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Le directeur général de la santé a enjoint vendredi à l’ensemble de la population de porter des masques, rompant avec le mensonge d’État concernant leur utilité.
« Les Français ne pourront pas acheter de masques dans les pharmacies, car ce n’est pas nécessaire si l’on n’est pas malade », déclarait Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, le 17 mars dernier à l’issue du Conseil des ministres. Des « éléments de langage » relayés à longueur d’antenne sur les télévisions et les radios par les tenants de l’exécutif, allant jusqu’à prétendre que nos concitoyens ne sauraient de toute façon pas utiliser correctement un masque… En réalité, au lieu de jouer la transparence sur la pénurie de masques et d’expliquer que le peu de stock disponible serait, légitimement, réservé aux soignants, le gouvernement d’Édouard Philippe avait choisi de ne pas informer les Français, et d’utiliser de faux arguments sanitaires.
Aujourd’hui tout a changé : « Nous encourageons le grand public à porter les masques », a affirmé vendredi Jérôme Salomon, le directeur général de la santé. Un mot d’ordre gouvernemental qui s’appuie sur une nouvelle recommandation de l’ Académie de médecine et concerne les masques « artisanaux », en tissu, que quelques entreprises et des particuliers ont commencé à confectionner, parfois en s’appuyant sur des tutoriels diffusés via Internet et validés par des médecins et des hôpitaux. « Lorsqu’on sort de chez soi, qu’on va faire des courses, qu’on prend l’ascenseur, les transports en commun, la recommandation est que tout le monde porte un masque que l’on peut faire soi-même et qu’on n’est pas obligé d’acheter à la pharmacie, explique au Parisien le professeur Yves Buisson, membre de l’Académie. Tout le monde doit faire comme s’il était porteur sain du virus, contaminé. Ce masque ne vous protège pas, c’est un masque altruiste : en couvrant son nez et sa bouche, on évite de disséminer le virus autour de soi. » L’académie estime d’ailleurs que le port du masque devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant et après le confinement, ce qui constituerait « une addition logique aux mesures barrières actuellement en vigueur ».
Ces nouvelles consignes interviennent alors que la France a annoncé avoir commandé près de 2 milliards de masques auprès de fournisseurs chinois, tout en renforçant la capacité de production nationale. Un changement de doctrine qui coïncide donc avec la fin de la pénurie ? Pas seulement. D’une part, les masques médicaux, masques chirurgicaux ou bien FFP2, restent réservés aux malades et au personnel soignant. Et d’autre part, il apparaît de plus en plus probable que la diffusion du virus ne se produit pas uniquement par des gouttelettes, mais également de manière aérosol, c’est-à-dire dans l’air expiré. Ce mode de transmission expliquerait la haute contagiosité du virus, également transmis par des patients sans symptômes. C’est en intégrant cette éventualité que les autorités sanitaires américaines ont recommandé le port du masque.
La France n’est en effet pas le seul pays à ajuster ainsi sa communication : la volte-face la plus spectaculaire est venue des États-Unis où, vendredi, le président Donald Trump lui-même a annoncé que les autorités sanitaires conseillaient désormais aux Américains de se couvrir le visage lorsqu’ils sortent de chez eux. En Allemagne, les citoyens sont désormais encouragés à porter en public des masques faits maison. Leur port est obligatoire en République tchèque et en Slovénie, et dans les supermarchés autrichiens. Une évolution salutaire qui aurait pu être anticipée en s’inspirant de l’Asie, où le port du masque est banalisé depuis longtemps et où la réticence occidentale a surpris.
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Réaction de Fabien Roussel pour le PCF:
Le gouvernement répétait que le grand public ne devait pas acheter de masque. "En fait, il y avait tout simplement une pénurie", a déploré lundi 6 avril le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, tout en reconnaissant "une situation difficile à gérer".
Le gouvernement aurait du être transparent dès le départ, a-t-il estimé, au risque de voir les mesures prises pour lutter contre la pandémie de coronavirus ne pas être comprises par les Français.
Au début du confinement, le gouvernement "répétait que les Français ne devaient pas acheter de masques et qu'il fallait les réserver pour les soignants. En fait il y avait tout simplement une pénurie (...). Maintenant qu'on a commandé deux milliards de masques, changement de braquet, il faudrait tous en porter" , a déclaré Fabien Roussel sur Sud Radio, admettant toutefois une "situation difficile à gérer".
Alors que le nombre des décès dans les maisons de retraite explose, les personnels dénoncent l’insuffisance criante des mesures prises pour faire face à la pandémie.
L’épidémie invisible a cessé de l’être. Le nombre de victimes recensées du coronavirus dans les Ehpad a explosé au cours des derniers jours, passant de 371 personnes à 2 189 entre le 1er et le 5 avril.
