Le procès en complicité, intenté à plusieurs formations de gauche, d’intellectuels et d’universitaires, n’est pas retombé après l’émotion légitime provoquée par les derniers attentats.
Élus de droite, ministres, intellectuels, responsables de partis politiques ou ex-chefs de gouvernement, venus pour certains des rangs de la gauche, ne se privent de brocarder ceux qui refusent publiquement de stigmatiser les musulmans. Manuel Valls, Bernard Cazeneuve (issus des rangs du PS) ont nommément attaqué la France insoumise et Jean-Luc Mélenchon dès les jours qui ont suivi l’assassinat de Samuel Paty, leur reprochant notamment leur participation à la manifestation contre l’islamophobie, un an auparavant. La coupole du siège du PCF à Paris a été taguée, la semaine suivant l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, d’un « collabos »…
Le 1er novembre, sur TF1, le premier ministre Jean Castex en a rajouté dans la charge contre ceux qui seraient trop complaisants avec l’islamisme : « Je veux ici dénoncer toutes les compromissions qu’il y a eu pendant trop d’années, les justifications à cet islamisme radical : nous devrions nous autoflageller, regretter la colonisation, je ne sais quoi encore. La première façon de gagner une guerre, c’est que la communauté nationale soit soudée, soit unie, soit fière. Fière de nos racines, de notre identité, de notre République, de notre liberté. C’est la première condition. Il faut gagner le combat idéologique. »
« Le gouvernement utilise une rhétorique d’extrême droite »
Derrière ce discours, les responsables politiques sont visés, mais aussi, au travers des prétendues « justifications », le travail de recherche des universitaires sur la société française. Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs accusé « l’islamo-gauchisme » de faire « des ravages à l’université ». Une tribune parue dans le Monde et signée d’une centaine de chercheurs lui a emboîté le pas en dénonçant un prétendu « déni » face aux « idéologies indigénistes, racialistes et décoloniales » qui feraient selon eux le lit de l’islamisme.
Pour le politologue Samuel Hayat, l’objectif de cette vague de dénonciation de « l’islamo-gauchisme » n’est rien d’autre qu’un « épouvantail créé pour unir ceux et celles qui veulent stigmatiser les musulmans, s’opposer à la gauche et délégitimer les sciences sociales », ainsi qu’il le dénonce dans une tribune publiée par l’Obs. Selon le sociologue Éric Fassin, menacé de mort après un tweet renvoyant à un billet de son blog sur les attentats de novembre 2015, se cache « une double logique derrière ces accusations. D’une part, on s’en prend aux minorités. On a monté la barre : avant on parlait de communautarisme, maintenant de séparatisme. D’autre part, on s’en prend aux personnes qui, comme (lui), n’appartiennent pas à ces minorités et qui essaient de protester contre des traitements discriminatoires. On voit là aussi fleurir des expressions. On a eu les “idiots utiles”. On a aussi les “indigénistes”. Et, de plus en plus, les islamo-gauchistes ». Député de Seine-Saint-Denis, Éric Coquerel juge lui que « le gouvernement utilise une rhétorique d’extrême droite ». « Et c’est le premier ministre qui s’en saisit cette fois », ajoute l’insoumis, qui y décèle « un côté guerre contre l’anti-France » : « C’est assez sidérant. Ça me fait penser à Superdupont, la bande dessinée de Gotlib, caricature d’un héros d’extrême droite. Sauf que là, Superdupont est au pouvoir… » Soit la banalisation d’un terme à la généalogie plus que douteuse, que dénonce également Sandra Regol, d’EELV. « Il est inquiétant, juge-t-elle, de voir ce qui était le vocabulaire de l’extrême droite devenir le vocabulaire de base du gouvernement. » Même analyse pour le porte-parole du PCF, Ian Brossat, qui renvoie le gouvernement à ses propres manquements : « S’il y a des complaisances ou des compromissions à regarder, déclare-t-il, qu’on se penche sur les liens tissés entre nos gouvernements et les pétromonarchies du Golfe qui répandent le wahhabisme et le salafisme. Autant d’idéologies mortifères qui alimentent le terrorisme sur notre territoire. Ce dont nous souffrons, ce n’est pas de l’islamo-gauchisme, c’est de l’islamo-affairisme. »
Ne pas tomber dans le piège des semeurs de haine
Face à cette offensive, qui concentre le feu non seulement du gouvernement, mais aussi de la droite, de l’extrême droite et d’une bonne partie du paysage médiatique, tous en appellent à un retour au rationnel. « La gauche est historiquement du côté de la raison », rappelle ainsi Éric Coquerel. « Il ne faut surtout pas céder à la pression, dire ce qui est juste, et montrer la lumière au bout du couloir. Nous ne devons pas leur donner le moindre point, même si ce n’est pas facile, mais faire front de la manière la plus collective possible », insiste le parlementaire, quitte pour ne « pas aller là où veulent nous emmener les terroristes » à paraître « à rebrousse-poil du discours dominant ».
Ne pas tomber dans le piège des semeurs de haine, c’est aussi ce que plaide Ian Brossat car « tout le monde reconnaît qu’à travers ces attentats, c’est la République qui est visée. Et donc, à les entendre, pour sauver nos principes, il faudrait y renoncer. Pour sauver la démocratie, il faudrait y mettre un terme. Pour préserver nos valeurs, il faudrait les mettre en sourdine ». Une abdication que refuse tout net le porte-parole du PCF : « Tout cela est complètement contradictoire. L’objectif des terroristes est justement de mettre à bas notre État de droit. L’abîmer serait faire le jeu de nos ennemis et leur offrir leur plus grande victoire sur un plateau. »
Le désengagement de l’État dans les quartiers
Pour les communistes, le « terreau sur lequel pousse le terrorisme » est à chercher ailleurs. Dans un message vidéo après l’attentat de Nice, leur secrétaire national, Fabien Roussel, a ainsi dénoncé le désengagement de l’État dans des quartiers où « le chômage frôle les 50 % et la pauvreté s’est installée ». « Chaque fermeture d’hôpital de proximité, de maternité, de bureau de poste, de trésorerie, d’arrêt de bus, d’école, de commissariat, est vécue comme un abandon », selon le député du Nord, qui appelle à se donner « un calendrier, des objectifs, des moyens pour que tous nos concitoyens, quelle que soit leur origine, aient les mêmes droits ». Éric Coquerel ajoute qu’il faut « donner des moyens au service de renseignements, aux enseignants… mais rester rationnel, quoi qu’il arrive ». Insoumis, communistes et écologistes rappellent d’ailleurs les limites des solutions sécuritaires, comme les ont mises en évidence les attentats de Conflans-Sainte-Honorine et de Nice. Quant à l’écologiste Sandra Regol, elle appelle à défendre les travaux universitaires. « La recherche est comme la société, elle compte des points de vue différents. Elle se nourrit de thèses et d’antithèses. Si on la normalise, on l’empêche d’exister. »
Le président toujours en exercice a déployé, derrière ses travers fantasques et caractériels, une véritable géostratégie destinée à renforcer ou à rétablir l’hégémonie de Washington et de ses multinationales. Un lourd bilan.
Que restera-t-il des années Trump ? L’œuvre du perdant du scrutin du 3 novembre va-t-elle être rapidement acheminée vers les poubelles de l’histoire ? Il y a une dizaine de jours encore, la réponse à ces questions semblait aller de soi dans le tintamarre des médias dominants. Après le départ de l’imposteur entré inopinément, il y a quatre ans, à la Maison-Blanche, tout allait pouvoir rentrer dans l’ordre. Le résultat d’un vote bien plus serré qu’anticipé est venu infirmer à lui seul ces analyses aussi faussement illusionnées que superficielles. On ne fera pas table rase du trumpisme. Pour trouver un compromis « unificateur » dans un pays coupé en deux, le président élu, Joe Biden, pourrait être tenté par une certaine continuité. De quoi accorder la plus grande attention à ce que furent ces quatre années Trump.
1. Période bénie pour Wall Street
La Maison-Blanche et son équipe ont engagé au pas de charge des mesures destinées à renforcer ou rétablir l’hégémonie de Wall Street et de la puissance américaine sur le monde.Le vote de la réforme fiscale, dans les derniers jours de 2017, a constitué « un véritable big bang », selon les mots du New York Times, en faveur des plus fortunés et des multinationales. Le taux de l’impôt sur les sociétés a été ramené de 35 % à 21 %, « au service de la compétitivité » des firmes américaines sur les marchés.
Au même moment, Trump s’est fait le champion d’un retour à la dérégulation financière. « Nous devons, pouvons et serons en position dominante dès que nous cesserons de nous encombrer avec la régulation. » Gary Cohn, un des ex-conseillers spéciaux du président, puisé dans le vivier des cadres dirigeants de la banque Goldman Sachs, avait clairement nommé les objectifs. Fini les timides précautions réglementaires prises après le désastre du krach de 2008 et l’effondrement de la valeur des crédits immobiliers dits subprimes. Gonflé d’aise, le Dow Jones a battu record sur record, restant à un niveau très élevé, proche des 30 000 points. Jusqu’à aujourd’hui, en pleine pandémie. Conséquence directe de l’orchestration de cette nouvelle hypertrophie financière, les secousses économiques et sociales seront redoutables, tant pour les États-Unis que pour le reste du monde.
2. Fuite en avant raciste, populisme clivant
Sur le plan intérieur, l’impact du « big bang » en faveur des plus riches et du business s’est traduit par une nouvelle explosion des inégalités. Problème : cette évolution constitue un vrai talon d’Achille pour Trump, qui a réussi à séduire une partie de l’électorat populaire blanc, malmené, pour se faire élire en 2016. Il va tenter d’y répondre par une fuite en avant dans le racisme et un discours populiste délibérément clivant, afin de continuer à sublimer en sa faveur le ressentiment populaire. Les habitants des quartiers pauvres ou des ghettos communautaires sont pointés du doigt comme étant responsables de leur sort. Le locataire de la Maison-Blanche vilipendera jusqu’au bout « les élites de Washington », accusées d’être les défenseurs des « minorités » ou les complices de l’immigration. Trump met en scène sa proximité avec « un peuple squeezé par Washington » alors que, milliardaire de l’immobilier, il est lui-même un pilier de l’oligarchie.
