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8 août 2017 2 08 /08 /août /2017 05:51

 

Nous nous honorons ici d’avoir été parmi les premiers durant la campagne de l’élection présidentielle à avoir répété que M. Macron avait bien un programme : celui des milieux d’affaires. Ceci se confirme jour après jour. Insatisfait des orientations pourtant très libérales annoncées dans le discours de politique générale du Premier ministre de droite, le monde de la finance et de la rente n’a cessé de s’agiter les jours qui ont suivi pour réclamer du président de la République plus de clarté, plus d’audace, plus de faveurs. Bref, il ne faisait que réclamer avec gourmandise de confortables retours sur l’investissement qu’il avait placé depuis plus de deux ans sur l’un des siens, venu de la banque Rothschild, qui avait pu se faire la main sur le mélange des genres comme secrétaire général-adjoint de l’Élysée, puis ministre de l’Économie.

Pendant que les grands médias faisaient croire à l’état de grâce, des journaux comme « L’Opinion », « Challenges », des penseurs du libéralisme comme ce M. Koening dans Libération, tous ceux qui se sont retrouvés aux « rencontres économiques d’Aix » ou encore « l’association française des entreprises privées » et évidemment M. Gattaz sont, avec la rapidité de l’éclair, montés au créneau pour dénoncer l’insuffisant respect des promesses qui leur avaient été faites. Le discours du Premier ministre ne manquait pourtant pas de sales coups contre les salariés et les conquis sociaux, mais tout ce beau monde ne supportait pas que ce dernier ait annoncé de reculer de presque un an la transformation définitive du CICE en crédit d’impôt, de reporter la baisse pérenne des cotisations patronales, la diminution de la fiscalité du capital et le recentrage de l’impôt sur les grandes fortunes sur l’immobilier. Sans coup férir, le président a tranché en leur faveur. Et il a décidé d’un même élan de démolir le droit du travail par ordonnances, de réduire les dépenses publiques, de baisser les impôts des plus riches et d’augmenter la CSG. Autant de vieilles recettes de l’ultra-libéralisme servies dans de nouvelles gamelles géantes pour le festin à venir des privilégiés.

La modification de l’impôt sur les grandes fortunes vise à en extraire les actifs financiers qui sont la source essentielle de la rente des plus fortunés. Cela représente pour eux un nouveau cadeau de trois milliards d’euros, tandis que les retraités subiront durement le surplus de CSG. Les autres verront grandir la précarité, première conséquence de la nouvelle loi dite « travail ». Le contrat à durée déterminée sera attaqué au burin par « celui de chantier » tandis que les salariés injustement licenciés percevront des indemnités réduites. A tout cela, s’ajoutera la pression sur les salaires et la durée du travail que les employeurs ne manqueront pas d’exercer grâce à un code du travail déclinable entreprise par entreprise. L’impôt sur les sociétés va baisser à 28%. En même temps, la nouvelle diminution des crédits publics se fera contre la solidarité, particulièrement en matière de logement et de santé. De premières projections estiment que seulement 280 000 personnes vont bénéficier des nouveaux cadeaux fiscaux macroniens pour une valeur de 4,2 milliards d’euros. Macron est bien le nouveau président des riches ! C’est aussi le président qui obéit à Mme Merkel qui n’a de cesse de réclamer cette purge contre une hypothétique réforme de la zone Euro dont le contenu reste des plus flous.

La combinaison des décisions en cours forme un cocktail d’une brutalité inconnue jusque-là. On avait comparé M. Fillon à Mme Thatcher. M. Macron va les dépasser l’un et l’autre ! Pour financer les énormes cadeaux fiscaux aux plus fortunés et aux grandes entreprises, le pouvoir va déconstruire encore plus nos biens communs, nos services publics. La fin de l’impôt sur les grandes fortunes, comme les facilités fiscales aux grandes entreprises ne vont pas concourir à la relance des investissements utiles, mais viendront alimenter le feu roulant et dévorant des marchés financiers et de cette bulle spéculative menaçante qui ne cesse d’enfler. La nouvelle diminution de 13 milliards de dotations aux collectivités locales combinée à la fin de la taxe d’habitation seront utilisées pour obliger ces dernières à réduire leurs actions et leurs investissements au service du plus grand nombre. Les services publics de proximité et la démocratie locale en seront étouffés. Les conséquences pour l’emploi seront désastreuses.

