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23 juillet 2019 2 23 /07 /juillet /2019 11:03
Solidarité. À Berck, le bon goût des vacances
Lundi, 22 Juillet, 2019

Près de 1 500 personnes de Seine-Saint-Denis ont participé à la sortie à la mer organisée par le PCF dans la cité balnéaire du Pas-de-Calais.

 

Les yeux sont encore bouffis de sommeil à la montée dans le car. Les soutes sont pleines de sacs de nourriture, de jeux, de fauteuils de plage… 7 heures, il faut démarrer, « on est en retard sur l’horaire de départ », annonce l’un des nombreux accompagnateurs qui accueillent les familles, ce samedi matin, sur la place de la mairie d’Aubervilliers. Direction Berck-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, pour cette deuxième « journée à la mer » organisée par le PCF de Seine-Saint-Denis pour promouvoir le « droit aux vacances pour tous ». Arrêt pipi sur l’aire d’autoroute, et déjà un air de vacances se fait sentir. « Il faut qu’on vienne ici pour se voir », lance en souriant une dame à un couple qui attend son tour. Sur le parking, un garçon qui a participé à la première édition l’an dernier raconte à son copain qui n’est jamais venu combien « c’est trop bien » la mer. Le bus redémarre pour les derniers kilomètres, accompagné par les chants de Kabylie ou du Mali. À la descente, les bagages récupérés après quelques pas de danse africaine, et il faut bien suivre les petits qui courent vers le front de mer.

« 1 500 personnes, 25 cars »... pour tous un grand bol d’air

« Wouah !!! On y va, on y va ? » De nombreuses familles passeront la journée dans un ballet incessant entre transats et vagues, entre châteaux de sable et serviettes de plage. Pour les plus chanceux, une glace au goûter, mais pour tous un grand bol d’air. « 1 500 personnes, 25 cars… » Laurent Jamet, trésorier du PCF en Seine-Saint-Denis, détaille l’opération, qui a lieu pour la deuxième fois. « Quelques sections le faisaient, mais on a décidé l’an dernier de l’étendre au maximum de villes. On veut en faire une grande bataille. » Ces « vacances pour tous » ont cette année impliqué les sections PCF des villes suivantes : Aubervilliers, Bagnolet, Le Blanc-Mesnil, Bobigny, Bondy, La Courneuve, Noisy-le-Sec, Montreuil, Pantin, Pierrefitte, Romainville et Saint-Denis. Une liste qui ne demande qu’à s’étoffer et qui s’agrémente de celle des autres fédérations. Celle du Nord emmènera plusieurs milliers de personnes le 27 août pour la 30e année à Malo-les-Bains, quand celle de l’Oise rejoindra pour la 25e fois les plages de Dieppe le 17 août.

« J’espère que vous avez passé une bonne journée, malgré un petit orage. Mais le soleil est revenu », plaisante Mohamed Aïssani, qui, au moment de tirer la désormais traditionnelle tombola avec les enfants, rappelle sous les applaudissements le sens de cette journée. Trop de familles en difficulté – on sait que la Seine-Saint-Denis a l’un des plus forts taux de pauvreté de la métropole – sacrifient leurs vacances aux besoins vitaux. Or le besoin d’oxygène – oublier une journée les factures, échapper aux environnements trop fortement minéralisés des centres urbains surpeuplés – est lui aussi « vital »…

« On s’est éclaté », hurle un groupe d’enfants lorsqu’on leur demande de faire le « bilan » de cette opération. Un souci permanent pour les militants communistes du département, qui en mèneront d’autres au cours de l’été. Le 21 août, une vente militante de fruits et légumes à prix coûtant, pour promouvoir l’agriculture paysanne, les circuits courts, le bien-être alimentaire. Le 27 août, à quelques jours de la rentrée, c’est une vente de matériel scolaire à prix réduit qui sera proposée. Le PCF séquano-dionysien affiche la volonté de multiplier ce genre d’opérations de « solidarité concrète » qui font du bien, et pas seulement au portefeuille, à voir les sourires qui ont marqué cette journée inoubliable… jusqu’à la prochaine.

Grégory Marin
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23 juillet 2019 2 23 /07 /juillet /2019 10:58
Députés: ne votez pas le Ceta: éditorial de l'Humanité, Patrick Le Hyaric - 23 juillet 2019
Députés, ne votez pas le Ceta !
Mardi, 23 Juillet, 2019

L'éditorial de Patrick Le Hyaric.

 

Quelle contradiction entre le micro tendu à l’Assemblée nationale à Mlle Greta Thunberg et le vote du traité de libre-échange avec le Canada ! Ce dernier est déjà en application avant même d’être voté. Il produit déjà des effets négatifs pour la santé, l’agriculture, la pêche. Malgré les alertes, les engagements, dont ceux du président de la République, il n’y a aucune garantie sur le « veto climatique », la défense du principe de précaution, l’utilisation des farines animales, la nouvelle génération d’organismes génétiquement modifiés.

Au nom du principe de « coopération réglementaire », qui fait fi des opinions et des votes des parlements et donc des législations, la Commission européenne a déjà accepté de relever les limites maximales de résidus chimiques dans l’alimentation. Elle se prépare à accepter la substance très toxique d’un herbicide entrant dans la composition de l’agent orange, déclaré ici comme un perturbateur endocrinien. Elle refuse de contester l’utilisation de plus de 45 substances chimiques interdites en Europe mais utilisées au Canada dans la production agricole. Ce même pays s’est allié début juillet au Brésil et aux États-Unis pour contester, au sein de l’Organisation mondiale du commerce, l’application du principe de précaution pour des substances cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.

Ne croyons pas que les accords de libre-échange visent à des coopérations mutuellement avantageuses entre nations. Ils sont voulus par les grandes firmes transnationales pour amplifier la guerre économique et gonfler leurs profits, au détriment de l’emploi, des salaires, de la santé, de l’environnement, des territoires. Le libre-échange, ce n’est pas la concorde entre les peuples mais leur mise en concurrence exacerbée.

Voter ce traité si néfaste, c’est ouvrir la porte à la multitude de textes similaires que négocie en ce moment même la Commission européenne : Japon, Marché commun d’Amérique latine, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique et, demain, le retour de celui négocié avec les États-Unis. Les multinationales veulent que la planète soit leur marché ; les êtres humains et la nature, les fantassins de leur guerre économique.

Députés ! Ne vous désarmez pas vous-mêmes. Contre les lois que vous voterez, les firmes transnationales utiliseront les tribunaux privés d’arbitrage pour appliquer prioritairement le droit « des affaires » contre l’intérêt général. Défendez votre droit à légiférer dans l’intérêt général humain et environnemental ! Défendez votre souveraineté contre les milieux d’affaires. Ne votez pas le Ceta.

Par Patrick Le Hyaric
Députés: ne votez pas le Ceta: éditorial de l'Humanité, Patrick Le Hyaric - 23 juillet 2019
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21 juillet 2019 7 21 /07 /juillet /2019 16:46
Formation professionnelle. L’Afpa en danger malgré ses bons résultats
Vendredi, 19 Juillet, 2019 - L'Humanité

Représentants des personnels et élus se mobilisent pour sauver l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa). Ils soulignent l’importance, le bon bilan de l’agence et alertent le gouvernement.