Le président national-libéral fera montre d’une obsession constante à construire un mur avec le Mexique, pour « protéger le peuple » d’un « grand remplacement », usant d’une rhétorique reprise par les extrêmes droites du monde entier. Il n’hésitera pas à dévoiler, à plusieurs reprises, sa sympathie pour les milieux suprémacistes blancs. Il manifestera de très dangereuses complaisances avec des milices armées fascistes, comme celle des Proud Boys (Fiers Garçons), qu’il ira jusqu’à citer en plein débat électoral télévisé en leur demandant de « se tenir prêts ».
Lesdits Proud Boys ont fait couler le sang de sympathisants du mouvement Black Lives Matter (Les vies des Noirs comptent), quand ils sont venus « soutenir les flics » après les manifestations de Minneapolis (ville du Minnesota où George Floyd a été assassiné le 25 mai, étouffé par un policier - NDLR) et Kenosha (Wisconsin) dénonçant les crimes racistes de la police Pour Trump, la recette est simple : plus il parvient à cliver la société, plus il a de chances de mobiliser ses troupes. D’où aussi son soutien indéfectible aux lobbies du marché libre des armes à feu, ou encore son engagement aux côtés des mouvements anti-avortement, en flirtant de plus en plus ouvertement avec les influents milieux évangélistes.
3. Doigt d’honneur à la planète sur le climat
Le trumpisme pousse plus loin une logique cultivée déjà de longue date par l’Empire américain pour assurer son hégémonie : il s’agit, en substance, de rapprocher les lois du monde pour qu’elles se confondent avec celles des États-Unis. Avec Trump, quand aucun terrain d’entente ne paraît possible, il convient de quitter carrément le navire multilatéral. C’est ainsi que le président des États-Unis brandira un doigt d’honneur à l’adresse de la planète en sortant de l’accord de Paris sur le climat. Sa priorité est l’intérêt des majors. Ces gros producteurs d’hydrocarbures états-uniens doivent pouvoir continuer d’étendre sans heurt les forages offshore et l’exploitation des gaz et pétrole de schiste. Il y va d’un forcing, entamé par l’administration d’Obama, pour permettre aux États-Unis de s’installer comme premier producteur mondial d’hydrocarbures. Donc, de réduire leur dépendance au Moyen-Orient afin de mieux organiser un « pivot » géostratégique pour renforcer leurs pressions militaires et diplomatiques sur la Chine, concurrent économique redoutable devenu l’ennemi potentiel numéro un.
4. Inflation historique des budgets de l’armée
Les dépenses militaires de l’administration Trump ont connu une inflation historique. Elles sont destinées à fournir un des arguments majeurs à une « diplomatie du deal » dans laquelle l’hyperpuissance s’autorise à user de toute la panoplie de la force dont elle dispose pour parvenir à ses fins. La démarche est moins de couper les ponts que de marchander un nouveau deal. Comme en atteste, par exemple, la renégociation de l’Alena (accord de libre-échange nord-américain), obtenue au forceps contre les représentants d’Ottawa et de Mexico, début janvier 2020. D’autres bras de fer, comme celui avec la Chine, ont pris des dimensions très graves, à la suite de l’escalade vers une guerre commerciale, déclenchée en 2018, autour de laquelle les tensions politique et militaire ne cessent de s’exacerber.
Avec Trump, les budgets de l’armée américaine ont été augmentés de 10 % chaque année depuis 2018. Jusqu’au vertigineux point culminant atteint en 2020, à 738 milliards de dollars (630 milliards d’euros). Soit les dépenses d’armement cumulées des 8 puissances militaires qui suivent les États-Unis dont la Chine, Russie, Royaume-Uni et France. Cette frénésie nourrit une très dangereuse course aux armements. En Europe, les États membres de l’Otan se sont vus instamment priés d’augmenter leurs dépenses au sein de l’Alliance pour qu’elles soient portées à 2 % de leur PIB d’ici à 2025. S’il cultive une image plus multilatérale et moins agressive, Biden n’en a pas moins signalé qu’il n’abandonnerait pas cette posture. La France d’Emmanuel Macron s’est déjà alignée.
Depuis le début de la crise sanitaire, les personnels de l’éducation font fonctionner l’école envers et contre tout, malgré le manque de moyen, les injonctions contradictoires et le mépris de leur ministre. Si le service public d’éducation nationale tient encore debout, c’est grâce à elles et eux.
Nous mesurons à quel point la situation à laquelle ils sont confrontés est grave. Pour que celles et ceux qui ont continué à travailler malgré la pandémie, malgré la fermeture des établissements, malgré l’absence complète d’organisation et les discours insultants de leur ministre, décident aujourd’hui de cesser le travail, c’est qu’il y a urgence. Une urgence vitale.
Cette rentrée scolaire aurait dû être marquée par une réponse forte de l’ensemble de la communauté éducative à l’ignoble attentat islamiste qui a coûté la vie à Samuel Paty. Cela aurait dû être le moment de replacer l’école au cœur de la République, de la défense de la laïcité, de la liberté d’expression et des défis qui fragmentent la société française. Le ministre de l’Éducation nationale a privé les équipes enseignantes du temps nécessaire pour préparer cette rentrée, témoignant une fois de plus de son mépris, de sa négligence, de son irresponsabilité. Les grands discours sur la laïcité et la République masquent mal la triste réalité : le ministre ne défend pas l’école de la République, préférant encourager le recours au privé ; l’institution ne défend pas les valeurs de la laïcité et de la liberté d’expression, préférant « ne pas faire de vague ».
Cette rentrée aurait dû être une rentrée hors norme avec le retour d’une vague épidémique et le choix de maintenir les établissements scolaires ouverts. Or le protocole sanitaire s’avère soit inapplicable soit très en dessous de ce qu’il faudrait mettre en place pour garantir la sécurité sanitaire des élèves, de leurs familles et de la communauté éducative tout en permettant la poursuite des apprentissages.
Aujourd’hui, nous sommes aux côtés des personnels de l’éducation pour dénoncer ce chaos organisé.
Ce qui peut apparaitre comme de l’impréparation est en fait une conception très verticale et descendante des processus de décisions sans aucune prise en compte de la réalité et des besoins. Depuis huit mois, l’urgence sanitaire sert de prétexte pour détruire les métiers de l’éducation, accélérer la transformation de l’école, culpabiliser les familles, les enseignants et les personnels. La question du décrochage scolaire et de son aggravation durant le premier confinement est éludée.
Nous sommes aux côtés des personnels de l’éducation pour défendre une réponse nationale à la crise sanitaire et éducative, garantissant de bonnes conditions d’apprentissage pour toutes et tous.
Dès le mois d’avril, le PCF a proposé un plan d’urgence pour l’éducation qui prévoyait la prolongation dans la durée de l’épidémie et développait des propositions pour garantir le maintien et le développement d’une école qui réponde aux besoins des élèves et notamment ceux qui n’ont que l’école pour apprendre. Ce plan d’urgence démontre chaque jour sa pertinence. Depuis, rien ou presque n’a été fait. Il est grand temps d’obliger le gouvernement à agir. Les premières mobilisations ont payé et le ministre a amorcé un recul sur la question des lycées. Ce n’est pas suffisant.
Les personnels de l’éducation élaborent en ce moment des protocoles pour maintenir les établissements ouverts. Mais on manque de tout, d’agents, de produits, de temps, on manque de remplaçants. Comment palier l’absence d’enseignants et de personnels malades ou cas contacts sans remplaçants ? Comment détecter, isoler, traiter personnels et élèves sans médecine scolaire digne de ce nom ? La solution d’une alternance entre enseignement à distance et en présence peut pallier l’urgence, mais elle ne peut pas s’inscrire dans la durée.
L’éducation est un service public national : un protocole sanitaire national doit donc être mis en place, qui donne des pistes d’action claires à l’ensemble des établissements. La question de l’aération des locaux et de l’équipement en capteurs de CO2 doit figurer dans ce protocole.
Nous devons travailler à une réduction durable des effectifs, à tous les niveaux. Cela nécessite certes des moyens conséquents en terme de personnels et de locaux, mais cela permettrait d’une part d’améliorer la sécurité sanitaire dans les établissements, et d’autre part d’engager une véritable lutte contre la difficulté scolaire et le décrochage qui se sont accrus depuis le printemps.
Il est encore possible de recruter, pour pouvoir remplacer les personnels malades ou cas contact, pour reconstruire une médecine scolaire, pour augmenter le nombre d’enseignant-e-s et réduire les effectifs en classe. Dès maintenant, on peut faire appel aux admissibles des derniers concours. Là où un vivier de candidat-e-s existe, des concours spéciaux doivent être ouverts sans tarder. Les contractuels doivent être titularisés. Le statut de MISE doit être réactivé pour recruter des étudiants capables d’encadrer le travail personnel des élèves. Ces mesures d’urgence doivent s’intégrer dans un plan pluri-annuel de recrutements et de revalorisation des salaires. Ce sont des dizaines de milliers d’emplois dont il y aurait besoin à un moment où le chômage explose et ou 700 000 jeunes rentrent sur le marché du travail.
Il est encore possible de trouver des locaux pour limiter le brassage des élèves, garantir que chaque classe dispose d’une salle et permettre la réduction des effectifs. Des locaux laissés inutilisés par le confinement peuvent être mis aux normes pour accueillir les élèves. Des préfabriqués peuvent être installés dans les cours des établissements. Cela implique une forte mobilisation des collectivités locales, souvent exsangues. L’État doit prendre ses responsabilités et mettre en place un plan national d’aide aux collectivités locales pour aider les communes, les départements et les régions à mettre de nouveaux locaux à disposition de l’éducation nationale.
