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7 avril 2019 7 07 /04 /avril /2019 05:52
Génocide au Rwanda: les trop petits gestes d’Emmanuel Macron (par Ellen Salvi, Médiapart, 4 avril 2019)
Génocide au Rwanda: les trop petits gestes d’Emmanuel Macron
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Le président de la République ne se rendra pas à Kigali pour le 25e anniversaire du génocide. Mais il a promis d’ouvrir à un comité d’historiens trié sur le volet « l’ensemble des fonds d’archives ». Qu’en sera-t-il vraiment ?

Emmanuel Macron se sait observé. À la veille du 25e anniversaire du génocide contre les Tutsis au Rwanda, où 800 000 à 1 million de personnes furent tuées en l’espace de trois mois en 1994, le président de la République a fait le 5 avril une série d’annonces censées répondre à la promesse de nouvelles relations franco-rwandaises. « Nous avons décidé de travailler ensemble de manière pragmatique sur les sujets d’intérêt entre nos deux pays », avait-il déclaré fin mai 2018, lors de la venue à Paris de son homologue rwandais Paul Kagame.

Avant d’ajouter, toujours aussi « pragmatique » : « Il ne s’agit en aucun cas de sous-estimer les difficultés du passé et la complexité de la relation bilatérale, mais […] d’assumer cette complexité, de savoir la surmonter et de penser à l’avenir de nos jeunes générations. » Pour « assumer cette complexité » jusqu’au bout, le chef de l’État aurait pu s’emparer de l’invitation hautement symbolique que lui a adressée Kagame, en se rendant à Kigali où se tiendront dimanche les commémorations des 25 ans. Mais il y a finalement renoncé, choisissant d’envoyer à sa place le député La République en marche (LREM) des Côtes-d’Armor, Hervé Berville.

Des raisons d’agenda ont d’abord été invoquées. « Il y a un contexte national [la crise des « gilets jaunes » – ndlr] qui fait que le président a limité ses déplacements internationaux ces derniers temps », explique une source diplomatique, assurant que si l’Élysée avait « beaucoup réfléchi au signal » à adresser, il n’avait jamais été question que Macron se rende au Rwanda à ce moment précis. C’est donc au Palais qu’il a reçu, vendredi matin, des membres de l’association Ibuka (« Souviens-toi »), auxquels il a annoncé qu’un membre du gouvernement participerait à la cérémonie qui se tiendra dimanche au parc de Choisy, à Paris.

L’éventualité que la France soit représentée le même jour à Kigali par un responsable de haut niveau a-t-elle été envisagée ? « Un signal ministériel, ça nous semblait en dessous de ce qui était attendu, répond la même source. Il y a déjà eu des ministres qui se sont rendus à Kigali. L’idée n’était pas de faire quelque chose qui répétait les expériences précédentes. » Pour Paris, le choix d’Hervé Berville, orphelin rescapé du génocide et arrivé à l’âge de 4 ans en France, où il a été adopté par une famille bretonne, est donc un « signal nouveau en termes de profil, de génération, et de signification du message ». Mais pour beaucoup, il est loin d’être suffisant.

C’est d’ailleurs ce que soulignent près de 300 personnalités dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, initiée par le mouvement antiraciste européen Egam (European Grassroots Antiracist Movement). « Monsieur le président, le 7 avril prochain, votre place est à Kigali. Au sein des plus hauts représentants de la communauté internationale. Auprès des rescapés », écrivent les signataires du texte (parmi lesquels figurent des soutiens du chef de l’État, comme Daniel Cohn-Bendit ou encore une poignée de députés LREM et MoDem), rappelant que « la France [sous le quinquennat de François Hollande – ndlr] avait annulé sa participation aux 20es commémorations du génocide » et que sa présence, pour le 25e anniversaire, serait l’occasion de « réparer cette indignité ».

« Depuis votre élection, vous avez envoyé des signaux laissant espérer une rupture avec le déni et l’omerta qui ont caractérisé la position de la France depuis le génocide, poursuivent-ils. Après vingt-cinq ans, il est désormais temps d’effectuer des pas décisifs pour la vérité et la justice. » Le président de l’Egam, Benjamin Abtan, rappelle qu’Emmanuel Macron avait été le seul candidat, pendant la campagne présidentielle, à parler du Rwanda dans un tweet posté le 7 avril 2017, en hommage aux victimes du génocide et à leurs proches. Le 10 juin de la même année, il y avait de nouveau fait référence dans un discours prononcé à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne). C’est encore lui qui avait pris contact avec Paul Kagame dès son arrivée à l’Élysée, avant de le recevoir un an plus tard à Paris, où le président rwandais ne s’était plus déplacé depuis 2015.

« Il y avait pas mal d’espoirs qu’Emmanuel Macron fasse des choses, qu’il aille plus loin que Nicolas Sarkozy », affirme Abtan. Nicolas Sarkozy qui avait été le premier président français à se rendre à Kigali depuis 1994 et à y reconnaître, en février 2010, de « graves erreurs d’appréciation et une forme d’aveuglement » de la part de la France, sans pour autant présenter d’excuses. Mais ces espoirs ont été douchés par la décision du chef de l’État de rester à Paris le 7 avril. « C’est une grosse occasion manquée », regrette le président de l’Egam, estimant que la représentation choisie par la France « n’est pas au niveau » – d’autant que des parlementaires, Hervé Berville compris, auraient très bien pu faire partie de la délégation.

Au-delà des contraintes d’agenda invoquées pour justifier l’absence d’Emmanuel Macron à Kigali, les autorités françaises ont surtout estimé que la situation n’était pas encore mûre pour un tel déplacement, notamment en raison de procédures judiciaires toujours en cours. L’idée d’un discours a, elle aussi, été écartée, certains jugeant qu’une prise de parole du président de la République serait forcément décevante, dans la mesure où il n’irait pas plus loin, dans l’expression, que Nicolas Sarkozy

 

D’autres sources invoquent également la proximité du pouvoir actuel avec deux personnages clefs de cette période de cohabitation, qui ont toujours vertement récusé les accusations de complicité de génocide : l’ancien secrétaire général de l’Élysée Hubert Védrine et l’ex-ministre des affaires étrangères Alain Juppé. « La France accusée de complicité de génocide, c’est révoltant ! » s’exclamait encore le premier, fin mars, dans Le Figaro. En octobre dernier, le second n’avait pas non plus caché sa colère de voir l’ancienne ministre des affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo, être élue secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) avec le soutien de Macron.

Aucun spécialiste du génocide des Tutsis dans le comité

Dans les arcanes du pouvoir, pour expliquer qu’Emmanuel Macron n’aille pas plus loin que Nicolas Sarkozy en terme de reconnaissance, plusieurs personnes pointent enfin le poids des armées, avec lesquelles le président de la République entretient déjà des relations fort complexes depuis le limogeage brutal, en juillet 2017, de leur ancien chef d’état-major, Pierre de Villiers. Or les armées sont, on le sait, directement concernées par le sujet. Au début des années 1990, jusqu’à mille soldats français avaient été déployés au Rwanda.

L’opération « Turquoise », menée à l’époque par l’armée française et présentée comme une opération humanitaire, avait permis, par la création d’une « zone sûre » à l’ouest du pays, de protéger de nombreux tueurs en fuite devant l’avancée du Front patriotique rwandais (FPR). Dans un récent entretien accordé à Mediapart et à la cellule investigation de Radio France, le général Jean Varret dénonçait encore les « fautes » de la France commises sous la pression d’un « lobby militaire ».

Malgré les nombreux travaux d’historiens et de journalistes, corroborés par les témoignages d’anciens militaires, documentant l’implication des autorités et de l’armée françaises dans le génocide, le gouvernement continue de s’en tenir à la conclusion du rapport de la mission d’information parlementaire, datant de 1998 : « Si la France n’a pas apprécié à sa juste valeur la dérive politique du régime rwandais, elle a été le pays le plus actif pour prévenir la tragédie de 1994. » Ce rapport de Paul Quilès a finalement « absous la France et ses soldats de toute responsabilité », explique Laurent Larcher dans son enquête Rwanda, ils parlent (Éditions du Seuil, 2019). Et vingt ans après sa rédaction, il permet encore à la France d’éviter d’affronter son histoire.

C’est encore à ce rapport que Florence Parly a choisi de se référer, le jour où elle a été interrogée par Larcher sur les révélations de l’ancien officier artilleur engagé dans l’opération « Turquoise », Guillaume Ancel (Rwanda, la fin du silence, éd. Les Belles Lettres, 2018). « Je constate qu’en France, seule une thèse a le droit d’être exposée dans les médias, avait confié la ministre des armées, en mai 2018. Après, cet officier peut continuer d’expliquer des choses qui, il me semble, ne sont pas corroborées par les informations issues des documents déclassifiés et analysés par la commission parlementaire. Je ne peux que le regretter parce que de très nombreux militaires voient tous les jours leur honneur bafoué. Et surtout, je ne souscris pas du tout à cette idée selon laquelle la France serait à l’origine du génocide : c’est contraire à la vérité. »

C’est peu ou prou ce que l’amiral Jacques Lanxade, ancien chef d’état-major des armées (de 1991 à 1995) sous François Mitterrand, a lancé à Guillaume Ancel, le 20 mars, à l’occasion d’un débat à huis clos organisé à Sciences-Po Paris et réservé à ses seuls étudiants. « Ce qui m’est un peu plus désagréable, c’est que la publication de votre livre est venue relancer et alimenter des attaques tout à fait inacceptables et injustes sur l’action de la France et sur les officiers français qui ont exécuté strictement les ordres qu’ils ont reçus », lui a-t-il dit, comme le rapporte Le Monde, avant de lancer à l’assistance, sûr de son fait : « Quand on ouvrira les archives, vous verrez qu’il n’y a rien ! »

L’historien Stéphane Audoin-Rouzeau, l’un des plus grands spécialistes du sujet, a récemment expliqué dans La Croix que ce sont aussi ses propos sur les soldats français qui lui ont valu d’être aujourd’hui écarté du comité d’historiens et de chercheurs chargé de travailler sur les archives concernant le rôle de la France au Rwanda, dont Emmanuel Macron a dévoilé les contours lors de sa rencontre avec l’association Ibuka. « On m’a fait comprendre que mes propos, notamment sur l’armée française, interdisaient que je fasse partie de cette commission. Cela aurait mis tous les feux au rouge et aurait empêché le travail de la commission », a affirmé Audoin-Rouzeau, citant notamment un article publié en 2010 dans la revue Esprit.