Ce qui s’annonce peut donc être encore pire que ce qui s’est passé durant les deux derniers quinquennats. Le monde du travail, de la culture, de la santé, de l’éducation, de la justice, de la recherche ne peut rester plus longtemps dans l’expectative ou l’attente. Il doit dans sa diversité se faire entendre, se manifester contre ce pouvoir qui recherche un consensus, une « union nationale » d’un nouveau type au seul service des puissances financières en guerre entre elles pour rechercher le taux de  profit maximal. Il n’y a aucune illusion à se faire. De ce point de vue, la préparation de la journée nationale d’action du 12 septembre est importante, comme l’est le dialogue avec le maximum de salariés, de jeunes, de retraités, de créateurs pour une fête de l’Humanité contribuant à l’indispensable riposte contre le nouvel ordre des féodalités. Sa réussite se prépare dès maintenant. Ce sera celle de l’humain contre la voracité de l’argent-roi.

 

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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 08:50

Annoncées lors de la conférence nationale des territoires, la baisse de 13 milliards d'euros sur cinq ans et la réforme de la taxe d'habitation mettent en danger tous les domaines de la vie locale.

13 MILLIARDS DE BUDGETS LOCAUX SONT VISÉS, APRÈS LES 11,5 MILLIARDS DÉJÀ SUPPRIMÉS SOUS HOLLANDE.

 

Depuis sa ville populaire de Stains (Seine-Saint-Denis), Azzédine Taïbi, le maire communiste, fulmine. Les 13 milliards d’euros d’économies prévues par le gouvernement pour les collectivités locales au cours du quinquennat qui commence sont un véritable coup de massue. Ici, comme dans une grande majorité de communes et de départements français, on se demande : « Quand cela va-t-il s’arrêter ? » Car déjà, durant le mandat de François Hollande, les collectivités territoriales ont vu amputer leurs dotations de 11,5 milliards d’euros. À Stains, ce sont 3 millions en moins, entre 2014 et 2017 seulement. « On les a bien sentis ici », se souvient celui qui n’a pas attendu les annonces de la conférence nationale des territoires pour faire front contre la baisse des dotations avec le mouvement des « plumés de l’austérité », dès 2015.

 « Trois millions, c'est l'équivalent d'un conservatoire de musique, c'est le budget de fonctionnement annuel d'un centre de santé ou encore la mise en route d'un groupe scolaire de 6 classes », explique Azzédine Taïbi, inquiet des conséquences pour les services publics locaux. Alors, avec la politique d'austérité qui s'annonce plus violente que prévu puisque Emmanuel Macron annonçait 10 milliards de baisse au cours de sa campagne, Azzédine Taïbi craint pour les habitants des quartiers populaires, qui n'avaient pas besoin de ça.

L'Association des maires ville et banlieue s'est d'ailleurs émue de ce que la question des quartiers populaires prioritaires, des centres anciens dégradés ou ensembles d'habitats sociaux n'apparaisse pas comme une préoccupation particulière du chef de l'État. Même l'annonce de supprimer d'ici à trois ans la taxe d'habitation pour 80 % des ménages n'apportera, toujours selon l'association, « aucun bénéfice à des habitants qui sont pour la plupart déjà exonérés de tout ou partie de la taxe d'habitation ». L'association, qui n'avait d'ailleurs pas été conviée à la conférence nationale des territoires du 17 juillet, juge que l'effort des 13 milliards d'euros « de contribution à la réduction des déficits publics attendu des collectivités » ne peut pas être demandé « de façon identique aux territoires pauvres accueillant des pauvres et aux sites plus aisés ».

 

UNE INJUSTICE DE PLUS POUR LES COLLECTIVITÉS

Du côté des maires ruraux de France, on déplore aussi une péréquation bancale. À travers leur association (AMRF), ceux-ci rappellent que la dotation globale de fonctionnement par habitant dans leurs communes représente la moitié de celle par habitant des grandes villes. Et comme si les 13 milliards d'euros d'économies imposées ne suffisaient pas, l'AMRF vient de découvrir une annulation de crédits de près de 300 millions d'euros faite «en catimini estivale» par la publication d'un décret du 20 juillet. «La mobilisation des crédits des dotations d'équipements des territoires ruraux ou du fonds de soutien à l'investissement local se voit aujourd'hui remise en cause et amputée», réagit l'AMRF dans un communiqué paru le 26 juillet. «Cela pose un sérieux doute sur la sincérité des engagements gouvernementaux énoncés lors de la conférence nationale des territoires par le président de la République», s'insurge son président, Vanik Berberian, pour qui la perte de confiance des élus locaux envers le pouvoir exécutif et la haute administration est grandissante.