Comme dans d'autres domaines, le gouvernement utilise la crise pour imposer et accélérer la casse du service public d'éducation. Il est désormais évident que cette politique n'est pas faite pour répondre à l'urgence actuelle et aux défis futurs. Le défi, l’enjeu de société de l’élévation du niveau de connaissance de toute une classe d’âge, de l’enseignement d’une culture commune de haut niveau dans une école émancipatrice qui réponde aux besoins de tous les élèves appellent des réponses neuves qui rompent avec les logiques à l’œuvre depuis de nombreuses années. C’est le sens de la proposition faite par le PCF d’organiser des Etat généraux de l’éducation avec l’ensemble des forces sociales et de progrès, de la communauté éducative.
Cet article propose un bilan des conséquences, souvent méconnues, pour l’Afrique et ses peuples du rôle des droits de propriété intellectuelle, droits devenus aujourd’hui prépondérants. Ils exercent en effet une forme renouvelée de l’impérialisme du Nord sur les pays du Sud.
*Clément Chabanne est responsable de la rubrique « Travail » de Progressistes.
S’il est des formes de la domination impérialiste sur l’Afrique qui sont bien connues, le rôle des droits de propriété intellectuelle ne vient pas forcément à l’esprit en tête de liste. Le lecteur qui porte déjà un intérêt au développement des pays du continent aura sans doute songé au franc CFA, aux plans d’ajustement structurels du FMI, à la dépendance aux grandes places boursières qui fixent le cours des matières premières, à la tutelle politique extérieure sur des gouvernements locaux, etc. Les droits de propriété intellectuelle (DPI) ne sont pas la manifestation la plus connue de la domination du Nord sur l’Afrique. Pourtant, ceux-ci acquièrent une place de plus en plus prépondérante dans l’organisation internationale de la production et dans la répartition internationale de la valeur produite.
LES DPI AU COEUR DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA PRODUCTION
Les droits de propriété intellectuelle regroupent la propriété littéraire et artistique, qui va nous intéresser assez peu ici, mais aussi la propriété industrielle. Cette dernière comprend notamment les brevets, les logiciels et les marques commerciales. Ce sont essentiellement ces catégories qui vont nous intéresser. L’existence des DPI a une très longue histoire : la première délivrance de brevet remonte à 1421, quand Venise accorde un privilège s’apparentant à un brevet d’invention, et l’existence de marques est immémoriale. Cependant, le développement d’un cadre légal international ne remonte qu’aux années 1970 ; il a donné à ces actifs un rôle primordial dans l’organisation des chaînes de valeur.
Dans le cadre d’une division internationale du travail renouvelée dans la mondialisation actuelle, les droits de propriété intellectuelle ont permis aux firmes transnationales des pays dominants d’organiser un développement géographique exponentiel des processus productifs sans perdre le contrôle de l’organisation de la production et en rapatriant une large part de la valeur produite vers le capital occidental dominant via les royalties. Les DPI offrent l’avantage d’être une forme de capital localisable à un endroit et utilisable partout dans le monde avec de très faibles coûts de reproduction. Ainsi, un brevet obtenu aux États-Unis permet d’assurer : 1. La domination technologique de la firme états-unienne sur l’ensemble de la chaîne de valeur en lui assurant le monopole de l’utilisation de l’invention. 2. La capacité de la firme dominante d’organiser la production via le monopole précité. 3. Une maîtrise de l’allocation de la valeur, en fixant le montant des franchises, licences, royalties, qui correspondent à l’extraction d’une rente.
UN MONOPOLE OCCIDENTAL ORGANISÉ
La perpétuation de la domination des grandes transnationales occidentales sur cet outil a été assurée par un cadre légal international promu par les États-Unis. L’impérialisme dominant a d’abord commencé par édicter des lois à application extraterritoriale conditionnant l’utilisation de la propriété intellectuelle étatsunienne au respect des intérêts étatsuniens. L’exemple le plus frappant est l’Export Administration Act de 1980. Les États-Unis ont pu par la suite imposer leur conception au monde via les accords TRIPS (pour Trade Related Aspects of Intellectual Property Rights) adoptés par l’OMC en 1994. Samir Amin décrivait en 2014 ces accords comme « une offensive pour renforcer le pouvoir des monopoles technologiques aux dépens des pays en développement pour lesquels la possibilité d’acquérir la technologie dont ils ont besoin pour progresser devient encore plus incertaine »Samir Amin, Capitalism in the Age of Globalisation, The University of Chicago Prass Books, 1997 (trad. Cl. Chabanne). Le continent africain dans son ensemble est donc soumis à cette organisation internationale de l’extraction de valeur via les droits de propriété intellectuelle, et à ses obstacles aux transferts technologiques. Concrètement, les grandes entreprises qui monopolisent les droits de propriété intellectuelle ont la capacité d’interdire à un pays entier de s’engager dans le développement d’une filière industrielle.
UNE INTÉGRATION AU MARCHÉ MONDIAL LIMITÉE AUX PAIEMENTS DE ROYALTIES
À l’échelle du monde, la position de l’Afrique en tant que détentrice de droits de propriété intellectuelle reste marginale. Selon la World Intellectual Property Organisation (WIPO), environ 7 000 demandes de brevets seraient déposées par an dans le continent. Ce chiffre, qui augmente lentement, est bien loin derrière les plus de 500000 demandes annuelles aux États-Unis. En 1980, environ 3000 demandes de brevets étaient déposées en Afrique. Dans cette lente évolution, l’Afrique du Sud a longtemps été motrice : en 1980, le pays représentait 94 % des demandes de brevets continentales, toujours selon la WIPO; en 2018, ce n’est plus que 26 %. D’autres puissances régionales semblent prendre le relais d’une timide immersion dans le grand jeu mondial de la propriété intellectuelle. Dans les rangs de ces nouveaux propriétaires de DPI, l’Égypte et le Cameroun se distinguent en représentant en 2018 respectivement 19,5 % et 11,8 % des demandes continentales de brevets.
Ces efforts s’inscrivent dans une situation internationale de monopole occidental sur la propriété intellectuelle qu’ils ne sont largement pas en mesure de compenser. Tout projet industriel en Afrique est donc soumis à l’approbation des puissances du Nord qui, par la propriété intellectuelle, se sont réservé un droit de veto sur l’utilisation de nombreuses techniques et innovations. Une fois cette autorisation accordée par les propriétaires de DPI, il faut payer des frais d’utilisation de ces droits. Des frais qui peuvent être rédhibitoires pour les acteurs économiques locaux.
ÉVOLUTION COMPARÉE DU RAPPORT PIB/ROYALTIES
Selon la Banque mondiale, ces frais auraient « explosé » dans les dernières décennies, passant de 5,5 millions de dollars en 1960 à plus de 3 milliards par an aujourd’hui. C’est donc un transfert de valeur direct de plusieurs milliards chaque année qui a lieu, via les DPI, de l’Afrique vers les pays du Nord. Ici encore, c’est l’Afrique du Sud, géant économique du continent, qui assume la majeure partie de ces royalties, pour un montant d’environ 1,8 milliard de dollars en 2018. Ces charges pèsent lourd également pour les exportateurs de pétrole que sont l’Angola et le Nigeria, qui paient chaque année plusieurs centaines de millions de dollars de royalties pour l’utilisation de DPI. Les données de l’OCDE sont malheureusement un peu moins complètes que celles de la Banque mondiale, mais elles ont l’avantage de présenter ces échanges sous forme bilatérale, de sorte qu’elles permettent d’identifier les bénéficiaires de cette extraction de valeur. Sans surprise, l’Union européenne occupe la première place. Elle a bénéficié en 2018 de transferts pour un montant de plus de 1,9 milliard de dollars. Largement distancés, mais livrant une bataille honorable pour l’appropriation des richesses du continent, les États-Unis se contentent de 970 millions en 2018. Année de vaches maigres pour les Yankees habitués à des records au-dessus du milliard : 1,36 milliard de dollars en 2013. Au sein de l’UE, la France et l’Allemagne se taillent d’année en année la part du lion, même si leur position peut à terme être contestée par la Suisse et les Pays-Bas, du fait des stratégies d’évitement fiscal des multinationales, qui placent de plus en plus de DPI dans ces paradis fiscaux.
L’Afrique commence donc à s’intégrer dans le marché mondial des droits de propriété intellectuelle. Il s’agit pour le moment d’une relation à sens unique. Les multinationales de pays du Nord extorquent une rente sur le continent et refusent d’organiser les transferts de technologies qui permettraient le plein développement et la souveraineté des économies locales.
Au niveau mondial, l’impératif d’une lutte contre la marchandisation des savoirs et des techniques s’impose comme l’un des combats internationalistes de notre siècle. Les impératifs de solidarité internationale et de coopération industrielle imposent une révision complète de la législation sur les DPI qui sont pour l’instant des instruments de contrôle et de pillage des économies locales aux mains des firmes transnationales.