 

La casse des services publics continue quel que soit le domaine. L’Afpa, Agence de formation professionnelle publique, est désormais sur la sellette. « Cela fait des mois que j’essaie de mobiliser sur cette situation sur le terrain et à l’Assemblée nationale », lance Pierre Dharréville. Le député PCF a ainsi réuni parlementaires de tous bords et représentants des personnels de l’Afpa (CGT et SUD), mardi, à l’Assemblée. Tous s’alarment de la destruction programmée d’un outil qui fonctionne. Alors que la direction de l’organisme prévoit la suppression d’environ 1 500 postes, soit un quart des effectifs, et de 34 centres de formation sur les 202 existants, l’État regarde ailleurs. Les résultats de l’Afpa sont pourtant excellents. Avec 125 000 stagiaires chaque année, dont 75 000 demandeurs d’emploi, l’agence présente « des résultats supérieurs aux autres organisations », insiste Sylvain Bego-Ghina, de la CGT Afpa.

Plutôt que de saigner l’Afpa, mieux vaudrait la relancer

Fondée en 1949, elle propose plus de 900 formations professionnelles. Un actif sur huit en France a été formé en son sein. « Le taux de retour à l’emploi après un passage à l’Afpa est de 68 % dans les six mois. Il s’agit du plus élevé de tous les centres de formation. On a vraiment un outil de qualité », abonde Pierre Dharréville. Ces très bons chiffres sont pourtant ignorés au sommet. Sur les 34 centres dans la ligne de mire de la direction, plus des deux tiers ont un excédent brut d’exploitation positif. Quant aux arguments concernant les structures déficitaires, ils ne sont pas recevables, selon les représentants des salariés. « L’Afpa est bénéficiaire compte tenu des embauches et donc des créations de richesses. Les demandeurs d’emploi formés sortent du coût du chômage », argumente Sylvain Bego-Ghina.

Fermer ces centres reviendrait à renoncer aux missions centrales de l’agence publique : lutter contre le chômage, former tout au long de la vie et garantir l’accès à l’emploi pour les personnes les plus éloignées du monde du travail. Yann Cherec, de la CGT, insiste sur ce service de proximité : « On fait partie du service public de l’emploi, on ne peut pas réduire ce maillage territorial. » Si le plan aboutit, des départements entiers se retrouveront « sans aucun centre de formation, ni public ni privé », s’indignent les délégués syndicaux. Selon eux, l’Afpa doit continuer de répondre à une demande d’accessibilité à la formation, notamment dans les secteurs d’avenir.

« L’Afpa a toutes les qualités pour relever le défi de la sécurisation des parcours et des transitions professionnelles indispensables à la transition écologique. Dès lors, pourquoi la casser ? » interroge Pierre Dharréville. Yann Cherec a bien une idée. Il dénonce « un gouvernement de techniciens » qui ne regarde que « les chiffres négatifs des tableaux Excel ». Plutôt que de saigner l’Afpa, mieux vaudrait la relancer. « L’État a une responsabilité majeure dans cette situation. Un certain nombre de commandes publiques pourraient être faites à l’Afpa. Quinze millions d’euros sont prévus sur cinq ans pour le plan d’investissement sur les compétences. L’Afpa peut être utile et y répondre », propose l’élu communiste. Dans sa circonscription des Bouches-du-Rhône, le centre Afpa menacé « est celui qui accueille le plus de stagiaires de la région. Il est de plus bénéficiaire. Il serait complètement incohérent et insensé de le fermer », s’indigne-t-il. Plusieurs députés LaREM s’inquiètent également, d’autant plus quand ils sont issus de territoires qui risquent de se retrouver sinistrés avec la disparition de leurs centres Afpa. « Nous avons besoin d’un service public de la formation professionnelle dans ce pays. Il faut prendre la mesure de l’urgence de la situation », assène Catherine Ribot. La secrétaire adjointe de la CGT Afpa demande un vrai projet « plutôt que de nous laisser crever à petit feu ».

Des députés ont en ce sens écrit au premier ministre et demandé à être reçus ensemble. Ils n’ont pour l’instant pas reçu de réponse. La direction de l’Afpa a de son côté décidé de retirer son plan et d’en présenter un autre qui prenne en compte la prévention des risques psychosociaux pour les salariés. Elle fait en parallèle appel de la décision du tribunal de grande instance de Bobigny, qui a suspendu le premier plan.

Carl Bouché et Ilona Cler
Formation professionnelle. L’Afpa en danger malgré ses bons résultats (L'Humanité, Carl Bouché et Ilona Cler,19 juillet 2019)
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21 juillet 2019 7 21 /07 /juillet /2019 15:40
Violences policières contre les jeunes, les gilets jaunes, les habitants des quartiers populaires - L'Humanité s'engage
Goulven Boudic « Pour la police nantaise, le jeune est un ennemi »
Mercredi, 17 Juillet, 2019

Répression.  Steve Caniço l’homme de 24 ans reste introuvable depuis la nuit du 21 juin. Goulven Boudic, politologue à l’université de Nantes, analyse l’omerta et la stratégie locale du maintien de l’ordre.

 

Nantes (Loire-Atlantique), envoyée spéciale.

Les vidéos montrant les policiers, en équipement anti-émeute, charger les jeunes, le soir du 21 juin, sont implacables. On parle souvent de Nantes comme d’un laboratoire de la stratégie du maintien de l’ordre. Est-ce votre avis ?

Goulven Boudic En tout cas, Nantes s’inscrit dans un contexte de profonde modification du maintien de l’ordre en France, qui a vu, depuis une décennie, une réorganisation des équipes, le développement d’un véritable arsenal, cette idée de devoir faire de l’interpellation… Et avant ça, il y a eu Tarnac et la mise en scène de l’ultra-gauche. Dans ce cadre, Nantes a souvent été vue comme un laboratoire de cette mouvance. Il ne s’agit pas de dire que ça n’existe pas, mais les pouvoirs publics ont clairement manipulé cette catégorie pour justifier tout un ensemble de durcissements : en 2012, la première tentative d’évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes a été une véritable opération militaire ! À l’époque, les services du CHU ont été les premiers à parler de blessures de guerre, entre traumatismes faciaux et mains arrachées.

Au moment des différentes mobilisations des gilets jaunes, les mêmes techniques ont été appliquées. On s’aperçoit désormais que, sur cette question du maintien de l’ordre, il est très difficile de mettre en place une réelle surveillance démocratique, alors même que l’on assiste à une escalade. Au fond, ce qui s’est passé le 21 juin n’a fait que confirmer les craintes que nous formulons depuis des années déjà. Ce n’était que des gamins qui faisaient la fête, mais ils ont été vus, indistinctement, comme une de ces catégories dangereuses créées artificiellement.

C’est-à-dire ?

Goulven Boudic La tradition à Nantes, c’est la force du syndicalisme anarcho-libertaire. Les manifestations ne sont jamais déposées en préfecture – une illégalité totalement structurée. Dans le contexte récent, cette spécificité a pu servir à la police pour justifier ses opérations. En constituant un groupe hétéroclite d’observateurs en manifestation, on a voulu sortir du face-à-face dans lequel la parole des policiers gagne toujours. Leur point d’accroche : la construction de cette catégorie du « zadiste-terroriste » qui casse tout dans la ville, qui mène à justifier de lui taper dessus. Et nous avons pu constater que, dans les manifestations contre Parcoursup, par exemple, il y avait d’emblée de l’intimidation, de la provocation et ce n’était pas toujours très propre. Les techniques sont relativement connues ici, avec un recours systématique aux lanceurs de balles et gaz lacrymogènes. Il faut rappeler que nous avons eu, en 2007, les premiers blessés français au Flash-Ball. C’est un souvenir qui pèse ici et qui a tendu les rapports entre police et jeunes, donnant naissance au collectif Nantes révoltée.

