Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 08:47

L'HUMANITE

CINQ INTELLECTUELS S'EXPRIMENT EN FAVEUR DE L'ÉMANCIPATION SOCIALE.

Les intellectuels seraient-ils en train de basculer dans le camp du conservatisme et lorgneraient- ils de plus en plus nombreux du côté du FN ? Ou, en version adoucie, la figure de l’intellectuel français aurait-elle disparu du paysage ? Depuis la rentrée, de nombreux commentateurs avancent cette thèse du repli rétrograde. Bien sûr, elle pourrait tenir si l’on se fie aux médias dominants. Houellebecq, Sapir, Finkielkraut, Onfray, Tirole et même Zemmour seraient les dignes représentants de la nouvelle intelligentsia de notre société du spectacle. En dehors de ce petit milieu des idées dominantes reçu à longueur d’antenne dans les émissions de « divertissement » et à la une des magazines et des journaux (détenus par les mêmes groupes privés), il n’y aurait point de réflexion. En boucle et à tour de rôle, les uns répondant aux autres, mais sans jamais remettre en question ce qui fonde l’ordre établi : les rapports de domination économique et symbolique du capitalisme patriarcal.

Face au battage médiatique qui met toujours en avant le petit milieu de la pensée du renoncement, il y a tous ces chercheurs et citoyens engagés, de gauche, progressistes, écologistes, qui cherchent individuellement ou avancent collectivement des alternatives.

Pascale FAUTRIER (Ecrivaine) : « Celui qui se mêle de ce qui ne le regarde pas »

Les intellectuels de gauche ne se taisent pas : on les interdit d'antenne. Un des grands inquisiteurs de cette « normalisation », Brice Couturier, l'a décrété vendredi dernier sur France Culture : « Les problèmes de gouvernement requièrent de l'expertise et non pas des théories générales. » Cette « injonction de dépolitisation » est l'exact contre-pied de la définition que Jean-Paul Sartre donnait de l'intellectuel : cet expert, ce spécialiste, ce savant, bref ce « technicien du savoir pratique », ou bien cet écrivain, cet artiste, AFFICHE SES POSITIONS POLITIQUES DANS L'ESPACE PUBLIC. Ce pouvoir d'expression citoyenne libre est ambigu, parce qu'il est de fait élitiste, et parce que certains « (faux) intellectuels » sont chargés de diffuser l'idéologie des pouvoirs institutionnels publics ou privés qui les rémunèrent par ailleurs.

On a récemment qualifié d'intellectuels « médiatiques » ceux d'entre eux qui bénéficient de la faveur grégaire des médias. À l'évidence, une telle « faveur » a une visée politique: il s'agit de polariser le débat public sur un clivage Bien/Mal, démocratie-capitalisme opposé au populisme-démagogie totalitaire. On veut nous faire admettre comme un présupposé indiscutable que l'économie « naturelle » de la démocratie serait le capitalisme.

Or les intellectuels de gauche se définissent par la remise en cause de cette doxa de droite : quand ils s'y risquent, on les traite aussitôt de « populistes », de « crypto-fascistes », etc. Sartre est mort deux fois : en 1980 et par la campagne de dénigrement dont il a été l'objet depuis, contemporaine de la conversion de la gauche dite de gouvernement à la vulgate libérale (1981-1983). Depuis, la droite n'a cessé de se « décomplexer », dans le même temps que l'on faisait le procès des « intellectuels engagés ».

La vérité est que Sartre avait théorisé la fonction de l'intellectuel comme le mal nécessaire des démocraties bourgeoises, monstre traître à sa classe MAIS ÉGALEMENT aux appareils politiques dont il ne peut, par essence, se faire le porte-voix « organique » sauf à accepter de se saborder pour devenir un « idéologue », c'est-à-dire un expert appointé. Éric Zemmour est aujourd'hui, typiquement, l'idéologue de la droite « radicalisée » à l'extrême droite.

Pierre Bourdieu, après 1995, avait eu le temps de comprendre (Michel Foucault est seulement mort trop tôt) que cantonner les intellectuels à leurs compétences « spécifiques » avait été le moyen trouvé par les pouvoirs dominants de les bâillonner. Sartre expliquait au contraire que les intellectuels ont une mission spécifique : opposer à la pensée de droite de l'« identité » et du calcul techniciste une pensée du Bien commun, une pensée du « commun », une pensée en commun.

L'universalité que l'intellectuel se charge d'élaborer quand il intervient dans le champ politique ne pose pas un idéal humain défini a priori. Elle n'est ni « identitaire », ni idéaliste: l'HOMME qu'elle vise n'existe pas encore, il est « à faire », dit Sartre. Nous vivons une nouvelle crise de partage du spirituel et du temporel aussi grave et décisive que celle que l'Occident a vécu au Moyen Âge lorsqu'il a fallu renoncer au rêve de théocratie impériale. Et ce n'est pas un « matérialisme » mais une pensée projective de la dignité universelle qu'il faut opposer à la pensée de droite essentialiste et utilitaire : non, le monde n'est pas une somme de « ressources », humaines ou matérielles, à exploiter, mais un ensemble en interaction à penser DANS SON DEVENIR INCERTAIN (1).

Il nous faut inventer une historicité ouverte qui rompe avec le millénarisme étatiste d'origine hégélienne, qu'il soit « libéral »-impérial (FukuyamaHuntington) ou stalinien. Contre l'objectivation du monde opéré par la religion du profit, objectivation identitaire biologique ; la « race blanche » ou historique le « christianisme » forcément européen, osons dire, avec Jaurès et Marx, que l'émancipation humaine commence tous les jours et qu'elle n'a pas de fin.

Derniers ouvrages parus : les Rouges, réédition Points Seuil, mai 2015, et le Pari(s) de Sartre-Beauvoir, éditions Alexandrines, juin 2015.

(1) Lire le texte « La politique de Georges Bataille » dans l'ouvrage collectif la Part maudite de Georges Bataille (Classiques Garnier). Il faut lire aussi, bien sûr, les travaux d'Edgar Morin, notamment la Voie.

