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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 19:41
Contre-G7: Des résultats à valoriser

Du contre-G7 on a d’abord retenu le dispositif ultra policier mis en œuvre pour l’événement. Il est un fait que ce déploiement quasi guerrier est un fait politique à part entière. Pas une première pour Emmanuel Macron qui avait déjà opposé l’armée aux gilets jaunes certes, reste que la réquisition de 13 200 policiers et gendarmes pour protéger les chefs d’État des grandes puissances face aux dangers du monde révèle comment ce mode de gestion de la résistance sociale est devenu une marque des démocraties modernes.

Face à cette démonstration de force et le climat anxiogène volontairement créé pour pousser l’affrontement, la bonne tenue de la manifestation du 24 août, des débats ou la marche des portraits est un actif à mettre au crédit des organisateurs. Et on est en droit de s’interroger sur les raisons d’une mobilisation en demi-teinte des alter. On ne peut considérer, comme je l’ai lu, que ce bilan insuffisant tient au choix de la non-violence par les plateformes anti-G7. Je ne crois pas, pour ma part, qu’une radicalisation des mouvements passant par un affrontement assumé avec les forces de police soit la garantie d’une mobilisation plus large, encore moins qu’elle soit le gage de victoires face aux pouvoirs.

Les 15 000 personnes de la manifestation, cumulées aux 4 000 acteurs du campement et aux 5 800 participants aux ateliers et conférences du contre-sommet constituent un actif pour les partisans d’un autre monde. À valoriser en tant que tel, face à des gouvernements qui savent alterner provocations et répressions pour marginaliser dans l’opinion publique et diviser en leur sein les forces de transformation. Au lendemain du forum social mondial de Salvador (FSM) de Bahia, en mars 2018, était déjà pointée une «crise» de mouvement altermondialiste, à relativiser cependant, car de nouveaux champs de résistances sont en plein essor: les migrants, les luttes féministes, le réchauffement climatique, la souveraineté et sécurité alimentaire...

“De nouveaux champs de résistances sont en plein essor“

Cette fin août a confirmé ces tendances, en même temps que le mouvement des gilets jaunes et la marche pour le climat ont conduit à un approfondissement des débats. Aurélie Trouvé résume ainsi les choses en invitant à repenser «la dialectique capital/travail de la gauche traditionnelle pour désormais penser la contradiction capital/vivant». Elle était d’ailleurs présente pour ATTAC aux côtés de Philippe Martinez de la CGT, Éric Beynel de Solidaires et Jean-François Julliard de Greenpeace France, dans un forum intitulé «Fin des mois, fin du monde», symbolique de cette recherche d’une nouvelle dialectique sociale et écologique et d’une convergence syndicats-ONG. Cette table ronde a constitué l’un des grands moments forts du contre-forum, actant notamment le fait «qu’on ne peut plus soutenir des mesures bonnes pour l’environnement si elles ont un impact négatif sur le social. L’inverse étant aussi vrai»; l’exemple du scénario d’une transition énergétique a été convoqué prenant en compte ce facteur.

La question de l’égalité et la voix des femmes ont été omniprésentes, s’inscrivant dans la thématique du contre G7 «Pour un monde radicalement féministe, à bas le patriarcat». La journée féministe du 22 a appuyé sur l’urgence à articuler les aspects économiques, sociaux et écologiques et l’apport des analyses et pratiques féministes sur ces questions, se nourrissant entre autres des expériences des marches des femmes.

La bataille pour une agriculture de qualité a constitué aussi un pilier des forums, où s’est affirmée la proposition d’une sécurité sociale de l’alimentation. Cette question m’avait mobilisée au Parlement européen car au cœur du combat pour une autre PAC et de la lutte contre les traités de libre-échange (CETA, MERCOSUR...). L’actualité amazonienne montre son caractère urgent pour la planète, tout comme la réalité de la précarité alimentaire. Ainsi, en France, 22 % de ménages vivent dans une alimentation contrainte; 15,8 millions ont accès à l’aide alimentaire, se considérant pour la plupart de dignité (source ATD).

Le fait que le contre-sommet ait eu lieu au Pays basque a mis au-devant de la scène les mouvements et citoyen·ne·s et leur dynamisme, également une multitude d’expérimentations locales.

Un bémol sur le fait qu’ici comme ailleurs a pesé l’absence de perspectives politiques de transformation, malgré la présence de stands de partis et l’engagement solidaire de nos camarades des sections de Bayonne du PCF. Cette rencontre de toutes les formes de combats à gauche est une voie que nous devons prioritairement travailler.

Marie-Pierre Vieu
membre du CEN
article publié dans CommunisteS du 4 septembre 2019

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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 05:15

Un groupe de jeunes militants communistes réalise et diffuse sur Internet des vidéos qui décryptent l’actualité à travers la grille d’analyse marxiste.

Vidéos de vulgarisation d'économie, pour comprendre le monde et le transformer, comprendre l'actualité, comme le disait l'économiste Paul Boccara.

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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 19:27
Fabien Roussel à l'Université d'été du PCF à Aix en Provence le 24 août 2019

Fabien Roussel à l'Université d'été du PCF à Aix en Provence le 24 août 2019

Ci-joint, le discours  de Fabien Roussel prononcé ce mercredi 3 septembre à Toulouse en conclusion de la journée de rencontres Jaurès, Nation, République et Luttes sociales, organisée par la Fédération de Haute-Garonne du PCF, la société des Amis de l'Humanité, l'association des amis de Jean Jaurès Toulouse, IHS CGT et la librairie La Renaissance.

 

Discours de Fabien Roussel
Conclusion du Colloque Jean Jaurès

 

