert fut élue conseillère municipale de Landerneau en mai 1945 (réélue en 1947) dans la municipalité dirigée par l’ancien maire révoqué et ancien député (réélu en 1945), le socialiste Jean-Louis Rolland. Elle appartenait aussi en 1945 au bureau de l’UFF du Finistère. N’ayant pas été candidate en octobre 1945, Marie Lambert figurait en 4e position sur la liste communiste du Finistère aux élections à la seconde Assemblée Constituante le 2 juin 1946 qui recueillit 95 343 voix en moyenne (24,6%) et deux élus, les députés sortants Pierre Hervé et Gabriel Paul. Le 10 novembre 1946, elle était toujours 4e alors que le PCF obtenait 27,8% des voix et trois députés (Alain Signor *en plus). Mais la démission de Pierre Hervé, le 15 juin 1948, permit à Marie Lambert de lui succéder à l’Assemblée nationale en juillet. Inscrite à la commission de l’Agriculture, elle déposa plusieurs propositions de loi en faveur des ouvriers agricoles.

Auparavant, Marie Lambert était devenue une des principales dirigeantes du PCF. Elle entra au bureau fédéral élargi de 9 à 13 membres lors de la IXe conférence d’août 1946, devenant ensuite secrétaire fédérale, sans doute en 1947, lors du départ de l’instituteur Alain Cariou. En 1948 et au début 1949, Marie Lambert assura de manière transitoire la fonction de première secrétaire fédérale du Finistère. Elle en fut écartée à la suite de la XIIe conférence fédérale de février 1949 présidée par Jeannette Vermeersch, et remplacée par Daniel Trellu. Elle fut critiquée pour n’avoir pas su diriger sa fédération, en perte de vitesse, et éviter les graves conflits qui divisaient la CGT, peut-être aussi parce qu’il lui était difficile d’assurer ses tâches de direction avec son mandat de députée. Les critiques portaient sur la trop grande importance accordée par la fédération à la question de la laïcité sous l’impulsion de Pierre Hervé. Au total, 24 membres de la direction fédérale sur une quarantaine furent remplacés. Cette véritable « purge » permit un durcissement et une stalinisation de la fédération avec son lot de critiques, d’autocritiques, d’exclusions (même temporaires) et de chasse aux « titistes » et aux « mous ». En 1951-1952, le bureau politique lui-même fut contraint de reprendre les choses en main.

En mars et avril 1950, une série de grèves très dures secoua le Finistère, provoquant une forte mobilisation syndicale et de solidarité. Le 14 avril, une manifestation des femmes de l’UFF à la mairie de Brest se transforma en affrontement avec la police : la députée Marie Lambert (tabassée gravement pendant la manifestation) et deux dirigeants communistes furent arrêtés. Le 17 avril 1950, une manifestation de protestation de 5 000 personnes fut vivement réprimée provoquant la mort de l’ouvrier communiste Édouard Mazé, le frère du conseiller municipal PCF Pierre Mazé. Alain Signor fut lui aussi arrêté et Jacques Duclos interpella le gouvernement sur ces arrestations considérées comme illégales, en violation de l’immunité parlementaire. Plusieurs milliers de personnes participèrent aux obsèques d’Édouard Mazé. Rapidement libérés, Marie Lambert et Alain Signor furent condamnés à cinq et à six moi s de prison avec sursis. Comme en 1935, la violence des affrontements avec les forces de l’ordre allait marquer durablement la mé moi re du mouvement ouvrier brestois.

Lors des élections législatives du 17 juin 1951, Marie Lambert , en 3e position sur la liste communiste qui obtint 20,9 % des suffrages ne fut pas réélue, le PCF ne conservant que les sièges d’Alain Signor et de Gabriel Paul. Il semble que l’ancienne députée communiste quitta rapidement le Finistère. De toute façon, en janvier 1953, elle ne figurait plus dans aucun organisme de la direction fédérale. On sait qu’elle devint journaliste à l’Humanité puis à France nouvelle et directrice de Femmes nouvelles, le journal de l’UFF, chargé de la culture, ce qui lui permit de connaître le principaux artistes communiste, notamment le couple Aragon-Triolet.. Le 8 novembre 1954, l’Humanité publia sous le titre "Des tortures dignes de la Gestapo", un reportage de Marie Perrot : "Les arrestations se poursuivent en Algérie et de nombreuses personnes à des sévices innommables dans les locaux de la police [...] la bastonnade, le lavage d’estomac à l’aide d’un tuyau enfonce dans la bouche et le courant électrique". Ces scènes lui rappelaient les tortures qu’avaient subies son premier mari en 1943. Elle participa en 1955 au premier voyage de journaliste au premier voyage de journalistes à Hanoi. Son statut de journaliste lui permit également de découvrir le Yougoslavie et laTunisie.

Marie Perrot, vécut avec Georges Gosnat à Saint-Ouen à partir de 1950. Elle l’épousa le 30 juillet 1970 (on trouve ailleurs le 30 décembre 1970) et habita avec lui à Ivry-sur-Seine. Georges Gosnat était député d’Ivry-sur-Seine et un des principaux responsables des finances du PCF. Elle décéda en 1981 dans ce bastion du communisme de la banlieue sud-est et fut enterrée au cimetière communal.

 
SOURCES : Arch. du comité national du PCF. Organigrammes des comités fédéraux du Finistère (1953-1968). — Arch. PPo., dossier Georges Gosnat. — Eugène Kerbaul, 1918-1945 : 1640 militants du Finistère, Bagnolet, 1988, notice Henri Lambert et Marie Perrot, p. 140 et 232-233. — Isabelle Picart, Le PCF à Brest de la Libération à la fin de la Quatrième République (1944-1958), maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1989. — Le bande dessinée de Kris et Étinne Davodeau, Un homme est mort, Futuropolis, 2006. — Cédérom le Maitron. Notice Georges Gosnat par Jean Maitron et Claude Pennetier.
 
 
***

Dans une lettre datée du 16 octobre 1985, Pierre Le Rose donne à Pierre Crépel, un camarade de l'IRM (Institut de Recherche Marxiste) basé à Lanester, des renseignements complémentaires sur le Parti Communiste à la Libération, période qu'il a connue en tant que dirigeant et acteur. On trouve dans cette lettre des informations tout à fait importantes d'un point de vue historique qui justifient qu'on la publie, avec l'accord de la fille de Pierre Le Rose:

"L'audience du Parti était très grande dans le Finistère à la Libération. On évaluait les adhérents à 10 000 ou 12 000. Les cartes étaient placées aux réunions publiques au lendemain de la libération. L'organisation ne suivait pas. Mais dans les localités importantes (Brest, Morlaix, Quimper, Douarnenez, Concarneau), les cellules avaient des Bureaux et des activités réelles. Le premier pointage réel que j'ai pu faire en Avril 47 (je venais d'avoir la responsabilité de l'organisation fédérale) faisait apparaître plus de 7000 adhérents. Nous avons vu jusqu'à 12 000 personnes à nos fêtes fédérales (fête de la Bretagne, notre journal, avec Marcel Cachin; 40 000 personnes à Brest sur le cours d'Ajot avec Maurice Thorez le 6 juillet 1947). Parallèlement, les JC (44-45) puis l'UJRF (à partir d'avril 45) comptaient entre 9 et 10 000 adhérents (jeunes venus des FTP, jeunes filles très nombreuses). Les jeunes prenaient leurs responsabilités pour organiser les activités ( 400 Jeunes Communistes à Quimper, 200 à Concarneau, mêmes chiffre à Douarnenez; organisations existant dans les localités rurales du Centre Finistère, Riec sur Belon, etc...). Les meetings des JC rassemblaient autant et parfois plus d'auditeurs que le Parti. Ce sont les JC (garçons et filles) qui ont vite fourni les cadres du Parti (peut-être au détriment de l'organisation des jeunes).

L'audience du Parti est venue du combat clandestin, puis de l'activité des militants, des élus et des ministres communistes, activité qui continuait le combat national, le confirmait.