Roger MARTELLI (Historien – Codirecteur de « regards ») : « pour la critique et la reconstruction ».

«Faire vivre la gauche », affirment Geoffroy de Lagasnerie et Édouard Louis (le Monde du 27 septembre). C'est dire qu'elle n'est pas bien flambante. En fait, elle a perdu la bataille de la légitimité, parce qu'elle a perdu celle des idées. La gauche a avalé coup sur coup l'effondrement du soviétisme, l'essoufflement du tiers-mondisme et la droitisation du socialisme. Elle a assisté au détricotage de ses valeurs. La liberté a été rabattue sur celle des marchés. L'égalité est au mieux celle des chances, pas celle des conditions. La solidarité se dissout dans le « vivre-ensemble », souvent réduit au « côte à côte ». Le « politiquement correct » que l'on fustige, c'est la culture d'une gauche qui prend au sérieux la question de l'égalité. Depuis plus de deux siècles, la droite n'aime pas l'égalité et lui a toujours préféré la compétition, l'ordre et l'autorité.

Aujourd'hui, c'est sa variante la plus extrême qui lui donne son tonus. L'extrême droite a été la première à amorcer chez nous la « révolution conservatrice », aussitôt après la grande peur de mai 1968. Pour l'instant, elle a gagné sur l'essentiel. Elle a imposé la conviction que la lutte des classes est remplacée par celle des identités, que le désir d'identité a pris la place de l'exigence d'égalité, que la guerre des civilisations est désormais le moteur du monde. Face à cela, qu'a fait la gauche ?

Le socialisme mitterrandisé a plié. Les autres ont essayé d'endiguer la marée. Mais ils ont défendu davantage qu'ils n'ont construit. Ils ont évoqué les jours heureux d'hier plus qu'ils n'ont esquissé les pos-sibles de demain. Or l'incertitude de l'avenir, la culture du risque poussée jusqu'à la peur poussent au ressentiment plutôt qu'à la lutte. C'est la base d'expansion de l'extrême droite, dans tout le continent européen. S'il faut se réengager, c'est pour reprendre l'initiative culturelle sur le double terrain de la critique et de la reconstruction idéologique. Tous les thèmes qui fondent la radicalisation de la droite devraient être déconstruits.

Il n'est pas vrai que la mondialisation est la seule manière d'assumer la mondialité de notre destin. Il n'est pas vrai que la gouvernance, c'est à-dire le pouvoir des experts de la « société civile », est le fin mot de la démocratie. Il n'est pas vrai que la lutte des classes divise alors que l'obsession nationale rassemble. Il n'est pas vrai que les questions de l'identité sont plus mobilisatrices que les demandes d'égalité. En bref, il n'est pas vrai que l'Histoire est finie depuis que les États-Unis ont terrassé l'Union soviétique. Pour déconstruire, il faut de la patience, du travail, de la confrontation, la mobilisation des savoirs et de l'expérience, la stimulation de l'intelligence collective et pas seulement la remise en selle des intellectuels. Les mêmes ingrédients sont nécessaires pour reconstruire. Reconstruire, cela signifie réactiver les grandes valeurs, l'égalité, la liberté, la solidarité, l'esprit public, la mise en commun, l'engagement citoyen. Mais elles ne valent que si elles ne sont pas seulement reprises, mais développées, retissées de fond en comble, au prisme des enjeux nouveaux de l'écologie, du partage, de l'autonomie, de la mise en réseaux, de l'implication directe. Pour cela, nous avons un problème: nous ne nous parlons pas. Nous continuons les vieux débats du passé. Nous nous jetons à la face les grands noms de la critique sociale d'hier.

Nous avons nos gourous, nos réseaux séparés, nos revues, nos maisons d'édition. Nous ne nous rencontrons pas vraiment, en terrain neutre, serais-je tenté de dire. Le Monde et Libération rassemblent, autour d'une culture portée plutôt vers l'adaptation. Dans l'espace de la critique et de la volonté de rupture, on se côtoie, mais on ne se rencontre pas. Si nous devons nous réengager, tentons, le plus souvent possible, de le faire ensemble.

Henry STERDINYAK (Animateur du collectif des « Economistes atterrés ») : « Une autre voie est possible »

L'idée, martelée aujourd'hui par les médias et les idéologues du capital, est qu'il n'y a pas d'alternative : il faut augmenter les profits des entreprises, les laisser libres d'orienter à leur guise l'évolution future de la production et de nos besoins ; les laisser libres de se restructurer et de licencier. Chaque pays doit renforcer sa compétitivité et son attractivité sous la férule des marchés financiers. Le traité de libre-échange transatlantique doit encore restreindre les capacités d'action des peuples au profit des firmes multinationales. Chaque pays doit libéraliser son marché du travail, baisser ses salaires, réduire ses dépenses publiques et sa protection sociale. Il faut faire oublier la responsabilité de la finance, de la croissance des inégalités et de la recherche de la compétitivité dans la crise de 2008 et dans la dépression qui a suivi. Il faut faire croire que les responsables, ce sont les dépenses publiques et le droit du travail. Les contraintes écologiques sont minimisées alors qu'ils devraient être au coeur de toute réflexion sur le futur de notre économie. Le patronat et ses économistes continuent à exiger une retraite à 67 ans, une durée du travail de 40 heures par semaine, l'ouverture des magasins et des ateliers le dimanche et le soir, comme si la question essentielle pour l'humanité n'était pas de concilier le bien-être de tous et une nette réduction du PIB matériel, ce qui suppose une réflexion forte sur la place de l'emploi marchand.

Élus sur un programme de gauche, François Hollande et une fraction du Parti socialiste ont renoncé à mettre en cause la domination de la finance, renoncé à une grande politique industrielle fondée sur la transition écologique, la planification sociale et l'intervention des salariés. Jour après jour, ils cèdent à la pression du Medef ; ainsi s'engagent-ils aujourd'hui à remettre en question le droit du travail. Aux élections européennes, un parti d'extrême droite, traînant derrière lui un lourd passé d'antisémitisme, de racisme, est devenu le premier parti français. Dans les classes populaires, beaucoup ne sont pas allés voter pour un projet solidaire mais pour la dislocation de l'Europe, contre leur voisin arabe (réel ou fantasmé). L'incapacité du Parti socialiste à ouvrir une alternative au néolibéralisme a pesé lourd.

