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26 septembre 2015 6 26 /09 /septembre /2015 05:55

Nous connaissons bien dans les nombreux pays de tradition musulmane que nous avons visités une manière de vivre la religion musulmane spirituelle, tranquille, éclairée, tolérante, nullement exclusive du plaisir, de l'humanisme, de la culture et des lumières.

Néanmoins, nous savons tous que depuis les années 80 se diffuse à partir des pétromonarchies du Golfe dans les pays musulmans et en Europe une version ultra-radicale et obscurantiste de l'Islam qui est un véritable danger pour les valeurs humaines progressistes que nous défendons et l'intégrité des personnes qui sont sont le joug de ce pouvoir idéologique qui tend à nier la liberté humaine, l'égalité des sexes, le droit au plaisir et à l'innocence des sources de joie dans la vie.

Depuis des années, mon voisin me confie qu'il peut voir sur le net des vidéos hallucinantes par le caractère rétrograde et liberticide d'un imam de Brest.

Il y a quelques semaines, la presse rappelait un prêche où il était question de justifier la "correction" physique des femmes et des filles.

Hier, c'est le Télégramme qui nous parle d'une vidéo tournée par les services de la mosquée sunna de Pontanézen datant de mai 2014 où l'on voit l'imam en question dénoncer comme un acte diabolique le fait d'écouter ou de jouer de la musique à des enfants de moins de 10 ans et expliquant que ceux qui écoutent de la musique seront transformés "en singes ou en porcs".

On ne peut que trembler d'inquiétude et de colère en écoutant ces discours fascistes ennemis de toute beauté et de toute bonté, car quoi de plus divin et inspirant dans la vie profane que la musique. Bientôt, il faudra aussi brûler tous les livres autre que le Coran et ceux des prédicateurs...

Evidemment, il ne faut pas considérer que ces discours ultra-radicaux et d'une stupidité sans bornes sont représentatifs de la religion musulmane et de l'état d'esprit de la majorité des croyants mais ils ont vraiment de quoi inquiéter et doivent être dénoncés avec vigueur par tous les partisans de la liberté humaine, du droit à la culture et à la joie. Le caractère non centralisé et hiérarchisé du clergé musulman, et la radicalisation de certaines franges des musulmans parmi les jeunes convertis notamment, offre un espace pour ce genre d'huluberlus.

Autant l'islamophobie est une réalité grandissante et inquiétante puisqu'elle procède aussi d'une forme de xénophobie, autant le respect dû aux religions et aux croyants, quels qu'ils soient, a pour limite une certaine respectabilité intrinsèque du discours religieux, qui s'il atteint ces sommets de connerie et d'obscurantisme, n'a pas, comme le discours des intégristes chrétiens, a être ménagé.

Nietzsche disait que le ressentiment, la haine de la vie, retournés en plaisir pervers à condamner la nature et les forces de vie en l'homme, étaient au fond de toute une part du zèle religieux: on en a l'illustration aujourd'hui avec cet extrémisme musulman.

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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 20:40
Samedi 26 septembre: marche pour la paix et le désarmement nucléaire à Rennes à 15h30
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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 20:21

Stage de formation de base PCF

Samedi 3 octobre 2015

08h30 : Accueil Café-croissants

09h00-11h00 Communisme et parti communiste : histoire et débats contemporains avec Quentin Wald

11h00-13h00 Invitation à mieux connaître Marx avec Jean-Michel Galano

14h00-16h00 Éléments de base de l'économie marxiste, les cycles des crises avec Frédéric Rauch

16h30-18h30 La politique économique et monétaire avec Frédéric Rauch

20h00-22h00 Agroalimentaire en Bretagne comment améliorer les conditions de travail et sortir de la précarité ? avec Michel Le Goff

Dimanche 4 octobre 2015

08h00 : Café-croissants 08h30-10h00

Crise écologique, financière, sociale et les nouveaux mode de développement

10h15-12h15 Le 36e congrès la stratégie du PCF

12h15-12h30 Bilan de la formation

Le stage se tiendra à la Section du PCF de Morlaix 2 petite rue de Callac 29600 Morlaix Contact et inscription avant le 27 septembre :

Fédération Tel. 06 77 55 19 48 ou 06 73 89 36 91 -federation@29.pcf.fr

Hébergements samedi soir Auberge de Jeunesse de Morlaix - 1 voie d'Accès au Port Participation : 35€ pour la nuit et les repas du midi + 12€ pour le restaurant samedi soir (aides possibles des sections)

Stage de Formation de base du PCF Finistère à Morlaix les samedi 3 et dimanche 4 octobre
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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 06:20

Le lundi 28 septembre à 18h30 aura lieu le Conseil Municipal de rentrée en mairie de Morlaix:

Il sera notamment question de la DSP Stationnement avec Vinci (rapport d'activité 2014) et d'un avenant pour réorganiser le stationnement payant (fin des possibilités d'abonnement sur certains parkings: Allende, place des Otages) et d'augmenter les tarifs du stationnement payant (de 10 centimes sur beaucoup de tranches).

A l'occasion de ce Conseil Municipal, les élus du Front de Gauche sont à l'initiative d'une question orale qu'on aussi signé Guenaëlle Clech, Jean-Pierre Cloarec et Sarah Noll:

Question orale sur l'accueil des réfugiés à Morlaix.

