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4 septembre 2020 5 04 /09 /septembre /2020 05:25

 

L’exécutif détaille ce jeudi matin son plan de 100 milliards d’euros. Emmanuel Macron et Jean Castex préparent aussi plusieurs réformes afin d’enterrer définitivement le monde d’après dès cet automne.

La présentation du plan de relance du gouvernement, sur RTL, marque une rentrée politique décidément très à droite pour la Macronie. Loin de relever les défis posés par le Covid, en s’attaquant à toutes les injustices mises en lumière, l’Élysée cherche à enterrer le monde d’après pour imposer des réformes qui risquent d’aggraver la crise.

Au moins, le gouvernement n’avance pas masqué : « C’est un plan de relance de l’offre et de l’investissement », a annoncé Jean Castex, lors des universités d’été du Medef. Sans surprise, le plan de relance sera donc de droite, en grande partie dirigé en faveur des grands patrons et des actionnaires. L’exécutif privilégie les cadeaux au capital au détriment des travailleurs et des ménages, au motif que leurs revenus auraient déjà été « préservés ». Le premier ministre fait ainsi fi des grandes inégalités économiques et sociales exacerbées par la crise sanitaire et de l’occasion historique de relancer l’économie à partir de la réponse aux besoins des populations et de la répartition des richesses créées.

 

Un plan de relance pro-CAC 40

Sur les 100 milliards d’euros mis sur la table, un tiers de la somme sera même consacré à la « compétitivité ». Comprendre, la baisse de la fiscalité des entreprises, qui n’auront à souffrir d’aucune conditionnalité sociale ou environnementale en contrepartie. Le tout après avoir déjà bénéficié de plus de 100 milliards liés au Cice sans pour autant créer le million d’emplois promis alors par Pierre Gattaz, ex-patron du Medef. Ces pertes de recettes massives pour l’État annoncent déjà la rigueur budgétaire à venir : le déficit devra « retrouver son niveau de fin 2019 d’ici à la fin du quinquennat », affirme Jean Castex. Les services publics, pourtant si utiles et d’autant plus en temps de crise, sont déjà dans le viseur.

Au plus fort de la crise, Emmanuel Macron n’avait plus assez de mots pour louer le travail indispensable des « métiers essentiels » : caissières, éboueurs, manutentionnaires, professeurs, chauffeurs livreurs… Ces femmes et ces hommes « que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ». Si, à l’issue des négociations du Ségur de la santé, les personnels soignants, en première ligne pendant la crise, ont obtenu des revalorisations salariales qu’ils estiment d’ailleurs insuffisantes, les salariés de la deuxième ligne attendent toujours des actes. Mi-mai, Muriel Pénicaud, alors ministre du Travail, avait assuré que les branches professionnelles seraient convoquées afin de prendre en compte ces métiers « qui ont besoin d’être valorisés ». En septembre, toujours rien. Pis, ceux qui étaient aux avant-postes pendant le confinement, souvent précaires, vont recevoir en guise de récompense deux réformes particulièrement nocives que le gouvernement ne veut pas abandonner malgré les larges oppositions. Celle de l’assurance-chômage, dont certaines mesures sont reportées à 2021, et celle des retraites promise « avant la fin du quinquennat » par Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État en charge du dossier.

 

 

La grande diversion sur l’insécurité

La crise du Covid a mis en lumière toute la nocivité des choix politiques pris par Emmanuel Macron depuis son élection. Comment faire diversion, tout en préparant au passage le terrain pour 2022 ? En multipliant les déclarations sur l’insécurité et en promettant une loi contre les « séparatismes » pour la rentrée, comme le fait le premier ministre, Jean Castex. Son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, va encore plus loin, multipliant quotidiennement les provocations. Loin de porter jusqu’à présent des mesures concrètes pour lutter contre les incivilités et l’insécurité, il s’attelle méthodiquement à instiller un climat d’insécurité pour détourner les esprits du monde d’après à bâtir. Celui qui parle d’ « ensauvagement » de la société malgré des statistiques stables assène également qu’ « avoir le droit d’asile ne créer par le droit de mettre le bordel », dans le plus pur style sarkozyste. Si le droit à la sécurité doit bien sûr être garanti à tous, les coups de menton de l’exécutif visent surtout à masquer un « séparatisme » qu’il organise lui-même : celui des plus riches d’avec les pauvres.

 

Des territoires mis en concurrence

Dans les discours, Emmanuel Macron et son premier ministre, Jean Castex, ne cessent de louer les territoires. À les entendre, ils souhaiteraient confier un rôle toujours plus important aux maires, aux départements et aux régions pour relever la longue liste des défis posés par le Covid. Celui du respect des règles sanitaires, bien sûr, mais aussi celui de l’amortisseur social, de la relance économique et du débat citoyen. Problème : la loi 3D que concocte l’exécutif est une bombe à retardement pour les collectivités locales. Derrière son surnom se décline une volonté de « décentralisation, déconcentration et différenciation ». Officiellement, l’objectif serait de « faire confiance au terrain », mais la réalité du projet est tout autre.

Le gouvernement veut poursuivre à tout prix la mise en concurrence des territoires, qui donc fera des gagnants et des perdants, en les montant les uns contre les autres sur le terrain économique. Il souhaite aussi faire voler en éclats le principe d’unicité de la République en permettant de « différencier » les lois selon les territoires, au risque de rompre avec la promesse d’égalité. De quoi renforcer les conséquences négatives du Covid plutôt que d’y remédier. Enfin, le projet suscite l’ire des représentants des associations d’élus locaux, qui le trouvent trop « technique » et sans garantie de pouvoirs et moyens suffisants.

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4 septembre 2020 5 04 /09 /septembre /2020 05:24

 

Alors que le gouvernement tente de survendre le « Plan de relance » qui sera publié demain, il n’est pas inutile de rappeler ce que le futur président Macron vint dire aux salariés de Whirlpool entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2017. D’autant que le quotidien « Les Échos », plutôt pro-Macron, vient de publier un article qui retrace les étapes du fiasco de la réindustrialisassions du site d’Amiens promise par le candidat Macron et totalement oubliée après son accession à l’Élysée.

Tandis que le « Plan de relance » du gouvernement prévoit d’évoquer certaines relocalisations de productions industrielles, il n’est pas inutile de revenir de sur ce que fut la première promesse non tenue d’Emmanuel Macron concernant l’emploi en France. Courant derrière Marine Le Pen entre les deux tours de l’élection présidentielle, il s’était rendu auprès des salariés de Whirlpool qui luttaient contre la fermeture du site d’Amiens, alors que la firme américaine délocalisait la production de ses lave-linge en Pologne. Fidèle à ses convictions d’ancien banquier et d’ancien ministre de l’Économie favorable aux décisions patronales, Emmanuel Macron déclara ce jour-là aux salariés en lutte : « Je ne suis pas en train de vous dire que je vais sauver vos emplois, parce que personne ne peut le faire dignement ». Évoquant la décision du groupe américain, il s’était contenté d’ajouter : « Ils ont une responsabilité compte tenu des dividendes qu’ils ont versés ».

Le quotidien « Les Échos » n’est pas du genre à cogner sur le patronat. Néanmoins, dans l’édition datée du 27 août dernier, Guillaume Roussange, correspondant de ce journal à Amiens, retrace, en page 20, ce que fut le fiasco de la réindustrialisation du site que promettait Emmanuel Macron. Notre confrère commence par rappeler que l’annonce de la fermeture datait de l’hiver 2017 et que les dirigeants de la firme justifiaient « la fermeture de l’unité amiénoise par des prix français de fabrication supérieurs de 7,5 % par rapport à la Pologne ». Un tel chiffre n’a rien de surprenant quand on sait que les salaires en Pologne sont trois fois plus bas qu’en France en moyenne. Mais, la Pologne étant membre de l’Union européenne, ses produits entrent en France sans le moindre droit à verser aux douanes.

 

Le fiasco du président du MEDEF de la Somme

Guillaume Roussange rappelait aussi que Whirlpool, en rachetant un peu plus tôt l’entreprise italienne Indesit, s’était retrouvé avec plusieurs sites en doublon. Dans un premier temps, trouver un repreneur pour le site d’Amiens s’avéra difficile. Dans un second temps, Nicolas Decayeux, président du MEDEF dans la Somme et producteur de boîtes aux lettres, s’engagea sur les 55,000 m2 libérés par Whirlpool afin d’y produire « des casiers connectés réfrigérés » pour le commerce de produits alimentaires commandés sur internet et livrés par de nouveaux esclaves. S’y ajoutaient une possible production de véhicules électrique et d’autres activités, dans le cadre d’un projet d’entreprise baptisé « XN », le tout devant permettre d’embaucher à terme 277 personnes.

Le correspondant des Échos indique qu’une centaine de personnes furent embauchées dans un premier temps avant de poursuivre en ces termes : « Las ! C’est déjà trop pour une activité dont la feuille de route semble de plus en plus confuse, et dont le carnet de commandes semble désespérément vide. Rapidement, les salariés donnent l’alerte sur l’inactivité patente de WN. La préfète de la Somme commande un audit indépendant qui révèle « l’impasse financière » de l’entreprise et recommande qu’elle se place sous la protection du tribunal de commerce ».

Ce projet avait obtenu 12 millions d’euros de fonds publics et privés. Mais il n’a finalement débouché sur rien. Pourtant, que ce soit Emmanuel Macron à l’Élysée, Édouard Philippe à Matignon, Bruno Le Maire à Bercy avec Gérald Darmanin en charge des comptes publics, ou encore Muriel Pénicaud au ministère du Travail, on ne trouve aucune trace d’intervention de ces cinq personnalités afin que soit tenue la promesse faite aux salariés de Whirlpool par Emmanuel Macron. Il leur avait pourtant dit : « Je serai là pour protéger un plan social qui défend vos intérêts ».

 

La « Révolution » vue par le candidat de patrons

Faut-il s’en étonner ? Non si on relit le livre programme publié en 2016 par Emmanuel Macron sous le titre « Révolution » (1). On peut y lire en pages 86 et 87 ces quelques phrases révélatrices de ses choix : « Nous devons apprendre à célébrer et à consacrer ceux qui réussissent dans tous les domaines (…) Pour que cet entreprenariat réussisse et se développe en France, je souhaite deux choses simples. D’abord une fiscalité qui récompense la prise de risques, l’enrichissement par le talent, le travail et l’innovation plutôt que la rente et l’investissement immobilier. Notre fiscalité, et j’inclus ici l’actuel impôt sur la fortune, ne dois plus pénaliser ceux qui réussissent de leur vivant et investissent dans les entreprises et dans l’innovation ».

Avant même l’élection d’Emmanuel Macron à l’Élysée, les dirigeants de Whirlpool appliquaient ses préconisations comme l’ont montré les « Paradise Papers », en révélant une note du cabinet de conseil Backer-McKenzie fournissant aux dirigeants de la firme ces éléments de langage : « En tant que compagnie cotée en Bourse nous avons la responsabilité envers nos actionnaires de gérer au mieux nos opérations mondiales et de fournir du retour sur investissement. Ce sont des activités d’optimisation fiscales et financières normale ».