Dès le 23 octobre, reçu dans le « Tonight Show » de Jimmy Fallon, sur la chaîne NBC, le sénateur Bernie Sanders, éliminé de la course à la Maison-Blanche car trop « à gauche » pour ses « amis » démocrates, avait prévu la situation. Pandémie de Covid-19 oblige, estimait-il, le vote par correspondance – les « absentee ballots » – allait considérablement augmenter et, en bonne logique, les électeurs démocrates, plus respectueux de la distanciation sociale, favoriseraient ce mode de vote par anticipation. « Pour des raisons que je n’ai pas le temps d’expliquer ce soir, déclara Sanders, vous allez avoir une situation, je suppose, dans des Etats comme la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin et d’autres, où vous allez recevoir d’énormes quantités de bulletins de vote par la poste. Contrairement à des Etats comme la Floride ou le Vermont, ils ne peuvent pas, pour de mauvaises raisons, commencer à traiter ces bulletins avant, je ne sais pas, le jour des élections ou peut-être la fermeture des bureaux de vote. Cela signifie que les Etats vont devoir traiter des millions de bulletins de vote par correspondance. » Dans ces conditions, le républicain Donald Trump pourrait très bien se retrouver en tête des décomptes dans certains Etats, le soir du scrutin, et devancé le ou les jours suivants par son adversaire démocrate Joe Biden, une fois tous les bulletins dépouillés. D’où cette prédiction de Sanders : « A ce moment-là, Trump dira : "Vous voyez ? Je vous avais dit que tout cela était une escroquerie. Je vous avais dit que ces bulletins étaient truqués. Nous ne quitterons pas nos fonctions." C’est une préoccupation que beaucoup de gens et moi-même avons... Les gens doivent être conscients de cette possibilité. »
Sans lui retirer aucun des mérites que lui reconnaissent ses partisans, on ne qualifiera pas Sanders de « prophète ». Le 30 juillet, invoquant les « risques de fraudes » liés à la mise en place du vote par correspondance, Trump en personne avait annoncé la couleur et évoqué « l’élection la plus inexacte et la plus frauduleuse de l’Histoire ». Ce en quoi il n’innovait guère. En 2016 déjà, à la fin du troisième débat l’opposant à Hillary Clinton, il avait provoqué la stupeur en refusant de s’engager à accepter les résultats du scrutin : « Je verrai en temps voulu », avait- il déclaré.
On ne peut donc mettre les derniers événements sur le compte d’une quelconque improvisation. Le 4 novembre, lors de sa première prise de parole après la fermeture des bureaux de vote, et sans s’embarrasser des quelques millions de bulletins restant encore à dépouiller [1], le président sortant s’est autoproclamé vainqueur en dénonçant que certains Etats aient arrêté de compter les bulletins le temps de la nuit : « C’est une fraude contre le peuple américain. C’est une honte pour notre pays. Nous étions en train de gagner cette élection. Franchement, nous avons gagné cette élection. » Quelques heures plus tard, il dénoncera la dynamique désormais favorable à Biden : « Hier soir, j’avais une bonne avance dans de nombreux Etats décisifs, puis, un par un, ils ont commencé à disparaître par magie avec l’apparition et le comptage de bulletins surprises. Très étrange. »
De là à réclamer la suspension du dépouillement des votes par correspondance, en particulier dans le Michigan, la Géorgie et en Pennsylvanie, il n’y avait qu’un pas, allégrement franchi. Dans une réaction officielle, la directrice de campagne de Biden, Jen O’Malley Dillon, a déclaré scandaleuses, sans précédent et incorrectes les déclarations du président : « Scandaleuses parce qu’il s’agit d’un effort évident pour retirer les droits démocratiques aux citoyens américains. Sans précédent, car jamais auparavant dans notre histoire un président américain n’avait tenté de priver les Américains de leur voix lors d’une élection nationale. » Même la chaîne CNN, à travers ses commentateurs, a jugé la réaction de Trump « contraire à la démocratie ».
Dont acte, aux uns et aux autres. Mais on leur fera remarquer – et pas uniquement à eux ! – qu’ils auraient pu se montrer aussi clairvoyants en octobre 2019 lorsque se produisit le même phénomène en… Bolivie. Le dimanche 20 octobre, le décompte de 84 % des voix donnait au président sortant Evo Morales, candidat à la réélection en représentation du Mouvement pour le socialisme (MAS), une avance de sept points sur son concurrent de droite Carlos Mesa (45,28 % des voix contre 38,16 %), plaçant ce dernier en position de disputer un second tour. Après une interruption nocturne du dépouillement, le décompte du lundi soir changea la donne. Morales devançait à présent Mesa de dix points et, avec 46,8 % des suffrages contre 36,7 %, l’emportait dès le premier tour [2].
Aussi « trumpistes » que Trump, leur grand allié, la droite et l’extrême droite boliviennes, ainsi que quelques renégats censément « de gauche », hurlèrent à la fraude. Chargée d’observer le processus électoral, l’Organisation des Etats américains (OEA), aux ordres et à la botte de Washington, leur vint en aide en dénonçant un « changement inexplicable de tendance ».En fait, comme on l’avait constaté lors des élections précédentes, les zones rurales, indiennes et paysannes, très majoritairement favorables à « Evo », mais dont les résultats arrivaient en dernier du fait des difficultés de communication, avaient fait basculer définitivement le résultat [3].
La suite est connue. Washington parla d’une tentative de « subversion de la démocratie ». Encouragés, les « ultras » boliviens déclenchèrent une vague de violence qui déboucha sur un coup d’Etat. Que l’Union européenne entérina. Le mimétisme moutonnier faisant le reste, l’immense majorité de la « communauté médiatique » ratifia la thèse de « la fraude », responsable de la crise qui s’ensuivit. Aux Etats-Unis mêmes, seul Bernie Sanders qualifia de putsch l’éviction de Morales. Egalement classée « à gauche » du Parti démocrate, la sénatrice du Massachusetts, Elisabeth Warren, évita soigneusement d’utiliser l’expression « coup d’Etat » et qualifia le « gouvernement » de la présidente autoproclamée Jeanine Añez de « leadership intérimaire », validant ainsi la nouvelle administration [4]. Il est vrai que, comme Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Warren a reconnu en Juan Guaidó le président du Venezuela, que seul Trump et son équipe ont élu à cette haute fonction ; elle a également approuvé l’utilisation des sanctions aussi illégales que criminelles imposées à ce pays.
S’agissant de la Bolivie, et laissant la voie libre aux faucons républicains, l’ensemble du Parti démocrate s’est donc très ostensiblement désintéressé de la question.
Pour Washington et les « élites politiques » conservatrices qui, dans les Amériques, lui servent de relais en même temps qu’elles défendent leurs propres intérêts, les élections sont certes indispensables, mais à une condition : il faut pouvoir garantir que les gens votent comme il faut. De sorte que, chanté depuis la droite du noble orchestre de la Démocratie, et promus par le puissant voisin du Nord, le « grand air de la fraude » est depuis longtemps un grand classique dans la région.
En 2008, au Nicaragua, lors d’élections municipales largement remportées par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) – 109 villes sur 153 –, le candidat battu pour la mairie de Managua, le banquier Eduardo Montealegre, hurle au scandale et exige un recomptage des votes. Lorsque le Conseil suprême électoral (CSE) accepte la requête, il refuse d’assister à l’opération. Il n’apportera ultérieurement aucune des « preuves » censées sustenter son accusation.
Le 6 novembre 2011 voit la réélection du sandiniste Daniel Ortega, avec 62 % des suffrages. Arrivé en deuxième position avec 31 % des voix, le représentant du Parti libéral indépendant (PLI), Fabio Gadea, conteste sa défaite, prétendant avoir lui-même recueilli 62 % des voix (alors que tous les sondages lui avaient accordé environ 30 %). Alertant la « communauté internationale » (comprendre : les Etats-Unis et l’Union européenne) acquise à sa cause, il annonce une protestation massive et, pour le 3 décembre suivant, cent mille manifestants dans les rues de la capitale Managua. Présent sur place, nous n’assistons qu’à un défilé de cinq à dix mille personnes (en l’absence d’un appareil massif de répression).
Lorsque Ortega est réélu pour un troisième mandat le 6 novembre 2016, le CSE annonce une abstention de 31,8 % ; sans citer aucune source identifiable, la coalition d’opposition du Front large de la démocratie (FAD) l’estime à plus de 70 % et, comme d’habitude, conteste le résultat du scrutin.
A chaque fois, invoquant « la fraude », l’administration américaine (en l’occurrence celles de George W. Bush et Barack Obama) condamne (et sanctionne) l’indésirable vainqueur. A chaque fois, la sphère médiatique, sans plus d’hésitations que de preuves, enferme le Nicaragua dans la catégorie des « Etats voyous » [5].
Novembre 2009, en Haïti : trois jours d’émeute pour contester un résultat ! Le Conseil électoral provisoire (CEP) a bien exclu quatorze partis politiques – dont Fanmi Lavalas, formation de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide (deux fois bouté hors du pouvoir par des coups d’Etat) –, ce n’est pas suffisant. Les Haïtiens ont mal voté. Le premier tour de l’élection présidentielle a placé Mirlande Manigat (31,4 %) et Jude Célestin (22,5 %) devant le candidat de Washington Michel Martelly (21,8 %), dès lors éliminé pour le deuxième tour. Jeté dans la rue par ce dernier, un dévergondage de gens de toutes sortes sème le chaos. Sensibles à cette mobilisation de la « société civile » et sur la base d’un rapport fort bien venu de l’OEA, les principaux bailleurs de fonds, Washington en tête, obligent le CEP à modifier les résultats. Celui-ci installe Martelly en deuxième place, permettant ainsi à cet individu carrément corrompu, franchement incompétent, de participer au second tour et de devenir président de la République le 20 mars 2011.
L’année suivante, au Venezuela, le camp bolivarien emmené par Hugo Chávez continuant manifestement à envisager sa permanence au pouvoir, l’oppositionsonne le tocsin. Pourtant, le 15 septembre, l’argentin Carlos Álvarez, chef de la Mission d’observation électorale de l’Union des Nations sud-américaines (Unasur), a déclaré : « Il est intéressant de souligner un élément que très peu connaissent, je parle surtout de ceux qui analysent la réalité depuis la désinformation ou les préjugés, c’est que le Venezuela possède aujourd’hui l’un des systèmes électoraux les plus vigoureux et les plus avancés technologiquement de l’Amérique latine, ce qui garantit la transparence, le contrôle et la surveillance du scrutin. » La semaine précédente, l’ancien président américain James Carter, dirigeant du Centre éponyme, avait pour sa part déclaré : « En réalité, sur les quatre-vingt-douze élections dont nous avons surveillé le déroulement, je dirais que le processus électoral du Venezuela est le meilleur du monde »…
Il n’en demeure pas moins que, à l’instar de Rafael Poleo, directeur du quotidien El Nuevo País, qui a écrit le 7 août « ignorer que le gouvernement prépare une fraude est une idiotie », l’opposition ne cesse de mettre en cause l’impartialité du Conseil national électoral (CNE) ; chaque fois qu’on le lui demande, Henrique Capriles, le candidat de droite, se refuse à préciser si, dans l’hypothèse où il lui serait défavorable, il acceptera le résultat (Trump n’a rien inventé).
