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29 décembre 2018 6 29 /12 /décembre /2018 10:58
Mon parti a 98 ans ! Bon anniversaire à tous les Cocos!

Bon anniversaire à tous les cocos !!!
Naissance du PCF
Congrès de Tours SFIO, dans la nuit du 29 au 30/12/1920.

"L’homme communiste, ouvrier, paysan, intellectuel, c’est l’homme qui a une fois vu si clairement le monde qu’il ne peut pas l’oublier, et que rien pour lui désormais ne vaut plus que cette clarté-là, pas même ses intérêts immédiats, pas même sa propre vie. L’homme communiste, c’est celui qui met l’homme au-dessus de lui-même. L’homme communiste, c’est celui qui ne demande rien, mais qui veut tout pour l’homme.". Louis Aragon

Mon parti a 98 ans ! Bon anniversaire à tous les Cocos!
1920, le congrès de Tours Par Alexandre Courban, historien

SAMEDI, 8 MAI, 2004

L'HUMANITE

L'historien Alexandre Courban, retrace les circonstances de la création du Parti communiste par la majorité de l'ancienne SFIO au congrès de Tours et le rôle nouveau désormais dévolu au journal fondé par Jaurès.


Pourriez-vous dresser un tableau de la France de 1920 à l'orée du congrès de Tours ? Quelle est sa situation économique et sociale ?

Alexandre Courban. Nous sommes au sortir de la Grande Guerre. Neuf millions de soldats ont été tués, dont plus d'un million de Français et près de deux millions d'Allemands. Les années 1919-1920 sont marquées par des conflits sociaux extrêmement durs. Deux mille grèves réunissent plus d'un million de grévistes. La démobilisation commence en juillet 1919. Elle précède la victoire de la droite aux élections législatives de novembre 1919. La campagne électorale a lieu alors que se déroule une grève des imprimeurs à Paris. Deux journaux seulement paraissent dans la capitale : l'un avec l'autorisation du comité de grève, l'autre à l'initiative des grands patrons de presse. Les combattants qui ont la chance d'être rentrés n'ont donc pas accès à une information complète.

Au cours du premier semestre de l'année 1920, un grand mouvement social prend forme chez les cheminots. Les manifestations du 1er Mai 1920 se soldent par deux morts, comme c'est souvent le cas le 1er Mai à l'époque.

Au cours de ces journées, la SFIO va se scinder en deux et donner naissance au Parti communiste. La ligne de fracture se situe-t-elle réellement entre révolutionnarisme et réformisme, avec les vingt et une conditions d'adhésion à l'Internationale communiste (la troisième) comme pierre d'achoppement ?

Alexandre Courban. Lorsque le congrès s'ouvre, les participants savent qu'il va y avoir scission : l'état des forces en présence est connu grâce aux congrès fédéraux qui se sont tenus quelque temps auparavant. Mais alors que le congrès a pour principal objet l'adhésion à l'Internationale communiste, il n'existe pas de version française officielle des vingt et une conditions. Les militants les connaissent soit à partir d'une traduction allemande publiée dans la presse, soit à partir d'une version italienne. Cela signifie que le choix ne se fait pas en fonction des vingt et une conditions elles-mêmes, mais plutôt pour ou contre ce que les militants imaginent que seront les nouvelles pratiques politiques ; ils ne se situent pas complètement dans la réalité. Le véritable enjeu du congrès c'est : quelle va être la place accordée par les partisans de l'Internationale aux " reconstructeurs " comme Jean Longuet, militants favorables à l'adhésion avec des réserves ? Ensuite, au sein du Parti socialiste, le comité pour la IIIe Internationale, l'aile gauche du parti, s'allie avec une partie du " centre ". Mais idéologiquement, les choses n'évoluent pas immédiatement après le congrès. De 1921 à 1923 ont lieu au sen du nouveau parti des débats très importants pour décider du sens et de l'application des vingt et une conditions. Certains pensent longtemps que ces conditions sont purement formelles.

Le ralliement à la IIIe Internationale se fait à une écrasante majorité. Cela signifie-t-il que le socialisme français était plus révolutionnaire que ses homologues européens ?

Alexandre Courban. La majorité du Parti socialiste se prononce effectivement pour l'adhésion, par 3 208 mandats contre 1 022, ce qui n'est pas le cas dans les autres partis socialistes. Plusieurs interprétations rendent compte de ce phénomène. Tout d'abord, les jeunes membres du parti se sont massivement prononcés pour l'adhésion. Ensuite, celle-ci est davantage idéale que programmatique : il s'agit plus d'un rejet des anciennes directions du parti socialiste, de leur participation aux gouvernements d'" Union sacrée " que d'une adhésion réelle aux vingt et une conditions.

Cette adhésion se traduit-elle par une influence accrue des révolutionnaires russes au plan international ?

Alexandre Courban. Elle n'est pas perçue comme ça. C'est justement la raison pour laquelle les années qui suivent la scission sont compliquées au sein du Parti communiste, qui perd rapidement une partie de ses effectifs. Le noyau " bolchevik ", ex-comité pour la IIIe Internationale, prend de plus en plus d'importance au sein du nouveau parti. Et lors de son quatrième congrès, à la fin de l'année 1922, Trotski, au nom de la direction de l'Internationale communiste soucieuse d'homogénéiser le mouvement, impose aux militants français de choisir entre leur appartenance au Parti et à la Ligue des droits de l'homme ou à la franc-maçonnerie. C'est un moyen de se débarrasser des " intellectuels petit-bourgeois de gauche ". Certains, comme Marcel Cachin, renoncent à leurs autres organisations, mais d'autres comme Frossard, alors secrétaire général du parti, et quelques journalistes de l'Humanité, refusent cet oukase et démissionnent du parti le 1er janvier 1923. La grande inquiétude de l'Internationale en décembre 1922 était que le parti français perdît la majorité de ses militants et son quotidien.

Venons-en justement à l'Humanité. Quelle est sa place dans l'espace public avant de passer dans le giron du Parti communiste ?

Alexandre Courban. C'est un acteur politique au sens plein du terme. Le journal ouvre ses colonnes à toutes sortes d'initiatives. Il invite régulièrement ses lecteurs à venir financièrement en aide aussi bien aux victimes de la répression de la révolution russe en 1905, qu'aux familles des mineurs de Courrières après la catastrophe de 1906, qu'aux grévistes de Draveil en 1908 ou encore les cheminots en grève en 1910. C'est lui qui organise en 1913 la lutte contre le passage de deux à trois ans du service militaire en faisant signer des pétitions. Il joue le rôle d'" organisateur collectif ", pour reprendre une formule utilisée par Lénine.

Quel enjeu le contrôle du journal représente-t-il pour les socialistes du congrès de Tours ?

Alexandre Courban. Quelques semaines après la scission prononcée à Tours, en janvier 1921, se décide l'avenir du journal. Il s'agit très clairement pour les socialistes divisés de contrôler le seul quotidien de quatre pages diffusé nationalement à plus 150 000 exemplaires, et qui a de surcroît derrière lui seize ans d'histoire, donc un réseau d'abonnés et des habitudes de lecture. L'enjeu est de maîtriser le principal vecteur de la propagande du parti. Autre spécificité française, l'Humanité est le seul quotidien socialiste qui devient communiste. À ma connaissance, tous les autres journaux de ce type sont des créations.

Qui est alors propriétaire du journal ? Pourquoi suit-il la majorité du Congrès de Tours ?

Alexandre Courban. L'Humanité est une entreprise de presse au sens classique, son capital appartient à des actionnaires représentés par le trésorier du Parti, Zéphirin Camélinat, ou d'autres personnalités. Lors de l'assemblée générale de janvier 1921 qui décide du sort du journal, Camélinat répartit les actions au prorata des voix recueillies lors du congrès, soit 70 % en faveur des partisans de l'adhésion à la Troisième Internationale, et 30 % à ses adversaires. Philippe Landrieu, administrateur du journal quasiment depuis sa fondation, détient de son côté des actions achetées en 1907 par les partis sociaux-démocrates allemand, autrichien et tchèque. Pourtant proche de Jaurès, il se prononce pour l'adhésion. La famille de Jaurès, elle, ne se fait pas représenter. Contrairement à ce que l'historiographie et la tradition militante ont retenu, ce n'est pas le choix de Camélinat qui a permis au futur parti communiste de conserver le journal, mais la décision ou l'absence de décision des plus proches de Jaurès (sa famille et Landrieu). Camélinat ayant été " ministre des Finances " de la Commune de Paris et Landrieu exclu du parti en 1923, le Parti communiste fait le choix de mettre en avant cette figure historique de la Commune de Paris. Cela arrange également les socialistes qui peuvent alors faire croire que les communistes leur ont volé le journal de Jaurès.

Par quels changements, humains et éditoriaux, s'opère la mue de l'Humanité ?