Voilà une stratégie patronale qui cadre bien avec cette partie du texte citée plus haut et tirée du livre d’Emmanuel Macron. Là encore, faut-il s’en étonner ? Non, quand on se souvient que cet homme fut chargé de négocier des fusions acquisitions entre grandes firmes à la Banque Rothschild après avoir pris la lumière quand il rédigea le rapport de la Commission Attali demandé par Nicolas Sarkozy en 2007. À partir des préconisations de ce rapport, la droite vota en 2008 une loi qui permet toujours à la grande distribution de piller les paysans.

 

Un « pognon de dingue » empoché chez Rothschild

Chez Rothschild, en 2011, avant de devenir le conseiller économique de François Hollande à l’Élysée à partir du printemps 2012, Emmanuel Macron empocha un salaire annuel de 403 600 € auquel s’ajoutèrent 706 300 € de « bénéfices industriels et commerciaux » et encore 291 300 € provenant de « parts de dividendes dans les sociétés du groupe Rothschild ». Ainsi, sur une rémunération totale de 1,4 million d’euros perçus par Macron chez Rothschild en 2011, quelque 997 600 € provenaient d’une « fiscalité qui encourage la prise de risque », au détriment des salariés qui perdent leur emploi ; condition pour parvenir à « l’enrichissement par le talent » des patrons et de leurs serviteurs zélés comme le fut Macron chez Rothschild ! Devenu président de la République, il dénoncera en juin 2018 le « pognon de dingue » consacré aux minima sociaux dans un pays miné par le chômage et la précarité de l’emploi, une situation qui dure depuis et dont on a de bonnes raisons de redouter une forte dégradation dans les prochains mois.

Car, en dépit du « Plan de relance » annoncé demain, voire à cause de lui, on imagine que beaucoup de grands patrons et leurs proches collaborateurs seront tentés de profiter de la conjoncture incertaine pour mettre faire leurs préconisations rédigées en 2016 par Macron dans son livre programme. Sauf qu’il n’avait rien d’une révolution !

Gérard Le Puill

(1) Révolution, d’Emmanuel Macron, XO éditions

 

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3 septembre 2020 4 03 /09 /septembre /2020 08:01

 

Depuis des mois nous savons que la rentrée 2020 ne sera pas une rentrée comme les autres. D’abord parce que le virus circule toujours, et qu’il faut assurer la sécurité sanitaire des enfants, des personnels et de leurs familles ; ensuite parce que les élèves ont été privés d’école pendant près de six mois, et que cette interruption les a éloignés de la culture et des habitudes scolaires, tout en accroissant les inégalités. Pourtant, rien n’a été fait pour répondre à ce double défi.

 

 

Le ministre annonce une rentrée « comme les autres » : il préfère ignorer les difficultés plutôt que de donner au service public d’éducation nationale les moyens de les surmonter. C’est irresponsable !

L’impréparation de cette rentrée pousse les familles qui ont le choix vers l’enseignement privé, tandis que le risque de déscolarisation des élèves les plus éloignés de l’école est réel. Le service public d’éducation nationale risque de devenir un service minimal pour ceux qui n’ont pas d’autre choix. C’est la stratégie du choc : le gouvernement prend prétexte de la crise sanitaire pour en finir avec l’ambition d’une école commune à toutes les classes sociales.

Que se passera-t-il dans quelques jours, dans quelques semaines, quand des élèves tomberont malades ? Le ministère s’en lave les mains : aux collectivités locales de décider quand et comment fermer les établissements et d’organiser l’accueil des enfants, aux familles de s’organiser si elles comptent des personnes vulnérables. Le virus sert de prétexte pour en finir avec le cadre national du service public d’éducation : à chaque commune son école ! Dans tel département, les masques seront gratuits, dans le département voisin, les familles des collégiens et des lycéens devront les payer. Les collectivités locales sont mises dans une situation impossible : comment répondre aux attentes légitimes des populations et assurer la sécurité des enfants, sans moyens supplémentaires ? Comment pallier la défaillance de l’État sans faire le jeu de la dénationalisation de l’éducation ?

Pour défendre et renforcer l’école commune, cette rentrée doit être une rentrée de luttes. Face à la crise, l’éducation a besoin d’un plan d’urgence.

L’État doit prendre ses responsabilités : les conditions de l’enseignement doivent être définies et financées nationalement ; la gratuité des masques doit être garantie et un fonds national doit être mis en place pour aider les collectivités locales à faire face aux dépenses nouvelles occasionnées par la crise.

Les programmes scolaires doivent être aménagés pour tenir compte de l’interruption scolaire et permettre un rattrapage progressif. Quand M. Blanquer affirme que le retard sera rattrapé en un trimestre, il se moque du monde ! Élèves et enseignants ont besoin de temps. Cela fait des années que les réformes successives réduisent le temps dédié aux apprentissages. Aujourd’hui il est évident que profs et élèves ont besoin de plus de temps, qu’il faut revenir sur ces réformes et augmenter le temps scolaire.

Pour assurer la sécurité des élèves et pour permettre à toutes et tous de rattraper le retard pris ces derniers mois, les effectifs doivent être réduits. Il faut donc recruter d’urgence des personnels nouveaux : plus d’enseignants, de personnels éducatifs, mais aussi administratifs et techniques, de personnels de santé pour reconstruire une médecine scolaire... Commençons par recruter l’ensemble des admissibles au concours et par titulariser les contractuels, tout en développant la formation continue. Ces recrutements d’urgence doivent s’inscrire dans un plan pluriannuel, appuyé sur une revalorisation des salaires.

Dès maintenant, nous revendiquons le recrutement de milliers de jeunes sous le statut de MISE pour soutenir les enseignants et accompagner les élèves.

La crise révèle à quel point les politiques libérales imposées ces dernières années ont affaibli le service public d’éducation nationale. Au-delà de mesures d’urgence, c’est d’un changement radical de politique dont notre école a besoin. Il faut en finir avec les logiques d’individualisation et de sélection pour construire une école véritablement commune, dans laquelle tous les enfants pourront s’approprier des savoirs complexes et construire une culture commune. C’est pourquoi nous appelons à un moratoire sur l’ensemble des réformes en cours et à l’ouverture d’un grand débat national sur l’école dont nous avons besoin. Dans les salles des maîtres, dans les préaux, dans nos villages et dans nos cités, il est temps de reprendre la main sur l’avenir de l’éducation et de dessiner ensemble le projet d’une école véritablement commune, qui donnera aux citoyennes et aux citoyens de demain les moyens de maîtriser leur avenir. 

Marine Roussillon, membre du CEN, responsable du collectif Révolution de la connaissance, éducation, enseignement supérieur et recherche.

 

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3 septembre 2020 4 03 /09 /septembre /2020 07:58

 

Les données françaises de santé, qu’elles proviennent de la Sécurité sociale, du système hospitalier ou du fichier des causes médicales des décès, sont pour l’instant utilisées essentiellement à des fins administratives ou budgétaires. Mais comme le montre déjà certaines expérimentations et recherches, leurs exploitations informatiques généralisées à des fins médicales pourraient amener d’importants progrès thérapeutiques.

 

 

Cependant ce trésor national de données, quasi unique au monde pour leur qualité, excite bien des convoitises de la part de l’industrie pharmaceutique mais aussi des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), des assurances, des banques, et voire des directions des ressources humaines.

Suite aux préconisations du rapport Villani sur l’intelligence artificielle et son corolaire le « big data » (1), la loi de juillet 2019 relative à la transformation du système de santé incluait la création d’une « plateforme de données de santé » rassemblant l’ensemble de celles-ci à partir du « Système national des données de santé » créé par la loi de janvier 2016. Il s’agit des informations de santé des 67 millions de Français incluant entre autres les données cliniques recueillies par les soignants, les pharmaciens, les centres hospitaliers : dates d’entrée et de sortie, diagnostic, traitements administrés, résultats d’examens complémentaires, comptes rendus médicaux, génomique et imagerie médicale,…

Outre un débat réel questionnant la nécessité et le danger de regrouper toutes les données de santé sur une plateforme unique, la constitution de cette plateforme aurait pu être l’occasion d’une coopération fructueuse et d’avenir entre soignants, informaticiens, chercheurs des différentes institutions de santé publique, entreprises (2) et organismes (3) de recherche français travaillant dans les domaines de l’intelligence artificielle, du « Cloud » (4), de la sécurité informatique et des supercalculateurs, avec bien sûr le contrôle de la CNIL (5) et de l’ANSSI (6). On aurait pu, par exemple, s’appuyer sur des plateformes existantes comme Teralab, développée au sein d’un institut de recherche de Mines Télécom, qui peut stocker et analyser de très grandes quantités de données. Ses machines sont à Douai et fonctionnent grâce à des logiciels libres, l’équipe technique est à Rennes et le reste à Paris et elle héberge déjà des données de santé.

Malheureusement, à partir de la loi de juillet 2019, c’est tout le contraire d’une telle démarche qui se mit en place sous la houlette de Cédric O, sous-ministre au numérique et obscur petit marquis de la macronie. La plateforme fut baptisée « Health Data Hub » : tout un programme en soi. Un consortium public-privé nageant dans le conflit d’intérêts fut institué afin de mettre en œuvre la plateforme et proposer les prestataires « techniques » pour la réaliser et l’héberger. Ainsi, le principal architecte du « Health Data Hub », le haut fonctionnaire Jean-Aubert (7), vient de rejoindre la société étatsunienne Iqvia qui est le plus gros marchand de données de santé du monde.

Malgré les très fortes réserves de la CNIL et de l’ANSSI, et en dehors de tout appel d’offre propre à tout marché public, Cédric O a imposé Microsoft comme maître-d’œuvre de la plateforme des données de santé de 67 millions de Français, c’est-à-dire l’hébergement mais aussi les outils logiciels d’analyse et de traitement des données.

Interpellé par le Sénat sur ce choix de confier les données de santé des Français à Microsoft, Cédric O osait se justifier ainsi : « Nous avions le choix entre prendre une solution française, et l’évaluation technique était très claire, qui ne nous permettait pas, et je le regrette, de faire les recherches scientifiques que nous souhaitions faire sur les données de santé (…) Étant donné le retard européen dans le Cloud, nous n’avions pas la possibilité de faire tourner des algorithmes d’intelligence artificielle aussi développés sur une infrastructure française que sur une infrastructure américaine. »

À cet énorme mensonge de Cédric O, la société française « OVH », spécialisée en Cloud et concurrente en la matière de Microsoft, répliquait par la voix de son créateur Octave Klaba : « Comment dire qu’on est « pas capable » alors qu’il n’y a toujours aucun cahier de charge ? Vous avez fini par décrire ce dont vous avez besoin ? [... ] Pas de cahier de charge. Pas d’appel d’offres. Le POC (8) avec Microsoft qui se transforme en solution imposée. Tout ceci à la limite je m’en fous. Mais de là à dire que l’écosystème qu’on représente est incapable de proposer mieux et moins cher, c’est non ! »

Pour défendre sa décision, Cédric O argue que les données seront anonymisées, chiffrées et stockées sur les centres de données de Microsoft en Hollande, donc en théorie sous le régime du règlement européen de protection des données. Il s’agit d’un triple mensonge.

