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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 15:03
Festival des Utopies: un millier de visiteurs (Le Télégramme)

Hier après-midi, le temps d'un festival des Utopies, l'agglomération était réservée aux piétons. C'est en toute détente et décontraction que le public a pu déambuler dans les rues sans le moindre risque. Si quelques averses sont venues contrarier la fête le matin, l'après-midi, les éclaircies ont été légion et les rayons du soleil sont venus réchauffer une ambiance bon enfant. D'un stand à l'autre, d'une scène à l'autre, petits et grands ont trouvé leur bonheur. Pour une première, les organisateurs peuvent être satisfaits, le cap du millier de visiteurs a été dépassé et, le soir, ils allaient sans doute être aussi nombreux au concert donné stade municipal sur les hauteurs de la commune. Les Utopistes en Action ont réalisé un joli coup, les exposants comme les visiteurs ont apprécié cette journée et ils ne demandent qu'à ce qu'elle soit reconduite.

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 14:46
Apple : la France ne demandera pas sa part des 13 milliards d’arriérés d’impôt

LUNDI, 12 SEPTEMBRE, 2016

HUMANITE.FR

Si plusieurs pays européens ont annoncé leur intention de demander à Apple de leur rembourser une partie des 13 milliards d'euros d'impôt qu’Apple a escamotés en Irlande, Michel Sapin lui a déclaré que non, la France ne réclamerait rien…

"Il est inacceptable qu'alors que nos concitoyens ont dû faire face à d'importantes hausses d'impôts depuis 2012, très supérieures à la petite baisse annoncée pour 2017, le ministre exonère Apple et d'autres multinationales d'une imposition plus conséquente et ne fasse pas tout ce qui est possible pour qu'elles contribuent à la hauteur des gigantesques profits qu'elles engrangent en vendant leurs produits dans nos pays", s’est insurgé la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann dans un communiqué. "La commission européenne a été claire", poursuit-elle: "Si un pays s'estime lésé d'avoir vu le produit de ventes réalisées sur son territoire partir en Irlande pour fuir l'impôt, il pourrait lui aussi réclamer sa part réduisant mécaniquement le montant dû à Dublin. Ce que font l'Espagne et l'Autriche, la France doit aussi le faire".

La somme due à Dublin est de 13 milliards d’euros, même si deux appels, l’un du gouvernement irlandais, l’autre d’Apple, sont en cours. Cette somme représente les '"avantages fiscaux indus" (Apple ne paye que 0,05 % d’impôt sur les sociétés en Irlande…) estimés par la Commission européenne. Celle-ci avait précisé que l'Irlande n'était pas le seul Etat concerné par ce remboursement. Si un pays s'estimait lésé d'avoir vu pendant des années le produit de ventes réalisées sur son territoire partir en Irlande pour échapper à l'impôt, il pourrait lui aussi réclamer sa part. "Si ce que la Commission européenne dit est légal, vous pouvez être sûr que moi, en tant que ministre des Finances je vais le réclamer", a donc déclaré le ministre autrichien des Finances Hans Joerg Schelling, lors d'une réunion des ministres européens des Finances à Bratislava. Selon une source gouvernementale espagnole, Madrid compte également demander le remboursement.

Mais le ministre français des Finances, Michel Sapin estime lui que la France juge la décision de la Commission européenne légitime mais qu'il ne réclamera aucune somme… Marie-Noëlle Lienemann a demandé l'audition du ministre par la commission des Finances du Sénat "afin qu'il expose les raisons pour lesquelles le gouvernement renonce à cette recette substantielle". "Il en va de l'exemple et de la lutte contre l'évasion et l'optimisation fiscale", souligne-t-elle.

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 14:00

Les communistes de la 6è circonscription du Finistère ont tenu leur assemblée de rentrée à Huelgoat ce matin. Voici l'appel qu'ils ont lancé:

"La 6è circonscription du Finistère a besoin d'un député de gauche et de progrès.

De « mon ennemi la finance » à la loi El-Khomri, de renoncements en trahisons, la politique du gouvernement Hollande/Valls a produit des gâchis et des dégâts considérables. Le départ de Richard Ferrand, député sortant, vers la formation d'Emmanuel Macron n'est que la poursuite de cette fuite en avant libérale menée par le gouvernement depuis 4 ans.
Pour autant, nous communistes, nous ne pouvons pas nous résigner à voir la montée de l'extrême droite et le retour de la droite car leurs propositions pour le pays c'est plus de précarité, plus de pauvreté, moins de services publics, moins de solidarité.
Le PS, LR et le FN ont tout intérêt à ce que le débat politique se focalise sur les dramatiques actes terroristes qu'a connu notre pays ces derniers mois. En stigmatisant une partie de la population, en restreignant nos libertés, en développant la thématique de l'identité « heureuse », le Parti Socialiste cherche à masquer son bilan désastreux sur le plan économique et social, la droite et l'extrême droite cherchent à cacher qu'elles n'ont pas d'alternative crédible.