Les classes moyennes, en particulier celles intimement liées à l'État social (les enseignants, les infirmières, les fonctionnaires), mais aussi celles liées à l'industrie (les ingénieurs, les contremaîtres) se sont, elles aussi, détournées d'une formation sans projet. Face à l'offensive idéologique des classes dominantes et du patronat, notre tâche, en tant qu'économistes critiques, est de s'atteler à la reconquête idéologique. Nous ne sommes pas condamnés à nous soumettre aux diktats du libéralisme ; nous ne sommes pas condamnés à voir gonfler et éclater les bulles financières ; nous ne sommes pas condamnés à voir, jour après jour, notre planète devenir inhabitable. Une autre voie est possible, s'appuyant sur une vision de long terme quant à ce que devrait être la société de demain, une société, sobre, égalitaire, solidaire, écologique, où les salariés pèseront sur l'organisation et l'orientation de la production.

En même temps, la résistance et la construction d'alternative ne peuvent plus être gérées d'en haut, mais doivent être la résultante d'un ensemble de mouvements sociaux, d'actions collectives, politiques, syndicales, associatives, organisées ou spontanées, de détail ou globales, qui, progressivement, doivent converger pour changer notre société.

Coauteur du Nouveau Manifeste des Économistes atterrés, éditions Les Liens qui libèrent.

Roland GORL (Psychanalyste et initiateur de « L’appel des appels ») : « face aux néofascismes, la renaissance de l’humanisme »

De la « philosophie Nutella » d'Onfray (Libération du 2 octobre) à « Jacques Sapir à droite toutes » (Mediapart du 27 juillet), le tapage médiatique fait autour de ces « intellectuels » à la dérive se révèle davantage comme le symptôme d'une crise du politique qu'il n'y apporte une solution. Sans devoir céder au « démon de l'analogie », il ne me paraît pas très difficile de lire dans cette tentative désespérée de recomposer le champ dégénéré du politique les échos des crises successives des libéralismes en Europe. Depuis que, selon le mot de Nietzsche, « l'économie et la technique sont devenues le destin de l'homme », il n'est pas de période dans l'histoire de l'Occident qui, à l'occasion de graves crises financières, sociales et économiques, n'ait vu émerger des idéologies désireuses de dépasser le clivage traditionnel droite-gauche pour sortir du conformisme bourgeois du « bien penser ».

Alors, en vue de proposer un redressement national, à contre-courant des valeurs matérialistes, universelles et rationnelles des Lumières, abusivement confisquées par les sociaux-libéraux, les divers mouvements conjuguant les nationalismes de la droite radicale, les antisémitismes et les racismes populistes émergent, avec la complicité active d'« intellectuels » soucieux de la souffrance des « petites gens ». Du boulangisme aux fascismes, en passant par les revendications révolutionnaires de partis « ouvriers » rassemblant les mécontentements catégoriels hétérogènes, ces initiatives ont, depuis plus d'un siècle, leurs laboratoires qui fabriquent le pire.

On pourra débattre de la portée des travaux de Zeev Sternhell, il n'empêche qu'ils contribuent à révéler que la crise des valeurs propres aux Lumières (rationalisme et défense de l'universel), l'antiparlementarisme, désir de dépasser les clivages droite-gauche, produisent un climat propice aux fascismes. Les crises des démocraties libérales et l'effondrement des alternatives de gauche constituent leur niche écologique. Si l'usage de ce terme peut paraître plus rhétorique que démonstratif, il n'empêche les crises des démocraties libérales et l'impuissance des gauches à proposer une alternative crédible nous font danser au bord de l'abîme. J'ai essayé de montrer, dans l'Individu ingouvernable (1), en quoi nous étions confrontés à des néofascismes, technofascismes et théofascismes.

Sur les décombres du « faux universel » de la raison comptable, de la logique de financiarisation du vivant et de la nature, de l'utilitarisme moral, des voix s'élèvent pour revendiquer un autre monde, pour sortir de l'hypocrisie « libérale ». Jaurès disait que « le pire ennemi de la démocratie, c'(était) le manque de confiance en elle-même, l'absence d'ambition vraie ». Nous y sommes condamnés au moment même où seules comptent les curatelles technico-financières des peuples et des individus, où la technocratie a confisqué la démocratie, où la bureaucratie des expertises s'est substituée aux débats citoyens. C'est le moment où, dans l'histoire européenne, fleurissent les plantes venimeuses des nationalismes, des racismes, des haines sociales et tribales. Inévitablement. Faute de procéder à cette « désintoxication morale » de l'Europe qu'un Stefan Zweig appelait de ses vœux, nous risquons de connaître ces révoltes du désespoir qui empruntent les voies des nihilismes.

Quand le politique faillit, quand les sociaux-libéraux se font les gérants les plus serviles du capitalisme financier, quand la jeunesse n'a plus d'avenir, quand la vieillesse est enfermée dans la solitude, quand dans une société modelée par le travail des travailleurs n'en ont pas, quand on demeure prisonnier de l'argent que l'on a autant que celui qui en manque, les humains désespèrent de ne pouvoir fraterniser. Alors, oui, il y a un risque fasciste en Europe. Il ne manque que l'occasion pour en assurer la précipitation. C'est comme cela que j'analyse ce tapage fait autour de ces « intellectuels médiatiques » dont Bourdieu nous avait montré qu'ils constituaient d'autant plus un fait divers, faisant diversion, que leur reconnaissance ne procédait pas du débat avec leurs pairs mais de la société du spectacle et de la marchandise. Produits de ce qu'ils dénoncent, de tels « intellectuels » nous invitent à réfléchir et à mettre en œuvre les héritages de l'humanisme. Telle est l'alerte dont nous devons leur être redevable : la République n'étant plus cette surprise dont nous avons fait un miracle, selon le mot prêté à Lamartine, nous nous devons plus que jamais de la faire renaître aux valeurs de l'humanisme.