Dans des élections législatives à la proportionnelle, le Parti Communiste recueillait 70 000 voix en novembre 1945 (2 députés), 80 000 voix en mars 1946 (2 députés), 105 800 voix en novembre 1946 (3 députés sur 10 députés finistériens).

La part de la jeunesse et des femmes fut considérable dans cette période. Nous avions la première femme maire (Kernevel), des adjointes. Notre Parti faisait le plus confiance aux jeunes (Gabriel Paul, député et secrétaire fédéral à 26 ans), Marie Lambert, députée et secrétaire fédérale à 33 ans (idem dans les Côtes d'Armor avec Hélène Le Jeune). On retrouve des jeunes de nos fédérations bretonnes également à Ouest-Matin (sur Rennes comme correspondants).

La direction du PCF milite pour la reconnaissance politique des femmes: "Les femmes viennent de plus en plus à la vie politique. Il faut les organiser et laisser de côté les préjugés encore tenaces sur l'infériorité de la femme qui ne sont pas dignes de communistes".  

La fédération vient de transférer son siège à Brest. Elle connaît déjà quelques difficultés financières qui l'ont contraint à réduire son nombre de permanents.  

* Note biographique de Jean-Claude Cariou sur Marie Lambert et Pierre Hervé

Marie Lambert remplaça ensuite à l'Assemblée Nationale Pierre Hervé (du secteur de Morlaix-Lanmeur), lequel quitta plus tard le PCF pour rejoindre la SFIO puis un groupuscule gaulliste. Il redevint professeur de philosophie, son métier initial en région parisienne. Sa femme, résistante, avait servi de modèle à Jacques Prévert, dont il était l'ami, pour son célèbre poème "Barbara". Marie Lambert divorça ensuite de l'officier d'infanterie dont elle était l'épouse et quitta la Bretagne avec son nouveau mari, Georges Gosnat, trésorier national du PCF et membre du Bureau politique. 

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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 06:46
Footballeur à Argenteuil et au Red Star, Rino Della Negra avait participé à une quinzaine d’actions armées de la résistance. Archives de la famille Della Negra

Footballeur à Argenteuil et au Red Star, Rino Della Negra avait participé à une quinzaine d’actions armées de la résistance. Archives de la famille Della Negra

Deux chercheurs préparent un ouvrage sur ce membre du groupe Manouchian fusillé par l’armée allemande il y a 75 ans. Et devenu, depuis peu, une icône des supporters du club audonien.

Une tribune du stade Bauer, à Saint-Ouen, porte son nom. Les traits de son visage apparaissent sur les banderoles et les maillots des supporters du Red Star. Mais que sait-on vraiment de Rino Della Negra, ce footballeur résistant durant la Seconde Guerre mondiale ?

Membre du groupe Manouchian, il a été fusillé par les nazis le 21 février 1944 au Mont-Valérien, il y a tout juste 75 ans.

Deux historiens, Jean Vigreux et Dimitri Manessis, ont décidé de se pencher sur son parcours. Leur ouvrage sortira cet automne. Le premier, spécialiste du communisme et enseignant à l’université de Bourgogne, est le maître de thèse du second, étudiant… et supporter du Red Star.

« Un jour, Dimitri portait une écharpe Tribune Rino Della Negra, raconte Jean Vigreux. Je lui ai demandé qui était ce Rino, et on a commencé à s’interroger sur les travaux qui avaient été menés sur lui. On avait sa biographie dans le Maitron des fusillés(NDLR : dictionnaire biographique des exécutés durant l’Occupation), mais elle était très incomplète. »

« Le Mbappé de l’époque »

Les deux chercheurs ont alors épluché les archives de la Seconde Guerre mondiale et reconstitué le parcours du jeune homme né le 18 août 1923 à Vimy (Pas-de-Calais). Son père, briquetier, était originaire d’Udine, dans le Frioul (Italie).

Rino et ses parents déménagent rapidement à Argenteuil (Val-d’Oise), dans le quartier de Mazagran, où vivent 3 000 habitants originaires du Nord-Est de l’Italie qui avaient fui le régime de Mussolini. « C’est très important car cette immigration s’était structurée autour d’un pôle antifasciste, explique Dimitri Manessis. Et si ses parents n’étaient pas particulièrement engagés, Rino va fréquenter beaucoup de gens qui vont l’acclimater à cette culture. »

Mais à 14 ans, il n’est encore qu’un apprenti ajusteur aux usines Chausson, à Asnières (Hauts-de-Seine). Et brille, sur son temps libre, dans tout un tas de disciplines avec le club omnisports d’Argenteuil. « Ce n’était pas qu’un footeux, poursuit le chercheur. Il avait notamment été chronométré 11 secondes au 100 m. » « Niveau vitesse, c’était un peu le Mbappé de l’époque ! » sourit Jean Vigreux.

On le savait aussi superstitieux. « Sa mère racontait qu’il embrassait toujours ses crampons avant les matchs, en disant qu’ils lui apporteraient la victoire », sourit Yolande Della Negra, la belle-sœur de Rino, qui habite toujours le Val-d’Oise.

Un « militant de choc » de la Résistance

Rino joue ailier droit lorsqu’il est repéré par le Red Star, l’un des plus grands clubs français de l’époque. Vainqueur du championnat en 1941, il avait décroché sa cinquième coupe en 1942. Rino y est transféré l’été suivant.

Si Léon Foenkinos, son capitaine à l’époque, disait de lui qu’il était alors « l’un des plus grands espoirs » du foot hexagonal, trop jeune, il ne jouera pas en équipe première lors de la saison 1942-1943.

Et sa carrière s’arrête en février 1943. Rino refuse sa convocation au STO, le service du travail obligatoire, et entre dans la résistance. Dans les archives de police, les historiens réalisent que le footballeur, connu sous plusieurs pseudos dont « Robin », avait participé à une quinzaine d’opérations armées entre mai et novembre 1943. « Ce qui en faisait un militant de choc sur la période », explique Jean Vigreux.

Une phrase de sa lettre de fusillé avait été effacée

Autre découverte, les auteurs ont pu reconstituer deux lettres envoyées par Rino à sa famille avant son exécution, à l’âge de vingt ans. Ses reproductions circulaient… Mais un bout avait été effacé. « C’est une phrase dans laquelle Rino demandait à ses proches de faire un banquet, explique Dimitri Manessis. Mais ensuite, il ajoute : Et prenez tous une cuite en pensant à moi ! »

Pourquoi ces mots ont-ils été cachés pendant 75 ans ? « Il y a plusieurs hypothèses, poursuit-il. Soit la famille avait voulu les enlever par pudeur. Soit ce sont des associations de résistance, ou même le Parti communiste, qui estimaient que cela ne correspondait pas à un certain modèle de la dernière lettre d’un résistant fusillé, et qui ont voulu gommer cette référence à la boisson. »

 

« IL A EU UN COURAGE EXTRAORDINAIRE »

Comment un footballeur n’ayant jamais joué un seul match avec le Red Star a-t-il pu entrer dans le cœur des supporters audoniens ?

Dans la « tribune Rino », on supporte l’Etoile rouge mais on se retrouve aussi derrière un engagement bien ancré à gauche, des chants antifascistes et des banderoles promptes à évoquer l’actualité, à dénoncer des violences policières comme à soutenir l’accueil de réfugiés en France.

Ce n’est qu’en 2004 qu’une plaque en mémoire de Rino Della Negra a été inaugurée à l’entrée du stade Bauer. « Mais pendant près de dix ans, il n’y avait qu’un dépôt de gerbe tous les ans », explique Vincent Chutet-Mezence, président du collectif Red Star Bauer, l’association des supporters du club.

Qui a souhaité, à partir de 2013, « rendre vivante » la mémoire de Rino. « On ne voulait pas que ces hommages restent sans lendemain », poursuit-il. Le collectif organise alors une conférence sur son parcours, et fait une demande pour que leur tribune soit officiellement renommée.

« Plus qu’un joueur de foot »

« Elle n’a jamais été refusée, mais elle est restée sans lendemain », regrette le président, qui compte bien remettre le sujet sur la table après la rénovation du stade.