Présentée par : Michèle Abramovicz, Guenaëlle Clech, Jean-Pierre Cloarec, Loïc Digaire, Ismaël Dupont, Sarah Noll

Le drame que vivent aujourd’hui les migrants, les réfugiés fuyant la guerre est insoutenable. L'Europe affronte le plus grand exode depuis la seconde guerre mondiale. Cet exode massif est une conséquence tragique des logiques d'accumulation de profit générées par un système libéral mondialisé qui produit des catastrophes économiques, politiques, humanitaires, et écologiques.

Face à cette tragédie, des initiatives se prennent, des citoyens s’organisent, des forces démocratiques, des États et des villes s’engagent, les verrous de l’égoïsme sont en train de sauter. Nous saluons le réveil des consciences, et toutes celles et tous ceux qui en sont les artisans.

Le temps a été trop long, il a coûté trop cher en vies humaines : 29 000 morts en Méditerranée et aux portes de l’Europe. La première des urgences est sans tergiverser la solidarité et le devoir d’accueil.

Le Président de la République a parlé du droit d'asile comme « partie intégrante de l'âme de la France et de sa chair» dans sa conférence de presse du lundi 7 septembre, mais la réalité des faits aujourd'hui n'est pas à la hauteur de ces déclarations.

La France, sixième puissance mondiale, est aujourd'hui l'un des pays européens qui accueille le moins de demandeurs d'asile et qui continue à défendre une politique européenne de limitation stricte de l'immigration par des dispositifs policiers, les restrictions au droit d'asile, à la naturalisation et à la régularisation. Les mêmes politiques du chiffre qu'avant 2012 inspirent les reconduites à la frontière.

La France est aussi le premier pays européen pour l'enfermement des étrangers (45 000 en 2013), alors que François Hollande, candidat à la présidence de la République en 2012, s'était engagé à mettre fin à l'enfermement des enfants étrangers en centre de rétention suite à la condamnation de la France par la Cour Européenne des droits de l'Homme.

Après avoir refusé d'abord lors de Conseils Européens de se donner des obligations chiffrées semblables en termes d'accueil de demandeurs d'asile fuyant la guerre, la France a finalement accepté d'accueillir 24 000 réfugiés fuyant la guerre, sur un objectif européen de 120 000 migrants accueillis dans l'UE en 2 ans, bien peu en dépit des difficultés au regard du million de migrants attendus en Europe en 2015.

C'est bien peu par rapport aux besoins, et à la détresse de centaines de milliers de frères humains fuyant les horreurs de la guerre, la misère et l'absence d'avenir dans les camps de réfugiés.

Sans prétendre bien sûr pouvoir accueillir « toute la misère du monde », ce que personne ne lui demande, la commune de Morlaix doit jouer sa part, à proportion de son rang de ville moyenne, dans la solidarité humaine due aux réfugiés issus notamment de Syrie et d'Irak admis en France en mettant à disposition des logements pour ces réfugiés pour participer à l'effort avec d'autres collectivités et en s'engageant à faciliter pour eux la reconstruction d'un avenir, de pair bien sûr avec une indispensable action de l'Etat.

Quelle est la position de Mme le Maire et de sa majorité sur la proposition de déclarer auprès des services de l’État la commune volontaire pour accueillir plusieurs réfugiés et familles de réfugiés?

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25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 05:52

Des énormités dites avec désinvolture, on commence à s'y habituer.

Ce gouvernement ose tout!

Après avoir baissé le budget de la culture deux années de suite pour la première fois depuis la Ve République, voilà qu'il prétend au nom de l'austérité affirmer que les médiathèques et bibliothèques sont devenues des équipements inutiles.

Un peuple qui ne lit plus de ne sera pas bien dangereux, se disent-ils peut-être, pour les classes possédantes.

Ce n'est pas I TELE ou BFM TV, Facebook ou Twitter qui vont élever très loin son niveau de conscience critique...

Voir l'interview de Marylise Lebranchu aux Echos, le journal qui dit tout haut ce que les possédants et leurs alliés les politiques pensent tout bas:

http://www.lesechos.fr/journal20150918/lec1_france/021334091874-marylise-lebranchu-la-droite-critique-les-economies-tout-en-voulant-des-baisses-dimpot-1156714.php#xtor=EPR-3-[envoi-ami]

INTERVIEW - Les élus locaux se mobilisent, samedi, contre la baisse des dotations de l’Etat. La ministre de la Décentralisation assure que le fonds d’investissement sera vite déployé.

L’Association des maires de France a appelé samedi les exécutifs municipaux et leurs habitants à se mobiliser. Son président, François Baroin (Les Républicains), juge que la baisse de 30 % de la dotation globale de fonctionnement (DGF) que verse l’Etat aux communes et leurs communautés met en danger les services publics et la reprise économique.

Pour les communes, la baisse de la DGF ne représente qu’une diminution de 1,84 % de leurs recettes de fonctionnement chaque année, soit en moyenne 28 euros par habitant ! Depuis que je suis ministre, j’ai réalisé 253 déplacements sur le territoire. Quand on fait une présentation juste des enjeux et que l’on donne les vrais chiffres aux élus, ils se montrent parfaitement conscients qu’il faut bouger. Leur priorité, c’est d’éviter la fermeture du bureau de La Poste, de la sous-préfecture, des entreprises publiques. Leur première injonction concerne l’Etat et l’organisation des services publics, d’où les mesures annoncées lundi par le chef de l’Etat sur les maisons de services au public par exemple.