En effet, les données ne seront pas anonymisées mais pseudonymisées, c’est-à-dire qu’on remplace les nom, prénom, numéro de sécurité sociale… d’une personne par un identifiant verrouillé par une clé de cryptage. Or, une étude de l’université de Louvain et de l’Impérial Collège de Londres a montré que sur les données de santé pseudonymisées des États-Unis, il suffisait d’accéder à trois variables pour ré-identifier 83 % des personnes. Le chiffrage des données n’offre aucune garantie de sécurité par rapport à Microsoft car cette entreprise ne se contente pas d’héberger les données, elle en assure l’analyse et le traitement et à donc accès aux clefs de déchiffrement comme l’a révélé l’analyse du Conseil d’État (9). Enfin l’hébergement aux Pays-Bas ne garantit rien car Microsoft étant une société américaine, elle est soumise au Cloud Act des États-Unis qui permet aux autorités des États-Unis d’accéder aux données gérées par une entreprise sur le territoire américain comme à l’étranger en vertu de l’extra-territorialité de la loi américaine. Notons de plus que la Cour de justice de l’Union européenne a annulé le 16 juillet l’accord de protection juridique des transferts de données personnelles entre les États-Unis et l’Europe.

Poursuivant sa fuite en avant au bénéfice de l’entreprise de Seattle, et passant une nouvelle fois outre l’avis de la CNIL, Cédric O, avec son complice Olivier Véran, a profité du régime d’état d’urgence sanitaire en mai pour faire transférer les données du nouveau fichier relatif aux individus infectés par la Covid-19 à Microsoft sans le consentement des personnes concernées.

Cette forfaiture au profit de Microsoft montre le peu de crédit que l’on peut accorder à la communication de Macron et de son gouvernement sur une relocalisation des productions stratégiques de santé. La réalité est loin de la fiction du discours macronien : On paye avec l’argent public le M de GAFAM pour exploiter les données de santé de notre pays.

Heureusement la résistance s’organise, plusieurs associations de soignants, d’informaticiens, de chercheurs, de partisans du logiciel comme InterHop (10), des syndicats s’opposent à cette trahison du gouvernement et proposent des alternatives. Pour sa part, le PCF soutient toutes ces actions et considère qu’un grand service public des données de santé associant expertises des soignants, organismes de recherche public et entreprises nationales, assis sur une renaissance industrielle de notre pays, est nécessaire et qu’il participerait à la construction d’une souveraineté numérique de la France dans le cadre de coopérations européennes et internationales. µ

Yann Le Pollotec, responsable de la commission Révolution numérique du PCF.

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1. En effet le fonctionnement d’un algorithme d’intelligence artificielle nécessite de gigantesques jeux de données et inversement les masses de données que constitue le big data impliquent pour être exploitées des algorithmes d’intelligence artificielle.

2. OVH, Dassault système, Atos…

3. L'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) par exemple.

4. Un serveur Cloud, ou serveur nuage en français, est une infrastructure informatique physique ou virtuelle puissante en réseau qui mutualise des capacités de calcul et de stockage et qui exécute des applications et stocke des données.

5. Commission nationale informatique et liberté.

6. Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.

7. https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/12/24/donnees-de-sante-conflit-d-interets-au-c-ur-de-la-nouvelle-plate-forme_6023918_3244.html

8. POC : La preuve de concept (proof of concept) désigne le fait d'avoir des preuves tangibles qu'un produit ou service potentiel peut fonctionner.

9. https://www.conseil-etat.fr/ressources/decisions-contentieuses/dernieres-decisions-importantes/conseil-d-etat-19-juin-2020-plateforme-health-data-hub

10. https://interhop.org/nous/

 

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 07:41

 

Élèves et enseignants se retrouvent ce mardi matin avec pour premier défi de rattraper les dégâts du confinement. Une situation exceptionnelle, dont le ministre n’a pas pris la mesure, en termes de moyens comme en termes pédagogiques.

Une « rentrée normale », dans une école qui est « prête » et qui doit « maintenir le cap des réformes » : tout va bien pour Jean-Michel Blanquer. Comme si rien ne s’était passé entre le 13 mars et aujourd’hui. Comme si, surtout, l’immobilisme et l’impréparation qu’il a soigneusement organisés allaient permettre à 12 millions d’élèves et 1,2 million de personnels de relever le défi de cette rentrée semblable à aucune autre. Décryptage.

 

1 Covid : le protocole impossible

Le protocole sanitaire mis à jour le 19 août et assorti depuis de fiches thématiques pour les cantines, le sport ou les récréations réussit un tour de force : être jugé à la fois peu protecteur et inapplicable. Distanciation physique, limitation du « brassage » des élèves, nettoyage et désinfection systématiques… deviennent facultatifs. De toute façon, assurait Jean-Michel Blanquer le 25 août, dans le secondaire, « normalement, les emplois du temps sont conçus pour limiter les croisements d’élèves ». Surréaliste, d’autant que la réforme du lycée voulue par le ministre oblige chaque élève à croiser en quelques jours la totalité des autres élèves du même niveau !

Le port du masque devient obligatoire pour tous les adultes et pour les élèves à partir de 11 ans. Obligatoire mais pas gratuit, ce qui posera problème aux familles les plus fragiles sur le plan économique. Le lavage des mains reste obligatoire… et tout aussi impraticable, quand environ 25 % des écoles ne disposent toujours pas de lavabos en nombre suffisant. Les fiches thématiques sont à l’inverse constituées de préconisations assez fortes : retour au non-brassage des élèves à la cantine et pendant les récrés, où la distanciation doit être « recherchée », respect de la distanciation – sans masque – pendant le sport… Mais, comme il s’agit de recommandations, non d’obligations, et comme elles sont quasi impossibles à mettre en pratique, elles apparaissent pour ce qu’elles sont : un moyen pour le ministre de rejeter les responsabilités sur les directions des établissements et les collectivités locales, en cas de contamination.

 

2 Rattraper le temps perdu

Pour les élèves, l’école s’est, en pratique, arrêtée le 13 mars. Les efforts des équipes pédagogiques pour maintenir le contact avec les élèves, les dispositifs numériques… tout cela n’a permis au mieux que de consolider des acquis. Les programmes n’ont pas été bouclés. Le bon sens (et les organisations syndicales) demandait que ces derniers puissent être lissés sur deux, voire trois années, afin de ne pas transformer l’année 2020-2021 en un impossible marathon couru au sprint. Refus du ministre : il ne faut pas « édulcorer les contenus » afin de permettre une « élévation du niveau général ».

Au lycée, où les programmes sont ressortis alourdis de la réforme, l’opération risque de tourner à la boucherie pédagogique avec, en pratique, quelques semaines pour remettre tout le monde à peu près à niveau avant de se préparer aux premiers examens de contrôle continu, en janvier. Mais, pour le ministre, tout est prévu : les « vacances apprenantes », les évaluations standardisées imposées dès le 14 septembre, alors que de nombreux professeurs dénoncent leur inutilité, le dispositif – volontaire – « devoirs faits » : l’existant y pourvoira. Pas d’embauches, ni de locaux supplémentaires pour permettre un travail qualitatif en petits groupes de niveau. « Accueillez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », pourrait-on résumer, parodiant l’appel au massacre des hérétiques lancé par le légat du pape devant Béziers en 1209…

 

3 Collèges, lycées : les sacrifiés

Quand l’Italie recrute 50 000 encadrants supplémentaires avant cette rentrée exceptionnelle, Jean-Michel Blanquer se rengorge des moins de 1 300 postes offerts à l’école primaire, prioritaire, et du quasi-moratoire sur les fermetures de classes en milieu rural. Mais passe sous silence le fait que, dans les collèges et lycées, qui s’apprêtent à accueillir entre 18 000 et 20 000 élèves de plus, ce sont, selon le Snes-FSU (premier syndicat du secondaire), 440 postes en moins qui sont prévus.

Le ministre sort alors de sa manche 1,5 million d’heures supplémentaires, censées permettre d’absorber le choc et de déployer le fameux dispositif « devoirs faits ». Sauf que, l’an dernier, seulement un tiers des heures supplémentaires déjà budgétées ont pu être utilisées, faute de professeurs pour les endosser. Une situation qui rend d’autant plus incompréhensible le choix de n’embaucher que 4 000 des 8 000 candidats admissibles aux concours internes du professorat, les 4 000 refusés étant déjà des enseignants expérimentés et employables, dont les établissements auraient le plus grand besoin. Et comme il n’est décidément pas à une incohérence près, le ministre assure que les personnels malades – qui risquent fort d’être plus nombreux qu’en temps normal – seront bien remplacés.

 

4 Le risque d’une « vente à la découpe »

« Nous allons maintenir le cap des réformes. » C’est bien là l’essentiel aux yeux de Jean-Michel Blanquer, ministre en mission. Celle des bacs – général comme professionnel – continuera donc son chemin ; les dédoublements en CP, CE1 et à présent en maternelle pour les grandes sections de l’éducation prioritaire, resteront l’alpha et l’oméga de sa politique en primaire, fût-ce au détriment des autres classes.

Mais, tout indique que le ministre a, avec un bel opportunisme, utilisé la crise sanitaire pour avancer d’autres pions. La place du numérique, par exemple : en dépit du constat général que, faute d’un accès égal de tous, le « distanciel » creuse les inégalités sociales devant l’éducation, Jean-Michel Blanquer compte bien faire des États généraux du numérique une occasion d’ancrer ces outils à l’école, confiant ainsi tout un pan des missions de l’éducation nationale aux entreprises, privées, de l’EdTech.

Pas besoin non plus d’être médium pour comprendre que, derrière le dispositif « 2S2C » (Sport, santé, culture, civisme), il s’agit de sortir des disciplines comme le sport, la musique ou les arts plastiques du périmètre de l’école (mais, à terme, sur le temps scolaire) pour les confier aux collectivités locales. Avec, là encore, l’assurance d’un accès inégal selon les choix et les moyens de celles-ci. Ce que le coprésident de la FCPE (première fédération de parents d’élèves), Rodrigo Arenas, a qualifié récemment de « vente à la découpe » de l’école publique. Personne, jusqu’ici, n’a osé le contredire.

Olivier Chartrain

______________________________________________________________

 

L’arlésienne de la revalorisation des profs

Les profs sont « désabusés ». Voilà comment Frédérique Rolet, porte-parole du Snes-FSU, qualifie l’état d’esprit du corps enseignant. 10 milliards d’euros, puis 500 millions, puis 400 millions : l’enveloppe qui devait être consacrée à la revalorisation du métier rétrécit sans cesse. La « prime d’équipement » informatique reste dans le flou. Comme celle promise aux directeurs. Et tout cela conditionné à une « transformation profonde » du métier, à travers un « Grenelle des professeurs » annoncé par un ministre qui devrait prendre garde, quand même, que ces désillusions enchaînées ne finissent par déchaîner la colère.

 

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2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 07:37

 

Une fois de plus, le journal Valeurs Actuelles connu pour sa ligne éditoriale raciste, xénophobe, romophobe et islamophobe fait scandale. L'unanimité, ou presque de la réprobation est porteuse d'espoir pour le mieux vivre ensemble demain. Le directeur de la publication doit désormais rendre des comptes car un tel acte tombe sous le coup de la Loi Gayssot contre le racisme. L'Etat devrait se porter partie civile et déposer plainte plutôt que de labourer le terrain de l'extrême droite avec son projet de loi contre les séparatismes.