3 Septembre 2019 – Toulouse
 

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis, Chers Camarades,

Permettez-moi tout d’abord de remercier la fédération de Haute-Garonne du Parti communiste français de cette initiative consacrée à Jean Jaurès, à l’occasion du 160e anniversaire de sa naissance.
Permettez-moi aussi de remercier les intervenants qui ont brillamment contribué aux tables rondes de cet après-midi : Gilles CANDAR, Rémy PECH, Charles SYLVESTRE et Martine BERNARD-ROIGT.
Merci enfin à vous toutes et tous, qui vous êtes libérés pour évoquer l’une des plus prestigieuses figures du mouvement ouvrier français.
Nous n’avons pas voulu, aujourd’hui, simplement commémorer celui dont la trace reste indélébile dans la conscience collective de notre peuple. Bien sûr, commémorer est indispensable pour que le fil de la mémoire ne vienne jamais à se rompre. Surtout, d’ailleurs, lorsqu’il s’agit du fondateur de l’Humanité, devenu journal communiste à la naissance de notre parti, dont nous célébrerons le centenaire l’an prochain.
Mais nous avons voulu aller au-delà, souligner combien cette empreinte de géant s’inscrit pleinement dans notre époque.
Car Jaurès aura eu, dans la dernière partie du XIX° siècle et jusqu’à son assassinat, à relever les défis de la première mondialisation du capitalisme.
C’est l’époque durant laquelle le capital se concentrait déjà à toute vitesse et bouleversait les modes de production. Il cherchait frénétiquement à intensifier l’exploitation du travail, des êtres humains mais aussi, déjà, celle des ressources naturelles.
C’était il y a plus d’un siècle mais le capitalisme n’a pas vraiment changé au fond. En 1910, le capital prospère sans limites fort de la révolution industrielle, en s’appuyant sur le travail à la chaîne.
Un siècle plus tard, ce même capital se régénère avec les banques, l’informatique et l’avènement d’une finance globalisée mais il exploite toujours sans retenue les salarié·e·s et la planète.
Le monde reste ainsi dominé par l’esprit de conquête, la soif de puissance et les rivalités qui incitent des pays à mener des guerres, quelles soient armées ou économiques.
Jaurès avait tout dit, dès 1895, quand il écrivait : « Le capital, même sous les traits les plus aimables (...), reste une puissance tyrannique et injuste. »
Nous sommes aujourd’hui confrontés à des enjeux d’une même ampleur.
Une forme nouvelle de mondialisation économique se déploie, dévastatrice pour la nature, implacable pour les travailleurs. Un modèle qui détruit partout les protections collectives arrachées de haute lutte par les mouvements populaires. Une force qui cherche à désintégrer politiquement et socialement le mouvement ouvrier et ses capacités de résistance.
Tout est fait pour substituer un individualisme égoïste aux solidarités de
classe.
Comment qualifier autrement cette généralisation de la précarité du travail, ces contrats « Uber » qu’on nous vend comme le symbole de la modernité et qui ne sont rien d’autre que le retour du travail à la tâche !!
Où est le progrès quand 250 000 hommes et femmes de notre pays acceptent, bien obligés, de devenir des auto- entrepreneurs dépendant des plateformes numériques qui les exploitent, en les rémunérant à la
commande, au coup de pédales, sans aucune protection sociale ?
Il n’y a pas beaucoup de différence avec ces femmes, ces hommes, ces enfants qui vendaient, au siècle dernier, leur force de travail dans les mines ou dans les entreprises textiles ?
Et ce modèle se répand, en France, en Europe, sur tous les continents...
Au nom d’un monde désormais aux mains de la finance, la souveraineté des nations et, par conséquent, celle des citoyens, est tout simplement niée, battue en brèche.
A tel point que des multinationales, et pas seulement celles du numérique, ont même davantage de pouvoirs que bien des États. Pour installer leur siège social, elles vont jusqu’à choisir l’Etat dans lequel elles négocieront l’impôt le plus bas voir nul.
Et pourtant, sous l’impact de la révolution numérique, de cette forme d’accélération du capitalisme, de nouvelles catastrophes apparaissent.
Le dérèglement climatique et les désastres écologiques qui s’enchaînent placent notre planète au bord du gouffre. Et le nombre de personnes, d’enfants souffrant de malnutrition repart à la hausse depuis 2 ans. Tous les signaux d’alerte sont tirés. Les moyens et des solutions existent pour lutter contre la faim dans le monde, contre la pollution, pour transformer les modèles agricoles ou alimentaires... Sauf que ces solutions, qui supposent un changement de nos modes de production et de consommation, une autre utilisation des richesses se heurtent de plein fouet au dogme libéral, à cette sacro-sainte exigence de rentabilité à court terme, imposée par une minorité de privilégiés.
Tout cela a une cohérence, implacable. Hier comme aujourd’hui.
Et tout ce qui fait obstacle à leur modèle économique, à la globalisation de l’économie, doit être détruit. Pas d’Etat, pas d’impôt, pas de compte à rendre !
C’est pourquoi ceux qui défendent ce système ultra financiarisé ne veulent pas de nations souveraines ! Ils veulent encore moins de frontières entre lesquelles peut encore s’exercer cette souveraineté, s’organiser le débat démocratique. Ils ne veulent pas non plus de services publics qui pourraient échapper aux règles de la compétitivité et de la profitabilité à tout prix.
Au fond, la perversion de l’Union européenne, en tout cas telle qu’elle aura été construite ces dernières décennies, prend source dans cette obsession de la rentabilité, de la concurrence effrénée qui va de pair avec l’effacement de la nation et de la souveraineté populaire. C’est une des raisons pour lesquelles les défenseurs de cette Europe ont méprisé les peuples, comme le notre, qui avait osé voter contre leur Traité constitutionnel en 2005.
Voilà ce qui l’a menée à la crise démocratique que nous connaissons et qui se traduit par une immense défiance des électeurs à son égard.
Ailleurs, l’horizon est hélas tout aussi préoccupant. Alors que se profile un nouveau krach financier, encore plus dévastateur que le précédent, des guerres commerciales, et même désormais monétaires, mettent aux prises des grandes puissances et des multinationales.
Guerres économiques, diplomatie de la gâchette, multiplication des conflits armés, record du nombre des réfugié·e·s , de pauvreté, voila l’horizon de ce 21eme siècle !!
Comme toujours, les prêcheurs de haine font leur miel d’un tel climat. Ils conquièrent sans cesse de nouvelles positions, et parviennent même à se hisser à la tête de nombreux pays.
Comme hier, ils soufflent sur les braises des orgueils nationaux et des querelles ancestrales de territoires. Ils attisent le racisme, ils prospèrent sur les peurs face aux flux de réfugiés ou encore face aux terrorismes. Comment analyser autrement les résultats en Allemagne où l’AFD, parti nazi, arrive en deuxième position aujourd’hui ?
Interrogeons-nous en cet instant sur la politique, sur son rôle : n’est-il pas justement d’élever la conscience des hommes et des femmes, de faire grandir en eux ce qu’il y a de plus beau : la solidarité, l’échange, le partage, l’amour de son prochain, l’ambition de faire vivre ensemble une communauté humaine, dans toute sa diversité, de trouver des solutions pour relever chaque défi tout en respectant la dignité humaine et l’intérêt général ?
Est-ce cela que nous voyons aujourd’hui ? Non et c’est même le contraire ! Nous voyons comment des responsables politiques flattent les plus bas instincts qui existent aussi en chacun d’entre nous tel que la jalousie, l’égoisme, l’individualisme ou même la peur quand ils devraient au contraire tout faire pour les repousser.
Comment justifier la manière dont l’Union européenne traite la question des réfugiés si ce n’est pour exciter les peurs, les fantasmes et faire grandir la haine de l’autre, de l’étranger? Les partis d’extrême-droite n’ont plus qu’a ramasser la mise pour devenir l’exutoire de toutes les colères, y compris sociales.
Ces forces d’extrême-droite profitent aussi, il faut le reconnaître, des déceptions, des impasses dans lesquelles s’est enfermée une large partie de la gauche et des forces progressistes et écologistes.
Et c’est là, dans la reconstruction d’un projet d’émancipation humaine pour sortir des logiques terrifiantes du capitalisme, que l’apport de Jaurès nous est essentiel.
D’abord pour son inlassable combat en faveur de la République.
Une République issue de la Révolution française, une République toujours populaire, sachant se remettre en cause pour être toujours plus à même de répondre à ses fondamentaux: liberté, égalité, fraternité. Une République indissociable de l’exigence de démocratie et protégeant la souveraineté du peuple;
Une République défendant l’intérêt général compris comme le souci de répondre aux besoins du grand nombre plutôt qu’à la soif illimitée d’enrichissement de quelques-uns ;
Une République qui promeut le « droit à l’existence » prenant le pas sur le droit de propriété, selon les belles paroles de Robespierre ; Une République qui fait vivre la laïcité, garantissant la liberté de conscience
tout comme la séparation intransigeante des sphères publique et privée. Telle est la République que Jaurès appelait à « pousser jusqu’au bout », afin de parvenir au dépassement du capitalisme pour ouvrir un chemin au socialisme, ou au « communisme collectiviste », termes qu’il employa indistinctement tout au long de sa vie. En cela, même s’il lui fallut affronter bien des polémiques dans son propre camp.