Le chercheur de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) y écrivait que « certaines accusations [du rapport Mucyo – ndlr] sur le comportement des soldats français ne pouvaient pas être balayées d’un revers de main » : « Cela concernait une forme d’abstention aux barrières dans la zone Turquoise et également, des effets d’aubaine sexuelle sur des rescapées protégées par des Français mais également violées par certains d’entre eux. » Toujours selon lui, Hélène Dumas, autre spécialiste du sujet, aurait également été écartée dudit comité. Contactés par Mediapart, ni l’un ni l’autre n’ont répondu à nos sollicitations.

« Cette commission fait l’objet de beaucoup de spéculations, nuance une source diplomatique. Personne n’en est a priori exclu, mais personne n’en est non plus membre de façon automatique. La dernière chose qu’on souhaiterait faire, c’est quelque chose qui ressemble à l’écriture d’une histoire officielle. » Dans les faits, comme on l’a appris vendredi, aucun spécialiste du génocide des Tutsis ne figure dans la liste des chercheurs retenus. « Un choix méthodologique totalement assumé », argue l’Élysée. « Cette commission va devoir investiguer de manière précise sur les processus de décisions. Comment elles ont été prises, sur quelles bases, avec quelles informations, comment elles ont été influencées, quelles informations ont été prises en compte ou n’ont pas été prises en compte, si c’est le cas.... »

Pour établir un « diagnostic le plus objectif possible » et éviter que ressurgissent « les clivages anciens » et les « a priori » des uns et des autres, poursuit un conseiller de la présidence, le comité réunira des « personnes qui connaissent le processus des décisions publiques, des personnes qui connaissent le maniement des archives publiques, et des personnes qui ont une expérience de travail sur des contextes hors norme, qui ont travaillé sur les actes des génocides ». Mais aucune qui ne maîtrise parfaitement ce sujet précis, donc.

« Il faut désormais un discours de la vérité »

L’idée d’un déplacement du président de la République à Kigali ayant été abandonnée pour les raisons invoquées plus haut, la mise en place de ce comité est présentée l’une des annonces phares du chef de l’État dans le cadre des 25 ans. Cette proposition avait d’ailleurs été formulée par ses soins dès mai 2018. « Un groupe de chercheurs sera constitué dans les mois à venir » pour « faire progresser notre connaissance sur l’un des pires drames de la fin du XXe siècle », avait-il indiqué lors d’une conférence de presse commune avec Paul Kagame.

Et d’ajouter : « L’enjeu fondamental, c’est celui de la place du génocide des Tutsis dans notre mémoire collective. Ce travail de mémoire, c’est un impératif et un devoir. Il est temps de mener un travail apaisé, documenté, et d’y consacrer les moyens nécessaires. » Comme nous l’écrivions quelques jours plus tôt, la présidence de ce comité a été proposée à l’historien Vincent Duclert, directeur du Centre d’études sociologiques et politiques Raymond-Aron (CESPRA), chercheur titulaire à l’EHESS et professeur associé à Sciences-Po.

Inspecteur général de l’éducation nationale, Duclert est aussi l’auteur du « Rapport de la Mission d’étude en France sur la recherche et l’enseignement des génocides et des crimes de masse », remis en février 2018. Dans la lettre de mission qui lui a été adressée et que Mediapart a pu consulter, le président de la République écrit souhaiter que « ce 25e anniversaire marque une véritable rupture dans la manière dont la France appréhende et enseigne le génocide des Tutsis ». Ainsi veut-il permettre au comité de « consulter l’ensemble des fonds d’archives français disponibles » sur la période 1990-1994, afin de rédiger un rapport « dans un délai de deux ans », avec une note intermédiaire prévue au bout d’un an.

Pour mener à bien leurs travaux, les membres de ce comité bénéficieront « à titre exceptionnel, personnel et confidentiel », d’une « habilitation générale d’accès et de consultation » de l’ensemble des fonds d’archives français sur la période en question : archives de la présidence, du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, du ministère des armées, et de la mission d’information parlementaire sur le Rwanda. Ils pourront ainsi prendre connaissance de tous les documents, y compris ceux qui sont encore classifiés.

« C’est quelque chose d’assez inédit », se réjouit une source diplomatique, estimant que « toutes les conditions seront réunies » pour que l’engagement du président de la République soit tenu. Cette démarche comporte toutefois un écueil : comme l’avait expliqué Mediapart en 2015, lorsque François Hollande avait promis l’ouverture des archives de l’Élysée relatives au Rwanda entre 1990 et 1995, la plupart des documents sont déjà connus depuis plusieurs années. Ceux qui ne le sont pas, et qui ont sans doute le plus d’intérêt, se trouvent dans les archives présidentielles de François Mitterrand et dans le fonds Rwanda 1990-1998, conservé au service historique de la défense au Château de Vincennes (Val-de-Marne) et dans les tiroirs de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), dont une partie seulement sera accessible.

Protégées, comme le fonds Rwanda 1990-1998, pour un délai légal de 60 ans, les archives présidentielles de François Mitterrand ne peuvent être consultables qu’après accord de la mandataire Dominique Bertinotti, membre du conseil d’administration de l’institut éponyme dont le président n’est autre… qu’Hubert Védrine. « Cette impossibilité d’accéder à des archives publiques récentes, qui relève des normes d’un État démocratique et qui est aussi une protection accordée au citoyen, nourrit sur cette faillite collective face à un génocide le soupçon d’une entreprise de verrouillage de la vérité qu’attendent beaucoup de Français », souligne Vincent Duclert, dans Le Monde.

À l’Élysée, on se veut toutefois confiant sur l’issue du processus. « Ces fonds-là feront l’objet d’une demande de la commission auprès de la mandataire, explique un conseiller présidentiel. Jusqu’à présent, tout laisse penser que la réponse sera positive. » D’autant que beaucoup de choses ont été concédées pour ne pas froisser la Mitterrandie. À ce titre, le fameux « choix méthodologique » pour lequel le Palais a opté en écartant les spécialistes du sujet, est loin d’être anodin : « Il va permettre l’accès exhaustif à l’ensemble du tableau », glisse le même conseiller.

Pour Benjamin Abtan, « le sujet n’est de toute façon pas celui des archives ». « Se concentrer sur cette question est une diversion, estime le président de l’Egam. La connaissance de l’histoire, on l’a déjà. On sait qu’une politique de collaboration a été menée avant, pendant et après le génocide par des responsables placés au plus haut niveau de l’appareil d’État. » Rappelant qu’Hubert Védrine avait lui-même reconnu en 2014, lors de son audition par la commission de la défense de l’Assemblée nationale, l’existence de livraisons d’armes à l’armée rwandaise pendant le génocide des Tutsis, Abtan estime que seule « une reconnaissance au plus haut niveau de l’État des faits qui sont établis » est aujourd’hui nécessaire.

Un « discours de vérité » qui devrait inévitablement entraîner, selon lui, une réponse judiciaire : « Il y a beaucoup de génocidaires qui vivent en toute impunité en France. », dit-il. Vendredi, le président de la République a annoncé « le renforcement des moyens du pôle du Tribunal de Grande Instance chargé du traitement des procédures relatives au génocide des Tutsi au Rwanda » et « l’augmentation des effectifs de police judiciaire, afin que les génocidaires présumés faisant l’objet de poursuites puissent être jugés dans un délai raisonnable », précise un communiqué de presse de l’Élysée.

 

Mais pour le président de l’Egam, les gestes d’Emmanuel Macron réalisés à l’occasion des 25 ans du génocide, tout comme l’absence de gestes d’ailleurs, ne changeront in fine rien aux alliances récemment nouées entre Paris et Kigali – où la France n’a plus d’ambassadeur depuis 2015. « C’est un scandale d’État, mais ça n’est toujours pas un sujet au centre des intérêts… » souffle-t-il.

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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 07:35
Agnès Varda a marqué les esprits par ses choix esthétiques et idéologiques (Pierre Dharréville et Fabien Roussel - PCF)

Agnès Varda a marqué les esprits par ses choix esthétiques et idéologiques (Pierre Dharréville et Fabien Roussel - PCF)

Elle a été la femme de la Nouvelle vague, auteure d’une cinquantaine d’œuvres. Son travail a encore été récemment célébré en février où elle a reçu la caméra de la Berlinade 2019. Expérimentatrice de génie, créatrice audacieuse, sa vie et son œuvre échappent à toute définition. Elle a travaillé tous les genres du cinéma, de la fiction au documentaire… Sans être militant son cinéma était en prise avec la réalité du monde, porté par un questionnement progressiste. Elle compagnonnait entres autres avec le mouvement féministe, comme en témoigne par exemple « L’une chante, l’autre pas ».

