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23 avril 2019 2 23 /04 /avril /2019 20:44
COMMUNIST'ART: Pablo Picasso - par Hector Calchas

Pablo Picasso (1881-1973) découvre le monde en 1881 à Malaga en Espagne.

Peintre, dessinateur, sculpteur, graveur, poète, il a tous les talents. C’est probablement l’artiste le plus connu du XXème siècle. Le plus admiré.

Rendez-vous compte. Il a produit près de 50000 œuvres. C’est l’homme aux 1885 tableaux, aux 2880 céramiques. On lui attribue 7089 dessins, 150 carnets de croquis et 30000 estampes. Il est prolifique, c’est un prodige, un génie.

Son père est professeur de peinture. Pablo l’admire en silence.  C’est son modèle, son référent masculin. Il suit ses traces. L’observe. Il observe tout.

Sa précocité est étonnante. Très vite, il dessine. Croque tout ce qu’il voit. Dès l’âge de 10 ans il fascine déjà son entourage. C’est un génie du trait juste, de l’expression visuelle. Son père lui lèguera très rapidement ses outils, pinceaux, palette, car l’élève surpasse déjà le « maître ». A 15 ans, en 1896 il n’a déjà plus rien à envier aux meilleurs. Ses tableaux académiques sont saisissants. Il a tout compris. Tout digéré. Pour se démarquer, il lui faut trouver autre chose. Un style. Une personnalité. Un genre unique. Une nouvelle célébration picturale.

Il est ambitieux, jeune et lorsqu’il découvre Paris en 1900 c’est l’effervescence. La Capitale est envahie, c’est l’exposition universelle, Guimard a déjà posé ses plaques émaillées sur la première ligne du métropolitain. Au Grand Palais, il découvre les œuvres de Rodin, de Toulouse-Lautrec, de Cézanne, de Renoir, de Van Gogh, il est ébahi. Mais il est orgueilleux. Sûr de son talent, il souhaite se mesurer à eux. Il n’a aucun complexe. Confiant, sa mémoire visuelle résonne en lui comme une méthode infaillible. Par sa réussite, ses prouesses, sa virtuosité, il surpassera ses pairs. C’est une question de temps. D’argent aussi car il en manque. La vie de bohème se dessine. Les jours sont durs. Sa période bleue est un désastre économique. Sa série est invendable à l’époque. Mais il s’installe au cœur de Montmartre au Bateau-Lavoir. Il s’y trouve un atelier et travaille dans ce vrai « foutoir ». Il y rencontre Fernande. Ils partageront leur vie quelques années.

Il adhère au Parti Communiste en 1944 et publie un article dans le journal l’Humanité. Il y décrit son engagement en faisant notamment référence à la lutte courageuse des résistants communistes français. « Cette lutte qui mène au bonheur de l’homme ». C’est un farouche opposant à la guerre. Un humaniste convaincu et convainquant. En 1949, il peint la célèbre Colombe de la Paix. Cette même colombe qu’Aragon choisira pour illustrer l’affiche du Congrès de la Paix qui s’ouvre à Paris. Il travaillera avec Henri Georges Clouzot pour les besoins du film « Le Mystère Picasso ».

Il écrira des poèmes, une pièce de théâtre, « Le désir attrapé par la queue ». Pierre Reverdy, Albert Camus, de Beauvoir, Sartre, tout ceux qui l’ont côtoyé sont ses amis ou ses admirateurs. Aujourd’hui encore, la côte de cet artiste hors du commun est exceptionnelle. Unique en son genre. Les collectionneurs du monde entier s’arrachent ses œuvres à prix d’or. Pablo restera un artiste rare, précieux. C’est une icône du XXème siècle. La plus populaire, probablement.