« Rino Della Negra était plus qu’un joueur de foot, poursuit-il. Car au-delà de ses qualités sportives, ses valeurs nous touchent très profondément. Il aurait très bien pu faire sa carrière et ne jamais se mettre en danger. Non, il a choisi de s’engager et il l’a payé de sa vie. Il a eu un courage extraordinaire. »

Dans ce stade, qui porte déjà le nom d’un docteur juif résistant, fusillé en 1942, Dimitri Manessis voyait donc un « terrain propice » pour que l’esprit de Rino soit honoré : « Le club est marqué par sa culture communiste, ouvrière, populaire, bien inséré dans la banlieue rouge », explique le chercheur.

Il fut aussi propriété de Jean-Baptiste Doumeng, le fameux milliardaire rouge. « Et Georges Marchais, dont le gendre était gardien de l’équipe, fréquentait aussi les tribunes ».

A.L.

Groupe Manouchian : qui était Rino Della Negra, le footballeur résistant du Red Star ? (Le Parisien, Anthony Lieures,  20 février 2019)
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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 05:57
Maurice et Josette Audin

Maurice et Josette Audin

Alain Ruscio dans l'Humanité du 22 février, entretien avec Rosa Moussaoui:  La force communiste fut à l’origine de la protestation anticolonialiste en France
Fernand Yveton communiste exécuté pendant la guerre d'Algérie pour aide aux indépendantistes (avec refus de grâce de Mitterrand)

Fernand Yveton communiste exécuté pendant la guerre d'Algérie pour aide aux indépendantistes (avec refus de grâce de Mitterrand)

Alain Ruscio : « La force communiste fut à l’origine de la protestation anticolonialiste en France »
Vendredi, 22 Février, 2019

Dans un essai alerte, les Communistes et l’Algérie (la Découverte), l’historien analyse le rôle que jouèrent les communistes, en France et en Algérie, dans les luttes anticoloniales. En dépit des hésitations, des détours et des erreurs, il y eut bien, affirme-t-il, une « résistance communiste » à la guerre d’Algérie.

Une certaine historiographie a longtemps lu dans la politique algérienne du PCF un anticolonialisme « usurpé ». Vous parlez, au contraire, d’une « résistance communiste » à la barbarie coloniale. Quel rôle les communistes ont-ils joué dans l’émergence, en France, d’une subjectivité politique anticolonialiste ?

Alain Ruscio Sur cette vaste et ancienne problématique « communisme et anticolonialisme », bien des auteurs ont jugé nécessaire de « choisir un camp » : majoritairement les « contre », de façon secondaire les « pour ». « Aux creux réquisitoires succédaient autant de vaines réhabilitations », comme l’écrivait Marc Bloch à propos de la vie de Robespierre. Je me suis inscrit, modestement, dans cette lignée « blochienne ». On connaît l’expression :« L’Histoire jugera. » Oui, mais pas l’historien. Ce qui ne m’empêche pas de souligner, dans la première partie du livre, qui couvre la période précédant la guerre d’indépendance, que la « force communiste » (je préfère cette expression, car elle englobe des dirigeants et militants du Parti, mais aussi ceux qui consacraient surtout leur activité aux syndicats, aux mouvements de jeunesse, aux « organisations de masse », type Mouvement de la paix) a été à l’origine de la protestation anticolonialiste en France et qu’elle a souvent été bien seule, hors quelques intellectuels plus ou moins « compagnons de route ». C’est au sein de cette « force communiste » qu’est née l’Union intercoloniale, animée par le futur Hô Chi Minh, qu’est née et s’est renforcée l’Étoile nord-africaine, première organisation regroupant des Maghrébins (presque uniquement des Algériens) en métropole. Ce sont le PCF et la Jeunesse communiste qui, les premiers, ont clamé le droit à l’indépendance des peuples colonisés, qui ont mené les luttes (très minoritaires) contre la guerre du Rif, l’usage de la guillotine en Indochine, l’indécente Exposition coloniale de 1931.

Quels facteurs ont provoqué la retombée de l’élan anticolonialiste qui s’était exprimé pendant la guerre du Rif ?

Alain Ruscio L’une des erreurs, à mon sens, d’une certaine historiographie critique à l’égard du PCF est d’avoir oublié ce « détail » : il y a eu, en France, pendant quatre générations, un lobby puissant, qui a accaparé tous les moyens d’information, qui a réussi à engluer la grande majorité de la population française dans une idéologie colonialiste et raciste. L’élan dont vous parlez a été le fruit d’un effort exceptionnel de la « force communiste ». Mais il est fatalement retombé lorsque les affrontements, aux colonies, étaient moins violents et, il faut bien le dire, devant le fossé alors créé entre une avant-garde combative et une masse de la population beaucoup moins concernée. Ce fut d’ailleurs un phénomène permanent. Mais il faut dire également que la ligne politique des communistes, sur la question, n’a pas été sans détours ni renoncements. Quand on est solidement attaché aux valeurs de la démocratie, on est enthousiaste en pensant au Front populaire et à la Libération. Mais on est perplexe en constatant que les hommes de la gauche gouvernementale de ces deux moments ont été des « serviteurs loyaux du colonialisme », assortissant leurs discours de vœux vagues sur une démocratisation du système. Et, dans ces deux moments, les communistes ont renoncé au mot d’ordre d’indépendance des colonies. Les militants et les électeurs du PCF ne pouvaient qu’en être troublés. Pour ne rien dire de la rancœur, ouverte ou intériorisée, des nationalistes des pays colonisés.

Ce livre s’ouvre sur un tableau de l’opinion française à la veille du déclenchement de l’insurrection algérienne. Vous citez des sondages témoignant de l’hégémonie du parti colonial, la définition que le Larousse donne du mot « Arabe » en 1953 : « Race batailleuse, superstitieuse et pillarde » . Pourquoi les ouvriers n’échappent-ils pas à cette pensée colonialiste dominante, alors même que l’influence communiste dans cette classe est à son apogée ?

Alain Ruscio On en revient à l’affirmation précédente : l’omniprésence de la propagande du lobby colonial. Pourquoi la classe ouvrière aurait-elle été épargnée ? Si les cadres de la CGT (hommage au passage à André Tollet, Marcel Dufriche, bien d’autres), si les délégués syndicaux ne ménagèrent pas leurs efforts, l’internationalisme et l’antiracisme ne furent jamais totalement implantés dans la classe ouvrière. Je pense que les communistes ont été quelque peu piégés par leur propre discours sur le « rôle historique de la classe ouvrière » (Maurice Thorez), sans voir suffisamment qu’une partie de la classe ouvrière était, elle aussi, gangrenée par le racisme. D’une formule, je dirais que l’anticolonialisme a été une greffe en état de rejet permanent. Il faut savoir regarder cette réalité en face.

Lorsque est déclenchée l’insurrection, le 1er novembre 1954, l’Humanité dépêche sur place l’une de ses journalistes, Marie Lambert. Dans un meeting au Vél’d’Hiv, le 5, Duclos prononce le mot « indépendance ». Pourquoi le communiqué officiel tardif du PCF est-il, lui, très ambigu ?

Alain Ruscio Merci de citer ces premiers reportages, totalement oubliés par l’historiographie, de l’ancienne députée communiste Marie Lambert (qui signait dans l’Humanité Marie Perrot). Grâce à elle, le mot « guerre » a été imprimé par votre journal dès le 3 novembre 1954. Vient, en effet, le 5 novembre, une réunion visant à célébrer l’anniversaire de la révolution d’Octobre, comme il était alors de rigueur. Jacques Duclos, après avoir salué les réalisations de l’Union soviétique, prononcera trois fois le mot « indépendance » . Et pourtant, vous avez raison, le mot n’apparaît plus dans le texte officiel qui suit, le communiqué du bureau politique du 8 novembre. Ici, nous sommes confrontés à un manque d’archives, les réunions du « BP » n’étant ni enregistrées, ni transcrites. Je risque une hypothèse : une semaine après le déclenchement de l’insurrection, les communistes étaient dans la totale ignorance de ses instigateurs. Rappelons que le sigle « FLN » n’était apparu que le 1er novembre. Une prise de distance est manifeste, marquée notamment par la crainte d’une provocation. Au passage, je signale que les communistes algériens, eux, ne partagèrent pas cette méfiance et tentèrent même de dissuader leurs camarades français d’utiliser cet « argument ».