Une injustice de plus pour des collectivités qui réalisent des efforts budgétaires depuis longtemps. Au-delà du fait que celles-ci sont tenues d'équilibrer leur budget annuel, elles ont déjà contribué à hauteur de 34 % à l'effort de réduction des dépenses publiques durant le mandat de François Hollande, alors que leur part dans la dette publique représente à peine 10 %. Même dans les communes dirigées par des maires de droite, la situation n'est plus tenable. À Sceaux (Hauts-de-Seine), Philippe Laurent (UDI) s'interroge sur ce qu'il devra encore faire. Sans surprise, il valide la baisse des dépenses publiques mais réprouve que celles liées à l'activité des collectivités soient comptabilisées sous cette même dénomination. L'élu, également secrétaire général de l'Association des maires de France, craint aussi que des retards soient pris dans les investissements de sa commune. Enfouissement des réseaux, entretien d'assainissement, etc.

 

UN HORIZON QUI S'OBSCURCIT DE PLUS EN PLUS

 

 « Des adductions d'eau non entretenues, ce sont parfois des fuites d'eau de plusieurs mètres cubes», explique-t-il, précisant que pour sa ville, considérée comme huppée, la dotation de l'État est passée de 7,5 millions d'euros en 2013 à 2 millions en 2017. De ces sommes retranchées des budgets des collectivités, départements compris, ce sont autant de commandes publiques qui sont mises en danger et avec elles les emplois concernés. En effet, avec 70 % des investissements publics réalisés en France par les collectivités, ce sont des secteurs entiers de l'économie qui risquent de se retrouver avec un carnet de commandes aux pages blanches, notamment dans le BTP (bâtiment et travaux publics).

Les 13 milliards de ponction sur les collectivités, ce sont aussi les politiques de solidarité qui risquent d'en pâtir et avec eux leurs bénéficiaires, souvent déjà accablés par le chômage et la précarité. Mounire Lyame, conseiller départemental Front de gauche dans le Cher, voit un horizon qui s'obscurcit de plus en plus. « Au sein de notre conseil départemental dirigé par la droite, ce sont les aides sociales aux plus modestes qui sont remises en cause et particulièrement le RSA.» Accroissement des contrôles, suspicions de fraude, autant de mesures prises pour faire reposer les économies imposées par l'État sur les plus faibles. «C'est ainsi qu'un couple à qui leur fils versait un peu d'argent s'est vu diminuer le montant de leur RSA pour ce motif... et réclamer le "trop-perçu" depuis le jour où leur enfant a commencé à les aider financièrement », explique-t-il. Pourtant, «il y a d'autres solutions», assure Christian Favier, président du conseil départemental du Valde-Marne. «D'autres pistes d'économies sont possibles. Je pense par exemple que l'État devrait s'attaquer à l'évasion fiscale.» Dans les pas de Hollande et de Sarkozy avant lui, Emmanuel Macron s'empresse de répondre au dogme de la réduction à tout prix des dépenses publiques. Laissant pour compte élus et citoyens.

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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 08:49

Le recours déposé en février dernier auprès du Conseil constitutionnel par cent six députés de gauche à propos du traité de libre échange avec le Canada (Ceta) vient de recevoir de ce dernier une fin de non-recevoir motivée par une argumentation des plus inquiétantes.

Ce traité est si contesté que la Cour de justice européenne a émis quelques réserves et M. Macron a dû promettre de mettre en place une commission spéciale d'étude. Hier, le ministre Nicolas Hulot était l'un de ses fervents opposants. Les motifs de rejet de ce traité ne portent pas seulement sur son caractère commercial en abaissant ou en supprimant les barrières douanières, mais sur le fait que, pour amplifier le « libre échange », il est envisagé de réduire toutes les normes sociales, sanitaires, environnementales dans le cadre d'un nouveau corpus juridique, en dehors des législations nationales et européennes. Celui-ci serait verrouillé par la mise en place de juridictions spéciales traitant des modalités d'investissement des multinationales au nom du principe de libre concurrence. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ses inspirateurs le qualifient d'accord «de nouvelle génération». Dans leur recours, les parlementaires étaient donc fondés à soulever plusieurs dispositions contraires à la Constitution française.

Ainsi, dès lors que des tribunaux spéciaux internationaux privés seraient chargés de traiter des différends entre des groupes privés et des États avec la possibilité d'imposer des sanctions et des obligations de réparations, les principes d'indépendance et d'égalité devant la loi seraient niés.