Alexandre Courban. En 1921, les quelques journalistes opposés à l'Internationale communiste s'accordent avec leur choix politique et quittent le journal d'eux-mêmes. Les changements plus " visibles " surviennent deux ans plus tard, même si en novembre 1920, on pouvait déjà voir poindre des titres comme " Vive la République des Soviets " sur six colonnes à la une au moment de l'anniversaire d'Octobre. Les relations entre le journal et le parti ont rarement été simples. La première des conditions de l'Internationale est que les journaux soient dirigés par " des communistes authentiques, ayant donné les preuves de sacrifice à la cause du prolétariat ",selon la traduction française de la version italienne. Tout cela donne lieu à des débats intenses au sein du mouvement entre 1921 et 1924 sur la fonction de la presse, sur ce que doivent être les journalistes, qui doit procéder à leur nomination. À partir de 1921, le parti se transforme : l'objectif est désormais de prendre le pouvoir, y compris par la force, sur le modèle de ce qu'ont fait les bolcheviks en Russie. En parallèle à ce parti d'un type nouveau, les communistes souhaitent mettre en place un journal de type nouveau. Le rôle assigné au journal évolue, la ligne éditoriale connaît un net coup de barre à gauche. Comme le bureau politique du Parti doit aider le directeur à imprimer une ligne et à veiller à son respect, le journal ne peut pas être en porte-à-faux avec le Parti. Dès lors, l'Humanité doit devenir plus qu'un journal : l'organe central du Parti. En 1921 tout d'abord, le sous-titre, de " journal socialiste ", devient " journal communiste ". En 1923, il change une nouvelle fois pour devenir " organe central du Parti communiste (SFIC) "". En 1924, s'ouvre alors la période de la mise en pratique des décisions adoptées depuis 1921 : la " "bolchevisation ".

Entretien réalisé par Théophile Hazebroucq

lire aussi:

Communistes de Bretagne (1921-1945)

Marcel Cachin, la trajectoire d'un intellectuel breton guesdiste, puis communiste, directeur de l'Humanité de 1917 à 1958

 

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29 décembre 2018 6 29 /12 /décembre /2018 10:32
Amos Oz, disparition d'un écrivain apôtre de la paix (L'Humanité, 28 décembre 2018)
Amos Oz, disparition d'un écrivain apôtre de la paix
Vendredi, 28 Décembre, 2018
Amos Oz, l'écrivain israélien le plus connu à l'étranger pour son oeuvre et son action en faveur de la paix avec les Palestiniens, s'est éteint vendredi à l'âge de 79 ans. Son denier roman "Judas" est sorti en français en 2016. Nous vous proposons de relire l'entretien qu'il avait accordé alors à Muriel Steinmetz.
 
 
Amos Oz, dont le roman autobiographique "Une Histoire d'amour et de ténèbres" avait connu un succès mondial, est décédé des suites d'un cancer, a annoncé Fania Oz-Salzberger, historienne de profession. "Mon père chéri vient de mourir, après une détérioration rapide (de son état de santé), dans son sommeil et tranquillement, entouré de ceux qui l'aiment", a-t-elle écrit sur Twitter, remerciant "ceux qui l'ont aimé".
Amos Oz a vu le jour à Jérusalem le 4 mai 1939 dans une famille d'origine russe et polonaise. Salué à ses débuts comme le "Camus israélien", l'écrivain, un fervent militant de la paix avec les Palestiniens, avait dénoncé ces dernières années la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu et boycotté les événements officiels organisés par Israël à l'étranger pour protester contre l'"extrémisme croissant" du gouvernement. Il a parallèlement réagi fermement face à ceux qui prônent la destruction d'Israël.
Lauréat du prestigieux prix Goethe 2005 en Allemagne, Amos Oz avait aussi reçu le prix d'Israël de littérature en 1998, le prix Méditerranée (étranger) en 2010 et le prix Franz Kafka en 2013. Parmi ses livres figurent "la Boîte noire", qui a obtenu en 1988 le Fémina étranger en France, ou encore "Seule la mer" (2002).
En 1992, il avait également reçu le "Prix de la paix des libraires allemands", un prix considéré en Allemagne comme encore plus prestigieux que le prix Goethe.
"Dans ses oeuvres politiquement engagées, Amos Oz donne une image vivante de la société israélienne et son peuple aux différentes facettes; il décrit la diversité des voix dans l'État d'Israël", avait estimé le jury à l'époque.
La France lui avait attribué le titre d'officier des Arts et des Lettres et il était régulièrement pressenti pour le Prix Nobel de Littérature qu'il n'a cependant jamais obtenu.
Le regard intense et le verbe clair, Amos Oz, également très apprécié par les Israéliens surtout pour son humour, est diplômé de littérature et de philosophie. Il est intervenu régulièrement dans les médias israéliens et internationaux.
Dans les années 1990, il quitte le parti travailliste pour rejoindre le Meretz, plus à gauche, dont la priorité est la paix avec les Palestiniens.
"La paix n'est pas seulement possible, elle est inévitable, parce que nous n'avons nulle part ailleurs où aller et les Palestiniens non plus", proclamait-il en septembre 2016 lors de l'éloge funèbre de son ami Shimon Peres, prix Nobel de la paix.
Son dernier ouvrage paru en français en 2016, "Judas", explore la figure du traître, qualificatif dont Amos Oz a été affublé pour ses positions politiques.
 

Du maître écrivain israélien Amos Oz, Gallimard publie Judas, un livre qui bouscule des idées reçues et fait grincer des dents ici et là-bas. Entretien.

Ce livre semble autant un roman qu’une parabole. Peut-on utiliser ce mot ?

Amos Oz Je préfère parler de récit. Il s’agit d’un huis clos mettant en scène trois personnages : Shmuel, Atalia et Wald. Entourés de quelques spectres, ils passent l’hiver dans une même maison, boivent du thé, discutent. Durant un bref laps de temps, ils évoluent, se transforment. Je n’aime pas les paraboles. Il n’est pas un de mes romans qui prétende à une portée universelle.

En situant votre histoire à Jérusalem, au cœur des contradictions entre les trois religions monothéistes et à partir de la figure de Judas, vous mettez le doigt sur le nœud d’un conflit qu’on dirait éternel.

Amos Oz Bon nombre des personnages de ce livre sont – à l’instar de Judas – considérés par leur entourage comme des traîtres. Aucun ne l’est véritablement, sauf Shmuel justement, l’étudiant qui se cherche des parents de substitution et couche avec sa mère symbolique. À en croire Freud, il n’y a là rien que de très banal. Les autres ont certes de profondes convictions, mais ils sont trop en avance ou trop en retard sur leur temps. L’histoire ne pouvait avoir lieu qu’à Jérusalem. La ville constitue le miroir du personnage féminin, Atalia.

Le récit commence en 1959, dix ans après la création de l’État d’Israël, aussitôt suivie par une guerre, un siège et une interminable pénurie. J’y étais. Je m’en souviens très bien. Jérusalem et la jeune femme sont blessées, déchirées, en colère. Jérusalem a été le théâtre de deux événements symboliques majeurs : le sacrifice d’Isaac (à quoi fait écho dans le livre la mort au combat de Micha, fils de Wald) et la crucifixion de Jésus. Atalia et Jérusalem m’évoquent la note unique d’un violoncelle par une nuit de tempête.

Vos personnages représentent des types bien définis. Shmuel est un jeune socialiste idéaliste, Wald un écrivain-philosophe cynique revenu de tout et Atalia, au caractère bien trempé, est l’héritière de son père, Abravanel, qui ne croyait pas à l’existence d’un État juif ni même à celle d’un État binational.

Amos Oz Mes personnages ne sont ni des symboles ni des porte-drapeaux. Ils sont de chair et de sang. Shmuel est certes un idéaliste convaincu de pouvoir changer le monde, du moins au début du roman. Il a dans sa chambre des posters du Che et de Fidel Castro. En revanche, pour Wald, le monde est une scène pleine « de bruit et de fureur », comme l’a dit Shakespeare. Selon lui, ceux qui croient à la rédemption – soit aux religions et aux idéologies – ne sont que des corrupteurs. Atalia, pour sa part, considère la gent masculine comme une catastrophe ambulante. Elle couche avec tous les hommes, avant de les jeter. Elle ne voit en eux que des adolescents attardés.

Le lecteur va assister au petit miracle du rapprochement entre ces trois-là, qui finiront par s’aimer. Le sujet de ce roman n’est pas à chercher du côté des idéologies. Je ne prône ni le christianisme ni l’athéisme. Il ne s’agit pas non plus d’être pour ou contre l’État d’Israël, même si ces idées sont présentes en arrière-plan. J’espère que les lecteurs percevront l’ensemble comme une musique de chambre : trio ou quintette, si l’on inclut les spectres. J’aime autant Judas que Jésus. J’aime Wald et Abravanel, Shmuel et Atalia. Aucun d’eux, hormis Jésus, n’est dans la douceur de la compassion. L’essence de la création littéraire impose à l’auteur de s’identifier à chacun de ses personnages, quand bien même ils sont aux antipodes les uns des autres.

Shmuel, qui étudie la figure de Judas, le juge indispensable dans la création de la religion chrétienne…

Amos Oz Sans Judas, pas de crucifixion, partant, pas de résurrection et pas de christianisme. Jésus aurait pu continuer d’exercer son ministère en Galilée, faire quelques miracles et mourir d’un infarctus à 83 ans. La Galilée alors grouillait de faux mages. Comme aujourd’hui !

Pourquoi Judas, un homme riche, trahit-il Jésus pour 30 deniers, à peine 600 de nos euros ? Pourquoi lui donne-t-il un baiser ? Et pourquoi va-t-il se pendre ?