Comment analysez-vous la communication sur la disparition de Steve ?

Goulven Boudic Il y a eu d’abord la médiatisation de la version officielle. La stratégie de défense reposait sur un argument : c’était une intervention classique et les policiers ont été agressés – or, les vidéos et témoignages ont démontré le contraire. Puis, il y a eu un moment de flottement et de sidération avant que cela ne devienne vraiment un événement. Il y a trente ans, une bavure policière faisait la une du 20 heures… Cette affaire me rappelle ce qu’écrit l’historien Alain Dewerpe sur Charonne et la stratégie du pouvoir gaulliste qui revenait à dire que « les manifestants sont morts d’avoir manifesté », qu’ils ont, en quelque sorte, collaboré à ce qui leur est arrivé alors que la manifestation est un droit. Ici, c’est encore autre chose. Ce n’était pas une manifestation et c’était organisé. Pourquoi y avait-il des Zodiac qui ont permis de sauver la vie de 14 jeunes (eux aussi tombés à l’eau ce soir-là – NDLR) ? Parce que le risque est connu et que ça arrive régulièrement. En dehors de Nantes, on ne se rend peut-être pas compte, mais la Loire n’est pas une piscine. Il y a deux bras qui se rejoignent, des siphons et des courants.

De quelle façon appréhendez-vous le moment où le corps remontera à la surface ?

Goulven Boudic Ce sera forcément un moment délicat et difficile, pour la famille en premier lieu. Statistiquement, on sait que ça peut prendre un peu de temps pour que le corps ressorte. Pour l’heure, les marches pour Steve ne réunissent pas une grande partie de la population, comme s’il existait une forme de fatalité. Seulement, peut-être n’a-t-on pas intégré les nouvelles formes de mobilisation plus virtuelles, qui finalement occupent une grande partie de la vie des gens. Le mot-dièse « #où est Steve » est très partagé. Les personnalités politiques devraient y être très attentives, au lieu de minimiser la mobilisation physique. Tout le monde en parle à Nantes, sans trouver encore le moment, possiblement exutoire, du deuil. Dans l’histoire de la mémoire ouvrière nantaise, une manifestation de 1951 s’est traduite par la mort d’un manifestant, Rigoulet, tué par un garde républicain. Son nom figure comme un marqueur de la mémoire locale. De même, je suis sûr que, dans vingt ans, le nom de Steve restera.

Comment expliquer, pour l’heure, le silence ambiant ?

Goulven Boudic Il peut y avoir une forme de prudence, certains imaginant que Steve l’a peut-être cherché. Pour le reste, ce n’est pas qu’avec la police que les relations se sont tendues : la voiture de la maire a été incendiée, certains élus sont pris à partie directement… Une méfiance s’est installée entre un réseau militant libertaire et parfois réfractaire à toute discipline partisane et la municipalité, qui n’engage aucune confrontation politique, au sens noble du terme. Le fait que ce soit Nantes révoltée qui ait diffusé les premières vidéos a provoqué une mise à distance de la part des pouvoirs publics. L’un des paradoxes est que ces jeunes qui faisaient la fête sur le quai Wilson ne sont pas, dans leur grande majorité, des politisés ou des militants. C’est la police, par son intervention, qui les a construits comme des ennemis parce que jeunes. Car, pour la police nantaise, le jeune est devenu un ennemi. Alors qu’on a tous dans notre entourage des gamins qui étaient présents ce soir-là.

Beaucoup évoquent une responsabilité dans la chaîne de commandement…

Goulven Boudic Tout s’inscrit dans une omerta totale. Les rares policiers qui ont pris la parole (certains parlent d’un ordre « absurde » – NDLR) sont à deux doigts de se faire sanctionner. On peut être pessimistes, à terme, puisque ces logiques d’institutions, qui renvoient aussi à ce qu’est la police aujourd’hui, ne peuvent pas changer du jour au lendemain. Mais, alors que les premiers éléments sont relativement connus et identifiés, il faudrait, au moins, un signe de la part de l’État qui dise « on a merdé ». Au minimum, l’expression d’une empathie, d’un regret ou d’une prise de conscience. La question de l’impunité est importante dans cette société très compartimentée. Il y a comme un espoir d’une forme d’oubli et de silence. Mais on ne peut plus se satisfaire de cette dissociation dans le temps entre les enquêtes forcément longues (enquête ouverte par le parquet pour disparition inquiétante et une autre par l’IGPN sur les conditions de l’intervention – NDLR) et l’idée, qu’en attendant, on continue comme avant.

Entretien réalisé par Audrey Loussouarn
Droits. Le parcours du combattant des victimes de violences policières
Lundi, 22 Juillet, 2019

Procédures interminables, expertises médicales douteuses, manque d’investigations : dans l’affaire Adama Traoré comme dans bien d’autres cas semblables, le chemin des familles pour obtenir « vérité et justice » est toujours semé d’embûches.

 

Trois ans après le décès d’Adama Traoré, le jour de ses 24 ans, dans la cour de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), on ne sait toujours pas dans quelles conditions le jeune homme est mort. Dire et répéter, jusqu’à ce jour, qu’il a été asphyxié sous le poids de trois gendarmes lors d’une brutale interpellation, c’est le combat acharné d’Assa Traoré, la sœur de la fratrie, et du Comité Adama, qui organisait, samedi, une marche contre les violences policières (lire notre reportage en page 6). Cette lutte, devenue emblématique, fait écho au véritable parcours du combattant auquel se livrent mutilés et familles.

La bataille commence dès les premières heures après les violences. « Les familles sont perdues, car elles vivent un drame, témoigne Amal Bentounsi, la sœur d’Amine, tué d’une balle dans le dos par un agent, et cofondatrice de l’association Urgence, notre police assassine. Elles ignorent les démarches juridiques à engager et peuvent tomber dans les pièges tendus par les autorités, comme accepter d’enterrer rapidement le corps du défunt. » D’où l’importance de bénéficier des conseils de militants habitués à ces problématiques de violences policières. Car, très vite, il faut tenter de rassembler des preuves. En cas de blessures ou de décès, il revient aux victimes ou à leurs proches d’exiger un certificat médical précis, établi par un médecin légiste. Les familles peuvent aussi mener une enquête de voisinage pour retrouver une personne ayant entendu, vu, voire filmé la scène. « En fait, on fait le travail que les flics ne font pas, alors qu’on devrait pouvoir faire notre deuil tranquillement ! » s’indigne Amal Bentounsi. Cette quête de preuves n’est jamais de tout repos. Dans des quartiers où la pression policière est forte, les témoins craignent parfois des représailles d’agents, notamment si les accusations de violences visent un collègue du même commissariat. Persuader ces témoins de verser des images au dossier est capital, même si cela ne suffit pas toujours à établir l’illégitimité des violences.