Jaurès se situait bel et bien dans la lignée de Marx, qui avait lui-même écrit : « La Révolution française a fait éclore des idées qui mènent au-delà des idées de l’ancien ordre du monde. Le mouvement révolutionnaire qui prit naissance en 1789 (...) avait fait éclore l’idée communiste. »
Les communistes sont fiers d’avoir inscrit leur histoire dans cette continuité.
Quand ils se portèrent en première ligne des batailles pour la laïcité, contre la xénophobie ou les clans colonialistes qui ne cessèrent de contester la République.
Quand ils contribuèrent à prolonger l’action armée contre l’occupant hitlérien et le régime de Vichy par ce programme si ambitieux qui fut la grande œuvre du Conseil national de la Résistance.
Quand ils firent de l’école publique, question qui fut au cœur de la visée jauressienne, le premier des piliers d’une République de l’intelligence et du savoir, ouvrant à la jeunesse et au corps citoyen la voie de l’émancipation et du courage.
Quand ils furent à l’initiative de propositions audacieuses pour rendre la République pleinement démocratique et briser cette frontière invisible qui lui interdisait de pénétrer sur les lieux de travail.
Permettez-moi de m’arrêter un instant sur ce point. Lorsque, aujourd’hui, nous nous battons pour une VI° République, pour en finir avec la monarchie présidentielle, ou contre ces réformes constitutionnelles qui laissent entendre qu’il y a plus de démocratie avec moins de parlementaires, nous assumons entièrement l’héritage de Jaurès, qui sera intervenu tant de fois sur ces questions.
De même, lorsque nous proposons que les salarié·e·s disposent de nouveaux droits à décider des choix faits dans leurs entreprises, nous partageons la colère qui était la sienne devant un système qui fait théoriquement du citoyen un souverain l’instant d’une élection, mais le laisse soumis au despotisme de son patron le reste du temps.
Oui, après Jaurès, nous affirmons à notre tour qu’il faut pousser la République jusqu’au bout, que la démocratie politique est inséparable de la démocratie dans l’entreprise et que doit enfin être proclamée ce qu’il nommait « la « souveraineté du travail ».
Mais la République de Jaurès s’incarne aussi dans une nation.
Et je tenais à m’exprimer ici sur ce sujet tellement il est insupportable de lire, d’entendre ici et là comment la nation est aujourd’hui réduite au nationalisme, au repli sur soi, à la division d’un peuple, et donc à l’opposé de ce qui la fonde. Oui c’est vraiment insupportable car les fondations d’une nation ne sont pas ethniques ou religieuses. Elle relève d’une construction politique, d’une histoire commune d’un peuple uni dans sa diversité.
La nation de Jaurès, et de tous les progressistes, est d’abord conçue comme une communauté de citoyens que ne se distinguent ni par leur origine, ni par leurs convictions intimes.
C’est en cela que la nation française, grandie par la Révolution de 1789, a pu d’emblée porter un message universel en direction des autres peuples d’Europe.Qu’elle a accompagné leur marche vers la liberté et l’indépendance.
Qu’elle a, dès ses premières années, affirmé une ambition de paix pour l’humanité tout entière. Et si, à son tour, elle s’est trouvée à divers moments précipitée par ses classes dirigeantes dans les guerres de conquêtes et de rapines, elle aura toujours trouvé en son sein les ressorts du retour à ses idéaux d’origine.
De ce point de vue, l’attachement de Jaurès à la nation française, son « patriotisme » revendiqué qu’il opposait au nationalisme belliciste, fut jusqu’à son dernier souffle indissociable de son action internationaliste. Et, plus particulièrement, de son combat pour la paix dès qu’il sentit que le choc des
cupidités impérialistes pouvait la mettre en grand péril. Il ne cessa, pour cette raison, d’inciter les travailleurs à ne pas laisser la nation aux mains de ceux qui l’emmenaient à sa perte. « Plus les ouvriers sont une classe, plus ils sont une patrie: ils auront tout à fait la patrie quand ils seront la classe souveraine», avertissait-il.
Quoi de plus actuel que cette approche ?
Je l’ai dit en commençant, chacune et chacun d’entre nous sent bien que notre monde est en train de basculer dans l’inconnu. Tout a été fait, depuis trois ou quatre décennies, au nom d’une globalisation supposée « heureuse», pour effacer jusqu’à l’idée de nation et ainsi priver les peuples de leurs
droits fondamentaux.
En gommant l’idée d’une nation porteuse de progrès, d’humanité, voire l’idée même qu’une nation pouvait encore exister, la classe dominante, les milieux d’affaires, la finance remettent en cause les conquêtes d’un peuple, sa souveraineté et son aspiration à une vie digne et heureuse.
Et pourtant. Une nation porteuse de progrès c’est celle qui s’engage à éradiquer le chômage et la pauvreté, à lier la justice sociale et la justice climatique, à protéger chaque vie et chacun des instants de la vie d’un
homme ou d’une femme, de celles et de ceux qui forment le peuple, notre peuple. Le peuple et la nation. La nation et le peuple, intimement liés et forts, en France, de ces conquêtes sociales, de l’abolition de la monarchie et l’instauration de la République, de la Résistance et de ses Jours Heureux, promis à tous ses citoyens, dans le respect des origines et des confessions de chacun.
Nous voulons redonner du sens à la nation, indéfectiblement liée au peuple, à sa souveraineté, à son indépendance qui lui ont permis de mettre en oeuvre le programme des Jours Heureux issu du Conseil National de la Résistance. Oui, les français sont fiers de cette histoire qui nous a permis de bâtir cette exception française que sont les services publics et la Sécurité Sociale.
Et si nous voulons redonner du sens à la nation, à notre souveraineté, c’est bien pour redonner aux français le droit de s’affranchir des Traités qui nous emprisonnent, c’est pour redonner sa liberté au peuple, à la France, de mettre en place par exemple une Sécurité Sociale du 21ème siècle, digne d’Ambroise Croisat ou pour redonner de nouveaux droits aux salariés dans les entreprises.
Retrouver notre indépendance et notre souveraineté, ce n’est pas pour nous enfermer dans des frontières, ce n’est pas pour exclure des citoyens en fonction de la couleur de leur origine, de leur religion, c’est pour redonner la liberté au peuple de déterminer ses choix et notamment de pouvoir voter un budget sans avoir à le faire valider par Bruxelles !
Mais voilà ! Tout est fait pour déposséder les peuples de leurs souveraineté, pour gommer toute référence à la nation. Et pour renvoyer les colères vers les forces d’extrême droite.
Le sentiment national d’un peuple existe toujours et se réveille à mesure qu’il se sent dépossédé de tout contrôle sur son existence.