L’AMF traditionnelle et celle d’aujourd’hui sont très différentes… Je renvoie surtout la droite à ses contradictions : elle critique ces économies alors qu’elle demande encore plus de baisses d’impôt. François Baroin nous demande de renoncer à la baisse des dotations tout en nous reprochant de ne pas avoir réalisé les 50 milliards d’économies plus rapidement, sur les deux premières années du mandat. C’est une question de souveraineté de ne pas alourdir la dette. Et quand nous appliquons, l’effort de 50 milliards sur les 20 % que représentent les collectivités dans la dépense publique, je pense que c’est juste. Chacun doit contribuer à sa hauteur, en protégeant les plus fragiles.

Oui, et il a surtout annoncé des mesures pour y faire face ! Un des problèmes des territoires ruraux, c’est que les bases fiscales ne progressent pas forcément, contrairement aux villes. La valeur des maisons, la valeur d’une ferme y régressent. C’est pourquoi nous avons augmenté en 2015 la dotation de solidarité rurale et la dotation d’équipements en territoires ruraux (DETR). Le préfet de la Creuse m’a même confirmé que sa DETR avait progressé de 43 %. Grâce à ces efforts de péréquation, les 10.000 communes rurales ou urbaines les moins favorisées n’ont au final pas connu cette année de baisse de dotation.

Nous ne nions pas la situation dif­ficile et nous prenons acte de la baisse de l’investissement local hors effet du cycle électoral. L’observatoire des finances locales évalue cette baisse à – 7,8 % en 2014. C’est pourquoi nous inscrivons en loi de finances 2016 ce fonds d’investissement d’un milliard d’euros qui arrivera très rapidement dans les territoires. Une moitié profitera à l’investissement dans les communes rurales et les villes de moins de 50.000 habitants. Le reste sera fléché vers les projets numériques, de transition énergétique ou vers les chantiers de logement.

Le milliard d’euros devra servir à des projets offrant des retours sur investissement. Il y a beaucoup d’émissions de télévision sur les gabegies locales. Les hôtels de région sont-ils trop grands ? Les médiathèques sont-elles un équipement toujours d’actualité au XXIe siècle ? On peut se poser la question. Nous n’avons pas à juger les investissements locaux mais il est normal que l’Etat fixe des priorités. Nous intervenons en régulateur, là où les opérateurs privés ne vont pas naturellement, comme dans l’équipement en fibre des zones rurales. Loin de remettre en cause l’autonomie des collectivités, nous croyons beaucoup à la société du contrat pour le XXIe siècle. Les élus locaux devront travailler de plus en plus entre eux car nous leur avons confié des compétences hautement stratégiques, comme la ­gestion des fonds européens aux régions.

Ce serait, à mon avis, le sens de l’histoire mais les esprits ne sont pas encore prêts à cela, il y avait trop d’opposition.

Cette question n’est pas encore tranchée, nous devons encore en discuter, notamment dans le cadre de la réforme de la DGF.

En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/journal20150918/lec1_france/021334091874-marylise-lebranchu-la-droite-critique-les-economies-tout-en-voulant-des-baisses-dimpot-1156714.php?4RA84TuVUVgzG7uX.99#xtor=EPR-3-[envoi-ami]

Et la réaction des syndicats professionnels:

Les bibliothèques et médiathèques sont des équipements structurants du territoire et de la société

Comme le prouve l’action de l’Etat et des collectivités territoriales dans ce domaine, l’importance et le rôle des bibliothèques dans la société ne peuvent être remis en cause.

Associations signataires

  • AAF (Association des archivistes français)
  • ABF (Association des bibliothécaires de France)
  • ACIM (Association de coopération des professionnels de l’information musicale)
  • ADBGV (Association des directeurs des bibliothèques municipales et intercommunales des grandes villes de France)
  • ADBU (Association des directeurs et des personnels de direction des bibliothèques universitaires et de la documentation)
  • ADCRFCB (Association des directrices et directeurs de centre régional de formation aux carrières des bibliothèques)
  • ADDNB (Association pour le développement des documents numériques en bibliothèque)
  • ADRA (Association de développement et de recherche sur les artothèques)
  • CFI-bd (Comité français international – bibliothèques et documentation)
  • FADBEN (Fédération des enseignants documentalistes de l’Education nationale)
  • Réseau Carel (Coopération pour l’accès aux ressources électroniques en bibliothèque)
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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 10:09
EMMANUEL TERRAY (Anthropologue) : entretien avec l'Humanité Dimanche

Anthropologue de renom, Emmanuel Terray a été en première ligne dans la défense des sans-papiers expulsés de l’église Saint- Bernard à Paris, en 1996. Il dénonce la logique de l’Occident « maître du monde », responsable des flux migratoires dramatiques, et montre que la réponse de l’Europe reste très en dessous des enjeux et indigne des défis auxquels elle est confrontée. Rencontre.

« IL N’Y A PAS DE BONS OU DE MAUVAIS RÉFUGIÉS MIGRANTS, IL N’Y A QUE DES MIGRANTS POLITIQUES »

« L’OCCIDENT SOUTIENT LES RÉGIMES AUTORITAIRES ET CORROMPUS QUI VOTENT EN SA FAVEUR À L’ONU. IL N’Y A DONC AUCUNE FATALITÉ. »

HD. La réaction actuelle de l’Europe vous semble-t-elle à la hauteur de la crise, n’a-t-on pas perdu trop de temps au point d’assister à des drames épouvantables ?