Comment expliquez-vous les relations compliquées et tourmentées entre nationalistes et communistes, français ou algériens ?

Alain Ruscio Les communistes français, tout en affirmant (épisodiquement, et c’est bien là le drame) le droit à l’indépendance de l’Algérie, avaient comme objectif suprême une libération totale, l’instauration d’un régime nouveau. Les nationalistes algériens considéraient qu’il ne fallait mener que le combat pour l’indépendance, sans chercher à définir la nature d’une société algérienne future. Alors que l’historiographie dominante dénonce les limites du communisme français, j’ai essayé, dans mon livre, de démontrer que les « torts du divorce » étaient partagés.

En 1956, tandis que de nombreux communistes algériens rejoignent le maquis, le PCF vote les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet. Vous évoquez la contestation et le malaise suscités au PCF par ce vote. Peut-on parler de crise interne ?

Alain Ruscio Je consacre un long (et sévère) développement à cette question des pouvoirs spéciaux. Ce vote est une manifestation supplémentaire d’un mal du mouvement ouvrier – et donc communiste – français, l’européocentrisme. Début 1956, à la suite d’une victoire du Front républicain (socialistes et radicaux), votre journal titra « Vive le nouveau Front populaire », manifestation de la croyance que, vingt ans après, il y avait une possibilité de changer la société française. C’était évidemment pure illusion, compte tenu de l’orientation réelle du Parti socialiste. Le drame vint du fait que cette croyance pouvait concerner également la guerre d’Algérie. Le PCF est passé de « Vive le nouveau Front populaire… » à «… pouvant entraîner la fin du conflit ». Or, s’il y avait quelques éléments positifs (une prise de contact discrète d’émissaires gouvernementaux avec le FLN), d’autres, bien plus massifs, auraient dû provoquer une prise de distance avec le gouvernement Mollet : la honteuse capitulation du 6 février (« journée des tomates ») et, surtout, l’affirmation qu’il fallait renforcer les rangs de l’armée avant toute solution négociée – éternel argument des bellicistes. Alors, oui, crise il y eut bien. D’abord au sein du groupe parlementaire. Si aucun député communiste ne vota contre, les débats, au sein du groupe, furent houleux. Comme dans les rangs mêmes du Parti, et pas seulement chez les intellectuels. Je cite bien des témoignages, émanant de cellules diverses. Sans compter un fait significatif : le départ du Parti de nombreux Algériens communistes.

Vous consacrez de belles pages aux communistes algériens d’origine européenne qui payèrent de leur vie leur engagement dans le combat d’indépendance : Iveton, Maillot, Laban, Raymonde Peschard, etc. Dans quelle mesure ces figures suscitèrent-elles la méfiance d’un Parti faisant du « travail de masse » la priorité absolue ? Étaient-ils vus, au PCF, comme des « aventuriers »  ?

Alain Ruscio Première affirmation : les militants que vous évoquez s’étaient engagés au nom du PCA, non du PCF. Ils avaient l’aval de leur Parti et c’était le plus important. Vues de Paris, certaines de ces initiatives ont été incomprises, parfois effectivement assimilées à des « aventures ». Mais ce n’est pas qu’il y avait de « bons » communistes d’un côté (PCA) et des « apparatchiks » obtus de l’autre (PCF). Non, chacun analysait la situation avec des optiques différentes. Si reproche peut être fait au PCF, c’est de n’avoir pas écouté l’argumentaire de leurs camarades algériens. D’où l’absence dramatique de réaction lors de l’initiative de Fernand Iveton et la protestation tardive avant son exécution. D’où également le silence des premiers jours lorsque Henri Maillot s’empara d’un camion d’armes. Mais je signale également que ce silence ne fut pas absolu. Ainsi, l’Humanité publia, courageusement, la lettre de Maillot, les députés communistes, à la Chambre, le défendirent, au milieu d’une cascade de quolibets et d’injures.

En quoi l’affaire Audin et la publication du témoignage d’Henri Alleg sur la torture marquent-elles un basculement, en interne et dans l’opinion publique ?

Alain Ruscio Dans l’opinion publique, l’effet fut foudroyant. Dès 1954, pourtant, la dénonciation de la torture et des exécutions sommaires était omniprésente dans une partie de la presse : l’Humanité, mais aussi l’Observateur et l’Express. Qui voulait savoir le pouvait. Force est de constater que les victimes s’appelant Rachid ou Ahmed, l’émotion n’était pas générale, c’est le moins que l’on puisse dire. Avec ces deux affaires, Alleg et Audin, entrecroisées, on a franchi un pas. La publication de la Question, en mars 1958, puis son interdiction, les premières révélations sur la « disparition » de Maurice Audin, ont projeté une ombre sinistre sur le conflit. Le livre d’Henri Alleg eut pour la guerre d’Algérie la même conséquence que le « J’accuse » de Zola pour l’affaire Dreyfus. Le parallèle est d’ailleurs adéquat : car les intellectuels se mobilisèrent en masse, de Sartre à Aragon, en passant par Pierre Vidal-Naquet et Roger Martin du Gard, à la notable et triste exception d’Albert Camus. Un temps, la France entière évoqua ces terribles expériences. L’occasion pour les militants de la première heure de rappeler que la grande majorité des Algériens « musulmans » connaissaient des drames similaires.

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui
 
Bibliographie

Cambodge, an I. Journal d’un témoin. Les Indes savantes, 2008. Vo Nguyen Giap. Une vie (entretiens, Hanoï, 1979-2008). Les Indes savantes, 2010. Y’a bon les colonies ? La France sarkozyste face à l’histoire coloniale, à l’identité nationale et à l’immigration. Le Temps des cerises, 2011. L’Humanité censuré 1954-1962, un quotidien dans la guerre d’Algérie. Le Cherche Midi, 2012. Nostalgérie. L’interminable histoire de l’OAS. La Découverte, 2015.

Alain Ruscio dans l'Humanité du 22 février, entretien avec Rosa Moussaoui:  La force communiste fut à l’origine de la protestation anticolonialiste en France

Ci-dessous la fiche Maitron de la députée communiste du Finistère et journaliste de l'Humanité citée par Alain Ruscio dans son interview sur les communistes face au colonialisme. Merci à Jean-Paul Cam pour la transmission de la fiche Maitron de Marie Lambert.

LAMBERT Marie-Yvonne [née PERROT, Marie, puis épouse GOSNAT]

Par Christian Bougeard

Née le 26 octobre 1913 à Landerneau (Finistère), morte à Ivry-sur-Seine le 22 janvier 1981 ; secrétaire fédérale communiste du Finistère (1947-1949) ; députée PCF du Finistère (1948-1951).

Originaire de la petite ville de Landerneau (Finistère), Marie Perrot avait un grand-père qui avait participé, contre son gré, à l’écrasement de la Commune de Paris mais aurait exprimé de la sympathie pour les Communards. Il aimait porter les jours de fêtes un chemise rouge pour manifester ses opinions.
Marie Lambert avait interrompues ses études après le brevet. Elle acquit par la suite, , en autodidacte, une importante culture. Elle avait épousé jeune Henri Lambert , avec qui elle eut trois enfants : Jean-Paul en 1932 ( serge nt cassé pour refus d’être appelé en 1956), Henri en 1935 et Annie en 1944. Elle fut brièvement institutrice pendant la "drôle de guerre".
Son mari fut un résistant FN et FTP. Arrêté en Ille-et-Vilaine en décembre 1943, torturé et déporté. Sous l’Occupation, Marie Lambert participa aux actions de son époux ,diffusant tracts et journaux clandestins dans la région de Landerneau. Elle servit d’agent de liaison à Daniel Trellu, chef des FTP du Finistère et organisa des groupes de « femmes patriotes », malgré une grossesse. Pour son action, elle obtint la médaille de la Résistance et la Croix de guerre.