 

 

Car ce  journal d'extrême droite est un habitué du genre, connu  aussi pour ses unes nauséabondes sur des femmes politiques comme Christiane Taubira, Najet Belkacem, a franchi un nouveau pas dans l'abject : sous prétexte d'une fiction,  la député insoumise Danielle Obono, enchaînée comme une esclave, expérimente la responsabilité des africains dans les horreurs de l'esclavage avant d'être sauvée par un religieux catholique blanc : cette fiction humiliante et dégradante pour une élue de la république vise, de surcroît, à atténuer la responsabilité des états occidentaux dans l'organisation de la traite négrière alors que c'est le commerce triangulaire reconnu comme crime contre l'humanité qui leur a permis d'assoir leur domination sur le monde en enfermant l'Afrique dans le sous-développement.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête contre le journal pour injures à caractère raciste et c’est une bonne chose ! Contre le racisme il ne faut jamais baisser la garde. Le PCF réaffirme un soutien inconditionnel à Danielle Obono et entend participer aux manifestations de protestation et de solidarité qui pourraient être initiées.

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31 août 2020 1 31 /08 /août /2020 05:24
Photo Fabienne Lefebvre

Photo Fabienne Lefebvre

Discours de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord, à l'occasion de la journée d'été du PCF, le 29 août 2020 à Malo-les-Bains.

Seul le prononcé fait foi.

Mes cher·e·s camarades,

Je voudrais d’abord remercier très chaleureusement tous les camarades qui ont rendu possible cette université, dans des conditions si particulières, inédites et complexes. Et remercier celles et ceux qui ont répondu à notre invitation.
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir dans mon département et sur ce littoral où, je l’espère, vous aurez l’occasion de manger une moules-frites avec une bonne bière. C’est ici que tous les ans, depuis plus de 25 ans, les communistes du Nord organisent leur journée à la mer et permettent à plus de 5 000 personnes, des familles avec leurs enfants, de s’évader pendant une journée en vacances.

Pour la première fois, cette journée de solidarité n’a pas pu avoir lieu à cause de la pandémie.
Pour la première fois aussi, la Fête de l’Humanité, se tiendra cette année sous d’autres formes, parfois décentralisée, dans les territoires ou dans des salles parisiennes et chaque fois retransmise par Internet. C’est exceptionnel, bien sûr. Le bon de soutien sera important pour financer cette fête inédite, à l’heure où la culture souffre et manque d’espace, mais aussi pour aider notre journal à vivre. Sur les 25 euros des bons de soutiens, 5 euros seront versés au Secours populaire français.

***

A chaque fois, la solidarité est là. Elle est dans nos gènes de communistes.
Et ça fait 100 ans que ça dure. Cette année, c’est notre anniversaire. Nous sommes l’un des partis les plus anciens de notre pays. Nous avons acquis de la sagesse, de l’expérience.

Nous n’avons rien perdu de notre combat en faveur d’une société débarrassée de toutes les formes de dominations et qui place l’être humain au cœur de tous ses choix.
La paix, la solidarité, la justice restent notre ADN.
Et je voudrais saluer ici tous ces militants, dont ceux de notre parti, qui s’engagent pour faire vivre ces nobles combats.

Je pense à toutes les actions de solidarité, par exemple à ces ventes de fruits et légumes à prix coûtant, ces journées à la mer que les camarades de l’Oise ont réussi à organiser cet été.
Je pense à ces élus, ces militants qui ont pris l’initiative, durant le confinement et encore aujourd’hui, d’apporter leur aide aux plus fragile, en distribuant des repas, en faisant les courses des personnes âgées.

***

Cette solidarité des communistes va de pair avec notre engagement aux côtés des peuples du monde, confrontés à la guerre, aux blocus, à l’impérialisme et aux politiques antisociales de gouvernements corrompus.
Nous sommes au coté du peuple américain, en proie aux dérives les plus abjectes, fascistes, avec un président qui laisse sa police et des milices tuer des citoyens américains en raison de leur couleur. « Retirez votre genoux de notre cou », ont-ils scandé hier à Washington. Nous sommes à leurs côtés.
Nous sommes aux coté des Palestiniens et des Israéliens pour que tous vivent chacun dans la paix et la sécurité, dans des Etats viable économiquement.

Nous sommes au coté des Kurdes et des Turcs, subissant la dictature d’Erdogan, celui qui vient de laisser mourir une avocate Turque, après 238 jours de grève de la faim.
Nous sommes pour respecter la souveraineté des peuples, tout en condamnant la corruption et le rôle dévastateur d’institutions telles que le FMI.
Nous sommes aux cotés des forces progressistes libanaises, qui ont besoin d’une aide d’urgence, mais pas d’ingérence du FMI ou de la France.
Tout comme le peuple malien qui n’en pouvait plus d’un pouvoir corrompu, et qui a plus besoin que la France lui parle de coopération plutôt que de militarisation.

Notre solidarité, c’est aussi celle que nous exprimons au peuple cubain, solidaire pendant la pandémie, envoyant des médecins partout dans le monde, y-compris chez nous, en Martinique, mais toujours victime d’un blocus injuste depuis 40 ans, dont nous appelons avec force la levée immédiate et sans conditions. Solidarité avec Cuba !

Et notre combat pour la paix, c’est aussi de demander que la France ratifie le traité de non prolifération des armes nucléaires ! Oui, nous voulons sortir la planète de cette menace permanente qui plane sur elle !
100 ans après, notre ADN n’a pas changé et notre soif de paix, de fraternité, de révolution est restée intacte.
Car nous croyons toujours en la force de notre peuple, qui fait la force de notre nation, qui a su s’affranchir de la monarchie, se libérer du nazisme, bâtir une République.
Alors, oui, nous saurons sortir du capitalisme aujourd’hui.
Car c’est une urgence pour des millions de Français, comme pour le climat.
C’est donc d’une véritable révolution sociale et écologique dont nous avons besoin !

***

Oui, il y a urgence.
Parce que nous ne croyons pas à la fatalité qui conduit aujourd’hui des millions de Français vers le chômage et la pauvreté.
7 millions de personnes sans emploi stable. 30 % à 50 % de demandes d’aides alimentaire en plus, 11 à 12 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans notre pays !
J’ai eu l’occasion d’aller à leur rencontre, à Saint-Denis, à Lille, à Creil.
Comment peut-on accepter, dans un pays aussi riche que le nôtre, une telle situation ?

***

La pauvreté augmente et, parallèlement, les 500 plus grosses fortunes de France totalisent un patrimoine de 730 milliards d’euros, en progression encore par rapport à l’année dernière !
730 milliards d’euros ! C’est le tiers de notre PIB national !
C’est 10 fois plus qu’il y a dix ans, alors que nous étions en crise !
Et avec des fortunes colossales, comme celle de Bernard Arnault qui atteint 100 milliards d’euros !

Ou encore, ces nouveaux riches Français qui gagnent des sous avec des Ehpad privés, les golden boys de la dépendance comme Yves Journel, président de DomusVi, dont nous savons aujourd’hui qu’une partie des bénéfices part dans les paradis fiscaux ! 120e au classement des plus grandes fortunes, il détient un patrimoine de 720 millions d’euros, gagné sur le dos de vos parents, de vos grands-parents, sur le dos des salariés qui ont parfois été démunis face à la pandémie.
Voilà le scandale de cette société : pendant que la pauvreté augmente, pendant que nous organisons, nous, la solidarité, une minorité continue de s’enrichir, utilise des paradis fiscaux pour ne pas payer d’impôts sur les bénéfices et accumuler une richesse indécente en période de crise !

C’est toute la différence avec nous, avec ce peuple qui fait preuve de solidarité, de courage, d’abnégation, qui a organisé les soins, le transport des marchandises, l’éducation des enfants, la sécurité pendant la pandémie.

***

Voilà pourquoi nous parlons encore de Révolution et que nous demandons à reprendre le pouvoir sur l’économie et sur la manière de créer les richesses.
Car il faudra aller plus loin qu’un simple partage des richesses, comme nous sommes nombreux à le réclamer à gauche.

Appelez-le Impôt-Covid, ISF ou taxe sur les grandes fortunes, de tout temps, les sociétés ont demandé aux plus riches de participer à l’effort national. Et il est urgent de le faire ! Ce n’est pas à nous seuls de payer la crise, c’est aussi à eux de le faire : ils en ont les moyens !!

***

Mais il faut aller plus loin que ça !. Notre projet de société est fondé sur un changement profond de nos modes production. Les richesses doivent être créées sans exploiter les hommes et les femmes et sans épuiser la planète.
La priorité ne doit plus être les profits à tout prix ou la valeur des actions, mais d’abord de préserver l’être humain et la planète.

Et pour cela, il faut se réapproprier l’outil de production. Il faut redonner du sens au travail, aux salariés, au rôle de chacun dans la société, et agir pour l’égalité professionnelle car les héros qui ont été et sont toujours en première ligne face à la crise sont des héroïnes !
C’est un projet de société cohérent que nous devons défendre et nous avons plusieurs propositions dans ce sens.
Par exemple, nous proposons de moduler les cotisations et les impôts sur les entreprises en fonction de leurs investissements en faveur de la sécurisation de l’emploi, de la formation et de l’environnement.

Au lieu d’accorder des réductions d’impôts à gogo, de supprimer des cotisations sociales que nous sommes obligés de compenser par nos impôts, nous proposons de les conditionner à ces investissements utiles pour toute la société.
C’est différent de ce que propose le gouvernement qui envisage, lui, de poursuivre sa logique en supprimant un nouvel impôt, dit de production : ce sont 10 milliards d’exonérations supplémentaires sans contrepartie.
Et en plus, l’Etat va devoir les compenser auprès des collectivités, car cet argent sert à abonder le budget des Régions.
C’est donc nous qui allons, encore une fois, financer un nouveau cadeau aux entreprises.
Nous proposons au contraire, d’utiliser l’argent public et les richesses que nous créons pour sécuriser les parcours professionnels.

***

Et nous mettons pour cette rentrée une proposition sur la table : Pas un seul jeune au chômage ! Priorité à la jeunesse !

Regardez ce que ce gouvernement propose à notre jeunesse : 100 000 contrats Service civique ! 580 euros par mois !! La belle affaire !!
750 000 jeunes en fin d’études vont essayer, en cette rentrée, de décrocher un premier travail, alors même que des centaines de milliers d’emplois sont injustement supprimés.
Au lieu de leur proposer des contrats civiques, nous proposons, nous, de de sécuriser leur parcours professionnel.

Voilà une de nos propositions pour cette rentrée, beaucoup plus ambitieuse !
Nous allons avoir besoin de toutes leurs compétences, de toutes leurs forces pour ré-industrialiser le pays, pour créer des services publics, pour engager la transition écologique.
Je m’adresse à eux, à ces jeunes, aux futurs ingénieurs, enseignants, électriciens, mécanos, aux jeunes agriculteurs, aux futurs salariés du bâtiment, du ferroviaire, de l’automobile, de l’aérien, à toutes celles et ceux, épris de culture, qui veulent développer l’économie sociale et solidaire, ou encore à celles et ceux qui créent et rêvent de vivre de leur art : permettons à tous ces jeunes de vivre leurs rêves.
Au lieu de précariser ces jeunes, proposons-leur de participer à la transformation de notre pays en affirmant, dès maintenant, que chaque jeune sortant avec un diplôme, bénéficiera d’une sécurité professionnelle avec un salaire !