Amos Oz C’est là l’une des histoires les plus terribles de l’humanité. Durant deux mille ans, elle a causé la mort d’une multitude de juifs. Pogroms, persécutions en tout genre, l’Inquisition, la Shoah. Judas, en hébreu, c’est le nom d’un des patriarches des douze tribus d’Israël. Judas, c’est aussi la Judée. Par glissement, ce prénom donnera le mot juif. Il semble que nous, juifs, soyons tous des traîtres et que nous ayons tous vendu Dieu. Nous avons tous de l’argent et, par conséquent, nous avons corrompu le monde.

À ce stade du récit, je ne mets pas l’accent sur l’antisémitisme. Je fais simplement allusion à la figuration du juif dans la peinture de la Renaissance, notamment dans les représentations de la Cène. Le juif y est déjà caricatural.

Shmuel voit en Judas le plus fidèle et le plus croyant des disciples. Celui-ci croit en Jésus plus que Jésus lui-même. Pour lui, la crucifixion est le prélude au royaume de Dieu sur terre. C’est à reculons que Jésus se rend à Jérusalem, car il n’a pas envie de mourir. Judas, homme influent, tente de le convaincre d’y aller. Ni les Romains ni les grands prêtres n’étaient très chauds pour la crucifixion. Judas s’en charge, grâce à ses nombreux contacts. Il n’a qu’à passer deux ou trois coups de fil. Pour mettre un peu de piment dans la sauce, il imagine de placer deux brigands de part et d’autre du Christ. Jésus agonise et, à sa mort, Judas prend conscience qu’il l’a vraiment tué, exactement comme le veut la tradition antisémite, mais pour une raison totalement inverse. La conclusion de Shmuel est donc qu’avec la mort de Judas disparaît le seul, le premier et l’unique chrétien. Sa version est sans doute plus cohérente que celle de l’Évangile.

Vous identifiez-vous à Judas en tant que traître ?

Amos Oz J’ai été souvent traité de traître dans ma vie. C’est un honneur.

Comment votre livre a-t-il été reçu en Israël ?

Amos Oz Il y a été fortement controversé. En France aussi. Mon livre est une provocation difficile à avaler pour les sionistes conventionnels et les chrétiens du même tabac. En Israël, on a dit que c’était un mauvais coup porté contre le sionisme et l’État d’Israël.

Comment voyez-vous la société israélienne actuelle ?

Amos Oz La politique est très mauvaise. Les Palestiniens devraient avoir un État. J’ai été contre la colonisation dès la guerre de 1967. Le pays est très petit. Les Palestiniens n’ont nulle part où aller. La situation est la même pour les Israéliens. Ils sont semblables. Pourquoi ne dormiraient-ils pas ensemble ? Après un siècle de haine, on ne peut coucher ensemble d’un seul coup. Il vaudrait mieux d’abord partager la maison en deux appartements séparés. Quand aura-t-on la même horloge ? Difficile d’être prophète en un pays qui en a déjà tant.

Entretien réalisé par Muriel Steinmetz, Traduction assurée par Sylvie Cohen
Amos Oz, disparition d'un écrivain apôtre de la paix (L'Humanité, 28 décembre 2018)
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28 décembre 2018 5 28 /12 /décembre /2018 07:58
Brisons l'arme de l'antisémitisme. Unissons-nous - à propos d'un tract de résistance du PCF clandestin en mai 1941 après la première grande rafle de juifs à Paris

Le 13 mai 1941, des agents de police frappent à la porte de juifs étrangers parisiens et remettent aux hommes des "billets verts", pliés comme des pneumatiques, dans lesquels on peut lire une convocation le 14 mai à 7 heures du matin, soit au gymnase de la rue Japy, soit au garage du 52, rue Edouard Pailleron, à la caserne des Tourelles, la caserne Napoléon ou celle des Minimes, ou n'importe quel commissariat de quartier.

Cette convocation est restée dans l'histoire sous le nom de "billet vert". "Les ressortissants étrangers de race juive pourront à dater de la promulgation de la présente loi être internés dans des camps spéciaux, par décision du préfet du département de leur résidence", énonçait le décret du 4 octobre 1940 appliqué pour la première fois en zone occupée sept mois après sa promulgation. 

Toutes les personnes convoquées et leurs familles n'envisagent pas le pire, une minorité sans doute l'imagine. Sur les 6 494 convoqués, précise un rapport de police cité par Annette Wieviorka dans Ils étaient juifs, résistants, communistes (Perrin, 2018), 3747 ont été arrêtés. Ils ont été "dirigés par quatre trains spéciaux sur les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande" dans le Loiret. De là, ils partiront plusieurs mois plus tard pour le camp de la mort d'Auschwitz, au moment où commencent d'autres rafles à grande échelle.  15 000 hommes, femmes et enfants seront déportés en tout de ces deux camps.

Annette Wieviorka écrit:

"A la suite des internements à Pithiviers et Beaune-la-Rolande, le Parti communiste imprime un tract: Brisons l'arme de l'antisémitisme. Unissons-nous.  Il faut noter que ces arrestations n'ont guère ému la Résistance et que le parti communiste semble être le seul à manifester sa réprobation. (...). Ce tract dénonce "le Commissariat général aux questions juives, organisme d'importation nazie que dirige le cagoulard six-fevriériste Xavier Vallat qui fait arrêter bestialement cinq mille travailleurs autrichiens, polonais, tchécoslovaques coupables d'être juifs. Cela s'est déroulé au milieu de scènes indescriptibles de séparation dont certaines ont été suivies de suicides"".

L'antisémitisme est qualifié, reprenant la formule célèbre de Staline au début des années 30, de "manifestation moderne du cannibalisme". L'antisémitisme est dénoncé comme racisme mais aussi et surtout comme moyen de diviser les travailleurs, les dominés, pour préserver les intérêts des capitalistes, mais aussi comme moyen de diviser les patriotes. Là dessus, la conclusion est très claire: "Français qui pensez français et voulez agir français, luttez contre l'antisémitisme". (...) "Vive l'union de tous les Français qui pensent français et veulent agir en Français pour la libération et l'indépendance de la France".

L'Humanité clandestine du 1er mai 1941, avant l'invasion de l'URSS, écrivait aussi: "C'est la fierté et l'honneur du parti communiste d'être traqué par les autorités d'occupation alors que les chefs de tous les autres partis vont chercher prébendes et directives à l'ambassade d'Allemagne". "Et le 8 mai 1941, L'Humanité titre en épigraphe, rappelle Annette Wieviorka: "Français, luttez contre la Libération nationale".

Le tract de mai 1941 du PCF (redevenu SFIC, Section Française de l'Internationale Communiste) "Brisons l'arme de l'antisémitisme. Unissons-nous" est tiré à 75 000 exemplaires.

Dès l’armistice de juin 1940, plusieurs textes dirigés contre les Français de « fraîche date » visent implicitement les juifs. Le 22 juillet 1940, une loi remet en question toutes les naturalisations accordées depuis 1927. Le 4 octobre 1940, une autre autorise l’internement dans des camps spéciaux des « ressortissants étrangers de race juive ». Le premier et le second « statut des juifs », le port de l’étoile jaune obligatoire pour tout juif ayant atteint l’âge de six ans, puis plusieurs dizaines de lois et décrets avaient officialisé l’idée que les juifs étaient des êtres inférieurs, qu’il fallait exclure de la société.

Après la dissolution du PCF en 1939, les organisations qui lui étaient rattachées sont contraintes à l’illégalité. Dès septembre 1940, le secteur juif de la MOI crée à Paris Solidarité (sous l’impulsion de Marcel Prenant, du professeur Debré, de Vladimir Jankélévitch et de Charles Lederman, NDLR) (3), première organisation clandestine de résistance juive, chargée entre autres d’aider à survivre ceux qui sont en grande difficulté. Ses militants avaient connu les persécutions antisémites et le fascisme dans leurs pays d’origine, ils avaient lutté pour le Front populaire en France, dans les Brigades internationales en Espagne. Ils savaient ce que signifiait l’arrivée d’Hitler au pouvoir.

La presse clandestine multiforme du secteur juif de la MOI et du PCF alerta sans cesse la population juive : « La déportation, c’est le chemin de la mort ; la résistance et la lutte contre la déportation, c’est le chemin de la vie. » Dans un des tout premiers tracts du PCF, distribué dans le quartier de Belleville en septembre 1940, on lit : « Travailleurs non juifs, artisans, commerçants, pas de propagande antisémite dans notre quartier ! (…) Les maris, les fils de la population juive étaient au front en première ligne avec nous (…), avec nous, ils travaillent et luttent. »

En 1940 et début 1941, les militants communistes juifs à Paris sont probablement au nombre de 200 ou 300. Ils sont principalement de langue maternelle Yidish, immigrés de Pologne ou de Roumanie, d'Europe de l'est, pour des raisons politiques (fuir l'antisémitisme d’État) et économique, ou des enfants de ces réfugiés habitant Belleville, l'est parisien. 2 à 300 sur des dizaines de milliers d'immigrés juifs d'Europe centrale et orientale mais leur influence s'étend bien au-delà de leurs rangs, dans la mesure où la communauté des travailleurs juifs immigrés de fraîche date est soudée et assez homogène et que la presse juive communiste en Yidish, les associations d'entraide et culturelles, les associations sportives dépendant de la FSGT (le YASK, Yiddisher Arbeter Sport Klub, vivier de recrutement de la résistance communiste), l'organisation des excursions de plein air, exercent une influence importante.

