Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 octobre 2020 1 26 /10 /octobre /2020 06:06
Quelques rendez-vous d'éducation populaire organisés par les sections du PCF Finistère en novembre, décembre, janvier
Gérard Streiff est prévu pour nous parler de son abécédaire amoureux du communisme le 24 novembre à Morlaix pour la rentrée des Mardis de l'éducation populaire et le 25 novembre au Relecq-Kerhuon

Gérard Streiff est prévu pour nous parler de son abécédaire amoureux du communisme le 24 novembre à Morlaix pour la rentrée des Mardis de l'éducation populaire et le 25 novembre au Relecq-Kerhuon

Quelques rendez-vous d'éducation populaire organisés par les sections du PCF Finistère en novembre, décembre, janvier
L'écrivain Guy Darol interviendra probablement le mardi 8 décembre à 18h autour de son dernier livre Wattstax, une fierté noire: Musique et combat anti-raciste aux Etats-Unis.

L'écrivain Guy Darol interviendra probablement le mardi 8 décembre à 18h autour de son dernier livre Wattstax, une fierté noire: Musique et combat anti-raciste aux Etats-Unis.

Quelques rendez-vous d'éducation populaire organisés par les sections du PCF Finistère en novembre, décembre, janvier
Quelques rendez-vous d'éducation populaire organisés par les sections du PCF Finistère en novembre, décembre, janvier
Quelques rendez-vous d'éducation populaire organisés par les sections du PCF Finistère en novembre, décembre, janvier
Quelques rendez-vous d'éducation populaire organisés par les sections du PCF Finistère en novembre, décembre, janvier
A Quimperlé Jeudi Rouge le 26 novembre avec le Jeudi  26 novembre à 18h30 avec Bernard Vasseur, philosophe, qui nous présentera son nouvel ouvrage "Le Marxisme a de l'avenir, pourvu qu'on le libère du passé"

A Quimperlé Jeudi Rouge le 26 novembre avec le Jeudi 26 novembre à 18h30 avec Bernard Vasseur, philosophe, qui nous présentera son nouvel ouvrage "Le Marxisme a de l'avenir, pourvu qu'on le libère du passé"

Quelques rendez-vous d'éducation populaire organisés par les sections du PCF Finistère en novembre, décembre, janvier
Fréderick Genevée donnera une conférence pour les Jeudi Rouge du PCF à Quimperlé le 14 décembre: Président du Musée d'histoire vivante , coordinateur de l'ouvrage collectif "Aux alentours du Congrès de Tours  1914/1924"

Fréderick Genevée donnera une conférence pour les Jeudi Rouge du PCF à Quimperlé le 14 décembre: Président du Musée d'histoire vivante , coordinateur de l'ouvrage collectif "Aux alentours du Congrès de Tours 1914/1924"

Quelques rendez-vous d'éducation populaire organisés par les sections du PCF Finistère en novembre, décembre, janvier
Renaud Faroux - conférence sur Picasso à Landerneau (les rendez-vous artistiques du PCF Finistère)

Renaud Faroux - conférence sur Picasso à Landerneau (les rendez-vous artistiques du PCF Finistère)

Renaud Faroux - conférence sur Henry Moore à Landerneau (les rendez-vous artistiques du PCF Finistère)

Renaud Faroux - conférence sur Henry Moore à Landerneau (les rendez-vous artistiques du PCF Finistère)

Dans les 3 mois à venir, quelques propositions d'initiatives des sections du Parti communiste français du Finistère: éducation populaire, 100 ans du Parti communiste. 

A Morlaix:

LES MARDIS DE L’ÉDUCATION POPULAIRE au local de la section PCF, 2 petite rue de Callac
 
Avec l'écrivain et journaliste Gérard Streiff autour de l'Abécédaire amoureux du communisme mardi 24 novembre

"Le Communisme est mort selon les médias. Pourtant, il existe encore des communistes. Gérard Streiff, en fait partie, il explique par cet abécédaire comment on devient communiste en 1968, et pourquoi cinquante plus tard il est toujours communiste. L’occasion pour certains de découvrir ce souvenir, pour d’autres la culture, les combats, les révoltes, la pensée de 50 ans de communisme. Ce livre est un recueil d’images, d’anecdotes, de rencontres, de dates. Des souvenirs en vrac, avec des trous (de mémoire).  Le communisme par le petit bout de ma lorgnette". Livre à 12 €, éditions du Petit Pavé

 
Avec l’écrivain Guy Darol probablement le mardi 8 décembre, 18h. Autour de son dernier livre Wattstax, une fierté noire: Musique et combat anti-raciste aux Etats-Unis.
 
Avec l’affichiste Dugudus (Régis Léger), Mardi 19 janvier. Présentation de son travail d'artiste affichiste et de son travail sur les affiches cubaines.
Il y aura en même temps une expo de son travail au Ty Coz. 
 
JOURNÉE CAMARADES
 
Dimanche 20 décembre  au local du PCF à Morlaix - journée « CAMARADES »
 
projection du documentaire Camarades d’Yves Jeuland en matinée
auberge espagnole
puis projection du film Les Camarades de Mario Monicelli.
 

Au Relecq-Kerhuon:

Avec l'écrivain et journaliste Gérard Streiff autour de l'Abécédaire amoureux du communisme mercredi 25 novembre

A Douarnenez, Mercredi 25 novembre: Bernard Vasseur, philosophe, qui nous présentera son nouvel ouvrage "Le Marxisme a de l'avenir, pourvu qu'on le libère du passé"

A Quimperlé, salle Isole, Espace Benoîte Groult: début Jeudis Rouges de la saison 2019/2020

  • le Jeudi  26 novembre à 18h30 avec Bernard Vasseur, philosophe, qui nous présentera son nouvel ouvrage "Le Marxisme a de l'avenir, pourvu qu'on le libère du passé"
  • Le Lundi 14 Décembre 18h30 - avec Frederick Genevée, historien, Président du Musée d'histoire vivante , coordinateur de l'ouvrage collectif "Aux alentours du Congrès de Tours  1914/1924"
  • Le Jeudi 28 janvier  2021 18h30 soirée "Afrique du Sud, où en sommes nous ? et le rôle des femmes dans la lutte contre l'apartheid avec Jacqueline Dérens.

En prévision aussi: avec Barbara Stiegler pour une soirée "Que nous dit la crise sanitaire sur l'état de notre société"; avec Sophie Démare Lafont autour de "La Bible, une sacrée histoire" et Sara Lickel Chargée de plaidoyer au Secours Catholique sur le Droit à l'alimentation.

***

Pour les vœux de la fédération PCF Finistère, nous prévoyons une invitation de l'historien d'art Renaud Faroux co-auteur avec Yolande Rasle du livre "Libres comme l'art" sur "100 ans d'histoire entre les artistes et le PCF" pour une présentation en mots et en images des peintres liés à l'histoire du communisme français. Ce sera probablement au Relecq-Kerhuon.  Renaud Faroux est aussi le conférencier qui est venu nous présenter et mettre en contexte plusieurs expositions du FHEL des Capucins à Landerneau et du Musée de Pont Aven.

***

A signaler aussi, même si ce n'est pas organisé par le PCF, que notre camarade, ancienne secrétaire nationale du PCF, ministre de la Jeunesse et des Sports, et actuellement députée communiste de Seine Saint-Denis, Marie-George Buffet, sera l'invitée de l'université populaire du Pays d'Iroise le 15 décembre à 18h30 à Locmaria Plouzané pour une conférence sur: "De la révolution de 1789 à nos jours, l'égalité homme femme, un reflet de choix politiques"

Quelques rendez-vous d'éducation populaire organisés par les sections du PCF Finistère en novembre, décembre, janvier
Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 08:47
Madeleine Braun

Madeleine Braun

Madeleine Braun au poste de vice-présidente de l'Assemblée- Source: documentation photographique l'Humanité

Madeleine Braun au poste de vice-présidente de l'Assemblée- Source: documentation photographique l'Humanité

Madeleine Braun (née Madeleine Weill) vient au monde à Paris le 25 juin 1907 dans une famille bourgeoise. Son père Albert Weill est directeur de société, sa mère Gabrielle Hirsch artiste peintre.

Étudiante à la faculté de droit, elle a 23 ans lorsqu'elle se marie avec un administrateur de sociétés, l'homme d'affaire Jean Braun. Salomon Braun, son beau-père, la charge alors de gérer le service social de l’hôpital qu’il dirige, au sein duquel elle prend conscience des inégalités sociales. Bien que vivant plus aisément, Madeleine n'est pas insensible à la misère qui l'entoure. La montée du nazisme en Allemagne ne la laisse pas indifférente. Elle prend fait et cause pour les républicains espagnols contre le général Franco. Afin de donner plus d'efficacité à son hostilité au fascisme, elle s'engage dans le mouvement Amsterdam-Pleyel et en devient secrétaire générale sous l'autorité de Paul Langevin et de Victor Bash. Entre 1936 et 1939, elle rend plusieurs visites aux combattants républicains, apportant aide et secours. 

La guerre venue, Madeleine quitte Paris et se replie dans le sud de la France. Ce repli est un engagement militant. Dès juillet 1941, elle prend contact avec Georges Marane, dirigeant communiste clandestin. Elle se consacre à la constitution d'un Front National (organisme de rassemblement dans la résistance au nazisme et à Vichy créé par le PCF) pour la zone sud en rassemblant communistes, gaullistes, catholiques, socialistes, républicains de toutes obédiences. En 1942, alors que les troupes allemandes sont maîtres de presque toute l'Europe, elle adhère au Parti communiste français. Madeleine Braun, qui prit le pseudonyme de Nicole, rallia des gaullistes, des hommes politiques, et entretint des contacts fructueux avec la hiérarchie catholique de la zone sud et devint membre du Comité directeur du Front national en liaison avec Georges Marrane et Hubert Ruffe.

Les risques sont de plus en plus grands. Madeleine, devenue Nicole, multiplie ses activités de résistante, échappant toujours à l'arrestation. Elle est rédactrice du Patriote dont elle devient la directrice à la Libération à Lyon.

A la Libération, elle est décorée de la croix de guerre 1939-1945 et promue chevalier de la Légion d'honneur. En 1944, le Front National la délègue à l'assemblée consultative provisoire. Les électrices et les électeurs de la Seine l'envoient siéger à l'Assemblée Nationale de 1945 à 1951. Elle est élue le 21 octobre 1945 sur la liste du parti communiste députée de la Seine à la 1ère Assemblée constituante et réélue le 2 juin 1946 à la 2ème Assemblée constituante.