Hector Calchas

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23 avril 2019 2 23 /04 /avril /2019 20:42
Portrait d'Eluard par Dora Maar

Portrait d'Eluard par Dora Maar

Eugène Grindel dit Paul Eluard (1895-1952) est né à Saint-Denis, en région parisienne. Écrivain, portraitiste, il fait des études honorables malgré des problèmes de santé. Il s’en remettra très vite. Sa nature est courageuse, forte, résistante. Son amour pour les mots lui vient très tôt. Il s’enrichit des vers de Baudelaire ou de Lautréamont. Son destin est déjà tout tracé. Il sera poète … comme ses idoles, avec l’amour comme fer de lance. Pour Paul, seul l’amour guide une existence. Cet adorateur des mots se délecte de leur puissance poétique mais certains d’entre eux restent à combattre coûte que coûte !

Le racisme, le colonialisme, l’antisémitisme ces mots si laids de sens sont invariablement à proscrire.  

Paul est grand, charmant, majestueux, élégant, c’est un dandy des temps modernes, il est taillé pour aimer, non pour haïr. « C’était un prince populaire » dira de lui un de ses amis. Dès 1926, il adhère au Parti Communiste. Il n’est guidé que par sa force intérieure, résistante aux maux. Il sera résistant, révolutionnaire, la lutte, toutes les luttes seront toujours nécessaires. La peinture, le cinéma, la littérature, le nourrissent. Pour chaque tableau qu’il découvre, il écrit un poème (Les Mains Libres.) Pour chaque instant intensément vécu il en écrit mille autres.

« La poésie, seulement la poésie ».

Après les désillusions de la première guerre mondiale, Paul se découvre l’ambition surréaliste de créer un nouveau monde, un autre monde où l’amour, la solidarité, les idéaux perdus renaissent avec force. Le surréalisme comme étendard de penser qui travaille à mettre au jour la conscience de l’homme, qui travaille à réduire les différences qui existent entre les hommes. Il refuse de servir un ordre absurde basé sur l’inégalité, la duperie et la lâcheté. Après que Gala l’eût quitté pour Salvador Dali, il organise dans le plus grand secret son tour du monde. Il est tourmenté et se ressource dans la solitude, dans la quiétude de la liberté. On peut le rencontrer à Papeete, puis plus tard à Brisbane.

Son exil ne va durer que quelques mois. Sa renaissance, il la trouvera en se jetant dans le travail. « Les poètes sont des hommes comme les autres ». Militant convaincu, il écrit beaucoup, énormément, inlassablement. Actif, acteur du monde qui l’entoure, il travaille aussi dans la clandestinité. On le publie régulièrement et parfois sous un pseudonyme. C’est un bourreau de travail. Phobique en voiture, son intrépidité naturelle le pousse à surmonter ses peurs. Il voyage. On peut le rencontrer à Strasbourg, à Cannes où il retrouve Picasso à Juan-les-Pins.

Poète engagé, poète résistant, poète communiste, poète de l’amour, de l’effusion intérieure, il est intrinsèquement humain et veut servir la cause des plus déshérités.

Il rêve d’une société meilleure. C’est un homme « pur ».

Et puis il est avec Nusch, sa muse, sa passion amoureuse.  Cette artiste merveilleuse. Mais les belles heures ne durent qu’un temps. Maria Benz dite Nusch décède subitement. On le croit de nouveau perdu. Une rencontre inopinée modifiera les choses. « Un ami, une amie, et le monde recommence » écrira-t-il ensuite.

Reste une nécessité … Aimer inconditionnellement Paul Eluard, sa vie, son œuvre, lui qui conjuguait si bien l’Art et l’Amour au présent.

Pour Nusch il écrira « Liberté »: 

 

Sur l’absence sans désir

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort

J’écris ton nom

 

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté.

Hector Calchas

Représentation du poème d'Eluard Liberté, peinture sur toile par Fernand Léger

Représentation du poème d'Eluard Liberté, peinture sur toile par Fernand Léger

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23 avril 2019 2 23 /04 /avril /2019 20:13
Comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou, mardi 23 avril 2019 - photo Pierre-Yvon Boisnard

Comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou, mardi 23 avril 2019 - photo Pierre-Yvon Boisnard

Comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou, mardi 23 avril 2019 - photo Pierre-Yvon Boisnard

Comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou, mardi 23 avril 2019 - photo Pierre-Yvon Boisnard

Comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou, mardi 23 avril 2019 - photo Pierre-Yvon Boisnard

Comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou, mardi 23 avril 2019 - photo Pierre-Yvon Boisnard

Comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou, mardi 23 avril 2019 - photo Pierre-Yvon Boisnard

Comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou, mardi 23 avril 2019 - photo Pierre-Yvon Boisnard

Les militants du comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou ce 23 avril pour appeler à la marche pour l'hôpital à Morlaix le 27 avril et au débat du 4 mai (photos Pierre-Yvon Boisnard et lien avec articles du Télégramme)
Les militants du comité de soutien du centre hospitalier du pays de Morlaix sur le marché de Plougasnou ce 23 avril pour appeler à la marche pour l'hôpital à Morlaix le 27 avril et au débat du 4 mai (photos Pierre-Yvon Boisnard et lien avec articles du Télégramme)

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23 avril 2019 2 23 /04 /avril /2019 15:32
Intervention d'Alain Bergeot, de République et Socialisme, candidat aux Européennes en 2014 sur la liste du Front de Gauche, à la réunion publique de Quimper sur l'Europe et la défense des services publics le 19 avril

Intervention d'Alain Bergeot, de République et Socialisme, candidat aux Européennes en 2014 sur la liste du Front de Gauche, à la réunion publique de Quimper sur l'Europe et la défense des services publics le 19 avril avec Marie-Pierre Vieu, Laurent Brun (CGT Cheminots), Jean-Marc Cléry (FSU Bretagne), Yann Foucher (FSU Finistère), Marie Le Berre (CGT PTT),  Glenn Le Saoût, candidat finistérien sur la liste de Ian Brossat

QUIMPER, 19 avril 2019

Avant toute chose, je voudrais vous dire que le « EN MEME TEMPSTISME » a ses limites. La commémoration du 75ème anniversaire des combats au Plateau des Glières, haut lieu de la Résistance, par Sarkozy et Macron avait quelque chose d’indécent. Comment, en effet, honorer la mémoire de ces Résistants, tombés pour les valeurs que porte toujours le programme du Conseil National de la Résistance intitulé « Les jours heureux », et « EN MEME TEMPS », les trahir, en continuant à détruire méthodiquement ce programme.

A propos de l’incendie de Notre-Dame, le Président a déclaré : « nous sommes un peuple de bâtisseurs ». Sans le vouloir, il fait la preuve, une preuve de plus, après le 29 mai 2005, qu’il y a un problème de démocratie en France : si nous sommes bien un peuple de bâtisseurs, pourquoi, alors, de Sarkozy à Macron, en passant par Hollande, avons-nous à faire à cette entreprise de démolition de notre « BIEN COMMUN », que sont les Services Publics.


Dans cette affaire, l’Europe a bon dos ! Car ces contre-réformes, si elles sont en partie impulsées par l’EUROPE, on ne peut cacher les responsabilités des Etats-membres et de leurs gouvernements. Ce sont
eux qui négocient (bien mal) les règles européennes, ce sont eux qui décident et non pas la Commission européenne !
Pour paraphraser l’ancien Président qui a embauché le nouveau, l’hôpital, la maternité, l’école, le train, la poste, voilà ses véritables adversaires voire ses ennemis. Nous pouvons les identifier, eux, car ils
ont un visage : c’est l’infirmier, c’est la sage-femme, l’enseignant, le cheminot, la factrice.
Oui, avec Macron, la France est en marche, le problème, c’est qu’elle est en marche arrière !
Depuis le 7 mai 2017, point de nouveau monde à l’horizon, juste de vieilles recettes éculées.
Le comédien Macron a dû répéter plus d’une fois cette réplique du Guépard : « Il faut que tout change pour que rien ne change ».
Prenons par exemple l’Education Nationale : vraiment rien de nouveau depuis Hippolyte Fortoul, ministre de l’Education de Napoléon III, qui avait supprimé l’agrégation de philosophie et d’histoire afin d’exclure des études, je cite, « ces problèmes téméraires qui jettent le trouble dans les esprits sans les éclairer, qui excitent une curiosité inquiète sans la satisfaire ». Dans sa réforme de 76, René Haby, avait oublié, lui, comme par hasard, la Révolution française dans le programme. Blanquer, lui, propose, carrément, de VIRER MARX et
FREUD des programmes de philo des classes de terminale. La mission de former des citoyens a disparu. Il s’agit de faire des jeunes Français des salariés dociles, privés de racines et de sentiment national, aisément
manipulables, dans cette Europe de l’argent. Comme vous le voyez, la bataille idéologique bat son plein !