(1) Éditions Les liens qui libèrent, 2015.

Paul ARIES (Politologue – rédacteur en chef du mensuel « Les Zindigné(e)s ») : « L’espoir est toujours du côté des milieux populaires"

Alors que l'ère du temps semble être à la confusion politique et que des intellectuels médiatiques banalisent des thèmes d'extrême droite, il est important de rappeler que les idées d'émancipation n'ont pas déserté et qu'il suffit parfois de changer de lunettes pour redécouvrir une autre France. Les intellectuels ne sont pas à cet égard différents du reste du peuple, ils basculent sur des positions de droite, dès lors qu'ils acceptent des questions de droite. Interroger prioritairement les gens sur le sentiment d'insécurité ou d'identité c'est les pousser dans le camp des rétrogrades et des xénophobes, les questionner sur la défense du service public ou sur les conditions de travail c'est faire grandir un questionnement émancipateur. Nous nous laissons trop imposer l'agenda (les priorités du débat) par les dominants.

C'est à nous d'apprendre à poser les bonnes questions, à refuser de nous situer sur le terrain de l'adversaire, sur celui des réactionnaires. Il n'existe en effet que deux façons de faire de la politique, soit jouer sur les peurs et on nourrit alors immanquablement les forces les plus rétrogrades, soit miser sur l'espoir, le partage et on bascule alors du côté de l'émancipation.

C'est pourquoi face à l'extrême droitisation de la pensée je soutiens l'initiative de l'Organisation pour une citoyenneté universelle, pour un passeport universel, aux côtés d'Emmaüs International, de la Fondation Danielle-Mitterrand et d'Utopia, c'est pourquoi, face à la remise en cause des 35 heures, je soutiens la CGT, qui revendique le passage aux 32 heures tout de suite, c'est pourquoi face à la casse du service public, l'Observatoire international de la gratuité des biens communs et du service public mobilise pour la gratuité de l'eau vitale, des transports en commun urbains, du logement social, des services funéraires, etc. Nous ne gagnerons qu'en nous plaçant du côté de l'espérance et l'espoir est toujours du côté d'un plus d'émancipation, d'un plus à jouir.

Le camp de l'émancipation n'a pas disparu mais il est enseveli sous l'agenda des puissants. Retrouver les chemins de l'émancipation c'est, pour citer Rimbaud, rendre visible l'invisible, rendre visibles les gens ordinaires, les 99 % face au 1 %. Nous acceptons trop la définition négative que les enrichis se font des appauvris, une définition toujours en termes de manques, en économie, le manque de pouvoir d'achat, en culture, le manque d'éducation, en psychologie, le manque d'estime de soi, en politique, le manque de participation... Tout cela masque l'essentiel: les gens du commun ne sont pas des riches auxquels ne manquerait que l'argent, ils ont une autre richesse, une autre façon de penser, de rêver, de vivre. C'est pourquoi les milieux populaires sont plus écolos que les enrichis, non pas d'abord parce qu'ils n'ont pas les mêmes moyens financiers, mais parce qu'ils sont populaires, parce qu'ils ont d'autres rapports au travail, à la consommation, au temps, à l'espace, à la maladie, à la mort, donc à la vie. La conception même de la vie bonne n'échappe pas en effet à la lutte des classes. Jacques Séguéla disait: « Si à 50 ans on n'a pas de Rolex on a raté sa vie. » J'ai 56 ans et pas de montre de luxe, non pas d'abord faute de moyens financiers, mais les enrichis ne peuvent même pas imaginer qu'on ait d'autres désirs qu'eux.

Auteur d'Écologie et milieux populaires, éditions Utopia.

Partager cet article
Repost0
6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 08:40
CGT AIR FRANCE : Toutes les violences se condamnent
Lire aussi cet article de Médiapart
 

Le DRH d'Air France violemment pris à partie par les manifestants © ReutersDeux directeurs en fuite, évacués par les gros bras du siège social d’Air France, chemises et costumes en lambeaux. Si l’image est terrible pour les syndicats d’Air France, elle met surtout en lumière la frustration du personnel, sous la menace de 2 900 licenciements. 

 

Et du Monde

 

Le détail du « plan B » d’Air France
http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2015/10/05/le-detail-du-plan-b-d-air-france_4782901_1656994.html

 

Revue de presse : Air France, le dialogue échoue, la violence s'impose
http://france3-regions.francetvinfo.fr/revue-de-presse-air-france-le-dialogue-echoue-la-violence-s-impose-823475.html#xtor=EPR-521-[france3regions]-20151006-[info-titre3]

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 20:40

Nous avons voté aujourd'hui en Conseil Communautaire de Morlaix sur la convention d'application du volet "Enseignement supérieur, recherche et innovation pour le site de Morlaix" du plan Etat Région.

Cet investissement de l'Etat dans l'extension de l'IUT pour accueillir la filière génie civil est assurément une bonne chose pour le territoire et cet IUT qui a très bonne réputation et dynamise la ville de Morlaix.

Néanmoins on ne peut que sourire ou être perplexe quand on lit les justifications de cet investissement étatique dans la convention que nous avons eu à voter et sur laquelle je me suis abstenu:

Ainsi, parmi les objectifs en matière d'immobilier et de structuration du site, on peut lire:

- que les opérations immobilières sont sélectionnées "en fonction de projets de recherche correspondant aux secteurs clés identifiés par des documents stratégiques nationaux ou régionaux": secteurs clef pour l'économie et la compétition économique des territoires, s'entend!

- l'objectif est de "favoriser la mutation de l'enseignement supérieur et de la recherche".

Dans quel sens me direz-vous?

"Il s'agit de soutenir une recherche/ innovation de rang mondial (rien que ça! Attention pour notre petit IUT à ne pas faire la grenouille qui veut être plus grosse que le bœuf...) et "ancrée territorialement" (décentralisée pour que les régions puissent considérer les centres universitaires comme des armes de développement et de compétition) qui nécessite des moyens d'expérimentation combinant les technologies de pointe, afin de pouvoir participer aux programmes internationaux de recherche et favoriser l'attractivité des équipes de recherche bretonnes et soutenir des stratégies de publications de haut niveau et de dépôt de brevets".