« Beaucoup de mes films sont aimés, disait-elle, et ça c’est une récompense extraordinaire ». En parlant de son documentaire « Varda par Agnes », elle expliquait : « c’est une façon de dire au revoir, parce que je ne veux plus parler de mes films ».

Les communistes lui disent au revoir et s’inclinent devant cette femme de convictions ayant bâti une œuvre précieuse et originale.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord,

Pierre Dharréville, Responsable de la commission Culture au PCF, député des Bouches-du-Rhône,

Le 29 mars 2019.

Clap de fin pour Agnès Varda
Vendredi, 29 Mars, 2019

La cinéaste, une des rares réalisatrices de la « Nouvelle vague » est décédée dans la nuit de jeudi à vendredi. Elle avait 90 ans.

 

Infatigable, Agnès Varda devait ce week-end inaugurer une exposition à Chaumont-sur-Loire. Mais dans la nuit de jeudi à vendredi ses forces l’ont définitivement abandonnée et elle est morte à l’âge de 90 ans. Depuis des mois elle luttait contre un cancer.

Née en Belgique en 1928, elle fut cinéaste, mais aussi photographe et plasticienne. Réalisatrice de documentaires elle signa aussi des films de fiction et fut une des rares femmes réalisatrices de la Nouvelle vague conduite par Truffaut, Godard, etc. Elle a été la compagne du cinéaste Jacques Demy.

La cinéaste reçoit un César d'honneur en 2017

On lui doit notamment Cléo de 5 à 7 réalisé en 1962 ; Ulysse en 1984, récompensé du César du meilleur court-métrage documentaire ; Sans toit ni loi,  Lion d’Or à la Mostra de Venise en 1985 ; Les glaneurs et la glaneuse en 2000 ; ou encore Les plages d’Agnès en 2009, César du meilleur film documentaire. Au chapitre des récompenses, signalons encore un César d’honneur en 2001 pour l’ensemble de son œuvre ; le prix René Clair de l’Académie Française en 2002 ; une Palme d’honneur à Cannes en 2015 ; un Oscar d’honneur en 2017 ; la Caméra de la Berlinade en 2019.

Dans son dernier documentaire Varda par Agnès diffusé le 18 mars dernier sur Arte, et que l’on peut voir en replay jusqu’au 17 mai, la cinéaste se livrait à une longue confession/introspection. Elle y expliquait notamment son attrait pour filmer la vie autour d’elle : « J’aime les documentaires, et je sais qu’il y en a de très beaux, qui ont été faits loin dans le monde. Moi j’ai envie de filmer ce que je connais. ‘’Daguerréotypes’’ a été fait dans la rue où j’habite ».

Gérald Rossi avec l'AFP

Agnès Varda ou le bonheur de glaner en famille
Vendredi, 29 Mars, 2019

Par Michèle Levieux.

Agnès a toujours fait partie de ma vie et de la nôtre bien sûr. Adolescente rebelle, j’ai découvert le Bonheur (1965) qui m’a conforté dans le fait que nous n’étions nullement obligés de vivre selon la bien « pensance » environnante. Puis j’ai vu la Pointe courte (1955), c’était l’époque où mes Universités se tenaient entre deux palais, celui des papes à Avignon où régnait le théâtre et Jean Vilar et celui de Chaillot où régnait un autre « pape », du cinéma cette fois, Henri Langlois L’ombre d’Agnès n’était jamais loin. Elle photographiait alors autour de Gérard Philipe, Jeanne Moreau et Philippe Noiret toute la troupe du Théâtre National Populaire avant qu’à la Cinémathèque française nous puissions y découvrir ses premiers films. Et je n’oublierai jamais que le son strident des trompettes annonçant le début imminent des représentations du TNP qui nous faisait courir dans les couloirs du théâtre de Chaillot était celui des joutes de Sète, la ville de Jean Vilar où Agnès, la petite grecque née à Bruxelles, en 1928, avait passé la première partie de sa vie. D’où la Pointe courte, du nom du quartier des pêcheurs sétois, avec Philippe Noiret, qui a fait d’Agnès Varda la grande sœur de la Nouvelle vague. 
 
Très vite, c’est la famille Varda-Demy qui fera partie de notre vie puis de notre patrimoine national. Avec Rosalie, la fille aînée puis Mathieu, le petit. La famille s’agrandit en musique avec Michel Legrand, qui dans Cléo de 5 à 7 (1962) contribue en personne à l’œuvre, puis avec une kyrielle d’acteurs, Catherine Deneuve et Michel Piccoli en tête, en inoubliable couple des Créatures (1966), Sandrine Bonnaire, toute jeune en Mona dans Sans toit ni loi (1985), film qui valut à Agnès un Lion d’or à Venise. Mais surtout en évoquant Agnès, il me revient une foule de souvenirs. Le premier est sûrement lié à sa défense de la photographie en 1983, lorsqu’elle initie à la demande de FR3, une émission qui se nommait « Une minute pour une image » avec Ulysse, une photo prise en 1954 et représentant une chèvre morte, un enfant et un homme nu au bord de la mer. « En fouillant le sable de la mémoire, on tombe sur des os… » disait Agnès à ce propos, elle qui s’était faite des plages sa demeure de prédilection ne cessera de fouiller le sable et de se battre pour la mémoire. A travers celle de la rue Daguerre à Paris, qu’elle habitait, elle évoquera dans Ulysse, un film court autour de la fameuse photo, César du meilleur court métrage en 1982, « la maladie d’un enfant, cette chère rue Daguerre alors populaire, l’intégration des Républicains espagnols, le Théâtre national populaire, l’amour familial et le temps qui n’est plus le même quand on regarde le bord de l’eau ». 
Jacques Demy disparu, Agnès lui a « fait » un film sur son enfance et son immédiat amour du cinéma, Jacquot de Nantes (1991). Nous l’avons présenté au festival de Moscou dans un joyeux désordre perestroïkien, le son étant trop fort, Agnès voulait absolument aller dans la cabine et lorsqu’enfin par un petit escalier en colimaçon nous sommes arrivées là, la vodka coulait à flot parmi les projectionnistes. Ignorant qui nous étions, ils nous ont tout de suite invités à boire avec eux. Dans ces rares cas, Agnès pouvait être désarmée… Lorsqu’au cours d’un dîner avec Aleksandr Sakourov à Paris, Agnès m’a fait part de son projet de fêter non pas les vingt ans de la disparition de Jacques (1990) comme le proposait la ville de Nantes en 2010 mais plus joyeusement les cinquante ans du tournage de Lola (1960) - toujours un anniversaire mais vivant ! -, j’ai vraiment été très heureuse de faire partie de la sortie en « famille » en compagnie d’Anouk Aimée, Michel Piccoli, et tous les Varda-Demy. Je me souviens à cette occasion de ma rencontre lors d’un dîner à la Cigale où le fantôme de Lola, en présence d’Anouk, planait plus que jamais, avec l’ami de Los Angeles, Alain C. Ronay, qui intime de Jim Morrison, me contait en compagnon de route, les aventures américaines de Jacques et Agnès. A l’époque de Lions Love (1968), alors que Robert Kennedy était assassiné et qu’un coup de feu avait été tiré sur Andy Warhol.
 
Après son film les Glaneurs et la Glaneuse (2000) et la découverte d’une petite caméra, Agnès se fait elle-même glaneuse en toute légalité. Je me souviens des pommes de terre en forme de cœur qu’elle avait incorporées dans une installation exposée à La Rochelle. Les dernières fois que j’ai rencontrées Agnès, elle était toujours joyeuse : il y a un an, elle exposait des cabanes, petites et grandes, dans une galerie du Marais. De bon matin, tout de rose vêtue, avec un sac à main de couleur rose fluo en plastique - Agnès aimait le côté fluo du plastique - elle m’a fait visiter ses cabanes. J’étais particulièrement touchée par les tournesols dans « la serre du bonheur », recouverte de la pellicule du film, le Bonheur, en entier. Puis j’ai revu Agnès en février dernier à Berlin, lors d’une cérémonie qui ressemblait à des adieux : elle recevait la Caméra de la Berlinale, avec panache comme toujours et s’adressait à nous - nous faisant revivre notre propre vie - en revisitant avec humanité et humour son immense voyage dans le cinéma, présentant son ultime œuvre, Varda par Agnès (2019). « Voilà, tout est simple », disait encore hier Agnès Varda, « on part d’une petite rêverie et ça devient une œuvre. » 
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29 mars 2019 5 29 /03 /mars /2019 07:07
Injustice. 29 mars 1919, l’assassin de Jaurès est acquitté (Gilles Candar, l'Humanité, 29 mars 2019)
Injustice. 29 mars 1919, l’assassin de Jaurès est acquitté
Vendredi, 29 Mars, 2019

Coup de tonnerre ! Ils ont assassiné le directeur de l’Humanité une seconde fois ! Le jury décide l’acquittement : Raoul Villain échappe à la condamnation.