Quant à la Poste, le plus ancien service public français, les PTT comme on disait, ont servi de laboratoire pour tous les services publics.

Dès l’application de la loi ROCARD/QUILES, les conditions de vie au travail des agents des PTT se sont très vite détériorées ; qu’ils soient agents au guichet, ou facteurs, les nouvelles méthodes de management
n’ont pas tardé à produire leurs funestes effets avec pour corollaire le burn-out d’abord, puis, la « mode des suicides », pour reprendre les propos abjects de l’ancien PDG de France-Télécom, Didier LOMBARD, dont le procès va bientôt s’ouvrir. Aujourd’hui, tous les agents dans le secteur public subissent ces méthodes managériales, et les mêmes causes produisent les mêmes effets : burn-out et suicides se sont étendus à tous les secteurs.


Oui, l’Europe a bon dos, car cette loi ROCARD/QUILES, par exemple, a été promulguée le 2 juillet 1990, bien avant le Traité de Maastricht, du 7 février 92.

A propos de Maastricht, je vous offre cette déclaration, je vous demanderai, par respect pour son auteur, d’éviter de rire, s’il vous plaît : « en tant qu’homme de gauche, je souhaiterais me tourner un instant
vers certains de mes amis (précision, les Communistes et les Chevènementistes) pour leur faire entendre que Maastricht est un compromis de gauche, pour la première fois, dans un Traité de cette nature des mesures d’encadrement du marché sont prévues, pour la première fois citoyenneté et nationalité sont dissociées, pour la première fois, les syndicats vont être associés aux processus décisionnels » Jean-
Luc Mélenchon, au Sénat, le 9 juin 1992.

J’en ai d’autres en magasin, mais là, ce serait de la gourmandise ! Il n’y a que les imbéciles qui ne
changent jamais d’avis et, il faut être honnête, Monsieur Mélenchon déclarait dans le Monde du 20 mars 96 : « L’Europe devait être un moyen de faire avancer la citoyenneté et les conquêtes sociales et c’est l’inverse qui se passe. S’il en est ainsi, c’est au cadre qu’on le doit, la vérité que chacun ressent, c’est qu’on ne changera pas de méthode de gouvernement tant qu’on ne changera pas de méthode de construction
européenne (…). C’est une autre méthode qu’il faut proposer, se battre pour un nouveau traité ».

Soit, mais s’unir pour se battre contre ces traités serait autrement plus efficace ! Ce n’est que collectivement que nous pourrons créer un rapport de forces permettant la construction d’une alternative crédible aux politiques sociales libérales qui se sont succédées depuis 1983, avec cette fameuse parenthèse jamais refermée et amplifiée depuis le Traité de Maastricht.

Nous avons 4 semaines, nous devons mobiliser pour que les couches populaires, utilisent cette fenêtre de tir du 26 mai, pour exprimer leur colère, contre l’austérité, qu’elle vienne de France ou d’EUROPE, il faut discuter, discuter, discuter encore, pour les convaincre d’aller voter pour l’Europe des gens, car, sur un rond-point, par définition, on tourne en rond. Les élections sont une autre forme de lutte.


POUR L’EUROPE, VOTEZ ET FAITES VOTER IAN BROSSAT !