Aussi, la part des décès des résidents des maisons de retraite dans le bilan global des victimes de l’épidémie ne cesse de croître. Au niveau national, environ un tiers des morts du Covid-19 sont des résidents des maisons de retraite. Dans le Bas-Rhin, l’un des départements les plus touchés par le coronavirus, ce pourcentage frôle depuis lundi les 40 % (176 décès dans les Ehpad, 277 en dehors). Pour Hélène (1), aide-soignante dans un établissement d’Arles (Bouches-du-Rhône), le manque de matériel de protection explique en partie la vitesse de propagation du virus. Dans sa maison de retraite, le premier cas confirmé de coronavirus a concerné un membre du personnel, mardi dernier. Le lendemain, une résidente était contaminée et, à la fin de la semaine, une douzaine de résidents étaient suspectés. « J’ai fait la toilette d’une personne sur laquelle il y avait un doute, mais je n’avais pas de masque FFP2. J’ai eu peur. La résidente a toussé tout le long de la toilette, qui dure 40 minutes. Elle avait 39°C de fièvre. Nous sommes plusieurs à nous succéder dans la même chambre, pour la toilette, le goûter, les soins. Mais on remet toutes la même blouse. J’ai ajouté un tablier en plastique et pui s, sur le masque, j’ai attaché une taie d’oreiller… »
Infirmière dans un Ehpad en campagne, près de Dijon, Cécile pointe elle aussi le non-respect des règles d’hygiène dû au manque d’équipements – « un seul masque pour 7 h 30 de travail », précise-t-elle. Elle déplore aussi le caractère tardif des restrictions au sein de son établissement. « Le 1er avril, un karaoké a été organisé avec les 45 résidents dans la salle commune… Du grand n’importe quoi ! » Délégué CGT des Ehpad du groupe privé Orpea, Guillaume Gobet, qui travaille à Royat, près de Clermont-Ferrand, confirme : « Sur mon établissement, on a mis en confinement le 27 mars. Mais on a continué pendant plusieurs jours à faire manger les résidents dans la même salle, les uns à côté des autres. Mes collègues me disent que, dans de nombreux Ehpad du Sud, c’est toujours le cas. » Certains résidents, sous dialyse, ont aussi fait des allers-retours entre Ehpad et hôpital. « S’ils ont été contaminés, toute la salle à manger peut l’être. »
Pour Cécile, de Dijon, la surcharge de travail aggrave la situation sanitaire. « Tous les congés annuels ont été supprimés. Je travaille 6 jours sur 7. On est épuisées », lâche cette jeune infirmière qui explique pourtant avoir choisi ce métier « par passion ». Comment assurer une décontamination efficace quand on a une seule auxiliaire de vie pour 25 chambres ? interroge aussi Guillaume Gobet. « Résultat : une fois le Covid entré, les Ehpad deviennent des nids à virus. »
« Moi, j’achète des lingettes pour bébé pour nettoyer mes résidents », dit Cécile, qui ajoute : « On en est là dans les Ehpad. On compte le nombre de pommes de terre qu’on met dans les assiettes pour être sûrs de ne pas manquer à la fin du service. Quand on a travaillé toute sa vie, payer plus de 2 000 euros par mois pour ça, je trouve ça révoltant. » Une réalité qui n’avait pas attendu le coronavirus pour s’exprimer. « Cela fait trois ans, appuie Guillaume Gobet, qu’on dénonce cette situation auprès des ARS, du gouvernement. On a fait de nombreuses grèves. Mais nous n’avons jamais été pris au sérieux. Je ne sais plus comment faire pour être entendu. »
Le préfet de police Didier Lallement a établi le vendredi 3 avril « une corrélation » entre les malades en réanimation et ceux qui n’ont pas respecté le confinement. Un raccourci provocateur et indigne qui a suscité une levée de boucliers chez les soignants et bien au-delà. D'autant que l'homme, nommé il y a un an à Paris après avoir géré de manière très répressive le mouvement des Gilets jaunes à Bordeaux, n'en est pas à ses premiers propos scandaleux...
Ce n’est pas son premier fait d’armes mais celui-ci a provoqué un véritable tollé. Ce vendredi 3 avril, lors d’une interview sur BFMTV, le préfet de police de Paris Didier Lallement a déclaré : « Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qui sont en réanimation, désormais aujourd’hui, ce sont ceux qui au début du confinement ne l’ont pas respecté. C’est très simple. Il y a une corrélation très simple. »
Dans la foulée, responsables politiques mais aussi soignants n’ont pas manqué de réagir. « Je n’ai pas de mot, c’est proprement scandaleux. Insulter, traiter ceux qui sont en danger de mort de délinquants, c’est un véritable scandale. Il faudra dire à M. Le préfet qu’il y a des soignants en réanimation. Après de tels propos, il ne peut que démissionner », a notamment réagi le Pr Frédéric Adnet du Samu de Seine-Saint-Denis. « C’est inadmissible de dire des choses pareilles ne reposant sur aucun élément scientifique ou épidémiologique et stigmatisant pour des gens qui souffrent et sont victimes d’une maladie grave », ajoute Jean-Daniel Lelièvre, épidémiologiste à l’Institut Mondor de recherche biomédicale.