Face à une telle crise, il faut avoir de l’audace, être créateurs, innovants, comme l’ont été nos anciens avec le programme des Jours heureux et la Sécurité sociale. Inventons, nous aussi, une nouvelle Sécurité sociale, celle qui protège du chômage.
Et cela doit commencer par eux : pas un seul jeune au chômage, voilà l’engagement que nous prenons.
Garantir à chaque jeune une sécurité professionnelle dès la sortie de l’école, avec un emploi, un salaire ou une formation professionnelle, et cela pour toute la durée de sa vie. C’est un chantier immense qui doit mobiliser tout le gouvernement, les syndicats, nos services publics, nos collectivités, le Medef et les chefs d’entreprises.

C’est ainsi que nous redonnerons confiance à la jeunesse. Evitons à tout prix que nos jeunes démarrent leur vie active en passant par la case RSA ! Ce qu’il leur faut, c’est trouver leur place, avec un emploi permettant de vivre dignement !
C’est pourquoi, dans notre projet pour la France, nous proposons aussi la retraite à 60 ans pour permettre l’embauche de ces jeunes, en créant les conditions de la passation des savoir-faire et des compétences.
Faisons en sorte, aussi, de réduire le temps de travail pour permettre un vaste plan d’embauches et de formation pour tous les jeunes et les salariés concernés, sans perte de salaire !
Passons à la semaine de 32 heures, et ce seront tout de suite des dizaines de milliers d’emplois à pourvoir !

Créons de l’activité dans le privé par la relocalisation de notre industrie. J’y reviendrai.
Donnons des moyens à nos collectivités pour développer le sports, la culture, la vie associative! Voyez vous tous ces emplois à créer dont nous avons besoin !
Embauchons dans nos services publics, dans nos hôpitaux, dans l’école, dans les transports, dans l’énergie, dans la police et la justice.
Et, dans ce domaine, quand j’entends parler d’ensauvagement, de barbarie dans notre pays, j’aimerais que l’on emploie ces termes pour qualifier les auteurs de violences et de crimes contre les femmes. 146 femmes tuées en 2019, 25 de plus par rapport à 2018. Combien de moyen en plus pour lutter contre ce fléau ? Voilà une question de sécurité qui compte pour la moitié de la population !
Et, oui, nous voulons aussi faire des propositions plus largement sur les questions de sécurité pour tous nos concitoyens et concitoyennes, pour faire vivre la République dans tous nos quartiers, avec ses valeurs de fraternité, d’égalité, de laïcité.
Nous réunions une conférence sur ce sujet d’ici la fin de l’année, avec nos maires, nos parlementaires, des responsables associatifs, juges, policiers.
Et nous fixerons une priorité, celle d’éradiquer tous les trafics malheureusement en hausse dans notre pays : de drogue, d’êtres humains, d’argent sale, d’armes. Reprenons le pouvoir dans toutes les rues de la République.

***

C’est le sens des propositions que nous avons faites dans le cadre de notre plan de sortie de crise et que nous allons étoffer, actualiser lors de notre Conseil national des 5 et 6 septembre, consacré à l’emploi.

C’est le sens des propositions de loi que nous avons défendues à l’Assemblée nationale et au Sénat.
C’est ce que nous avons commencé à faire en adoptant, au mois de juin, notre projet de programme pour la France. Nous voulons maintenant le mettre en discussion dans tout le pays, l’enrichir au moyen de contributions de toutes celles et tous ceux qui, au quotidien, militent pour des solutions innovantes, en faire un levier du débat avec les forces de gauche et les acteurs et actrices du mouvement social. Nous allons d’ailleurs ouvrir, dans les prochains jours, une plateforme participative pour y contribuer.

C’est dans cet esprit que nous devons agir. Et l’action, c’est maintenant !!
Car c’est maintenant que ça licencie ! C’est maintenant que l’on doit agir, convaincre, mobiliser, engager la contre offensive.
C’est pourquoi, nous devons appeler, nous aussi, à participer à la mobilisation du 17 septembre pour faire de cette journée d’action, à l’appel de 7 syndicats, un temps fort de la mobilisation du monde du travail.

Nous devons aussi, partout où c’est possible, agir et appeler les salariés, les habitants à demander des comptes au gouvernement sur l’argent public distribué.
Et c’est pourquoi, je vous propose que le Parti communiste appelle à la mobilisation, dans chaque région, le 10 octobre prochain, pour demander la préservation de tous les emplois, mettre fin aux plans de licenciement, en créer dans l’industrie, dans les services publics, dans la transition écologique.
Car il n’y a pas de fatalité à l’augmentation du chômage ! Il faut le dire, le répéter ! Il y a tant d’emplois à créer pour répondre aux besoins de notre pays, pour retrouver notre souveraineté économique et pour engager la transition écologique.
C’est pour cela que nous, communistes, nous devons aussi agir contre ces plans de licenciements financés par l’argent public, notre argent !
Le coronavirus est devenu le partenaire officiel du Medef ! C’est honteux !
Et ce gouvernement tient le stylo pour signer les chèques en blanc réclamés par ces multinationales. C’est la double peine : ils sont licenciés avec l’argent de leurs impôts !!
460 milliards d’euros de plans de soutien
100 milliards d’euros de plan de relance ! (Que je n’aime pas ce mot !)
560 milliards d’euros de subventions et de prêts, auxquels il faut ajouter le fameux plan européen qui n’en n’est pas un !

Quand je vois que des milliards d’euros d’argent public sont mis à disposition des multinationales sans rien leur demander en retour, j’étouffe ! Et quand ces multinationales en profitent pour licencier, alors là, c’est le summum du capitalisme du 21e siècle !
Alors, le 10 octobre, nous dirons que pas un euros, pas un centime d’argent public ne doit participer à un plan de licenciement !
Partout, battons-nous en mettant les entreprises sous la protection des salariés et de la population ! Créons des comités de défense, des collectifs de salariés pour demander des comptes et faire des propositions préservant les emplois et l’outil industriel.
Sécuriser les emploi, c’est la priorité de la rentrée ! C’est la priorité du XX

***

Exemple avec Verallia.
10 juin : 100 M€ de dividendes
12 juin : licenciements
1er producteur de bouteilles
Il y a 20 ans, 6 % des bouteilles utilisée en France étaient importées. Aujourd’hui, ce sont 34 %.
Et ça continue.
Cognac Hennessy passe commande auprès de Verallia, mais ces bouteilles seront produites en Ukraine si Verallia perd des capacités de production en France !
Produire en France : bon pour l’emploi, bon pour le climat.

***

Regardez l’aéronautique : j’ai rencontré les salariés d’Airbus, de Derichbourg à Toulouse, ceux de Stellia et de la Simra à Albert, dans la Somme, eux aussi dans l’aéronautique : 15 milliards d’euros d’aides publiques à la filière et j’apprends que, dans la Somme, Airbus, actionnaire à 100 % de Stellia, envisage d’investir dans une usine au Portugal où seront fabriquées les pièces des cockpits actuellement produites chez nous ! Face à la mobilisation des salariés, et de la CGT, le groupe recule et annonce timidement : « On gèle cette décision le temps de la pandémie » !
Mais ce n’est pas un gel que l’on veut, c’est l’arrêt !! L’argent public versé à Airbus doit servir à relocaliser la production en France et certainement pas à financer des délocalisations !

***

J’ai rencontré les syndicats de Renault. La production française de voitures, tous constructeurs confondus, est passée en 15 ans de 4 millions à 2 millions aujourd’hui ! Si l’Etat met 5 milliards sur la table, c’est pour reconstruire des usines en France et produire en France !
Nous voulons des petits modèles de voitures, écolos, hybrides, belles, pas chères et produites en France ! C’est compliqué à faire ? On n’a pas les ingénieurs pour ca ?
Une fois n’est pas coutume, je cite Macron : « Nous devons relocaliser et recréer des forces de production sur nos territoires. La souveraineté sanitaire et industrielle sera l’un des piliers du plan de relance. »

Alors, combien d’usines vont ouvrir ? Combien d’emplois seront créés ? Luxfer sera-t-il nationalisé ?
Notre plan à nous, c’est de reprendre la main sur l’utilisation de l’argent public pour le mettre au service de la reconquête industrielle !
Voilà ce que nous demanderons le 10 octobre prochain, au Sénat, à l’Assemblée nationale et devant les Préfectures : que les 100 milliards d’euros d’argent public du plan de relance soient placés sous le contrôle des citoyens, des élus, des salariés, dans chaque région ! Fini de servir la finance !
C’est valable aussi pour l’Union européenne et ses traités. Les plans de relance – qui n’en sont pas – sont tout simplement des plans qui placent notre pays à chaque fois un peu plus sous la tutelle des marchés financiers. Que ce soient pour des subvention ou des prêts, la France devra se soumettre ensuite à des politiques d’austérité qui ont fait beaucoup de mal à nos services publics. C’est au nom de ces politiques que le gouvernement veut faire travailler plus les Français en repoussant l’âge de départ à la retraite.

Cet argent de l’Europe, dont une partie est empruntée sur les marchés financiers, va alourdir une dette qui sera demain l’occasion, pour les banques, de demander à la France de nouveaux tours de vis budgétaires. Déjà aujourd’hui, ils annoncent que notre pays devra faire des économies en 2022 pour commencer à rembourser.
C’est pour cela que nous devons nous battre pour que l’argent vienne de la BCE, et pour que la BCE prête directement aux Etats pour financer, à taux 0 %, nos services publics, nos hôpitaux, nos communes, nos infrastructures.
Reprendre le contrôle, mettre la démocratie au cœur de cette reconstruction du pays et à tous les niveaux, voilà notre projet.

***

Quand nous disons qu’il faut redonner du pouvoir aux citoyens, je repense à mes rencontres avec le responsable du PCP, Jeronimo de Sousa, à cette révolution portugaise en 1974 et à la mise en place du contrôle ouvrier durant les mois qui ont suivi la révolution des œillets.
Suite à cette révolution, il y a 40 ans, contre la dictature mise en place par Salazar, le patronat portugais réagit et organise la faillite du pays. Les dividendes partent à l’étranger, l’activité économique est mise en berne de manière volontaire, pour accroître le chômage et affamer le peuple. C’est là que les travailleurs s’organisent, résistent et créent des commissions de travailleurs dans de nombreuses grandes entreprises .

Dans les chantier navals, dans la métallurgie et les grandes usines automobiles, les commissions ouvrières dénoncent l’attitude de leur direction et décident de placer les entreprises sous leur protection. Avec le soutien du nouveau gouvernement, elles organisent le travail, relancent la machine économique. Elles prennent le pouvoir. Et c’est une forme d’autogestion qui se met en place.
Voilà ce que nous pouvons imaginer pour notre pays. Car nous ne pouvons plus accepter que les salariés aient de moins en moins de pouvoirs dans les entreprises.
Les salariés doivent avoir leur mot à dire sur l’utilisation de l’argent public, pouvoir mettre leur veto et porter des contre-propositions quand les choix des actionnaires conduisent à détruire nos emplois et à polluer notre planète.