Ce que nous voulons, nous communistes, c'est un nouveau pacte républicain avec une République sans 49-3 donc une République démocratique, limitant le cumul des mandats en nombre et dans le temps, défendant une laicité qui n'exclut pas. Cette République nous la voulons aussi sociale avec un emploi pour chacun et qui traite la question du pouvoir d'achat, des conditions de travail dégradées comme dans l'agroalimentaire par exemple, un retour de services publics de proximité en zone rurale notamment et plus globalement s'attaque à la réduction des inégalités.
Avec notre consultation « Que demande le peuple ? », depuis des semaines nous sommes allés à la rencontre de la population pour leur donner la parole car rien ne se fera sans intervention populaire, notamment de celles et ceux qui par dégoût des pratiques politiques actuelles ont renoncé à aller voter. La synthèse de ces 200 000 questionnaires sera faite nationalement le 08 octobre avant de décider le 05 novembre de notre choix pour la présidentielle. D'ici cette date, nous ferons tout pour construire une candidature de rassemblement à la gauche de la ligne Valls-Macron-Hollande.
Le projet que nous voulons porter dans le cadre des élections législatives, nous voulons qu'il soit victorieux le 18 juin. C'est pourquoi nous lançons aujourd'hui un appel sans exclusive à l'ensemble des habitants et organisations de la 6ème circonscription pour construire une candidature de gauche rassemblée qui portera à l'assemblée nationale la parole des électeurs écologistes, communistes, socialistes, du Front de Gauche ou tout simplement de gauche, la parole de toutes celles et ceux qui se sont mobilisés contre la loi travail, la voix de toutes celles et ceux qui veulent que ça change vraiment à gauche. Face à la résignation ambiante, nous disons à tous les progressistes qu'il est possible de construire une alternative de justice sociale, de solidarité et de bien vivre ensemble. C'est pourquoi il est urgent de se rassembler, pour notre part nous y sommes disposés. Nous travaillerons jusqu'au bout pour faire du commun afin que les citoyennes et citoyens de notre circonscription, de notre pays, soient en situation d'être respectés et de vivre dans la dignité.


Contact : Maxime PAUL 06 75 65 23 21 pcf6circo29@gmail.com "

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 13:50
"Cette jeune femme est érythréenne. Elle pensait trouver refuge à Paris. Pendant des semaines, elle a dormi au milieu de la circulation sur le terre-plein central en-dessous du métro aérien à Stalingrad. Jeudi 8 septembre, la police a délogé ceux qui se réfugiaient sous cet abri de fortune. Incarcérant ceux qui n'avaient pas encore eu le temps de déposer leur demande d'asile et chassant dans les rues avoisinantes les autres. Des barrières entourent désormais le terre-plein pour empêcher ceux qui voudraient se protéger de la pluie d'y revenir. Tout l'été, des barrières ont été dressées tout le long du métro aérien pour empêcher les réfugiés de s'y réinstaller. Eté 2016, Paris, championne du barriérage." (©Hind Meddeb)

"Cette jeune femme est érythréenne. Elle pensait trouver refuge à Paris. Pendant des semaines, elle a dormi au milieu de la circulation sur le terre-plein central en-dessous du métro aérien à Stalingrad. Jeudi 8 septembre, la police a délogé ceux qui se réfugiaient sous cet abri de fortune. Incarcérant ceux qui n'avaient pas encore eu le temps de déposer leur demande d'asile et chassant dans les rues avoisinantes les autres. Des barrières entourent désormais le terre-plein pour empêcher ceux qui voudraient se protéger de la pluie d'y revenir. Tout l'été, des barrières ont été dressées tout le long du métro aérien pour empêcher les réfugiés de s'y réinstaller. Eté 2016, Paris, championne du barriérage." (©Hind Meddeb)

Journaliste et réalisatrice franco-tunisienne, Hind Meddeb est la fille du grand intellectuel Abdelwahab Meddeb. Elle vient de passer plusieurs semaines parmi les réfugiés pour le tournage d'un documentaire. Elle livre ses réflexions, dans ce texte qui dénonce l'urgence de leur situation à Paris.

Jusqu’ici, l’Etat français répond à la question de l’afflux de réfugiés par la violence, l’humiliation et le déni. Par Hind Meddeb.

Ils sont une cinquantaine par jour à arriver du Soudan, d’Ethiopie, d’Érythrée, de Somalie, du Tchad, du Niger, d’Afghanistan. Ils fuient la guerre, le terrorisme, la dictature militaire, le nettoyage ethnique… Certains arrivent de Calais n'ayant pas réussi à passer en Angleterre, d’autres ont passé la frontière italienne à Vintimille, d’autres encore ont traversé toute l’Europe en passant par la Turquie puis la Grèce ou la Bulgarie. Sur le chemin de l’exil, la France est souvent le dernier guichet, si on les rejette, ils n’auront nulle part où aller.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, Paris n’avait jamais eu à faire face à un tel afflux de réfugiés. Malgré un gouvernement et une Mairie de gauche, l’accueil qui leur est fait est indigne. Pour déposer leur demande d’asile, ces hommes et ces femmes doivent faire la queue dans la rue des nuits entières. L’administration n’a pas obtenu de moyens supplémentaires malgré l’urgence. Il y a donc, de fait, beaucoup plus de candidats que de personnes reçues. Et naturellement, autour des bureaux de «France Terre d’Asile», entre Jaurès et Stalingrad, des campements sauvages se font et se défont au gré des «démantèlements administratifs» effectués par la police. Dans les faits, à Paris, des milliers de réfugiés dorment dans la rue. A Berlin où ils sont bien plus nombreux à avoir été accueillis, pas un seul réfugié n'est livré à lui-même.