Comme le rappellent plusieurs avocats, en France, lorsqu’un habitant des quartiers populaires porte plainte contre un policier, sa parole n’est pas toujours prise au sérieux par la justice. « Leur crédibilité n’est pas la même que quand il s’agit d’une victime blanche, habitant un centre-ville, résume Me Arié Alimi, avocat et membre de la Ligue des droits de l’homme (LDH). Un doute apparaît dans le regard de l’interlocuteur policier ou judiciaire du simple fait que le plaignant vient d’un de ces quartiers, qu’il est arabe ou noir. Ce sont des victimes invisibles. » Régulièrement aussi, les victimes font face à des tactiques policières redoutables pour décrédibiliser leur parole. « Il y a une criminalisation quasi systématique : les policiers poursuivent les plaignants pour “outrage”, “rébellion” ou “violences”, constate Me Alice Becker, avocate de plusieurs gilets jaunes. On assiste à une inversion des rôles : le plaignant doit se justifier sur tout, comme s’il était le mis en cause. » Or, quand un policier dit avoir subi des violences, la justice ne traîne pas des pieds. « Les personnes sont souvent déférées, en comparution immédiate, en quatre jours au maximum et écoperont d’une condamnation. Alors que, pour les fonctionnaires mis en cause, on va attendre des années », pointe Me Becker. Du temps perdu, pour pas grand-chose : le plus souvent, les plaintes déposées par les victimes aboutissent à des classements sans suite par les parquets.

Des enquêtes biaisées, une justice compromise

Lorsque la plainte arrive jusqu’au palais de justice, débutent de nouvelles épreuves pour les parties civiles. Comme, par exemple, celle de devoir faire face à des mensonges patents, même après des années de combat. Il en aura fallu sept pour prouver la responsabilité du fonctionnaire Jean-Yves Césaire dans la blessure au visage de Geoffrey Tidjani, visé en 2010 par un tir de lançeur de balles de défense (LBD) devant son lycée, à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Au procès, l’agent ment en invoquant la légitime défense à la suite d’une « pluie de projectiles » dans un contexte d’« émeutes urbaines ». Des vidéos contrediront les explications du policier : le lycéen ne faisait que pousser une poubelle… En 2017, l’homme est condamné en appel à 18 mois de prison avec sursis pour « violences volontaires », mais aussi « faux et usage de faux », pour avoir menti sur procès-verbal. La cour annulera pourtant l’interdiction professionnelle prononcée en première instance. « En France, on peut mutiler un jeune devant son lycée avec une arme de guerre, faire un faux en écriture pour l’envoyer en prison et continuer son métier de policier avec la bénédiction de la justice », dénonce Christian Tidjani, le père de la victime. De fait, les peines, quand il y en a, restent la plupart du temps légères et peu dissuasives.

Car la justice est timide en matière de violences policières. « C’est compliqué d’obtenir des investigations détaillées », estime Me Jean-Louis Borie, avocat de la famille de Wissam El-Yamni, ce Clermontois de 30 ans décédé en 2012 après une violente interpellation. Sept ans après l’ouverture d’une information judiciaire, l’enquête ignore encore des faits troublants, comme la disparition de 26 photos prises par les enquêteurs au début de l’hospitalisation du jeune homme. Quant aux ordinateurs des policiers, l’un a été détruit, l’autre a vu son disque dur effacé. Et la ceinture que portait Wissam cette nuit-là s’est volatilisée… Ce qui fait beaucoup de mystères pour une seule instruction. « L’enquête a été biaisée dès le départ, en étant réalisée par la sûreté départementale, c’est-à-dire des proches des collègues concernés. Dans leurs premières déclarations, les policiers répètent tous les mêmes mots. Ça interroge », analyse Me Borie. Il y a aussi les cas où la justice regarde carrément ailleurs. Dans le dossier Ali Ziri, un retraité algérien de 69 ans mort en 2009 après un contrôle, les trois juges d’instruction successifs n’ont même pas estimé utile d’auditionner les fonctionnaires concernés. Ni les témoins présents au commissariat. Ni de visionner les caméras de la cour du commissariat. « C’est proprement scandaleux ! assène Me Stéphane Maugendre, l’avocat de la famille Ziri à l’époque. Lorsque des policiers sont mis en cause, on ne doit pas instruire a minima. La justice doit être irréprochable. » Malgré cette enquête bâclée, la cour d’appel avait confirmé en 2014 le non-lieu.

Et quand les instructions ne sont pas enterrées, c’est souvent grâce à la persévérance des familles. Commandée par les proches d’Adama Traoré, la dernière expertise médicale a relancé une affaire passablement enlisée. Ses résultats ont contredit les conclusions de l’enquête rendue en décembre par les juges, en pointant « l’asphyxie mécanique » due aux méthodes d’interpellation. De quoi convaincre les juges de ne pas en rester là, alors que l’hypothèse d’un non-lieu se profilait. La lenteur des procédures ajoute néanmoins aux difficultés des plaignants. « La justice est volontairement longue ! s’indigne Assa Traoré. On ne lâchera rien, même si ce système essaye de nous essouffler. » Cette mère de famille a mis entre parenthèses sa vie professionnelle pour mener son combat, qui entraîne des frais financiers colossaux. « La vente des tee-shirts et les dons nous permettent de tenir », précise-t-elle. Il n’est pas rare que les familles de victimes, aux faibles ressources, soient obligées d’ouvrir des cagnottes en ligne pour payer les frais d’avocats, les expertises médicales et l’organisation des rassemblements.

Aujourd’hui, trois ans après la mort de son frère, Assa Traoré entend faire du dossier Adama une tribune pour les habitants des quartiers frappés par les violences. Au-delà de l’affaire, « c’est un système que nous voulons briser : celui de la machine à fabriquer les non-lieux ». « Un pays sans justice est un pays qui appelle à la révolte », prévient Assa Traoré.

Lola Ruscio
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20 juillet 2019 6 20 /07 /juillet /2019 05:01
Fête de l'Humanité 2019 - 13, 14, 15 septembre à la Courneuve - Finistériens, top départ! Découvrez le programme, achetez la vignette, soyez bénévoles!

Lien Page Facebook Stand du Finistère - Fête de l'Huma 2019

Ça s'prepare. Ça s'attend... Ça s'vit... Les vignettes bon de soutien accès 3 jours disponibles auprès de toutes les sections PCF du Finistère. 28 euros pour le soutien au journal de Jaurès et de la gauche indépendante des milieux de l'argent, 28 euros pour l'accès au plus grand festival et a la plus grande fête politique de France. Vous avez aussi la possibilité de servir comme bénévole sur le stand du PCF Finistère.

https://fete.humanite.fr/-Programme-27-

Fête de l'Humanité 2019 - 13, 14, 15 septembre à la Courneuve - Finistériens, top départ! Découvrez le programme, achetez la vignette, soyez bénévoles!
Fête de l'Humanité 2019 - 13, 14, 15 septembre à la Courneuve - Finistériens, top départ! Découvrez le programme, achetez la vignette, soyez bénévoles!
Stand du Finistère – Fête de l'Humanité 2019 -

13-14-15 septembre – Parc départemental de la Courneuve

 

Inscriptions Bénévoles

Les 13, 14 et 15 septembre 2019 se déroulera la Fête de l'Humanité au Parc Départemental de La Courneuve. Le programme est à découvrir sur le site : https://fete.humanite.fr/-Programme-27-

Comme lors de chaque édition, le stand de la Fédération du Finistère sera présent sur la Place de Bretagne, à côté des autres fédérations bretonnes, des bretons de Paris, des Cheminots… Non loin de la Grande Scène.

Avec son restaurant qui propose le fameux Kig ha Farz du Nord Finistère, la Saucisse de Molène fumée aux algues, ses huîtres et autres spécialités, il est un lieu incontournable de la fête pour les gastronomes.