EMMANUEL TERRAY.

L’Europe a certainement perdu beaucoup de temps. Le problème ne date pas d’hier, cela fait des années que des réfugiés se noient en Méditerranée ou en mer Égée. L’Europe a beaucoup tardé à prendre la mesure exacte de la situation. Ceci dit, mieux vaut tard que jamais, et si une prise de conscience commence à se produire, on ne peut que s’en féliciter. De ce point de vue, l’Allemagne est certainement la plus attentive et pour toutes sortes de raisons. On a allégué les facteurs démographiques.

Le pays est certainement heureux d’accueillir une main d’œuvre souvent qualifiée qui lui fait défaut. En même temps, je pense que l’histoire de l’Allemagne joue également un rôle important. Je veux parler de la volonté de manifester fortement la rupture avec le passé nazi, hitlérien. La volonté aussi de démontrer que l’image affichée face à la crise grecque, celle d’un pays dur, égoïste, n’est pas exacte. C’est à mon avis un aspect non négligeable qui a joué un rôle important dans la prise de conscience allemande. Tout compte fait, il faut bien constater que l’Allemagne et la Suède sont à la pointe par rapport à d’autres pays européens, y compris la France malheureusement. Accueillir 24 000 réfugiés sur deux ans pour cette dernière, c’est à peine 1 000 de plus que d’habitude et pas du tout à la hauteur de la situation.

HD. On fait pourtant grand bruit autour de cet accueil, le ministre de l’Intérieur s’est réuni avec les maires qui se sont proposés...

E. T.

On fait beaucoup de tapage en effet, mais le chiffre n’en reste pas moins de, seulement, 24 000 sur deux ans.

HD. Et c’est très insuffisant ?

E. T.

Absolument ! On annonce l’arrivée de quelque chose comme 400 000 ou 500 000 réfugiés en Allemagne cette année, cela donne toute de suite la mesure des efforts respectifs.

HD. Il y a des maires qui refusent d’accueillir des réfugiés, et certains qui ne veulent que des chrétiens...

E. T.

Ces maires sont en règle générale sous la pression du Front national. Ils ont très peur de voir leurs électeurs filer vers l’extrême droite et, du coup, ils prennent ce genre de position. Il se peut aussi que, dans certaines villes, le devoir d’accueil soit déjà rempli et que, compte tenu des capacités, on ne puisse pas accueillir plus de réfugiés.

HD. On parle de trier entre ceux qui fuient réellement la guerre et ceux qui viendraient pour des raisons économiques...

E. T.

Je pense qu’il sera très difficile de faire ce genre de tri. De toute façon, c’est une proposition classique de distinguer entre, on va dire, les bons réfugiés et les mauvais migrants. Les premiers viendraient pour des raisons politiques et les autres pour des raisons économiques. Cette distinction ne tient pas dans la réalité parce que c’est, au fond, toujours une situation politique qui crée la migration. Les gens qui viennent d’Afrique migrent parce qu’ils sont dans des sociétés complètement bloquées, verrouillées, avec des régimes autoritaires et corrompus qui ne leur laissent aucune perspective d’avenir. C’est donc cette situation politique qui crée la migration. Les puissances occidentales soutiennent ces régimes qui votent en leur faveur à l’ONU, pour des raisons évidentes de clientèles géopolitiques. Pour ma part, j’ai l’habitude de dire qu’il n’y a que des migrants politiques.

Les contextes qui les incitent à partir sont plus ou moins dramatiques. Les situations érythréenne ou syrienne sont certes plus désastreuses que celles de l’Afrique de l’Ouest. Mais c’est une différence de degré, pas de nature.

HD. Avec plus de moyens à sa disposition, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) aurait-il pu juguler les drames ? Ne ressent-on pas de l’impuissance ?

E. T.

Ceci est exact et souligne surtout l’insuffisance des efforts européens. À ma connaissance, il y a 2 millions de réfugiés syriens en Turquie, et au Liban, ils représentent à présent près du quart de la population. Ils sont 600 000 à 700 000 en Jordanie. Dès lors, par rapport aux discussions en Europe pour savoir si tel pays doit en accueillir 5 000 et tel autre 10 000, on est vraiment dans des ordres de grandeur tout à fait différents. Et ces pays sont bien loin d’avoir les richesses des États européens. J’ai vu que les États-Unis se proposaient, non pas d’accueillir en grand nombre, mais au moins d’aider les Libanais et les Jordaniens à les accueillir. C’est peut-être une bonne chose, mais là encore on est très en retard par rapport aux moyens disponibles. Les égoïsmes nationaux restent forts.

HD. On a aussi le sentiment que cette crise est vécue comme une fatalité, qu’on ne peut pas faire autrement. Ces mouvements de populations seraient le lot du XXIe siècle et il va y en avoir de plus en plus, notamment avec les dérèglements climatiques...

E. T.

Ce n’est pas une fatalité. La crise du Proche-Orient est quand même l’effet, qu’on le veuille ou non, des interventions occidentales que ce soit en Afghanistan ou en Irak. C’est tout de même ces deux expéditions qui ont mis le feu à la région, feu qui s’est ensuite propagé. C’est bien la politique occidentale, en Libye qui a créé le chaos actuel et le fait que plus rien n’est contrôlable sur ce territoire, ni le commerce des armes ni les trafics d’esclaves. Non, ce n’est sûrement pas une fatalité. On pourrait en dire autant pour l’Afrique de l’Ouest. Les migrations sont dues, d’une part, à ces régimes autoritaires et corrompus que l’Occident maintient en place et, d’autre part, aux accords de libre-échange que l’UE impose à l’Afrique, qui ruinent l’agriculture et condamnent les paysans africains à l’exil. Nous sommes face à des conséquences somme toute logiques, à des effets de politiques bien déterminés.