Imaginez la situation d’un réfugié qui vient d’arriver à Paris: il est épuisé par un voyage qui a parfois duré plusieurs mois et pourtant aucun lieu n’est prévu pour le mettre à l’abri, il n’a aucun interlocuteur officiel, et donc aucune information sur la procédure à suivre pour demander à l’asile, il n’a rien à manger, nulle part où aller.

Dans un premier temps, il ne survit que grâce aux dons et à l’engagement personnel des riverains qui distribuent comme ils peuvent les besoins de première nécessité: une couverture, de la nourriture, des vêtements… Et qui se retrouvent aussi à soutenir les réfugiés dans leurs démarches administratives. Car le dossier OFPRA du demandeur d’asile doit être rempli en français et tout le monde sait qu’il faut éviter de laisser les traducteurs de l’administration le faire pour vous, au risque de voir le récit bâclé voir tronqué, car tous les moyens sont bons pour saper votre démarche et rejeter votre demande d’asile.

Lami, son épouse Besh et ses trois toutes jeunes soeurs sont arrivés il y a deux semaines à Paris. Ils font partie de la communauté oromo persécutée par le pouvoir militaire en Ethiopie. L’ethnie oromo représente près de la moitié de la population éthiopienne. Mais ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone. Un grand projet urbain autour de la capitale Addis Abeba prévoit d’exproprier de leurs terres agricoles les paysans oromos. Chaque fois que la communauté oromo manifeste pacifiquement, la police tire à balles réelles. Les intellectuels, les leaders politiques oromos, les étudiants sont arrêtés arbitrairement, torturés, humiliés publiquement.

Dans son pays, Lami était un étudiant comme un autre. Mais depuis que les manifestations ont commencé, tout le monde est suspecté. N’importe qui peut être arrêté, exécuté. S’il n’était pas oromo, il aurait pu vivre normalement dans son pays. Mais un racisme institutionnel s’est instauré contre sa communauté. Il a tout abandonné pour sauver sa vie. Avec sa femme et ses soeurs, ils ont pris la route pour un long périple qui se termine à Paris. Anglophone, il rêverait d’aller en Angleterre ou au Canada, mais il sait que les frontières sont fermées.

Chaque jour, sur le campement, il entend des rumeurs contradictoires sur le meilleur guichet où entreprendre les premières démarches : vaut-il mieux déposer sa demande à Paris, à Melun, à Evry? Jamais il n’aurait imaginé qu’un jour, il dormirait dans la rue à Paris. Lami est chrétien. Avec sa femme et ses belles soeurs, il s’est rendu à l’église la plus proche pour demander de l’aide. Il a dû essuyer un refus poli.

Depuis son arrivée, Lami et sa famille n’ont jamais rencontré un fonctionnaire de la Mairie, une assistante sociale ou une quelconque aide officielle de l’Etat. Tous les deux jours, ils voient des dizaines de cars de CRS encercler le campement de l’avenue de Flandres. Par chance, Lami s’est installé en contre-haut de la Rotonde, à l’abri des regards. Et à chaque fois que la police arrive, il est tenté d’aller à leur rencontre pour se faire arrêter parce qu’il espère qu’en montant dans le car de police, il serait enfin logé en attendant de faire ses premières démarches.

Il m’a fallu lui expliquer à plusieurs reprises de s’éloigner du périmètre quand la police arrive. Car cela fait des semaines que la Préfecture de police de Paris organise de fausses mises à l’abri et ramasse tous ceux qui n’ont pas encore eu le temps de déposer leur demande d’asile (15 interventions purement répressives depuis le 31 juillet).

Une fois arrivés au commissariat, les réfugiés ne savent pas qu'ils ont droit à un avocat et un traducteur, ils ressortent avec des OQTF (obligation de quitter le territoire), d’autres sont incarcérés dans des centres de rétention administrative dans l'attente de les renvoyer dans le pays par lequel ils sont entrés dans l'Union européenne (procédure Dublin), ce qui voudrait dire que l'Italie, la Bulgarie et la Grèce devraient supporter à elles seules l'afflux de réfugiés? L'équation est impossible et pourtant cette procédure absurde existe bel et bien.

La plupart des personnes arrêtées sont libérées le jour-même. Et quand elles reviennent dormir sur le trottoir qu’elles ont quitté quelques heures plus tôt, toutes leurs affaires, leurs matelas et leurs couvertures de fortune ont disparu, jetés dans des bennes à ordure par la «Propreté de Paris». En utilisant ce procédé vicieux, la France viole sciemment les droits fondamentaux de personnes vulnérables et le droit d’asile.

Jusqu’ici, l’Etat français répond à la question de l’afflux de réfugiés par la violence, l’humiliation et le déni. Cette politique est le fruit de la montée d’une opinion hostile aux migrants. La haine anti-migrants augmente à chaque attaque terroriste qui frappe la France.

En choisissant de suivre la ligne imposée par l’extrême droite, le gouvernement socialiste tombe dans le piège tendu par les organisations terroristes islamistes qui fleurissent de la Mauritanie à l’Irak… L’un des objectifs poursuivi par Daech, Aqmi, Boko Haram et consorts est en bonne voie: semer la discorde et la haine en Europe. Cette situation tragique pourrait dégénérer. Aujourd’hui les migrants sont malmenés par la police en France, en Allemagne ils sont parfois attaqués par les populations civiles, quelle sera la prochaine étape, lorsqu’ils arriveront encore plus nombreux?