Son bar est aussi un lieu de rencontres, de fraternité, de convivialité, entres deux concerts, entre deux débats organisés sur l'espace consacré place de Bretagne. Les soirées y sont animées, chantantes… La bonne humeur et la camaraderie sont de mises.

Pour le bon fonctionnement du stand, la commission « Fête de l'Humanité » de la Fédération PCF 29 travaille depuis plusieurs mois déjà à la réussite de cette nouvelle édition. Celle de 2018 fut exceptionnelle avec des bénéfices indispensables à la réussite de nos luttes politiques et à la survie de notre journal : L'Humanité. En 2019, transformons l'essai, et faisons mieux !

Pour le bon fonctionnement du stand, nous avons besoin de 80 bénévoles environ. Une solide équipe est déjà constituée, mais elle a besoin d'être renforcée par de nouvelles forces. Une nouvelle relève dynamique pour que vive le stand du PCF 29 à la Fête de l'Humanité.

Tu trouveras ci-joint le bulletin d'inscription en tant que bénévole sur notre stand. Nul besoin d'être adhérent au PCF, juste l'envie, la motivation, la profonde conviction que le partage, dans ce monde, est une nécessité humaine et fraternelle. Vivre la fête autrement, partager des moments uniques avec les camarades réunis sur le stand, se loger sur place, pouvoir manger à moindre coût, assister aux concerts, participer aux débats, vivre sa fête tout simplement… Vivre une parenthèse qui marque chaque militant, chaque participant. Voilà ce que nous proposons.

Pour que cette fête existe, nous avons besoin de vous : 3 heures de bénévolat par jour au moins , 9 heures au total sur les trois jours pour ceux qui restent trois jours. Vous pouvez répartir selon vos envies sur le planning, selon votre savoir-faire, vos compétences, mais aussi selon vos souhaits d'apprendre, d'aider… Chaque poste est déterminant, chaque tranche horaire est importante !

Tu trouveras ci-joint le bulletin d'inscription, à retourner avant le 15 août 2019, à la Fédération PCF 29, à Ismaël Dupont, dupont.ismael@yahoo.fr, ou à Yoann Daniel, yoann.daniel@outlook.fr - federation@29.pcf.fr

Pour information, l'hébergement ne peut se faire qu'en tente individuelle derrière l'espace du stand. Les places en tente collective sont distribuées à la discrétion de la commission selon les besoins. Il est aussi possible de dormir sur un matelas sous la tente restaurant pour assurer la sécurité du stand.

Yoann Daniel  et Ismaël Dupont pour le PCF Finistère

fête de l'Humanité 2018 sur le stand du Finistère

fête de l'Humanité 2018 sur le stand du Finistère

fête de l'Humanité 2018 sur le stand du Finistère

fête de l'Humanité 2018 sur le stand du Finistère

fête de l'Humanité 2018 sur le stand du Finistère

fête de l'Humanité 2018 sur le stand du Finistère

fête de l'Humanité 2018 sur le stand du Finistère

fête de l'Humanité 2018 sur le stand du Finistère

fête de l'Humanité sur le stand du Finistère

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Fête de l'Humanité 2019 - 13, 14, 15 septembre à la Courneuve - Finistériens, top départ! Découvrez le programme, achetez la vignette, soyez bénévoles!
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19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 07:45
Pierre Ouzoulias

Pierre Ouzoulias

La Commission de la culture du Sénat a tranché :
les « algorithmes locaux » de Parcoursup existent et ils doivent être rendus publics

La procédure Parcoursup organise le recueil des vœux et des dossiers des lycéens à l’aide d’un algorithme national qui a été publié. En revanche, ces informations sont traitées, le plus souvent, en partie ou en totalité, par les établissements de l’enseignement supérieur à l’aide d’« algorithmes locaux » qui demeurent confidentiels, contrairement aux engagements du Président de la République et du Gouvernement qui affirmaient vouloir rendre le nouveau dispositif totalement transparent.

Dès la promulgation de la loi, en mars 2018, avec le groupe CRCÉ, le Sénateur Pierre Ouzoulias avait demandé la publication de ces « algorithmes locaux » à la ministre chargée de l’enseignement et, sans réponse, avait saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), le Défenseur des droits et la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) pour en obtenir la communication.

La confidentialité des modalités d’examen des dossiers des lycéens repose sur une mesure dérogatoire introduite dans la loi par un amendement du Gouvernement. Il organise un régime spécifique de communication, contraire au principe général de transparence institué par le code des relations entre le public et l’administration.

À l’occasion de la discussion du projet de loi relative à la protection des données personnelles, en avril 2018, la Sénatrice Sophie Joissains, au nom de la commission des lois, avait fait voter par le Sénat un amendement supprimant ce régime dérogatoire. Il avait été rétabli par l’Assemblée nationale.

Dans le cadre du suivi de l’application de la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants (ORE), la commission de la culture du Sénat a confié au Sénateur Jacques Grosperrin, rapporteur de la loi, une mission d’évaluation sur ces « algorithmes locaux ». Ce dernier a rendu compte de ses travaux et de ses conclusions, le 17 juillet 2019. Il montre que la procédure Parcousup se compose d’une phase de pré-classement qui met en œuvre des « algorithmes locaux » et d’un examen individuel des dossiers.

À la suite du Défenseur des droits, de la CADA, de la CNIL et de la Commission européenne, il considère qu’il est essentiel, pour la transparence de la procédure, que les critères de ces « algorithmes locaux » soient rendus publics.

Après plus d’un an de démarches auprès du ministère et du Gouvernement et de saisines contentieuses, le Sénateur Pierre Ouzoulias et le groupe CRCÉ se félicitent de cette décision de la commission de la culture du Sénat qui valide le travail accompli pour dénoncer ce régime dérogatoire et l’opacité de Parcoursup. Ils déposeront prochainement, au Sénat, une proposition de loi pour supprimer cette disposition et défendre les droits des lycéens et de leurs familles contre l’arbitraire d’une procédure d’exception qui organise le tri social.

 

Le 18 juillet 2019

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19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 07:08
[ASSEMBLÉE NATIONALE]

Lors de l'examen du projet de loi autorisant la ratification du Ceta, les députés PCF sont intervenus. Alain BRUNEEL fustige une "stratégie du perdant-perdant" et s'inquiète des conséquences du CETA sur l'emploi puisque "45000 emplois sont menacés de disparition en France et 30000 au Canada".
Jean-Paul LECOQ s'insurge contre les mesures du CETA qui portent inexorablement atteinte à la souveraineté: "attaquer les États pour avoir fait des lois: oui, c’est possible. Et voici que le piège du néolibéralisme se referme sur la démocratie!" 

Rassemblement stop Ceta à Morlaix le 13 juillet dernier.

Rassemblement stop Ceta à Morlaix le 13 juillet dernier.

Ceta. La majorité se prosterne devant le marché
Jeudi, 18 Juillet, 2019

À l’Assemblée nationale, les députés devaient valider hier le traité de libre-échange entre l’UE et le Canada, avant un vote solennel mardi.