En 1946, elle est élue vice-présidente de l'Assemblée Nationale. C'est la première femme de l'histoire de la République qui occupe ce poste de haute responsabilité. À ce titre, elle est présidente de séance et dirige les débats en alternance avec les autres vice-présidents. Elle y est réélue à quatre reprises.

Elle propose, entre autres, une loi visant à faire admettre les femmes à égalité de titres à toutes les fonctions publiques et professions libérales. Elle prend également la défense des républicains espagnols réfugiés en France et s’insurge contre la présence dans le pays de Nicolas Franco, envoyé par son frère le général Franco. Elle défend les droits de la presse.

À la tribune de l'Assemblée, elle dénonce la politique étrangère réputée « atlantiste » de la France, inféodée, selon elle, à l'« impérialisme américain ».

En 1951, Madeleine Braun ne se représente pas aux élections législatives et se lance dans l’édition, devenant co-directrice avec Louis Aragon des Editeurs français réunis (EFR) qui dans la politique éditoriale du Parti communiste français, avaient la responsabilité des romans et traductions d’œuvres des pays socialistes ainsi que de la publication d’ouvrages historiques.

Comme sa mère, elle pratiqua la peinture.

Madeleine Braun s'est éteinte à Saint-Cloud le 22 janvier 1980.

Sources: 

Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu

https://histoireparlesfemmes.com/2014/03/10/madeleine-braun-premiere-vice-presidente-de-lassemblee-nationale/

Wikipédia

Maitron: https://maitron.fr/spip.php?article17818, notice BRAUN Madeleine, née WEILL par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 16 octobre 2020.

 

Lire aussi:

Portrait de résistante communiste - France Bloch-Sérazin, Chimiste de la résistance armée, 1913-1943 (100 ans d'engagements communistes)

Portrait de résistante communiste: 2 - Madeleine Braun, cofondatrice du Front National, première femme vice-présidente de l'Assemblée Nationale (100 ans d'engagements communistes)
Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 08:30
France Bloch, chimiste de la résistance armée - Source brochure UFF ( Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu)

France Bloch, chimiste de la résistance armée - Source brochure UFF ( Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu)

France Bloch dans son laboatoie de recherche. Source: Alain Guérin, La Résistance, 1943 - publié dans Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu

France Bloch dans son laboatoie de recherche. Source: Alain Guérin, La Résistance, 1943 - publié dans Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu

France-Bloch Sérazin - Une femme en résistance - 1913-1943, par Alain Quella Villéger (éditions Antoine Fouque) - Prix littéraire de la résistance 2019  "Le rôle des femmes dans la Résistance, qui plus est juives et/ou communistes, est longtemps resté un point aveugle de l'historiographie des années 1940-1945. Cette biographie historique vient ainsi réparer un oubli en faisant renaître, à partir d'un travail d'archive rigoureux, la figure emblématique et méconnue de France Bloch-Sérazin, chimiste de premier plan et militante communiste engagée tôt dans la résistante française. France Bloch-Sérazin, « morte pour la France », a été arrêtée à Paris par la police de Vichy et guillotinée par les nazis à Hambourg en février 1943, alors qu'elle n'avait pas trente ans.

France-Bloch Sérazin - Une femme en résistance - 1913-1943, par Alain Quella Villéger (éditions Antoine Fouque) - Prix littéraire de la résistance 2019 "Le rôle des femmes dans la Résistance, qui plus est juives et/ou communistes, est longtemps resté un point aveugle de l'historiographie des années 1940-1945. Cette biographie historique vient ainsi réparer un oubli en faisant renaître, à partir d'un travail d'archive rigoureux, la figure emblématique et méconnue de France Bloch-Sérazin, chimiste de premier plan et militante communiste engagée tôt dans la résistante française. France Bloch-Sérazin, « morte pour la France », a été arrêtée à Paris par la police de Vichy et guillotinée par les nazis à Hambourg en février 1943, alors qu'elle n'avait pas trente ans.

Lu dans Héroïques, Femmes en résistance, Tome 1, édition Le Geai Bleu, Antoine Porcu:

"Fille de l'écrivain Jean-Richard Bloch, France prépare après son baccalauréat une licence de chimie. Elle lit aussi bien des livres de philosophie que des ouvrages scientifiques. Passionnée de Stendhal... à 23 ans, elle adhère au PCF dans la section du XIVe arrondissement où elle fait la connaissance d'un jeune ouvrier métallo, Frédo Sérazin , qui deviendra son époux. Frédo Sérazin sera assassiné par les miliciens à Saint-Etienne en 1944. Après l'exode de 1940, France, de retour à Paris, s'engage dans la Résistance, et commence par tirer des tracts sur une vieille ronéo. Mise en contact avec Marcel Paul, celui-ci veut utiliser au mieux ses compétences. Sa formation de chimiste va lui permettre de fabriquer des explosifs. Elle apprend aux FTPF l'utilisation des grenades de sa fabrication. C'est France Bloch-Sérazin qui fabrique l'explosif utilisé en 1941 pour faire sauter un pylône électrique d'utilité vitale pour les Allemands qui occupent la région d'Orléans. France participe à l'attaque d'une cartonnerie et accompagne les FTP qui vont dynamiter les premières voies ferrées. Arrêtée par la police de Pétain, France subit la torture pendant les interrogatoires qui se succèdent. Emprisonnée à la Santé en "division punitive", enchaînée jour et nuit, France Bloch ne parle pas. Elle est conduite à Haguenau en Alsace, puis à la prison allemande de Lübeck. Le 10 février, elle est transférée à la prison de Hambourg et le 12 février elle est décapitée à la hache par les Nazis. Avant de mourir, la permission lui est donnée d'écrire une dernière lettre à Frédo, son époux:

Mon Fredo

Cette lettre est la dernière que tu recevras de moi. Ce soir à 21 heures, je vais être exécutée. J'ai été condamnée à mort le 30 septembre. Mon recours en grâce a été refusé par le Führer du IIIe Reich. Je vais mourir comme tant d'autres sont tombés depuis des mois.

Tu m'as donné du bonheur, j'étais fière de toi, fière de notre union, fière de notre si profond accord, fière de notre cher amour de Roland. 

Je meurs pour ce pourquoi nous avons lutté, j'ai lutté, tu sais comme moi que je n'aurais pas pu agir autrement que je n'ai agi, on ne se change pas.

Mon amour, soit très courageux, autant que moi, autant que notre amour était fort, était solide, était vrai. Qu'Eliane et Roland soient très heureux. Et toi, mon amour, tu sais que je suis à toi.

J'embrasse une dernière fois ta mère, qui aura de la peine, et aussi Paulette, Alexandre, toute la famille. 

Ta France à toi".

".      

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 08:25
La mort de Danielle Casanova - Boris Taslitzky - 1950

La mort de Danielle Casanova - Boris Taslitzky - 1950

" Dans La Mort de Danielle Casanova, Taslitzky met en place une composition simple et claire marquée par la symétrie des personnages. L'éclairage est contrasté en accord avec le caractère funèbre de la scène. L'oblique du corps de la jeune femme barre le tableau et exprime avec force et clarté l'idée d'un cadavre. Le blanc du manteau de cette nouvelle Marie contraste avec l'ensemble du déco sombre et brun et les détenus aux visages livides. La grande spiritualité de la scène est due à la clarté de l'héroïne qui se détache face aux tristes costumes rayés de tous les autres prisonniers du camp dont le recueillement est particulièrement émouvant. La composition du tableau souligne l'équilibre entre cette vision déchirante et le sens de la transcendance qui place par sa mort cette jeune communiste au niveau d'une martyre." (libres comme l'art, 100 ans d'histoire entre les artistes et le PCF, Yolande Rasle - Renaud Faroux, 2020)

Née le 9 janvier 1909, la Corse Danielle Casanova, membre des JC depuis 1928, meurt à l’âge de 34 ans, le 10 mai 1943, en déportation à Auschwitz. Ce n’est pas uniquement son martyre, sa mort à Auschwitz, qui fait sa grandeur, c’est aussi sa création et sa direction déterminée de l’Union des jeunes filles de France (UJFF), ainsi que son rôle de premier plan dans le communisme clandestin et son entrée en résistance. Le PCF honore sa mémoire en faisant d’elle, à juste titre, une héroïne nationale célébrée le jour de la fête de Jeanne d’Arc. Le tableau de Boris Taslitzky, la Mort de Danielle Casanova, peint en 1950, en est l’expression artistique, ainsi que sa présence dans le Musée Grévin d’Aragon. Charlotte Delbo en fait un personnage marquant de son œuvre. Dans le martyrologue qui s’affirme, elle est « la femme », Guy Môquet « le jeune », Gabriel Péri « l’intellectuel », Pierre Semard « le cheminot », Jean-Pierre Timbaud « le métallo ».

Autoportrait de Boris Taslitzky au crayon (décembre 1937)

Autoportrait de Boris Taslitzky au crayon (décembre 1937)

Portrait de Boris Taslitzky en 1990 (photo. I. Rollin-Royer)

Portrait de Boris Taslitzky en 1990 (photo. I. Rollin-Royer)

COMMUNIST'ART: Boris Taslitzky (1911-2005)
 Prisonniers regardant passer un mort (Camp de Buchenwald - 1944 - Technique : crayon sur papier) -   Ce dessin est assez explicite. Les visages sont vides, ils n’expriment aucune expression. Les individus, des prisonniers, regardent un mort passer devant eux comme si c’était quelque chose de banal, comme s’ils étaient habitués à cette horreur

Prisonniers regardant passer un mort (Camp de Buchenwald - 1944 - Technique : crayon sur papier) - Ce dessin est assez explicite. Les visages sont vides, ils n’expriment aucune expression. Les individus, des prisonniers, regardent un mort passer devant eux comme si c’était quelque chose de banal, comme s’ils étaient habitués à cette horreur

Le sommeil dans les box (Camp de Buchenwald - 1944 - Technique : crayon sur papier)

Le sommeil dans les box (Camp de Buchenwald - 1944 - Technique : crayon sur papier)

« Je voudrais savoir moi aussi dessiner pour les montrer dans cet enclos du crime, face à face : ces hommes, ces penseurs, ces artistes, ces savants, soldats de la noble cause de la Culture, de la Beauté, de la Civilisation, de l’Humanisme et le monstre fasciste botté, le revolver, la mitraillette ou le gourmi à la main, terrorisant, assassinant hommes et femmes et aussi des enfants seulement coupables de ne pas appartenir à la prétendue race supérieure. C’est dans ce cadre dantesque où s’affrontaient l’Esprit et la Bête que Boris Taslitzky a croqué ses immortels dessins, qui, pour un si grand nombre d’entre nous, sont et resteront éternellement bouleversants. Ces dessins projetés, ces dessins réalisés, achevés, témoignages à tout jamais irrécusables d’un drame inimaginable pour la raison humaine, dans lequel le fascisme avait projeté les descendants de l’an II, symbole de l’amour de la liberté et de l’honneur de l’homme. »

Ainsi s’exprimait en mars 1978 Marcel Paul, l’un des responsables de l’organisation clandestine au sein du camp de Buchenwald, dans un avant-propos présentant les cent-onze dessins-témoignages réalisés par Boris Taslitzky.