Le scandaleux verdict du 29 mars 1919 n’a jamais cessé de surprendre et scandaliser. L’Humanité du lendemain titre sobrement : « On attendait un verdict de justice. (…) Le jury a acquitté l’assassin de Jaurès ! ». Pourquoi ? Les réponses n’ont pas manqué, et, après Jean Rabaut, l’historienne Jacqueline Lalouette y est revenue dans son livre Jean Jaurès, l’assassinat, la gloire, le souvenir (Perrin, 2014).

Personne ne conteste que Raoul Villain a tué Jean Jaurès le 31 juillet 1914. Mais le jury souverain est libre d’acquitter s’il estime l’acte ou l’accusé excusable pour une raison ou une autre, sans avoir à motiver sa décision. Des précédents existent puisque M me Caillaux avait été acquittée en 1914 du meurtre du directeur du Figaro. La violente campagne de presse avait alors paru expliquer un geste passionné.

Mais ici ? La signification politique et sociale du verdict semble claire. Anatole France le dit nettement : « Travailleurs, Jaurès a vécu pour vous ; il est mort pour vous ! Un verdict monstrueux proclame que son assassinat n’est pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui défendent votre cause. Travailleurs, veillez ! » ( l’Humanité du 6 avril 1919).

L’indignation et la colère ressenties sont telles qu’elles résonnent encore des décennies plus tard. On a souvent discuté des motivations de l’attitude du jury : nationalisme, conservatisme, crainte de mouvements sociaux, alors que la révolution en Russie inquiète, indifférence civique plus répandue qu’on l’imagine... Cela n’explique pas tout.

La stratégie de la partie civile interroge aussi. La famille s’est entièrement reportée sur le Parti socialiste : attitude légitime puisque Jaurès a été assassiné en raison de son rôle politique. Professionnels du barreau, les avocats choisis sont surtout des politiques : Joseph Paul-Boncour, député rallié au Parti socialiste en raison de l’Union sacrée, Ducos de La Haille, membre de la direction, d’une sensibilité proche, et André Le Troquer, qui représente l’ancienne minorité, devenue depuis peu majoritaire. Leurs choix sont clairs. Ils veulent à la fois exalter le patriotisme républicain de Jaurès et affirmer l’unité du parti. De nombreux témoins, universitaires, personnalités, généraux et autres, sont convoqués pour dire tout le bien qu’ils pensaient de Jaurès. Même Marcel Cachin, qui suit la consigne, dépose... en relatant à quel point le roi Victor-Emmanuel III d’Italie, qu’il a rencontré, admire l’Armée nouvelle, la grande œuvre de Jaurès. Sans doute, mais est-ce le sujet ? Les socialistes n’avaient-ils pas envisagé avant la déclaration de guerre de lutter contre son déclenchement ? De prôner un mouvement international fortement contestataire, pour ne pas dire davantage, susceptible de l’empêcher ? Talent et sincérité de la partie civile ne sont pas en cause, mais trop de fine politique nuit parfois au droit... et au bon sens.

Nouveaux et anciens majoritaires du parti en cours de rassemblement ont voulu échapper aux sujets qui fâchent : la guerre était-elle évitable ? Fallait-il agir ? De quelle manière ? Peut-être n’était-ce pas le lieu, mais alors pourquoi autant de célébrations de la pensée et de l’action de Jaurès ? Au lieu de centrer le débat sur l’assassinat, les avocats ont voulu glorifier la victime. Et le piège s’est refermé. Il n’était pas difficile aux avocats de la défense de faire valoir que l’accusé, au demeurant habile à jouer son rôle, faible, fragile, pouvait croire de bonne foi que les socialistes allaient s’opposer à la mobilisation. Après tant de morts, et près de cinq ans de prison pour l’accusé, le temps avait passé, il fallait tourner la page...

À quelque chose, malheur est bon ? Les conséquences du scandale se révèlent diverses. D’une certaine manière, il contribue à la gloire de Jaurès, comme assassiné une deuxième fois. Surtout, l’émotion est telle que le mouvement ouvrier et la gauche dans son ensemble réagissent : motions, protestations, réunions. Une immense manifestation, de la place Victor-Hugo à la maison de Jaurès, réunit le 6 avril vingt à trente fois plus de monde qu’à ses obsèques, intervenues lors de la mobilisation. C’est depuis 1914 la première manifestation parisienne, grondeuse, vivante, internationaliste – une délégation chinoise est particulièrement applaudie – alors que le pays n’est pas encore sorti de l’état de siège et de la mobilisation. Cette fois, l’Union sacrée est vraiment terminée, avec la démission des socialistes commissaires du gouvernement, la fin de bien des illusions sur la concorde sociale possible dans la France de l’après-guerre.

Quant à Villain, son sort ne fut pas trop réjouissant. Malgré divers secours idéologiques ou familiaux, il vivote sans trouver d’emploi stable, boycotté par ses collègues quand son identité est connue. Réfugié à Ibiza, il est tué en septembre 1936 par des antifranquistes dans des conditions demeurées obscures.

Gilles Candar

Historien, président de la société d’études jaurésiennes

 

Lire aussi:

"Le socialisme de Jean Jaurès: humaniste, internationaliste, républicain, révolutionnaire! - par Ismaël Dupont

Injustice. 29 mars 1919, l’assassin de Jaurès est acquitté (Gilles Candar, l'Humanité, 29 mars 2019)
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21 mars 2019 4 21 /03 /mars /2019 14:50
COMMUNIST'ART: Frida Kahlo - par Hector Calchas

Frida Kahlo

- par Hector Calchas

C’est dans une maison bleue à Coyoacan au sud de Mexico que Frida voit le jour, en 1907. Dès son enfance, on lui diagnostique une maladie handicapante qui lui vaut, petite, le surnom de « Frida la boiteuse ». Après son adolescence et des études qu’elle quittera prématurément, le hasard lui fait rencontrer Diego Rivera. Peintre muraliste de notoriété, communiste, elle en tombe amoureuse et l’épouse au grand dam de sa famille. Elle est de moins de 20 ans sa cadette mais qu’importe, Frida est une jeune femme libre et indépendante. Elle milite contre le machisme ambiant et défend l’idée de l’émancipation des femmes. Son amie photographe, Tina Modotti la conduira sans peine à s’inscrire au Parti Communiste mexicain. Toujours au service du peuple et de la révolution, c’est en 26, après avoir frôlé la mort dans un accident de tramway qu’elle se décide à peindre. De multiples fractures viennent se greffer à une santé déjà défaillante et l’obligent à  rester assise. Son courage exemplaire lui donne cependant les ailes nécessaires pour poursuivre coûte que coûte son dessein.

En 36, la militante et courageuse Frida, souhaite rejoindre les révolutionnaires antifascistes. Mais c’est à la maison bleue (La casa Azul) que se joue son destin. Avec Diego, elle y accueille Trotski et son épouse. Trotski le fugitif, « l’homme à abattre ». Elle deviendra un temps sa maîtresse sans que Diego ne s’en offusque. Ses conquêtes successives, sa soif de liberté ne laissent place à aucune jalousie. Rien ne peut entraver leur amour mutuel. Le surréaliste André Breton rend visite à Trotski et c’est dans le jardin tropical de la maison bleue qu’il le rencontrera pour la première fois. Ce même jardin peuplé de plantes tropicales, d’un perroquet, d’un singe, d’un raton laveur où Trotski sera bientôt assassiné.

En 39 Frida part à Paris pour y exposer ses œuvres. Elle mésestime ses qualités de dessinatrice mais Diego est là pour la rassurer. Miro, Picasso, Kandinsky saluent d’une même voix son travail. Mais seul Marcel Duchamp trouve grâce à ses yeux. Frida conspue ces artistes français qui se prennent pour les dieux du monde. « Ces fils de pute qui parlent sans discontinuer » écrira-t-elle à Diego. Le Louvre acquiert un de ses autoportraits mais rien ne la console. Elle a hâte de retrouver le Mexique. A son retour Diego veut divorcer. Elle y consent malgré-elle et se jette dans le travail. Ils se remarieront très bientôt. Frida souffre du dos. Elle subira plusieurs opérations à la colonne vertébrale qui lui occasionneront des douleurs effroyables. Et comme pour parachever son supplice une gangrène obligera les chirurgiens à l’amputer d’une jambe. Diego reste à ses côtés. Solidaire, toujours. Elle décède en 1954. « Viva la Vida » sont les derniers mots qu’elle écrira sur son ultime tableau, comme pour conjurer le sort cruel que la vie lui avait sournoisement réservé. A l’initiative de Diego Rivera, la maison bleue subit alors des transformations pour renaître sous les traits d’un musée. Le musée Frida Kahlo. Un musée à sa gloire, comme un dernier hommage.

 

Autoportrait avec collier. Le tableau blessé. La colonne brisée.  Moi et mes perroquets. Moi et ma poupée.

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Mexique enchanté, Mexique maudit, Mexique de l'art et de la culture révolutionnaires: une exposition magnifique au Grand Palais à Paris sur les artistes du Mexique entre 1900 et 1950

 

 

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20 mars 2019 3 20 /03 /mars /2019 09:08
75 ans de casse de la sécurité sociale - par Michel Etiévent, L'Humanité, 14 mars 2019
75 ans de casse de la sécurité sociale
Jeudi, 14 Mars, 2019

Par Michel Etievent, historien et biographe d’Ambroise Croizat.