HD. En 1996, vous avez été en première ligne lors de la bataille des sans-papiers à l’église Saint-Bernard à Paris. Avez-vous le sentiment que, par rapport à cette période, il n’y a plus la même force de résistance militante, la même mobilisation ?

E. T.

À l’époque de Saint-Bernard, un peu naïvement d’ailleurs, je pensais que c’était un problème localisé dans le temps et qu’on allait le résoudre par la régularisation. Et puis je me suis aperçu bien vite que ça devenait chronique, endémique. Ceci dit, des progrès ont été faits depuis. Je pense à la création du Réseau Éducation sans frontières au début des années 2000. Un progrès considérable dans la mobilisation dans tout le pays. Je pense aux grèves à l’initiative de la CGT à partir des années 2008, 2009, 2010, qui ont aussi accéléré la prise de conscience du fait qu’il s’agissait de salariés comme les autres et que notre pays ne pouvait accepter la prolifération sur son sol de travailleurs sans droits. Il y a donc eu des progrès dans la prise de conscience et dans la mobilisation. Ce n’est pas encore à la hauteur des enjeux, mais je ne suis pas pessimiste sur ce point.

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 07:24
Régionales: journée agriculture/ agro-alimentaire du Front de Gauche à Quimperlé le jeudi 24 septembre en présence de Xavier Compain

Notre rencontre débat consacrée aux questions agricoles et à l'agro alimentaire du jeudi 24 septembre à Quimperlé.

Nous nous retrouverons à 10 h au café "Le Régent" à Quimperlé, rue Leuriout (face à la maison des syndicats, à proximité immédiate de la place des écoles).

Les thèmes privilégiés, mais non exclusifs, de notre rencontre pourraient se concentrer sur:

  • les rapports de l'agriculteurs et la société,
  • la place des citoyens dans la définition, l'élaboration et le contrôle des politiques agricoles publiques,
  • les questions environnementales comme pilier fondamental de la transition agricole en Bretagne et ailleurs,
  • la place des consommateurs particuliers et collectifs dans la définition des missions fixées aux agriculteurs, la qualité des produits l'accès aux produits de qualité;
  • la situation sociale réelle des agriculteurs ou d'une partie d'entre eux , enhjeu de la transition agricole et la mise ne place d'une agriculture paysanne viable.

Pour votre parfaite information la journée se poursuivra par une rencontre à 12 heures avec les militants syndicaux des entreprises de l'agro alimentaire; à 14h30 avec une rencontre avec les organisations agricoles.

11h30 rencontre presse

12h30-14h rencontre casse croute militants syndicaux de l'agro alimentaire :

Bigard, Doux, Capitaine Cook, Duc, Doux, Purina Nestlé

Nous nous retrouverons à 14 h 30 au café "Chouchou" à Quimperlé avec les organisations agricoles (FDSEA, Confédération Paysanne, Groupement des agriculteurs bio ; EMB) dans le bas de la rue Savary, au n°10

Les thèmes privilégiés, mais non exclusifs, de notre rencontre pourraient se concentrer sur:

  • Le bilan des politiques agricoles et leur impact local
  • les rapports entre les agriculteurs et la société,
  • les questions environnementales pilier fondamental de la tansition agricole en Bretagne et ailleurs,
  • La transition agricole..la quelle et comment y parvenir ?
  • Quel rôle pour le Conseil Régional dans l'accompagnement des mutations.

A 16h30 Plan de méthanisation : Bannalec

18h20: Xavier Compain interviewé en direct sur la radio RCF RIVAGES dans le journal finistérien

19 heures : rencontre débat, salle du Coat kaer. Quimperlé

Régionales: journée agriculture/ agro-alimentaire du Front de Gauche à Quimperlé le jeudi 24 septembre en présence de Xavier Compain
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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 19:47

Dépassée, l'Europe affronte le plus grand exode depuis la Seconde Guerre mondiale

Les ministres de l'intérieur de l'Union européenne se sont mis d'accord pour se répartir 120 000 réfugiés sur deux ans. Un chiffre dérisoire au regard du million de personnes attendues en 2015. À l'occasion du sommet européen convoqué mercredi 23 septembre à Bruxelles, Mediapart a demandé à François Gemenne et François Héran, spécialistes des questions migratoires, de comparer l'afflux actuel aux mouvements de population contemporains que l'Europe a connus.

Dépassée, l'Europe affronte le plus grand exode depuis la seconde guerre mondiale (Médiapart)
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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 08:18

Entretien d'Olivier MORIN (L'Humanité) avec Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon

Sociologues, anciens directeurs de recherche au CNRS, Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon se sont plongés dans le monde de l'évasion fiscale. De leur immersion au Luxembourg, en Suisse et à Bercy, ils rapportent un ouvrage, Tentative d'évasion (fiscale) (1), qui montre à quel point la fraude est devenue une pratique systémique et une arme de l'oligarchie pour asservir les peuples.

Pourquoi écrire ce livre maintenant? N'est-ce pas un livre de plus sur la fraude fiscale ?