La plupart des Afghans que j’ai rencontrés autour du métro Stalingrad à Paris ont fui leur pays parce qu’ils refusaient de se faire enrôler par les Talibans. Certains Maliens ont tout perdu parce que leur village a été pris par Aqmi. Mais dans l’imaginaire commun, le migrant est un potentiel terroriste et les derniers événements survenus en France et en Allemagne ne font que confirmer cette opinion commune. Au lieu de déconstruire ce préjugé fallacieux, nos politiques l’alimentent à des fins électoralistes. L’échec d’Angela Merkel aux dernières élections régionales confortent l’actuel gouvernement français dans l’idée qu’il faut continuer à réprimer et surtout ne pas accueillir.

Pourtant, ne pas accueillir est encore plus dangereux. Ceux qui arrivent sont naïfs et plein d’espoir. Ils sont prêts à travailler dur pour s’en sortir. Certains sont éduqués, volontaires et inventifs, ils représentent une énergie positive et une immense richesse pour la France. Mais si on les laisse à la rue, dans des situations vulnérables, sans papiers, sans perspective, ils ne disparaîtront pas. S’ils retournent dans leur pays, c’est la mort. Et le droit international nous interdit de renvoyer une personne dans un pays en guerre.

Si nous les laissons errer dans les rues de Paris, alors nous nions leur existence en tant qu’êtres humains et ils deviendront l’ombre d’eux-mêmes, on aura réussi à les casser, ils deviendront des sans-logis, et le coût social de ce gâchis humain sera beaucoup plus élevé pour l'Etat que si nous leur donnons une chance de faire partie de notre société. Et le plus grave, c'est que si l'Etat français continue cette politique répressive sans vision à long terme, ces réfugiés deviendront aussi des proies faciles pour les réseaux mafieux et les réseaux intégristes.

Croire que le réfugié est un potentiel terroriste quand il arrive, est une contradiction dans les termes, puisqu’il fuit précisément des régimes terroristes et croit que la France est le pays de la liberté. Le processus actuellement mis en oeuvre à Paris vise à déshumaniser la figure du réfugié. Chaque fois que j’assiste à ce que l’administration appelle «évacuation» ou «mise à l’abri» et que je vois avec quel mépris les policiers s’adressent aux migrants, avec quelle violence ils éloignent les caméras et les appareils photo, je pense aux plus sombres heures de l’histoire européenne.

Nous, Parisiens, sommes aujourd’hui confrontés à une terrible contradiction, à laquelle, nous assistons chaque jour sous nos fenêtres. La France est victime d’attentats terroristes sur son sol. Comment peut-elle refuser d’accueillir des hommes et des femmes qui fuient ce même terrorisme qui a mis leur pays à feu et à sang? Nous ne pouvons pas continuer à pleurer nos morts tout en ignorant le sort réservé aux réfugiés qui arrivent chez nous parce qu’ils fuient précisément ce qui désormais nous concerne aussi à intervalles réguliers depuis les attentats de «Charlie Hebdo», les attaques du 13 novembre ou le drame de Nice. Notre destin est intimement lié à celui des réfugiés afghans, syriens, kurdes, nigérians, maliens, mauritaniens ou soudanais, qu’on le veuille ou non.

Nous avons le devoir et la responsabilité d’accueillir dignement ces hommes et ces femmes qui méritent notre respect parce qu’ils ont eu le courage de traverser la mer ou un continent pour échapper à l’horreur. Ou alors, nos larmes pour les victimes du 13 novembre ou de Nice ne sont que des larmes de crocodile. Les attentats qui ont endeuilléParis en 2015 devraient nous faire prendre conscience de la situation de ces milliers de candidats à l’exil qui arrivent sur nos trottoirs parce qu’ils fuient cette même terreur.

Les attentats qui frappent Kaboul, Bagdad, Niamey, Nouakchott, ou Mogadiscio ne sont pas sans conséquence. Nous les regardons de loin mais ils frappent aujourd’hui à notre porte. Dans un monde mondialisé, qu’on le veuille ou non, nous partageons le même destin que ces réfugiés et nous ne pouvons pas détourner le regard ou refuser notre solidarité, à moins de renoncer aux principes mêmes de notre République, principes que nos politiques s’empressent d’invoquer au lendemain de chaque attentatqui frappe notre sol.

Baktash est afghan. A Kaboul, il faisait partie de l’équipe nationale de taekwondo. Il est aussi ingénieur en informatique. Les Talibans considèrent que le sport est haram, le capitaine de son équipe se fait assassiner. Baktash se rend alors sur les plateaux de télévision pour dénoncer ce crime ignoble. Sa prise de position publique en fait une cible. A son tour, le voilà menacé de mort. A plusieurs reprises, il échappe de peu à ses assassins. Il n’a plus le choix, il doit partir, sinon tôt ou tard ils finiront par le tuer. Il laisse derrière lui une bonne situation, sa famille. S’il avait eu le choix, il serait resté vivre dans son pays.