En 1945, dans un pays ruiné, le gouvernement de la Libération, sous l’inspiration du CNR et d’Ambroise Croizat, imposait la Sécurité sociale. Dans le même pays, en 2019, cinquième puissance du monde, 30 % des Français renoncent à se soigner. Entre-temps, la « Sécu » est passée au laminoir.

Plus de soixante-dix ans de casse ont éloigné l’institution de ses principes fondateurs. L’hostilité de la droite et du patronat s’engage dès 1946. Ils évoquent la lourdeur que font peser sur l’économie ce qu’ils nomment des « charges ». Les cotisations sociales ne sont en rien des « charges ». Parties intégrantes de la rémunération, elles sont un salaire socialisé.

Ainsi que l’écrit Michel Cialdella, conseiller CGT : « L’entreprise est le résultat du travail de générations de salariés sans lesquels il n’y a pas de richesse créée. Il est légitime qu’une part de ces richesses aille à leur protection sociale. Les véritables charges sont financières (actionnaires, intérêts). » Tandis que de Gaulle instaure, dès 1960, le contrôle d’État sur les budgets et le renforcement du pouvoir des directeurs, le CNPF lance une violente campagne anti-Sécurité sociale : « Les travailleurs doivent se couvrir eux-mêmes. Les compagnies d’assurances sont faites pour cela. » Les ordonnances de 1967 cassent l’unicité du système. Les élections sont supprimées, tandis que s’impose le paritarisme.

Les plans Barre, Veil accélèrent les déremboursements, alors qu’Yvon Chotard qualifie le système de « machine irresponsable conduisant les hommes à n’acquérir qu’un complexe d’assistés. L’économie va s’effondrer sous les charges » ! Le propos est erroné au regard des chiffres du CNPF lui-même. Selon ce dernier, la part des prestations de Sécurité sociale rapportée au revenu national était de 20,30 pour l’Allemagne, 19,50 seulement pour la France. Instauration du forfait hospitalier, décrets Dufoix, plan Seguin prolongent la baisse des remboursements.

En 1990, Michel Rocard instaure la Contribution sociale généralisée. Ouvrant la fiscalisation accélérée de la Macronie, elle désengage les entreprises en ponctionnant salariés et retraités. Viendront les réformes Veil-Balladur qui font passer à quarante ans la durée de cotisation pour le droit à une retraite pleine, tandis qu’avec A. Juppé, naît la Contribution au remboursement de la dette sociale. Ainsi se dirige-t-on, selon le Syndicat des médecins libéraux, vers « le grand tournant libéral annonçant la fin du monopole de la Sécurité sociale en partenariat avec AXA ». Ce projet se précise jusqu’en 2013 : instauration des franchises, réforme des retraites, exonérations de cotisations patronales estimées en 2018 à 25 milliards d’euros ! Ces déstructurations servent un objectif clair : privatiser l’outil. L’argent de la Sécurité sociale, 537 milliards d’euros, suscite des appétits. Claude Bébéar, président d’AXA, déclarait : « La santé est un marché, la concurrence doit s’exercer librement. »

Centrée sur l’obsession de la réduction des coûts salariaux, la gestion capitaliste pousse à organiser l’exclusion de nombreux salariés et augmenter le poids supporté par la Sécurité sociale. Aucun instrument d’analyse n’a été prévu pour mesurer les effets bénéfiques de la « Sécu ».

La comptabilité n’enregistre que les coûts, négligeant les effets des prestations dans la santé de la nation. Citons en quelques-unes : moteur du développement, la Sécurité sociale stimule la recherche et les progrès de la médecine. Elle est un vecteur de l’allongement de la durée et de la qualité de la vie. N’oublions pas également le rôle joué par l’institution lors des « crises » financières. Fondée sur la solidarité, elle a fonctionné comme un « amortisseur social ». Même ses pourfendeurs louent son efficacité. Ainsi, Christine Lagarde : « La Sécurité sociale a été critiquée pour sa lourdeur, mais en période de crise, contrairement aux autres nations, elle nous aide fortement à résister au ralentissement économique. » Belle reconnaissance quand on songe que Denis Kessler incitait à détricoter un « système ringard, hérité du CNR, des communistes et de la CGT ». La recherche de la rentabilité pousse à réduire les dépenses considérées comme des « charges ». C’est cette logique qu’il faut changer en tenant compte des besoins vitaux de la population. Il convient tout d’abord de consolider un système assis sur la création de richesses dans l’entreprise.

Ce type de financement s’inscrit dans une logique de responsabilisation des entreprises sur la protection sociale. Plusieurs mesures pourraient être engagées dont une réforme de l’assiette des cotisations. Sa base de calcul n’a pas évolué à la même vitesse que les modes de production ou les marchés boursiers.

Près de 318,2 milliards de revenus financiers échappent au financement de la protection sociale. Soumis à cotisations, ils rapporteraient 84 milliards. Que dire des paradis fiscaux où s’évadent près de 100 milliards ! Évasion fiscale rime aussi avec « évasion d’emplois ». Cette hémorragie est autant de cotisations perdues.

Une politique de protection sociale exige une ambitieuse politique de l’emploi (1 % de masse salariale représente 2 milliards d’euros pour la Sécurité sociale). Elle ne peut se passer d’un programme de prévention. Selon une enquête, près de 2 millions de personnes travaillent dans des milieux cancérigènes. Le coût des maladies professionnelles représenterait 68 milliards d’euros !

L’avenir réclame, parallèlement, une autre gestion de la filière pharmaceutique, une maîtrise publique dans le sillage d’une nationalisation. S’impose enfin une gestion démocratique de la protection sociale. Il est plus qu’urgent de revenir à des conseils d’administration disposant de véritables pouvoirs sous le contrôle des salariés et des usagers.

 
75 ans de casse de la sécurité sociale - par Michel Etiévent, L'Humanité, 14 mars 2019
Les jours heureux. « Toujours jeune » malgré ses 75 ans
Vendredi, 15 Mars, 2019 - L'Humanité

Dans cette période de crise intense, il faut relire le programme du Conseil national de la Résistance, adopté le 15 mars 1944, pour saisir toute la modernité de ce texte.

A u sortir d’une Seconde Guerre mondiale qui avait laissé le pays exsangue (plus de 20 % du capital immobilier détruit, près d’un million de ménages sans abri, des villes entières rasées comme Caen, Brest, Le Havre), il fallait un consensus national pour remettre la France sur pied. Le monde ouvrier et paysan avait payé un lourd tribut et on s’apprêtait à lui demander plus encore : « Produire, produire encore, produire, faire du charbon, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français ! » lancera le secrétaire général du Parti communiste, Maurice Thorez, aux mineurs de Waziers en juillet 1945. En contrepartie, les promoteurs les plus acharnés du progrès social, dont le PCF, ont imposé au sein du Conseil national de la Résistance la rédaction d’un ensemble cohérent de droits économiques et sociaux faisant force de loi. Ils avaient donné leur vie pour combattre l’occupant nazi, mais « pour que (ce combat) soit fécond, il lui fallait tracer quelques lignes d’horizon, il lui fallait des mots pour dire son projet », écrivait la députée PCF Marie-George Buffet, le 13 mars 2004, dans l’Humanité. « Avec lui, la donne, déjà, avait changé », analysait-elle. « Il y avait un projet face à la barbarie. Il y avait un projet paraphé par tous. Un projet collectif pour vivre mieux, pour vivre ensemble, pour vivre libres. C’est ce projet qui fut le socle des grands acquis de la Libération. » Sous la pression d’un général de Gaulle pragmatique, lui-même obligé de composer avec les communistes, même les grands industriels, dont certains sortaient d’une fructueuse collaboration avec l’occupant – les plus notables verront leurs sociétés nationalisées –, devront accepter, avec quelques réticences on s’en doute, les conditions sociales imposées par le programme du CNR. Dans ce contexte, les Jours heureux, qui résonnent comme une promesse d’espoir, allaient pouvoir se lever.

Le programme du CNR a jeté les bases d’un État social, dont le mouvement ouvrier rêvait depuis le XIXe siècle et les premières revendications de création en 1875, par les socialistes Paul-Émile Laviron et Édouard-Vaillant, de caisse de retraite ou d’assurance ouvrière alimentée par l’État et le patronat, et administrée par leurs bénéficiaires. Soixante-dix ans plus tard, le texte des résistants acte l’établissement d’un pacte social qui donne naissance à la Sécurité sociale, généralise le droit à la retraite, inscrit les grands principes d’un Code du travail protecteur des salariés, en garantissant notamment de nouvelles protections, contre le chômage par exemple. Il ancre en outre l’idée de services publics. Bref, le programme négocié par les principaux courants de la Résistance jette les bases d’un État social. Mieux : il crée une véritable « démocratie économique et sociale ».

« Ce texte est étonnant ! » s’écriait le journaliste du Canard enchaîné Jean-Luc Porquet, en avant-propos d’un livre publié en 2010 (1), décrivant un « ensemble ambitieux de réformes économiques et sociales auquel le fameux “modèle social français” doit tout ». « Il a beau dater de plus de soixante ans (il a atteint les soixante-quinze ans depuis – NDLR), il est toujours jeune », poursuit le journaliste. Si, aujourd’hui encore – pour combien de temps ? –, on évoque « l’exception française », c’est au programme du CNR qu’on la doit.