Et ce noble sentiment est détourné par des droites extrémistes ou fascisantes, qui encouragent le fanatisme, la violence, le plus odieux des racismes, l’opposition des peuples entre eux. Ici même, de la droite qui se
voulait jusqu’alors « républicaine » mais qui court désormais derrière l’extrême-droite, resurgit le vieux fantasme de l’abandon du droit du sol, alors que celui-ci est antérieur à la Révolution française.
Raison de plus pour défendre plus que jamais une autre conception de la nation. Jaurès, mieux que tant d’autres, l’avait compris, qui s’en prenait à ceux qu’il baptisait « les chacals du patriotisme rétrograde ».
Devant l’Assemblée, il précisait : « La classe ouvrière défendra l’idée de la patrie, mais elle ne sera pas dupe de ceux qui essaient d’exploiter l’idée de patrie elle- même dans un intérêt de classe ; elle essayera par un incessant effort de substituer à une patrie d’inégalités et de privilèges une patrie de
pleine d’égalité sociale qui s’harmonise par là avec les autres patries. » Les peuples ont leurs histoires, tourmentées et contradictoires certainement, mais qui ont imprégné leurs modes de vie et de pensée. Ces caractéristiques donnent aux nations leur consistante sociale.
Mais surtout, et c’est là pour nous l’essentiel de la nation : c’est le cadre privilégié, normalement indépassable, de l’exercice de la démocratie, de la souveraineté.
Oui le cadre de la nation reste un levier pour résister aux entreprises destructrices du capital, défendre par exemple l’industrie face aux délocalisations ou l’agriculture face à l’agro-business. C’est au nom d’une
nation souveraine, à l’écoute de son peuple, qu’il est légitime de faire avancer des politiques publiques de progrès.
C’est aussi un point d’appui pour les mouvements populaires au-delà de leurs frontières.
C’est, par conséquent, un vrai danger de laisser la nation, un peuple, ses droits se dissoudre dans l’adhésion à un marché économique aux prétentions universelles. Et c’en est un autre, tout aussi dangereux, que de croire bâtir l’Europe en effaçant la souveraineté de ses nations et des peuples dans la construction fédéraliste que promeut l’idéologie néolibérale. Tout ce qui uniformise représente un appauvrissement politique, social et culturel, une régression totale...
Notre vision de la nation française, celle de Jaurès hier, celle qui a donné tout son sens à nos propres engagements depuis, ne relèvera jamais d’une vision qui exclut, qui stigmatise les individus ou qui les sélectionne en fonction de leurs origines et de leurs particularités.
Elle procède au contraire d’une approche démocratique qui vise à rassembler, unir des citoyennes, des citoyens, par- delà les différences de culture et d’histoire, dans une communauté humaine soudée par une
communauté de destin.
Cette démarche d’ouverture, nous l’appliquons évidemment aux relations que doit entretenir la France avec les autres pays. Notre attachement à notre propre pays n’est pas synonyme de concurrence avec eux, encore moins d’affrontement sur le théâtre international.
Nous en appelons plutôt à bannir toutes les logiques de confrontation et de domination, à renoncer aux surenchères militaristes. Nous sommes les protagonistes infatigables de la construction de nouveaux liens d’amitié et de coopération entre les peuples.
Ainsi, en Europe, nous l’avons dit et répété à l’occasion des élections de mai dernier avec Ian BROSSAT, notre opposition à des traités imaginés pour servir uniquement la finance et les multinationales, va de pair avec notre proposition d’une nouvelle union de peuples souverains et de nations librement associées.
Jaurès, à son époque, faisait découler l’organisation de la paix mondiale de la défense conjointe de l’indépendance nationale, de la démocratie et du socialisme. Une paix qui passait à ses yeux par le respect des intégrités nationales, le rejet de toutes les oppressions, pour promouvoir l’arbitrage
international et la sécurité collective. Tout cela s’imbriquait dans sa célèbre formule : « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène. »
Nous reprenons ce flambeau, devant les dangers qui guettent de nouveau la civilisation humaine. Comme je l’ai fait à l’occasion de notre dernière université d’été, nous proposons ainsi que la France, plutôt que de suivre l’administration TRUMP dans ses surenchères atlantistes, comme le fait hélas Monsieur MACRON, s’adresse aux Nations unies, pour un nouvel ordre mondial favorisant le dialogue et la coopération entre les peuples. La France devrait même demander à renforcer les prérogatives de l’ONU pour qu’elle mène le combat en faveur du climat et pour une plus grande justice fiscale dans le monde.
Ce serait l’occasion de réclamer le désarmement général, l’abolition de l’arme nucléaire, une nouvelle organisation de la sécurité collective et un développement économique aussi partagé que protecteur des grands équilibres écologiques. C’est, nous semble-t-il, le rôle que lui assignent à la fois son histoire et l’écho dont bénéficie sa parole dans le monde. C’est le rôle conforme à son « génie », aurait dit Jaurès.
Défendre la paix et l’indépendance de notre pays, pousser les principes de la République jusqu’à la sortie d’un capitalisme dévastateur, ne sera toutefois possible que si le monde du travail redevient un acteur puissant et écouté. Un acteur conscient de ce combat pour la sauvegarde de l’humanité, qui devra
rassembler autour de lui toutes celles et tous ceux qui aspirent à un autre avenir. C’est l’autre enseignement que nous retirons de l’œuvre de Jaurès. Sa vie, de parlementaire ou de journaliste, d’intellectuel et de dirigeant politique, se confondit avec le soutien aux luttes sociales, de celle des traminots de Toulouse à celles des mineurs de Carmaux ou des verriers d’Albi. Sans parler de sa campagne pour faire libérer l’ouvrier Jules DURAND, condamné à mort pour ses activités de syndicaliste. Comme il l’écrivait, « la dignité de la classe ouvrière est une des richesses essentielles de la France. »
C’est également notre conviction, à l’heure où le salariat est devenu l’écrasante majorité de la population active d’un pays comme le nôtre, et où, au grand dam du président des ultrariches, chaque mobilisation remet la «question sociale » à l’ordre du jour.
Voilà pourquoi nous voulions, ici, à Toulouse dont il fut l’élu, au coeur de cette Occitanie qui lui était si chère, marquer avec force l’actualité du « Grand Jaurès ». Pour le Parti communiste, bien sûr, mais au-delà, pour redonner du sens et de la force à la république française et à l’union du peuple de France.
Oui nous voulons de nouveau voir flotter ensemble le drapeau bleu blanc rouge de la France au coté du drapeau rouge du mouvement ouvrier, défendre un projet de société qui place l’être humain et la planète au cœur de son projet mais remet aussi au centre de ses combats, la démocratie et la souveraineté du peuple de France !