 

SNCF, Poste, Education, Pôle Emploi, Energie, Hôpital, l'enjeu des élections européennes et de la défense des services publics: 80 personnes à la réunion publique de Quimper avec Marie-Pierre Vieu, Laurent Brun, Glenn Le Saoût, Alain Bergeot, et de nombreux syndicalistes

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23 avril 2019 2 23 /04 /avril /2019 04:30
COMMUNIST'ART: Elio Petri, le cinéaste renégat - par Andréa Lauro
Elio Petri photo Festival de Cannes

Elio Petri photo Festival de Cannes

Elio Petri, le cinéaste renégat.

En Italie, le cinéma « politique » ou « d'engagement civil » démarre en 1962 avec le film  Salvatore Giuliano de Francesco Rosi  et termine en 1976 brusquement avec le film Todo Modo de Elio Petri. Ironie du sort, ce film qui scella la fin d'une saison exceptionnelle du cinéma italien est dû au réalisateur qui avait le plus contribué à la rendre grande. Elio Petri naît à Rome le 29 janvier 1929.

Fils unique, d'une famille d'artisans, il passe une enfance que lui-même définirait comme malheureuse. Nourri par l'éducation catholique et répressive donnée par sa grand-mère, encore adolescent, il adhère à la fédération des jeunes du Parti Communiste. Religion et politique, donc, travaillent dans un système de valeurs complexe et conflictuel.

Sa première approche avec le cinéma n'est pas à la caméra, mais à la machine à écrire. Il s'exerce, en effet, dans la critique, en collaborant auparavant avec L'Unità (organe officiel du Parti Communiste Italien jusqu'en 1991) puis avec Città Aperta, la revue d’un groupe d’artistes et de littéraires qui ont quitté le PCI après les événements de Hongrie, publiée en 1957-1958.

Sur les pages de cette revue il écrivait :

« Le Néoréalisme s’il n’est pas entendu comme large besoin de recherche et d’enquête, mais comme véritable tendance poétique, ne nous intéresse plus. La lugubre Italie née des compromis de l’après-guerre ne peut plus être abordée avec la candeur implicitement chrétienne du Néoréalisme : des histoires et des images plus pertinentes aux lacérations morales que la Restauration capitaliste - accomplie sur des nouvelles bases pour le pays – a accompli dans les consciences. Il faut faire face aux mythes modernes, aux incohérences, avec la corruption, avec des exemples magnifiques d'héroïsmes inutiles, avec les sursauts de la morale : il faut savoir et pouvoir représenter tout cela ».

Dans cette période Elio travaille comme scénariste, entre autres, pour Giuseppe De Santis (réalisateur de Riso Amaro) qu'il définissait son unique maître.

 

L'assassin, d'Elio Petri avec Marcello Mastroianni  et Micheline Presle (1961)

L'assassin, d'Elio Petri avec Marcello Mastroianni et Micheline Presle (1961)

"I giorni contati" d'Elio Petri (Les Jours comptés): 1962

"I giorni contati" d'Elio Petri (Les Jours comptés): 1962

A ciascuno il suo (1967)

A ciascuno il suo (1967)

Son parcours artistique change à partir de la rencontre avec Marcello Mastroianni.

Pas encore entiché de Federico Fellini, Marcello devient tout de suite ami avec Petri et, pour lui, il joue le rôle de l'antiquaire Alfredo Martelli, personnage principal du premier long-métrage du cinéaste romain: L'assassin (1961).

Même s'il manque encore de maturité et de maîtrise, le style de ce film annonce des thèmes caractéristiques du cinéma de Petri: la passion pour le genre policier, l'attention pour l'enquête de faits et les gens, mais surtout un néoréalisme dans lequel la réalité n'est plus représentée de manière directe, mais sous un tour grotesque et paradoxal. Une idée du cinéma qu'il mûrira au cours des années 60.

En 1962 sort I giorni contati (Les jours comptés), un récit d’une douloureuse actualité, avec un extraordinaire Salvo Randone.

En 1963, Petri tourne Il maestro di Vigevano avec le monumental Alberto Sordi, un film dramatique traité de façon grotesque.

Avec La decima vittima (La dixième victime) en 1965, joué par le duo Ursula Andress et Marcello Mastroianni, son cinéma s'enrichit de digressions de science-fiction. 