Déjà remontée contre la répression du mouvement social exercée par le préfet Lallement, la gauche est aussi montée au créneau. « Pour lui, ceux qui sont malades ou qui sont morts l’ont bien cherché ! Écœurant. L’état d’urgence sanitaire ne doit pas avoir ce visage insultant. Les gens doivent être respectés ! », a lancé Jean-Luc Mélenchon tandis qu’une autre insoumise, Clémentine Autain, estimait qu’il « a bien cherché l’exigence de sa démission ». Même tonalité du côté des communistes : « Quelle honte ! Quel mépris pour toutes celles et ceux qui risquent leur vie au travail et attrapent le Covid19 ! Il était déjà responsable de la gestion désastreuse des manifs à Paris. Il fait encore une fois preuve d’inhumanité. Il doit démissionner ! », a tancé Fabien Roussel le secrétaire national du PCF. « Son rôle n’est pas d’attribuer des bons points. Ces propos sont absolument scandaleux, il y a aujourd’hui un policier qui est mort en Seine-et-Marne du coronavirus. C’est à ceux qui sont obligés d’aller travailler tous les jours, qui ne peuvent pas se confiner, qu’il faut penser », a abondé Olivier Faure, le premier secrétaire du PS.
Les propos du préfet ont fait réagir jusque dans les rangs de la majorité. « L’autorité n’est pas la brutalité et le maintien de l’ordre n’est pas le jugement moral de nos concitoyens. En plus de méthodes très contestables et contestées, le préfet Lallement sort régulièrement de son devoir de réserve. Combien de temps encore ? », a notamment tweeté le député LaREM, Aurélien Taché.
Dans l’après-midi, sur demande du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, la préfecture a tenté de contenir l’incendie par un communiqué : « Didier Lallement regrette les propos qu’il a tenus ce matin lors d’une opération de contrôle des mesures de confinement et tient à les rectifier ». Et de poursuivre : « Son intention n’était pas d’établir un lien direct entre le non-respect des consignes sanitaires et la présence de malades en réanimation ». À écouter et réécouter son intervention, c’est pourtant bien ce qu’on entend.
« Ce propos du préfet de police est inexact. Ce qui est vrai, c’est que le bon respect du confinement est un enjeu sanitaire majeur », temporise l’entourage de Castaner. Ça ne suffira sans doute pas à convaincre…
Combien de fois faudra-t-il qu’il récidive pour qu’on le démissionne ? Pour vanter le renforcement du maintien de l’ordre dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, le préfet de police Didier Lallement a osé affirmer, le 3 avril sur BFM, que « ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui au début du confinement ne l’ont pas respecté. Il y a une corrélation très simple ». Il signe là une double abjection. En suggérant que les malades méritent leur sort, d’une part. En oubliant, de l’autre, les milliers de Français exposés au quotidien car ils n’ont pas loisir de rester confinés : personnel hospitalier, livreurs, ouvriers, employés de grande surface… et même ses propres forces de police. Au-delà de la bêtise de cette sortie, qui témoigne de sa volonté forcenée de surveiller et punir les désobéissants, fût-ce par le biais d’un virus mortel, le préfet de Paris sort encore une fois de son devoir de réserve. En novembre 2019, il assénait à une gilet jaune : « Nous ne sommes pas dans le même camp. » La question demeure : qui, aujourd’hui, peut encore être dans le camp de Didier Lallement ? Cyprien Caddeo
L'éditorial de Sébastien Crépel. L’inquiétude vaut bien au-delà du 30 juin et du retour présumé au « droit commun » : car ainsi se crée pour l’avenir « une jurisprudence qui ouvre la voie à toutes les exceptions et donc à tous les renoncements », prévient la LDH.
L’état d’urgence sanitaire a été promulgué, mais qu’en est-il de l’État de droit, qui n’admet aucune interruption pour garantir les libertés publiques ? Cette garantie passe en premier lieu par le respect de la Constitution, qui limite les pouvoirs et s’impose à tous, en dépit des critiques parfaitement fondées que l’on peut adresser à un texte consacrant un régime présidentialiste à l’extrême. Il vaut mieux en effet une Constitution imparfaite que pas de Constitution du tout pour s’opposer à l’absolutisme et à l’arbitraire.
Or, il n’est pas exagéré d’écrire que cet ordre constitutionnel est aujourd’hui remis en cause par l’acceptation, par l’organe même chargé en dernier ressort de le faire respecter, d’entorses à la légalité qui auraient été regardées comme tout à fait intolérables avant l’état d’urgence sanitaire. Ici aussi, pas de confusion : on peut ne pas déborder d’amour pour une instance comme le Conseil constitutionnel, dont les jugements sont souvent marqués d’un conservatisme pesant, et s’inquiéter de ce que signifie, sur le plan du droit, sa mise en sommeil forcée. Non seulement ses membres ont choisi de fermer les yeux sur la décision du gouvernement de s’asseoir sur le respect de la loi fondamentale à l’occasion de l’examen du paquet législatif instaurant l’état d’urgence sanitaire, mais ils se sont inclinés devant leur mise en congés d’office jusqu’au 30 juin prévue par ces mêmes textes.