Je disais que notre objectif, c’est de répondre à l’urgence sociale et l’urgence environnementale.
Les deux sont liés. Et les deux sont urgentissimes.

***

Car si nous ne répondrons pas à l’urgence pour le climat, pour la biodiversité, pour préserver nos ressources naturelles, si nous ne faisons pas cette révolution écologique, dans les 10 ans, il sera trop tard. C’est maintenant qu’il faut agir.
Et au lieu de jouer avec nos peurs, là aussi, il faut montrer qu’il y a un chemin, des propositions, l’espoir d’inverser la donne.

Nombreux sont celles et ceux qui se prétendent écologistes. Mais tout le monde ne voit pas l’urgence et la profondeurs des changements à mettre en œuvre.
Là aussi, cela doit s’inscrire dans un vrai projet de société qui marie les deux nécessités : la dignité humaine et la protection de la planète.
Et nous ne répondrons pas à cette urgence avec un système économique qui ne pense qu’à la compétitivité et à la valeur de ses actions.
Si c’est pour nous vendre un capitalisme vert, avec des paradis fiscaux qui siphonnent nos finances publiques et protègent les pollueurs, c’est niet !

Si c’est pour gagner de l’argent en bourse en vendant des éoliennes, des barrages hydrauliques, ou en faisant financer nos projets par les marchés financiers, pour nous c’est double niet !! Car ce sont les salariés qui vont souffrir !
Pour répondre aux urgences sociales et environnementales, il faut rompre avec les logiques de rentabilité imposées par la finance.
Mais il faut aussi rompre avec des traités européens qui placent notre économie sous le joug des marchés financiers.
Si l’on était capable de sauver le climat avec le traité de Maastricht ou celui de Lisbonne, ça se saurait !
Et puis, il faut passer au concret.

Regardez ce qu’il se passe avec les feux de forêts.
Chez nous, en France, ce sont près de 4 000 hectares de forêt partis en fumée au début de l'été. Et puis, il y a eu les terribles feux dans le sud de la France. Rien qu’à Martigues et Port-de-Bouc : 1 000 hectares de forêt, de maquis et de garrigue balayés ! Sans oublier la faune, elle aussi meurtrie. En trois mois, ces surfaces brûlées représentent déjà plus de la moitié de celles perdues au cours des six dernières années, en France.

Partout dans le monde, l'impact du réchauffement climatique fait des ravages, menaçant les villes, les habitants et la biodiversité.
Il y a tout juste un an, lors du G7 de Biarritz, le président de la République avait promis « une mobilisation générale » pour lutter contre les feux en Amazonie, où la France est présente avec la Guyane. Or depuis, que s'est-il passé ? Pas grand chose, à part un chèque de Leonardo Di Caprio, de cinq millions de dollars.
Les feux, hélas, continuent de ravager cet écosystème essentiel à la survie de l’humanité.
En 2019, près de 9 000 kilomètres carrés, soit une surface équivalente à la Corse, ont été détruits.

C'est un véritable écocide.
Un écocide largement impuni aussi puisque, sur les 207 propriétaires qui ont mis le feu illégalement à des réserves protégées, seulement 5 % ont reçu une amende... La complicité de Bolsonaro ne fait aucun doute, lui qui a comme ambition non pas de protéger l'Amazonie mais de l'exploiter !
Face à un tel crime, soyons cohérents : agissons contre les causes de la déforestation. Sinon, on peut toujours planter des arbres ici, ils seront aussitôt détruits là-bas.
Oui nous pouvons agir ici.
Car, que trouve-t-on à la place des surfaces forestières incendiées ? Des troupeaux de bétail et des cultures de soja !

Alors, agissons en arrêtant d’importer en France des produits issus de la déforestation, dont du soja.
Saisissons-nous de ce combat. Il existe une convention contre la déforestation importée,, mais aucune mesure contraignante interdisant ces importations !
Agissions avec ces ONG pour interdire ces importations !
De même, nous devons demander au gouvernement de ne pas appliquer l’accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, car s'il était adopté, l'accord avec le Mercosur risquerait de faire exploser les exportations sud-américaines de bœuf, moteur principal de la déforestation en Amérique du Sud. Et nous avons besoin en plus de protéger nos agriculteurs à qui tant d’efforts sont demandés.

***

Autre levier pour agir en faveur du climat, celui des transports.
Le problème avec ce gouvernement, c'est qu'il fait des annonces, mais ne les tient jamais. Et ce n’est pas le premier.
Déjà en 1990,le gouvernement annonçait le doublement du fret. Depuis, il a été divisé par trois !
La décennie 2000 devait être celle du renouveau : elle a été celle du grand plongeon.
En 2000, la SNCF ne transportait déjà plus que 17 % des marchandises, tous modes confondus, contre 45 % en 1975.
Aujourd'hui, cette part s'est réduit à peau de chagrin : 9,5 %.
Le bilan est d'autant plus désastreux que ce déclin a fait un grand gagnant : la route ! Avec toutes les conséquences pour le climat que cela implique : par rapport à la route, un train de fret équivaut en moyenne : à 35 poids lourds. Le rail émet 14 fois moins de CO2 ; entraîne huit fois moins de pollution de l’air ; et consomme six fois moins d'énergie.
Il est donc grand temps de revenir à la raison et d'initier une reconquête du fret ferroviaire. C'est peu dire, hélas, qu'on est loin du compte.

Les 150 millions d'euros annoncés par le Premier ministre ne feront que stabiliser les trafics existants et permettre aux entreprises ferroviaires de renouer avec l 'équilibre financier, grâce aux ristournes sur les péages. Pour le reste, aucune véritable ambition.

Il faut 10 milliards d’euros sur 10 ans pour rénover le réseau des petites lignes.
Il faut 1 milliard d’euros pour maintenir en bon état les voies de services et moderniser les gares de triage de notre pays au lieu de les fermer comme celle de Grande-Synthe, à coté d’ici.
Il faut investir 6 milliards d’euros sur les 3 nœuds ferroviaires que sont Paris, Lille et Lyon pour développer le transports combiné, train-camion, avec des trains de 1 500m au lieu des trains de 750 m utilisés aujourd’hui.

Le gouvernement annonce la création de deux nouvelles « autoroutes ferroviaires » pour promouvoir un peu plus les transports internationaux, mais le train des primeurs Perpignan-Rungis, qui roulait il y a un an meurt à petit feu.

Enfin, pour favoriser le train plutôt que la voiture, l’Etat doit financer les transports gratuits dans les agglos. Ici ? à Dunkerque, c’est possible mais cela doit se généraliser ! Oui nous voulons des transports gratuits financés par l’Etat dans toutes les agglos de France !
C’est pourquoi, nous disons que le plan de relance de la France doit intégrer un vaste plan de soutien à nos services publics !

C’est valable pour les transports comme pour l’eau ou l’énergie.
Oui, il nous faut un véritable service public de l'énergie, avec la maîtrise de la production des énergies renouvelables. En laissant les champs d’éolienne au privé, ils vont nous polluer le paysage.
Et en vendant nos barrages hydrauliques, ils bradent nos biens communs.
Rappelez-vous la privatisation des autoroutes, mise en œuvre par de Villepin en 2006. L’Etat a vendu nos autoroutes pour 14 milliards d’euros.
D’ici la fin de la concession, en 2032, les sociétés privées auront dégagé prés de 40 milliards d’euros de dividendes ! Et dans le même temps, mais faut-il le préciser, les tarifs des péages ont augmenté de près de 20% !

L’Etat s’est donc privé de subsides importants qui devraient financer le fret.
Voilà pourquoi nous disons, quand on vend tout au privé, on est privé de tout !
Je pourrai aussi développer sur les moyens à mettre dans la rénovation thermique des maisons, des bâtiments et des emplois à créer dans ce domaine.
Avec ces quelques exemples, vous voyez qu’il y a de quoi donner confiance aux Français. Leur dire que nous allons déployer tous les moyens financiers pour sécuriser les emplois, développer nos services publics, engager la révolution écologique et sociale tant attendue.
Dans les services publics qui seront au cœur de l’actualité, il y a bien sûr celui de l’Education nationale.

***

Cette rentrée scolaire aurait dû être celle d’un grand plan national pour l’éducation, mettant tous les moyens nécessaires à l’accueil de tous nos enfants dans les meilleures conditions, après une année où nombre d’enfants sortent en plus grande difficulté scolaire.
Comme nous l’avions proposé dès le mois d’avril, avec notre plan d’urgence pour l’école, des moyens considérables auraient dû être mobilisés par l’Etat pour redonner sens à l’égalité d’accès à l’éducation, à la formation, pour que l’école revienne enfin sur les rails de la réussite de toutes et tous.
Dès le mois d’avril, il aurait fallu aider nos communes, former et recruter des dizaines de milliers de jeunes diplômés, susceptibles d’accompagner nos enseignants dans leurs missions éducatives dans un premier temps.

D’autant que le gouvernement et son ministre de l’Education nationale se fourvoient dans une une ultime provocation : refuser de fournir à nos jeunes collégiens, lycéens, étudiants les masques obligatoires dès la semaine prochaine !

***

Nous disons nous que l’accès aux masques et aux tests ne doit pas dépendre des moyens de chacun. Il doit faire l’objet d’une solidarité entre toutes et tous. Nous feront-ils aussi payer le vaccin une fois celui-ci mis au point ?
Le Parti communiste, comme il le fait depuis le début de la pandémie, ne lâchera pas sur la question : nous exigeons des masques gratuits pour tous. Voilà ce que nous réclamons en cette rentrée. Notre protection sociale, de haut niveau malgré tous les coups qui lui ont été portés, est là pour cela.
Si c’est une question de moyens, et visiblement c’en est une, alors il faut faire cotiser plus ceux qui ne cotisent pas assez et instaurer une cotisation spéciale sur les dividendes ! C’est une des propositions du Comité citoyen pour le climat que Macron n’a pas voulu retenir.
Masques gratuits : c’est un coût qui peut faire gagner beaucoup d’argent, d’économies. Si c’est autant de personnes en moins dans les hôpitaux, en réanimation, si ça permet d’éviter un nouveau confinement.

***

Et enfin, dans les services publics qui doivent bénéficier du plan de relance s’il en est un, c’est celui de la santé !
Les blouses blanches ont assez donné et réclament des moyens pour soigner ! Le Ségur et les premières mesures annoncées sont le fruit d’une longue lutte des personnels. C’est un premier pas. Mais nous ne sommes pas encore au niveau pour faire face à une pandémie. La dette, les ARS, les faibles salaires, le manque d’hôpitaux de proximité, de services d’urgences sont autant de boulets qui pèsent encore sur notre système de santé publique.
Nous voulons de l’argent pour l’hôpital, pas pour le capital ! Et nous le dirons aussi le 10 octobre prochain

***

Pour nous, l’actualité c’est celle là. Agir, mobiliser, faire prendre conscience. Les élections c’est loin pour celles et ceux qui risquent de perdre leur emploi maintenant.
Tout le monde parle des élections et de candidatures. Surtout pour 2022.
Mais les prochaines élections, ce sont les sénatoriales et les législatives partielles dans 3 semaines, puis les régionales et les départementales dans 7 mois.
Permettez-moi de vous dire que ce ne sont pas des élections intermédiaires, comme si ne comptait que la présidentielle !!
Oui, nous voulons peser dans ces élections avec la volonté de faire élire un maximum d’élus communistes.