MONIQUE PINÇON-CHARLOT

Notre objectif n'était pas de faire un énième livre sur l'évasion fiscale. Nous avions le projet de faire un livre sur la classe dominante dans sa dimension oligarchique d'aujourd'hui. Car c'est notamment avec l'arme de la fraude fiscale que cette classe asservit les peuples. L'idée du livre est partie d'une espèce de colère. Il a été assez douloureux à écrire d'ailleurs. On nous donne en pâture des paradis fiscaux sous forme d'îles avec des plages de sable blanc, puis on se pose la question sur leur nombre. Mais ce sont des boucs émissaires pour que les partis et les associations qui se battent contre ça aient quelque chose à se mettre sous la main. Dans tout ce qui a été écrit sur le sujet, il manquait le livre que nous avons réalisé. À savoir que les paradis fiscaux sont une création de la classe dominante pour empêcher de comprendre que la fraude fiscale est une pratique systémique de la classe oligarchique, qui ne veut plus contribuer à une quelconque solidarité avec les peuples. Les membres de cette classe veulent la liberté du renard dans le poulailler planétaire, sans que le citoyen ordinaire ne puisse s'imaginer qu'il est le dindon de cette farce fiscale. Un autre déclic a été la rencontre avec le sénateur communiste Éric Bocquet, qui est très présent dans le livre. Le travail que ce militant communiste, fils de mineur, a réalisé est d'ailleurs extraordinaire. On a l'impression qu'il met à profit son poste de sénateur au bénéfice de ses idées, de son parti, de ses luttes. Ce n'est pas rien de réaliser deux missions parlementaires sur la fraude fiscale ! Il nous a offert les livres issus des missions qu'il a menées sur les paradis fiscaux. Notamment les résultats des auditions. De ce jour-là, on a su qu'on allait pouvoir faire un livre avec ces bijoux sociologiques. Enfin, il y a eu l'affaire SwissLeaks, avec Hervé Falciani, qui est sortie dans la presse grâce à ce lanceur d'alerte. Ces lanceurs d'alerte ont révélé énormément de choses sur la fraude fiscale. À la suite de ces révélations, y compris celles de notre livre, les plus riches doivent vivre sur le pied de guerre.

« Les hautes sociétés occidentales sont pourries par le culte de l'argent et la volonté d'enrichissement. »

Qu'avez-vous appris de cette immersion dans le monde de la fraude fiscale ?

MONIQUE PINÇON-CHARLOT

Nous nous sommes vraiment rendu compte des manipulations idéologiques que les oligarques ont construites pour s'octroyer le droit de faire main basse sur l'argent public. Ils se sont inspirés du marxisme, qu'ils ont inversé. Les tenants de l'oligarchie se sont transformés, dans l'idéologie dominante, en créateurs de richesses et ils ont transformé les ouvriers en coûts et en charges. Ils sont incroyablement sûrs qu'ils sont supérieurs à tout le monde. Au-delà de l'aspect technique de la fraude fiscale, il y a un processus de déshumanisation et d'exclusion des peuples. MICHEL PINÇON On a travaillé pendant pas mal d'années sur la haute bourgeoisie : sa gestion de l'espace résidentiel, l'importance de la transmission, etc. Dans ces recherches, on pouvait être admis sans difficulté. Depuis qu'on est passé à des ouvrages traitant de l'argent, nous sommes grillés dans ces milieux car nous disons ce qu'il ne faut pas dire. Les hautes sociétés occidentales sont pourries par le culte de l'argent et la volonté d'enrichissement. Quand on voit les sommes extraordinaires prélevées sur ce qui devrait aller au fisc, selon la législation en vigueur, c'est ahurissant. Dans des paradis fiscaux comme le Luxembourg ou le Delaware (aux États-Unis), les taux d'imposition sont symboliques.

MICHEL PINÇON

Je voudrais ajouter quece qui m'a fait souffrir lors de la réalisation de cet ouvrage, c'est d'avoir à subir des lectures techniques et de se retrouver en Suisse à aller à la banque HSBC tenter d'ouvrir un compte, se faire recevoir comme on s'est fait recevoir... En lisant ces livres écrits avec un vocabulaire d'expertise, on sentait que personne ne pouvait arriver à attraper ce sujet. Il nous fallait la connaissance de cette classe, que nous avons acquise dans nos recherches précédentes, pour comprendre pourquoi ils vont en Suisse, comment la fraude fiscale se transmet de génération en génération, tout naturellement.

Il y a aussi un mépris de classe dans cette « langue de l'expertise » que vous décrivez...

MICHEL PINÇON

Il y a tout un univers au service de la haute société pour la seconder dans sa gestion du patrimoine. Madame Bettencourt a sûrement été conseillée pour acheter cette île aux Seychelles par quelqu'un qui avait des intérêts à ce que ça se passe comme ça. On a vu des familles qui organisaient des sessions avec des juristes et des spécialistes économiques pour leurs héritiers. Elles ne sont pas du tout démunies comme un ouvrier de la sidérurgie peut l'être par rapport au droit.

MONIQUE PINÇON-CHARLOT

Cette violence symbolique qui émerge de ce langage purement technique, très anglo-saxon, renvoie à un pragmatisme qu'il n'est pas question de remettre en question. Je l'ai très mal vécu. Cette langue venimeuse de l'expertise empêche la critique par sa puissance d'intimidation incroyable et elle vous oblige à croire que le réel n'est pas négociable. Elle m'a mis la trouille de me tromper.