Julien Cain administrateur général de la Bibliothèque nationale révoqué par le gouvernement de Vichy, compagnon de lutte de Boris à Buchenwald témoignait : « Je revois ma première rencontre avec Boris Taslitzky à Buchenwald, à l’automne 1944, au premier étage du block 40, dans le lavabo ou ‘waschraum’ qui nous servait ce jour-là de lieu de réunion. Il s’agissait d’organiser parmi les Français du camp un concours de poésies, de récits en prose et de dessins. De ce concours devaient sortir des œuvres émouvantes et sincères, quelques-unes pathétiques, d’autre simplement charmantes. Le ‘Jury’ avait estimé que ce premier et timide effort vers une vie spirituelle et collective dans ce camp de mort devait être expliqué et commenté par un manifeste. Boris Taslitzky avait été chargé de le rédiger. Il le lut d’une voix à la fois timide et assurée. Il définit avec précision une sorte d’Art poétique dont les formules vigoureuses me frappèrent, et il termina en nous lançant comme un défi les vers du ‘Lancelot’ d’Aragon que je ne connaissais pas encore : Vous pouvez me frapper en voici la raison / Riez de mon silence et souillez ma figure / Je ne pratique pas le pardon des injures / Lorsque je ne dis rien c’est que j’ai mes raisons… » (...) « Depuis ce jour, j’ai revu bien souvent Boris Taslitzky. Je l’ai vu travailler. Je l’ai vu devant ses modèles, composant sans hâte des portraits de détenus, ses camarades, que son crayon approfondissait peu à peu et qu’il chargeait d’expression. Je l’ai interrogé. J’ai voulu connaître sa formation, celle de l’artiste et celle de l’homme. Et j’ai compris comment, sans l’avoir recherché peut-être, par le jeu naturel des forces qui étaient en lui, Boris Taslitzky était devenu l’incarnation même de l’artiste révolutionnaire. »

(Source: Jacky Tronel: http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/des-camps/cent-onze-dessins-de-boris-taslitzky-faits-a-buchenwald-10459)

 

Boris Taslitzky est reconnu pour être un des très grands témoins de la déportation parmi les artistes peintres et dessinateurs. Grâce à l'organisation clandestine du camp de Buchenwald, il fit partie de la dizaine d'artistes qui put obtenir secrètement des petits crayons et du papier pour témoigner de l'enfer concentrationnaire. A Buchenwald, Taslitzky avait retrouvé le futur ministre Christian Pineau qui, lors de la libération du camp, avait acheminé ses dessins clandestins vers la France et les avait remis à Aragon, lequel les avait publiés sur le champ: "111 dessins de Boris Taslitzky faits à Buchenwald, 1944-1945", présentés par Julien Cain, La bibliothèque française, 1946.

http://www.boris-taslitzky.fr/.

Boris Taslitzky est né en 1911 de parents juifs russes émigrés après l'échec de la révolution de 1905. Son père, ingénieur, meurt pendant la première guerre mondiale. Le jeune Boris devient pupille de la nation. Il commence à peindre à l'âge de quinze ans et fréquente les académies de Montparnasse, vise le Louvre et copie les grands maîtres: Rubens, Delacroix, Géricault, Courbet. En 1928, il entre à l'Ecole des beaux-arts de Paris. En 1933, il adhère à l'AEAR, l'association des écrivains et artistes révolutionnaires dont il devient le secrétaire général de la section Peintres et Sculpteurs et en 1935, au Parti communiste français. En 1936, lors de la présentation de Quatorze juillet, pièce de Romain Rolland, il participe à l'exposition qui réunit Picasso, Léger, Matisse, Braque, Jean Lurçat, Laurens et Pignon dans le hall du théâtre de l'Alhambra. En 1937, il réalise des dessins d'illustration pour le journal communiste Ce soir d'Aragon et Jean-Richard Bloch. Il est en 1938, secrétaire général des Peintres et Sculpteurs de la Maison de la Culture de Paris.

Mobilisé à Meaux, Boris Taslitzky est fait prisonnier en juin 1940. Il s'évade en août et s'engage dans la Résistance au côté du Parti communiste clandestin et du Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France. Arrêté en novembre 1941, condamné à deux ans de prison, il est transféré dans les prisons de Riom et de Mauzac, puis au centre de Saint-Sulpice-la-Pointe, et le 31 juillet 1944, déporté à Buchenwald où il parvient à faire quelque deux cents dessins qui témoignent de la vie des camps. Sa mère est déportée elle aussi et meurt au camp d'extermination d'Auschwitz.

Après-guerre, en 1946, Aragon fait éditer une centaine de ses dessins de Buchenwald. Après guerre, avec André Fougeron, Jean Vénitien et Jean Amblard, Boris Taslitzky devient un des défenseurs du réalisme socialiste en France.  En 1955, il illustre le recueil du poète breton Eugène Guillevic (né à Carnac en 1907- décédé à Paris en 1997), L'âge mûr, Eugène Guillevic qui était devenu sympathisant du Parti communiste pendant la guerre d'Espagne, puis adhérent en 1942 (il est resté adhérent communiste jusqu'en 1980).      

Dans ce tableau saisissant, visible aujourd’hui au Musée de la Résistance nationale, à Champigny-sur-Marne, le peintre et résistant communiste Boris Taslitzky immortalisait une scène de vie à la maison centrale de Riom, intitulée « La pesée » - Boris Taslitzky est arrêté par les gendarmes d’Aubusson (Creuse), le 13 novembre 1941. Il est écroué provisoirement à la maison d’arrêt de Guéret puis transféré à Clermont-Ferrand. Le 11 décembre 1941, le président du tribunal militaire le condamne à deux ans de prison et dix ans d’interdiction de droits civils, civiques et familiaux au motif qu’il « a effectué plusieurs dessins destinés à la propagande communiste ». Après son jugement, Boris est transféré à la maison centrale de Riom.

Dans ce tableau saisissant, visible aujourd’hui au Musée de la Résistance nationale, à Champigny-sur-Marne, le peintre et résistant communiste Boris Taslitzky immortalisait une scène de vie à la maison centrale de Riom, intitulée « La pesée » - Boris Taslitzky est arrêté par les gendarmes d’Aubusson (Creuse), le 13 novembre 1941. Il est écroué provisoirement à la maison d’arrêt de Guéret puis transféré à Clermont-Ferrand. Le 11 décembre 1941, le président du tribunal militaire le condamne à deux ans de prison et dix ans d’interdiction de droits civils, civiques et familiaux au motif qu’il « a effectué plusieurs dessins destinés à la propagande communiste ». Après son jugement, Boris est transféré à la maison centrale de Riom.

COMMUNIST'ART: Boris Taslitzky (1911-2005)
L'insurrection victorieuse de Buchenwald

L'insurrection victorieuse de Buchenwald

Collaboration entre Taslitzky et le poète communiste breton Eugène Guillevic

Collaboration entre Taslitzky et le poète communiste breton Eugène Guillevic

Collaboration entre le professeur de philosophie et poète Gaucheron et Boris Taslitzky: Un pommier de plein vent, 1974

Collaboration entre le professeur de philosophie et poète Gaucheron et Boris Taslitzky: Un pommier de plein vent, 1974

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 08:00
Bolivie: la fabrique des mensonges (José Fort, L'Humanité, 23 octobre 2020)
Bolivie : la fabrique de mensonges
Vendredi 23 Octobre 2020
 

José Fort Journaliste, ancien chef de la rubrique internationale de l’Humanité

Au lendemain de la large victoire de Luis Arce, candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS), à l’élection présidentielle, me reviennent en mémoire des images et des déclarations. Elles datent de 2019. C’était hier ou presque.

Sur la base de fausses informations, l’extrême droite bolivienne, l’armée et la police, soutenues par Trump et l’Union européenne, se sont déchaînées contre tous ceux qui avaient des liens avec Evo Morales. Des images comme celles des hordes fascistes incendiant les habitations de la famille de l’ancien président et de ses ministres, traînant dans la rue la maire de Vinto, Patricia Arce, tondue, peinte en rouge, le visage en sang, l’armée et la police assassinant des manifestants, jeunes pour la plupart. Les images aussi d’Evo Morales réfugié chez les siens, recherché par des tueurs et qui n’a pu survivre que grâce à une opération aérienne organisée par le Mexique et l’Argentine. Celles encore de la Wiphala, le drapeau des peuples andins, brûlée par les putschistes brandissant la Bible. Me reviennent également en mémoire des déclarations sordides. Celles venues de Washington où s’était préparé le coup d’État. Celles de l’Union européenne et de Paris reconnaissant le pouvoir putschiste. Celles de ceux qui ont refusé de qualifier l’événement de coup d’État, se réfugiant derrière des formules alambiquées comme « gouvernement de facto ». Me reviennent aussi à l’esprit les mensonges repris notamment par nombre de médias français. Ceux qui ont soutenu que l’élection d’Evo Morales était entachée de fraudes alors que, comme nous l’affirmions dans ces colonnes, souvent bien seuls, c’est l’Organisation des États américains (OEA), appendice de Washington, qui avait monté une opération de déstabilisation d’envergure, de fausses nouvelles et a incité la droite et l’extrême droite à déclencher les violences et à installer des fantoches au pouvoir. Me reviennent à l’esprit ceux qui refusaient d’admettre qu’il y a bien eu coup d’État, ceux qui évoquaient, il y a deux jours encore, la « démission » de l’ancien président, ceux qui ont qualifié Morales d’« apprenti Caudillo », de « fraudeur » et interprété la sédition fasciste comme une « insurrection populaire ».

Le peuple bolivien insulté et réprimé pendant de longs mois vient de prendre sa revanche sur l’arbitraire et les racistes fortunés. Il faut s’en réjouir tout en restant lucide. Il y a des erreurs à ne plus commettre : les fascistes boliviens, l’armée et la police, encouragés par Trump risquent de ne pas rester l’arme au pied. Une question donc se pose : la pression populaire sera-t-elle suffisante pour empêcher les sales coups ?