Manque de chance : le 7 octobre, jour du scrutin, un million six cent mille voix de différence constituent une marge suffisante pour couper court à toute contestation. Avec 55,1% des votes et quasiment dix points d’avance, le président en exercice repart pour un nouveau de mandat. Capriles range provisoirement ses protestations dans son chapeau.
Chávez disparu, les Vénézuéliens élisent son dauphin Nicolás Maduro, le 14 avril 2013, avec 50,60 % des voix (n’importe quel fraudeur moyennement intelligent aurait porté cet avantage à 55-60 % pour éviter ce résultat « ric-rac » ; un vrai dictateur aurait, lui, gagné avec au minimum 80 %). Qu’importe. Capriles refuse d’admettre sa défaite. Le fait devrait surprendre : tout comme il a accepté avoir perdu lors de la présidentielle précédente, organisée par le même CNE, il n’a pas mis en cause l’arbitre électoral lorsque, quelques semaines auparavant, il a été réélu gouverneur de l’Etat de Miranda avec moins de trente mille voix d’avance sur le candidat du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) Elías Jaua. Appuyé par le secrétaire d’Etat américain John Kerry, l’OEA et le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, Capriles demande un recomptage de « tous » les bulletins de vote. Puis déclenche l’escalade en appelant ses partisans à exprimer leur « arrechera » – mélange de rage et de hargne mêlées d’indignation morale – dans les rues. Suggérée sur les réseaux sociaux par le journaliste d’opposition Nelson Bocaranda, au prétexte que « les médecins cubains cachent des urnes pleines de bulletins de vote », des centres médicaux sont attaqués, incendiés et détruits. La vague de violence provoque la mort de onze personnes. Comme elles sont toutes chavistes, les grandes multinationales dites de défense des droits de l’Homme ne s’emparent pas de la question.
Contrairement à ce que croient certains niaiseux, l’impérialisme ne se manifeste pas que sous la forme extrême de l’intervention militaire et de l’invasion armée. Aux coups d’Etat menés à bien par des acteurs locaux, tentatives de déstabilisation, mesures coercitives unilatérales, guerres non conventionnelles, opérations clandestines, s’ajoutent les techniques de désinformation permettant de diaboliser l’ « ennemi ». Quoi de plus efficace, pour transformer un pays en « dictature », face à l’opinion internationale, que d’y remettre en cause l’honnêteté des processus électoraux ?
Au Venezuela, la comédie dure depuis deux décennies. Quand, en 2004, Chávez gagna un référendum révocatoire avec 59 % des suffrages exprimés, le dirigeant d’opposition Henry Ramos Allup dénonça une « gigantesque fraude » dont il présenterait les preuves dans les vingt-quatre heures. Seize années plus tard, on ne les a pas encore vues. Mais d’aucuns prennent toujours Ramos Allup au sérieux.
En 2018, en pleine période de déstabilisation économique, les leaders de l’opposition, sur ordre explicite de Washington, refusent de participer à la présidentielle et appellent à la boycotter. D’autres dirigeants, tout aussi critiques à l’égard du « chavisme », mais plus soucieux de l’intérêt général, se portent malgré tout candidats. Dans un tel contexte, 9,2 millions de citoyens se rendent aux urnes (46,02 % de participation). Maduro l’emporte avec 68 % des voix, devant Henri Falcón (ex-chef de campagne d’Henrique Capriles ; 21 %) et le pasteur Javier Bertucci (11 %). Ce qui se passe à ce moment ne peut même plus être placé dans la catégorie « comique de répétition » : soumis à une pression extrême des « ultras » étatsuniens et vénézuéliens, Falcón refuse soudain de reconnaître la légitimité du scrutin et exige… d’en organiser un autre. « On pourrait les faire en octobre et nous, nous sommes disposés une fois de plus, cohérents comme nous sommes [authentique !], à y participer. » Avec l’infime étincelle de lucidité qui semble lui rester, il constate néanmoins : « Aujourd’hui il est clair que cet appel à l’abstention a fait perdre une occasion extraordinaire de mettre un terme à la tragédie que vit le Venezuela. » Arrivé en troisième position, Bertucci n’entre pas dans une fausse polémique : « Les gens qui ont voté ont voté, on ne peut pas dire que le résultat n’est pas le produit du vote. »
En état de choc, échaudés, écœurés par l’irresponsabilité et l’incohérence de leurs dirigeants, les électeurs qui s’en réclament et les abstentionnistes ne descendent même pas dans la rue pour manifester. Nul n’y prête attention. L’effet troupeau faisant son œuvre, les médias dominants bourdonnent sur le même thème : la légende noire d’un Maduro « président illégitime » vient de naître.
On n’occultera pas ici que, le 30 juillet 2017, l’élection d’une Assemblée nationale constituante (ANC) avait été très controversée. Pas tant du fait du boycott des mêmes que l’année suivante et des violences qu’ils incitèrent alors à déclencher pour saboter la consultation. On déplora au moins quinze morts au cours de ce week-end, dont un sergent de la Garde nationale et un candidat chaviste. Vingt-et-un fonctionnaires de police furent blessés par arme à feu, huit gardes nationaux brûlés par un engin explosif. En vain : 8 089 320 Vénézuéliens se rendirent aux urnes pour élire leurs Constituants, soit 41,5 % de l’électorat.
Ces chiffres, bien sûr, furent immédiatement contestés. Toujours en première ligne dès qu’il s’agit de ruses, de manèges et de finasseries, Ramos Allup estima la participation à 12 %, soit à peine 2,4 millions de personnes. Plus troublante, et semant légitimement le doute, se révéla la déclaration d’Antonio Mugica, président de la firme Smartmatic, qui fournissait le software des machines à voter et l’assistance technique, quand il dénonça une manipulation des résultats. « Nous estimons que la différence entre la participation réelle et celle annoncé par les autorités est d’au moins un million de voix », déclare-t-il, depuis… Londres, trois jours après le scrutin.
Depuis, Mugica a disparu des radars, sans jamais avoir soumis à quiconque un quelconque rapport technique détaillé expliquant la supposée fraude, qui l’a réalisée et comment elle a été détectée. En revanche, tout observateur attentif dispose de quelques certitudes. Smartmatic, leader mondial en solutions électorales et de gestion d’identités, jouit d’une solide réputation internationale. Elle opère dans une quarantaine de pays. Sans jamais aucun incident, et défendant l’intégrité des résultats de douze élections vénézuéliennes successives, Smartmatic en encadrait techniquement le déroulement depuis 2004 – le vote étant complètement automatisé. Or, dans un contexte d’agression permanente, Washington venait d’annoncer des sanctions contre la présidente du CNE Tibisay Lucena, pour son rôle dans l’organisation de cette élection « illégale ». Toute entreprise travaillant avec le CNE risquait désormais d’être condamnées à de très fortes amendes par la justice étatsunienne et même de se voir exclue définitivement du marché américain. Or…
Après cette spectaculaire mise en cause de Caracas, et la rupture qui s’ensuivit, Smartmatic annoncera que l’Argentine (du président de droite Mauricio Macri) fait appel à sa technologie biométrique pour l’authentification de ses électeurs ; qu’elle présente sa technologie innovante aux experts et administrateurs électoraux du Royaume-Uni ; qu’elle participe à la mise en place de la même technologie innovante au Mexique (du président conservateur Enrique Peña Nieto) ; que, d’ici à 2020, « après une évaluation technique, légale et financière », le comté de Los Angeles achèvera avec elle l’installation d’un nouveau système de vote ; que la Commission européenne a attribué à son Centre d’excellence sur le vote par internet une nouvelle bourse de recherche dans le cadre du programme Horizon 2020 ; que, dans le secteur en charge des infrastructures électorales, elle intègre… le Conseil de coordination du Département de la sécurité intérieure des Etats-Unis ! Que des « amis » très chers du Venezuela ! Mieux vaut ne pas se placer sous l’épée de Damoclès des sanctions américaines quand on ne souhaite pas perdre de tels contrats [6].
« Personne n’a expliqué comment, pendant ces deux décennies de gouvernement bolivarien, l’opposition a presque toujours gagné, par exemple, dans l’Etat de Miranda, où se trouve la partie la plus grande et la plus puissante de Caracas, constate la philosophe et historienne vénézuélienne Carmen Bohórquez ; et qu’elle a également gagné à plusieurs reprises des Etats stratégiques tels que les Etats de Zulia, Táchira, Mérida, Nueva Esparta ou Amazonas [7]. » Néanmoins, au prétexte que « les conditions pour qu’il y ait des élections justes et démocratiques (n’y) sont pas réunies », l’Union européenne, en parfaite supplétive de l’administration Trump (et des ténors du Parti démocrate), refuse par avance de reconnaître les résultats des élections législatives organisées le 6 décembre prochain. Scrutin que, comme il se doit, leur petit protégé, l’autoproclamé Juan Guaido, appelle à boycotter. Une question, et non des moindres, demeurant néanmoins en suspens : le jour où aura lieu, au Venezuela, cette consultation électorale (à laquelle participent les factions non anti-démocratiques de l’opposition), connaîtra-t-on le nom du prochain président des Etats-Unis ?
Effarés, nombre d’Américains découvrent des méthodes que leurs gouvernements successifs ont sans vergogne appuyées, voire suscitées, à l’étranger. C’est que, à répandre cyniquement la peste chez les autres, on finit par l’attraper. Le 4 novembre, sans la moindre preuve, Trump s’est à nouveau posé en victime d’une vaste fraude électorale : « Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection ! » S’il perd (ce qui est probable, mais pas absolument certain, à l’heure de la rédaction de ce billet), il va multiplier les recours en justice et en appelle déjà à la Cour suprême, pour que « la loi soit respectée et utilisée de manière appropriée ». La partie est loin d’être terminée.