Ayant adhéré au PCF en 1943, ettant u rapport se geste et la licture avec la lecture de Lyssagaray et la lecture de son Histoire de la Commune., « la ménagère » Marie Lambert fut élue conseillère municipale de Landerneau en mai 1945 (réélue en 1947) dans la municipalité dirigée par l’ancien maire révoqué et ancien député (réélu en 1945), le socialiste Jean-Louis Rolland. Elle appartenait aussi en 1945 au bureau de l’UFF du Finistère. N’ayant pas été candidate en octobre 1945, Marie Lambert figurait en 4e position sur la liste communiste du Finistère aux élections à la seconde Assemblée Constituante le 2 juin 1946 qui recueillit 95 343 voix en moyenne (24,6%) et deux élus, les députés sortants Pierre Hervé et Gabriel Paul. Le 10 novembre 1946, elle était toujours 4e alors que le PCF obtenait 27,8% des voix et trois députés (Alain Signor *en plus). Mais la démission de Pierre Hervé, le 15 juin 1948, permit à Marie Lambert de lui succéder à l’Assemblée nationale en juillet. Inscrite à la commission de l’Agriculture, elle déposa plusieurs propositions de loi en faveur des ouvriers agricoles.

Auparavant, Marie Lambert était devenue une des principales dirigeantes du PCF. Elle entra au bureau fédéral élargi de 9 à 13 membres lors de la IXe conférence d’août 1946, devenant ensuite secrétaire fédérale, sans doute en 1947, lors du départ de l’instituteur Alain Cariou. En 1948 et au début 1949, Marie Lambert assura de manière transitoire la fonction de première secrétaire fédérale du Finistère. Elle en fut écartée à la suite de la XIIe conférence fédérale de février 1949 présidée par Jeannette Vermeersch, et remplacée par Daniel Trellu. Elle fut critiquée pour n’avoir pas su diriger sa fédération, en perte de vitesse, et éviter les graves conflits qui divisaient la CGT, peut-être aussi parce qu’il lui était difficile d’assurer ses tâches de direction avec son mandat de députée. Les critiques portaient sur la trop grande importance accordée par la fédération à la question de la laïcité sous l’impulsion de Pierre Hervé. Au total, 24 membres de la direction fédérale sur une quarantaine furent remplacés. Cette véritable « purge » permit un durcissement et une stalinisation de la fédération avec son lot de critiques, d’autocritiques, d’exclusions (même temporaires) et de chasse aux « titistes » et aux « mous ». En 1951-1952, le bureau politique lui-même fut contraint de reprendre les choses en main.

En mars et avril 1950, une série de grèves très dures secoua le Finistère, provoquant une forte mobilisation syndicale et de solidarité. Le 14 avril, une manifestation des femmes de l’UFF à la mairie de Brest se transforma en affrontement avec la police : la députée Marie Lambert (tabassée gravement pendant la manifestation) et deux dirigeants communistes furent arrêtés. Le 17 avril 1950, une manifestation de protestation de 5 000 personnes fut vivement réprimée provoquant la mort de l’ouvrier communiste Édouard Mazé, le frère du conseiller municipal PCF Pierre Mazé. Alain Signor fut lui aussi arrêté et Jacques Duclos interpella le gouvernement sur ces arrestations considérées comme illégales, en violation de l’immunité parlementaire. Plusieurs milliers de personnes participèrent aux obsèques d’Édouard Mazé. Rapidement libérés, Marie Lambert et Alain Signor furent condamnés à cinq et à six moi s de prison avec sursis. Comme en 1935, la violence des affrontements avec les forces de l’ordre allait marquer durablement la mé moi re du mouvement ouvrier brestois.

Lors des élections législatives du 17 juin 1951, Marie Lambert , en 3e position sur la liste communiste qui obtint 20,9 % des suffrages ne fut pas réélue, le PCF ne conservant que les sièges d’Alain Signor et de Gabriel Paul. Il semble que l’ancienne députée communiste quitta rapidement le Finistère. De toute façon, en janvier 1953, elle ne figurait plus dans aucun organisme de la direction fédérale. On sait qu’elle devint journaliste à l’Humanité puis à France nouvelle et directrice de Femmes nouvelles, le journal de l’UFF, chargé de la culture, ce qui lui permit de connaître le principaux artistes communiste, notamment le couple Aragon-Triolet.. Le 8 novembre 1954, l’Humanité publia sous le titre "Des tortures dignes de la Gestapo", un reportage de Marie Perrot : "Les arrestations se poursuivent en Algérie et de nombreuses personnes à des sévices innommables dans les locaux de la police [...] la bastonnade, le lavage d’estomac à l’aide d’un tuyau enfonce dans la bouche et le courant électrique". Ces scènes lui rappelaient les tortures qu’avaient subies son premier mari en 1943. Elle participa en 1955 au premier voyage de journaliste au premier voyage de journalistes à Hanoi. Son statut de journaliste lui permit également de découvrir le Yougoslavie et laTunisie.

Marie Perrot, vécut avec Georges Gosnat à Saint-Ouen à partir de 1950. Elle l’épousa le 30 juillet 1970 (on trouve ailleurs le 30 décembre 1970) et habita avec lui à Ivry-sur-Seine. Georges Gosnat était député d’Ivry-sur-Seine et un des principaux responsables des finances du PCF. Elle décéda en 1981 dans ce bastion du communisme de la banlieue sud-est et fut enterrée au cimetière communal.

Pour citer cet article :

http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article89611, notice LAMBERT Marie-Yvonne [née PERROT, Marie, puis épouse GOSNAT] par Christian Bougeard, version mise en ligne le 8 octobre 2010, dernière modification le 23 décembre 2018.

Par Christian Bougeard

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. Organigrammes des comités fédéraux du Finistère (1953-1968). — Arch. PPo., dossier Georges Gosnat. — Eugène Kerbaul, 1918-1945 : 1640 militants du Finistère, Bagnolet, 1988, notice Henri Lambert et Marie Perrot, p. 140 et 232-233. — Isabelle Picart, Le PCF à Brest de la Libération à la fin de la Quatrième République (1944-1958), maîtrise d’histoire, Université de Bretagne occidentale, Brest, 1989. — Le bande dessinée de Kris et Étinne Davodeau, Un homme est mort, Futuropolis, 2006. — Cédérom le Maitron. Notice Georges Gosnat par Jean Maitron et Claude Pennetier.

 

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22 février 2019 5 22 /02 /février /2019 21:03
L'homme du jour. Julien Lauprêtre, président du Secours Populaire: le flambeau de Manouchian (Audrey Loussouarn, L'Humanité, 22 février 2019)
L’homme du jour. Julien Lauprêtre Le flambeau de Manouchian
Vendredi, 22 Février, 2019

Soixante-quinze ans jour pour jour après l’exécution du groupe Manouchian au Mont-Valérien, le souvenir de ceux qu’il a côtoyés est encore vif pour Julien Lauprêtre, le président du Secours populaire français (SPF). À 16 ans, en 1942, celui-ci fonde avec deux copains une équipe de résistance. Ses actions le mèneront au 20 novembre 1943. Ce jour-là, il est cueilli par la police et enfermé dans une cellule, qu’il partage avec un homme. « J’avais seulement 17 ans. Quand il m’a regardé dans les yeux et m’a dit “je vais être fusillé mais toi, tu vas t’en sortir, il faudra continuer le combat”, ça a impacté ma vie. » Cet homme, c’était Missak Manouchian, mais il ne le saura que plus tard. Julien Lauprêtre se souvient d’un autre des membres de l’Affiche rouge, Thomas Elek, « un petit intellectuel, particulier dans le groupe » et fusillé à 19 ans. Il s’était engagé après s’être « fait insulter de “sale juif” au lycée », raconte le président du SPF, qui fait un parallèle avec les « attaques antisémites, racistes » qui surviennent encore aujourd’hui. Commémorer ceux qui ont « laissé leur peau pour la France » et leur « combat magnifique », c’est faire vivre ce « besoin de résister face à la haine de l’étranger ». Celui qui ne cesse d’alerter sur le « raz-de-marée de la misère » poursuit : « Ça me marque encore aujourd’hui. Au SPF, je m’efforce de mériter cette idée du dévouement. » Alors que « les attaques se multiplient sur la vie des Français », il s’agit, selon lui, de se rappeler « leur combat pour l’humanité ».