Quand je vois leur poids pour faire gagner ces majorités dans les communes, et leurs responsabilités dans celles qu’ils dirigent, oui, je dis que nous sommes utiles et fiers de notre apport. Bravo à tous les élus communistes élus lors des dernières municipales !
Dans de nombreux départements, nous avons progressé. Et nous devrions même gagner, je le souhaite, un ou deux sénateurs et sénatrices en plus, en septembre prochain.
Mais il faut aller plus loin, convaincre plus encore, et retrouver une influence plus importante dans ce pays. C’est le choix que nous avons fait lors de notre dernier congrès.
Les régionales et les départementales
Après les sénatoriales, deux élections très importantes vont intervenir : les départementales et les régionales.

Dans les départements, nous nous battrons pour que l’Etat rembourse enfin les compétences qu’il a transféré sans donner les moyens qui vont avec. A ce titre, 3 départements ont gagné cet été au tribunal : le Calvados, la Manche et l’Orne ont obtenu la condamnation de l’Etat à verser les 87 millions d’euros que ces départements ont dû payer en plus pour le versement du RSA entre 2013 et 2017. En tout, ce sont 4 milliards d’euros qui manquent à nos départements. Voilà une belle bataille à mettre à l’ordre du jour.

Concernant les régions, qui détiennent la compétence économique, environnementale ou encore celle de la formation et des lycées, vous voyez bien qu’il ne s’agit pas de compétences « intermédiaires » !

L’enjeu sera aussi pour nous de dire au gouvernement que nous ne voulons pas de sa nouvelle loi de décentralisation qui prévoit un droit à la différenciation. Nous savons ce que cela veut dire : c’est permettre aux régions de légiférer, de se comporter comme des républiques autonomes, comme des Etats dans l’Etat.

Bref c’est la fin de la république ! C’est un Etat fédéral que nous prépare Macron, à l’américaine, ou à la Merkel ! Dans les deux cas, les Français ne sont pas très friands de ces deux modèles !!
Cette élection devrait être l’occasion de rassembler, de bâtir des listes citoyennes, ouvertes, dans la plus large union des forces de gauche et écologiste et sur des programmes qui changent la vie de nos concitoyennes et concitoyens. Il y a 13 régions, 100 départements, agissons pour des rassemblements utiles au peuple, élaborés avec lui, autour de programmes de transformation sociale et écologique, comme nous avons su le faire dans de nombreuses communes aux élections municipales.
Et 2022 alors ?

D’abord, cela semble avoir échappé à certains, mais il y a deux élections en 2022 : la présidentielle et les législatives. Elles seront décisives toutes les deux pour transformer la France.
Les communistes seront au rendez-vous de ces échéances avec un objectif : rassembler autour d’un projet pour la France, avec un projet, à la hauteur des défis de civilisation posés par la crise sanitaire et économique.

« Le jour d’après », pour les communistes, ce doit être « le système d’après », en rupture avec la capitalisme, en rupture avec les traités européens actuels.
Et tous ensemble, nous déciderons en responsabilité le moment venu, la place qui sera la notre et la mienne dans ce combat.

Ce rassemblement ne se fera pas en reproduisant les schémas d’hier, en réduisant les constructions politiques à des discussions de sommet, en reproduisant les catastrophes du social-libéralisme ou en nous enfermant dans la nouvelle impasse d’un capitalisme vert.
Nous voulons unir, unir dans l’action, unir les Français, unir pour construire un Front populaire du 21e siècle pour l’humain et la planète, qui se construise de la base au sommet, dans le pluralisme des forces politiques comme avec le mouvement social et les forces citoyennes.
Dans les mois qui viennent, j’appelle les communistes à engager partout dans le pays le débat sur la société, sur la France dans laquelle nous voulons vivre.
C’est en menant ce débat de projet en lien avec les luttes avec toutes les citoyennes et tous les citoyens, toutes les forces disponibles que nous prendrons nos décisions pour la présidentielle et les législatives.

Alors, discutons, travaillons ensemble, passons à l’action pour inviter les citoyen·ne·s à s’en mêler, à agir, car sans leur intervention, nous ne gagnerons pas !
Si l’on s’y met tous, nous pouvons faire reculer ce gouvernement dès maintenant !
Voilà notre programme : agir, unir et gagner !!

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,

Malo-les-Bains, le 29 août 2020.

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31 août 2020 1 31 /08 /août /2020 05:12
Malo-les-Bains: le combat social, priorité de la rentrée pour le PCF (L'Humanité, 30 août 2020)
Dimanche, 30 Août, 2020 - L'Humanité
Le combat social, priorité de la rentrée pour le PCF

Fabien Roussel a appelé, samedi, à l’action contre les « plans de licenciement » et martelé, devant Jean-Luc Mélenchon, qu’il faudra compter avec les communistes aux prochaines élections.

 

Pour sa « journée d’été » à Dunkerque, ce week-end, le PCF n’a pas affiché les mêmes priorités que les autres forces de gauche. « Les élections, c’est dans sept mois, pour les régionales et départementales, vingt mois pour la présidentielle et les législatives. Mais les licenciements, c’est aujourd’hui, c’est donc maintenant qu’on doit se battre. C’est le cœur de notre université d’été », indique d’emblée son secrétaire national, Fabien Roussel, quelques minutes avant son discours dans le grand amphi du Kursaal de Malo-les-Bains.

Le député dénonce la « cascade de plans de licenciement financés par de l’argent public » et martèle que, contrairement aux messages anxiogènes du gouvernement, « il n’y a pas de fatalité au chômage et à la précarité ». « Le coronavirus est devenu le partenaire officiel du Medef. C’est honteux », fustige encore le parlementaire, qui multiplie les exemples de salariés contraints à la lutte, de Verallia à Simra en passant par Renault. Tandis que le gouvernement doit présenter son plan de relance la semaine prochaine, le PCF propose que ces « 100 milliards d’euros d’argent public soient placés sous le contrôle des citoyens, des élus, des salariés, dans chaque région ».

Pour Fabien Roussel, qui, au passage, torpille les traités européens et la tentation austéritaire déjà amorcée, il s’agit aussi de construire « l’unité dans l’action » : le PCF organisera le 10 octobre une journée de mobilisation « pour demander des comptes au gouvernement sur l’argent public distribué » avec des rassemblements devant les préfectures. « On pense qu’on peut construire l’alternative à Emmanuel Macron à partir de cet engagement pour la transformation de l’ordre productif et que cela se fera à la fois avec tous les travailleurs et toutes les forces sociales et politiques qui veulent s’y engager. Un Front populaire du XXI e siècle, c’est notre feuille de route », développe le responsable du PCF Paris Igor Zamichiei.

La priorité est aussi donnée à la jeunesse. « Nous mettons pour cette rentrée une proposition sur la table : pas un seul jeune au chômage », explique Fabien Roussel, détaillant la proposition de sa formation de « sécurisation » des parcours. C’est « un chantier immense qui doit mobiliser tout le gouvernement, les syndicats, nos services publics, nos collectivités, le Medef et les chefs d’entreprise », lance-t-il, raillant les 100 000 services civiques à 580 euros par mois proposés par l’exécutif pour 750 000 jeunes en fin d’études.

Un premier pas aussi vers la « rupture avec le capitalisme » qui, même repeint en vert, demeure une « impasse », car, en cette année de centenaire du PCF, il est bel et bien question de révolution. « Il faudra aller plus loin qu’un simple partage des richesses, comme nous sommes nombreux à le réclamer à gauche, argumente son secrétaire national. Notre projet de société est fondé sur un changement profond de nos modes production. Les richesses doivent être créées sans exploiter les hommes et les femmes et sans épuiser la planète. »

Dans la salle, un invité plutôt inattendu opine du chef. Jean-Luc Mélenchon en déplacement dans le Nord a tenu à faire le détour par la plage de Dunkerque. L’insoumis « s’enthousiasme » pour le discours de Fabien Roussel et fait mine de ne pas voir en quoi sa présence étonne. « Ici, je suis un peu chez moi. La famille est tumultueuse comme dans toutes les familles, mais bon, j’ai été deux fois leur candidat », explique le député de Marseille. Exit « la mort et le néant », l’heure est à une autre musique du côté de la FI : Jean-Luc Mélenchon, après avoir chanté main (hydroalcoolisée) dans la main l’Internationale avec les communistes, estime ainsi que « la distance est moins grande à cette étape-ci » du fait des « circonstances », avec « un véritable tsunami social » et un « changement climatique irréversible ».

La présidentielle de 2022 guette cependant : « Ne racontons pas d’histoire, les socialistes ont l’intention de soutenir un candidat EELV, (…) il y a un pôle de centre gauche qui se constitue là. Donc moi, j’estime – c’est ma vision stratégique – qu’il peut y avoir un pôle de la radicalité concrète et des causes communes » constitué d’insoumis et de communistes, détaille-t-il avant l’intervention de Fabien Roussel. Un changement de pied visant à rassembler des forces politiques que ne reconnaissent qu’à demi-mot les responsables de la FI. « S’il y a un léger changement, ce n’est pas par rapport à 2017 mais sur la manière dont on voit les départementales et les régionales. On a voulu aux municipales faire avant tout des listes citoyennes, on avait raison, sauf qu’il faut aussi constater qu’il y a eu un décalage », admet le député Éric Coquerel. La France insoumise a d’ailleurs adressé samedi un courrier à toute la gauche, en dehors du PS, en vue d’une « possible coalition ».

Si, pour le PCF, la présidentielle n’est vraiment pas la question du moment, Fabien Roussel en a profité pour envoyer un message à ses éventuels partenaires : « Si chaque force politique justifie sa candidature, les uns pensant que l’écologie est le centre de tout, d’autres pensant qu’ils sont légitimes par rapport à leur dernier résultat à l’élection présidentielle. Si d’autres pensent qu’il faut un candidat unique à tout prix, qu’importe le programme. Et si tous ceux-là pensent que le Parti communiste français ne présentera pas de candidat, je dis à tout le monde : “Vous vous trompez.” » Parmi les militants, certains, et notamment ceux qui ont soutenu l’élu du Nord lors du dernier congrès, n’ont pas d’hésitation : « Je me bats pour un candidat communiste », explique Hervé Poly, du Pas-de-Calais. Jean-Luc Mélenchon, lui, comprend que la question est tranchée. « C’est un paramètre qu’on va étudier », réagit-il, jugeant qu’ « il n’y a pas à dramatiser » et que plusieurs candidatures n’ont pas empêché la victoire de 1981. « Je n’ai pas dit qu’il y aurait un candidat, j’ai dit qu’ils se trompent s’ils pensaient qu’il n’y en aurait pas », précise cependant Fabien Roussel en marge des ateliers, arguant qu’il s’agit avant tout d’ouvrir les débats en « sort(ant) des idées préconçues ». Quant aux régionales et départementales, « ce ne sont pas des élections intermédiaires », martèle le secrétaire national du PCF, qui veut rassembler sur le fond avant de discuter de nom tout en espérant « faire élire un maximum d’élus communistes ».