Dans son village, Arman vivait heureux avec sa mère. Jusqu’au jour où son oncle taliban l’enrôle de force. Il n’a pas le choix, soit il obéit aux ordres, soit c’est la mort. Il décide de fuir. Il part seul, traverse à pied les montagnes qui séparent l’Afghanistan de l’Iran avant d’arriver en Turquie puis de traverser la Bulgarie où il vit plusieurs semaines dans la forêt. Il a décidé qu’il irait en France, c’est le pays dont il rêve.

Des histoires comme celles de Baktash et d’Arman, il y en a par milliers. Mais on ne nous les raconte pas le soir à la télévision. Au 20h, les migrants sont juste cette masse informe qui s’échoue en mer et s’accroche aux barbelés que l’Europe dressent à ses frontières.

Nous, Parisiens, qui vivons dans l’une des plus belles villes du monde, commençons par regarder, descendre de chez nous, nous arrêter sur les campements, engager la conversation, et pourquoi pas tisser des liens d’amitié. Car au-delà des problèmes humanitaires ou administratifs, le dialogue avec ces hommes et ces femmes est précieux, pour eux comme pour nous.

La manière dont la France gère la crise migratoire est symptomatique de son manque d’engagement pour déconstruire les arguments qu’utilisent les islamistes radicaux pour recruter dans notre jeunesse.

A la suite des attentats du 13 novembre, la réponse de notre gouvernement a été sécuritaire et identitaire, en votant l’état d’urgence et en proposant d’instituer la déchéance de nationalité. Le débat sur la déchéance de nationalité a déchiré notre société, établissant une hiérarchie entre Français de souche et binationaux, créant ainsi une inégalité de fait, et donnant des arguments supplémentaires à Daech qui s’empressa de s’adresser à la jeunesse musulmane de France : «Vous voyez, ils ne vous considèrent pas comme des Français comme les autres, rejoignez-nous, nous vous donnerons un statut, une reconnaissance que vous n’aurez jamais en France.»

Il me semble que jusqu’ici, nos politiques ont un discours convenu sur l’Islam et le terrorisme et qu’ils n’ont toujours pas entamé le travail nécessaire pour résister à cette propagande venue d’ailleurs et proposer des alternatives sérieuses à une jeunesse musulmane désenchantée.

Si les autorités continuent de considérer que les migrants ne sont pas des hommes, qu’ils sont de potentiels terroristes et qu’en les maltraitant on les fera disparaître comme par miracle, alors oui, la France deviendra immanquablement une fabrique de terroristes.

Et c’est ce qu’il nous faut absolument éviter.

Ayons le courage de le dire et d’oeuvrer en ce sens.

Hind Meddeb

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 12:40
Disparition de Jean Texier, journaliste communiste: hommage de Rosa Moussaoui

Triste jour. Notre camarade Jean Texier, reporter photographe à Avant-Garde, puis à L'Huma, vient de nous quitter. Il était l'auteur de cette photo que je ne peux pas regarder sans qu'elle me déchire le coeur.

Rosa Moussaoui, journaliste à l'Huma.

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 07:00

Ce week-end est dédié au patrimoine, c'est-à-dire aux biens qui nous appartiennent à tous sans appartenir à aucun, et dont il est légitime que les portes s'ouvrent grandes. Le public, c'est nous, c'est chacun de nous et nous ensemble. A cette occasion, je voudrais vous parler d'un bâtiment en péril, dans ma ville natale, à Saint-Brieuc. C'est une affaire locale, me dira-t-on. Ma foi non, c'est une affaire de toute autre ampleur, chargée de passions, de rêves. Rue Cardenoual, en plein centre, la Maison du peuple s'étiole, s'abîme. Elle fut interdite au public en 2005. En 2008, dans son programme électoral, le maire, Bruno Joncour, promit que les choses ne demeureraient pas en l'état. En 2011, une délibération du conseil municipal décida de la restaurer. Mais rien n'a suivi et l'édifice reste mis au rebut, nié, comme un objet hors d'usage. Mais cette Maison, justement, n'est pas qu'un objet, pas qu'un toit et quatre murs, pas une salle parmi d'autres. C'est un emblème, un lieu de mémoire, un lieu d'assemblée et de culture, un lieu où les travailleurs de la cité, en bâtissant de leurs mains l'immeuble, ont affirmé leur dignité, leur volonté d'émancipation, leur droit à la parole. Et encore un lieu de démocratie, car cette parole n'était nullement monolithique : là, on débattait, on s'échauffait, on s'accordait. « La Maison du peuple » est le titre du premier livre publié par Louis Guilloux, en 1927. Il y montre, précisément, qu'il ne s'agissait pas seulement de façonner des murs, mais, ce faisant, de manifester des solidarités sociales, de mener un combat difficile dont son père, cordonnier, fut un des protagonistes.

La bataille s'avéra longue et incertaine, les résistances furent vives, mais, au bout du compte, l'inauguration eut lieu en 1932, à la veille du Front populaire. Avec mon ami Christian Prigent, né à Saint-Brieuc comme moi, et lauréat du prix Louis Guilloux, nous avons décidé de solliciter la restauration de cette Maison. Ce qu'on appelle « le peuple » a très certainement changé, les luttes sociales aussi. Mais notre besoin d'assemblée est plus fort que jamais, et il nous semble urgent de rendre à cet espace hautement symbolique sa validité et sa vitalité, sa fonction de lien partagé. Il en va de la mémoire, autrement dit de l'avenir.