 

Pour les uns, le Ceta trace un avenir radieux. Jean-Yves Le Drian l’a défendu sans hésiter, hier, devant l’Assemblée nationale. Ce traité de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada va permettre de tirer « vers le haut nos standards environnementaux et sociaux », affirme le ministre des Affaires étrangères, qui ajoute que « toutes les craintes ont été levées ». Toutes. Ainsi, le Ceta respecterait le principe de précaution, ne permettrait pas d’importer des viandes nourries aux farines animales, des saumons OGM et des denrées traitées avec 46 pesticides interdits dans l’UE. « Les normes européennes continueront de s’appliquer », promet-il. Pour le rapporteur du texte, Jacques Maire, ce traité impose même le « respect de l’accord de Paris ». Loin de représenter une menace pour les agriculteurs français, il fera « rayonner l’excellence française », lance la députée LaREM Marie Lebec. Et offrira l’opportunité de « conquérir de nouveaux marchés », dont les « marchés publics canadiens », s’enthousiasment les élus de la majorité. Déjà appliqué depuis deux ans, il a fait « progresser la balance commerciale entre la France et le Canada à 400 millions d’euros en 2018, en faveur de Paris », apprécient-ils.

Les multinationales pourront attaquer en justice toutes politiques publiques

Tout va bien alors ? Pourquoi s’inquiéter ? « Nous commerçons déjà avec le Canada à hauteur de 70 milliards d’euros par an », indique Roland Lescure. Le président de la commission des Affaires économiques précise que les échanges existent aussi avec les États-Unis, sans accord, à hauteur de 700 milliards, et avec la Chine pour 600 milliards. Il y a donc urgence à « négocier pour faire monter la barre pour tous » en termes d’exigences, justifie-t-il. Le problème, c’est que pour les opposants au texte, le Ceta organise justement l’inverse, à savoir l’abandon de toutes normes au nom du libre-échange. Députés PCF et FI – qui ont toujours été hostiles au traité – comme PS et LR – qui l’ont soutenu et porté quand ils étaient majoritaires – ont ainsi accusé le Ceta d’ouvrir la porte à de graves dangers environnementaux, sanitaires, économiques et sociaux. Ils ont largement cité la foule d’ONG, d’associations et de syndicats qui s’alarment des conséquences à venir. Et bien sûr l’étude d’impact, commandée par le gouvernement, qui conclut clairement que le Ceta va faire augmenter les émissions de gaz à effet de serre, et accélérer la destruction de notre planète.

Malgré les promesses de l’exécutif, les élus d’opposition assurent que rien dans le texte ne protège l’Union européenne de l’arrivée de denrées alimentaires contraires à sa législation. Si des contrôles sont prévus au Canada, sur des animaux vivants, rien ne l’est sur les steaks ou les pavés qui arriveront sur notre sol. Rien non plus pour respecter l’accord de Paris et se protéger de l’appétit des multinationales, qui pourront attaquer en justice toutes politiques publiques qui nuiraient à leur activité économique. Le gouvernement l’a reconnu sans le dire, en lançant qu’un « mécanisme d’interprétation commun avec le Canada » est prévu, pour émettre des « notes d’accord qui seront contraignantes » vis-à-vis des tribunaux d’arbitrage. Reste que le texte soumis hier à ratification, en l’état, n’assure rien de tout cela. De fait, l’exécutif a demandé un nouveau blanc-seing à la représentation nationale, qui devait dans la soirée donner son feu vert à un accord qu’elle ne maîtrise pas, et qui a été négocié dans son dos, avant un vote solennel prévu mardi.

Aurélien Soucheyre
CETA: la majorité se prosterne devant le marché (L'Humanité, 18 juillet 2019 - Aurélien Soucheyre)
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19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 06:57
Réforme des retraites - plan Macron/Delevoye: l'Humanité décrypte les intentions de la retraite par points, réforme de régression sociale
Protection sociale. Les mauvais points du projet de réforme Delevoye
Vendredi, 19 Juillet, 2019 - L'Humanité

Des pensions soumises à des contraintes budgétaires de fer, un âge de départ réel sans cesse reporté… Le projet de retraite par points dévoilé jeudi par Jean-Paul Delevoye est synonyme de régression des droits sous couvert d’unification des régimes.

 

Un système à points applicable aux personnes nées à partir de 1963 et se trouvant à plus de cinq ans de la retraite, et dont l’âge pour bénéficier du taux plein sera fixé dans un premier temps à 64 ans… Dans le rapport qu’il a rendu ce jeudi à Édouard Philippe, le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, préconise un bouleversement complet des règles du système de retraites. Si certaines règles communes vont être maintenues, au moins en apparence, dans le passage d’un système à l’autre, comme le maintien dans la loi de la référence à l’âge légal de départ à 62 ans, les repères collectifs tels que la durée de cotisation (166 trimestres aujourd’hui, soit 41,5 ans, avec un objectif de 172 trimestres, c’est-à-dire 43 ans en 2035) ou l’âge du taux plein pour tous à 67 ans, seront rayés de la carte au profit d’un compte unique en points, sur le modèle de la retraite complémentaire Agirc-Arrco. Celle-ci, comme la quarantaine de régimes de retraite existants, sera intégrée au régime universel, aux règles uniformisées. Pour Jean-Paul Delevoye et ses équipes, cette réforme serait l’occasion de mettre en place un système « offrant la possibilité de choisir la date de son départ en fonction de son niveau de retraite, la notion de durée d’assurance s’effaçant derrière celle de points acquis ». Derrière cette simplification aux allures de justice, c’est une autre réalité qui se dessine.

1/ La retraite repoussée à 64 ans… en attendant pire

Le 23 janvier dernier, Jean-Paul Delevoye avait promis : « Il n’y aura pas de décote, nous laissons la liberté de choix de partir à 62 ans. » Moins de six mois plus tard, c’est une autre musique : les assurés qui décideront de prendre leur retraite à l’âge légal pourront toujours le faire… mais ils en subiront les conséquences financièrement. Leur pension sera diminuée de 10 % à 62 ans et de 5 % s’ils partent un an plus tard. En cause : la fixation d’un âge du taux plein à 64 ans (c’est-à-dire sans décote, ni surcote), qui « est celui qui permet de garantir et de maintenir constant le rendement d’équilibre du système », explique le rapport. Les assurés seront donc incités à repousser leur retraite pour maintenir le système à flot, à défaut de lui consacrer plus de recettes.

Plus grave : dans le nouveau système, « l’âge du taux plein sera un levier de pilotage du système de retraite », est-il précisé. En clair, l’âge de départ devient une variable d’ajustement du système. « Cet âge avancera plus ou moins rapidement, voire stagnera », selon l’espérance de vie. La règle serait la suivante : affecter les deux tiers de tout gain futur d’espérance de vie à la durée du travail. Pour Régis Mezzasalma, conseiller confédéral CGT sur les retraites, « dire que l’on maintient la retraite à 62 ans, alors que l’on prévoit simultanément un âge du taux plein qui évolue avec l’espérance de vie, c’est une fumisterie ».

2/ Un corset budgétaire : la « règle d’or »

La « règle d’or » du système est celle qui détermine toutes les autres. Dans le système Delevoye, cette règle est celle du respect impérieux de la « trajectoire financière du système de retraite » et de son « équilibre » budgétaire. « Cette règle d’or devra garantir un solde cumulé positif ou nul par périodes de cinq années », stipule le rapport. Comme on reste dans une enveloppe constante (13,8 % du PIB au mieux à l’horizon 2070, selon le Conseil d’orientation des retraites), la seule variable sera inéluctablement la baisse des pensions. « À partir du moment où le nombre de retraités augmente, cela signifie moins de pension par tête », souligne Régis Mezzasalma.