L'État pourrait se voir imposer des règles différentes de sa propre législation par des instances extérieures et susceptibles d'être confortées, notamment par ces tribunaux arbitraux au service de plaignants : les grandes sociétés transnationales. Le principe de souveraineté nationale serait bien remis en cause. Le Conseil constitutionnel confirme d'ailleurs que « l'accord aura, en application de l'article 55 de la Constitution, une autorité supérieure à celle des lois ».

Les « sages » tentent de faire croire que les juges des tribunaux arbitraux seraient indépendants, que les conflits d'intérêts n'existeraient pas grâce à de fumeux et vaseux « codes de bonne conduite ». Mensonge quand on se remémore tous les arrêts de telles juridictions spéciales contre des États parce qu'ils ont eu l'outrecuidance ici d'augmenter les salaires de base, là de contester la qualité des carburants, là encore de s'opposer à l'importation de produits considérés comme cancérigènes. Songeons aux scandales Monsanto ou du Dieselgate, sans parler de la nouvelle profession de M. Barroso et de quelques-uns de ses acolytes.

 

«LA DÉCISION DU CONSEIL CACHE UN NOUVEAU TRANSFERT DE SOUVERAINETÉ VERS LES INSTITUTIONS EUROPÉENNE.»

 

Dès lors que la Constitution française comme la charte européenne incluent désormais explicitement « le principe de précaution » et que le traité en deux mille pages ne trouve pas le moyen d'en faire une seule fois mention, il y a bien une saignante entaille dans notre droit fondamental. Le Conseil constitutionnel, qui en est pourtant le garant, veut empêcher les citoyens de le voir alors que les enjeux liés à la qualité alimentaire, à celle des médicaments, à l'environnement deviennent de grandes préoccupations des sociétés.

La décision du Conseil est donc très préoccupante. Elle est faite de contorsions plus proches d'une opinion politique cherchant à justifier l'injustifiable du point de vue de notre loi fondamentale. Elle cache un nouveau transfert de souveraineté vers les institutions européennes sur des questions comme le droit du travail, les normes sociales, sanitaires, environnementales, alimentaires. Ainsi, serait créée une nouvelle jurisprudence contre l'intérêt général : celle du droit des affaires, de la liberté de la société privée supérieure aux droits humains et aux libertés publiques.

Rien qui puisse donner une nouvelle légitimité à ce traité de libre-échange. Bien au contraire! Et celle du Conseil constitutionnel pourrait être encore davantage contestée.

Pour une information complète, le livre le Traité avec le Canada mis a nu, Éditions de l'Humanité (à commander sur l'Humanité.fr).

 

 

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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 08:47

 

Cela n'a pas fait un pli. Le premier été présidentiel signe la fin des illusions pour celles et ceux qui ont cru aux promesses d'une "nouvelle politique". Il n'y a jamais eu d'adhésion populaire au macronisme. Emmanuel Macron et sa majorité ont d'abord été élus par le puissant rejet du système actuel. Ce grand chamboule-tout n'était qu'une apparence trompeuse pour ne rien changer,  poursuivre et aggraver l'austérité. Après Sarkozy et Hollande, Macron fait le job pour lequel il a été choisi par le monde de la finance, la patronat et la commission européenne. 

Inédite sous la Vème République après trois mois de mandat, la chute d'indice de confiance du Président de la République et de son premier Ministre n'est que le début des difficultés pour le nouveau pouvoir. Après les amis et les amours, voilà le temps des emmerdes.

Les arbitrages politiques rendus ces dernières semaines, sur la loi dite travail, contre les plus fragiles dans notre société, les étudiants, les retraités, la curée libérale contre les politiques publiques, les fonctionnaires, les collectivités locales, s'accumulent et s'additionnent. La communication présidentielle peut tourner à plein régime, rien n'y fait, notre pays et notre société voient aujourd'hui plus clairement le vrai visage du macronisme. Les supercheries et les enfumages successifs, les "et en même temps", n'arrivent plus à masquer l'autoritarisme libéral, si violent pour les faibles et si doux pour les assujettis à l'ISF.

Des dates importantes sont inscrites à l'agenda de la rentrée, dont la journée d'action du 12 septembre. D'ici là, le parti communiste aura à cœur d'agir concrètement pour une société plus solidaire avec la vente solidaire de fruits et légumes, le 17 août, et les sorties à la mer pour les enfants et les familles privés de vacances. 