Luis Arce, ancien ministre de l’Économie d’Evo Morales, définira sa propre politique. Lui, c’est lui. Mais, pour accomplir la tâche qu’il s’est fixée, « conduire le processus de changements sans haine », il lui faudra épurer l’armée et la police au risque sinon d’être, un jour ou l’autre, victime d’un même coup d’État que son prédécesseur.

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 07:51
Colonel Fabien, le siège du Parti communiste français, souillé par les fachos!
C'est devenu une triste habitude dans la galaxie de l'extrême-droite et de la droite extrême: s'en prendre aux locaux du Parti communiste, les taguer, les vandaliser. Cela nous fait mal mais quelque part, nous nous enorgueillissons d'avoir des ennemis pareils, même quand ils cherchent à renverser les valeurs et à inverser les faits en qualifiant de "Collabo" le principal parti engagé dans la Résistance française contre les Nazis et le régime d'extrême-droite de Vichy dont sont héritiers les actes et les discours xénophobes, racistes et nationalistes d'aujourd'hui. Le sacrifice de plusieurs dizaines de milliers de résistants communistes de 1940 à 1944 pour une société de liberté, d'égalité, de fraternité, de paix, dément cette accusation! Ils peuvent bien taguer le siège du PCF. Colonel Fabien c'est d'abord un grand résistant, et la cohorte des femmes et des hommes qui ont sauvé l'honneur de la France. D'Olga Bancic à Marie Claude Vaillant Couturier, de Guy Moquet à Henri Krasucki, ils sont des milliers, célèbres ou anonymes, torturés, fusillés, déportés, morts ou rescapés. Et ils sont vivants au Panthéon de notre mémoire.
 
***
 
Honte à ceux qui s'attaquent à notre parti. Notre histoire est celle de résistantes et de résistants. Nous porterons plainte et continuerons notre combat pour la liberté, pour une République sociale et démocratique !
Parti Communiste Français
 
***
 
« Le siège du parti communiste souillé du mot "collabos" »
Rance ambiance. Par Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité.
Après que d’anciens ministres et des ministres en poste actuellement n’ont d’autres soucis que d’importer de l’extrême droite le vulgaire mot d’ « islamo-gauchisme » pour qualifier certains d’entre nous, voici que les loups aux crocs tordus de leur haine se déchaînent. Au mépris de l’histoire, ils viennent jusqu’au siège du parti communiste le souiller du mot « collabos ». Eux, sans doute les héritiers des croix de feux, du petainisme et de la collaboration avec Hitler, ont toujours été contre le parti des résistants et des fusillés. On n’est pas étonné. Par contre, ils se sentent forts pour sortir ainsi avec leurs pots de peinture comme aux pires temps des chasses aux idées de gauche. Progressistes de toutes chapelles, il est temps de faire front commun contre le confusionnisme, et les droites extrêmes et l’extrême droite. Il est temps de passer à la contre offensive pour ensemble remettre la republique sociale, laïque, démocratique sur ses pieds. Les progrès civilisationnels sont venus de là depuis 1789. Ensemble debout.
Patrick Le Hyaric
 
***
 
Collabo de la paix
Collabo de la justice sociale
Collabo des jours heureux !
Mais même en jouant avec ce mot, j’en ai la gerbe. Avec cette inscription on crache sur l’histoire et pas seulement des communistes. Celle de la France. Celle de la résistance.
C’est cracher sur ces jeunes communistes toulousain•nes qui balancent des papillons (mini tracts) anti-Vichy, anti-nazis, anti-collaboration sur le défilé de Pétain près du Capitole. C’est le premier acte de résistance à l’occupation.
C’est cracher sur Colonel Fabien, auteur du premier acte armée de résistance en France sous l’occupation.
C’est cracher sur Charles Tillon et l’appel à la résistance du 17 juin qui fut bien plus entendu et lu par la population que celui qu’on nous impose depuis des années (la radio, peu de famille en avait pour info).
C’est cracher sur ces milliers de fusillés au Mont-Valérien, à Chateaubriant, à Nantes... ou encore ces dizaines de milliers d’interné•es, de déporté•es communistes.
Ni le PCF, ni le MJCF, n’ont été parfaits durant la seconde guerre mondiale (du pacte à l’Humanité), mais nous avons été les premières et seules organisations politiques à avoir agit et structuré des groupes de résistance en interne. A avoir réorganisé nos structures pour qu’elles soient opérationnelles à la résistance, en prenant modèles sur l’expérience des brigades internationales. Vous savez le truc anti-fasciste avant 1940...
Depuis des années la droite, l’extrême-droite, les imbéciles... bref les anticommunistes primaires tentent de modifier, minimiser, gommer, salir la mémoire communiste durant la seconde guerre mondiale. C’est inadmissible, indigne de l’histoire de France. N’importe quel•le vrai•e républicain•e sait reconnaître les vérités de l’histoire et où se situait les communistes !
VIVE LA FRANCE
VIVE LES COMMUNISTES ✊
Gwenn Herbin
Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 07:37
Dominique Noguères, vice-présidente de la LDH

Dominique Noguères, vice-présidente de la LDH

Girona (Gérone), Catalogne, août 2019 (photo I Dupont)

Girona (Gérone), Catalogne, août 2019 (photo I Dupont)

L'Espagne n'a pas encore réussi à se défaire de l'emprise des nostalgiques du Franquisme qui tiennent les rennes du corps judiciaire et mettent systématiquement de l'huile sur le feu pour empêcher un règlement pacifique des tensions entre Madrid et Barcelone. Des années de prison pour les leaders indépendantistes catalans et l'impunité pour l'ex roi d'Espagne qui a montré l'étendue de la corruption de la famille royale. Deux poids deux mesures qui ne règlent rien et une région d'Espagne sans président... Ci-joint une tribune qui éclaire une réalité que la LDH traite en toute objectivité.

 

Dominique Noguères - Alexandre Faro

Catalogne : une judiciarisation qui n’en finit pas

Il y a tout juste un an, le 14 octobre 2019, la 2ème chambre pénale du Tribunal suprême espagnol rendait son jugement dans le procès des membres du gouvernement de la Generalitat de Catalogne et de membres de la société civile. Les évènements liés à la volonté d’organiser en Catalogne un référendum sur l’indépendance de la région, qui a eu lieu le 1er octobre 2017, avaient enflammé le système politique et judiciaire espagnol. Sans rappeler l’ensemble des faits qui ont conduit à ce procès hors norme qui s’est tenu à Madrid entre le mois de février et le mois de juin 2019, force est de constater qu’aujourd’hui, un an après ce verdict, les secousses se ressentent encore tant au niveau politique qu’au niveau judiciaire. Nous étions observateurs à ce procès.

Nous avons pointé dans le rapport que nous avons publié en octobre 2019 (https://www.fidh.org/IMG/pdf/madrid739fweb.pdf ) un certain nombre de points qui nous ont fait conclure à ce que ce procès ne correspondait pas aux critères internationaux d’un procès équitable.

Concernant les prisonniers : Malgré les lourdes peines prononcées de 9 à 13 ans de prison pour le délit de sédition (un délit unique en son genre puisqu’il n’existe aucun équivalent dans les autres pays européens, ce qui explique que ni la Belgique ni l’Allemagne n’aient accepté l’extradition de M. Puigdemont,), l’acharnement judiciaire n’a pas cessé.

Certains sont incarcérés depuis le mois d’octobre 2017 (Jordi Cuixart président de l’association Omnium, Jordi Sanchez président de l’association ANC , Oriol Junqueras vicePrésident de la Generalitat, et Joaquim Forn membre du gouvernement ) d’autres membres du gouvernement Raül Romeva, Jordi Turull, Dolors Bassa, Josep Rull et la présidente du Parlement, Carme Forcadell depuis mars 2018.

Ils pouvaient pourtant bénéficier des conditions accordées à chaque prisonnier considéré comme non dangereux d’un régime de semi-liberté qui permet des sorties conditionnelles trois jours par semaine pour travailler, s’occuper d’associations ou de proches etc. Tout au long de l’année les décisions contradictoires se sont enchainées ; d’abord accordé ce régime de semi-liberté a ensuite été refusé. Et depuis la montée de l’épidémie les conditions de détention se sont considérablement durcies (arrêt des visites familiales et 20 heures de réclusion par jour dans les cellules sans sorties).

Seules Carme Forcadell et Dolors Bassa bénéficient aujourd’hui du système de semi-liberté dans l’attente de l’appel qu’elles ont interjeté.

Au-delà de la sanction judiciaire du « procès » il faut noter que les poursuites pénales se poursuivent à l’encontre de celles et ceux qui de près ou de loin ont participé à ce référendum. Plusieurs centaines de directeurs d’école qui avaient mis leurs locaux à disposition le jour du vote, de fonctionnaires, des élus, des membres du gouvernement, sont poursuivis et risquent soit des sanctions pécuniaires fortes soit des sanctions judiciaires qui seront inscrites dans leur casier judiciaire ;

Cela vaut pour l’ancien chef de la police de Catalogne (Mossos d’esquadra) le major Josep Lluis Trapero accusé lui aussi de sédition et qui risque une peine de 11 ans de prison. Le « PODER JUDICIAL » : Le pouvoir des juges contre le pouvoir politique Dans notre rapport nous avions pointé la question du CGPJ (Conseil supérieur du pouvoir judiciaire) organe exécutif du pouvoir judiciaire, garant de son indépendance et de son fonctionnement.

L’actualité récente nous a donné raison. Les vingt membres de l’assemblée du GGPJ sont désignés par le Parlement (10 sont nommés par l’Assemblée et 10 sont nommés par le Sénat), de ce fait, la composition du conseil Général du Pouvoir Judiciaire est le reflet de la composition politique de l’Assemblée et du Sénat. Le mandat des membres du conseil Général du Pouvoir Judiciaire est de cinq ans. La dernière nomination des membres du conseil remonte au 13 novembre 2013, le mandat des 21 membres se terminait le 4 décembre 2018. Il aurait dû être renouvelé à ce moment-là. L'actuel CGPJ est issu de la majorité absolue du PP (Parti Populaire) et ce parti empêche depuis deux ans un accord au congrès des députés pour rendre possible le renouvellement des charges. En observant la vie politique espagnole on voit bien les difficultés de l’actuel gouvernement de Pedro Sanchez face à la puissance de ce Poder Judicial. Depuis plusieurs semaines un véritable bras de fer oppose le gouvernement de Pedro Sanchez (PSOE, UP, IU) à la droite PP et Ciudadanos.