Plusieurs de ces juifs communistes ont adhéré en Europe centrale et orientale dans des partis communistes déjà clandestins et persécutés contre l'antisémitisme et le fascisme, pour une société sans classe et sans racisme, mais aussi contre les idées conservatrices et religieuses de leur milieu. Certains sont permanents communistes, ont fait les Brigades Internationales, mais la majorité sont des jeunes de la deuxième génération d'immigrés juifs.  

Une première brochure du PCF (redevenu SFIC depuis le pacte germano-soviétique) de 6 pages ronéotypées, distribué début 1941- "A bas les mesures racistes prises contre les petits et moyens commerçants juifs" - dénonçait les mesures racistes du gouvernement de Vichy de spoliation des petits et moyens commerçants juifs (plutôt que des gros et des banquiers qui s'en tirent toujours) dans une perspective de lutte des classes et de combat prioritaire contre les forces réactionnaires et bourgeoises de Vichy. Ce tract appelait les commerçants français à s'opposer à la spoliation des biens juifs. 

Document consultatable:

https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?irId=FRAN_IR_054916&udId=c-3h5l3yvft-1v24xh6g3no1z&details=true&gotoArchivesNums=false&auSeinIR=true

«Frères et sœurs (…), D’après les informations que nous recevons de source sûre, les Allemands vont organiser une rafle et une déportation massive de juifs. (…) Le danger est grand ! (…) La question qui se pose pour chaque juif est : que faire pour ne pas tomber dans les mains des bandits SS ? Que faire pour hâter leur fin et ma libération ? (…)

1. Ne pas attendre à la maison les bandits. Prendre toutes les mesures pour se cacher et pour cacher en premier lieu les enfants avec l’aide de la population française sympathisante.

2. Après avoir garanti sa propre liberté, adhérer à une organisation de combat patriotique pour battre l’ennemi sanguinaire et venger ses crimes.

3. Si l’on tombe entre les mains des bandits, résister par tous les moyens, barricader les portes, appeler à l’aide. On n’a rien à perdre. On peut juste y gagner la vie. Chercher sans cesse à fuir. (…) Chaque juif libre et vivant est une victoire sur notre ennemi. »

Cet appel, en yiddish, fut très largement diffusé dès le 6 juin 1942, six semaines avant la rafle du Vél’ d’Hiv, par Solidarité, organisation clandestine du secteur juif de la MOI. (1)

« Vent printanier », nom de code de la rafle barbare, organisée par René Bousquet (2), prévoyait l’arrestation de 27 391 juifs étrangers, hommes, femmes et enfants, même si ces derniers étaient de nationalité française. En fait, 12 884 personnes furent raflées et rassemblées au Vél’ d’Hiv dans des conditions inhumaines. Nombre de juifs ne sachant ni où aller ni où se cacher n’avaient pu suivre les appels de la résistance juive.

Les brutalités abominables exercées sur les vieillards, sur les femmes et sur les enfants, arrachés à leurs parents, avaient profondément choqué la population parisienne, qui manifesta sa solidarité active lorsqu’il fallut cacher les enfants. Pour ceux que la police française avait arrêtés, après le Vél’ d’Hiv ce furent les chambres à gaz et les fours crématoires.

Entretemps, à partir de l'été 41, des dizaines de juifs à Paris, Lyon, Grenoble, vont s'engager dans la résistance armée du Parti communiste, au sein de la MOI, accomplissant des actions d'éclat contre l'occupant et payant un très lourd tribut à la traque contre la résistance, et particulièrement la résistance communiste, des forces de l'ordre françaises.  

Lire aussi:  

Les communistes français dans la résistance avant l'invasion de l'URSS en juin 1941: relisons Albert Ouzoulias et ses "Bataillons de la jeunesse"

Olga Bancic, une héroïne de la résistance juive communiste FTP-Moi en France

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Gilbert Brustlein, Marcel Rayman, Henri Krasucki... les jeunes communistes juifs dans la FTP MOI, témoignage de Robert Endewelt

L'Affiche rouge: "Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant" (numéro spécial de L'Humanité, février 2007- Jean de Leyzieu)

une conférence importante de Léon Landini prouvant que, quoiqu'en disent les révisionnistes, la résistance communiste a débuté bien avant le printemps 1941

Onfray falsifie l'histoire: les communistes n'auraient parait-il commencé à résister qu'après l'invasion de l'URSS: Léon Landini, ancien résistant FTP-MOI, remet les pendules à l'heure

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27 décembre 2018 4 27 /12 /décembre /2018 08:15
Le 27 décembre 1944, mort du Colonel Fabien à 25 ans, auteur du premier acte de résistance armée contre les troupes d'occupation à Paris

On oublie pas : Le Colonel Fabien, de son vrai nom Pierre Georges mort sur le Front d’Alsace, à Habsheim près de Mulhouse, le 27 décembre 1944.

"Pierre Georges, Jeune communiste engagé très tôt dans l’action contre le fascisme, s’engage en 1936 à 17 ans dans les Brigades Internationales pour combattre aux côtés des républicains espagnols après le coup de force du général Franco.

Dès l’occupation allemande, Pierre Georges participe à la réorganisation des groupes clandestins des jeunes communistes dans le 19è arrondissement, et en 1941, il devient l’adjoint du colonel Albert Ouzoulias, chef des Bataillons de la jeunesse, au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP).

Il réalise lui-même ce qui est considéré comme le premier attentat meurtrier contre les troupes d’occupation, en abattant le 21 août 1941 un militaire de la Kriegsmarine, l’aspirant Moser, au métro Barbès-Rochechouart."

Article de Maurice Ulrich dans L'Humanité:

21 août 1941 : à Barbès-Rochechouart, Fabien tire

L’acte du militant communiste et résistant, qui, à vingt et un ans, a déjà combattu le fascisme en Espagne, donne le signal de la lutte armée contre l’occupant.
Il est encore tôt, ce matin du 21 août 1941 à Paris.

Au métro Barbès-Rochechouart, un officier de la Kriegsmarine s’apprête à monter dans la rame. Deux coups de feu claquent, il s’écroule.

C’est dans la France occupée le premier acte de la résistance armée.

Son auteur, Pierre Félix Georges, entrera dans l’histoire sous le nom de colonel Fabien.

Né dans le 19e arrondissement, il n’a que vingt et un ans, mais il a déjà combattu le fascisme, en Espagne. À la fin de l’année 1936, il s’est engagé dans les brigades internationales en mentant sur son âge. Il est communiste.

Les deux coups de feu de Fabien vont avoir un sens clair. Pour les nazis, cela veut dire qu’en dépit de la collaboration active du gouvernement de Pétain, de l’appui de la police française dirigée par Bousquet, ils ne seront plus en sécurité. Pour une part de l’opinion française, encore fidèle à Pétain, c’est le signe que la guerre continue. Certes, depuis Londres, le général de Gaulle l’a dit dès le 18 juin 1940. Mais il s’agit de rassembler les forces de l’empire colonial et de reconstituer à partir de Londres une force combattante, s’appuyant en France sur des réseaux de résistance tournés vers le renseignement ou constituant des forces d’appoint dans l’attente du grand jour.

L’action de Fabien signifie que le combat au cœur même de la capitale et des villes passe par la lutte armée. C’est aussi un acte politique majeur. La résistance française, pour le PCF, sera populaire, sur la terre de France. La portée de cette décision est considérable. Sans elle, à tout bien considérer, la libération de Paris « par lui-même », selon la formule du général, n’aurait peut-être pas eu lieu.
« Paris a froid, Paris a faim, Paris ne mange plus de marrons dans la rue, Paris a mis de vieux vêtements de vieille », écrivait Paul Eluard.

Pas pour tout le monde. La collaboration est devenue pleinement active, ce qui ne va pas sans interrogations dans l’opinion.

Le 12, Pétain déclare à la radio qu’il sent souffler un vent mauvais : « L’inquiétude gagne les esprits, le doute s’empare des âmes, l’autorité de mon gouvernement est discutée. » Le 14, Vichy décrète que les magistrats, les hauts fonctionnaires et les militaires doivent prêter serment au maréchal. Le 20, la police française, à la demande des Allemands, arrête 3 447 juifs, internés à Drancy.