« Sécurité de l’emploi, droit au travail et au repos » 

Nationalisations, statut des mineurs, des électriciens et des gaziers, des fonctionnaires, la liste, écrivait Marie-George Buffet, « étincelle des bijoux de notre pacte social et démocratique »... dont l’éclat a été terni au fil des décennies. Le Conseil national de la Résistance écrivait : « Retour à la nation des grands moyens de production, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques » ? Les privatisations se sont succédé sous des gouvernements de droite (Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin) comme de gauche (Fabius, Jospin, Ayrault, Valls) et ne cessent de gagner du terrain. Après EDF, GDF, La Poste, la SNCF, etc., c’est Aéroports de Paris qui est visé par le gouvernement Macron-Philippe. Le CNR écrivait : « Sécurité de l’emploi, droit au travail et au repos » ? En 1986, déjà, Philippe Séguin, le ministre du Travail de Jacques Chirac, a déclaré la « fin du plein-emploi productif ». Depuis, la précarisation des contrats et la flexibilisation du travail ont atteint des sommets inexplorés, notamment avec les lois El Khomri, Macron et la loi injustement baptisée « Travail »... Le CNR écrivait un « plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État » ? Dès 1967, par ordonnances, la Sécurité sociale est éclatée en branches autonomes (maladie, vieillesse, allocations familiales), affaiblissant la représentation des salariés par l’adjonction de cogestionnaires patrons. Puis, le financement s’est diversifié avec la création de la CSG. D’ailleurs, même la volonté du CNR d’offrir une retraite « aux vieux travailleurs » afin de « finir dignement leurs jours » a été détournée de son but : l’augmentation de cette même CSG est utilisée par le président Macron pour dévoyer la solidarité intergénérationnelle en imposant les retraites pour payer… les retraites !

Aujourd’hui, plus que le credo reaganien « l’État est le problème »

Le vœu de l’ex-vice-président du Medef Denis Kessler, formulé en octobre 2007 (dans Challenges) à propos des réformes à engager par Nicolas Sarkozy, est dépassé : « Prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. (...) Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. » Aujourd’hui, plus que le credo reaganien « l’État est le problème », très en vogue sous le mandat Sarkozy ; après les atermoiements d’une gauche (dite de gouvernement) atone devant les attaques, c’est un darwinisme maquillé en « progressisme » bon teint qui organise la fin de ce socle social hérité des Jours heureux. Se référer à ce « glorieux programme » qui met en musique le triptyque républicain « liberté, égalité fraternité » est pourtant loin d’être irraisonné. Ne traverse-t-on pas une crise économique depuis 2008, dont les effets ont été, de l’avis de tous, atténués par cet « efficace amortisseur social », selon les mots de l’ancien ministre communiste Anicet Le Pors ? Cet exemple seul devrait nous pousser à relire le programme du Conseil national de la Résistance, pour « retrouver le souffle de la Résistance » afin d’en « écrire le tome 2 », espérait il y a quelques jours le Comité départemental du souvenir des fusillés de Châteaubriant, reprenant les mots de la résistante Lucie Aubrac : « Résister se conjugue toujours au présent. »

(1) Les Jours heureux, le programme du Conseil national de la Résistance de mars 1944 : comment il a été écrit et mis en œuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition.
Grégory Marin
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17 mars 2019 7 17 /03 /mars /2019 18:09
COMMUNIST'ART: Louis Aragon par Hector Calchas

Louis Aragon

Né adultérin sous la 3ème république, Louis Aragon voit le jour en 1897, à Paris. Non reconnu par son père, dans une France puritaine, Louis, l’illégitime, sera élevé par sa grand-mère adoptive. Le mensonge, les secrets de famille, les non-dits jalonneront son enfance. Ses vingt premières années ont tous les ingrédients d’un parcours singulièrement romanesque. Cela tombe plutôt bien, Louis est entouré de livres et de poésie. « Le silence a le poids des larmes » écrira-t-il plus tard.

Après des études brillantes, il se destine sans conviction à devenir médecin. Médecin auxiliaire durant la première guerre mondiale, il y rencontre l’horreur des « gueules cassées », la folie des hommes, leur atrocité ainsi qu’André Breton qui deviendra son ami le temps des premières luttes. Le rejet de la guerre, de l’armée, « Est-ce ainsi que les hommes vivent », son anticolonialisme avoué, son aversion pour la bourgeoisie, se traduira bientôt par un sentiment profond de révolte.

« Changer les mots, changer les choses » restera son leitmotiv. Aragon prend tous les risques.

Cataloguer de voyous par la « bonne société », il n’en reste pas moins le grand artiste que l’on admire. Il adhère au Parti Communiste en 1927. Dès 31 il publie « Front Rouge ». « Feu sur la sociale démocratie, faites valser les kiosques, descendez les flics, camarades ». Il est rapidement inculpé pour propagande anarchiste et encourt 5 ans de prison. En France à cette époque, c’est un scandale sans précédent. Les intellectuels s’organisent pour qu’il soit acquitté. Et la solidarité paiera !  Aragon aime les femmes indépendantes et très engagées. A La Coupole, il fait la connaissance d’Elsa Triolet. Elle tient à le rencontrer, lui, le poète dont elle connaît la verve et qu’elle admire en secret. Ils formeront un couple mythique. Il lui dédiera ses plus beaux vers. « Elsa la rose ». Stalinien convaincu, il se rapproche de Maurice Thorez. Rédacteur à « L’Humanité », il prend la direction du journal « Ce Soir » et y exerce ses talents. Par le biais de la « Maison de la Culture », il souhaite rassembler tous les intellectuels contre la barbarie, le fascisme et le nazisme qui gangrènent l’Europe. Hitler est aux portes de la Pologne. L’enfer prend forme. Elsa Triolet, sa muse, son égérie, son irremplaçable complice meurt en 1970. Et il est possible que pour ne pas trahir Elsa, lui qui ne supportait pas les trahisons, Louis Aragon ne fréquentera plus dorénavant que des hommes. Aragon la rejoindra pour l’éternité le 24 décembre 1982. Ils reposent, ensemble et en paix, unis à jamais dans leur propriété.

Léo Ferré, Georges Brassens, Jean Ferrat, Yves Montand, Francesca Solleville, Bernard Lavilliers et tant d’autres, lui rendront un vibrant hommage à travers des chansons populaires pleines d’inspirations poétiques.

 

Les communistes, les voyageurs de l’impériale, les yeux d’Elsa

 

Hector Calchas

 

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9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 06:49
Ci joint les photos de la cérémonie en hommage à Pierre Sémard  secrétaire général de la CGT Cheminots et premier secrétaire général du PCF

Ci joint les photos de la cérémonie en hommage à Pierre Sémard secrétaire général de la CGT Cheminots et premier secrétaire général du PCF

7 mars: en gare de Brest, la section de Brest du PCF rendait hommage au résistant communiste Piere Sémard, livré par Vichy aux Nazis le 7 mars 1942
7 mars: en gare de Brest, la section de Brest du PCF rendait hommage au résistant communiste Piere Sémard, livré par Vichy aux Nazis le 7 mars 1942

La section du Pays de Brest du PCF invitait à participer à la commémoration de l’assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux nazis, qui l’ont fusillé le 7 mars 1942 .
Cette cérémonie a eu lieu le jeudi 7 mars à 10h30 devant la stèle du monument aux morts de la gare.
Pierre Sémard était secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots et dirigeant du Parti communiste français, dont il fut le premier secrétaire général.
La série d’actes antisémites qui ont eu lieu ces derniers jours en France, l’installation au premier plan de la vie politique de partis ouvertement racistes et xénophobes, les coalitions nouvelles entre forces de droite et d’extrême-droite accédant ou aspirant au gouvernement dans plusieurs pays européens, montrent que « la bête immonde » n’est pas morte .
Aussi il est important de manifester notre attachement à la Résistance et à se mobiliser pour une démocratie fraternelle et républicaine.

7 mars: en gare de Brest, la section de Brest du PCF rendait hommage au résistant communiste Piere Sémard, livré par Vichy aux Nazis le 7 mars 1942

Pierre SEMARD, fusillé le 7 mars 1942.
Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur- Saône dans une famille de cheminots. Devenu cheminot lui-même, Pierre Sémard s’engage activement dans le syndicalisme. Il devient le secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT en juin 1921, de la Fédération des cheminots CGTU après la scission, puis de nouveau avec la CGT réunifiée en 1936.
La famille Pierre Sémard habitait au 65 avenue Secrétan dans le 19èarrondissement où se trouve aujourd’hui un nouvel immeuble des HLM.
En 1939, à la déclaration de guerre, Pierre Sémard est réquisitionné comme cheminot et doit s’installer avec sa famille à Loches en Indre et Loire. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, en octobre 1939, par le gouvernement de l’époque en vertu d’un décret qui interdit le Parti Communiste Français.
Alors que l’armée allemande envahit le pays, Pierre Sémard est maintenu en détention au camp de Gaillon dans l’Eure d’où les autorités de Vichy le livreront plus tard comme otage à l’occupant.
Durant sa captivité, Pierre Sémard, malgré son internement, réussit à garder le contact avec les syndicats clandestins, il sera un personnage-phare dans la mobilisation des Cheminots contre les nazis.
Il apporte ses conseils, rédige des appels au combat et dans sa dernier lettre avant d’être fusillé, il lance un ultime appel à ses amis cheminots : " Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà des vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat".
Les cheminots joueront un rôle considérable dans ce qu’on a appelé "la bataille du rail".
Le 6 mars 1942, Pierre Sémard est transféré à la prison d’Évreux et remis le lendemain aux autorités allemandes pour être fusillé comme otage, le lendemain.
Juliette, l’épouse de Pierre Sémard, fut elle aussi arrêtée le 7 août 1941, elle avait assuré durant l’internement de son mari la liaison avec la direction clandestine des cheminots. Jugée le 5 janvier 1942, elle fut condamnée à 8 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle fut rapatriée le 24 juin 1945.
Avec la complicité de son épouse, Pierre Sémard avait, jusqu’à son exécution, tenu une place considérable dans la direction de la Résistance cheminote. Cette place lui a été reconnue officiellement au titre de la Résistance Intérieure Française. Pierre Sémard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Le 07 mars 1942, Pierre Semard tombait sous les balles des nazis à l’âge de 55 ans. La vie trop brève de ce militant d’exception fut d’une intensité remarquable, traversant des moments très forts de l’histoire sociale et politique de la première partie du 20ème siècle. Il reste le symbole de la résistance des cheminots à l’Occupation

Sa dernière lettre avant d'être exécuté :

"Chers amis,

Une occasion inespérée me permet de vous transmettre mon dernier mot, puisque dans quelques instants je serai fusillé.