Le CGPJ a approuvé à une majorité écrasante la nomination à 6 postes, clés de juges contre l’avis du Gouvernement Ces nominations ne seront pas sans influence sur les prochains procès à venir. Il semble que l’on met beaucoup l’accent sur les failles politiques dans la gestion de la crise catalane mais on oublie de parler du poids de cette institution judiciaire. L’influence du PP est encore forte et il n’est pas près de céder sa place. Il suffit de rappeler les propos de Cayetana Álvarez de Toledo députée du Parti Populaire qui est allée jusqu'à affirmer que le Poder Judicial est le dernier bastion contre le progressisme… Le rapport annuel de l’Union Européenne sur l’état de droit (septembre 2020) a mis en garde l’Espagne sur la politisation du CGPJ, les difficultés sautent donc aujourd’hui aux yeux de tous.

Mais les errements judiciaires continuent de s’accumuler. Il n’en est de preuve que de parler de la destitution de Quim Torra, Président élu de la Generalitat destitué par le Tribunal pour avoir affiché des lacets jaunes en soutien de ses collègues poursuivis. Restant volontairement sur un strict plan juridique nous reprendrons ici bien volontiers l’analyse du professeur de droit constitutionnel de l’université de Séville Javier Perez Royo dans son billet quotidien du journal EL DIARIO (28 septembre 2020)

Selon lui la décision de la Junta electoral , instance administrative chargée de surveiller le bon déroulement des processus électoraux, qui a ordonné au Président Quim Torra de retirer les marques de soutiens aux prisonniers pendant la dernière campagne électorale, ne peut pas être constitutive d’un délit de désobéissance Celui-ci ne peut être constitué que s’il y a désobéissance à une décision judiciaire. Le Tribunal de Justice de Catalogne puis le Tribunal Suprême ont purement avalisé la décision de la Junta electoral mais non pas eux même prononcé de décisions demandant le retrait des marques de soutien, ce qui est une irrégularité grave contraire à la Constitution. Le délit de désobéissance n’est pas constitué donc la destitution est irrégulière.

Le Tribunal constitutionnel devra statuer sur le recours formé par le Président Torra. Le bilan est donc mitigé et surtout l’absence de règlement politique est inquiétante.

Amnistie ou grâce sont venus alimenter le débat mais ne satisfont personne. Dans tous les cas de figure, la Cour Européenne sera saisie si le Tribunal constitutionnel ne rend pas un avis favorable, mais les délais sont longs. En tout état de cause il serait bon que le gouvernement de Pedro Sanchez s’engage à supprimer les délits de sédition et de rébellion ce qui aurait, par l’effet de l’application immédiate de la loi pénale plus douce, un effet immédiat sur les condamnations prononcées.

Alexandre FARO Avocat à la Cour d’appel de Paris

Dominique NOGUERES Vice-Présidente de la Ligue des droits de l’Homme

Paris le 12 octobre 2020

Barcelone, Catalogne, août 2019 (photo I Dupont)

Barcelone, Catalogne, août 2019 (photo I Dupont)

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2020 7 25 /10 /octobre /2020 06:30
Référendum au Chili: le peuple s'apprête à enterrer la constitution de Pinochet (L'Humanité - Lina Sankari, 22 et 23 octobre 2020)
Chili. Le peuple s’apprête à enterrer la Constitution de Pinochet
Vendredi 23 Octobre 2020

Conquis par le mouvement social né il y a un an, le référendum de ce dimanche devrait permettre aux Chiliens de s’émanciper trente ans plus tard d’une Loi fondamentale héritée de l’ex-dictateur.

 

Valparaiso (Chili), correspondance.

Le 18 octobre 2019 est devenu la date symbole au Chili de la résistance et du réveil populaire face aux ravages du néolibéralisme. La révolte des plus jeunes, initialement contre la hausse de 30 pesos (0,03 euro) du prix du ticket de métro, s’est amplifiée jusqu’à devenir une explosion sociale. Le gouvernement du président de droite, Sebastián Piñera, s’est acharné en vain à étouffer par la force militaire et policière ce mouvement social, mais la nécessité de trouver une issue à une rébellion tenace l’a finalement emporté. Ce dimanche 25 octobre a ainsi pu être programmé un référendum qui devrait mettre fin à la Constitution héritée de Pinochet. L’État a lâché du lest dans l’espoir d’une « réconciliation nationale ».

« Nous avons besoin de gagner quelque chose »

« Le premier round est quasi gagné. Il faudrait une catastrophe pour qu’on perde le référendum. » José Canales, fonctionnaire public de Viña del Mar, attend avec impatience la possibilité de connaître la troisième Constitution de sa vie, la première rédigée en démocratie dans l’histoire du pays. « La dictature de Pinochet a transformé une société coopérative très sociale en une société dans laquelle les intérêts individuels priment sur les intérêts sociaux. » Canales appartient à l’une des dernières générations qui ont étudié dans les écoles de l’État avant que ne se produise la municipalisation de l’enseignement pendant la dictature, qui a transformé l’éducation en un marché privé. «  À côté de moi, poursuit-il, s’asseyaient le fils d’une employée de maison, ainsi que le neveu d’un ex-sénateur de la République. Nous partagions le même banc de bois. Il faut qu’on récupère cela. Les militaires ont bien fait leur boulot en nous divisant. La peur est arrivée à un tel niveau que nous avons cessé de nous regarder dans les yeux. Cette nouvelle Constitution me semble une bonne option, pour moi, mes enfants et mes petits-enfants. »

Les Chiliens appelés aux urnes devront répondre à deux questions. D’abord, s’ils approuvent ou refusent le démarrage d’un processus constitutionnel qui mettrait fin à la Loi fondamentale rédigée pendant les années de Pinochet. Ensuite, ils auront le choix entre deux modèles pour son élaboration : ou bien une convention mixte, option que défend le gouvernement – celle-ci serait formée de 50 % de parlementaires en exercice et de 50 % de candidats élus – ou bien une véritable Assemblée constituante, une Convention constitutionnelle dont les 155 membres seraient élus lors d’un scrutin organisé en avril. Outre qu’il serait bien plus démocratique, ce choix-là respecterait aussi une parité hommes-femmes et intégrerait un quota représentatif du peuple mapuche.

Devant la cour d’appel de Valparaiso, Matías Orellana, professeur local, dénonce devant la presse les violences policières. Près de 500 manifestants souffrent de lésions oculaires provoquées par une répression très musclée. Il entend se pourvoir en justice. Mais, six mois après les grandes manifestations violemment réprimées, celle-ci continue de se refuser à fournir les vidéos accablantes des caméras portés par les agents.

« L’État s’était engagé à un processus d’aide intégrale, explique-t-il devant les dizaines de Porteños (nom des habitants de Valparaiso) réunis pour le soutenir, mais, ces derniers dix mois, je n’ai pas eu de nouvelles. Beaucoup d’entre nous ont été torturés, d’autres mutilés. » Le jeune homme de 26 ans s’est engagé en faveur du référendum : « Je vous invite à voter “J’approuve”, lance-t-il . Nous avons besoin de gagner quelque chose, ne serait-ce qu’un minimum. »

« Une crise sévère des droits fondamentaux »

Présente aussi, Astrid Oyarzún, membre de la Brigade de la mémoire, des droits humains et du mouvement Valparaíso citoyen, avec lesquels elle a participé aux mobilisations pour exiger une nouvelle Loi fondamentale, souligne l’importance d’y inclure un engagement clair sur le respect des droits de l’homme. « Le slogan du 18 octobre – “Ce ne sont pas 30 pesos, mais 30 ans” – est relié à l’exigence de dignité, de justice, de mémoire, de vérité et de nouveaux textes pour établir un modèle différent du vivre-ensemble. Nous assistons à une crise sévère des droits fondamentaux au Chili, qui a été confirmée par tous les organismes internationaux. Non seulement cette dernière année, mais aussi sous la houlette de plusieurs gouvernements antérieurs. Dans les années 1990, nous avons brandi le drapeau du “Nunca más” (“Plus jamais” – expression utilisée pour rejeter le terrorisme d’État, NDLR), mais le mouvement social de grande ampleur de ces derniers mois a subi aussi une répression sanglante. »

Une troupe locale commence à jouer de la musique dans les rues de Valparaiso. Des gens chantent en faveur du « J’approuve » (le changement constitutionnel) tout en en appelant à la justice et en exigeant la démission du président. Des initiatives similaires organisées via les réseaux sociaux relaient la campagne. Les manifestations ont aussi repris de la vigueur dans le pays, surtout à l’occasion de l’anniversaire du soulèvement du 18 octobre. Les dirigeants politiques ne se montrent pas et ne sont pas les bienvenus. Leur discrédit reste total à l’égard des militants du mouvement social. Selon l’étude réalisée en janvier par le Centre d’études publiques (think tank de droite !), la confiance dans les partis politiques est tombée à 2 %.

Dépasser la « dissociation entre le monde politique et les citoyens »

À quelques pas, caméra à l’épaule, Danilo Ahumada, président de l’ordre des journalistes de la région, militant du Parti communiste chilien et de la Table sociale de Valparaiso, le confirme : « Il y a en ce moment une dissociation totale entre le monde politique et les citoyens. Cela se reflète dans un processus ligoté, d’abord avec les “deux tiers” (le quorum de deux tiers des constituants qu’il faudrait atteindre pour réaliser des changements structurels, et qui fait partie des mesures stipulées dans l’accord que Piñera a signé en novembre avec tous les partis politiques, à l’exception du PCC – NDLR).  » Le journaliste et militant communiste relève de plus que le processus ne reconnaît pas les organisations sociales, qu’il cherche à s’appuyer sur le vieux personnel politique pour créer la nouvelle Constitution.

Une proposition qui aurait permis aux organisations citoyennes non liées aux partis politiques de se constituer en groupes éligibles pour les élections de la Constituante d’avril a été torpillée par la droite parlementaire ce 15 octobre. « Le mouvement social, précise  Danilo Ahumada, nous a permis de mettre en avant une série de revendications et de nous concerter pour construire des propositions concrètes à travers les assemblées territoriales. Mais si tout ce travail collectif ne s’exprime pas dans la nouvelle Constitution, elle manquera de légitimité populaire. Voilà ce qui est en jeu. »

Si l’aspiration au changement constitutionnel semble irrésistible, la bataille d’après a déjà commencé. Plus de six mois séparent le référendum de l’élection des élus « constituants ». Un bon résultat en faveur du « J’approuve » sera indispensable pour le futur d’un processus qui ne sera pas une promenade tranquille. Comme le conclut Astrid, une jeune de Valparaiso : « Le Chili a besoin de savoir qu’il peut avancer, pousser les clôtures et que toute cette lutte sociale a valu le coup. »

Référendum sur la constitution au Chili : « le réveil a eu lieu »
Jeudi 22 Octobre 2020

Le 25 octobre, le Chili se prononcera sur une révision de la Constitution héritée de l’ère Pinochet. Pour les Chiliens en exil, ce référendum arraché par le puissant mouvement social, inédit en 30 ans, est la clef qui fera sauter démocratiquement le verrou du système politique non représentatif et du modèle néolibéral gravé dans le marbre de la loi fondamentale. Déjà, quelle qu’en soit l’issue, le Chili n’est plus le même pays qu’hier.