On parle là de marketing commercial plus que d'enseignement, d'éducation et de recherche, et ça continue...

Sur l'utilisation des technologies numériques, "l'objectif est de consolider un réseau de plateformes visibles et à la pointe, en lien avec les communautés scientifiques et les écosystèmes innovants en favorisant les coopérations avec les TPE-PME, par des offres de prestations de services de formation aux technologies de pointe"... "Le projet de cartographie des compétences de la recherche publique bretonne, "Plug in Labs", promouvant les compétences de la recherche aux acteurs du développement économique s'inscrit également dans le cadre".

La convention est un florilège de la novlangue néo-libérale issue de l'OCDE, des préconisations européennes, de la technocratie voulant acculturer les services publics et les convertir aux objectifs managériaux de rentabilité, de compétitivité: on y parle en titre de "Gouvernance", "d'évaluation", et en termes fort rhétoriques "d'éco (pas coco) conditionnalité", on y vise la "différenciation régionale" de l'établissement universitaire.

Rien de bien nouveau sous le soleil.

C'est l'esprit de la loi sur l'autonomie des Universités, qui fait des centres de recherche et d'enseignement des outils instrumentaux au service de la croissance, du développement économique, de l'entreprise et de la concurrence des territoires.

De contenu à transmettre, de formation de professionnels, de citoyens et d'intelligences, il est peu question dans ce document: c'est vrai que la région et l'Etat ont d'autres chats à fouetter. Tout investissement, même dans l'école et l'éducation, doit être justifié en terme de retours économiques et de rentabilité.

Ismaël Dupont.

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 20:29

Le 115 s'occupe dans notre département de l'accueil des sans-abris et personnes momentanément privées de toit.

De son côté, Coallia accueille dans des centres d'hébergement CADA et la plateforme de demandeurs d'asile de Brest les étrangers demandeurs d'asile.

Au mois de septembre, le 115 a déjà été obligé de diminuer de moitié ses prises en charge de nuits d'hôtel pour les sans-abris, et au mois d'octobre, cette moitié va être encore réduite de moitié car, c'est bien connu ... la température monte à l'automne.

Normalement, l'Etat réajuste ses lignes budgétaires en fonction des besoins.

Là, ce n'est pas le cas: il laisse à l'association qui gère le 115 l'obligation de laisser dans la rue, car les budgets ont fondu devant l'augmentation sensible des gens qui sont dans le dénuement et sans hébergement cette année, l'Etat refusant de verser plus quand les besoins augmentent.

Seules les femmes victimes de violence ou en rupture de vie familiale seront désormais accueillies dans le Finistère en nuitée d'hôtel, si les collectivités n'obligent pas l'Etat à revoir ses positions.

Pourtant, pouvoir avoir un toit est bien un droit fondamental.

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 19:49

Tous dans la rue au côté des syndicats le jeudi 8 octobre pour dire l'URGENCE d'une autre politique

Le PCF du Finistère appelle les jeunes, les salariés les sans emplois et retraités à participer en nombre à la journée de mobilisation interprofessionnelle du jeudi 8 octobre à l'appel de nombreux syndicats (CGT, FSU, Solidaires, UNEF, et UNL).

Nous serons présents dans les rassemblements de Brest et de Quimper à 11h aux côtés de ceux qui disent : assez de cette politique au service de la finance et soumise à l'Europe ultra-libérale.

Oui, les richesses existent en France, la 6e économie mondiale dont le PIB n'a jamais été aussi élevé - tout comme les revenus des 5% les plus riches de nos concitoyens - pour augmenter les salaires, financer des services publics et une protection sociale de qualité.

Nous avons besoin d'un mouvement social fort pour récréer de l'espoir et faire reculer les forces capitalistes qui aujourd'hui font la loi avec la complicité d'une grande partie de la classe politique, et notamment de Valls, Macron, et Hollande.

Les 40 milliards de cadeaux sans contrepartie aux entreprises ne produisent aucun effet sur l'emploi. Ce n'est pas en allongeant le temps de travail, en baissant les salaires, en détruisant le droit du travail au nom d'une prétendue modernité qui nous renvoie à la morgue des possédants du XIXème siècle, en intensifiant l'austérité pour les collectivités, les associations et les services publics qu'on fera baisser le chômage mais en réduisant le temps de travail, en s'attaquant au coût du capital et en remettant en cause les dogmes du libéralisme européen : la concurrence libre et non faussée, la souveraineté des marchés et des banques.

S'il ne veut pas continuer à faire grandir la désespérance, la crise politique et le vote pour l'extrême-droite, le gouvernement doit cesser sa politique de casse sociale et s'engager dans une réelle réforme fiscale au service de l'égalité des droits et du financement des services publics.

Pour relancer l'activité économique, il faut réévaluer le SMIC et les petites retraites, qui condamnent aujourd'hui beaucoup de vieux à la misère, augmenter le salaire des fonctionnaires. Avec le gel du point d'indice, le salaire net moyen de la fonction publique est en recul constant depuis 2011.

Nous ne pouvons plus accepter cette accumulation de réformes néo-libérales qui ont pour seul but de diminuer le niveau de services publics comme la loi Notre ou la nouvelle réforme de l'hôpital qui accentue le pouvoir de l'ARS et les logiques de rentabilité au détriment de la qualité de la prise en charge humaine et de la proximité de l'accès aux soins.

Il est plus que temps pour les Français de dire : Trop c'est Trop ! La coupe est pleine.

Maintenant, ce n'est plus l'oligarchie qui doit décider, mais le peuple ! Notre avenir dépend d'abord de nous et de nos luttes.