Mais au fait… Où est passée l’OEA ? Pas d’ironie facile : elle est là et bien là. Défenseur intraitable, scrupuleux et désintéressé de la pureté des processus démocratiques sur le continent, son secrétaire général Luis Almagro a dirigé en personne une mission d’observation électorale. Pour ces minuscules Etats-Unis, pays de 328 millions d’habitants répartis sur 9,834 millions de Km², 28 experts et observateurs ont été déployés ; rien à voir avec l’immense Bolivie (11,35 millions d’habitants, 1,098 million de Km²) qui avait nécessité… 92 experts et observateurs déployés en 2019 dans les neuf départements du pays et dans trois pays étrangers (Argentine, Brésil et Etats-Unis) pour y surveiller le vote des expatriés.
Disons qu’au sein de l’OEA, et en matière de surveillance du respect de la démocratie, tous les pays sont égaux, mais que certains sont plus égaux que d’autres. « En raison de la nature décentralisée de l’administration électorale aux Etats-Unis, explique le Rapport préliminaire rendu public le 6 novembre, la Mission a dû obtenir l’autorisation de chaque Etat afin d’observer leurs processus de vote. La Mission a donc contacté les autorités de quatorze Etats [sur cinquante !] et du district de Columbia pour demander un accès pendant la période préélectorale et le jour du scrutin. (…) En fin de compte, les restrictions résultant de COVID-19 ainsi que d’autres facteurs échappant au contrôle de la Mission ont limité les Etats dans lesquels elle a pu se déployer [8]. » Et pour cause : certains Etats n’autorisent pas ou ne prévoient pas de dispositions spécifiques pour l’observation internationale de leurs processus électoraux. Et n’ont pas l’intention d’y changer quoi que ce soit. De sorte que l’imposante « Mission de l’OEA pour les élections présidentielles américaines » n’a été en réalité présente qu’en Géorgie, dans l’Iowa, dans le Maryland, dans le Michigan et dans le district de Columbia [9] !
Dans le rapport préliminaire qui en découle, l’OEA indique qu’elle « n’a pas directement observé de graves irrégularités jetant le doute sur les résultats » Préalablement, elle a mentionné sur un ton critique qu’«un candidat en particulier » a fait référence à la « progression et à la crédibilité du vote » ce qui a ensuite conduit sa campagne à « contester le processus en cours et les résultats devant les tribunaux ». « Un candidat en particulier » … Jamais le nom de Donald Trump n’est mentionné. Il a plus de chance qu’Evo Morales, nommément cité et épinglé à de multiples reprises dans les mensongers rapports préliminaire et définitif de 2019. Mais Almagro n’insulte pas l’avenir. Le 6 novembre, date de publication de ce premier document, il n’est pas encore certain que Trump ait perdu l’élection.
On se permettra tout de même d’interpeller le secrétaire général sur cette « mission d’observation électorale à portée limitée » (expression employée dans le rapport précité). Plutôt que vouloir imposer autoritairement ses diktats à la Bolivie, au Nicaragua, au Venezuela ou aux autres pays de la région, ne devrait-il pas, en priorité, exiger des Etats-Unis un accès sans limites à l’observation de ses élections ? (excusez, « it’s a joke » : on n’a jamais vu un « péon » [10] imposer quoi que ce soit à son patron). Autre question : dans la plus extravagante des hypothèses (mais qui sait…), le président français Emmanuel Macron recevra-t-il Trump à l’Elysée si celui-ci s’autoproclame chef de l’Etat ? Et encore : comme elle l’a fait avec la Bolivie post-coup d’Etat, pourquoi l’Union européenne ne se propose-t-elle pas comme médiatrice pour « pacifier le pays » ? Sans augurer du pire, on y note déjà une montée des tensions digne de la dernière des Républiques bananières. Selon le Washington Post, le Secret Service s’inquiète de la sécurité de Joe Biden : des agents ont été envoyés en renfort à Wilmington (Delaware) pour protéger son QG.
[1] Il s’agit de bulletins postés au plus tard le jour du scrutin, donc le 3 novembre.
[2] En Bolivie, pour éviter un second tour, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40 % des voix avec 10 points de pourcentage d’écart sur le second.
La pandémie occupe tous les esprits et le monde regarde vers les États-Unis. Netanyahou, lui, garde sa ligne de conduite : annexer toujours plus de terre en Cisjordanie par sa politique de fait ...
La pandémie occupe tous les esprits et le monde regarde vers les États-Unis. Netanyahou, lui, garde sa ligne de conduite : annexer toujours plus de terre en Cisjordanie par sa politique de fait accompli. Le 3 novembre, c’est à la destruction du village bédouin de Humsa al-Fuqa dans la vallée du Jourdain que s’est livrée l’armée d’occupation israélienne. Ce sont les habitats précaires de 74 personnes dont 41 enfants qui ont été détruits. Rien n’a été laissé debout, ni les réserves d’eau, ni les toilettes, ni les structures destinés à l’élevage. Au milieu des débris : des lits de bébé, de la nourriture pour animaux et les membres de cette communauté bédouine tentant, sous la pluie, de récupérer quelques modestes effets.
Depuis le début de l’année 2020, Israël a détruit plus de 670 structures palestiniennes et privé de toit 869 Palestiniens. Un rythme qui dépasse le triste record de 2016. La destruction de propriétés dans des territoires occupés est une violation du droit international humanitaire tout comme le déplacement forcé de populations est un crime de guerre. Ce n’est pas ce qui arrête Israël et c’est bien à ces faits criminels que s’est livré Israël le 3 novembre dans la vallée du Jourdain.
Tous les jours, du nord au sud de la Palestine occupée en passant par Jérusalem-Est, Israël détruit des biens palestiniens et confisque des terres. La divulgation du plan Trump et l’annonce du projet d’annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies ont été accompagnées d’une accélération de ces faits. La pandémie n’a pas arrêté Israël, bien au contraire, l’absence d’observateurs internationaux lui a laissé le champ libre. Ce qui s’est passé le 3 novembre est particulièrement grave : c’est la plus importante destruction d’habitations depuis 10 ans dans la vallée du Jourdain.
Israël a transformé la vallée du Jourdain en zone militaire où les Palestiniens – et particulièrement les populations bédouines – sont privés des droits élémentaires : droit à l’éducation, à la santé, à se déplacer, à pratiquer son mode de vie. Une zone de non droit, où les colons israéliens s’emparent en toute impunité des biens palestiniens : trois colonies sauvages ont été implantées récemment dans ce secteur.
Et en ce qui concerne les populations bédouines palestiniennes, elles sont ciblées par Israël où qu’elles se trouvent : à l’Est de Jérusalem, au Sud d’Hébron, dans la vallée du Jourdain et également dans le Naqab/Neguev en Israël. Leurs habitats sont partout détruits ou menacées de destruction. Les écoles pour leurs enfants sont partout détruites ou menacées de destruction, ils sont privés de ressources. Ce qui s’est passé le 3 novembre à Humsa al-Fuqa est emblématique de la politique de nettoyage ethnique pratiquée par Israël depuis plus de 70 ans envers les Palestiniens.
Tout en laissant croire, aux « naïfs » qui veulent bien se laisser abuser, qu’il a suspendu ses projets, c’est bien sa politique d’annexion que poursuit Netanyahou. Récupérer toujours plus de terre avec le moins de Palestiniens possible, telle est sa ligne de conduite. Pour y parvenir, une méthode, rendre la vie des Palestiniens impossible pour les forcer à partir.
L’Union européenne a qualifié de regrettable ces démolitions et a demandé à Israël d’y mettre fin. Peut-on imaginer un instant que ces propos, dont le ton est totalement décalé par rapport à la réalité du terrain, vont impressionner un premier ministre israélien qui ne connaît que la force ? Seules des sanctions pourront arrêter Netanyahou. L’Union européenne doit suspendre son accord d’association avec Israël et mettre fin à toute coopération militaire et sécuritaire tant que cet État ne respectera pas le droit international et le droit humanitaire. L’AFPS demande à la France de peser de tout son poids dans ce sens.
Le Bureau national de l'Association France Palestine Solidarité
Urgence Covid-19 : Lettre de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, député du Nord, au premier ministre Jean Castex:
LETTRE AU PREMIER MINISTRE
Crise sanitaire/confinement : Fabien Roussel interpelle le Premier ministre
86 852 nouveaux cas positifs à la Covid-19 pour la seule journée du 7 novembre : jour après jour, les sombres records de contaminations ne cessent d'être battus. Il en est malheureusement de même pour le nombre de patients hospitalisés et celui, plus tragique encore, des décès.
La seconde vague prend ainsi la forme d'un véritable tsunami qui déferle sur nos hôpitaux.
Médecins, infirmiers, aides-soignants, toutes les professions de santé rapportent que la situation sanitaire se dégrade à un rythme extrêmement préoccupant. Cette situation est d'autant plus alarmante que les capacités de soin, notamment en réanimation, demeurent beaucoup trop restreintes.
Dans les Hauts-de-France, le nombre de patients en réanimation a dépassé aujourd'hui le pic atteint lors de la première vague. Huit mois après, la situation est donc plus grave !
Dans l'arrondissement de Valenciennes (Nord), des premiers patients ont été évacués vers des hôpitaux allemands. Si notre voisin d'outre-Rhin dispose de 28 678 lits de soins intensifs et de réanimation, soit près de 5 fois plus que nos propres capacités, l'Allemagne, elle-même confrontée à une deuxième vague importante, indique déjà qu'elle ne pourra pas accueillir autant de malades français qu'au printemps dernier.