Cette décision pourrait paraître à première vue n’intéresser que les férus de droit. Dans une déclaration produite vendredi, la Ligue des droits de l’homme (LDH) montre combien elle concerne en réalité chaque citoyen. « Par sa décision, écrit la LDH, le Conseil constitutionnel accepte que les libertés publiques soient drastiquement restreintes tout en en différant le contrôle. » Le gouvernement, qui dirige désormais par ordonnances, n’aura en effet plus aucun compte à rendre au Parlement, ni au Conseil constitutionnel. L’inquiétude vaut bien au-delà du 30 juin et du retour présumé au « droit commun » : car ainsi se crée pour l’avenir « une jurisprudence qui ouvre la voie à toutes les exceptions et donc à tous les renoncements », prévient la LDH.
Par Patrick Le Hyaric Directeur de L'Humanité
La loi organique promulguée lundi dernier instituant l’état d’urgence sanitaire ouvre des brèches inédites dans l’État de droit. L’expérience des « états d’urgence » plaide pour une grande méfiance. Celui né des attentats qui ont frappé la France en 2015, s’il avait vocation à lutter contre le terrorisme dans un temps donné, s’est inscrit dans le droit commun et le pouvoir n’a pas hésité à s’en servir contre des mouvements sociaux. On peut donc très légitimement s’inquiéter des dispositions prises, dont certaines vont s’insérer dans les textes réglementaires et pourront donc être reprises ultérieurement. Pour autant, le Conseil constitutionnel n’avait pas, jusque-là, hésité à censurer certaines dispositions attentatoires aux libertés.
Or, les verrous viennent de sauter. De manière incompréhensible, le Conseil constitutionnel, pourtant garant de la Constitution, ne s’est pas opposé à un coup de canif inédit dans celle-ci. Il s’est, pour la première fois de son histoire, volontairement amputé de son rôle de gardien de la loi fondamentale, indiquant dans sa décision du 26 mars dernier que, « compte tenu des circonstances particulières de l’espèce, il n’y a pas lieu de juger que cette loi organique a été adoptée en violation des règles de procédure prévues à l’article 46 de la Constitution ». Or cet article 46 stipule que « le projet ou la proposition ne peut être soumis à la délibération de la première assemblée saisie avant l’expiration d’un délai de quinze jours après son dépôt ». Le voilà réduit à 24 heures, en violation des règles constitutionnelles ! Ce délai est pourtant celui, essentiel, de la discussion collective et du contrôle parlementaire. En quoi les « circonstances particulières de l’espèce » doivent-elles mettre en quarantaine le contrôle de constitutionnalité et l’exercice démocratique ?
Il n’y a aucune explication valable à cette mise en retrait des juges constitutionnels, surtout quand caissières, personnels soignants, agriculteurs ou fonctionnaires sont appelés à travailler manu militari. Les citoyens qui entreraient en contravention avec les dispositions de l’état d’urgence n’ont ainsi plus les moyens de contester les décisions dans les temps impartis puisque les juridictions de contrôle, dont la Cour de cassation et le Conseil d’État, sont mises en sommeil jusqu’au… 30 juin ! Les questions préalables de constitutionnalité sont donc déclarées nulles et non avenues jusqu’au début de l’été. Les pleins pouvoirs sont ainsi conférés au pouvoir exécutif sans qu’il se soit donné la peine d’activer le très polémique article 16 de la Constitution.
Cet empressement à se laver les mains des principes constitutionnels trahit l’incapacité de l’exécutif à prendre les mesures indispensables à la lutte contre l’épidémie en temps et en heure, notamment par des réquisitions et nationalisations, et son manque de réactivité criant pour injecter immédiatement les milliards qui manquent aux hôpitaux en matériel et en personnels soignants.
Pour contrebalancer ces pouvoirs exorbitants, il faudrait d’urgence qu’un Comité national pluraliste du suivi de l’état d’urgence sanitaire, avec les présidents de groupe des deux assemblées et les syndicats, accompagne et contrôle l’action publique. La lutte contre l’épidémie ne passera pas par moins de liberté. Au contraire !
Entretien. Henri Leclerc, avocat au barreau de Paris et président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme, craint que des mesures liberticides comme le traçage numérique des citoyens, imposées par le gouvernement pour assurer la sécurité sanitaire, n’intègrent la loi ordinaire à l’issue de la crise. Il appelle à la vigilance.
Quel regard portez-vous sur la possibilité d’autoriser une surveillance numérique accrue des citoyens dans le cadre de l’actuelle crise sanitaire ?