La prochaine Fête de l'Humanité - les 15, 16 et 17 septembre - va être, à n'en pas douter, le grand rendez-vous des convergences progressistes, celui des luttes, des débats et des possibles pour ne pas laisser l'avenir du pays entre les mains d'Emmanuel Macron et sa star-up présidentielle et parlementaire.

 

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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 08:44

Les militants d’En Marche! se prononcent sur les statuts de leur futur parti. Comités locaux sans pouvoir, direction ultra-puissante : le parti, où l'absence de démocratie est assumée, s'annonce très centralisé. Des militants attaquent les textes en justice.

Ils étaient des “marcheurs” et des “helpers”, concentrés autour d'un homme providentiel, avec pour seul objectif de faire d'Emmanuel Macron le nouveau président de la République. Une fois cet objectif atteint, au-delà des espérances, vu l'écrasante majorité parlementaire qui a suivi l'élection de leur héraut, le temps est venu de se structurer pour espérer pouvoir durer. Le dimanche 30 juillet prochain, La République en marche (LREM) va ainsi se muer en parti. Il est très probable qu’à l’issue de la consultation par voie électronique de ses adhérents, ses statuts soient ainsi adoptés.

Tour d'horizon des enjeux et des contraintes qui vont entourer le plus dur qui commence : s'inscrire dans la durée d'un monde politique espéré comme « nouveau », mais qui doit quand même passer par des rites « anciens »…

 

25 % tirés au sort, 75 % cooptés

Sur le papier, les comités locaux « constituent le socle fondamental du parti » : n’importe qui peut en créer un, choisir son mode de fonctionnement, y entrer, sans s'acquitter d'une cotisation. Il y a « un référent territorial » par département, ou plus si la densité du territoire l’exige. Celui-ci est nommé par le bureau exécutif et approuvé par le conseil national. Mais il n’a pas de « lien de tutelle avec les comités locaux, il n’a pas le droit de donner d’ordre », explique Anne Descamps, porte-parole du mouvement. Ces référents territoriaux constituent, avec les élus – parlementaires, présidents de collectivités, maires –, 75 % du « Conseil national », le parlement du parti. Les 25 % restants se décomposent en 20 % d’adhérents et 5 % d’animateurs locaux tirés au sort.

Ce scrutin a donné lieu à la première fronde interne du “mouvement-parti”. Trente-deux adhérents ont en effet déposé un référé au tribunal de grande instance de Créteil pour faire annuler la consultation, dénonçant le non-respect des statuts actuels d’En Marche!, qui prévoient un délai d’un mois entre la convocation à l’assemblée générale électronique et le début de celle-ci. Or les adhérents ont reçu leur convocation le 8 juillet et le scrutin a démarré le 23. 

 

« Aristocratie de droit divin »

Ce vice de forme vient s’ajouter à un certain nombre de griefs de fond de ces trente marcheurs qui réclament le report du vote. « 75 % des membres du Conseil national sont des référents départementaux, nommés par la direction nationale, ou des élus, élus par le peuple, certes, mais après avoir été choisis par la commission nationale d'investiture qui dépend directement du bureau exécutif », détaille Rémi Bouton, porte-parole du collectif La démocratie en marche. Il s’inquiète également du seuil de 20 % de comités ou d'adhérents à atteindre pour pouvoir soumettre une question au bureau exécutif, ou encore des deux tiers des adhérents à réunir pour réviser les statuts, quand le bureau exécutif peut le faire à n’importe quel moment. Or En Marche! compte aujourd’hui officiellement 375 000 adhérents et 3 200 comités locaux.

Après la convention sur les statuts, le 8 juillet dernier, les membres de Denfert, le comité parisien de Rémi Bouton, avaient discuté de ce qu’ils auraient voulu inscrire dans ces statuts. « Nous aurions voulu élire les référents plutôt que de se les voir imposer par le national, que ce soient des binômes paritaires plutôt qu’une seule personne, que les instances nationales soient élues. Et aussi que l’on mette en place la “civic-tech”, des outils de collaboration entre comités locaux, des plates-formes pour inventer un nouveau type de démocratie. » À la réception du projet de statuts, c’est le désenchantement. « La défiance envers les adhérents était à tous les étages, explique le “marcheur”. Ils voulaient supprimer les baronnies des partis traditionnels ? Ils les remplacent par une aristocratie de droit divin ! Les adhérents ne sont pas un tiers état, nous sommes un “quart état” ! »