L'homme du jour. Julien Lauprêtre, président du Secours Populaire: le flambeau de Manouchian (Audrey Loussouarn, L'Humanité, 22 février 2019)
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21 février 2019 4 21 /02 /février /2019 18:13
Il y a 75 ans, le 21 février 1944, les nazis exécutent 23 francs-tireurs et partisans de la main d’œuvre immigrée

21 février 1944, les nazis exécutent 23 francs-tireurs et partisans de la main d’œuvre immigrée:

Celestino Alfonso, Espagnol, 27 ans
Olga Bancic, Roumaine, 32 ans (seule femme du groupe, décapitée en Allemagne le 10 mai 1944)
József Boczor, Hongrois, 38 ans, 
Georges Cloarec, Français, 20 ans
Rino Della Negra, Italien, 19 ans
Elek Tamás, Hongrois, 18 ans
Maurice Fingercwajg, Polonais, 19 ans
Spartaco Fontano, Italien, 22 ans
Jonas Geduldig, Polonais, 26 ans
Emeric Glasz, Hongrois, 42 ans
Léon Goldberg, Polonais, 19 ans
Szlama Grzywacz, Polonais, 34 ans
Stanislas Kubacki, Polonais, 36 ans
Cesare Luccarini, Italien, 22 ans
Missak Manouchian, Arménien, 37 ans
Armenak Arpen Manoukian, Arménien, 44 ans
Marcel Rajman, Polonais, 21 ans
Roger Rouxel, Français, 18 ans
Antoine Salvadori, Italien, 24 ans
Willy Schapiro, Polonais, 29 ans
Amédéo Usséglio, Italien, 32 ans
Wolf Wajsbrot, Polonais, 18 ans
Robert Witchitz, Français, 19 ans

" Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant » Il y a soixante-treize ans, le 21 février 1944, les nazis exécutaient au Mont-Valérien les héros de l'Affiche rouge".
" Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. On va être fusillé cet après-midi à 15 heures (...). Tout est confus en moi et bien clair en même temps. " Missak Manouchian.}
« Les avis placardés sur les murs prenaient, dans l'ombre, un ton blême. C'était l'hiver et déjà, dans le pré-verdict d'une guerre qui commençait à basculer sur le front de l'Est où les armées nazies craquaient sous la pression de l'armée soviétique, la France, elle, assommée par les " couvre-feux " et la répression, commençait à ne plus être la même. Chaque jour plus efficace, l'armée des ombres occupait ce pays occupé et préparait, de l'intérieur, ce débarquement qui, tôt ou tard, viendrait. Dans Paris, la tête de guingois et les yeux parfois révulsés, les passants regardaient, placardée sur les murs, la propagande s'exhiber. Notamment une. Tristement célèbre, glauque. Surtout la nuit, plus sombre encore qu'à la lumière. Sombre à jamais. Mais symbolique pour toujours. On l'appelait " l'Affiche rouge " et elle s'appellera toujours ainsi.
Pour les générations d'après-guerre}}, ils furent un poème d'Aragon, puis une chanson, quand Ferré y mit une musique. Pour les contemporains de la guerre, ils furent d'abord dix visages sur une affiche qui disait dans toute la France à la fin février 1944 : " Des libérateurs ? La libération par l'armée du crime ! " Dix jeunes hommes inconnus que le propagandiste en chef s'appliquait à montrer étrangers, juifs surtout, mais aussi espagnol ou italien, arménien comme leur chef, Manouchian, poète à ses heures. Tous communistes. Les nazis, ici, en quelque sorte, ne mentaient pas : car la Résistance armée à Paris et dans la région parisienne, c'était eux, pas seulement eux, étrangers et Français s'y côtoyaient, avec leurs camarades, et formaient un tiers des effectifs des Francs-tireurs et partisans de la main-d'ouvre immigrée. Eux disparus, massacrés, les FTP-MOI étaient en partie démantelés.
L'Affiche rouge n'en présentait que dix, mais le " tribunal militaire allemand ", jugeant pour la première fois des francs-tireurs en audience publique, les 17 et 18 février 1944, en avait condamné à mort vingt-trois. Vingt-deux furent exécutés au Mont-Valérien, le 21 février. À 15 heures. La vingt-troisième était une femme, la Roumaine Olga Bancic, et parce qu'elle était une femme elle n'eut pas les " honneurs " de l'exécution avec ses camarades, indigne de mourir avec eux debout face à la mitraille des bourreaux. Envoyée à Stuttgart, " jugée ", elle fut décapitée à la hache le 10 mai - jour de son anniversaire. La veille, elle avait été de nouveau torturée.
" Je ne suis qu'un soldat qui meurt pour la France. Je vous demande beaucoup de courage comme j'en ai moi-même : ma main ne tremble pas, je sais pourquoi je meurs et j'en suis très fier " Celestino Alfonso.
Torturés, bien sûr, ils l'avaient tous été. Plusieurs mois durant. Et sur cette Affiche rouge, c'est aussi cela que des Français lisaient dans leurs traits ravagés. La haine exprimée, on la retrouve aussi dans les propos du colonel allemand qui présidaient la cour martiale. Il justifiait ainsi les condamnations : " De quels milieux ces terroristes sont-ils issus ? Dans la plupart des cas, ce sont des juifs ou des communistes qui sont à la tête de ces organisations (...). Leur but étant l'avènement du bolchevisme international, le sort de la France et des Français ne les intéresse pas "
Qui étaient-ils vraiment, ces " étrangers, comme on les nomme encore ", " ces étrangers d'ici qui choisirent le feu ", comme l'écrivit Paul Eluard, ces " vingt et trois étrangers et nos frères pourtant ", comme les immortalisa Louis Aragon ? Ces héros appartenaient aux détachements de FTP d'immigrés de la région parisienne, dont la direction avait été confiée à Manouchian par la haut commandement des Francs-tireurs et partisans français depuis deux ans. Or, les " prouesses " de cette armée dépassaient infiniment celles que le réquisitoire avait découvertes. Sauf qu'ils n'avaient jamais travaillé en " groupe de vingt-trois ". Répartis en unités de trois ou cinq combattants, selon les méthodes générales édictées par les FTP, reliés à un seul supérieur hiérarchique, selon un cloisonnement strict exigé par les règles de sécurité de l'action clandestine. Sur certains points, les Allemands disaient juste : Joseph Boczov, ingénieur chimiste et ancien volontaire des Brigades internationales en Espagne, était bien le concepteur des techniques de déraillement ou destruction par explosif d'éléments stratégiques qui délabraient les convois SS. Et Spartaco Fontano était bien communiste : mais ils l'étaient tous. Notamment Missak (Michel) Manouchian, avant-guerre secrétaire du comité de secours pour l'Arménie soviétique, rédacteur en chef du journal Zangou destiné aux immigrés de son pays. Les " juges " ignoraient que le jeune Thomas Elek avait, aussi, incendié seul et en plein jour une librairie allemande, boulevard Saint-Michel. Ils ne savaient pas non plus que Alfonso, Fontano et Marcel Rayman étaient les auteurs de l'attentat ayant pulvérisé, le 28 juillet 1943, la voiture bourrée d'officiers supérieurs du commandant du " Gross Paris ".
" Que veux-tu que je te dise, ma chérie ; il faut bien mourir un jour. Je t'ai beaucoup aimée, mais il ne faut pas pour cela oublier que ta vie continue, à toi (...). La vie sera meilleure pour vous " Léon Goldberg.
Qui étaient-ils ? Des " étrangers " qui, lorsque leur patrie avait été ravagée et meurtrie par les ennemis de la liberté et de la dignité humaine, étaient venus en France, auréolée du prestige des Lumières, de la Révolution et de la Déclaration des droits de l'homme. Un refuge. Une lucarne dans la nuit du fascisme triomphant, croyaient-ils. Dans les années trente, environ trois millions de travailleurs immigrés rejoignent la France, chassés par la misère et/ou par la répression raciale et politique. Il importe d'autant plus d'organiser leur défense, d'appeler à la solidarité, que des campagnes xénophobes se développent, accusant les étrangers d'être responsables du chômage. À son 3e Congrès, en janvier 1924, le Parti communiste français appelle à " organiser politiquement et syndicalement les masses de travailleurs de langue étrangère. Politiquement, les prolétaires immigrés doivent être organisés en groupe de langue étrangère ". Il sera précisé deux années plus tard que les immigrés s'organisent essentiellement sur leurs lieux de travail, dans les entreprises, sans distinction de nationalité, tout en participant à ces groupes de langue rassemblés en une commission centrale de main-d'œuvre étrangère (MOE) qui deviendra rapidement la célèbre MOI (Main-d'œuvre immigrée).
{{Dès le début de la guerre, ceux-ci s'engagent}} dans le combat. Sans restriction. Cent trente-deux mille se portent volontaires et des dizaines de milliers se battent dans les Ardennes, sur la Somme, sur la Loire. Parmi eux, un grand nombre ont déjà participé aux Brigades internationales en Espagne : on les retrouvera dans les premiers groupes clandestins formés par le Parti communiste. Le sang-froid de ces hommes, exceptionnel(s), recouvrait une disponibilité de cour non moins remarquable. Implacables face à l'ennemi en uniforme et non contre le peuple allemand, le récit de quelques-uns de leurs faits d'arme démontre combien ils étaient " économes " en vies humaines. Et avaient une conscience sociale affirmée. L'Espagnol Celestino Alfonso, ancien lieutenant de l'armée républicaine de son pays, déclara : " J'estime que tout ouvrier conscient doit, où qu'il soit, défendre sa classe. " Les rafles antisémites vont également faire affluer dans leurs rangs de jeunes communistes juifs déterminés, dont les familles ont été décimées ou le seront.
" Excuse-moi de ne pas t'écrire plus longuement, mais nous sommes tous tellement joyeux que cela m'est impossible quand je pense à la peine que tu ressens (...). Ton Marcel qui t'adore et qui pensera à toi à la dernière minute "Marcel Rayman ».
Au cours de l'année 1943, les actions des résistants se multiplient. Les polices allemandes, aidées par les services de Vichy, la Milice, unissent leurs efforts pour les traquer. Le président de la cour martiale, à propos du groupe Manouchian, affirma d'ailleurs : " Les services de surveillance allemands ont fait un travail admirable. C'est un grand succès d'avoir mis hors d'état de nuire un groupe particulièrement dangereux. " " Il faut dire aussi que la police française a fait preuve d'un grand dévouement ", ajouta-t-il, avant de rendre hommage à Joseph Darnand, " particulièrement résolu à combattre aux côtés des Allemands ", ainsi qu'à ses miliciens.
On le sait mieux aujourd'hui, l'arrestation des FTP-MOI de la région parisienne fut le fait, notamment, des inspecteurs des Renseignements généraux (une centaine sont sur le " coup " en permanence), fer de lance avant-guerre de la lutte anticommuniste. On comprend mieux les ressorts et la mécanique de la traque, laissant des hommes en liberté ici, pour mieux les " loger " ensuite, en arrêtant immédiatement d'autres là, pour couper des réseaux déjà identifiés, désignant les Résistants, dans les rapports, sous le nom de la rue ou de la station de métro où ils furent aperçus la première fois. Ainsi, Manouchian est " Bourg ", Epstein est " Meriel ". Boczov, lui, chef du réseau de sabotage, devient " Ivry ".
Pour la police française, ils deviennent l'un des objectifs primordiaux. De proche en proche, en s'intéressant d'abord aux organisations étrangères non armées, par un tissu de patientes filatures ensuite, enfin par le chantage et la torture, la " police " sera en mesure de mettre la main sur la quasi-totalité du réseau.
Le 16 novembre, le groupe et celui qui en a pris}} la tête, Manouchian, sont arrêtés. Sur les 35 personnes " repérées ", cinq seulement pourront s'échapper. Après Epstein, 40 résistants sont arrêtés, dont 29 seront fusillés. Chef de tous les FTP de la région, Joseph Epstein, le célèbre " colonel Gilles ", sera torturé et ne livrera à ses bourreaux pas même son nom ! .
" Jusqu'au dernier moment, je me conduirai... comme il convient à un ouvrier juif. Je vais mourir, mais ne m'oublie jamais et, quand tu en auras la possibilité, si quelqu'un de ma famille vit encore, raconte-lui " Szlomo Grzywacz.
Ils furent dix visages montrés sur une affiche... Puis, comme s'il voulait contrer un antisémitisme stalinien d'après-guerre qui, parfois, pesa sur la reconnaissance du rôle de la FTP-MOI, Aragon mit des mots sur ces visages, pour l'éternité... Puis cette poésie devint chanson... Mais en 1985, une sinistre polémique visait à démontrer que le réseau fut livré par le Parti communiste lui-même, " sacrifiant des troupes devenues encombrantes ". Ignoble tentative, qu'on croyait enterrée. Erreur. Cette semaine, sur Arte, sans débat ni information préalable aux téléspectateurs, le documentaire Des terroristes à la retraite, certes dans une version raccourcie de 12 minutes, a été rediffusé. Il comporte des témoignages émouvants et précieux de résistants survivants, immigrés et juifs, mais il se livre, une nouvelle fois, à une manipulation historique. On connaît la thèse : Philippe Ganier Raymond et l'historien Stéphane Courtois avancent l'idée selon laquelle la direction clandestine du Parti communiste aurait abandonné, voire sacrifié les 23. Voilà l'" hommage " de la télévision aux soixantième anniversaire d'un engagement jusqu'au sang versé, pour la liberté de la France !.
Interrogé par le regretté Philippe Rochette, dans Libération du 21 février 1994, Denis Peschanski analysait : " Je vois quelques raisons au démantèlement. D'abord, les énormes moyens déployés par la police française. Il y a ensuite l'imprudence de jeunes gens : le fait par exemple de déjeuner tous les jours au même endroit, qui permet, après l'échec d'une filature, de retrouver les gens le lendemain à midi. Puis le fait d'avoir fait parler un responsable va permettre de mettre des noms sur un organigramme déjà largement reconstitué. Les FTP-MOI étaient des militants conscients, qui auraient pu se mettre au vert s'ils l'avaient désiré. " Car au printemps 1944, effectivement, d'autres réseaux tombent en France, à Nantes, à Bordeaux. Partout la Milice, qui sent la guerre " tourner " sur le front de l'Est et s'attend au débarquement, flingue à tout va. Des fusillés parmi d'autres, dont plus de 1 000 au Mont-Valérien, auxquels le plasticien Pascal Convert a rendu leurs noms sur une ouvre, une cloche de bronze, exposée dans la clairière, comme le souhaitait Robert Badinter. L'artiste en a tiré un documentaire, Mont-Valérien, aux noms des fusillés, diffusé sur la chaîne Histoire mais que certains ont voulu faire déprogrammer. Ce film est une merveille. Et on ne le montre pas sur une chaîne hertzienne...
" Je t'écris une première et dernière lettre qui n'est pas très gaie : je t'annonce ma condamnation à mort et mon exécution pour cet après-midi à 15 heures, avec plusieurs de mes camarades (...). Je meurs courageusement et en patriote pour mon pays (...). Je te souhaite d'être heureuse, car tu le mérites ; choisis un homme bon, honnête et qui saura te rendre heureuse (...). Vive la France ! " Roger Rouxelle (*).
Février 1944. Face à la mort, par-delà le néant et le temps, le groupe Manouchian tombe mais sa signature, dans le sang, scelle une invulnérable idée de la France. L'Affiche rouge nazie tente de semer la division en appelant au racisme et à la xénophobie. L'inverse se produit. Des inscriptions anonymes fleurissent : " Morts pour la France ". Leur massacre n'arrête pas les combats. Des compagnies poursuivent leur activité en région parisienne et plusieurs milliers de combattants seront sur les barricades du mois d'août, poursuivant jusqu'à la Libération l'ouvre entreprise par les martyrs du Mont-Valérien - et de partout. »
Jean-Emmanuel Ducoin.