J'attends la mort avec calme. Je démontrerai à mes bourreaux que les communistes savent mourir en patriotes et en révolutionnaires.

Ma dernière pensée est avec vous, camarades de lutte, avec tous les membres de notre Grand Parti, avec tous les Français patriotes, avec les héroïques combattants de l'Armée Rouge et son chef, le grand Staline. Je meurs avec la certitude de la libération de la France.

Dites à mes amis, les cheminots, que ma dernière volonté est qu'ils ne fassent rien qui puisse aider les nazistes.

Les cheminots me comprendront ; ils m'entendront ; ils agiront; j'en suis convaincu.

Adieu, chers amis, l'heure de mourir approche. Mais je sais que les nazistes, qui vont me fusiller, sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le grand combat.

Vivent l'Union Soviétique et ses Alliés ! Vive la France.

Pierre SÉMARD."

La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare
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4 mars 2019 1 04 /03 /mars /2019 18:39
La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l’assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux nazis, qui l’ont fusillé le 7 mars 1942 .
Cette cérémonie aura lieu jeudi 7 mars à 10h30 devant la stèle du monument aux morts de la gare.
Pierre Sémard était  secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots et dirigeant du Parti communiste français, dont il fut le premier secrétaire général.
La série d’actes antisémites qui ont eu lieu ces derniers jours en France, l’installation au premier plan de la vie politique de partis ouvertement racistes et xénophobes, les coalitions nouvelles entre forces de droite et d’extrême-droite accédant ou aspirant au gouvernement dans plusieurs pays européens, montrent que « la bête immonde » n’est pas morte .
Aussi il est important de manifester notre attachement à la Résistance et à se mobiliser pour une démocratie fraternelle et républicaine.
PCF Section du Pays de Brest
5 rue Henri Moreau 29200 Brest
Tramway : station St Martin
Tel 02 98 43 47 78
@ : pcf_brest@yahoo.fr
La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare
La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare

Pierre SEMARD, fusillé le 7 mars 1942, il y a 76 ans !
Pierre Sémard est né le 15 février 1887 à Bragny-sur- Saône dans une famille de cheminots. Devenu cheminot lui-même, Pierre Sémard s’engage activement dans le syndicalisme. Il devient le secrétaire général de la Fédération des cheminots CGT en juin 1921, de la Fédération des cheminots CGTU après la scission, puis de nouveau avec la CGT réunifiée en 1936.
La famille Pierre Sémard habitait au 65 avenue Secrétan dans le 19èarrondissement où se trouve aujourd’hui un nouvel immeuble des HLM.
En 1939, à la déclaration de guerre, Pierre Sémard est réquisitionné comme cheminot et doit s’installer avec sa famille à Loches en Indre et Loire. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, en octobre 1939, par le gouvernement de l’époque en vertu d’un décret qui interdit le Parti Communiste Français.
Alors que l’armée allemande envahit le pays, Pierre Sémard est maintenu en détention au camp de Gaillon dans l’Eure d’où les autorités de Vichy le livreront plus tard comme otage à l’occupant.
Durant sa captivité, Pierre Sémard, malgré son internement, réussit à garder le contact avec les syndicats clandestins, il sera un personnage-phare dans la mobilisation des Cheminots contre les nazis.
Il apporte ses conseils, rédige des appels au combat et dans sa dernier lettre avant d’être fusillé, il lance un ultime appel à ses amis cheminots : " Je meurs avec la certitude de la libération de la France. Dites à mes amis cheminots qu’ils ne fassent rien qui puisse aider les nazis. Les cheminots me comprendront, ils m’entendront, ils agiront. Adieu chers amis, l’heure de mourir est proche. Mais je sais que les nazis qui vont me fusiller sont déjà des vaincus et que la France saura poursuivre le bon combat".
Les cheminots joueront un rôle considérable dans ce qu’on a appelé "la bataille du rail".
Le 6 mars 1942, Pierre Sémard est transféré à la prison d’Évreux et remis le lendemain aux autorités allemandes pour être fusillé comme otage, le lendemain.
Juliette, l’épouse de Pierre Sémard, fut elle aussi arrêtée le 7 août 1941, elle avait assuré durant l’internement de son mari la liaison avec la direction clandestine des cheminots. Jugée le 5 janvier 1942, elle fut condamnée à 8 ans de travaux forcés. Déportée à Ravensbrück, elle fut rapatriée le 24 juin 1945.
Avec la complicité de son épouse, Pierre Sémard avait, jusqu’à son exécution, tenu une place considérable dans la direction de la Résistance cheminote. Cette place lui a été reconnue officiellement au titre de la Résistance Intérieure Française. Pierre Sémard est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

La section du Pays de Brest du PCF invite à participer à la commémoration de l'assassinat de Pierre Sémard livré par Vichy aux Nazis le 7 mas 1942: le jeudi 7 mars devant la stèle du monument au mort de la gare

En ce moment, on parle beaucoup des cheminots, de leur statut de privilégiés, du démantelement du reseau SNCF, alors aujourd'hui petite leçon d'histoire par devoir de mémoire.
Le 07 mars 1942, Pierre Semard tombait sous les balles des nazis à l’âge de 55 ans. La vie trop brève de ce militant d’exception fut d’une intensité remarquable, traversant des moments très forts de l’histoire sociale et politique de la première partie du 20ème siècle. Il reste le symbole de la résistance des cheminots à l’Occupation

Sa dernière lettre avant d'être exécuté :

"Chers amis,

Une occasion inespérée me permet de vous transmettre mon dernier mot, puisque dans quelques instants je serai fusillé.

J'attends la mort avec calme. Je démontrerai à mes bourreaux que les communistes savent mourir en patriotes et en révolutionnaires.

Ma dernière pensée est avec vous, camarades de lutte, avec tous les membres de notre Grand Parti, avec tous les Français patriotes, avec les héroïques combattants de l'Armée Rouge et son chef, le grand Staline. Je meurs avec la certitude de la libération de la France.

Dites à mes amis, les cheminots, que ma dernière volonté est qu'ils ne fassent rien qui puisse aider les nazistes.

Les cheminots me comprendront ; ils m'entendront ; ils agiront; j'en suis convaincu.

Adieu, chers amis, l'heure de mourir approche. Mais je sais que les nazistes, qui vont me fusiller, sont déjà vaincus et que la France saura poursuivre le grand combat.

Vivent l'Union Soviétique et ses Alliés ! Vive la France.

Pierre SÉMARD."

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4 mars 2019 1 04 /03 /mars /2019 06:00
photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Ismaël Dupont - Gare de Morlaix, place Rol-Tanguy - 2 mars 2019

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

photo Jean-Yvon Ollivier 2017 - rien n'a changé depuis 2 ans

Il y a un an et demi déjà, nous alertions dans Le Chiffon Rouge sur le traitement honteux réservé à la plaque en hommage à Rol-Tanguy, né en gare de Morlaix, sur la nouvelle esplanade d'une place Rol-Tanguy dont le nom et l'identité sont devenus quasiment invisibles: plus de panneau de place côté Morlaix, une plaque en plastique abîmée et peu lisible derrière l'escalier de la passerelle, à 10 cm du sol, sur un socle de pierre légèrement surélevé, à hauteur idéale pour que les chiens pissent dessus... La mémoire d'un combattant de la Liberté réduite à sa plus simple expression, dans un coin détourné et quasi invisible à côté de l'abri à vélo, contre la grille, dans l'ombre de l'escalier monumental de la passerelle.  

Et dire que j'avais demandé à ce que soit installée une œuvre d'art, peinture, graff, ou sculpture, d'hommage à Rol-Tanguy et à la Résistance... 

Aucun tableau biographique, explicatif, non plus, à l'intérieur ou à l'extérieur de la gare alors que la rénovation aurait été l'occasion de le faire. Quelques centaines ou milliers d'euros qui n'auraient pas peser plus lourd par rapport aux 7 millions d'euros de la passerelle et aux 13 ou 14 millions d'euros du pôle gare.

Mais il semblerait que les élus en responsabilité de Morlaix-Communauté et ceux de Morlaix se foutent comme de l'an quarante de ce grand résistant, un ouvrier, un métallo, un militant, qui a libéré Paris, de ce dirigeant communiste et cégétiste, ancien de Citroën et des Brigades Internationales, qui a joué un rôle de premier plan dans la vie nationale au XXe siècle.