Hervé Hamon, billet du dimanche du Télégramme, 18 septembre 2016

Courant d'ère de Hervé Hamon: Sauver la maison du peuple
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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 07:00
Dématérialisation des professions de foi: "La démocratie a un prix" (PCF)

Dématérialisation des professions de foi : "La démocratie a un prix" (PCF)

PARTI COMMUNISTE FRANCAIS

VENDREDI, 16 SEPTEMBRE, 2016

La dématérialisation annoncée des professions de foi pour les élections présidentielles et législatives va permettre que s'accroisse encore l'inégalité d'information.

Bien sûr, on ne peut ignorer les 105 hectares de forêts coupés pour subvenir en besoin papiers du matériel électoral de 2012, ni les 205 millions d'euros du coût payé par l’État. Cependant, cette dématérialisation va mettre à mal le pluralisme et la démocratie.

Non seulement tous les foyers, tous les électeurs n'ont pas le matériel informatique, ni la possibilité de lire le courrier électronique, mais en plus, cela impliquerait que l’État aient les adresses e-mail de millions de citoyens.

Le PCF propose, s'il s'agit vraiment d'économies et d'éthique, de baisser le plafond des dépenses pour l'élection présidentielle qui est aujourd'hui de 16,8 millions d'euros pour le 1er tour et de 22,5 millions d'euros pour le second tour. Ce remboursement, même plafonné, ne fait que favoriser les candidats qui ont déjà de gros moyens financiers, comme Nicolas Sarkozy qui aurait dépensé près de 46 millions d'euros en 2012.

La démocratie a un prix : permettre à chaque citoyen de pouvoir faire son choix à partir de documents écrits par les candidats eux-mêmes, reste le moyen le plus équitable et le plus juste.

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 05:48
Baisser l'impôt sur les sociétés, une erreur improductive

LA CHRONIQUE DE JEAN-CHRISTOPHE LE DUIGOU (*)

L’HUMANITE DIMANCHE

Jeudi 1er septembre

Manuel Valls a annoncé que le taux de l'impôt sur les sociétés (IS) serait ramené, en 2017, à 28 % pour les PME en fonction de l'importance du bénéfice taxé. Aujourd'hui, nous avons un système à deux étages. Le taux de l'IS est actuellement de 15 % sur les bénéfices jusqu'à 38 000 euros. Mais l'entreprise doit faire un chiffre d'affaires inférieur à 7,6 millions d'euros. Il est de 33,3 % au-delà de ce seuil. Le nouveau dispositif comprendra une tranche d'imposition intermédiaire à 28 % qui devrait bénéficier à plusieurs centaines de milliers d'entreprises de taille moyenne. Matignon précise, comme cela avait été promis au MEDEF dans le cadre du pacte de responsabilité, qu'il s'agit là d'un nouveau pas vers un passage à un taux de 28 % en 2020 pour toutes les entreprises.

On peut légitimement s'interroger sur la pertinence de la mesure pour 2017, comme de l'objectif 2020. Certes la compétition à la baisse du taux de l'IS entre pays européens bat son plein. En 15 ans, le taux moyen de l'impôt sur les bénéfices des sociétés a diminué d'un quart en Europe. Le mouvement avait été entamé par l'Allemagne au début des années 2000. Mais il s'est interrompu outre-Rhin avec la crise de 2008. Le Royaume-Uni a pour sa part utilisé massivement ce levier de baisse de l'imposition pour attirer des investisseurs et serait tenté d'aller plus loin à la suite du Brexit.

L'Espagne s'est à son tour lancée dans la compétition, programmant le passage à un taux de 25 %, en baisse de 5 points. Le Luxembourg annonce quant à lui un taux à 18 % pour 2018. L'Irlande, enfin, bat tous les records avec un taux d'IS de 12,5 %, au point d'être considérée comme un paradis fiscal. Mais ces taux affichés cachent la réalité. Chacun sait que l'imposition, ce qui compte finalement, est le résultat d'un taux appliqué à une assiette. Le taux de l'IS peut ainsi être élevé mais s'appliquer à un bénéfice fiscalement imposable réduit grâce à différents dispositifs : régime favorable d'amortissements, large gamme de provisions, régime extensif de charges déductibles...

La France a choisi ce modèle et applique un taux plutôt élevé à une assiette étroite. Le rendement de l'IS y est beaucoup plus faible qu'ailleurs dans les pays développés, 2,5 % du PIB contre une moyenne de 2,9 %, selon l'OCDE. Le problème des entreprises françaises n'est pas le montant de leurs bénéfices mais le fait qu'elles préfèrent distribuer des dividendes plutôt que d'investir. Au deuxième trimestre de cette année, elles ont distribué à leurs actionnaires 35 milliards d'euros, un montant supérieur de 10 % à celui de l'année passée, performance que seuls les Pays-Bas et la Corée du Sud ont surpassée. Une étude rendue publique par l'AGEFI souligne qu'en quinze ans le volume des investissements relativement aux profits distribués a été divisé par deux. La cupidité des actionnaires l'emporte sur le devenir des firmes

Dans ces conditions, baisser l'IS est une erreur. C'est céder à la logique actionnariale. Il vaut mieux que l'argent demeure dans les caisses publiques plutôt que de gonfler la rémunération des financiers. Il faudrait en réalité un impôt sur les sociétés sélectif, favorisant le réinvestissement des bénéfices. Pourquoi pas un taux d'IS progressif qui soit plus faible lorsque l'entreprise fait un usage utile de ses ressources et qui soit plus élevé si elle spécule ou ne se préoccupe pas d'investir ?