Vous dites dans votre livre que les fraudeurs fiscaux peuvent régulariser leur situation en se rendant dans les inspections des finances sans que leur cas ne passe jamais par la case justice. Est-ce à dire que l'État organise la fraude fiscale ?

MICHEL PINÇON

En cas de fraude avérée, les fraudeurs sont aiguillés par un chef de gare qui n'est autre que le ministre du Budget. Il les envoie soit vers les tribunaux correctionnels, soit vers des cellules de repentance où le fraudeur sera peu ou prou mis en accusation, mais où il réglera en réalité ses erreurs avec ceux qui sont du même monde que lui. Ce qui n'occasionne jamais de lourdes sanctions. Il y a donc deux cas pour régler les problèmes de fraude fiscale avérés : les premiers passent par la commission des infractions fiscales (CIF), qui envoie au tribunal correctionnel ou qui choisit de ne pas engager de poursuites. À 90 %, la CIF envoie au tribunal. Les seconds, ce sont les gros poissons, et c'est le ministre du Budget en personne qui s'en occupe. Ce sont des gens qu'il connaît, qui sont de son milieu : des grands patrons, des héritiers... Il discute alors avec eux en tête à tête de ce qui peut être fait pour arranger la situation. Cela se passe dans les murs de Bercy. Il y a donc deux poids, deux mesures. Des petits fraudeurs qui se débattent devant le tribunal et les coupables de gros détournements de fonds (qui ont des comptes en Suisse, des sociétés fictives et des fondations bidon) qui ne sont pas inquiétés. Cela révèle que la fraude fiscale est admise dans l'univers de l'oligarchie. Ces gens ont du pouvoir et des relations. Ceux qui passent par la chambre correctionnelle, ce sont de petits chefs d'entreprise, pas les tenants de l'oligarchie.

MONIQUE PINÇON-CHARLOT

Le petit patron que nous avions vu s'était fait payer 70 000 euros de TVA par le ministère de l'Économie et des Finances en faisant de fausses déclarations. Le procureur l'accusait très gravement d'escroquer l'État avec un discours digne de celui d'un secrétaire général du PCF. Il demanda trois ans de prison ferme. Alors que pour de riches bourgeois, dont des gens très connus, cela se règle dans des alcôves entre camarades de classe. Dans le cas de Jérôme Cahuzac, qui était ministre du Budget, et il faut savoir qu'il n'y a que le ministre du Budget qui puisse engager des poursuites pour fraude fiscale au niveau des tribunaux, le gendarme était lui même voleur ! Vous n'imaginez pas que Jérôme Cahuzac mette lui-même sa tête sur le billot ? On nous a d'ailleurs servi Cahuzac en pâture, mais c'était l'arbre qui cachait la forêt. Ce que l'oligarchie ne lui a pas pardonné, c'est d'avoir craqué et avoué.

« Sans cette fraude, il n'y aurait pas de dette, ni de déficit public, ni de trou de la Sécu. » L'Union européenne facilite-t-elle la fraude fiscale?

MONIQUE PINÇON-CHARLOT

On nous a bassinés, après la Seconde Guerre mondiale, avec une Europe où on n'allait plus se taper dessus, etc. Mais dès le départ, Jean Monnet, Jacques Delors et aujourd'hui Jean-Claude Juncker ont construit et construisent une Europe basée sur la concurrence et sur le dumping fiscal. Tout est adopté à la majorité consensuelle, sauf en matière de fiscalité où il faut l'unanimité. Le Luxembourg, qui est le seul pays à avoir eu trois présidents de la Commission européenne, s'oppose grâce à son droit de veto. Le Luxembourg, où l'on ne paie que très peu d'impôts, continue donc à attirer de nombreuses multinationales sur son territoire. Résultat, il manque 1000 milliards d'euros à l'Europe chaque année. Pour la France, c'est 60 à 80 milliards d'euros par an. Michel et moi avons des raisons de penser que c'est beaucoup plus. On voit bien que les questions de déficit seraient réglées si ces sommes étaient recouvrées.

MICHEL PINÇON

Junker a été premier ministre et ministre des Finances du Luxembourg, ainsi que président de l'Eurogroupe. Comment peut-il s'imaginer qu'une société comme Amazon, qui vient s'installer au Luxembourg en rénovant un bâtiment sur une presqu'île, puisse produire les masses d'argent que l'on connaît dans ces modestes locaux? La seule raison pour que cette société soit présente au Luxembourg, c'est évidemment qu'elle peut s'affranchir des impôts qu'elle paierait dans d'autres pays.

Les fondations, omniprésentes, permettent aussi à la bourgeoisie de frauder le fisc, tout en soignant son image...

MONIQUE PINÇON-CHARLOT

Les plus riches cherchent toujours à ce que leurs richesses leur servent à piller l'argent public. Les fondations comme celle de LVMH, et qui existent bien souvent autour du marché de l'art contemporain (où il y a d'ailleurs beaucoup de blanchiment d'argent de la fraude fiscale), sont encore un moyen de plus car elles sont défiscalisées. Les fondations participent à la légitimation de leur fortune. Les gens vont se dire: « Qu'est-ce qu'ils sont sympas, on peut voir des oeuvres d'art! » Il y a aussi ces fondations de charité que l'on met en avant. Ce n'est bien sûr pas le cas de la fraude fiscale. On montre toujours la face du docteur Jekyll, mais jamais celle du méchant Mister Hyde.