Me Henri Leclerc. Dans la situation actuelle, je me pose la question de la nécessité et de la proportionnalité du pistage de la population. Pour juger de la pertinence de cette mesure, les citoyens, dont je suis, manquent d’informations. On ne peut se fier qu’aux déclarations du pouvoir. Or, personnellement, ma confiance dans ce gouvernement est limitée. Par ailleurs, si elles étaient mises en place à l’issue de la période de confinement, de telles mesures de traçage devraient être très encadrées et circonstanciées, et ne pourraient à mon sens qu’être limitées dans le temps. Or, l’histoire récente a montré que l’exécutif avait tendance à intégrer dans le droit commun des dispositions prises à titre exceptionnel. Il ne faudrait pas que l’on réitère l’expérience des lois dites antiterroristes de 2015 et que l’on se retrouve avec un système de surveillance généralisée à la chinoise ou à la coréenne. Il me semble que d’autres mesures seraient à prendre, de manière plus urgente, pour éviter une hécatombe : pourquoi ne pas gracier tous les prisonniers qui n’ont plus que quelques mois de peine à purger plutôt que de prolonger arbitrairement les détentions provisoires ?
Pensez-vous que les contre-pouvoirs jouent pleinement leur rôle ?
Me Henri Leclerc. Clairement non. La Cnil n’a qu’un avis consultatif et je suis particulièrement révolté par l’abdication du Conseil constitutionnel, qui, lorsqu’il a été saisi de la loi organique, a accepté la limitation de ses pouvoirs. En ce qui concerne les questions prioritaires de constitutionnalité, le Conseil ne se prononce plus… La carence des autorités de contrôle est très grave. De même, le fait que le Parlement ne se réunisse plus en séance plénière laisse les mains totalement libres au gouvernement. Ce ne serait pourtant pas compliqué d’avoir des discussions collectives en vidéoconférence. Les entreprises privées le font, les médias le font, alors pourquoi pas les parlementaires ? L’utilisation des outils numériques et de communication à distance est à géométrie variable, semble-t-il ! Je me demande avec inquiétude quand la toute-puissance de l’exécutif va s’arrêter. Par ailleurs, je ne suis pas contre les conseils scientifiques. Mais il ne faut pas qu’ils soient les seuls à étayer les décisions. Alors même que les plus grands spécialistes reconnaissent être encore tâtonnants face à ce nouveau virus, la légitimité scientifique ne doit pas remplacer la légitimité démocratique.
Vous semble-t-il néanmoins légitime de renoncer à certaines libertés, dans le cas présent ?
Me Henri Leclerc. Oui, tout à fait. Ce n’est pas mon habitude d’accepter sans broncher un état d’exception. En 2015, j’ai combattu les lois antiterroristes, estimant qu’il suffisait alors de renforcer les moyens de la police, dans le cadre législatif existant. Aujourd’hui, la situation n’est pas la même : nous sommes en face d’un mal qui répand la terreur et nous ne pouvons pas faire autrement que d’accepter de restreindre nos libertés, puisque chacun est un danger pour l’autre. Donc, je ne conteste pas le confinement, bien qu’il soit une atteinte considérable aux libertés individuelles. J’accepterai même volontiers que toute la population soit testée obligatoirement à l’issue de cette période de confinement. Mais c’est plus facile de pister que de dépister apparemment… Je voudrais enfin rappeler que le déconfinement devra s’accompagner d’un retour à la normale. Nous y veillerons.
Le Parti communiste a critiqué dimanche la publication de règles sanitaires à respecter dans le BTP face au coronavirus, qui encouragent selon lui la reprise des chantiers au "mépris de la santé des 2 millions de salariés" du secteur.
Lu sur le blog Front de Gauche Pierre Bénite: http://fdgpierrebe.over-blog.com/
Très forte réaction d'Evelyne Ternant membre de la direction du PCF à la note de la CDC commandée par Emmanuel Macron sur le devenir de notre système de santé après l'épidémie du Covid - 19
Cette réaction est à lire avec l'article qu'elle a rédigé : "Arlete ! Quand la finance s'occupe du système de soins" pour le blog : "En avant le Manifeste" dont le lien est :
https://enavantlemanifeste.fr/2020/04/04/alerte-quand-la-finance-soccupe-du-systeme-de-soins/
Il est possible d'avoir accès également à la réaction de Denis Durand à l'interview de Patrick Artus donné au Figaro où celui-ci livre son analyse sur la riposte économique face à la pandémie et sur ses effets que les moyens de l’État vont être mis encore plus fortement au service de la rentabilisation du capital privé.
Alors que les discours du président de la République sur la « santé gratuite » partie prenante de ces « biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », ses promesses à l’hôpital de Mulhouse au sujet d’« un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières […] construit pour notre hôpital » se veulent rassurantes sur un changement de cap, dans le même temps, les cercles étroits de la technocratie financière préparent une entrée massive des financements privés dans tous les secteurs du système de soins, avec en suite logique l’abandon des critères du service public.