(*) Économiste et syndicaliste.

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18 septembre 2016 7 18 /09 /septembre /2016 05:44
La terre appartient aux agriculteurs, pas aux spéculateurs

Gérard LE PUIL

L’HUMANITE DIMANCHE

Jeudi 1er septembre 2016

La construction de lotissements ou de vastes zones commerciales bétonnent, chaque année, 70 000 hectares de terres fertiles.

Alors que les moissons de cet été ont donné une récolte décevante en raison du climat, il n'est pas vain de méditer sur la nécessaire préservation des terres agricoles. Ce fut souvent le dernier souci des gouvernants, de bon nombre de parlementaires, de présidents de région, d'élus départementaux, voire de certains maires depuis des décennies. Il suffit de voir les lotissements pavillonnaires et les vastes zones commerciales à la sortie des villes pendant que crèvent les commerces du centre pour comprendre comment on a bétonné quelque 70 000 hectares de terres fertiles chaque année pour peu d'utilité. Cela revient à soustraire la superficie d'un département tous les sept ans à l'agriculture, au détriment des générations futures.

Nous entrons progressivement dans un monde de rareté. Nous devons aussi diviser par quatre la consommation d'énergies fossiles d'ici à 2050 pour freiner le réchauffement climatique. D'ici la fin du siècle en cours, les terres agricoles et les forêts redeviendront les principales richesses disponibles. D'ailleurs, les prix des terres et des forêts augmentent désormais plus vite que l'inflation en France. Toutefois, le prix moyen d'un hectare est de 6 000 euros chez nous, contre 7 700 en Pologne et 55 000 aux Pays-Bas.

Le prix, désormais, croît plus que l'inflation. Ici 6 000 euros à l'hectare agricole et 55 000 aux Pays-Bas !

Nous connaissons une pause relative de la tendance haussière du prix de la terre dans la mesure où les récoltes mondiales de produits agricoles de base comme les céréales, les oléagineux et le sucre ont dépassé la demande solvable ces trois dernières années. Mais, quand un risque de pénurie mondiale apparaîtra, suite à une ou deux mauvaises récoltes, on verra flamber les prix de la nourriture et des terres arables.

Il faudra bientôt nourrir 9 milliards d'humains. Il sera alors dangereux de laisser la terre aux mains des détenteurs de capitaux spéculatifs. Elle doit devenir un bien commun au même titre que l'eau et l'air. Encore faut-il décider sous quelle forme. La France devrait légiférer dans un premier temps pour que ses terres agricoles ne deviennent pas propriété d'investisseurs étrangers, comme cela s'est récemment passé dans le département de l'Indre où, via une prise de participation de 98 % dans une société créée à cet effet, plusieurs centaines d'hectares sont passées sous la coupe d'investisseurs chinois.

Nationaliser le foncier en spoliant des paysans qui ont besoin de compléter leur maigre retraite par le revenu du fermage de quelques hectares ne peut être envisagé. Mais, alors que le livret A ne rapporte plus que 0,75 % d'intérêt, il doit être possible de canaliser une partie de l'épargne populaire pour l'acquisition de terre par une banque publique. Cette maîtrise progressive du foncier permettrait aussi d'installer des jeunes paysans, de développer du maraîchage et des circuits courts de distribution pour les citadins. Des pratiques voisines ont déjà cours grâce aux activités de l'association Terre de liens. Le moment est venu d'aller plus loin dans cette voie.

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17 septembre 2016 6 17 /09 /septembre /2016 06:22
Un syndicaliste éborgné jeudi lors de la manifestation à Paris

16 SEPTEMBRE 2016 | PAR CHRISTOPHE GUEUGNEAU

Laurent, syndicaliste Sud Santé de 43 ans, a été touché jeudi 15 septembre par un projectile place de la République, à la fin de la manifestation parisienne contre la loi sur le travail. Pris en charge à l’hôpital Cochin, le chirurgien n’a pu sauver son œil. Son syndicat récolte les éléments, en vue de déposer plainte en début de semaine prochaine.

Les manifestations contre la loi sur le travail ont repris jeudi 15 septembre. Les violences policières aussi. Dans un communiqué diffusé à la suite du défilé parisien, la préfecture de police établit un sobre bilan : « 8 policiers et gendarmes ont été blessés dont 2 présentant des brûlures suite aux jets de cocktails Molotov. 4 manifestants ont été blessés. » Si le bilan des blessés parmi les forces de l’ordre est incontestable, celui des manifestants blessés laisse perplexe. Dès la fin de la manifestation, des « street medics » croisés place de la République parlaient déjà d’au moins une dizaine de blessés. Parmi ceux-ci, un homme avait dû être pris en charge sur le parcours, grièvement blessé à la tête.

Mais le cas le plus grave n’est intervenu qu’une fois le cortège arrivé place de la République. Laurent Theron, un syndicaliste de Sud Santé Sociaux de l’AP-HP, âgé de 43 ans et père de deux enfants, a été touché à l’œil par un projectile apparemment lancé par les forces de l’ordre. Opéré à l’hôpital Cochin, son œil n’a pu être sauvé.