Personne ne pourra admettre que des médecins, submergés par le nombre de patients, soient amenés à faire des choix insupportables au plan éthique et à prioriser certains patients au détriment des plus fragiles.
Dès lors, vous ne pouvez pas tout faire reposer sur les Français, les salariés, celles et ceux obligés d'aller travailler aujourd'hui. Votre ministre de la Santé a ainsi déclaré, jeudi dernier lors de sa conférence de presse : « Si les Français ne respectent pas le confinement, dans 8 jours la situation sera désespérée dans nos hôpitaux! ». Ce serait donc de notre faute ! C'est une culpabilisation insupportable de nos concitoyens.
Comment peut-il dire aux lycéens, aux collégiens et aux personnels des établissements scolaires que ce sera de leur faute s'ils attrapent ce virus quand ils sont obligés de s'entasser dans des couloirs, à la cantine, ou quand la moitié des personnels d'entretien sont malades et non remplacés ?
Comment peut-il faire porter la responsabilité aux ouvriers, tels ceux de Toyota que j'ai rencontrés et qui sont 3 500 à travailler à Onnaing, à se croiser dans les vestiaires, à la cantine, avec leur pause de 20 minutes pour manger ? Un tiers des clusters se situe dans les entreprises.
Comment peut-il faire porter la responsabilité à toutes celles et ceux obligés d'aller travailler et de prendre le métro, le RER ou le TER et à s'entasser dans ces transports collectifs, comme si le virus n'y circulait pas ?
Lors de la première vague, le confinement strict de l'économie durant le mois de mars avait permis de faire baisser le taux de contamination de 77 % en 4 semaines ! Je crains fort que ce confinement allégé ne parvienne à ce résultat.
Pour que les Français respectent les règles, il faut des consignes claires, cohérentes, les mêmes pour tous, et à la hauteur de la menace qui pèse sur notre pays. Surtout, nos concitoyens ont besoin de règles admises et décidées ensemble, en y associant autant le Parlement que les représentants du monde du travail. La démocratie n'est pas un problème, c'est même une grande partie de la solution pour prendre les meilleures décisions, même quand elles sont difficiles.
L'heure n'est plus aux demi-mesures. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, le confinement que vous avez mis en place n'enraye pas la courbe des contaminations et des patients en réanimation. De plus, il suscite de la colère car il oppose ceux qui peuvent poursuivre leur activité et ceux qui ne le peuvent pas.
La santé des Français doit primer sur toute autre considération, y compris économique. Et pour faire face aux conséquences d'un nouvel arrêt de notre économie, il serait temps de faire jouer la solidarité, quitte à ce que les pouvoirs publics l'imposent quand les plus fortunés, les banques et les assurances, les Gafa refusent de mettre la main à la poche. Ce n'est quand même pas à l’État, et donc aux contribuables, de tout prendre en charge quand certains s'enrichissent pendant cette crise!
Face à la gravité de la situation, je vous appelle solennellement à prendre ces mesures fortes indispensables pour notre pays, pour nos concitoyens.
Je reste à votre disposition pour en parler de vive voix.
Je vous prie de croire, Monsieur le Premier ministre, en l'expression de ma haute considération.
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord, Paris, le 9 novembre 2020
La pêche reste un secteur économique important. Mais coincée entre gros armements, règles européennes, Brexit et stigmatisation écologiste, elle est en crise… Ou en transition?
*Olivier Penhoat est politiste, fonctionnaire territorial (et adhérent du PCF dans le Finistère)
À l’instar du monde agricole, dans la seconde moitié du XXe siècle la France avait réussi à bâtir un secteur de pêche artisanal rentable et diversifié en termes de pratiques, d’espèces ciblées, de zones de pêche. La flotte française a rapidement réalisé sa modernisation après-guerre, puis a pleinement bénéficié de la politique commune de la pêche au travers d’un accès privilégié à des quotas dans toute la zone économique exclusive communautaire. Les producteurs disposaient d’une relative autonomie à l’égard des entreprises de transformation, faisant vivre des territoires littoraux. Cette dynamique s’est retournée dans le courant des années 1990. La pression exercée sur la ressource par des flottilles trop nombreuses et trop puissantes a rendu inexorable une restructuration du secteur, avec la mise à la casse de nombreux navires (un tiers des navires ont disparu depuis 1995) et un renforcement progressif des mesures de régulation de l’activité et de gestion des stocks[1]. La mémoire de ces épisodes, au-delà du mouvement de l’hiver 1993-1994, est encore vive. Elle a généré dans le secteur une crainte exacerbée de la disparition dans un contexte où les défis auxquels les activités font face sont lourds et inédits.
LA DÉSTABILISATION ÉCONOMIQUE DU MODÈLE ARTISANAL
La disparition progressive des aides communautaires en faveur des navires[2]a entraîné un vieillissement généralisé d’une flottille désormais hors d’âge, avec des outils qui atteignent en moyenne 30 ans[3]. Ces navires sont accidentogènes, les conditions de travail à leur bord sont pénibles et ils sont très dépendants des énergies fossiles, de sorte que chaque épisode de tension sur les prix du pétrole affecte directement leur rentabilité dans la mesure où le système de vente dominant, en criée, ne prend pas bien en compte les coûts de production. Le rétablissement progressif des stocks et la réduction de la flotte offrent, en dehors de ces épisodes, des conditions de rentabilité satisfaisantes, mais les retards pris dans le renouvellement de la flotte à l’issue de deux décennies de restructuration en réduisent significativement le bénéfice (coûts de maintenance et pertes liées à l’immobilisation). Les premiers touchés sont les patrons artisans indépendants de navires de 10 à 24 m, dont les capacités d’investissement individuelles sont limitées et qui n’ont pas de partenaires capitalistiques. D’autant qu’un nouveau navire coûte plusieurs millions d’euros et que l’entrée dans la filière, qui se fait par l’acquisition d’un navire d’occasion, suscite un endettement important liée à la monétisation par les cédants des antériorités de pêche associées au navire[4]. Au travers de la figure du patron artisan et des flottilles concernées, c’est le modèle type national de la pêche française qui est bousculé. Le secteur peine à recruter, à retenir ses marins et ses patrons, et son renouvellement à long terme n’est pas garanti.
UNE IMAGE TERNIE…
Une part de ces difficultés a également pour origine une image qui s’est beaucoup dégradée dans l’opinion publique : à l’image de l’aventurier téméraire et libre a succédé le sentiment que les pêcheurs dégradaient profondément l’environnement. Les débats autour de la pêche de grands fonds ont montré combien cette image n’était plus l’apanage des pêcheries ciblant ou capturant accidentellement d’emblématiques mammifères marins[5].
Les associations environnementales sont maintenant très influentes dans la définition des politiques de la pêche. Outre l’extension des aires marines protégées, elles promeuvent un agenda complet de gestion des pêches : objectifs de gestion des stocks, élimination des « subventions néfastes » et promotion d’une petite pêche côtière très loin du modèle artisanal hexagonal[6].
… MALGRÉ UNE CONSOMMATION CROISSANTE ET SOUTENUE
.À ce stade, toutefois, la bataille de l’image n’a pas complètement bouleversé les pratiques de consommation des Français. Le marché national des produits de la mer est un atout important du secteur. Avec 33 kg par an et par habitant, la France est un des premiers marchés au monde. Comme celui de l’Europe, il est fortement déficitaire, à hauteur des deux tiers. Avec le Brexit, la part des importations assurée par des pays en dehors de l’espace européen (UE et AELE [7] ) deviendra majoritaire. Dans un contexte mondial de demande croissante – la demande en produits de la mer a doublé en cinquante ans – , cette demande, sur le plan national ou à l’exportation, devrait rester dynamique, sous réserve de s’adapter aux nouvelles pratiques des consommateurs. Les produits, qui bénéficient d’une image positive en raison de leur qualité alimentaire devraient jouer dans les prochaines décennies un rôle majeur dans l’équation alimentaire mondiale du fait du meilleur bilan environnemental de la protéine animale issue de la mer[8]. Pour l’Europe, et la France en particulier, l’équation, dans un contexte de Brexit, sera complexe avec la nécessité de sécuriser des apports qui ont toutes les chances d’être de plus en plus disputés.
LE RÔLE DÉCISIF DE L’EUROPE POUR L’AVENIR DU SECTEUR
La situation économique de la pêche artisanale française n’est pas insoluble. Une dynamique positive, dans les régions comme au plan national, est à l’œuvre, avec des initiatives porteuses d’espoir. Mais durant les prochains mois les yeux du secteur seront d’abord braqués sur Bruxelles, où une série de dossiers majeurs doivent être arbitrés.
Les enjeux pour la pêche de la sortie du Royaume-Uni de l’UE ont été abondamment soulignés : la dépendance de nos pêcheurs à ses zones de pêche et la dépendance symétrique de ses opérateurs au marché communautaire. Au-delà du degré d’ouverture des eaux britanniques et des conditions d’accès à celles-ci, les enjeux du retrait britannique quant à la gestion de la ressource ont été moins soulignés. Or, dans la mesure où la plupart des stocks chevauchent les deux zones économiques exclusives, il est tout aussi impératif de fixer un cadre commun, avec des objectifs de gestion et des instances de gouvernance s’inscrivant dans la durée. L’ampleur des questions à traiter d’ici à la fin de la période de transition, qui court jusqu’au 31 décembre 2020 et pendant laquelle les règles communautaires continuent à s’appliquer, rend un tel accord très difficile. Surtout, le secteur britannique qui a beaucoup appuyé le mouvement du « Leave » pousse en faveur d’une dérégulation, alors que pour l’UE la convergence du cadre futur avec les règles de la politique commune des pêches (PCP) est une condition de survie de celle-ci.