Au matin du 21 août, un communiqué officiel annonce : « Pour activité en faveur de l’ennemi, le juif Samuel Tyszelman et le nommé Henri Gautherot, tous deux domiciliés à Paris, ont été condamnés à mort. Ils avaient participé à une manifestation communiste dirigée contre les troupes d’occupation allemandes. En exécution de l’arrêt, ils ont été fusillés. » Tous deux étaient des amis de Fabien.
Pour les communistes français, le trouble du pacte germano-soviétique de 1939 est déjà loin. Pas seulement parce que l’Allemagne est lancée depuis juin contre l’Union soviétique, mais parce que la répression contre les communistes, dès juillet 1940, ne laisse guère de place aux ambiguïtés. Pour Vichy comme pour les nazis, les communistes sont l’ennemi principal. Dès octobre 1940, les communistes ont créé les OS, organisations spéciales, dont le but est d’agir contre l’occupant. Le 15 mai, le PCF lance un appel à la constitution d’un front national de lutte pour la libération de la France, et des attentats et sabotages, en particulier contre les installations ferroviaires, commencent à se multiplier. Mais il faut faire plus. Les nazis, dès septembre 1940, ont déjà désigné des otages qui seraient exécutés en cas de troubles. Ils ont exécuté des patriotes. Jacques Bonsergent qui a « bousculé des soldats allemands » en décembre 1940, André Masseron qui a chanté la Marseillaise, le 19 juillet 1941, Roger Roig le 24 qui a tenu des propos injurieux. Le premier, sans doute, fut à Rouen, Étienne Dechavanne, dès juillet 1940.
Il faut un choc. Ce n’est pas si simple. Est-ce la bonne stratégie ? Fabien va donner l’exemple.

Ce jeune homme est déjà un combattant aguerri, devenu sous-officier en Espagne, grièvement blessé en 1938. Revenu à Paris il est « ajusteur d’avion » et épouse Andrée Coudrier qui sera déportée à Ravensbrück. Élu au Conseil national de la jeunesse communiste, puis arrêté dans son usine où les ouvriers se solidarisent en se mettant en grève, il s’évade, commence à organiser l’activité clandestine du PCF dans différentes régions. Il revient à Paris début 1941, à la demande de la direction du PCF. Le 21 août, il tire.
Fabien installe ensuite le premier maquis de France dans le Doubs, attaqué en octobre par la gendarmerie. Il est de nouveau blessé, à la tête. Il traverse le Doubs à la nage, regagne Paris. Arrêté par la police française, il est torturé et remis à la Gestapo. Il s’évade du fort de Romainville et reprend les combats dans divers maquis. En 1944, il est l’un acteurs importants de l’insurrection parisienne. Le groupe qu’il commande devient le 151e régiment d’infanterie sous les ordres du général Delattre de Tassigny. Ce dernier le voyait déjà général.

Le 27 septembre 1944, Pierre Georges, le colonel Fabien, saute sur une mine dans des conditions restées imprécises. Il avait vingt-cinq ans.
 

Maurice Ulrich

 

Pierre Georges est le 21 août 1941 l'adjoint d'Albert Ouzoulias, à qui l'on doit "Les Bataillons de la jeunesse", un témoignage passionnant sur les débuts héroïques de l'organisation de la résistance communiste, notamment chez les jeunes, lycéens, ouvriers, étudiants, à Paris.  

Les communistes français dans la résistance avant l'invasion de l'URSS en juin 1941: relisons Albert Ouzoulias et ses "Bataillons de la jeunesse"

 

 

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24 décembre 2018 1 24 /12 /décembre /2018 06:52
Le 24 décembre 1982, Aragon disparaissait - L'Hommage du Comité Central du PCF et de L'Humanité le lendemain,  25 décembre

Louis Aragon meurt le 24 décembre 1982, dans la nuit du jeudi au vendredi, à 0h05, dans son domicile parisien du 56, rue de Varenne.

Le lendemain, samedi 25 décembre, L'Humanité lui dédie huit pages d'hommages et d'articles sur sa vie et son œuvre, souvent très denses. Et six pages encore le lundi 27 décembre 1982 pour ses obsèques prévues le lendemain.

Il y a d'abord l'hommage adopté par le Comité Central du PCF, magnifique, qui mérite d'être cité intégralement.

Il est sous un encadré avec une photo d'Aragon prise en 1982 avec son chapeau, et la formule de La Diane française "Mon parti m'a rendu mes yeux et ma mémoire"

C'est notre honneur

"Aragon n'est plus.

Pour ses camarades communistes dont il était la fierté, pour tous ceux en qui a retenti sa parole aux plus forts moments de notre vie nationale, pour les femmes et les hommes innombrables que le rayonnement de son art a atteints jusqu'au bout du monde, la perte est immense?

Présent à tous les rendez-vous de notre peuple et de sa culture avec l'histoire, Aragon a marqué son siècle.

Il l'a marqué par son œuvre, infiniment diverse et profondément une: œuvre poétique chantant sur tous les tons, à travers toutes les formes, l'amour et la colère, la douleur et l'espoir: œuvre romanesque à la taille du monde réel et de l'histoire, indissolublement croisée avec celle d'Elsa Triolet; œuvre critique attentive à tous les chemins nouveaux de la création, sans cesse attachée à mettre l'héritage au présent. Riche de cette assimilation exceptionnellement inventive de la culture française et mondiale, retrouvant et continuant notre grande tradition humaniste à travers les ruptures les plus révolutionnaires, élaborée jusqu'au plus extrême raffinement et capable d'entrer dans la sensibilité populaire jusqu'à devenir chanson, l’œuvre d'Aragon est un sommet de l'art contemporain.    

Il a marqué en même temps son siècle par cette manière de vivre jusqu'au bout l'engagement du créateur dans les combats pour changer le monde. Bien des écrivains ont joué un rôle civique dans notre histoire. Mais rares sont ceux qui ont poussé si loin la liaison délibérée de l'écriture et de l'acte politique. Ce fil perpétuel qui noue dans son œuvre vie intime et vie publique, ce croisement sans cesse renouvelé de la création littéraire avec la prise de position du journaliste et l'intervention du militant font d'Aragon une des personnalités les plus fortes de la France contemporaine.

Ce prodigieux inventeur de formes a été une haute voix de notre temps. 

Au sortir de la Première Guerre, en rupture radicale avec une esthétique et une morale qui s'étaient faites complices de la tuerie impérialiste où l'on avait jeté ses vingt ans, Aragon est l'un des fondateurs, une des figures décisives du mouvement surréaliste, cette insurrection de l'esprit dont jamais il ne reniera les choix fondamentaux. 

C'est à partir d'eux que, poussant jusqu'au bout sa remise en question de l'inacceptable ordre établi, Aragon adhère dès 1927 au jeune Parti communiste. De cette rencontre capitale avec la classe ouvrière révolutionnaire, de sa découverte concrète de l'Union soviétique naît une dimension nouvelle de son engagement politique comme de son art. A la pointe de l'action antifasciste et pour la paix, au cœur du Front populaire, il est de ceux qui ont le plus ardemment contribué à unir en une même démarche combat de classe et combat national, grandeur française et solidarité internationale.

Dans les années de douleur et de courage où la France trahie est occupée par les nazis, Aragon est au premier rang pour organiser la résistance chez les intellectuels, animer le Front national, fonder Les lettres françaises et le Comité national des écrivains. En des termes inoubliables, il est une voix sans pareille de la France debout dans la lutte contre l'envahisseur. 

Lorsque, après la grande espérance de la Libération, vient l'époque de la guerre froide et des guerres coloniales, de l'inféodation atlantique, puis du long règne de la droite, Aragon le poète, le romancier, l'essayiste, le directeur de Ce Soir et des Lettres Françaises met sans compter son prestige et son génie dans la balance de toutes les causes où se joue le bonheur des hommes, du mouvement mondial pour la paix et de la solidarité avec les pays socialistes au combat national pour l'indépendance et la démocratie. Il se voue avec Elsa à la défense et illustration de notre culture à sa rencontre avec toutes les autres. Bouleversé par ce qui vient ternir l'image du socialisme, il milite pour son visage humain. Soucieux de rassembler, il a été inlassablement de la longue bataille pour la victoire de la gauche. 

Peu de vies ont à ce point fait honneur aux couleurs de la France.

Et c'est notre honneur que pendant plus d'un demi-siècle, liant au chemin de tous sa démarche singulière, Aragon ait été sans jamais faire défaut un communiste.

Ce qu'il a apporté à notre Parti est inestimable. Il a pris dans les années 30 sa part des efforts pour en surmonter les maladies infantiles. Il n'a cessé de rendre puissamment sensibles, par-delà les cris et chuchotements de la calomnie, l'inspiration démocratique et nationale de notre politique, le souffle libérateur du marxisme, la stature de l'homme communiste. Toujours il a voulu servir, comme il aimait à le dire, et parfois jusqu'à la déchirure, ce parti qu'il avait fait sien une fois pour toutes il y a cinquante-cinq ans à partir de raisons plus profondes que toutes les failles de l'histoire. 

Devant ce qui n'y fut pas toujours selon son cœur, devant l'amertume des erreurs un temps partagées, jamais il n'a songé à rebrousser chemin, mais à agir pour avancer. Membre du Comité central depuis 1950, il a été au sens le plus vrai du mot un homme politique.

Artisan passionné d'une conception démocratique et nationale de la culture, partisan convaincu de l'alliance capitale de la classe ouvrière et des intellectuels, explorateur hardi de l'ouverture et de l'union, il a joué un grand rôle à sa mesure dans ces grands pas en avant de notre Parti qui s'appellent Argenteuil et Champigny, dans cet acte décisif qu'a été notre 22e congrès. La marque d'Aragon se lit à livre ouvert dans notre conception et notre pratique de l'avancée démocratique vers un socialisme à la française.

Lors de son 80e anniversaire, il exprimait sa joie devant ce que son Parti était devenu. Sa disparition nous fait redire avec solennité combien nous mesurons la part qu'il y a prise.