Ensuite le cinéaste rencontre l’œuvre littéraire de Leonardo Sciascia et la force expressive de l'acteur Gian Maria Volonté.

Dans le film A ciascuno il suo (A chacun son dû, 1967), les rapports entre mafia, église et classe politique, notamment avec la Démocratie Chrétienne, sont montrés à travers un langage cinématographique agressif, mais qui reste toujours très lucide. Le film gagne le prix du scénario au Festival de Cannes.

Il réalise en 1968 Un Tranquillo Posto di Campagna dont le sujet a été écrit en 1962 avec Tonino Guerra. Le film est le portrait d’un artiste intellectuel bourgeois et de sa scission schizophrénique.

Suite à ce film débute la période la plus importante pour sa carrière, avec Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto (1970): Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon.

Schizophrène, effronté, urticant, le film est un poing direct à l'estomac des bien-pensants. Le style est baroque, la trame est à la fois absurde, sinistre et plausible. La caméra suit, en effet, les traces d'un "Docteur" dont on ne connaît pas le vrai nom, un dirigeant de police (G.M. Volonté) qui, après avoir tué sa propre amante, rien ne fait pas pour se cacher. Au contraire, il dissémine sur la scène du délit des indices de sa culpabilité, convaincu que la condition d'homme de l'État suffira à le protéger de toute accusation. Un délire d'omnipotence que la fin, ouverte, semble confirmer. Porté par le scénario d'Ugo Pirro et la musique d'Ennio Morricone, le film gagne l'Oscar du meilleur film étranger et le Prix spécial du jury à Cannes, mais il attire une vague de critiques aussi. Nombreux, en effet, y lisent une claire référence à la mort de l'anarchiste Giuseppe Pinelli et à la figure du commissaire Luigi Calabresi. À côté de ceux-ci qui saluent l’œuvre comme une nouvelle respiration de démocratie pour l'Italie, certains voient l'attaque directe contre la Justice et la Police et accusent Petri de vouloir profiter de la chronique politique de l'époque.

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d'Elio Petri (1970)

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d'Elio Petri (1970)

" La classe operaia va in paradiso"- "La classe ouvrière va au paradis", 1971

" La classe operaia va in paradiso"- "La classe ouvrière va au paradis", 1971

Si avec Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto les critiques les plus féroces étaient arrivées des milieux de centre-droit, avec La classe operaia va in paradiso (La classe ouvrière va au paradis,1971) c'est le tour de la gauche de réagir.

Le film ne rend pas l'image de la classe ouvrière que le PCI aurait attendu d'"un camarade". En donnant corps et mot à l'ouvrier mutilé Ludovico Masso, dit Lulù, l'interprétation de Gian Maria Volonté, en effet, dénonce l'horreur des chaînes de montage et d'une usine devenue pure aliénation.

Petri creuse aussi dans les distorsions d'un syndicalisme hypocrite et décrit les mouvements étudiants de gauche comme des hordes de moulins à paroles. Un outrage insupportable pour la "contre-culture" italienne. À l'étranger cependant l'originalité absolue de la lecture marxiste du metteur en scène italien plaît. Au vingt-et-unième festival de Cannes, Elio Petri remporte le Grand Prix ex aequo avec Il caso Mattei di Francesco Rosi dans lequel joue également Volonté, honoré d'une mention spéciale. 

Après avoir analysé le pouvoir et le travail, en 1973, Petri complète la trilogie de la névrose avec l'argent.

Dans le film La proprietà non è più un furto (La propiété n'est plus le vol), le personnage principal (Flavio Bucci) est un employé de banque qui vit une allergie physique à l’argent liquide, cache un mépris pour tout ce qui est symbole capitaliste, à commencer par la banque même. Après avoir démissionné, il décide de tourmenter la vie d’un boucher grossier et riche (Ugo Tognazzi), en le frappant là où il fait le plus mal, en lui volant ses affaires, et en lui faisant des crasses de diverses natures. Le conflit entre les deux se résoudra par des résultats dramatiques.

En 1976 Petri porte sur le grand écran un autre roman de Leonardo Sciascia: Todo Modo, publié deux ans auparavant.