Alors que les discours du président de la République sur la « santé gratuite » partie prenante de ces « biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », ses promesses à l’hôpital de Mulhouse au sujet d’« un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières […] construit pour notre hôpital » se veulent rassurantes sur un changement de cap, dans le même temps, les cercles étroits de la technocratie financière préparent une entrée massive des financements privés dans tous les secteurs du système de soins, avec en suite logique l’abandon des critères du service public.
C’est la note de la CDC (Caisse des dépôts et consignations) rédigée à la demande d’Emmanuel Macron, publiée par Mediapart (en p. j.), qui révèle les lignes directrices de ce projet destructeur : une évolution du système de santé qui, sous couvert de la crise sanitaire et du besoin de financement massif, en accélère la privatisation et la marchandisation. Fait par un organisme financier dont les critères sont depuis longtemps ceux des marchés financiers, et qui, de plus, est devenu un acteur majeur de l’hospitalisation privée lucrative, son fil directeur, sous la technicité des montages proposés, est d’effacer par une série de dispositifs la ligne de démarcation entre le secteur privé et le secteur public pour anéantir définitivement ce dernier.
Parmi les mesures les plus significatives, citons :
1— une restructuration — et non une annulation — des deux tiers de la dette des hôpitaux publics (l’État n’en a repris qu’un tiers à sa charge), accompagnée de la création d’un « fonds de dette » commun au secteur privé, prêtant à long terme « en hybride soit aux hôpitaux, soit préférablement aux mutuelles et aux fondations qui les détiennent avec une obligation de fléchage des ressources ». En clair, un fonds de financement commun public/privé, qui privilégie le secteur privé et pilote la destination des financements.
2— Le recours massif aux partenariats publics privés (PPP) en dépit de la succession des expériences négatives et des rapports accablants venant d’institutions nationales (cour des comptes, rapport d’enquête sénatoriale) et européennes (cour des comptes européenne). Cette dernière, qui n’est certainement pas à la pointe du combat antilibéral, constate néanmoins « le manque considérable d’efficience, qui s’est traduit par des retards de construction et par une forte augmentation des couts », une opacité comptable qui compromet « la transparence et l’optimisation des ressources », une inadaptation de ces contrats de long terme à suivre « l’évolution rapide des technologies ».
3-le basculement vers « la santé numérique », une solution miracle permettant de faire coup double : décharger l’activité hospitalière, et valoriser les investissements des nombreuses « start up » (au nombre de 700, marché qualifié de peu mature, de modèle fragile, etc.) et des compagnies d’assurances et des mutuelles qui se sont lancées dans le financement de la téléconsultation. Elles viennent d’ailleurs de créer un consortium « Alliance digitale pour le Covid-19 » dans lequel on retrouve les principales d’entre elles : Allianz, AG2R la mondiale, Malakoff, associées à la Banque Postale Assurances….Il s’agit en fait de faire face à la saturation du 15 non pas en lui allouant les financements publics nécessaires, mais en proposant des solutions privées pour en réduire l’accès.
4- Dans le sillage de Donald Trump, une proposition de conversion de navires en navires-hôpitaux, dont les aspects techniques, médicaux et humains sont jugés hasardeux par nombre de professionnels, mais que l’on comprend mieux quand on sait que la CDC a des engagements financiers importants dans des commandes de paquebots aux Chantiers navals que les compagnies de croisières, mises à l’arrêt par la pandémie, risquent de ne pouvoir honorer.
5- Enfin, le meilleur pour la fin, faire sponsoriser par les grands organismes de recherche (Institut Pasteur, institut Curie, Unicancer, etc..) « un fonds de partage » auquel souscriraient investisseurs privés et institutionnels, avec reversement de revenus aux « sponsors » pour leur opération promotion. Avec la rapacité et le cynisme bien connus de la finance, quand elle flaire de bonnes affaires, il est dit sans ambages que « les conditions de lancement […] seraient assez favorables compte tenu de l’impact sur les valorisations corporatives de la crise actuelle » et que « ce type d’opérations pourrait […] être lancé très rapidement dans des conditions compétitives et avec le soutien de la place ».
Ce fameux fonds de financement prêterait aux hôpitaux au taux du livret A + 0,75 point, soit 1,25 %, quand L’État français emprunte à 0 % sur dix ans et à 0,84 % sur 30 ans… et que la BCE prête aux banques à -0,75 %.
En langage clair, la pandémie du covid-19 va favoriser l’attraction boursière des placements financiers vers les secteurs de la santé. La finance n’hésite jamais à battre monnaie sur le malheur humain ».