Au moment où Aragon nous quitte, où son œuvre achevée appareille vers les plus lointains lendemains, nous, ses camarades des nuits noires et des jours lumineux, nous saluons en lui, du fond de notre douleur et avec une ineffable gratitude, l'une des plus hautes images de l'homme d'aujourd'hui".

Le Comité Central du Parti Communiste Français

 

 

 

 

 

 

Aragon et Marchais

Aragon et Marchais

Georges Marchais est cité page 3: 

"Je suis bouleversé"

Aussitôt connue la mort d'Aragon, Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français, a déclaré:

"Aragon n'est plus. Les mots me manquent pour dire la peine immense qui m'étreint. Je perds un ami très proche, notre Parti un des meilleurs des siens, la France son plus grand poète du siècle. Je suis bouleversé".

Plus tard, après avoir salué la dépouille mortelle d'Aragon, Georges Marchais, interrogé par les journalistes, a déclaré:

"J'ai beaucoup de peine, car je perds un ami. Pour beaucoup de gens, cela peut apparaître comme une attitude prétentieuse de ma part. Ce n'est pourtant pas le cas.

"Aragon a parlé avec moi pour la première fois en 1956, lorsque j'ai été élu au Comité central. Depuis, il a toujours joué un grand rôle auprès de moi. Par exemple, en 1968, quand avec Waldeck Rochet, nous avons travaillé au Manifeste de Champigny, les conseils d'Aragon ont été précieux". 

Puis il a poursuivi: "Par la suite, quand Waldeck Rochet est tombé malade et que j'ai été investi des responsabilités qui sont les miennes aujourd'hui, j'ai souvent rencontré Aragon et il m'a beaucoup aidé. 

"A la veille du XXIIe Congrès, qui a été un tournant pour le Parti, Aragon est venu me voir dans mon bureau. Il m'a apporté un témoignage qui avait une grande signification: "La Joconde", par Marcel Duchamp.

" Aragon avait une dimension nationale et internationale, une dimension qui n'a rien à voir avec la mienne. Mais c'était un ami. C'était un des meilleurs des nôtres, dans sa fidélité constante au Parti communiste, à ce Parti dont il disait "Je démissionne chaque soir, je réadhère chaque matin"

"C'est le plus grand poète de ce siècle. Pour nous, et pas seulement pour nous.

"Aragon, c'est la fidélité à son engagement, comme écrivain surréaliste, et à son engagement comme membre de son Parti. C'est un exemple de fidélité, au sens le plus fort de ce terme. Une fidélité qui n'a jamais été aveugle. C'était Aragon avec tout ce qu'il était". 

 

 

Le 24 décembre 1982, Aragon disparaissait - L'Hommage du Comité Central du PCF et de L'Humanité le lendemain,  25 décembre
Trois mots à la une : Aragon est mort
Lundi, 24 Décembre, 2012

C’est ainsi que l’Humanité annonçait sa disparition, le 25 décembre 1982, avec une photo de ses dernières années. Une foule grave avait assisté trois jours plus tard à l’hommage qui lui fut rendu, place du Colonel-Fabien, à Paris.

Le 25 décembre 1982. Sans doute est-ce alerté la veille par la radio ou la télé que l’on était allé acheter l’Huma ce matin de Noël. Un titre, un seul titre à la une, d’une clarté tranchante : « Aragon est mort ». Ces trois mots et une photo. Il n’avait sans doute pas été facile de la choisir. Quel était l’Aragon des lecteurs de l’Huma, et, bien au-delà, de tous ses lecteurs ? Le jeune homme si élégant des années surréalistes, aux mille cravates, mais qui avait déjà sur le front de la guerre, puis à l’hôpital du Val-de-Grâce où il avait rencontré André Breton, connu la souffrance, la mort et la folie ? Le poète de la Résistance ? L’auteur d’Aurélien ou celui de la Semaine sainte, celui de la Défense de l’infini en 1927 ou de ces pages hallucinées des Communistes, où il décrit comme le Triomphe de la mort, de Bruegel, le désastre de Dunkerque ? Le membre du Comité central du PCF, ancien directeur du quotidien Ce soir, directeur des Lettres françaises qui avait offert à Georges Marchais l’une des trois Joconde à moustache de Marcel Duchamp, portant ces mots en forme de provocation : « LHOOQ » ? « Autant il y a d’artistes véritables, écrivait Marcel Proust, autant il y a de mondes différents. » Aragon fut un inventeur de mondes. L’une des logiques sans doute de cet enfant sans nom, qui ne connaissait pas son père, un enfant de l’amour, comme on disait à la fin du XIXe siècle. Un enfant qui crut longtemps que sa mère était sa sœur et pour qui écrire était un « mentir-vrai ». Inventeur de mondes, se récriera-t-on peut-être, et le monde réel, alors, qu’il avait donné comme titre à son cycle romanesque des années trente ? Bien sûr… mais jamais il ne le confondit avec un plat réalisme, fût-il baptisé socialiste.

«Il nous restera de lui le pouvoir infini des mots »

Le journal avait choisi une photo des dernières années. Ces années où souvent il s’exprimait avec un de ces masques blancs des mimes, comme si dans cette traversée du siècle il s’était senti devenir une ombre. « Siècle martyr, siècle blessé, c’est de sang que sa bouche est peinte. »

Ses obsèques avaient eu lieu trois jours après. Le président de la République, François Mitterrand alors, le gouvernement n’avaient pas cru bon d’organiser des obsèques nationales. Ce fut au PCF qu’il échut de lui rendre hommage. Non qu’il lui appartînt, mais aussi parce que, peu à peu, comme le dira alors Georges Marchais, le PCF s’était reconnu en lui. Ce jour-là, place du Colonel-Fabien, devant la façade de verre de Niemeyer, il y avait une grande foule grave, avec partout les couleurs des drapeaux et des roses rouges. Pierre Mauroy, premier ministre, était venu. « Il nous restera de lui le pouvoir infini des mots et cela qui lui faisait toujours discerner la lueur d’une aube. » Le cercueil après la cérémonie publique avait été emporté à Saint-Arnoult-en-Yvelines pour être inhumé sous la grande dalle de pierre où reposait déjà Elsa avec ces mots gravés : « Quand côte à côte nous serons enfin gisants »… 25 décembre 1982. Dans un autre journal, le Figaro, Jean d’Ormesson saluait « le plus grand poète français. Un romancier de génie ».

L’actualité d’Aragon
Pour commémorer le trentième anniversaire de la mort d’Aragon, l’Équipe de recherche interdisciplinaire sur Elsa Triolet et Aragon (Erita), met en ligne un dossier, l’Actualité d’Aragon, prélude à un numéro spécial de sa revue Recherches croisées. Ce dossier comporte un bilan de la recherche aragonienne, des textes d’Aragon, des contributions de chercheurs, écrivains, artistes ainsi qu’un hommage à Michel Apel-Muller, l’un des fondateurs de l’Erita, qui vient de disparaître.

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17 décembre 2018 1 17 /12 /décembre /2018 11:27
Fernand Jacq- Document archives départementales du Finistère

Fernand Jacq- Document archives départementales du Finistère

Fernand Jacq et sa famille - Document archives départementales du Finistère

Fernand Jacq et sa famille - Document archives départementales du Finistère

Publication du PCF Finistère à la Libération - document archives Départementales du Finistère

Publication du PCF Finistère à la Libération - document archives Départementales du Finistère

http://www.archives-finistere.fr/concours-national-de-la-r%C3%A9sistance-et-de-la-d%C3%A9portation-dossier-fernand-jacq

FERNAND JACQ

médecin et élu au Huelgoat, militant communiste et résistant, fusillé à Châteaubriant le 15 décembre 1941

 

Article des Archives Départementales du Finistère, mis en ligne pour le Concours de la Résistance et de la Déportation en 2014

On retrouve la trace de l’histoire de Fernand Jacq grâce à une série de documents conservés dans une maison particulière de Pont-Aven et découverts par le nouveau propriétaire des lieux. Il est probable que les documents aient été conservés par les parents de Fernand Jacq après le décès de celui-ci.

En voici la liste :

Documents scolaires : livrets scolaires de Fernand Jacq et palmarès du collège de Morlaix (1920-1926).

Thèse de doctorat en médecine « Contribution à l'étude de la réaction de l'Acétate de cuivre chez les Cancéreux » (1934).

Arrestation et exécution du docteur Jacq : lettres du docteur Jacq à ses parents (25 juin - 15 décembre 1941).

Lettres reçues par les parents du docteur Jacq, de proches réagissant à l'événement (1942).

Article sur l'exécution du docteur Jacq paru dans le journal Le Cameroun libre (1er mai 1942).

Hommage public, obsèques solennelles du docteur Jacq au Huelgoat en décembre 1945 : correspondance, coupures de presse.

Lettre manuscrite du docteur Classe se défendant des accusations portées contre lui d'avoir contribué à l'arrestation du docteur Jacq (s. d., après 1941).

Photographies du docteur Jacq.

Biographie du docteur Jacq écrite par sa mère (s. d. [1945]).

Ces documents sont entrés par don en 2003 aux Archives départementales et sont regroupés sous la cote 1 J 448 (Archives privées).