 

Il y eut d’abord cet appel à la fraude. Et quelques rêves formulés à voix haute. À Santiago du Chili, la place d’Italie, qui marque la frontière entre bien nés et familles modestes, fut ainsi renommée « place de la Dignité ». Aux racines du bouillonnement social, l’annonce d’une hausse de 3 % du prix du ticket de métro. Une goutte d’eau après trente années de néolibéralisme effréné et gravé dans la Constitution de 1980, pourtant approuvée au terme d’une consultation frauduleuse.

« Quand j’ai vu les jeunes commencer à sauter les tourniquets, j’ai su que quelque chose allait changer », s’amuse Hector Vasquez, président de l’Association des ex-prisonniers politiques chiliens en France, qui se bat contre l’impunité, accompagne les victimes de la dictature lors des procès contre les tortionnaires et milite pour une nouvelle Constitution. Ancien militant du mouvement du 11 août 1967 et du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire), entré en résistance après le coup d’État d’Augusto Pinochet le 11 septembre 1973, Hector Vasquez est lui-même arrêté en janvier 1975, torturé et détenu dans une prison clandestine.

Présent au Chili au moment du soulèvement étudiant de 2019, il a dû se rendre à l’évidence : cette fois, son festival de cinéma Memoria y Lucha (Mémoire et lutte) ne se tiendra pas. Et pour cause, la révolte de cette « jeunesse vaillante » gronde à 300 mètres. Durement réprimée. « Le but de ce cycle annuel est d’éveiller les consciences, mais le réveil a visiblement eu lieu », sourit Hector Vasquez.

« Le néolibéralisme poussé contre le mur »

Pour le philosophe chilien Ricardo Arcos-Palma, professeur de l’Université nationale de Colombie, le mouvement social entre également en « résonance avec les mouvements latino-américains, particulièrement avec l’équatorien contre le “paquetazo” (plan d’austérité – NDLR) de Lenin Moreno, et aussi avec le mouvement colombien contre les réformes d’Ivan Duque, qui vise à déchirer l’accord de paix signé avec la guérilla des Farc. Mais à la différence de ces deux autres, le mouvement du peuple chilien a réussi à pousser contre le mur le gouvernement néolibéral de Sebastián Piñera ».

Les Chiliens en exil, qui ont tissé un vaste réseau de solidarité contre la dictature, ont désormais les yeux rivés sur la date du 25 octobre, jour du référendum sur le changement de Constitution. Il y a un an, face à la fronde, le président de droite Sebastián Piñera annonçait d’abord l’augmentation immédiate de 20 % du salaire minimum, la création d’un impôt complémentaire sur les revenus supérieurs à 9 886 euros et la stabilisation des tarifs de l’électricité… trop peu pour les manifestants, qui lancent deux journées de grève extrêmement bien suivies.

Seule possibilité d’issue pacifique

Après un mois de crise, le 15 novembre 2019, la coalition gouvernementale se résout à un accord avec les principaux partis d’opposition afin d’ouvrir la voie à une consultation référendaire sur la rédaction d’une nouvelle Constitution. Pour tous, le vote du 25 octobre prochain marque une étape majeure dans l’édification de la démocratie chilienne. « Cette date est aussi importante que celle du référendum défavorable au maintien de Pinochet en 1988. L’enjeu aujourd’hui est d’ouvrir les portes de la démocratie et d’en finir avec toutes les règles contraignantes qui ne permettent pas à la société civile de se présenter par elle-même », souligne Rodrigo Arenas, dont l’histoire familiale s’ancre dans la résistance, la torture et la fuite, et coprésident de la FCPE (parents d’élèves). Sous la présidence de Michelle Bachelet, la réforme du système électoral a abouti à un remplacement du système binominal, hérité de la dictature, par un scrutin à la proportionnelle plus favorable à la représentation.

Ces dernières semaines, l’avance du « Apruebo » (j’approuve) n’a fait que se confirmer. Main dans la main, la droite et l’extrême droite, qui sentent leurs socles vaciller, jouent la démobilisation de l’électorat populaire et tentent de disputer la rue aux partisans du changement. Le camp de la réaction a ainsi organisé ses propres rassemblements sur le thème du « Rechazo » (je rejette) aux cris de « Vive Pinochet ! » et « Meurs, marxiste de merde ! ». Des rassemblements toutefois peu suivis face aux raz-de-marée où travailleurs, étudiants et féministes convergent. « La question posée par ce référendum n’est clairement pas celle de Piñera, qui porte aujourd’hui sa croix comme un moine-soldat. Le problème est de savoir si l’on peut en finir démocratiquement avec le modèle dominant et néolibéral protégé institutionnellement et démocratiquement », note encore Rodrigo Arenas. Car le spectre d’une confrontation violente n’est pas loin.

Dans un rapport remis le 13 décembre dernier à Genève, la délégation de l’ONU, envoyée au Chili par la haut-commissaire pour les droits de l’homme, Michelle Bachelet, concluait à un usage disproportionné et excessif de la force dans le maintien de l’ordre. Dans au moins quatre cas sur vingt-six, des agents de l’État étaient impliqués dans la mort de manifestants. En outre, les enquêteurs sont revenus avec des témoignages accablants faisant état de torture, mauvais traitements, menaces de mort, simulacres d’exécution, viols et détentions arbitraires. « Les mêmes méthodes qu’en 1973 », souffle Hector Vasquez.

Début octobre, un policier a poussé Antony Araya, encore adolescent, du haut du pont Pio Nono surplombant la rivière Mapocho, à Santiago. Selon Rodrigo Arenas, « toutes les conditions de la violence sont réunies. Le référendum est la seule possibilité d’issue pacifique car nous ne sommes pas à l’abri d’un retour autoritaire face à la “chienlit”. Au Chili, l’inconscient collectif est marqué par les disparitions et les assassinats. Pour autant, nous ne sommes pas à l’abri d’une demande à un retour de la tutelle militaire ».

Exprimer la transformation, plutôt que rédiger une révolution

Beaucoup aspirent également au retour du bouillonnement militant, de la créativité du mouvement qui a porté l’Unité populaire au pouvoir le 4 septembre 1970. « On n’a jamais retrouvé une parole telle qu’elle s’exprimait à ce moment-là », confirme Hector Vasquez. À partir de 1973, la chape de plomb qui s’abat sur les travailleurs, les intellectuels et les artistes n’y est pas étrangère. Et laisse des traces. « Nous ne demandons pas une Constitution révolutionnaire, le peuple ne parle pas de socialisme. On a perdu beaucoup de batailles depuis le coup d’État et le peuple a besoin de s’exprimer », poursuit Hector Vasquez. Ainsi, la question de l’organe chargé de penser la nouvelle loi fondamentale est-elle posée (lire encadré page 10).

La représentativité est un enjeu de taille afin d’établir un système de solidarité, un impôt plus juste ou encore une éducation gratuite et accessible à tous. L’insertion de droits élargis dans la nouvelle charte fondamentale donnerait aux futurs élus un cadre normatif. Selon Ricardo Arcos-Palma, la Constitution actuelle a créé « un abîme social entre pauvres et riches, tout en accroissant la part de la classe moyenne. Comme dans toute l’Amérique latine, cette classe moyenne endettée, avec des crédits insupportables, porte l’illusion de se muer en petite bourgeoisie et sert de rempart au processus progressiste ». Le philosophe rappelle toutefois que l’expérience colombienne qui vit sa Constitution réformée sous l’ère du néolibéral César Gaviria (1990-1994) avait été suivie d’une « guerre sale contre l’opposition et la guérilla au prétexte de lutter contre le narcotrafic ». En l’espèce, le contrôle citoyen pourrait servir de garde-fou. Pour que les rêves ne soient plus seulement formulés à voix haute.

Congrès mixte ou convention constituante ?

Les électeurs doivent se prononcer en faveur ou non du changement de Constitution. Ils doivent également choisir l’organisme qui sera chargé de sa rédaction : un Congrès mixte de 172 membres composé à parts égales de membres élus à cette fin et de parlementaires des deux chambres (une option qui a la préférence de la coalition gouvernementale de droite) ou, comme le plaide l’opposition, une Convention constituante intégralement composée de membres élus pour l’occasion. En mars, le mouvement social obtenait que cet organe soit paritaire et que des candidats indépendants puissent présenter leurs propres listes. Pour ce faire, ils doivent cependant être soutenus par des signatures à hauteur de 0,4 % des votants lors de la dernière élection législative dans chaque circonscription. Une démarche compliquée par la pandémie. Une partie des sièges de cette assemblée serait également réservée aux peuples autochtones. Le 11 avril 2021 seraient élus paritairement les délégués à la Convention constituante. Ils auront alors neuf mois, prolongeables de trois mois, pour rédiger un texte fondamental et l’adopter à la majorité qualifiée des deux tiers de ses membres.

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 16:44
Christian Lasson, photo Le Télégramme, 16 octobre 2019

Christian Lasson, photo Le Télégramme, 16 octobre 2019

Hommage des camarades communistes à Christian LASSON

Discours lu par Philippe Moreau pour la section PCF du Pays Bigouden à la cérémonie d'obsèques de Christian Lasson

C'est avec beaucoup d'émotion que les communistes du Pays Bigouden s’associent aux camarades de Saint-Dizier et de la Haute-Marne pour rendre hommage à Christian et présenter nos plus sincères et fraternelles condoléances à Véronique son épouse, à ses enfants Pierre-Damien et Sally-Ann, à ses petits enfants Alex et Benjamin, à toute sa famille. Nos condoléances vont aussi aux familles de sa belle sœur et de son conjoint disparus tragiquement en même temps que Christian.

Christian a rejoint notre section du parti communiste il y a seulement trois ans mais les camarades bigoudens ont eut le temps d'apprécier l'homme de conviction, le cœur sur la main, toujours battant pour la cause humaine en faveur des plus démunis.

Les camarades de Saint-Dizier et de la Haute-Marne, qui pendant plusieurs années ont partagé avec Christian un nombre impressionnant de combats nous ont fait parvenir un texte chaleureux que je vais m'efforcer de résumer au mieux.