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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 19:22
Pour lutter contre toutes les fraudes, Bercy a surtout besoin de moyens (PCF)
COMMUNIQUE DE PRESSE

 du Parti Communiste Français, 4 septembre 2019 

 

 

Pour lutter contre toutes les fraudes, Bercy a surtout besoin de moyens !
 
Missionnées par le Premier ministre, deux parlementaires, de l'UDI et de LREM, viennent de présenter des mesures aussi incongrues que brutales, comme la fourniture d'une « preuve de vie », pour lutter contre une
fraude aux prestations sociales dont elles n'évaluent pas le montant. Si celle-ci doit être combattue, naturellement, elle s'apparente néanmoins à une souris au regard de la montagne que représentent la fraude
patronale (travail au noir, TVA…) et l'évasion fiscale.
 
Le magazine Challenges vient d'ailleurs de révéler que la multinationale californienne Airbnb n'a payé que 148 138 euros d'impôt sur les sociétés à la France pour 2018, alors même que les bénéfices de la plateforme
augmentent et que Paris, avec plus de 60 000 annonces enregistrées, est son premier marché. Cette fiscalité dérisoire trouve sa source dans des montages financiers qui permettent de facturer les services à une
filiale implantée en Irlande, paradis fiscal notoire. Au total, la fraude et l'évasion fiscales coûtent chaque année à notre budget entre 80 et 100 milliards d'euros.
 
Si le gouvernement veut vraiment lutter contre toutes les formes de fraude, qu'il commence par renoncer à supprimer, comme il vient de l'annoncer, 5 800 nouveaux postes à Bercy d'ici la fin du quinquennat.
Ce qui ferait 10 000 depuis l'élection du président de la République.
 
Fabien Roussel, secretaire national du PCF, député du Nord,
 
Paris, le 4 septembre 2019.
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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 19:18

Stop à l’impunité fiscale d’Airbnb ! (Ian Brossat - PCF)

Le magazine Challenges révèle que la multinationale californienne Airbnb n’a acquitté que 148 138 euros d'impôt sur les sociétés pour l'année 2018 en France. Alors même que le chiffre d’affaire et les bénéfices de la plateforme augmentent et que Paris est son premier marché avec plus de 60 000 annonces enregistrées, l’imposition française du géant américain diminue de 8 % par rapport à l’année précédente et passe sous la barre des 150 000 euros !

Cette fiscalité ultralight est rendue possible par les montages financiers utilisés par Airbnb, qui a recours à une filiale de facturation implantée en Irlande, paradis fiscal contesté y compris par la Commission Européenne. Ainsi, la filiale française Airbnb France n’enregistre un bénéfice que de 350 000 euros, ce qui permet de réduire la feuille d’impôt à un montant dérisoire.

Ces pratiques sont scandaleuses. Elles s’inscrivent dans un comportement d’évitement fiscal systématique. De même qu’Airbnb assume de s’asseoir sur les règlementations locales et sur les lois nationales qu’elle attaque devant les instances européennes, la firme piétine ses obligations fiscales. Cette politique du bras d’honneur doit cesser.

Cette entreprise qui bénéficie à plein du rayonnement de la France et de ses infrastructures publiques doit y contribuer comme les autres. D’autant que les activités commerciales d’Airbnb génèrent des dommages considérables pour nos villes et leurs populations : spéculation immobilière, hausse vertigineuse des prix et des loyers, éviction des habitants, nuisances sonores, détérioration de la vie de quartier…

Pour mettre un terme à l’impunité fiscale d’Airbnb, j’appelle le gouvernement à faire appliquer la proposition de loi de Fabien Roussel visant à instaurer le prélèvement à la source de l’impôt sur les bénéfices des multinationales. De même que l’impôt sur le revenu des Français est désormais prélevé à la source, de même il est possible d’imposer Airbnb sur la base de son chiffre d’affaire réalisé en France avant optimisation fiscale.

Ian Brossat, porte-parole du PCF,

Paris, le 4 septembre 2019.

Ian Brossat en meeting à Rennes pour les Européennes (photo France Chapa)

Ian Brossat en meeting à Rennes pour les Européennes (photo France Chapa)

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3 septembre 2019 2 03 /09 /septembre /2019 05:36
C'était dans l'Humanité du 2 septembre : Macron, l'homme du grand capital, devient le totem de Sciences Po Paris
PS Comment Macron est arrivé au gouvernement sur demande des patrons
Lundi, 2 Septembre, 2019

Dans leur série « PS, sept ans de trahisons », Davet et Lhomme relatent un épisode – peu étonnant malheureusement – de l’ascension d’Emmanuel Macron

Dans leur série « PS, sept ans de trahisons », Davet et Lhomme relatent un épisode – peu étonnant malheureusement – de l’ascension d’Emmanuel Macron. Les journalistes du Monde racontent comment, en janvier 2012, François Rebsamen, fidèle et futur ministre de Hollande, est chargé d’une missive lors d’un dîner chez l’ex-grand patron Bernard Attali, frère de Jacques, autour des dirigeants Gérard Mestrallet (Suez), Jean-Pierre Clamadieu (Rhodia) et Serge Weinberg (Sanofi). « Le message (…) c’est : “Si Hollande est élu, dis-lui qu’on n’a qu’une demande à formuler : que Macron soit secrétaire général à l’Économie” », raconte Rebsamen. François Hollande accepte. Nul doute que cette partie de l’histoire de l’actuel chef de l’État n’aura pas sa place dans le séminaire proposé par Sciences-Po à ses étudiants, baptisé en toute simplicité « Macron » et étalé sur douze sessions de deux heures.