La Fédération du Parti Communiste Finistère

Communiqué du PCF 29: tous dans la rue au côté des syndicats le jeudi 8 octobre pour dire l'URGENCE d'une autre politique: à Quimper et à Brest, manifestons à 11h
Partager cet article
Repost0
5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 12:23
INDÉCENT ! LES CHÔMEURS ONT BESOIN DE TRAVAIL PAS D'ÊTRE TRAQUÉS

Le gouvernement a trouvé une idée géniale pour inverser la courbe du chômage : à défaut de créer des emplois, il va supprimer les chômeurs.

Plutôt que de traquer les chômeurs, poursuivons les entreprises qui touchent des fonds publics sans créer d'emplois. Baissons le coût du capital au nom de l'efficacité sociale, pas le « coût du travail ».

Le 8 octobre les salarié-e-s, manifesteront pour exprimer leurs attentes, leur exaspération grandissante face à une situation qui ne cesse de se dégrader et pour exiger une autre répartition des richesses qu’ils produisent.

FLIQUER NE CREE PAS D'EMPLOI

A dater du 28 septembre, Pôle Emploi met en place un nouveau dispositif de contrôle des chômeurs. Une brigade de contrôleurs vérifiera les démarches du demandeur d'emploi. Première sanction: 15 jours de radiation pour le premier manquement et, s'il se répète, six mois de radiation. Ce dispositif testé en Poitou-Charentes, a conduit à la radiation de 13 % de chômeurs. Le gouvernement a trouvé une idée géniale pour inverser la courbe du chômage : à défaut de créer des emplois, il va supprimer les chômeurs.

LES DIVIDENDES COMME OBJECTIF

Si les gens ne trouvent pas d’emploi, c’est simplement parce qu’il n’y a pas d’emploi, 5,5 millions de chômeurs sont inscrits pour seulement 320 000 offres disponibles sur le site de Pôle Emploi ! La majeure partie : des emplois précaires et sous payés. Avec des chiffres aussi misérables, comment peut-on demander de se justifier ? Les seuls emplois que créeront ces nouvelles mesures de contrôle seront les emplois de contrôleurs. Ces contrôleurs seraient plus utiles pour contrôler les milliards d'aides données aux entreprises soi-disant pour développer l'emploi et qui, en fait, ne servent qu'à améliorer leurs marges. 34 % d'augmentation des profits des entreprises du CAC 40 au premier semestre 2015. Quel-le salarié-e peut en dire autant ?

COUT DU TRAVAIL OU DU CAPITAL ?

Depuis des années, avec Sarkozy comme avec Hollande/Valls, nous n'avons droit qu'à un seul discours : il faut augmenter les marges des entreprises et réduire le « coût du travail ». C'est à dire bloquer les salaires, augmenter le temps de travail comme chez Smart, réduire les allocations et les retraites, chasser les demandeurs d'emploi.

Pour le PCF, il faut baisser le coût du capital au nom de l'efficacité sociale, plus aucun soutien public aux entreprises sans contrepartie chiffrée et contrôlable à l'opposé de la précarité. Il faut sécuriser l'emploi, la formation et les revenus des salariés et développer les services publics pour répondre aux besoins humains et de la planète.

LE 8 DANS LA RUE

Les organisations syndicales CGT, FSU et Solidaires appellent les salarié-e-s à une journée de mobilisation interprofessionnelle le 8 octobre prochain.

Leurs revendications :

- Augmenter les salaires, les retraites, les pensions, les minimas sociaux et le point d’indice des fonctionnaires

- Promouvoir l’égalité salariale femmes/hommes

- Améliorer les conditions de travail et réduire le temps de travail pour créer des emplois, combattre et réduire le chômage

- Pérenniser et améliorer les garanties collectives Pérenniser et améliorer la protection sociale, les retraites complémentaires, pour garantir les droits à la santé et à la retraite

- Développer les investissements pour relancer l’activité économique en tenant compte des impératifs écologiques

- Conforter et promouvoir les services publics

Les communistes et le Front de gauche seront mobilisés en soutien aux salariés en lutte.

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 11:59
Il ne faut pas affaiblir les garanties des salariés!

L'HAMANITE DIMANCHE

LA CHRONIQUE DE JEAN-CHRISTOPHE LE DUIGOU (*)

LA GESTION DU TRAVAIL NE PEUT ÊTRE MISE SOUS LA TUTELLE DES PATRONS QUI PRIVILÉGIENT LA RENTABILITÉ FINANCIÈRE AU « TRAVAIL VIVANT », C'EST À DIRE À L'HOMME.

L'offensive visant à remodeler le droit du travail a été bien organisée : une campagne insistante du MEDEF cherchant à justifier les problèmes de l'emploi par « l'obésité du Code du travail » ; un petit livre de deux éminents juristes qui reprennent l'argument sans réel esprit critique ; les études de deux laboratoires d'idées sous influence ; enfin, le rapport d'un expert en la personne de l'ancien directeur du travail. Il ne restait plus au gouvernement que de monter dans le train, annonçant une loi pour 2016, tout en prenant soin de se présenter comme le porteur « d'une approche raisonnable ».

La possibilité de largement déroger aux règles du Code du travail par la signature d'accords de branche et d'entreprise serait la clé de la réforme. La loi définirait quelques dispositions impératives à respecter. Elle dirait qu'un salarié ne peut être rémunéré en dessous du salaire minimum horaire, que les 35 heures sont la durée légale du travail ou encore que le temps de travail ne peut excéder 48 heures par semaine. Tout le reste serait renvoyé à la négociation collective, d'abord dans les branches, ensuite dans les entreprises. Chaque accord déterminerait ses propres normes en matière de conditions de travail, d'emploi, de rémunération et de temps de travail.