Un résistant et un patriote, tout simplement! 

La place de la Gare où étaient accueillis les déportés survivants en 45 est à l'image de cette occultation du passé: prétentieuse, minérale et froide, aseptisée, et mal conçue pour l' accueil des arrivants du train, la dépose des voyageurs ou l'achat de billets au guichet (c'est vrai que pour certains, c'est obsolète!) ! 

Qu'il est loin le temps d'ambition de rénovation démocratique et sociale profonde portée par le programme du Conseil National de la Résistance !!! 

Mais il n'est jamais trop tard pour corriger cette injustice fait à un des grands finistériens du XXe siècle et à la mémoire de la Résistance.

Ismaël Dupont, élu PCF à la ville de Morlaix et à Morlaix-Communauté

Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?

Rol-Tanguy: un Brestois né à Morlaix dirige l'insurrection de Paris: le 19 août, prise de la Préfecture de Paris par Rol-Tanguy et les policiers résistants

"25 août 1944. Le métallo (Rol-Tanguy) et les généraux" par Roger Martelli

Libération de Paris: Cécile Rol-Tanguy : "Je représente les résistantes qui ont été oubliées" (France 24)

 

Article du 13 novembre 2017

Rol-Tanguy, héros de la résistance, grand militant de la CGT et du PCF, ancien des Brigades Internationales, le grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix.

Place Rol-Tanguy, un fantôme erre sur le parvis désert!

Après plusieurs interpellations de camarades, je me suis enquis auprès de Morlaix-Communauté du devenir de la stèle d'hommage à Rol-Tanguy et de la visibilité même du nom de la place de la Gare qui accueille les voyageurs à leur descente des TGV et des TER.

Il y a t-il un projet de relocalisation pour la stèle érigée à la mémoire de Rol-Tanguy et de rénovation ou de remplacement de cette stèle en mauvais état?

Actuellement, avec les travaux, elle est reléguée à un endroit non satisfaisant alors que la place porte son nom, ce qui est devenu assez difficile à identifier.

En décembre 2014, à mon initiative, toute l'opposition morlaisienne avait présenté un voeu en Conseil Municipal de Morlaix pour réaliser une fresque ou une sculpture d'hommage à Rol Tanguy dans le cadre de la rénovation de la gare.

A l'époque, la proposition n'avait pas été retenue par la majorité municipale de Morlaix dans le cadre d'un portage de projet par Morlaix ou Morlaix-Communauté et d'une demande du 1% culturel.

J'avais aussi fait cette proposition en Commission Transports de Morlaix Communauté.

Finalement, le choix a été fait d'orienter le 1% culturel vers une sculpture de Guillaume Castel côté nord de la gare.

Mais cela n'empêche pas de redonner dans le même temps une visibilité à la dénomination de la place et à Rol-Tanguy, né en gare de Morlaix par accident et qui fut un des plus grands résistants de la seconde guerre mondiale.

Ismaël Dupont

 

Vœu de l'opposition municipale pour le Conseil Municipal du jeudi 13 novembre 2014

Rapporteur: Ismaël Dupont


Le 12 juin 1908, Henri Tanguy naissait en gare de Morlaix à l'issue d'un accouchement précipité.

107 ans plus tard, la ville de Morlaix et la Communauté d'Agglomération, pilotent avec leurs partenaires et l'aide de l'Etat et de plusieurs collectivités la rénovation de la Gare de Morlaix et de ses environs immédiats pour requalifier le quartier, accueillir les nouveaux voyageurs prévus dans le cadre de la LGV et de l'augmentation du trafic TER.

La place Rol-Tanguy, anciennement place de la gare rebaptisée sous le dernier mandat Le Goff, va devenir une esplanade piétonne très passante et active. Un lieu de vie sociale, sans doute plus encore qu'aujourd'hui où elle sert surtout de passage pour les voitures arrivant en gare.

N'est-ce pas le bon moment, en ces années de commémoration de la Libération et du rétablissement de la République, d'honorer particulièrement ce grand résistant breton, en lui dédiant une statue ou un portrait-fresque sur support rigide ou mural, commandé à un artiste sur le parvis qui porte son nom? ...

Henri Rol-Tanguy fut en effet un des dirigeants de la Résistance qui a organisé la Libération de Paris...

Paris libéré par l'insurrection de son peuple. Après 4 ans sous le joug allemand. L'action armée des résistants unis au sein du F.F.I. conjuguée avec le soulèvement de la population parachevée par les blindés de Leclerc chasse l'occupant et peut-être signifie la signature de l'acte de la capitulation auquel participe Rol-Tanguy.
"Nous avons donné le coup de grâce à l'ennemi, mais Paris était déjà aux mains des Parisiens" (Eisenhower, commandant en chef des forces alliées en Europe)?

Le premier détachement Leclerc et celui du Capitaine Dronne étaient composés de républicains espagnols.

Juste retour des choses: comme des milliers d'autres militants français, Henri Tanguy, alors syndicaliste CGT de la métallurgie et communiste, s' est engagé dans les Brigades Internationales pour défendre la république espagnole contre Franco qui était appuyé par les nazis et les fascistes italiens.

Son courage, son combat pour un monde de Liberté, d'Egalité, de Fraternité sont des exemples pour notre époque et il importe que les générations présentes, jusque-là épargnées par les tempêtes de l'histoire, n'oublient pas ce que le rétablissement de la démocratie et la lutte contre le fascisme doivent au dévouement de ces hommes pétris d'idéal et d'altruisme qui ont su dire non à la fatalité de la régression et de la barbarie.

Henri Rol Tanguy a su aussi s'engager dans les batailles de l'après-guerre: la reconstruction et l'application du programme de transformation sociale et économique bâti par le CNR.

Henry Rol-Tanguy fut longtemps président de l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance et il eut l'occasion de revenir de nombreuses fois à Morlaix à ce titre.

 

 

Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?
Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?
Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?
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Rol-Tanguy, un grand oublié de la rénovation de la gare de Morlaix: jusqu'à quand?
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3 mars 2019 7 03 /03 /mars /2019 07:22

Jacques Prévert

 

Qui ne connaît pas Jacques Prévert ? Poète, scénariste, parolier, dialoguiste, rédacteur, Prévert savait tout faire. Et séduire aussi, par son « artisanat » protéiforme et populaire, par sa verve, son humour, son style inclassable. C’était l’artisan des mots. Il voit le jour le 4 février 1900 à Neuilly-sur-Seine et décédera le 11 avril 1977 dans le Cotentin, à Omonville-la-Petite. Jeune, Jacques s’ennuie beaucoup à l’école. Avec la complicité de son père, ses absences répétées le conduisent à découvrir le théâtre, le cinéma tandis que sa mère, elle, l’initie à la lecture. Passé l’adolescence, il vit de petits métiers. Et n’a pas toujours que de bonnes fréquentations. Mais qu’importe. Prévert sait où il va ! Dans les années 20, il rencontre Yves Tanguy puis d’autres connaissances viennent l’enrichir comme celle de Marcel Duhamel, son futur éditeur. Il vit rue du château près de Montparnasse et ce lieu devient rapidement l’endroit de rencontre des surréalistes. Logement collectif, accueil de tous les camarades sans le sou, c’est la maison du bonheur. De la liberté. En 1932, le groupe Octobre vient de naître. Il les rejoint après avoir été sollicité par le communiste Paul Vaillant-Couturier. Ce sont des artistes contestataires, anarchistes, communistes, libertaires. Ils se produisent dans des usines en grève et soutiennent activement le monde ouvrier. Jacques, lui, rédige des textes au vitriol, son talent singulier fera rapidement la notoriété du groupe. Il ne supporte pas l’exploitation. Citroën. «  A la porte des maisons clauses, c’est une petite lueur qui luit. C’est la lanterne du bordel capitaliste, avec le nom du taulier qui brille dans la nuit, CITROÊN ». Ses remarques provoquent l’indignation des nantis mais gagnent l’admiration populaire. « J’écris pour faire plaisir à beaucoup et pour en emmerder quelques-uns ». Il se délecte à écouter Berg, Erick Satie, Vivaldi, Carl Orff avec qui il entretiendra une proximité très amicale.   Anarchiste contre l’état et les pouvoirs, Prévert l’agitateur extraordinaire, le provocateur obligé, n’aura de cesse de caricaturer le monde épouvantable qui l’entoure. Il n’aime ni le mensonge, ni la fourberie, ni les salauds ! C’est l’anti salaud par excellence. Gréco, Montand, Reggiani, les Frères Jacques l’ont chanté. Carné l’a sacralisé. Il était admiré de tous. Il n’adhère pas au parti communiste, mais s’y associe encore lorsqu’il s’agit d’écrire pour le journal l’Humanité. Jean Renoir, compagnon de route du Parti Communiste collaborera aussi avec lui. Sa liberté est à ce prix. Pas militant, jamais,  mais  étroit collaborateur et humaniste de gauche, ça oui. Sympathisant communiste, évidemment.  «  La gauche, c’est la main de l’ouvrier ». « Dans chaque église, il y a quelque chose qui cloche ». « Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c’est étrange… ». Oublier Prévert, c’est oublier les luttes. La liberté d’expression. L’insoumission. Oublier Prévert c’est mourir de désillusion.

Hector Calchas

 

Paroles. Citroën. Brest. Drôle de Drame. Les Visiteurs du Soir. Les Enfants du Paradis.

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