MICHEL PINÇON

Il y a aussi une mise en scène de lacharité. On a un exemple à Deauville, où l'on a une soirée avec un spectacle, etc. Les places y sont très chères. On y récolte des fonds pour des jockeys blessés. À ce moment, la haute société, elle-même propriétaire de chevaux de course, montre une certaine générosité envers le personnel qui fait tourner ses affaires. Durant cette soirée, les grands propriétaires arrivent dans leur belle voiture avec chauffeur et montent les marches devant les touristes et les salariés, reproduisant la mise en scène de la montée des marches à Cannes. Cette soirée caritative permet de faire passer tout le reste, qui n'est bien sûr pas mis en évidence.

Comment la masse des gens qui n'échappent pas à l'impôt peut-elle accepter cette fraude fiscale que vous décrivez ?

MONIQUE PINÇON-CHARLOT

Il y a plusieurs facteurs qui expliquent qu'il n'y ait pas de révolte face à l'ampleur de la fraude fiscale. Sachant que, sans cette fraude fiscale, il n'y aurait pas de dette, ni de déficit public ni de trou de la Sécurité sociale. Les différents travaux que nous avons faits montrent bien que la classe dominante, qui traverse les sommets de l'État, la finance, les médias, la culture, la religion, construit des outils pour asservir les peuples. Les citoyens n'ont pas idée des montages diaboliques et des rouages d'une machine criminelle que les bourgeois sont capables de monter à l'aide d'avocats fiscalistes. Les dominants instrumentalisent le secret. Tenter de percer le secret bancaire, le secret fiscal et bientôt le secret des affaires, c'est aller de l'autre côté de l'iconostase. C'est toucher au sacré. Il y a un sentiment de peur et de tétanisation extrêmement violent qui fait qu'on préfère ne pas bouger.

(1) Tentative d'évasion (fiscale), de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Éditions Zones/La Découverte, 256 pages, 17 euros.

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20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 20:54
Jeremy Corbin ( photo The Gardian)

Jeremy Corbin ( photo The Gardian)

Lettre ouverte à notre ami Jeremy Corbyn

FRANCIS WURTZ- VENDREDI, 18 SEPTEMBRE, 2015

HUMANITÉ DIMANCHE

La chronique de Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen.

Cher Jérémy.

Je ne sais si tu mesures la joie que suscite ton élection à la tête du Parti travailliste auprès de tes amis – tes « camarades » comme tu n’hésites pas à les appeler – en France comme, j’imagine, dans toute la gauche européenne ! En particulier, parmi celles et ceux d’entre eux qui te connaissent depuis vingt ans et plus et pour qui tu es depuis lors – avec le regretté Tony Benn – la référence par excellence dans la gauche britannique. La dernière fois que nous avons fait « estrade commune » remonte au mois de mai 2011, à l’occasion d’un magnifique meeting, à Londres, au côté de nos amis de Sinn Fein, consacré au trentième anniversaire de la mort de Bobby Sands, héros et martyr de la cause républicaine irlandaise. Des causes qui nous ont rapprochés, il y en a déjà tant eu : de la libération de Nelson Mandela à la reconnaissanc e de l’État de Palestine ; du refus de la guerre en Irak à la solidarité avec l’Amérique latine ; du refus d’une Europe « blairisée » à l’action pour une « meilleure Europe, défendant la justice sociale et pas la finance » ! Aujourd’hui que tu as réussi l’impensable : engager le Parti travailliste sur la voie de la rupture avec l’héritage empoisonné de 20 années de « thatchérisme soft » insufflé par Tony Blair, de nouvelles perspectives de dialogues, de convergences et d’initiatives élargies se dessinent. Pour cet espoir inattendu et si réconfortant : merci ! L’expérience politique extraordinaire que tu viens de vivre et de faire vivre ces deux derniers mois est, pour toute la gauche européenne, particulièrement riche d’enseignements.

Loin des artifices des « communicants » professionnels, comme des figures imposées dans les grands médias : étranger aux moeurs des politiciens à l’ego surdimensionné, comme au discours « politiquement correct » de la « gauche moderne », tu es resté celui que nous avons toujours connu : sincère, authentique, modeste, respectueux. Et fidèle à tes convictions qui sont, aujourd’hui comme hier, aussi simples à comprendre qu’essentielles à réaliser : « Recréer l’ambition d’une société plus juste » ; en finir avec le « tout-austérité » – qui est « un choix politique » et non une fatalité – ; développer les services publics de transports, d’éducation et de santé ; « changer la mission de la Banque centrale » pour que l’argent qu’elle crée aille « aux gens » et serve à « l’emploi qualifié » ; nationaliser les chemins de fer et les producteurs d’énergie ; relever l’impôt sur les sociétés ; maintenir dans le secteur public des banques sauvées de la faillite par l’État au moment de la crise de 2008...

La même cohérence de gauche se retrouve dans tes propositions de politique internationale, qui se situent aux antipodes des obsessions du « caniche de Bush » : non à la guerre, à l’arme nucléaire et à l’OTAN – « qui aurait dû disparaître avec la guerre froide ». Voilà la politique et le comportement qu’ont plébiscités les centaines de milliers de jeunes qui t’ont permis de vaincre la résistance acharnée des caciques de l’ex-New Labour ! Nul doute que ces derniers ne désarmeront pas pour autant. Réhabiliter la gauche en Europe est un combat. Nous nous y retrouverons.

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