Pour beaucoup de camarades Christian était une référence, un modèle, son engagement au service des autres était guidé par son souci permanent de combattre l'injustice, de lutter sans relâche, souvent au détriment de sa vie de famille, pour la dignité de l'être humain.

Homme de combat, mais aussi de dialogue, il n'avait de cesse de tout mettre en œuvre pour rassembler, unir les salariés contre les mauvais coups. Deux exemples où il a joué un rôle primordial et qui ont marqué les mémoires à Saint-Dizier ; la lutte des 287 cheminots dont certains postes devaient être supprimés et l'occupation de l'usine des Pigeat-Hazard menacée de fermeture. Tant d'autres luttes aussi ont jalonné sa vie, il faudrait des heures pour en parler, gagnées ou perdues peu importe Christian est toujours allé au bout de ses engagements et de la parole donnée.

A la CGT, son militantisme lui a valu de très hautes responsabilités du local jusqu'au national.

Puis il y a son engagement politique au Parti Communiste. Alors qu'il se sentait depuis longtemps "communiste de cœur", c'est au 1er Mai 1988 qu'il décide de prendre sa carte.

Cette adhésion il l'a très bien exprimé l'année dernière à un journaliste du "Télégramme" qui l'interrogeait lorsqu'il a succédé à son ami et camarade Alain BONNET à la tête du Secours Populaire de Pont l'Abbé; "mon choix est politique, quand on connaît l’histoire du Secours populaire, qui l’a fondé, à savoir le parti communiste, les valeurs d’entraide et de solidarité qu’il véhicule... ça en dit long sur les idées du bonhomme" avait-il dit en souriant.

Au sein du Parti, il poursuit son combat pour une société plus juste où la loi du fric n'écraserait plus l'Être Humain et c'est en 1983 qu'il entre au Conseil Municipal de Saint-Dizier avec le maire communiste Marius CARTIER

Durant ses trois mandats (de 1983 à 2001) ses nombreuses interventions au Conseil Municipal reflétaient la vie des plus humbles, des chômeurs, des ouvriers, du monde du travail, il était leur avocat. Il s'est également grandement investi à l'organisation du Festival de la Jeunesse en faisant partie de l'équipe qui concoctait les programmes.

Christian croyait en la jeunesse, en sa capacité à changer le monde. Sans doute cela lui venait de son expérience aux « colonies de vacances » SNCF qu'il a animées, puis dirigées avec tant de réussite.

Christian fait parti de ces gens dont c'est un vrai bonheur de les croiser et c'est un crève-cœur pour nous les communistes du Pays Bigouden de l'avoir perdu si tôt d'autant que, comme il n'était pas de nature à s'étaler sur son passé, nous découvrons aujourd'hui à l'appui des témoignages des camarades de Saint-Dizier quel sacré combattant il était vraiment.

Christian, les communistes de la Haute-Marne et du Pays Bigouden te dédient ces paroles d'une chanson de Jean Ferrat, persuadés que tu les entendras ;

« Tu aurais pu vivre encore un peu pour notre bonheur, notre lumière avec ton sourire avec tes yeux clairs ton esprit ouvert, ton air généreux »...

Nous rendons hommage à notre camarade victime avec deux autres personnes de ce drame de la mer qui s’est joué mercredi 14 octobre près de Saint-Guénolé. Christian Lasson était arrivé dans le pays bigouden depuis 3 ans et s'était tout naturellement rapproché de la section PCF du pays bigouden dont il était membre du comité de section.
Il vivait auparavant en Haute-Marne et avait été élu communiste à Saint-Dizier pendant trois mandats (1983-1989, 1989-1995, 1995-2001).
Nous avons aujourd'hui une pensée forte pour lui bien sûr, parti bien trop tôt, et pour ses amis, sa femme, son fils, ses proches et ses camarades de Haute-Marne et du Pays Bigouden.
Un hommage de la CGT, du secours populaire et du PCF lui sera rendu dans les jours à venir à Penmarc'h, comme nous en a informé André Le Roux, secrétaire de section du PCF Pays Bigouden. 
 
Article du Télégramme, Publié le 16 octobre 2020.
 
La famille du Secours populaire de Pont-l’Abbé a perdu l’un des siens
"La grande famille du secours populaire est en deuil après la disparition de Christian Lasson, 62 ans, lors d’un tragique accident de mer, mercredi soir, à l’entrée du port de Saint-Guénolé à Penmarc’h. Après trois ans passés en tant que bénévole au sein de l’association, il avait pris la présidence du comité de Pont-l’Abbé à la suite d’Alain Bonnet, il y a un an. Originaire de Champagne, il a fait toute sa carrière à la SNCF, et a mené des activités syndicales en siégeant au sein du CCE (Comité d’entreprise européen) de la SNCF. Son parcours professionnel l’avait par ailleurs amené à occuper plusieurs fonctions. Il avait eu notamment la responsabilité de 52 colonies d’enfants sur le territoire français, plus les séjours à l’étranger, ainsi que le service des livres et les bibliothèques. Il avait été aussi longtemps directeur de colo, et c’est comme ça qu’il avait découvert la Bretagne. À 54 ans, en prévision de la retraite, il avait passé un diplôme de Gestionnaire d’entreprise en économie sociale, ce qui l’avait conduit tout naturellement à prendre en main la gestion du Secours populaire. Son objectif, en prenant les rênes du comité, un des quatre comités les plus importants du département, avec Brest, Quimper et Châteaulin, était de l’ouvrir davantage aux jeunes, de les inciter à prendre plus de place et de responsabilités dans l’organisation."

Voici une interview que Christian Lasson donnait au Télégramme en 2019 en tant que responsable local du Secours Populaire:

Publié le 16 octobre 2019 - Le Télégramme
Secours populaire. Christian Lasson : « C’est une grosse machine collective »

Christian Lasson, bénévole depuis trois ans, est le nouveau président du comité local du Secours populaire. Le biker au grand cœur revient sur les motivations de son engagement.

Annoncé lors de la dernière assemblée générale, le départ d’Alain Bonnet, président du comité de Pont-l’Abbé pendant huit ans, est effectif depuis la rentrée. Et comme prévu, c’est son ami Christian Lasson, bénévole depuis trois ans, qui est désormais aux manettes. Vous l’avez peut-être croisé sur les routes au guidon de sa Kawasaki 1400 GTR, ou au large de Saint-Guénolé, à la manœuvre sur son Pen Sardin. Ou bien, sûrement, lors d’une braderie ou d’une collecte alimentaire du Secours populaire. Bonnet vissé sur le crâne et barbe de biker, Christian Lasson ne passe pas inaperçu. Sa gentillesse et son discours engagé non plus.

Quel a été votre parcours avant le Secours populaire ?

Je viens de Champagne où j’ai fait toute ma carrière à la SNCF. C’est dans le cadre des activités syndicales que j’ai connu Alain Bonnet, puisque j’ai siégé comme lui au CCE (Comité d’entreprise européen) de la SNCF. J’ai eu la chance durant mon parcours professionnel d’occuper plusieurs fonctions. J’ai eu notamment la responsabilité des 52 colonies d’enfants sur le territoire français, plus les séjours à l’étranger, et le service des livres et bibliothèques. J’ai été aussi longtemps directeur de colo, et c’est comme ça que j’ai découvert la Bretagne. À 54 ans, en prévision de la retraite, j’ai passé un diplôme de Gestionnaire d’entreprise en économie sociale, ce qui me permet d’être à l’aise aujourd’hui dans la gestion du Secours populaire.

Le choix du Secours populaire était-il réfléchi ?

Absolument, c’est un choix politique. Quand on connaît l’histoire du Secours populaire, qui l’a fondé, à savoir le parti communiste, les valeurs d’entraide et de solidarité qu’il véhicule, ça en dit long sur les idées du bonhomme (rires). Cela dit, l’association est apolitique et personne ici ne revendique d’appartenance à un parti ou à un autre. Ce qui ne veut pas dire oublier ses origines, ses convictions et ne pas regarder ce qui se passe autour.


Quel regard portez-vous sur l’avenir du monde associatif ?

On est à une époque où on parle sans cesse de repousser l’âge du départ à la retraite. Or, en France, 80 % des associations sont dirigées par des retraités. Quand on leur pose la question sur les raisons de leur engagement associatif, ce sont des chiffres Insee, ils répondent « parce qu’on a le temps et qu’on est encore en bonne santé ».
Alors, si on prolonge de plus en plus l’âge de départ à la retraite, le temps, il y en aura moins. Quant à la santé, selon une étude qui vient de sortir, les hommes restent « en bonne santé » jusqu’à 63 ans, après, ça se gâte. Donc, ce genre de décisions politiques risque de poser problème au monde associatif, qui est une grande force chez nous.


Quels seront les grands axes de votre mandat ?

J’ai un mandat de deux ans et je m’inscris dans la continuité de ce qu’a accompli Alain Bonnet et son équipe. On va juste essayer d’apporter des améliorations ici ou là pour être encore plus efficaces dans notre aide aux personnes dans le besoin. Je dis « on », car le Secours populaire à Pont-l’Abbé, c’est une grosse machine collective qu’on ne peut pas diriger tout seul : on fait partie des quatre comités les plus importants du département, avec Brest, Quimper et Châteaulin. Et on aide 263 familles sur notre secteur, soit 565 personnes.


Quels sont vos projets ?

Mon objectif principal, c’est de « rajeunir » les troupes. Jeune, ça va de 18 à 50 ans, car actuellement la moyenne d’âge du bureau, c’est plus de 60 ans. Pour cela, il faut ouvrir davantage nos portes et inciter les jeunes à prendre plus de place et de responsabilités dans l’organisation. L’autre projet à plus court terme est sur le point d’être finalisé : il s’agit de proposer à nos bénéficiaires de participer aux sorties et activités de la MPT. L’accord va se faire en novembre, il ne reste plus qu’à écrire les modalités noir sur blanc. Un autre sujet me tient à cœur, c’est de mettre en place un projet culturel à destination des jeunes, en leur proposant des concerts, théâtres, expos et loisirs. Voilà pour les projets principaux. Mais il y a aussi le développement du « 15 », notre nouveau local qui fonctionne déjà très bien, et la recherche de partenariats avec les associations et les commerçants. On veut aussi trouver des producteurs locaux et développer le circuit court pour les produits frais. Et rencontrer les maires des différentes communes où on intervient, car nos besoins ont évolué, mais pas les aides.


Le Secours populaire se substitue-t-il aux institutions ou aux services publiques ?