Quelles que soient les précautions annoncées, notamment l'obligation de passer par un accord majoritaire, ce mécanisme aurait pour conséquence de tirer vers le bas les normes générales du travail. La garantie apportée par l'accord majoritaire est en effet fragile compte tenu du chantage à l'emploi que ne manqueront pas de brandir les directions. Le risque est d'aller vers un émiettement des garanties qui réduira le socle commun sur lequel repose le fonctionnement des relations du travail. La réforme organiserait un repli du droit et l'accentuation de la privatisation de la sphère économique. Les plus faibles seront les victimes de ce nouveau système. De fait, les salariés des PME ne seront à terme couverts que par les seules garanties minimales. Face à cette offensive, il ne s'agit pas de faire du Code du travail actuel un totem et de prôner le statu quo. Comme peuvent le constater les salariés, le Code actuel est ambivalent sur certains points, complexe sur d'autres. Son application dépend souvent du rapport des forces dans l'entreprise. Mais le problème n'est pas de le réduire à un rôle subsidiaire. L'enjeu est au contraire de conforter des normes collectives du travail, d'empêcher qu'elles ne soient absorbées par celles du privé et celles de la rentabilité et de leur donner une portée nouvelle. La gestion du travail ne peut être mise sous la tutelle quasi exclusive des directions d'entreprise qui privilégient toujours la rentabilité financière au « travail vivant », c'est-à-dire à l'homme.

Commençons donc par protéger les travailleurs précaires, les salariés des sous-traitants, les prétendus indépendants des nouvelles activités de service... Il y a là du grain à moudre pour une négociation collective digne de ce nom ! Mais, plus globalement, pour sortir de cette contradiction dans laquelle on oppose droits sociaux et efficacité économique, ne devient-il pas nécessaire d'identifier le travail à un « bien collectif », certes utilisable par un employeur, mais dont la mise en œuvre et le développement apporteraient leurs avantages à la société tout entière ?

(*) Économiste et syndicaliste.

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 11:53

Réponse à Emmanuel Macron : la liberté est une valeur de gauche, pas le libéralisme

Tribune parue dans Libération, 29 septembre 2015

Il faut être d’une grande naïveté ou d’un grand cynisme pour ne pas voir que la gauche des opprimés et le libéralisme des oppresseurs sont irréconciliables.

Cher Monsieur Macron,

Dans une interview accordée au Monde dimanche 27 septembre, vous défendez votre projet de réforme du statut des fonctionnaires en prétendant que «le libéralisme est une valeur de gauche». Puis vous reprenez à votre compte l’idéal libéral «d’égalité des chances» qui, il faut sans cesse le répéter, n’est qu’une fable destinée à justifier l’inégalité des résultats et des conditions.

Qu’il y ait du bon dans le libéralisme est indéniable. Nous devons à la philosophie libérale d’Emmanuel Kant une méfiance de chaque instant envers les puissances tutélaires et une passion véritable pour l’émancipation humaine. Nous devons au libéralisme politique de Montesquieu un précieux mécanisme de séparation des pouvoirs permettant que, «par la force des choses», le pouvoir arrête le pouvoir. Nous devons au libéralisme culturel une ouverture d’esprit que nous aurions tort de négliger en ces temps de montée des intégrismes religieux et laïcard.

L’autre face du Janus libéral

Mais le libéralisme est une tradition trop complexe et trop riche pour qu’on la réduise aux quelques intuitions émancipatrices mentionnées ci-dessus. L’autre face du Janus libéral, celle qui l’a historiquement emporté sur sa rivale, véhicule un cortège d’apories logiques, d’absurdités politiques, de contresens économiques et de violences sociales. Un peu de mémoire suffit à se rappeler que le libéralisme s’est constitué du XVIIe au XIXe siècles en tant qu’idéologie des propriétaires d’esclaves, de la bourgeoisie, de la gent masculine, de l’impérialisme européen et des professionnels de la politique. Et que le libéralisme est aujourd’hui l’outil grâce auquel les vendeurs d’armes, les firmes transnationales, les maîtres chanteurs de la dette, les chantres de l’austérité, les dérégulateurs, les commerçants de l’eau et les entreprises pharmaceutiques font passer leurs intérêts privés pour l’intérêt général.

La gauche n’est pas du côté de ces puissances. Son parti est celui des gens de peu, des citoyens ordinaires, des individus décents, des massacrés, des prisonniers, des travailleurs précaires, des mères dans la pauvreté, des jeunes sans futur, des expulsés, des immigrés, des licenciés et de tous les damnés de la terre. Il faut être d’une grande naïveté ou d’un grand cynisme pour ne pas voir que la gauche des opprimés et le libéralisme des oppresseurs sont irréconciliables.

Les atrocités du libéralisme

En dépit de quelques heureuses intuitions, le libéralisme est aussi et surtout l’idéologie de l’être humain égoïste par nature et devant être rééduqué et réprimé par un Etat coercitif ; l’idéologie du tous contre tous, du chacun pour soi, du «j’écrase ou je suis écrasé» ; l’idéologie de la liberté contre l’égalité et de l’égalité contre la liberté, afin qu’on abandonne les deux ; l’idéologie du commerce, des magouilles, de la méfiance et de la guerre ; l’idéologie de l’individu contre le collectif ; l’idéologie de la non-intervention étatique, sauf lorsque les ministres renflouent les poches de leurs amis banquiers touchés par la crise à coup d’argent public, pour qu’à la fin de leur mandat politique ces mêmes ministres se reconvertissent confortablement dans le monde des affaires ; l’idéologie des experts contre le pouvoir des citoyens ; l’idéologie de l’économie contre la politique ; l’idéologie du privé contre le commun.

Que la gauche s’inspire du meilleur de la tradition libérale, soit. Qu’elle se réapproprie certaines idées de Kant et Montesquieu, oui. Mais qu’elle revendique le libéralisme comme une valeur constitutive, jamais. Le libéralisme est grevé d’atrocités irréparables et de contradictions insolubles. Si c’est la liberté que vous chérissez par-dessus tout alors sachez, Monsieur Macron, qu’il existe une longue histoire de la liberté avant et contre le libéralisme. De la sécession de la plèbe romaine sur l’Aventin à la Commune de Paris en passant par le soulèvement des paysans allemands en 1525 et la révolution haïtienne, la liberté s’est longtemps débrouillée sans l’appui du libéralisme. Depuis que celui-ci est devenu hégémonique, il cause d’ailleurs à celle-là de douloureux tracas.