A. L. (L'Humanité)

 
Le billet de maurice ulrich. Gilet d’honneur
Lundi, 2 Septembre, 2019
 

Heureux étudiants de Sciences-Po. Un nouvel enseignement leur sera proposé sous la forme d’un séminaire de 24 heures, dispensé en anglais, on ne sait pas pourquoi, et entièrement consacré à Emmanuel Macron, sa vie, son œuvre, son avenir, ses réussites. Les étudiants seront invités à découvrir comment le bambin faisait déjà la leçon à ses maîtres comme Jésus en son temps devant les docteurs de la foi, comment celle qui allait devenir son épouse fut très vite persuadée d’avoir rencontré un nouveau Mozart, comme elle l’a confié depuis, ou comment de très grands patrons étaient intervenus par voie directe auprès de François Hollande pour exprimer le souhait qu’il soit nommé à l’Économie à la seule fin de créer un circuit court. Quelques lectures obligatoires seront au programme, dont une compilation de ses remarquables discours, son livre Révolution et Macron, un président philosophe, de Brice Couturier, chef-d’œuvre de ce genre particulier dont le Manuel de la brosse à reluire ne peut donner qu’une faible idée. Les meilleurs élèves recevront un gilet jaune d’honneur.

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3 septembre 2019 2 03 /09 /septembre /2019 05:12

 

Le renoncement aux vacances estivales touche de plus en plus les classes populaires confrontées au coût exponentiel des prestations touristiques. Au risque de voir se creuser encore le fossé entre ceux qui bénéficient des bienfaits des vacances et les autres.

Dites-moi si et où vous partez cet été et je vous dirai à quelle catégorie sociale vous appartenez ! L’enquête « Les Français et les vacances : quelles inégalités ? », publiée en juillet par la Fondation Jean-Jaurès, est venue rappeler que les Français des classes populaires et ceux des milieux plus aisés ont un rapport aux vacances tout à fait différent. Si nos concitoyens restent tous très attachés aux congés estivaux, 65 % d’entre eux ont dû s’en priver pour des raisons financières au cours des cinq dernières années. Un taux de renoncement devenu la norme dans les milieux modestes. Mais qui est aussi en forte progression au sein des classes moyennes inférieures, touchées à 48 % par les difficultés à s’offrir des vacances.

Un sentiment de déclassement

« Le niveau d’accès aux vacances constitue une véritable ligne de faille sociologique au sein de la classe moyenne, un véritable décrochage de la classe moyenne qui se scinde en deux », précise David Nguyen, directeur conseil à l’Ifop et corédacteur de l’enquête. « Les vacances constituent un standard devenu inaccessible pour une partie de la classe moyenne qui se reconnaît dans les gilets jaunes », explique-t-il. 61 % des sondés qui se revendiquent proches de ce mouvement affirment, en effet, avoir dû renoncer souvent à leurs vacances pour des raisons financières. « C’est le taux de renoncement fréquent le plus élevé relevé par l’enquête, poursuit l’analyste. Cela alimente une frustration, un sentiment de déclassement et donc une colère sociale. »

Serait-ce la fin de d’une époque ? En tout cas, celle de la démocratisation du tourisme, qui a permis aux classes moyennes depuis les années 1960 et 1970 d’accéder au dépaysement, n’est clairement plus une priorité. L’idée même de s’évader de son quotidien semble réservée aux privilégiés. Alors que 45 % des ouvriers considèrent les vacances comme « un repos bien mérité », seuls 34 % des classes aisées les voient ainsi. Pour ces dernières, elles restent synonymes de « découverte d’un nouveau pays ou d’une nouvelle région ». Au contraire, 33 % des classes populaires privilégient un « endroit pas cher », critère qui ne fait pas partie des trois premiers évoqués par les plus nantis.

Les inégalités d’accès aux vacances ont été accentuées par le phénomène de « montée en gamme » de nombreuses destinations touristiques, autrefois lieux de mixité sociale et facilement accessibles aux classes populaires. Ceci est particulièrement frappant en ce qui concerne les campings, où les terrains nus où l’on pouvait planter sa tente pour un prix modique sont remplacés par des bungalows équipés, forcément plus onéreux. Aujourd’hui, 34 % des campings sont des 4 et 5-étoiles, rebaptisés pour l’occasion « hôtels de plein air » et disposant d’une large gamme d’équipements et d’animations. Les campings municipaux classés 1 ou 2 étoiles sont de plus en plus rares. Près de 1 000 d’entre eux (soit 50 000 emplacements) ont disparu en vingt ans.

Un phénomène qui touche d’autres lieux de vacances propices à la mixité sociale : les colonies de vacances. On parle désormais de « minicamps » ou « stages découvertes », souvent onéreux et donc davantage accessibles aux classes aisées : 47 % des cadres y envoient leurs enfants, contre seulement 25 % des ouvriers. L’enquête montre que les colos connaissent une profonde désaffection. Si 4 millions d’enfants y partaient chaque année au début des années 1960, ils ne sont plus que 1,5 million aujourd’hui. « Il y a des explications sociologiques à cette baisse : les parents divorcés se repartissent la garde des enfants et, du coup, chacun d’entre eux les a pendant un mois, ce qui n’implique plus de les envoyer en colo comme solution de garde, d’autant que les grands-parents sont souvent plus en forme et plus disponibles pour s’en occuper qu’il y a cinquante ans », explique Louise Fénelon Michon, responsable vacances enfants et ados à l’Union nationale des associations de tourisme et de plein air.