Première conséquence de ce corset budgétaire de la « règle d’or » : le système actuel des retraites devra être ramené « à l’équilibre en 2025 », avant le passage au nouveau système. Problème : à ce jour, les prévisions montrent que « le système actuel connaîtrait un solde négatif compris entre 0,3 et 0,6 % du PIB à l’horizon 2025 », précise le rapport, qui appelle à inscrire dans le projet de loi de réforme, attendu en 2020, des « modalités de convergence vers l’équilibre financier en 2025 ». Pas besoin d’être grand clerc pour savoir ce que cela signifie : les mesures « paramétriques » d’austérité, que le gouvernement entendait mettre en œuvre dès l’an prochain pour faire des économies, comme l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation, n’ont pas été abandonnées. Elles sont simplement reportées de quelques mois, dans l’attente d’un moment plus propice.

3/ Niveau des pensions : des garanties en toc

Jean-Paul Delevoye se targue d’en finir avec l’indexation des pensions sur l’inflation au lieu des salaires, à l’origine de leur décrochage des revenus d’activité, lesquels augmentent plus rapidement que les retraites. L’intention est louable. Mais à y regarder précisément, la règle proposée n’est pas si simple. Ainsi « les retraites continueront d’être revalorisées sur l’inflation », précise le rapport, qui ajoute ceci : « Les partenaires sociaux (…) auront la possibilité de se prononcer sur une éventuelle revalorisation des retraites en fonction de l’évolution des salaires. » Celle-ci n’aura rien d’automatique : elle dépendra de l’appréciation de « la situation économique du pays ».

Les inégalités ne seront pas en reste, en dépit de l’insistance du rapport sur les nouvelles modalités de solidarité prévues, comme la bonification de 5 % à répartir entre les parents dès le premier enfant (contre 10 % à partir du 3e enfant aux deux parents aujourd’hui), ou la garantie pour le conjoint survivant d’une pension de réversion à hauteur de 70 % des revenus du couple. « Tous les correctifs que le haut-commissaire prétend apporter sont contredits par un système qui va refléter les inégalités de carrière et de salaire dans le calcul des pensions », basé sur l’intégralité des parcours professionnels et non plus sur les meilleures périodes, pointe Régis Mezzasalma. Quant à la valeur du point au moment de liquider sa retraite, Jean-Paul Delevoye l’assure, elle ne pourra pas baisser, et sera revalorisée en suivant « l’évolution du revenu moyen par tête ». Des propos rassurants qu’il convient de relativiser, au regard des mécanismes d’ajustement sur l’âge du taux plein décrits plus hauts : cette variable sera en effet déterminante. Même si la valeur du point évolue avec les salaires, une pension pourra significativement baisser par le jeu de la décote associé au report de l’âge d’« équilibre » du système.

4/ Fin du départ anticipé pour les métiers pénibles

L’unification des régimes entraînera aussi de lourdes conséquences sur les salariés des régimes spéciaux, notamment pour ceux qui avaient droit au départ anticipé : agents publics de « catégorie active », hospitaliers dont l’âge de la retraite est à 57 ans, égoutiers pouvant partir à 52 ou 57 ans, conducteurs de bus ou de train soumis à des règles spécifiques… « Dans le système universel, l’ensemble des droits à un départ anticipé au titre de la pénibilité devra être harmonisé », affirme le rapport. Dans ce cadre, « les dérogations des régimes spéciaux et de la fonction publique seront donc supprimées et les salariés de ces régimes se verront appliquer les mêmes règles que l’ensemble des autres salariés ». Une injustice difficile à digérer pour les intéressés.

Sébastien Crépel
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19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 06:00
La soeur d'Adama Traoré au congrès d'Ivry du PCF avec le comité pour la vérité et la justice dans l'affaire Adama (photo Ismaël Dupont, novembre 2018)

La soeur d'Adama Traoré au congrès d'Ivry du PCF avec le comité pour la vérité et la justice dans l'affaire Adama (photo Ismaël Dupont, novembre 2018)

La soeur d'Adama Traoré au congrès d'Ivry du PCF avec le comité pour la vérité et la justice dans l'affaire Adama (photo Ismaël Dupont, novembre 2018)

La soeur d'Adama Traoré au congrès d'Ivry du PCF avec le comité pour la vérité et la justice dans l'affaire Adama (photo Ismaël Dupont, novembre 2018)

Le PCF appelle à participer à la MARCHE ADAMA III, le 20 juillet 2019

Une marche pour demander justice et vérité sur la mort d'Adama Traoré, et pour soutenir sa famille engagée depuis trois ans dans ce combat, est organisée ce 20 juillet à Beaumont-sur-Oise. Elle sera aussi l'occasion de dénoncer toutes les violences policières et d'être solidaires des familles des victimes. Le Parti communiste français apporte, dans ce cadre, son plein soutien à Assa Traoré, qui anime avec ténacité le Comité Adama.

 

L'enquête est aujourd'hui relancée, du fait des résultats de l'enquête indépendante rendus publics en mars dernier. Aucun doute n'est aujourd'hui permis : Adama Traoré n'est mort d'aucune maladie, il a été asphyxié sous le poids de trois gendarmes.

La police incarne la force de la loi et elle a pour mission de faire respecter les valeurs de la République. À ce titre, son action est inséparable du respect des droits et libertés, sous le contrôle indépendant de la justice.

La France a aujourd'hui besoin d'une police républicaine, agissant au plus près des citoyennes et citoyens, dotée d'une formation de qualité, disposant des moyens et des effectifs nécessaires à sa mission, gardienne de la paix publique et n'ayant pas à obéir à une politique du chiffre et du tout-répressif. C'est loin d'être le cas.

Ces derniers mois, les violences policières se sont multipliées, tout comme les contrôles au faciès. C'est le gouvernement, et tout particulièrement le ministre de l'Intérieur, qui portent l'entière responsabilité de cette situation. Leurs surenchères sécuritaires ont contribué à la dégradation de la confiance entre la police et la population, en particulier dans les quartiers populaires.

Il est urgent de se mobiliser pour dire stop. Pour interdire, comme cela se fait dans des pays voisins, des techniques d'immobilisation pouvant s'avérer mortelles. Et pour soumettre le recours des armes à feu à des conditions strictes, alors qu'une récente note de l'IGPN vient de constater que leur utilisation est en nette hausse, conséquence manifeste de l'assouplissement des règles relatives à la légitime défense.

Quel que soit le quartier où il vit, la couleur de sa peau ou le pays d'origine de ses parents, chaque citoyen, chaque citoyenne est en droit d'exiger la justice, le respect, la dignité, l'égalité de considération et de traitement.

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19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 05:59
DELEVOYE EN MISSION POUR FAIRE ACCEPTER L’IMPLOSION DES RETRAITES (L’HUMANITE -  Jeudi 18 Juillet 2019 - Sébastien Crépel)
DELEVOYE EN MISSION POUR FAIRE ACCEPTER L’IMPLOSION DES RETRAITES (L’HUMANITE -  Jeudi 18 Juillet 2019 - Sébastien Crépel)

Protection sociale. L’exécutif doit confirmer, ce jeudi, son choix du passage à un régime à points, de préférence à un allongement anticipé de la durée de cotisation. Mais l’objectif est le même : geler la part des richesses consacrée au système, en baissant les pensions.