Centré autour d'un groupe d'hommes politiques qui se cachent dans un hôtel qui tient en même temps de l'ermitage et de la prison, le film est un procès explicite de la Démocratie Chrétienne. À côté d'un Mastroianni diabolique nous trouvons l'ombre d'Aldo Moro (G.M. Volonté). Même si elle dissimulée sous l'anonymat d'un M., la figure du président décalque mots, œuvres et omissions du juriste démocrate-chrétien. En creusant ses propres origines et celles de son cinéma, Petri teint de policier et d'absurde le plus pasolinien de ses films. Le film est une violente mise en accusation de la Démocratie Chrétienne que le cinéaste dénonce comme corrompue.

Mais Todo Modo est surtout un film maudit. A sa sortie en salle, le film s'attire des critiques très négatives venues de tous les bords politiques.

Démocratie Chrétienne et Parti Communiste sont en train de travailler au "compromis historique" et ce film, qui éclaire les contradictions et travers du principal parti national, est vu comme un problème. Retiré de l'affiche en moins d'un mois, il semble donc destiné à l'oubli. Cependant, le film émerge peu de mois après.

Dans le film, en effet, une prophétie inquiétante peut être identifiée postérieurement. Dans les minutes finales, Petri porte en scène l'exécution du Président, fusillé par son chauffeur pendant qu'à genou il implore pitié. Quand le 9 mai 1978, rue Caetani, est retrouvé le corps de Moro criblé de 12 balles, les images du film deviennent un sinistre présage. Petri est accusé d'avoir incité les terroristes à passer à l'acte, d'avoir d'une façon ou d'une autre porté à l'enlèvement et à l'exécution de l'ancien président du Conseil. Le cinéma politique est mort et l'image de son promoteur totalement compromise.

Dans les années suivantes il trouve un peu de place à la télévision et il signe le pessimiste Buone notizie (1979). Il met en scène une adaptation des Mains sales de J.P Sartre avec M. Mastroianni.  

Sciascia le défend, en justifiant la nécessité de ce Todo Modo et en soulignant la distance des intentions artistiques d'Elio Petri avec la propagande des Brigades Rouges. Le réalisateur fait de même en confirmant son propre mépris envers les auteurs de ce meurtre horrible, sans renier son œuvre, jusqu'à sa mort.

Le 10 décembre 1982, à seulement 53 ans, Elio Petri s'éteint, épuisé par un cancer.

Il sera presque totalement oublié pendant deux décennies, jusqu'à 2005 quand un petit groupe de jeunes réalisateurs présente au festival de Venise le film-documentaire Elio Petri – appunti su un autore, une œuvre touchante qui a permit de redécouvrir cet incroyable cinéaste militant.

Andréa Lauro

 

Lire aussi:

COMMUNIST'ART: Mario Monicelli, cinéaste italien, auteur de Les camarades (1963)

Portrait - Andréa : un italien à Morlaix

 

COMMUNIST'ART: Elio Petri, le cinéaste renégat - par Andréa Lauro
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23 avril 2019 2 23 /04 /avril /2019 03:08
Dans 8 jours, la fête du Viaduc du PCF Morlaix le mercredi 1er mai place Allende: demandez le programme!
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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 16:03
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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 15:58
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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 08:09
Archives PCF de guerre froide: libérons la France du Pacte Atlantique!
Archives PCF de guerre froide: libérons la France du Pacte Atlantique!

Merci à Christine Bernas pour le don au PCF Morlaix de ces tracts qu'avait conservés son père, militant communiste.

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22 avril 2019 1 22 /04 /avril /2019 07:52
Archives PCF de guerre froide: Non la France ne sera pas une nouvelle Corée! Les Américains en Amérique! - tract PCF avec un dessin de Paul Gillis
Archives PCF de guerre froide: Non la France ne sera pas une nouvelle Corée! Les Américains en Amérique! - tract PCF avec un dessin de Paul Gillis

Merci à Christine Bernas pour le don au PCF Morlaix de ces tracts qu'avait conservés son père, militant communiste.

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