L’impact positif des départs en colo

Pourtant, c’est le refus de leurs enfants d’aller en colonie qui est majoritairement avancé par les parents qui ont répondu à l’enquête. Un fait que Louise Fénelon Michon ne conteste pas mais qu’elle tient à nuancer : « Si, comme le montre l’étude, les enfants qui ne sont jamais partis en colo refusent majoritairement de le faire, 90 % de ceux qui en ont fait l’expérience veulent repartir ! » Elle pointe un problème d’accompagnement vers les colos. « Beaucoup de municipalités et de comités d’entreprise ont renoncé à entretenir leur patrimoine et à proposer une politique sociale en matière de vacances. En revanche, certaines communes comme Gentilly, Bagneux ou Vitry ont inscrit le droit aux vacances dans leur projet éducatif de territoire, et favorisent un accès effectif aux colos. »

Cela passe par l’organisation de classes vertes durant l’année, ou même de miniséjours en lien avec les centres de loisirs et des animateurs connus des familles et qui ont leur confiance. « Si les pouvoirs publics mesuraient mieux l’impact positif à long terme de ces départs en colo, cela deviendrait une évidence de se donner les moyens de les promouvoir. La colo, c’est l’apprentissage du vivre-ensemble, du partage. C’est aussi l’expérience de la mobilité. Après avoir eu l’habitude de quitter son foyer, l’enfant, devenu grand, n’hésitera pas à aller faire des études loin de chez ses parents ou à changer de région pour trouver du travail », plaide Louise Fénelon Michon.

Les auteurs de l’étude avancent plusieurs pistes de réflexion pour améliorer la situation : des aides personnalisées pour partir en vacances, la promotion des colonies jusqu’à l’école, des avantages fiscaux pour aider aux départs en colonie, l’amélioration de la diffusion des « chèques-vacances »... Le tout nécessitant une « remobilisation » de l’État, des collectivités locales et des partenaires sociaux. Pour faire de ce droit une réalité pour tous.

Eugénie Barbezat et Samuel Rey

 

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2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 17:51

Après le G7 qui s’est réuni dans une ambiance de bunker à Biarritz du 24 au 26 août ,le G7 des parlementaires va se réunir à Brest du 5 au 7 septembre.

Celui-ci n’a d’autres ambitions que de tenter de donner une caution  démocratique au précédent.

Le PCF dénonce un cadre illégitime à décider du destin de la planète. Le G7 a réuni les fauteurs de guerre et d’austérité, les responsables de l’essor de la pauvreté et de l’absence de volonté de lutter contre le réchauffement climatique. Ce n’est ni chez les défenseurs du capitalisme financier et productiviste, ni chez les promoteurs des accords de libre-échange, ni chez les responsables de la fermeture des frontières contre les migrants, que les grands défis internationaux trouveront une solution dans l’intérêt des peuples. Le PCF dénonce un cénacle obsolète et fermé, qui ne représente même pas les plus grandes puissances économiques du monde d'aujourd'hui, sans la Chine, sans l'Inde, sans la Russie.

Les peuples n’ont pas besoin du G7. La crise climatique, sociale, économique, les risques de guerre, ne peuvent pas être résolus par ceux qui en sont responsables.

 L’heure est à une véritable initiative internationale portée par les peuples et les nations et consacrée aux urgences de la planète. C’est un véritable G195, sous l’égide de l’ONU, réunissant, à égalité, l’ensemble des membres de l’ONU auxquels il faut ajouter les peuples palestinien et sahraoui.

 Le PCF soutient l’adresse aux parlementaires  du Collectif finistérien pour l'Interdiction des Armes Nucléaires aux présidents des parlements du G7 .

 "En 2014, lors de sa 130° assemblée générale, l'Union Interparlementaire, organisation internationale dont votre parlement est l'un des 178 membres, a adopté une résolution « pour un monde exempt de l'arme nucléaire ».Depuis lors, l'ONU a voté un traité qui répond à ce vœu, mais qu'aucun de vos pays n'a à ce jour entériné. Pour le renforcement de la paix et de la sécurité du monde  nous vous exhortons en conséquence à AGIR sans attendre pour que vos gouvernements, répondant à l'aspiration de vos peuples, signent et ratifient le traité d'interdiction des armes nucléaires adopté par l'ONU le 7 juillet 2017"

 Il soutiendra aussi toutes les initiatives citoyennes et pacifiques pour la paix, le climat, la biodiversité ,la solidarité entre les peuples, les services publics , la justice sociale qui se tiendront en réaction à ce G7 .

G7 des parlementaires à BREST du 5 au 7 septembre : communiqué de la section PCF de Brest (30 août 2019)
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2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 05:10

 

Un rapport confidentiel de l’Établissement public de sécurité ferroviaire relève des anomalies sur l’état du réseau

national pouvant « affecter la sécurité » des circulations. La CGT dénonce la politique de baisse des coûts et la casse du rail public.

Depuis 2005 et la publi-­cation d’un audit aux conclusions alarmantes publié par l’École polytechnique de Lausanne, de nombreuses études attestent régulièrement de la vétusté du réseau ferré national. La dernière en date, confidentielle, émane de l’Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF), créé en 2006, au moment de la première vague de privatisations (fret et liaisons transfrontalières) et chargé de veiller à la sécurité ferroviaire. Dans son rapport, que le Parisien a pu consulter, l’EPSF révèle ainsi des « ­centaines d’anomalies » repérées lors de contrôles aléatoires réalisés en mai dernier sur une large zone Atlantique. Éclisses en bout de course, câblages rongés aux passages à niveau, irrégularités sur des dispositifs de signaux électriques… en tout, près de 14 000 km de voies – sur les 30 000 km que compte l’ensemble du réseau ferré – ont été passés au crible. Certes, l’EPSF note que certaines de ces anomalies ont été traitées, mais « hors délais réglementaires » pour une partie d’entre elles, quand d’autres, a priori non identifiées par les cheminots en charge de la maintenance, pourraient pourtant « affecter la sécurité » des circulations.

Hausse de la sous-traitance

La SNCF, elle, minimise et verse dans ­l’autosatisfecit. Depuis le déraillement meurtrier de Brétigny-sur-Orge, pendant l’été 2013, « il n’y a jamais eu autant de contrôles, ce qui est une bonne chose », ­estime l’entreprise, qui affirme en outre, à l’unisson avec le ministère des Transports, que l’EPSF, qui a obligation de « demander des mesures conservatoires immédiates » face à des « situations graves ou des écarts graves », ne l’a pas fait. Pour autant, assurait hier Élisabeth Borne, « on va tous être vigi­lants à ce que des correctifs soient ­apportés à court et moyen terme ».