Le big bang des retraites aura bien lieu. Les premiers contours du futur système universel à points devraient être précisés, ce jeudi matin, aux syndicats et aux représentants patronaux, avant que le haut-commissaire à la Réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, ne remette ses recommandations officielles au premier ministre dans la foulée. L’épilogue d’un long suspense autour de ce chantier d’abord reporté, puis dont le sort a semblé plus incertain à mesure que le gouvernement cherchait des économies immédiates à faire sur les pensions pour équilibrer ses comptes. Finalement, l’exécutif a tranché : la réforme « systémique », dont le projet de loi ne verrait le jour qu’en 2020 pour une application en 2025, devrait être privilégiée au détriment des ajustements « paramétriques » évoqués ces dernières semaines.

Un système où tout déséquilibre financier sera désormais proscrit

Après les mesures prises pour apaiser la crise des gilets jaunes, Emmanuel Macron avait, en effet, annoncé, fin avril, sa volonté d’accélérer le calendrier d’allongement progressif de la durée de cotisation voté en 2014 avec la réforme Touraine (de 41 ans et demi aujourd’hui à 43 ans d’ici à 2035), et de mettre en place un système de bonus-malus calqué sur celui des retraites complémentaires Agirc-Arrco autour d’un âge pivot fixé à 64 ans (décote en cas de départ avant cet âge, surcote après cet âge), sans toucher à l’âge légal de départ à 62 ans.

Devant le tollé syndical, le pouvoir a préféré remiser ces projets, pour ne pas compromettre la grande « réforme » du quinquennat. Mais si la manœuvre est habile, les salariés auraient tort de croire le danger écarté. « L’accélération de la réforme Touraine est ajournée, mais celle-ci s’appliquera quand même bien au rythme initialement prévu, souligne Régis Mezzasalma, conseiller confédéral de la CGT pour les retraites. Et rien ne dit ce qu’il en sera les années suivantes. Le report de l’âge légal de départ peut aussi revenir sur le tapis d’ici à l’application de la réforme systémique, à l’occasion de l’élection présidentielle de 2022. » Mais, surtout, les grandes lignes de la feuille de route de Jean-Paul Delevoye restent inchangées : bâtir un système dans lequel tout déséquilibre financier sera désormais proscrit (la fameuse « règle d’or » budgétaire annoncée par le haut-commissaire) et dont l’ajustement, s’il doit avoir lieu, se fera au détriment des pensions, en jouant sur la valeur du « point » à partir duquel sera calculé le montant des futures retraites.

L’intérêt d’un tel système pour le pouvoir, c’est que les intéressés ne sauront rien à l’avance : fini, le débat public qui précédait jusqu’alors toute réforme des retraites et compliquait souvent son adoption, à mesure des sacrifices demandés aux assurés sociaux. Avec le régime à points, qui prétend fusionner et remplacer la plupart des 42 régimes existants au nom de « l’équité », l’incertitude règne d’autant plus sur le niveau des pensions que les repères collectifs disparaissent, tels que la durée de cotisation et la notion de taux plein qui lui est associée. « Quel sera le montant de ma pension ? À quel âge pourrai-je partir à la retraite à taux plein ? Après un an de concertation, il n’y a ni réponse à ces questions que se posent tous les salariés, ni simulation de l’impact de la réforme », déplore la CGT cadres (Ugict), qui a lancé un calculateur sur Internet pour faire « la transparence » sur le niveau futur des pensions.

Seule certitude : le blocage du financement du système, lui, est bel et bien à l’ordre du jour, autour de 13,8 % du PIB (son niveau actuel), alors que le nombre de retraités va continuer d’augmenter par rapport au nombre d’actifs. C’est d’ailleurs sur cette hypothèse d’une quasi-stabilité, voire d’une baisse de la part des richesses consacrée aux pensions, que sont bâtis les scénarios prévisionnels des comptes sociaux. Au prix d’une sévère chute dans les années à venir du « taux de remplacement », qui désigne le niveau de la pension par rapport aux derniers salaires perçus. Celui-ci passerait, dans le cas type d’un salarié non cadre partant à la retraite à taux plein, de 75 % du dernier salaire pour la génération née en 1955 « à entre 63 % et 68 % selon les scénarios pour la génération 2000 », expose le dernier avis, en date du 12 juillet, du Comité de suivi des retraites (CSR), qui a travaillé sur la base des projections du COR (Conseil d’orientation des retraites).

Si l’effet des réformes passées explique ces chiffres, le système resterait néanmoins en déficit « au moins jusqu’en 2040 » quel que soit le scénario économique envisagé, selon le CSR. Pour le comité, le passage au système universel permettrait de tourner la page des limites d’un pilotage par des réformes « au coup par coup » : « Dans un régime par points, la régulation peut passer par l’ajustement de la valeur de service du point (la valeur de conversion des points en pension de retraite – NDLR) qui peut se faire en fonction de l’évolution globale du ratio retraités/actifs. » En clair : s’il manque des ressources pour financer les pensions, il suffit de tourner la « molette » du rendement du point de retraite pour obtenir immédiatement une modération des dépenses. Pour Régis Mezzasalma, de la CGT, « le projet est fait pour accompagner la baisse du niveau des pensions. Les mesures d’austérité vont s’accentuer avec la réforme systémique ».

Et le flou entretenu sur la réforme, à 24 heures de la présentation de ses grands axes, n’est pas fait pour dissiper les inquiétudes syndicales. « Nous n’aurons pas de texte en amont », relève-t-on ainsi chez Force ouvrière, alors que des pistes ont fuité dans la presse. « S’il s’agit de la technique classique destinée à habituer les esprits et espérer annihiler toute forme de réaction, nous ne sommes ni dupes ni résignés », prévient la confédération dirigée par Yves Veyrier. Pour FO, en effet, « un régime universel par points conduirait incontestablement à dégrader les droits existants ». Dans la ligne de mire du syndicat, le changement du mode de calcul de la pension, qui serait désormais étalé « sur toute la carrière et non plus sur les meilleures années », ce qui aurait pour effet, selon FO, de diminuer les pensions.

Sans compter qu’un tel système, dans lequel « un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous », comme le proclame le désormais célèbre slogan macronien, refléterait fidèlement les inégalités de carrière au lieu de les compenser. « Ça signifie : petits boulots, petits salaires, petites retraites. Les carrières heurtées, hachées, seront perdantes », pointe Régis Mezzasalma. Et si les doutes semblent dissipés sur la persistance de mécanismes de solidarité pour réduire les inégalités (bonification pour enfant, pension de réversion des veuves et veufs…), les « interrogations et inquiétudes » demeurent néanmoins, insiste FO, sur les dispositifs qui prendront la relève de ceux existants.

L’âge minimun réel de la retraite serait porté à 64 ans

Enfin, si le gouvernement a écarté l’idée de nouvelles mesures d’âge applicables dès 2020, qu’en sera-t-il, dans le nouveau système, du mécanisme de décote-surcote autour d’un âge pivot qui porterait dans les faits l’âge minimum réel de la retraite à 64 ans, et auquel Jean-Paul Delevoye a fini par se ranger après avoir longtemps dénié l’existence d’un tel projet ? « De toute façon, la décote est intégrée au système, décrypte Régis Mezzasalma. Soit il y a un âge pivot, soit il n’y en a pas, mais on joue sur le taux de remplacement en servant des pensions plus basses, et cela revient au même. C’est une question d’affichage politique. » Reste que la CFDT, plutôt favorable au futur régime universel, a prévenu que tout report de l’âge de départ serait pour elle une ligne rouge infranchissable. Pas sûr que le gouvernement prenne le risque de faciliter la constitution d’un front syndical contre lui sur ce point.

Sébastien Crépel

 

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