Pour imposer d’autres choix et faire obstacle à l’achèvement du système public de soins sur l’autel du capital qui se prépare, il est impératif de rassembler toutes les forces qui se sont opposées à son démantèlement, des personnels aux usagers en passant par les élus, pour un combat politique de haut niveau. Ces luttes ne peuvent plus s’en tenir à la seule expression des besoins, mais doivent impérativement porter des exigences sur les modes de financement, qu’il s’agit d’arracher au plus vite aux griffes des marchés financiers.
C’est dès aujourd’hui que le combat pour une alternative à cette tentative des classes dirigeantes est à l’ordre du jour. Il sera déterminant que le PCF soit à la hauteur de sa responsabilité historique dans ces circonstances extraordinaires.
À lire également : Patrick Artus et rapport de la CdC montrent la violence des antagonismes qui minent le capitalisme financiarisé et mondialisé
« En même temps » qu’ils multiplient les éloges sur les personnels de santé des hôpitaux publics, nos gouvernants commandent en douce des rapports qui visent à poursuivre l’asphyxie de notre système de santé public !
(Découvrez la note de la Caisse des Dépôts et Consignations en fin d'article)
Marie-George Buffet est directement touchée par le coronavirus.
Placée en confinement depuis début mars, la ministre des Sports du gouvernement Jospin (mai 1997 – mai 2002) ne s’est pas sentie très en forme ces derniers jours et s’en sort progressivement. Au téléphone, rien ne transparaît. Celle qui a été le fer de lance de la lutte contre le dopage est toujours aussi dynamique dès qu’il s’agit d’évoquer la chose sportive, en particulier dans cette période difficile.
Marie-George Buffet : "Le sport n'est pas quelque chose de secondaire"Marie-George Buffet est directement touchée par le coronavirus. Placée en confinement depuis début mars, la ministre des Sports du gouvernement Jospin (mai 1997 - mai 2002) ne s’est pas sentie très en forme ces derniers jours et s’en sort progressivement. Au téléphone, rien ne transparaît. Celle qui a été le fer de lance de la lutte contre le dopage est toujours aussi dynamique dès qu’il s’agit d’évoquer la chose sportive, en particulier dans cette période difficile.
Au vu de la situation actuelle, quel regard portez-vous sur le sport ?
M-GB : "Tout d’abord, un constat. Le mouvement sportif a pris de sages decisions : celle de préserver la santé des sportifs et de leurs supporters, de préserver l’équité par rapport à des pays qui sont moins touchés aujourd’hui par le coronavirus. Je me rejouis enfin que le CIO ait pris la décision de reporter d’un an les Jeux Olympiques et Paralympiques. Ca va permettre à ces Jeux d’avoir tout leur rayonnement et d’être la grande fête du sport. Je pense que si ça c’était déroulé en septembre ou en octobre, il y aurait eu des injustices.
Après, concernant la privation du sport, je pense d’abord à tous ces jeunes qui ne peuvent pas aller au gymnase ou sur un stade et qui se retrouvent confinés chez eux. Il va falloir réorganiser toute une pratique au sein des clubs quand ça sera terminé pour leur permettre de retrouver leur activité sportive."
Ce sera peut-être le moyen de réfléchir sur cette course à la marchandisation qui a atteint ses limites
Quelles conséquences sur ces sportifs, sur leurs clubs, qu’ils soient amateurs ou professionnels ?
M-GB : "Peut-être que ça va faire réfléchir le monde du sport de haut niveau et notamment le monde professionnel sur la question des calendriers. Il faudra peut-être revisiter des calendriers qui restent trop chargés. Ensuite, il va peut-être falloir réfléchir sur le modèle économique de certains clubs professionnels, tout ce qui concerne le contrôle des budgets, créer des salaires maximums. Ce sera peut-être le moyen de réfléchir sur cette course à la marchandisation qui a atteint ses limites. Le monde sportif doit se poser, discuter et s’interroger sur l’après. Au plan économique, au plan social, on ne pourra pas recommencer comme avant, du moins je l’espère. Et bien je pense que sur le plan sportif, c’est pareil. Il va falloir se repositionner par rapport à certains modèles."
Comment s’y prendre ?
M-GB : "Il faut encadrer les salaires, peut-être faire en sorte que les budgets des clubs soient également limités. Il faut assainir la profession des agents sportifs, régler aussi les problèmes liés aux transferts. Il faut faire marche arrière par rapport à cette course au financement, d’ailleurs on voit que cela fait perdre de l’intérêt au spectacle sportif. Quand vous avez des clubs qui se détachent tellement grâce à leur manne financière, l’intérêt du championnat devient moindre. Dans l’intérêt même du sport, il faut qu’il y ait une réflexion, qu’on calme le jeu et qu’on reparte sur des budgets plus équitables."
Le ministère des Sports, il y a encore du personnel mais il n'y a plus de moyens
Et pour le sport amateur ?