Dans le même temps, l’Union doit adopter son premier budget pour la période 2021-2027 et, pour ce qui concerne la pêche, celui du fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP). Or ce débat ne s’est pas ouvert sur des perspectives rassurantes : budget global et du FEAMP en baisse; réduction des aides aux navires comme au reste de la filière, avec de nouvelles interdictions et l’élimination de certaines catégories de subventions ; nouvelles priorités maritimes… Les négociations viennent de s’ouvrir entre le Parlement et le Conseil; il serait souhaitable que le budget garantisse des moyens permettant le renouvellement de la flotte, en particulier sa transition énergétique, et conforte la mise en œuvre de la PCP (contrôles, évaluation des stocks aujourd’hui lacunaires). Le prochain FEAMP doit permettre à la filière dans son ensemble de réaliser sa transition environnementale en s’adaptant au Brexit. Les défis ne sont pas minces.
En définitive, la négociation du prochain FEAMP n’est que le prologue du débat qui va s’ouvrir rapidement sur la politique commune des pêches, dont une révision est attendue pour 2023. Il y a certainement beaucoup à faire pour améliorer les modalités de gestion en prenant davantage en compte les relations entre espèces dans une approche écosystémique. Dans un contexte de bouleversement environnemental, les dispositifs devront aussi gagner en agilité, et certains instruments qui ont montré leurs limites, comme les règles de jauge qui freinent l’adaptation de la flotte, doivent être réformés. Si l’UE confirme sa préférence libre-échangiste et maintient un tel degré d’ouverture de son marché, elle doit mettre ses opérateurs dans des conditions de concurrence équitable, et ne pas réduire unilatéralement ses instruments d’intervention propres, notamment de marché, dans un contexte international bien moins stable qu’il y a une décennie.
Enfin, il est maintenant clair que le changement climatique et les pollutions de l’eau ont tout autant d’impacts sur les stocks que la pression de pêche. Notre avenir alimentaire, et celui de la pêche, sont également en jeu dans ces combats qui se jouent à terre.
La notion de stock provient du vocabulaire de gestion de la pêche. Il s’agit de la partie exploitable de la population d’une espèce dans une zone donnée. Le stock ne comprend ni les œufs, ni les larves, ni les juvéniles n’ayant pas atteint une taille suffisante pour être capturés. Il peut y avoir plusieurs stocks pour une même espèce : si des sous-groupes d’une même espèce vivent dans des zones différentes et qu’ils n’ont pas ou peu d’échanges entre eux, on dit qu’ils appartiennent à des stocks différents. Ainsi, les langoustines de mer Celtique et les langoustines du golfe de Gascogne, qui n’ont aucun échange, sont étudiées séparément : bien que de la même espèce, on considère qu’elles appartiennent à deux stocks distincts -https://wwz.ifremer.fr/peche/Le-role-de-lIfremer/Expertise/Diagnostics/Notions-de-base/Definitio n-d-un-stock [consulté le 2 mars 2020].
Les aides à la construction ont été supprimées il y a une quinzaine d’années. Le soutien sur fonds publics à toute augmentation de la capacité de pêche des navires (jauge, puissance) comme aux équipements qui facilitent la recherche du poisson est strictement prohibé. Le fonds européen pour les affaires maritimes (FEAMP), mis en œuvre à compter de 2014, restreint encore les leviers d’intervention, notamment en ce qui concerne l’amélioration énergétique d’une flotte pourtant vieillissante et extrêmement énergivore. Le FEAMP 2014-2020 aura ainsi réussi l’exploit d’être le fonds européen qui aura le moins contribué aux objectifs climatiques de l’UE.
En 2018, l’âge moyen des navires atteint 29 ans en Bretagne, selon l’Ifremer (Système d’informations halieutiques, 2019), « Région Bretagne. 2018. Activité des navires de pêche » : https://archimer.ifremer.fr/doc/00608/72054/
Il s’agit là du corollaire du modèle national de gestion des licences, d’autorisations de pêche et des quotas, qui est public et collectif, et alloué sur des bases annuelles à l’instar des quotas communautaires. Pour éviter les ruptures et assurer un minimum de visibilité aux entreprises de pêche, les organisations professionnelles et les services de l’État privilégient comme critère de répartition les antériorités de pêche « attachées » au navire, c’est-à-dire les pratiques avérées, historiques, d’accès à tel ou tel stock.
Plutôt que la nature capitalistique des entreprises,
la définition privilégie un critère de taille (navires
inférieurs à 12 m) réalisant des marées à la journée
et proscrit l’utilisation des arts traînants (chaluts,
dragues) au profit des arts dormants (filets, lignes,
casiers et pièges…), perçus comme moins
impactants pour les fonds. Cette définition est
contestée par le secteur, qui pointe la pollution
des eaux côtières et leur encombrement, l’intérêt
de diversifier les zones de pêche, d’exploiter des
quotas disponibles dans des zones plus lointaines
et souligne que les besoins d’appâtement de
nombreux engins dormants sont assurés par des
pêches préalables au chalut.
Association européenne de libre-échange.
Parmi les États de cet espace économique,
les approvisionnements en provenance de la Norvège
et de l’Islande représentent près de 1 Md€ en 2018
(FranceAgrimer, les Filières pêche et aquaculture en
France. Chiffres-clés, avril 2019).
Locquénolé. Les photos de Jean-Marc Nayet attendront le public
Publié le
Les mesures sanitaires ont empêché l’ouverture de l’exposition des photos de Jean-Marc Nayet, vendredi 30 octobre 2020, à la salle du Préau, à Locquénolé (Finistère). Elles resteront accrochées en attendant la fin de la période de confinement.
Durant quelques heures, juste avant le confinement, l’exposition « Rétrospective Jean-Marc Nayet » a ouvert ses portes, avant de les renfermer jusqu’à la fin de la période de confinement. Elle devait se tenir du vendredi 30 octobre au mardi 8 novembre 2020, dans la salle du Préau, à Locquénolé (Finistère). « Ce n’est que partie remise, précise Guy Airaud, coordinateur de l’événement. Tout est en place, l’expo est prête et attendra son public. »
Mémoriser les instants de la vie
Cette rencontre est une rétrospective de l’ensemble du travail de Jean-Marc Nayet, photographe passionné, qui s’est éteint en février. Son épouse, Lucienne, et son ami photographe, Philippe Grincourt, ainsi que ses amis, désirent ainsi lui rendre un dernier hommage.
Empreint d’humanité, Jean-Marc Nayet a toujours photographié ses contemporains. « Jean-Marc était un poète, souligne Philippe Grincourt. Il avait un imaginaire riche et menait sa vie avec gourmandise. Il avait un regard, et savait mettre en valeur ses sujets. »
« Son langage, c’était la photo et l’écriture, ajoute Lucienne Nayet. Sans cesse, il a voulu mémoriser les instants de la vie. La photo, c’était une source de partage et d’échange avec les autres, une façon de dialoguer, avec cœur et humanité. »
Immortaliser l’instant et l’émotion
Le choix des tirages photographiques exposés a été difficile, tant ils sont nombreux et variés : les Poilus lors des cérémonies de commémorations à Béthune (Pas-de-Calais), dont il était originaire, les enfants palestiniens dans le camp de Wavel au Liban, au travers de l’association Morlaix-Wavel dont il était le président, des musiciens dans les bals populaires, les fanfares avec ses amis de Pattes à caisse.
Grand amoureux de l’Irlande, il photographiait la vie dans les pubs. En 2019, il a photographié des dessins de Poilus réalisés par l’artiste Guy Denning sur papier kraft et collés sur les murs du village de La Feuillée. Il a aussi accompagné l’artiste plasticien Pierre Chanteau dans le projet de L’œil en Finistère. Des images immortelles, donc, qui sauront attendre les visiteurs.
Au nom du Parti communiste français, je tiens à vous féliciter chaleureusement pour votre élection à la présidence de l'Etat plurinational de Bolivie ainsi que David Choquehuanca pour son élection à la vice-présidence.
Les élections du 18 octobre marquent le retour de la démocratie en Bolivie et j'en suis très heureux pour le peuple bolivien et pour votre mouvement, le MAS, en qui il a une nouvelle fois placé sa confiance.
Votre candidature a su rassembler le peuple, tous les mouvements divers et actifs dans le MAS. Après une période particulièrement violente pour les acteurs de la démocratie et du mouvement social.
Les groupes minoritaires d'opposition, les groupes d'extrême-droite doivent maintenant accepter le résultat de l'élection et laisser la démocratie s'installer de nouveau dans votre pays. Les menaces et les appels à la violence doivent cesser.
Les Etats européens ont une responsabilité majeure à soutenir le peuple bolivien, le président démocratiquement élu que vous êtes, la nouvelle majorité parlementaire et à décourager toutes les tentatives de déstabilisation.
La France et l'Union européenne qui s'étaient fourvoyées à l'élection de 2019 viennent à nouveau de se distinguer en ne reconnaissant votre élection que cette semaine.
Je veux vous dire que cette grave erreur politique l'an passé et cet attentisme aujourd'hui vont à contre sens du principe d'une politique internationale indépendante de notre pays, que nous nous en dissocions avec force et que nous l'avons exprimé publiquement.
Le 8 novembre, jour de votre investiture officielle, sera, j'en suis certain, un nouveau moment de rassemblement et de joie pour le peuple de Bolivie.
Votre élection comme la victoire du peuple chilien pour une nouvelle constitution sont de belles démonstrations des débouchés politiques des mouvements politiques et sociaux de l'année 2019.
La période est difficile, le monde traverse différentes crises majeures qui se conjuguent : crise sanitaire, crise économique, crise démocratique... Votre succès donne un nouvel espoir aux peuples de l'Amérique latine, et donne une force nouvelle aux luttes pour la démocratie, la coopération, la paix, la liberté, pour le respect des droits des peuples indigènes, pour de nouveaux progrès sociaux, pour le respect des écosystèmes et la lutte contre le réchauffement climatique.
Sincères félicitations et tous nos vœux de réussite pour votre projet !
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, cher ami, en l'assurance de mes sentiments les plus fraternels.
Fabien ROUSSEL
Secrétaire national du PCF et député du Nord
:
Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.