On entend dire parfois qu’on fait le jeu des politiques, mais ce n’est pas vrai. Ce qu’on fait, personne d’autre ne le ferait si on n’était pas là. Ce n’est pas les politiques qu’on vise, ce sont les gens, on est là pour les aider, c’est ça qui compte pour nous et ça n’a pas de prix. Ce qui ne dédouane pas du tout les politiques de leur inaction. C’est important de le dire, même si ça ne plaît pas à tout le monde.

Partager cet article
Repost0
24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 15:02
A la ligne - Joseph Pontus - Grand Prix RTL/Lire 2019 Prix Régine Deforges 2019 Prix Jean Amila-Meckert 2019 Prix du premier roman des lecteurs de la Ville de Paris 2019 Prix Eugène Dabit du roman populiste Vermillon Paru en 2019  272 pages

A la ligne - Joseph Pontus - Grand Prix RTL/Lire 2019 Prix Régine Deforges 2019 Prix Jean Amila-Meckert 2019 Prix du premier roman des lecteurs de la Ville de Paris 2019 Prix Eugène Dabit du roman populiste Vermillon Paru en 2019 272 pages

⚙️⚙️Joseph Ponthus sera présent à la Fête de l'Humanité Bretagne avec son livre "À la ligne. Feuillets d'usine" !
📌Samedi 21 novembre 📌
 
Joseph Ponthus sera présent à la Fête de l'Humanité Bretagne avec son livre "À la ligne. Feuillets d'usine" 🐮
"À la ligne est le premier roman de Joseph Ponthus. C’est l’histoire d’un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet. C’est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l’odeur de la mer.
Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes."
 
 
« Un chant d’amour à la classe ouvrière »
Jeudi 24 Janvier 2019 - Interview de Joseph Pontus par L'Humanité
« À la ligne », fascinant premier roman en forme de long poème en prose, Joseph Ponthus, ex-éducateur en banlieue, vient d'obtenir le prix Eugène Dabit du roman populiste. Nous vous reproposons l'interview réalisé par Michaël Mélinard à l'occasion de la parution de cet ouvrage.

Barbe hirsute, stature filiforme qui flirte avec le double mètre, Joseph Ponthus arbore sur son avant-bras droit la figure tatouée de Pontus de Tyard, son illustre ancêtre poète. D’emblée, il ne cache pas son plaisir d’apparaître dans les pages de « l’Humanité Dimanche », avec l’envie de remettre Marx sur le devant de la scène.

Dans quelle mesure l’exergue « aux prolétaires de tous les pays, aux illettrés et aux sans-dents » s’inscrit-elle dans une perspective marxiste, antimacronienne et anti-hollandaise ?

Il faut toujours savoir d’où l’on parle. Je parle en tant qu’intellectuel, avec des convictions politiques, qui a eu la chance de faire des études. J’ai été baigné par la sainte trilogie marxiste, structuraliste et analytique. C’est peut-être une survivance du passé, mais Marx, Foucault et Lacan m’aident à penser le monde. Je me suis pris une baffe en arrivant à l’usine. Tu as beau avoir lu Marx, mais, la première fois que tu rentres dans la machine, tu te prends le capital dans la gueule. Ce lieu est d’une telle violence symbolique qu’il donne l’impression d’être encore au XIXe siècle. À l’abattoir, les syndicats se battent pour des pauses pipi à discrétion.

Le capitalisme fait en sorte qu’on dise qu’il n’y a plus de classe ouvrière. C’est complètement faux. Mais il n’y a plus de conscience de classe ouvrière. À l’abattoir, aux crevettes ou aux poissons panés, les ouvriers se définissent par rapport à leur poste. Ils disent : « ceux des abats », « ceux des crevettes », « ceux de la vache », « ceux du cochon », « ceux du chargement ». Ils ne s’intègrent pas du tout en tant qu’ouvriers d’une usine, encore moins comme classe ouvrière qui peut instituer un rapport de forces face au patronat et lutter contre la classe qui les exploite.

De fait, le capital a gagné avec l’euphémisation des termes. Tu n’es plus ouvrier mais « opérateur de production ». Il n’y a plus de chefs mais des « conducteurs de ligne ». Le préambule anti-hollandais et antimacronien, dans « À la ligne », est évidemment par rapport à la gauche – enfin la gauche – qui, dans un mépris de classe absolu, a totalement abandonné la classe ouvrière. J’ai toujours là (il montre sa gorge – NDLR) le passage sur les « illettrés » quand « l’autre » est venu dans un abattoir breton. On sait de quel côté ils sont. Malheureusement, le parti n’est plus le ciment pour les classes ouvrières. Encore plus en Bretagne – pas connue pour être un lieu conquis par les cocos, même pendant les années glorieuses – où il n’y a pas de cités ouvrières en tant que telles parce que l’habitat est très dispersé.

Ce livre est un chant d’amour à la classe ouvrière, pour la noblesse de ses travailleurs taiseux. Ils sont complètement occultés du débat politique et niés en tant que classe.

Vous parlez de chant d’amour, comment avez-vous travaillé la rythmique de ce texte ?

L’usine a imposé la forme plus que je ne l’ai choisie. Il s’agissait vraiment de rendre par écrit le rythme des pensées sur une ligne de production où tout va vite, trop vite. Les pensées ne s’arrêtent pas pour pouvoir s’échapper de la pénibilité du travail. On ne peut pas utiliser des subordonnées relatives de trois lignes ou des blocs de paragraphe pour retranscrire fidèlement ce rythme. L’idée du titre et ce parallèle entre la ligne de production et la ligne d’écriture est venue assez rapidement. J’ai vraiment écrit après chaque journée parce que j’étais tellement fatigué que, le lendemain, j’avais tout oublié.

Ce livre est-il un roman, un récit ?

C’est un roman. Tout a été retravaillé pour qu’il y ait un début et une fin cohérente, des personnages récurrents, des épisodes. J’aime raconter des histoires. Je suis un grand lecteur de Dumas, l’une de mes idoles absolues. Même quand je le relis, il arrive à m’agripper, à faire en sorte que je ne puisse pas m’arrêter. Même si tout est vrai, je ne raconte pas les trois quarts des trucs les plus horribles que j’ai pu vivre ou voir. Je ne voulais absolument pas sombrer dans le pathos. Malgré tout, j’ai eu du plaisir à travailler dans cet endroit parce que je n’aurais jamais découvert ailleurs cette solidarité, cette endurance et cette noblesse.

Que vous permet l’écriture ?

On aurait toutes les raisons de croire que de se retrouver comme deux bras et rien d’autre après avoir fait des études est du déclassement absolu. Il fallait en faire quelque chose d’un peu joli, avec un peu de sens, de la mise à distance, de l’analyse pour sortir par le haut de cet absurde et de cette horreur. Sinon, cela veut dire que le capital a gagné. Il faut réhabiliter la question sociale. Je n’ai pas pu aller à la manif avec les collègues titulaires grévistes mais j’ai pu en faire un bouquin. C’est pas mal non plus. C’est ma petite pierre à l’édifice.

Et l’emploi du « je » ?

Le « je » permet de ne pas mettre de distance entre le fond et la forme, d’être à ma place. Je ne vais pas parler au nom de mes collègues ou inventer un héros fictionnel. On a aboli cette frontière entre fiction et roman depuis longtemps. Déjà dans les années 1970, deux romans, « l’Établi », de Robert Linhart, et « l’Excès-l’Usine », de Leslie Kaplan (en fait 1981 et 1982 – NDLR), retraçaient leur expérience ouvrière. C’est du pur roman, ce n’est que du témoignage et il n’y a que du « je ».

Les commerciaux, avec leurs requêtes, ne facilitent pas la vie des ouvriers. Elles viennent rappeller que la question de classe n’a pas disparu...

Dans toutes les usines où j’ai bossé, le statut de chef est marqué par la couleur rouge. Deux barrettes rouges sur la tenue blanche, une charlotte ou un casque rouge. Quand des gens sont promus chefs après des années de travail ouvrier, la question qui revient est : « A-t-il gardé sa mentalité d’ouvrier ? » Le capital a vraiment gagné à l’abattoir, où il y a des affiches rouges placardées à des endroits stratégiques de l’usine. Il est écrit : « Passage interdit pendant l’exploitation. Risque de chutes de carcasses. » Personne ne se révolte. Je n’ai pas réussi à en piquer une pour la garder en souvenir. Il y a vraiment le petit peuple et les chefs. L’exploitation ne se cache même plus.

Quel était le projet de départ ?

L’intérim n’était qu’un passage dont je voulais garder une trace parce que c’est absurde et extraordinaire. J’écrivais juste pour consigner ce qu’il en était. Les entretiens d’embauche dans mon secteur n’ont pas été concluants. Il fallait continuer à bosser. Si mon contrat n’avait pas été raccourci, j’aurais repris en février. S’il y a des camarades lecteurs de l’« HD » qui ont des boulots à me proposer en Bretagne, je suis preneur. En ayant bossé deux ans et demi à l’usine, je peux m’adapter à n’importe quelle tâche.

Dans quelle mesure votre personnage est un « rouge » de cœur devenu un « jaune » de raison ?

L’intérimaire est encore plus la lie de la classe ouvrière que l’ouvrier titulaire. Tu peux être jeté à n’importe quel moment. Ce statut fait que je ne peux pas faire autrement. Il témoigne aussi d’une certaine forme de précarité de la France en 2019. L’intérim est un peu comme un bizutage. Au départ, on te propose des contrats d’une journée, puis deux jours. Les missions sont un peu plus longues si tu fais tes preuves, fermes ta gueule ou endures des trucs un peu costauds. J’ai ensuite fait des missions d’un mois. Au bout d’un an, on m’a proposé l’abattoir, unanimement considéré comme la Rolls des usines de la région parce que tu peux avoir un statut d’intérimaire permanent. Le contrat est tacitement reconduit toutes les semaines. J’ai fait un an et demi d’abattoir. Je devais m’arrêter le 28 décembre et recommencer en février. Par délicatesse, j’ai envoyé un exemplaire au big boss de l’abattoir. Quinze jours plus tard, j’ai appris que mon contrat n’était pas renouvelé. Je suis officiellement à nouveau chômeur. L’industrie agroalimentaire n’est pas trop fan de littérature contemporaine. Le livre n’est pas une charge contre le patronat en tant que tel. C’est plus un chant d’amour pour la classe ouvrière et mon épouse. Il n’y a aucun dénigrement. Mais je ne suis pas un jaune de raison. Je rêverais d’être avec les collègues à la manif. Je préférerais faire plein d’heures sup pour que la grève tienne. C’est le paradoxe quand tu es obligé de gagner ta croûte par tous les moyens possibles.

Joseph Pontus sera présent à la fête de l'Humanité Bretagne le 21 novembre
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011