L’interlude électoral est de courte durée, car l’autre temps fort de la journée ne tarde pas à démarrer avec l’arrivée de Philippe Martinez, invité à échanger avec le député du Nord sur le « mode de production du XXI e siècle » . « Nous ne proposons pas un plan de relance mais un plan de rupture avec les logiques financières », attaque le secrétaire général de la CGT, avec comme objectif « la réponse aux besoins sociaux et de la planète ». Plusieurs autres revendications font écho aux propositions présentées plus tôt dans la journée : l’augmentation des salaires alors que le Ségur de la santé est « loin de faire le compte » et que les salariés de la 2 ligne « sont toujours payés comme en février », ou encore la réduction du temps de travail. Hors de question de mélanger les genres pour autant. « Il y a besoin de passerelles entre monde associatif, syndical et politique mais on tient à notre indépendance. On est là pour contribuer au débat politique à partir de notre expérience », précise Philippe Martinez. Néanmoins, les uns et les autres devraient se retrouver dans la rue dès le 17 septembre pour la journée d’action de la CGT et de six autres syndicats que les communistes appellent à soutenir.

Julia Hamlaoui
Malo-les-Bains: le combat social, priorité de la rentrée pour le PCF (L'Humanité, 30 août 2020)
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29 août 2020 6 29 /08 /août /2020 08:09

 

Le porte-parole du PCF Ian Brossat détaille les priorités de la rentrée des communistes, qui se retrouvent samedi à Malo-les-Bains (Nord) pour une journée d’été. Entretien.

 

Votre journée d’été intervient au cœur d’une série d’annonces gouvernementales, entre plan sanitaire et plan de relance. Quelles sont les priorités du PCF en cette rentrée ?

Ian Brossat Notre pays compte presque 7 millions de chômeurs, toutes catégories confondues : ce chiffre en dit long sur les souffrances endurées par les Français. Nous voulons donc mener à la fois une rentrée combative face à la politique du gouvernement et faire monter des alternatives aux logiques libérales qui nous conduisent dans le mur. Le gouvernement et le patronat mènent conjointement une très grosse entreprise de culpabilisation. Tout serait de la faute des travailleurs. Le Medef nous explique qu’on ne travaille pas assez. Le premier ministre nous somme de « repartir au travail ». Quant à Bruno Le Maire, il reproche aux Français de trop épargner et de ne pas consommer assez.

En plus de cela, les Français, à écouter ceux qui nous gouvernent, exigeraient trop en demandant, par exemple, la gratuité du masque. Nous le disons clairement : les Français n’ont pas vocation à payer les pots cassés de la crise. Surtout que cet appel à la responsabilité ne concerne pas tout le monde. Les grosses entreprises, elles, en sont totalement exonérées. Dans le plan de relance, une fois de plus, sont multipliés les cadeaux à leur intention sans contreparties sociales et environnementales, ni aucun contrôle de leur usage. La multiplication des plans sociaux engagés par des entreprises, qui pourtant ont bénéficié de millions d’euros d’aide publique et ont continué à verser beaucoup d’argent à leurs actionnaires, montre qu’il est absolument nécessaire de faire prévaloir d’autres choix. Cette impunité doit cesser.

 

Conditionner les aides aux entreprises est certes une idée partagée à gauche, mais le gouvernement y reste sourd…

Ian Brossat La période du confinement a mis à nu la ruine de nos services publics, l’effondrement de notre tissu industriel… Beaucoup de gens ont pris conscience de l’impasse à laquelle conduisent les politiques libérales menées depuis plus d’une trentaine d’années. Nous avons besoin aujourd’hui de choix de rupture. Nombre de combats menés initialement par les communistes rassemblent aujourd’hui bien au-delà de leurs rangs, comme la gratuité des masques. Nous avons été parmi les premiers à la défendre par la voix de Fabien Roussel. Désormais, pour tout le monde à gauche et même au-delà, c’est une juste revendication. Et il en va de même sur la défense du tissu industriel, du soutien indispensable à un hôpital public clochardisé au cours des dernières années… Ces idées-là grandissent et peuvent être victorieuses.

 

La journée à Malo-les-Bains a-t-elle vocation à faire dialoguer les acteurs de cette riposte ?

Ian Brossat Bien sûr, la présence de Philippe Martinez pour débattre aux côtés de Fabien Roussel d’un nouveau mode de développement en est un bon exemple. Car il ne s’agit pas simplement, comme voudrait le faire croire le gouvernement, de relancer la machine, mais de changer profondément le système économique pour replacer l’Homme et la planète au cœur. La venue de Benoît Teste, de la FSU (Fédération syndicale unitaire, organisation syndicalede l’enseignement agricole public et de ses personnels), sera aussi l’occasion d’échanger sur la situation de l’école au moment où le gouvernement a décidé d’assouplir le protocole sanitaire sans moyens supplémentaires, alors même que l’épidémie reprend.

 

Comment accueillez-vous la venue de Jean-Luc Mélenchon, première depuis 2011 ?

Ian Brossat Le Parti communiste n’a jamais fermé la porte au dialogue et nous sommes profondément convaincus qu’en cette période de crise terrible, des convergences sont absolument nécessaires. Nous sommes donc très heureux que d’autres forces de gauche viennent à cette occasion pour travailler à nos côtés.

 

Lors des universités d’été tant de la France insoumise que d’EELV, il a été beaucoup question de rassemblement, notamment dans la perspective des prochaines échéances régionales et départementales. Quelle est la position du PCF ?

Ian Brossat Des conférences régionales seront organisées par les communistes à l’automne, ils y avanceront des propositions et désigneront des chefs de file. Nous souhaitons travailler aux unions les plus larges, sur la base du contenu que nous y aurons défini. Mais, dire aujourd’hui quel sera le périmètre du rassemblement serait prématuré. Ces élections, comme les départementales, ont un impact important sur la vie quotidienne des Français. Elles doivent être considérées en tant que telles et pas simplement comme un marchepied vers la présidentielle.

 

Il est encore trop tôt pour parler de la présidentielle ?

Ian Brossat L’urgence est à faire grandir une alternative aux logiques libérales et pas à se lancer dans une course de petits chevaux. Les Français, notamment ceux qui sont le plus en difficulté, n’attendent pas cela des responsables politiques de gauche. En ce qui nous concerne, cette question sera abordée en temps voulu et notamment lors de notre congrès en juin. Il n’est pas question de griller les étapes.

 

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28 août 2020 5 28 /08 /août /2020 08:12

 

Ce jeudi 27 août, tandis que le Premier ministre tenait une conférence de presse dans la matinée, deux ministres déléguées et une secrétaire d’État invitaient les journalistes pour les suivre cet après-midi dans des déplacements dont le but est de communiquer sur telle ou telle situation, tout louant le travail des associations caritatives afin de les solliciter davantage au service des plus pauvres en lieu et place du gouvernement.

Depuis sa nomination comme Premier ministre, Jean Castex multiplie les déplacements, histoire d’entretenir les illusions sur un gouvernement en pleine action. Ce jeudi matin, une conférence de presse succède à son intervention d’hier devant l’Université d’été du MEDEF rebaptisée « Renaissance ». Hier, cette invitation l’a conduit à s’exprimer le jour où la publication trimestrielle des chiffres du chômage faisait état de plus de 4 millions d’hommes et de femmes privés de tout emploi en catégorie A, tandis que le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie B et C, ne travaillant qu’à temps partiel contraint, est en hausse. Il n’est pas étonnant dans ces conditions qu’un sondage nous indique que les opinions favorables au Premier ministre, qui étaient de 55 % en juillet sont passées à 48 % en août tandis que la proportion des mécontents connait une courbe inverse passant de 40 % en juillet à 46 % en août.

La bougeotte permanente du Premier gagne du terrain désormais chez un nombre sans cesse accru de ministres et de secrétaires d’État. Pour Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, le moindre incident violent dans telle ou telle ville donne l’occasion de se rendre sur place. Au-delà, en début de semaine, l’incendie sur la commune d’Istres, dans les Bouches-du-Rhône, l’a conduit à monter dans un avion, histoire de contempler les flammes en altitude.

Trois sous-ministres en quête de notoriété

En ce jeudi 27 août, une secrétaire d’État et deux ministres déléguées en quête de notoriété sollicitent la presse pour les suivre dans leurs déplacements. Bérangère Abba, toute nouvelle « secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique » a besoin de se faire connaître et nous invite à la suivre dans le Val d’Oise. Elle nous indique que « face au réchauffement climatique et à la multiplication des épisodes de forte chaleur, le développement de la nature en ville apparaît comme une solution ». C’est pourquoi « Bérangère Abba se rendra dans le Val d’Oise afin de visiter un éco quartier puis une « micro-forêt ». Cette visite sera aussi l’occasion d’échanger avec les élus et les habitants sur les bienfaits de la nature en ville », ajoute le communiqué. Il restera à voir si les élus auront les moyens de passer aux travaux pratiques vu la situation financière des communes.

Ce même jeudi, Nadia Hai, ministre déléguée à la Ville, se rend à Tours et à Amboise «  afin d’échanger avec les acteurs qui ont fait vire le dispositif « Quartiers d’été » sur le territoire ». Son communiqué en est réduit à constater que «  chaque année, un enfant sur quatre ne peut partir en vacances. La situation est encore plus compliquée cet été avec les difficultés économiques. En aucun cas cet été ne devait donc être une double peine, en particulier pour les familles des quartiers populaires déjà fortement impactés par le confinement et le défi de la continuité de la continuité éducative », affirme la ministre déléguée. Moyennant quoi, il nous est dit qu’un budget de 110 millions d’euros aurait été mobilisé par le ministère de la Ville et que « se sont plus de 500 000 jeunes des quartiers prioritaires qui ont bénéficié d’au moins une action labellisée « Quartiers d’été » menée au sein de leur quartier », sans la moindre précision sur le contenu réel de ce type d’opération.

Opération de communication pour Emmanuelle Wargon

Tandis que Bérangère Abba chemine ce jeudi du côté de Bessancourt et Taverny dans le Val d’Oise, cet après-midi, Emmanuelle Wargon sera visible à Esmans en Seine-et-Marne « pour découvrir le prototype du projet « Le Toi Emmaüs Solidarité », lequel «  vise à améliorer les conditions d’accueil des personnes mises à l’abri lorsque des situations d’urgence l’imposent, avant d’envisager la recherche de logement pérenne conformément aux engagements du plan pour le « Logement d’abord ». Tout cela paraît bien compliqué, mais on peut penser que les pertes d’emplois précaires qui se multiplient vont priver beaucoup de gens des moyens de se loger. C’est pourquoi, nous dit le communiqué de la ministre déléguée «  Emmaüs Solidarité a développé un nouvel équipement fabriqué par le constructeur Liberté Events. Son installation permet d’aménager dans les sites de mise à l’abri (gymnases, salles municipales) des locaux individualisés, modulables et sécurisants pour les personnes dans le besoin ».

Voilà pourquoi « Emmanuelle Wargon souhaite saluer cette initiative favorisant le bien-être et la dignité des personnes mises à l’abri dans des situations d’urgence et remercier les acteurs mobilisés dans ce projet », nous est-il précisé. À l’approche de l’hiver, avec la précarité de l’emploi va perdurer et peut-être s’accentuer, on imagine que le gouvernement entend solliciter, plus que de raison, Emmaüs et d’autres associations pour remédier aux conséquences de ses choix comme de ses carences.

Gérard Le Puill

 

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