Par-delà la communication, l’obsolescence avérée des infrastructures ferroviaires ne vient pas de nulle part. « Les faits sont ­têtus », et, pour la CGT cheminots, « la responsabilité de l’État et de la direction de la SNCF » en la matière est « majeure ». Le syndicat dénonce « les réformes en ­cascade, le recours massif à la sous-traitance, à l’externalisation, la casse des effectifs cheminots, le recours à l’emploi précaire, la stratégie du tout­business »… Et si « les circulations ferroviaires en France restent globalement fiables et sûres, grâce à ­l’investissement des cheminots de la SNCF qui font correctement leur travail, dès lors qu’on leur donne les moyens structurels, organisationnels, fonctionnels et financiers », insiste la CGT, les politiques successives de « recherche ­effrénée de baisse des coûts » menacent l’équilibre du rail. Particulièrement complexe et exigeant une maîtrise précise de l’outil ­industriel, le service public ferroviaire subit pourtant ­depuis près de vingt ans des attaques répétées contre son unité, au détriment des ­cheminots, et des usagers.

Depuis 2014, la sous-traitance sur les ­travaux de maintenance a ainsi bondi de 35 %, alors même que cette stratégie « représente un surcoût de 10 % à 15 % », de l’aveu même de la SNCF. « En cinq ans, ce sont plus de 10 000 emplois de cheminots SNCF équivalent temps plein qui ont été ­transférés à la sous-traitance », rappelle le syndicat, qui note au passage qu’alors que « la réforme de 2014 prévoyait le recrutement de 500 agents par an jusqu’en 2020 pour faire face au défi de la régénération du ­réseau », cet objectif n’a « jamais été ­réalisé ». L’année dernière, le « nouveau pacte ferroviaire » porté par Édouard Philippe et imposé sans débat parlementaire, par ordonnances, a parachevé la casse du rail public en ouvrant l’ensemble des circulations à la concurrence, en abandonnant l’embauche de cheminots au statut et en transformant la SNCF en société anonyme.

Pourtant priorité absolue des cheminots, la sécurité des circulations est peu à peu passée en arrière-plan. De la suppression des brigades de proximité, formées à inter­venir très rapidement en cas d’incident, à la diminution des pas de maintenance (contrôle des voies), la couverture des risques n’est plus optimale. La direction de la SNCF a tranché en faveur de la stratégie dangereuse du « risque calculé » qui consiste à pousser l’usure des infrastructures au maximum au lieu d’investir en amont pour éviter les ruptures.

Marion d’Allard

 

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2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 05:08

 

Alors que les taux d’intérêt sont historiquement bas, et même négatifs, les États restent arc-boutés sur leur dogme et refusent de dépenser pour faire repartir la machine économique.

L’état s’endette pour financer la fiscalité des plus riches

Pourtant, avec de telles marges de manœuvre, les États pourraient investir, développer les services publics. La France, par exemple, avec un taux à – 0,4 % sur dix ans, comme le mois dernier, ne remboursera pour un emprunt de 100 000 euros que 96 000 euros. Ainsi, la charge de la dette (les intérêts d’emprunt) devrait être allégée de 2 milliards d’euros cette année par rapport aux prévisions de la loi de finances, a annoncé mardi le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. Elle pourrait même baisser de 22 milliards d’euros d’ici à 2021, si la tendance était durable, selon le rapporteur du budget à l’Assemblée nationale. Des enveloppes que les pays d’Europe ne souhaitent pas utiliser. Bercy pointe « la réduction des recettes fiscales » qui « l’emporte sur la réduction de la charge de la dette », avant d’affirmer que, par conséquence, « il n’y aura aucune cagnotte budgétaire liée à la diminution des taux d’intérêt ». En d’autres termes, l’État continuera à s’endetter pour financer les mesures fiscales favorisant les plus riches. Pour rappel, les allégements de la fiscalité du capital entrés en vigueur le 1er janvier 2018 coûtent 4,5 milliards d’euros par an au budget de l’État, selon les calculs de la fondation Jean-Jaurès. Or, même chez les libéraux – de Mario Draghi, le président de la BCE, au rédacteur du programme économique d’Emmanuel Macron, Jean Pisani-Ferry –, des voix s’élèvent pour un assouplissement budgétaire. Car le modèle allemand imposé à toute l’Europe via des traités pensés pour limiter dépenses et investissements, en espérant que le commerce extérieur et les exportations viennent au secours de la croissance, tourne, avec la guerre commerciale, au marasme économique. « Les politiques budgétaires qui consistent à dépenser moins pour les services publics affaiblissent les bases les plus solides de l’économie, empêchent le développement de capacités nouvelles et entretiennent la déflation. Elles doivent être critiquées sans réserve », dénonce Denis Durand, économiste du PCF. Tant les besoins sont énormes, estiment les deux économistes. « L’objectif n’est pas la croissance, c’est celui de l’emploi et de la réponse aux besoins massifs pour réaliser la transition écologique. Mécaniquement, cela générera de la croissance économique », promet Jonathan Marie. Sur ce dernier point, Denis Durand est de son côté plus réservé. « Beaucoup de gens comprennent la contradiction qui est à l’œuvre aujourd’hui. Ce qui est en jeu, notre bien commun, c’est le climat mais il est géré par des intérêts privés qui captent les richesses. Au contraire, pour réussir cette transition, il est nécessaire que les travailleurs soient extrêmement autonomes, bien informés, capables d’initiatives. Car le capital ne peut pas choisir de développer les capacités humaines sinon ce n’est plus le capital. La réponse ne peut être que politique. »

L’économie mondiale ralentit. La récession guette l’Europe. Pourtant, les taux d’intérêt, instrument roi de la politique monétaire pour empêcher l’effondrement, n’ont jamais été aussi bas. La situation, commune à ceux qui se réuniront ce week-end à Biarritz pour le G7, est inédite. Les théories économiques keynésiennes ou libérales dysfonctionnent. La baisse des taux d’intérêt s’accompagne d’une hausse des prix à la consommation très faible et non d’une poussée inflationniste. C’est la panne. « Conséquence directe de l’incohérence des politiques économiques mises en place depuis la crise financière de 2008, analyse Jonathan Marie, professeur d’économie à Paris-XIII, membre du collectif des Économistes atterrés. La politique monétaire très expansionniste qui permet aux banques d’obtenir des liquidités (de l’argent) à un prix extrêmement faible pour relancer le crédit des entreprises et des ménages en vue de soutenir l’économie réelle n’a pas fonctionné, car la politique budgétaire en Europe a été très récessive. » Et sans critère, l’injection massive de liquidités par les banques centrales, et particulièrement celles de la zone euro, a servi à doper la finance. Les entreprises ont préféré utiliser ces fonds pour effectuer des rachats d’actions et gonfler artificiellement les dividendes. Les ménages, eux, ont placé cette manne dans l’immobilier. Résultat, l’économie stagne, les bulles spéculatives se créent ou se développent.

Clotilde Mathieu

 

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