 

Dernière lettre de condamné de Fernand Jacq -document archives Départementales du Finistère

Dernière lettre de condamné de Fernand Jacq -document archives Départementales du Finistère

FERNAND JACQ médecin et élu au Huelgoat, militant communiste et résistant, fusillé à Châteaubriant le 15 décembre 1941 (archives départementales du Finistère)

Premières années et engagement

Né à Granville (Manche) le 12 janvier 1908, Fernand Jacq, est issu d’une famille de fonctionnaires (père douanier, mère employée des PTT). Ses parents quittent peu après sa naissance la Normandie pour la Bretagne et Fernand grandit en Finistère, dans la petite commune de Pleyber-Christ.

Elève studieux et brillant malgré une santé fragile, il s’oriente vers des études de médecine et sort diplômé de la faculté de Rennes, ville où il rencontre sa femme. En 1933, il revient dans le Finistère, d’abord à Querrien, puis s’installe au Huelgoat comme médecin, terminant sa thèse de doctorat en médecine en 1934.

Communiste, sa mère écrit en 1945 dans une brève biographie de son fils, qu’elle l’interrogea avant guerre sur son engagement politique. Il lui répondit : « Parce que j’ai eu faim ! et que je travaille pour qu’il n’y ait plus de misères ».

 

En effet, dès 1930, Fernand Jacq adhère au Parti Communiste Français. Il devient conseiller municipal au Huelgoat en 1935, puis participe à sa restructuration après son interdiction en septembre 1939.  

 

L'arrivée de la guerre

Lorsque la guerre éclate, Fernand Jacq est contrarié de n’être pas mobilisé. Il est réformé pour raison de santé mais adresse un courrier au préfet du Finistère par lequel il demande d’être incorporé dans un régiment quelconque. Il souhaite, d’après le témoignage de sa mère, être aux côtés de ses camarades dans le combat. Toutefois, sa demande est rejetée et il est contraint d’attendre l’arrivée des Allemands au Huelgoat.

A l'arrivée des troupes d'occupation à Pont-Aven, commune de résidence de ses parents, un notaire menace et rappelle les engagements politiques de Fernand Jacq au père de ce dernier. Il déclare espérer que le médecin sera bientôt fusillé. La famille vit alors dans une inquiétude perpétuelle. Le médecin est en effet déchu de son mandat politique par le Gouvernement de Vichy. Toutefois, cela n’empêche pas Fernand Jacq de rejoindre la Résistance en adhérant en 1941 au Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Il procède à de nombreux recrutements et est l'un des organisateurs des premiers groupes de FTP (Francs-Tireurs et Partisans) dans le Finistère. En juin de la même année, il est désigné comme responsable départemental du Service Sanitaire et réussit rapidement à mettre sur pied les éléments d'une organisation qui rend de grands services à la Résistance.

 

Arrestation et internement

Fernand Jacq est arrêté le 3 juillet 1941, probablement victime d’une des innombrables lettres de délation envoyées aux autorités sous l’Occupation. Il est immédiatement conduit dans le camp d’internement de Choisel, à Châteaubriant (Loire-Inférieure), section politique, baraque 7. Voici son témoignage le lendemain de son arrivée (correspondance à ses parents) :

Dans les lettres suivantes adressées à sa famille, le Docteur Jacq ne renie jamais ses engagements et redit sa fierté de partager le sort de millions d’Hommes, d’être enfermé à Choisel au milieu de camarades constituant « l’élite de la France ». Il écrit aussi : « Il y a plus d’intelligence ici que dans n’importe quel lycée de France et nous vivons dans l’attente d’un avenir que nous sentons très proche, avec la certitude de la victoire ». Toutes ses lettres dénotent d’une grande foi en l’avenir et la victoire finale du camp de la Liberté.

L’abattement n’est donc pas de mise et Fernand Jacq est très actif dans le camp. Il dispense durant sa captivité des cours de breton pour les autres otages du camp et met en place une chorale bretonne.
 
 
 

Côté population, il faut aller chercher dans la correspondance préfectorale (200 W 68) pour mesurer l'émoi suscité par l'arrestation du médecin. En décembre 1941, en effet, deux courriers du Sous-Préfet de Châteaulin sont transmis à son supérieur direct, le Préfet du Finistère.

Il demande la grâce du Docteur Jacq, assortie d'une mesure d'éloignement du département.

La raison de cette démarche volontariste du Sous-Préfet transparaît clairement dans ses écrits. La population "... commence à le (Fernand Jacq) considérer comme un héros". La libération par les autorités à la période de Noël "... dissipera définitivement le malaise dont j'ai pu être témoin depuis quelques semaines au cours de mes tournées dans la région susvisée".

L'arrestation de Fernard Jacq choque donc bien la population du Huelgoat, à tel point que le Sous-Préfet de Châteaulin semble craindre que son maintien en détention ne constitue un danger dans le rapport des autorités avec la population locale.

Cette initiative du Sous-Préfet restera toutefois lettre morte, intervenant trop tardivement

 

 

Les Neuf de la Blisière

En effet, à la suite d’attentats à Paris, les Allemands décident de fusiller 100 otages ; neuf seront pris dans le camp de Choisel. Parmi eux figure Fernand Jacq. Vers midi, le 15 décembre 1941, les feldgendarmes conduisent les neuf otages en plein cœur de la forêt de Juigné, au bord de l’étang de La Blisière où ils sont exécutés aux alentours de 15 heures.

Au moment du départ des otages pour le lieu de l’exécution, les prisonniers du camp de Choisel s’étaient mis à entonner la Marseillaise, certains chantèrent le Bro gozh ma zadoù (hymne national breton), d’autres enfin entonnèrent l’Internationale en breton.
L’espoir et la résistance à l’oppression ne quitta pas ces hommes comme en témoigne encore la dernière lettre de Fernand Jacq, lettre d’adieux rédigée à ses parents le jour même de l’exécution (Voir ci-contre).
 

Fernand Jacq ne manque d’ailleurs pas de rappeler dans cet écrit que lui et ses camarades ne sont pas les premières victimes de l’occupant au camp de Choisel et commémore les fusillés du 22 octobre 1941. Ce jour là, en représailles à l’assassinat du commandant de Nantes, le Feldkommandant Fritz Holtz, les Allemands avaient fusillés 27 détenus du camp de Choisel dont le jeune Guy Môquet (17 ans).

L’émotion est grande à la mort du médecin du Huelgoat. Les premiers témoignages d’afflictions des proches de la famille en attestent bien sûr, mais c’est à la libération qu’on mesurera l’impact qu’eurent ces exécutions arbitraires de civils parmi la population française.

  

Toutefois, dès 1942, le frère de Fernand Jacq, Marcel, sous-lieutenant des Forces Françaises Libres (FFL) du Cameroun, apprend la nouvelle et l’organe de presse des FFL du Cameroun mentionne son exécution, honorant sa mémoire d’un vribant discours combattant contre l’occupant (Voir ci-dessous).

FERNAND JACQ médecin et élu au Huelgoat, militant communiste et résistant, fusillé à Châteaubriant le 15 décembre 1941 (archives départementales du Finistère)
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12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 05:36
Anne Guillou: Guerre d'indépendance de l'Algérie, blessures intimes - photos du Mardi de l'éducation populaire du PCF pays de Morlaix, 11 décembre 2018
photo Jean-Luc Le Calvez

photo Jean-Luc Le Calvez

Anne Guillou: Guerre d'indépendance de l'Algérie, blessures intimes - photos du Mardi de l'éducation populaire du PCF pays de Morlaix, 11 décembre 2018
Anne Guillou: Guerre d'indépendance de l'Algérie, blessures intimes - photos du Mardi de l'éducation populaire du PCF pays de Morlaix, 11 décembre 2018
Anne Guillou: Guerre d'indépendance de l'Algérie, blessures intimes - photos du Mardi de l'éducation populaire du PCF pays de Morlaix, 11 décembre 2018
Anne Guillou: Guerre d'indépendance de l'Algérie, blessures intimes - photos du Mardi de l'éducation populaire du PCF pays de Morlaix, 11 décembre 2018
Anne Guillou: Guerre d'indépendance de l'Algérie, blessures intimes - photos du Mardi de l'éducation populaire du PCF pays de Morlaix, 11 décembre 2018

Mardi de l'éducation populaire hier soir, 11 décembre, au local du PCF à Morlaix.
Une petite trentaine de personnes présentes qui ont été très intéressées par une heure et demi de conférence sur le thème "Guerre d'Algérie, blessures intimes", suivis d'une demi-heure d'échanges et d'un apéro convivial.
Anne Guillou revient sur la mort de son fiancé, jeune officier, pendant la guerre d'Algérie en août 1960, sur son éducation léonarde et conservatrice qui ne prédisposait pas à comprendre les enjeux des "évènements d'Algérie", sur les racines de cette guerre d'indépendance, de libération nationale, impitoyable, sur les mémoires meurtries et la possibilité néanmoins de la réconciliation. Sur la colonisation brutale de l'Algérie à partir de 1830. Une conférence passionnante, profondément humaine, avec une écrivaine et sociologue qui parvient bien à expliquer les choses avec finesse, simplicité et profondeur. Des anciens appelés d'Algérie étaient présents et ont pu témoigner eux aussi.