Je vous sais occupé à démanteler tout ce qu’il reste de la gauche, Monsieur Macron. Mais de grâce prenez le temps de rouvrir un livre d’histoire. Vous y découvrirez les vraies valeurs de la gauche. Elles ne sont pas exemptes de critique. Mais contrairement aux valeurs libérales, elles peuvent encore se regarder dans une glace.

Manuel Cervera-Marzal

Partager cet article
Repost0
4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 17:17
"La banque dont nous avons besoin"... Débat avec Xavier Compain et Denis Durand le jeudi 8 octobre à Lorient (20h)

La banque dont nous avons besoin…

Jeudi 8 octobre 20 h Cité Allende LORIENT salle A 02

« Notre ennemi c’est la finance » :

  • La BCE, indépendante des Etats, a mis la Grèce à genoux
  • Les grandes banques battent des records au CAC 40, empochent l’argent du CICE, tout en supprimant l’emploi
  • Elles trempent dans l’évasion fiscale (scandale HSBC)
  • Elles jouent sur les marchés financiers au détriment des crédits aux PME et aux particuliers
  • Elles financent les activités carbonées…
  • Les banques issues du mouvement mutualiste et coopératif valent-elles mieux ?
  • Qu’en est-il de l’épargne citoyenne, des monnaies locales ?
  • De quelles banques avons-nous besoin, au service de l’emploi et des territoires ?
  • En quoi consiste la proposition d’un pôle public régional d’investissement, porté par le Front de gauche aux élections régionales ?

Venez en débattre avec Denis DURAND, militant CGT à la Banque de France, membre de la commission économique du PCF

En présence de Xavier Compain, tête de liste Front de Gauche aux Régionales

Partager cet article
Repost0
4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 08:49
Jeudi 8 octobre: une délégation japonaise pour la Paix en Bretagne à l'occasion du 70e anniversaire de Hiroshima et de Nagasaki: rencontres à Crozon et à Quimper
Xavier Compain, la tête de liste du Front de Gauche aux élections régionales, Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère et plusieurs militants et candidats aux Régionales sur la liste du Front de Gauche seront présents devant la base militaire de l'île Longue (au fret) à 10h30 le jeudi 8 octobre et à Quimper 14h30 aux Halles Saint François pour rencontrer la délégation japonaise et exposer nos orientations pour en finir avec les armes nucléaires en Bretagne, en France et dans le monde.

Cette rencontre avec la Délégation Japonaise contre l'arme atomique et le Mouvement de la Paix se déroule en deux temps :

à 10heures 30 à l'Ile longue, au Fret en presqu’ile de Crozon
à 14heures 30 aux halles St François (salle à l'étage) en
centre ville de Quimper, pour un point-presse témoignage-échange
avec les Hibakusha ( survivants des bombardements atomiques de 1945)


Soyons y le plus nombreux possible!

Une délégation de survivants d’Hiroshima et de Nagasaki à Rennes le 8 octobre

2015 est l’année du 70e anniversaire d’Hiroshima.

A cette occasion une délégation de survivants d’Hiroshima et de Nagasaki, de pacifistes et de syndicalistes japonais fait actuellement un tour d’Europe pour alerter sur les dangers de l’arme atomique et sur la nécessité d’obtenir un traité d’interdiction des armes nucléaires.

Cette délégation se rendra dans différents pays d’Europe dont l’Espagne l’Angleterre, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, la Belgique et la France.

Ils seront présents à Rennes le jeudi 8 octobre 2015 et participeront à une conférence débat qui se déroulera à l’auditorium de la Maison Internationale de Rennes (MIR) à 20h30.

La délégation est composée de survivants de Hiroshima, de responsables des associations pour la Mémoire de ce crime contre l'humanité, de responsables du mouvement de la paix japonais, du secrétaire adjoint de la plus grosse coordination syndicale japonaise:

  1. Masashi Ieshima (Mr) – Tokyo Federation of A-bomb Survivors Associations (Toyukai)
  2. Kuniko Kimura (Ms), Chiba Association of A-Bomb Survivors
  3. Yuri Nagao (Ms.) – Vice President of National Confederation of Trade Unions (Zenroren)
  4. Saburo Sugasawa (Mr.) – Yamanashi Gensuikyo
  5. Hiroko Imura (Ms.) – Hyogo Gensuikyo
  6. Hideki Yokoe (Mr.) – Aichi Gensuikyo
  7. Yayoi Tsuchida (Ms) – Assistant general secretary, Gensuikyo
  8. Hibiki Ouchi (Ms.) – Staff, Gensuikyo

Ce n’est pas tous les jours que nous avons de telles délégations composée de responsables nationaux du mouvement pacifiste et du mouvement syndical japonais.

Nous y parlerons bien sur de la question de la paix et du désarmement nucléaire mais aussi la volonté du gouvernement japonais de supprimer l’article 9 de la constitution japonaise qui interdisait à ce pays de se doter d’une armée et d’intervenir militairement à l’étranger mais nous aussi des différentes luttes que mènent les mouvements démocratiques japonais.

C’est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir diffuser cette information dans vos réseaux et serions heureux de votre présence à la conférence débat.

..............................................................................................................

Voici transmis par notre correspondant du PCF Rennes Jacquy Rivoalan, deux liens qui concernent la Bretagne au premier chef et pour diverses raisons d'actualité

http://toutrennescultivelapaix.fr/2015/10/01/une-delegation-de-survivants-dhiroshima-et-de-nagasaki-a-rennes-le-8-octobre/

http://www.humanite.fr/tir-du-missile-nucleaire-m51-irresponsabilite-et-gabegie-financiere-585590

* les SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d'engins ) peuvent être mis en oeuvre à partir de la base opérationnelle de l' Ile - Longue dans la rade de Brest.

Les " chefs de guerre " français Hollande , Le Drian , Fabius témoignent d'une incessante bienveillance à l'égard de ces armes de destruction massive.

Jeudi 8 octobre: une délégation japonaise pour la Paix en Bretagne à l'occasion du 70e anniversaire de Hiroshima et de Nagasaki: rencontres à Crozon et à Quimper
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011