M-GB : "Il faut redonner au ministère des Sports toute sa place et tous ses moyens. Il doit prendre en charge la sortie de cette crise sanitaire en redonnant des moyens aux clubs, je parle là de toutes les subventions d’Etat mais également donner la possibilité aux collectivités territoriales d’aider - comme elles le font déjà - les clubs sportifs. Il faut aussi trouver le moyen de valoriser le travail des bénévoles. On a longtemps parlé pendant des décennies d’un statut des bénévoles, il faut aller plus loin pour encourager le bénévolat, aller vers ce statut du bénévole qui permettrait d’ailleurs qu’ils aient des droits et donc aussi des devoirs. Cela nous permettrait aussi, en lien avec les événements que l’on a connu ces dernières mois (NDLR : de nombreuses affaires de violences sexuelles dans le sport ont été révélées ces dernières semaines) de pouvoir avoir un certain contrôle de l’encadrement des clubs. Et puis, je pense qu’il faut développer l’éducation physique et sportive, l’Education Nationale n’a pas été valorisée ces dernières années, elle n’est plus reconnue dans un certain nombre de diplômes, elle est peu pratiquée au niveau de l’université, il y a un effort considérable à faire pour la revaloriser l’EPS."
Avec quels moyens financiers ?
M-GB : "J’ai entendu les propos de ceux qui nous gouvernent. Ils disent que rien ne pourra plus être comme avant et ont balayé l’idée qu’il faut restreindre les dépenses publiques, notamment dans les hopitaux. Nous sommes obligés de penser à la sortie de cette crise. Pour tout le mouvement culturel, il va falloir aider des dizaines de salles à repartir, aider les intermittants du spectacle, on va être obligés de débloquer des financements partout. Là on est dans l’urgence économique, dans l’urgence sociale, dans l’urgence humaine.
Le sport est un des vecteurs de bien-être, un lieu de convivialité, un terreau social, c’est bon pour la santé, on y apprend des des règles, il va donc falloir mettre donner des moyens au ministère des Sports et à l’Agence Nationale du Sport pour contribuer au développement de la pratique. Ca doit passer par des équipements. Tout ce que je dis, on le disait déjà il y a quelques mois, et les budgets n’ont pas suivi ! L’ANF ce n’est que 300 millions d’euros, 50 personnes. Le ministère des Sports, il y a encore du personnel mais il n'y a plus de moyens. Les missions sont difficilement discernables entre le Ministère et l’ANF, il va falloir clarifier tout cela et faire en sorte que les budgets puissent avoir un niveau qui permette de développer la pratique sportive."
Et pour Paris 2024 ?
M-GB : "Il y a déjà des impacts immédiats, par exemple l’arrêt des travaux du Paris Express. Cela aura certainement des conséquences aussi sur les infrastructures après, il ne faut pas renoncer. On peut toujours rêver de Jeux moins onéreux, plus axés sur le développement durable, et il faut travailler là-dessus. Mais il faut que cela reste la grande fête du sport car elle donne à voir quand même de la beauté du spectacle sportif et donne des envies à des millions de gamins et de gamines de faire du sport. On devra sans doute travailler plus pour combler le retard que l’on est en train de prendre, mais on ne va pas fermer l’Opéra ou la Comédie Française parce qu’il va falloir des économies. Le sport ce n'est pas quelque chose de secondaire, c’est comme la culture, donc il va falloir que ce soit parmi les priorités humaines dont on aura besoin à la sortie de cette période dramatique."
Mme Laurence Cohen interroge M. le ministre des solidarités et de la santé sur l’alerte lancée le 31 mars 2020 par neuf directeurs des plus grands hôpitaux d’Europe sur le risque de pénurie de médicaments essentiels pour traiter les patients atteints du Covid-19.
Ces établissements, dont l’assistance publique-hôpitaux de Paris (APHP), attirent l’attention des gouvernements européens sur les stocks largement insuffisants pour fournir des soins intensifs adéquats. Ces ruptures d’approvisionnement s’expliquent en grande partie par la délocalisation de la production de médicaments à l’étranger et interrogent notre modèle sanitaire et notre indépendance pharmaceutique et économique.
Sans approvisionnement rapide, les réserves de curare, midazolam ou propofol seront épuisées d’ici à deux semaines, voire d’ici à quelques jours dans les hôpitaux les plus sévèrement touchés. Or, ces anesthésiques et hypnotiques sont indispensables pour les patients en réanimation.
Aussi, elle lui demande ce que le Gouvernement entend faire en urgence pour répondre à cette demande, pour exiger des groupes pharmaceutiques d’augmenter leurs capacités de production afin de faire face aux besoins, pour organiser une meilleure coopération aux niveaux européen et international afin de ne pas mettre les soignants face à une incapacité d’exercer leurs missions et par conséquent de limiter le nombre de décès. Elle lui demande également s’il entend mettre en place un groupe de travail composé de scientifiques, de syndicalistes, d’élus de toutes sensibilités politiques pour étudier les conditions de mise en place d’un pôle public du médicament et de la recherche afin d’éviter, notamment, que de nouvelles ruptures de stock ne se reproduisent.