Anne Guillou a dédicacé de nombreux exemplaires de son livre de témoignage, d'enquête, sorti chez Skol Vreizh début 2018: "Une embuscade dans les Aurès" (15€). 

Anne Guillou: Guerre d'indépendance de l'Algérie, blessures intimes - photos du Mardi de l'éducation populaire du PCF pays de Morlaix, 11 décembre 2018
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4 décembre 2018 2 04 /12 /décembre /2018 05:54
En novembre 2018, parution de Irlande en révolutions, un essai historique de Olivier Coquelin aux éditions Syllepses

Un livre à conseiller de notre ami universitaire Olivier Coquelin que nous avions eu déjà eu le bonheur de publier dans le Chiffon Rouge:

Soviets irlandais : expériences autogestionnaires dans l’Irlande révolutionnaire (1918-1923) (1/2) par Olivier Coquelin

https://autogestion.asso.fr/soviets-irlandais-experiences-autogestionnaires-dans-lirlande-revolutionnaire-1918-1923-12/

 

Pour comprendre les particularités de l’Irlande contemporaine, l’auteur nous invite à un voyage dans une histoire des revendications émancipatrices du peuple irlandais.
La partition de l’île d’Irlande, qui perdure à ce jour, fut l’une des conséquences de la Révolution de 1916-1923. Inachevée, la rupture avec l’ordre ancien contribua surtout à renforcer le pouvoir des forces conservatrices, à l’œuvre des deux côtés de la frontière.
Pareil phénomène oblige à s’interroger sur la nature même des mouvements politiques (révolutionnaires comme constitutionnels) et sociaux (agraires comme ouvriers) irlandais qui se réclamèrent du nationalisme, à partir du siècle des Lumières.

Dans quelle mesure se faisaient-ils les partisans de desseins progressistes dans la perspective d’une Irlande indépendante, autonome ou maintenue dans le giron britannique ?

Entre nationalismes et conservatismes: une histoire politique et sociale (18e-20e siècles)

Collection : « Histoire : enjeux et débats »

Auteur-e : Olivier Coquelin

Parution : Novembre 2018
Pages : 544
Format : 150 x 210
ISBN : 978-2-84950-693-6

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19 novembre 2018 1 19 /11 /novembre /2018 21:16
Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

 
 
Patricia et André, nos camarades de La Feuillée, nous avaient recommandé l'exposition éphémère in situ de Street Art de Guy Denning, un grand artiste vivant à La Feuillée, dans les Monts d'Arrée, près de Morlaix.
Dans la veine des Ernest Pignon Ernest.
Notre ami photographe Jean-Marc Nayet, qui a lui-même beaucoup travaillé sur le souvenir de la première Guerre Mondiale, a été voir et nous a ramené une magnifique collection de photographies.
Une exposition de plein air à découvrir avant que le temps ne l'efface.
 
Voici la présentation de l'artiste anglais, et breton d'adoption, Guy Denning, sur son blog:
 
“112” – Le projet du centenaire de l’armistice pour La Feuillée

L’idée de ce projet m’est venue de l’intérêt des médias pour le centenaire de la Première Guerre mondiale. Mais, plutôt que de me concentrer sur le début de ce lamentable épisode de notre histoire, j’ai jugé plus opportun de porter mon attention sur l’armistice.
La Première Guerre mondiale est devenue obsédante pour moi lorsque mes parents m’ont emmené à Verdun découvrir les lieux des champs de batailles et visiter les cimetières militaires alors que je n’avais que 12 ans. Avant cela, ma réflexion sur la guerre se réduisait aux petits soldats en plastique, aux chars d’assaut et aux films de guerre diffusés généralement à la télévision le dimanche après-midi. Je ne pense pas que ma vision de la guerre était très différente de celle de la plupart des enfants anglais de l’époque. C’était juste un moment de divertissement dans nos vies, un peu comme les westerns américains ou les mauvaises séries télévisées de science-fiction.
J’ai le souvenir que cette visite à Verdun, a tout changé pour moi. En 1916, en à peine dix mois, près d’un quart de million de soldats sont morts sur un champ de bataille de moins de vingt kilomètres carrés. Le résultat de ces meurtrières batailles s’inscrit dans le paysage, ligne par ligne de pierres tombales. Mon besoin d’essayer de comprendre ce que pouvait représenter dans la réalité ces cimetières, m’a permis de me forger les convictions sociales et politiques qui m’animent aujourd’hui.
Je vis dans un petit village breton du Finistère, et les jours de commémoration de l’armistice, je me rends, accompagné de mon chien, jusqu’au monument aux morts sur la place du village. Au pied de la statue d’un soldat silencieux, je prends quelques minutes pour lire et réfléchir devant les 112 noms gravés de jeunes gens morts pour la patrie.
En cette année de centenaire de l’Armistice de la «der des der» (la dernière des dernières guerres), j’ai souhaité apporter en témoignage de mon respect pour ceux qui ont perdu la vie mais aussi pour leurs familles qui se souviennent, une œuvre d’art créée dans mon atelier, dans ce village qui m’est cher.
Il y a 112 noms inscrits sur ce mémorial, ce qui représente près d’un dixième de la population du village, disparus pendant la première guerre mondiale. J’ai donc pensé que cela pourrait rendre la réalité un peu plus concrète que l’abstraction des nombres ou une liste de noms, si je collais 112 dessins grandeur nature figurant ces soldats autour de cette place.
Ce ne serait que temporaire; le vent, la pluie et le temps repoussent lentement ce geste moderne de mémorial. Mais à mon avis, cela me semble tout à fait approprié de prendre à nouveau conscience de leurs existences et de regarder lentement ces présences nous quitter.
Au tout début de cette année, j’ai prudemment présenté mon projet à Monsieur le Maire et celui-ci m’a immédiatement apporté son soutien et son enthousiasme. Je lui ai alors fournis quelques esquisses préliminaires afin qu’il ait des éléments visuels à soumettre au Conseil Municipal, à l’Association Locale des Anciens Combattants, puis aux résidents des propriétés proches de la place. Tous ont unanimement approuvé ce projet.

 
Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

Oeuvre de Guy Denning - photo à La Feuillée de Jean-Marc Nayet

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18 novembre 2018 7 18 /11 /novembre /2018 09:57
18 novembre 1952, mort de Paul Eluard

On lui refusa les obsèques nationales. ...
Il mourut le 18 novembre 1952....
C'est le poète de l'engagement et de l'amour. ....
" nous ne faisons que commencer à comprendre ce qui nous est enlevé " Louis Aragon au Père Lachaise pour rendre hommage au poète communiste

Le 22 novembre 1952.

Au cimetière du Père-Lachaise, le gouvernement n’accordera pas d’obsèques nationales au poète communiste, figure du surréalisme et de la Résistance littéraire, Paul Éluard.

Aragon eut ces mots :« Nous ne faisons que commencer à comprendre ce qui nous est enlevé. »

Avec cette biographie, rédigée à la première personne comme l’exige la collection de l’éditeur lyonnais Jacques André, la philosophe Odile Nguyen-Schœndorff s’est glissée avec délicatesse dans la peau d’Éluard pour corriger « ce risque d’oubli », selon la belle formule de l’ancien ministre Jack Ralite, qui signe la préface.

Une forme d’écriture originale qui a le mérite d’offrir un récit vivant, intime et accessible. Documentée et nourrie d’échanges avec la fille du poète, Cécile, et l’Association des amis de Paul Éluard, l’auteure met en scène, sans la trahir, la vie privée, publique, artistique et politique du poète.

L’essentiel de l’existence et de l’œuvre de l’auteur de Capitale de la douleur ou des Poèmes pour la paix, Liberté, pour ne citer qu’eux, y est ainsi raconté avec beaucoup d’affection par la philosophe elle-même engagée et auteure de poèmes. Ponctué de citations et illustré de photos, l’ouvrage permet d’assister à l’éclosion littéraire et de suivre le cheminement politique, inextricablement liés, du petit Eugène Émile Paul Grindel, qui adoptera le pseudonyme Éluard, du nom de sa grand-mère maternelle : « Je garderai ainsi la sonorité “el”, ou “aile”, que j’aime bien », développe Paul sous la plume d’Odile…

Ainsi de sa naissance, le 14 décembre 1895 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à sa mort, à 57 ans, le lecteur, précipité dans la peau de celui dont « la poésie est l’étoffe de sa vie », traverse son enfance heureuse et son adolescence maladive, goûte à son coup de foudre avec Gala, en 1913, sa muse initiatrice, éprouve ses chagrins amoureux, (re)découvre ses premiers poèmes, expérimente sa mobilisation durant les deux guerres…

Bouleversé, gazé, Éluard témoignera de l’horreur de la guerre dans plusieurs recueils, dont le Devoir et l’Inquiétude.

Chacun(e) revit son combat contre le nazisme, le fascisme et le colonialisme, son engagement au Parti communiste en 1927, l’aventure surréaliste aux côtés de Breton, Soupault, Aragon, ses amitiés fécondes et complexes avec Ernst, Picasso, Desnos…

Un récit haletant, empli d’amour et d’engagements, qui se lit d’un souffle.

Anne Musso

 

18 novembre 1952, mort de Paul Eluard
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