Il est environ 16 h 45 jeudi. La tête de cortège est parvenue depuis environ 16 heures jusqu'à la place de la République, après avoir défilé depuis Bastille. Des groupes syndicaux arrivent encore. Des échanges de projectiles lancés par certains manifestants et de gaz lacrymogènes par la police ont lieu à quelques minutes d’intervalle, de façon sporadique, mais dans l’ensemble la situation est assez calme sur la place, qui baigne dans un léger nuage.

Laurent Theron se trouve derrière la rampe de skateboard, sur le terre-plein central. Il n’est pas cagoulé, n’a pas de casque, pas même de lunettes de plongée qui pourraient le protéger des gaz lacrymogènes. Il est seul et a même « les mains dans les poches », selon un témoin. Survient alors, selon la quinzaine de témoignages recueillis par le syndicat Solidaires, un mouvement de foule, suivi d’une charge de policiers en tenue. Des grenades lacrymogènes sont lancées. Selon quatre témoignages, il y a aussi au moins un tir de grenade de désencerclement. Selon un témoin qui se trouve à ce moment-là juste à côté du syndicaliste, une grenade de désencerclement est lancée en cloche sur ce groupe. Un autre témoignage fait état d’une explosion assourdissante. Un autre témoin placé un peu plus loin confirme un tir en cloche.

Laurent Theron est blessé à l’œil. Un manifestant présent à ses côtés est blessé à la jambe. Le syndicaliste est évacué de la place par deux CRS tout en étant pris en charge par des « street medics ». Un médecin qui a vu la scène arrive également. Il faudra cependant 55 minutes avant que Laurent Theron ne soit pris en charge par les pompiers, puis évacué vers l’hôpital Cochin. Selon Solidaires, des photographies récupérées par la suite montrent une mare de sang dans laquelle se trouve une goupille, ce qui attesterait d’un lancer de grenade de désencerclement.

Introduite en 2004, cette grenade émet 160 décibels, et propulse des projectiles en caoutchouc – 18 au total – alentour, mais aussi les débris parfois coupants et plus ou moins gros de son emballage. Fabriquée notamment par la société SAPL, sous la dénomination commerciale DBD 95 (pour « dispositif balistique de dispersion », on l’appelle aussi « dispositif manuel de protection », DMP), elle a été conservée dans l’arsenal des forces de l’ordre malgré des incidents mentionnés en novembre 2014 dans le rapport d’inspection sur « l’emploi des munitions en opérations de maintien de l’ordre ».

Dans un communiqué diffusé vendredi après-midi, Solidaires dénonce « avec force l'usage disproportionné des grenades de désencerclement, lacrymogènes et des tirs de flash ball qui ont fait des centaines de blessé-e-s, parfois très graves ». « Plus largement, l’Union syndicale Solidaires, avec la CGT, la FSU, le SAF, la LDH, la FIDL et l’UNL, demande l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les choix opérés par le ministère de l’Intérieur depuis le début de la mobilisation contre la “loi travail” et que les responsables de la mutilation de Laurent Théron répondent de leurs actes », conclut le communiqué.

Un appel à témoignages a également été lancé via l’adresse mail temoignage-repu@laposte.net.

Transporté à l’hôpital Cochin, Laurent Theron a été opéré mais son œil n’a pu être sauvé, nous confirme un proche. « Le chirurgien n’a pas pu déterminer avec certitude la nature de l’impact », précise ce proche. Selon Éric Beynel, porte-parole de l’Union syndicale Solidaires, le chirurgien a tout de même estimé qu’il pouvait bien s’agir d’un« élément de grenade ».

Solidaires est à présent en train de préparer un dossier en vue de déposer une plainte à l’IGPN, la police des polices, sans doute en début de semaine prochaine.

Si la piste d’une grenade de désencerclement se confirme, ce sera la seconde fois que l’usage de cette arme fait un blessé grave lors d’une manifestation parisienne. Le 26 mai dernier, une grenade lancée devant une foule pourtant calme près du cours de Vincennes, à Paris, à l’issue d’une manifestation, avait touché à la tête Romain D., un jeune homme de 28 ans (lire notre article). Lors de ce précédent, la grenade avait été lancée « de manière conventionnelle », en la faisant rouler sur le sol. Il semblerait que ce ne soit pas le cas pour Laurent Theron jeudi.

La veille de la manifestation, un collectif rendait par ailleurs publique une série de témoignages de violences policières qui ont fait l’objet, pendant l’été, d’une saisine du Défenseur des droits – nous y reviendrons ces prochains jours. Depuis le début des manifestations contre la loi sur le travail, de nombreux manifestants ont été blessés, et pas seulement à Paris. Mediapart avait publié une page entière d'extraits vidéo de ces violences fin mai (à voir ici). Le site Buzzfeed News a pour sa part recensé certaines de ces violences dans un tableau régulièrement mis à jour (à voir ici). Selon le site, « le ministère de l’intérieur déclare qu’il y a actuellement 92 enquêtes judiciaires en cours et 7 enquêtes administratives ». Le site précise que le ministère lui a assuré qu’aucune sanction n’a encore été prise « puisque les enquêtes sont en cours ».

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