Le 21 février 1944, Missak Manouchian et 22 membres de son groupe de FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans - Main d'œuvre immigrée) étaient fusillés par les nazis au Mont-Valérien.

Missak Manouchian

Résistant mort pour la France

Orphelin du génocide arménien, ouvrier et poète, cofondateur de revues littéraires, le futur symbole de la lutte armée contre l'occupant n'avait aucun goût pour les armes.

Figure emblématique de la résistance française, Missak Manouchian était un rescapé du génocide de 1915. Ce fils de paysans né en 1906 à Adiyaman, dans l'Empire ottoman, a 9 ans quand son père est assassiné par les soldats turcs. Sa mère échappe au massacre et parvient à cacher ses deux fils, mais les villages arméniens sont isolés par l'armée. Elle meurt de la famine provoquée par l'armée turque.

Missak et son frère Karabet sont recueillis par des paysans kurdes qui les abritent jusqu'à la fin de la guerre. En 1918, la communauté arménienne organise la récupération des enfants rescapés depuis la Syrie, placée sous contrôle français. Les frères Manouchian sont accueillis dans un orphelinat de Jounieh, au Liban, où Missak apprend le métier de menuisier tout en étudiant la littérature arménienne.

Les deux frères débarquent à Marseille en 1925. Ils vivent d'abord à la Seyne-sur-Mer, près de Toulon, où Missak gagne péniblement sa vie comme menuisier. Karabet tombe malade, en un temps où il n'existe aucune forme de protection sociale. Ils décident alors de monter à Paris, où Missak trouve un emploi d'ouvrier tourneur chez Citröen. Mais la maladie emporte Karabet en 1927. Seul à Paris, Missak Manouchian fréquente la communauté arménienne, s'intéressant plus à l'activité culturelle qu'à la politique. Il s'inscrit à la Sorbonne en auditeur libre et se passionne pour la poésie française, en cette époque d'effervescence poétique marquée par le surréalisme. Il écrit articles et poèmes et participe à la fondation de deux revues littéraires arméniennes.

Les conséquences de la crise de 1929 provoquent une vague de licenciements chez Citröen, et Manouchian se retrouve au chômage au début des années 1930. Il vit de petits métiers dont celui de modèle pour un sculpteur. Hitler s'empare du pouvoir en Allemagne et Missak ne peut être indifférent à la violence qui s'exprime tant dans les discours du Fürher que dans les manifestations des foules fanatisées. Quand cette violence gagne Paris, quand les ligues fascistes marchent sur le Palais Bourbon, le 6 février 1934, il veut agir.

Il adhère au Parti Communiste, répondant à l'appel à l'unité d'action contre le fascisme. Cette date d'adhésion n'est pas sans signification. Manouchian ne semblait jusque-là guère porté sur le mode d'organisation quasi militaire et moins encore sur le sectarisme bolchevik.

Mais en 1934, le PCF tire les leçons de la tragédie allemande : il veut rompre l'isolement et construire un front unique contre le fascisme. Missak Manouchian devient communiste pour conjurer la répétition du génocide, sur d'autres, clairement désignés par les discours exterminateurs d'Adolf Hitler. Pour le PCF, ce n'est pas une recrue ordinaire. Sa participation aux revues arméniennes lui vaut une certaine notoriété dans la communauté. Il est donc tout désigné pour animer le Comité de secours des Arméniens (HOC, suivant la formulation arménienne) qui collecte des fonds pour aider la République soviétique d'Arménie.

Un révolutionnaire professionnel

Au HOC, Missak rencontre une militante du comité de Belleville, Mélinée Assadourian, qui devient sa compagne en 1937. Manouchian devient ce que que l'on nomme, dans le langage du parti, un révolutionnaire professionnel, rédacteur en chef de Zangou , organe du HOC, membre actif du comité de soutien à l'Espagne républicaine. Comme tous ceux qui ont rejoint le PCF pour combattre le nazisme, il vivra douloureusement la période du pacte germano-soviétique. Comble d'horreur, il est arrêté en 1939 pour son rôle d'animateur d'une organisation liée à l'URSS ou, plus exactement, à l'Arménie soviétique. Il ne tarde pas à prouver qu'il ne se trompe pas d'ennemi.

Libéré, il s'engage dans l'armée française ; son régiment, cantonné en Bretagne, ne participera jamais aux combats de 1940. Revenu à Paris, il reprend contact avec le parti, ce qui lui vaut d'être de nouveau arrêté, en juin 1941, lorsque l'Allemagne lance son offensive contre l'URSS. Le PC demande à Mélinée de lui transmettre en prison l'ordre de signer un engagement à n'entreprendre aucune action contre les troupes d'occupation allemandes. Il signe, en sachant que ce reniement sera de pure forme.

Libéré, il passe cependant par une période d'observation. Il survit grâce à l'aide d'un couple d'amis de la famille de Mélinée, Micha et Knar Aznavourian, les parents de Charles Aznavour. Lorsqu'ils sont convaincus de sa droiture, les dirigeants du Groupe de Main-d'Oeuvre immigrée (MOI) du PC confient à Missak Manouchian la direction de la section arménienne.

De la fin 1941 au début 1943, l'objectif est de rallier la communauté arménienne à la cause de l'URSS, alors que la Wermacht avance dans le Caucase et menace la République soviétique d'Arménie.

Le PC a engagé la lutte armée dans Paris, mais les premiers groupes tombent rapidement. Vingt-cinq militants communistes sont condamnés à mort et fusillés en avril 1942. Le PC décide alors d'armer des groupes d'étrangers et la MOI demande à Missak Manouchian de participer à l'action armée en février 1943. Le voici responsable militaire de combattants Francs-tireurs et partisans (FTP), lui qui n'avait aucun goût pour les armes. Ses compagnons sont très jeunes : Marcel Rayman, 20 ans, Thomas Elek, 19 ans...

A 37 ans, il ferait figure de doyen s'il n'avait à ses côtés Imre Glasz, 42 ans, et Armenak Manoukian, 44 ans. Le plus jeune, Wolf Wajsbrot, n'a pas 18 ans. Les jeunesses communistes, menées par Henri Krazucki, 15 ans, apportent un soutien logistique. Ce détachement FTP parvient à terroriser les Allemands pendant plusieurs mois. Des bombes explosent dans les cinémas et les cafés réservés aux soldats allemands. Le groupe abat Julius Richter, général nazi chargé, en France, du recrutement des ouvriers pour les usines allemandes, le fameux STO.

Mais la police française prouve son efficacité à ses maîtres allemands. Missak Manouchian tombe en novembre 1943, alors qu'il se rend à Evry-Petit-Bourg pour rencontrer Joseph Epstein, chef des FTP d'Ile-de-France. L'occupant nazi fera un symbole de son groupe, placardant partout la fameuse Affiche rouge, dénonçant la Résistance comme une « armée du crime » composée d'étrangers. Cette affiche fera entrer Manouchian et ses compagnons dans l'histoire, onze ans plus tard, lorsque Mélinée apportera à Aragon la dernière lettre écrite par Missak, avant d'être fusillé, le 21 février 1944 au mont Valérien.

Guy Konopnicki

(Marianne, Hors série d'avril 2015 : Les Arméniens, une histoire française)

La dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée

21 février 1944, Fresnes

Ma chère Mélinée, ma petite-orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. On va être fusillé cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais, pourtant, je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps. Je m'étais engagé dans l'armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous ! J'ai un regret profond de ne pas t'avoir rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté. Marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi et à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre, tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération. Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes biens chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu.

Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel.

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