 

 « Plafond de verre »

Comment quelqu’un qui, il y a quelques mois, se lançait à corps perdu dans l’aventure En Marche!, en est-il arrivé à une telle amertume ? « J’ai adhéré parce que je trouvais qu’Emmanuel Macron était séduisant. Ancien des radios libres, j’aime expérimenter. Mais lorsque je proposais des choses, mon référent territorial agissait souvent en verrou. Il ne nous rapportait pas beaucoup d'informations de ce qui se passait au “QG”. Il y avait comme un plafond de verre qui nous empêchait de prendre part à ce qui se passait dans les hautes sphères du mouvement. Nous, nous avions juste le droit de parler de militantisme, de faire les petites mains. Mais la politique était ailleurs. C’était très frustrant », témoigne Rémi Bouton. Dans un premier temps, le militant se tait, comprenant la nécessité d’une « opération commando » en vue des élections, et « pour ne pas faire de mal au mouvement ». « Mais sur les statuts, rien ne nécessitait un tel empressement », juge-t-il. 

La parole de Rémi Bouton et de ses camarades se heurte pour l'instant à un mur d'hostilité, du moins de la part des militants présents à la convention du 8 juillet que nous avons recontactés. Lorsqu'elle a vu les dissidents à la télévision, Rozenn, du comité d'Issoire, a tout de suite envoyé un message à son référent départemental pour lui demander ce que c'était que ce « bazar » : « Les législatives ont eu lieu il y a seulement deux mois ! Il faut laisser le temps au temps au lieu d'alerter tout le monde au moindre problème ! Mais bon, les gens veulent faire parler d'eux. » L'absence d'élections internes ne la dérange pas plus que cela : « Dans les autres partis, on élit des gens et pourtant, certains restent plus puissants que d'autres. » Son camarade Jacques-François, coréférent territorial en Côte-d'Or, relativise : « Trente personnes, c'est minime au vu du nombre d'adhérents. Il y a toujours des mécontents, des personnes aigries de n'avoir pas eu de poste. » Lui aussi défend le fonctionnement vertical du parti : « Pour l'instant, nous sommes dans une phase de création, nous avons besoin de gens compétents. Ils sont nommés seulement pour trois ans, au-delà, ça bougera. »

 

Une direction recrutée sur C.V. 

Du côté d’En Marche!, on assume sans complexe que le parti ne soit pas démocratique. « Nous ne voulons pas de strates, de corps intermédiaires qui captent la voix des adhérents. Nous ne voulons pas non plus des élections que proposent ceux qui s’opposent aux statuts, car la désignation nous permet de sélectionner des profils, des compétences, et de maintenir la parité. Revenons au principe de réalité : les élections au niveau local, c’est cela qui enkyste les partis », explique Anne Descamps. Comme dans une entreprise, c’est donc sur C.V. que les « référents territoriaux » sont recrutés par le bureau exécutif.

Anne Descamps préfère concentrer son discours sur l’innovation que constitue le tirage au sort d’un quart du parlement du parti : « Je préfère la démocratie directe à la démocratie indirecte. Nous sommes le seul parti qui permette aux adhérents de siéger de manière fixe dans les instances qui ont le pouvoir de désigner la direction exécutive du parti. Alors que d’habitude, les adhérents n’ont aucun rôle dans ces instances. » Sauf, peut-être, celui de les élire et de les réélire, ou pas.

 

 

Régler les problèmes par la hiérarchie

Un système qui « fonctionne si chacun joue son rôle », explique Anne Descamps. Elle le concède, le staff d’En Marche! a identifié « des verrous », « des relations interpersonnelles compliquées » : des conflits. « La réponse à ces verrouillages, ce ne sont pas des élections, c’est plus de fluidité. » Comprendre : en cas de crise ouverte, la direction nationale nommera un nouveau référent à la place du premier.

La porte-parole souligne aussi que les process mis en place par En Marche! ont permis de « solutionner » une partie de ces problèmes. « Avant le vote en lui-même, nous avons lancé une consultation sur des projets de statuts. Nous avons récolté 2 500 retours et pris en compte certaines demandes. Les référents territoriaux pourront être évalués de manière formalisée, ils pourront être soumis à un vote de confirmation sur proposition du bureau exécutif, et les comités locaux auront la possibilité de proposer un candidat », explique la cadre d’En Marche!

 

Des baronnies par le haut

« Les statuts d’En Marche! laissent aux comités locaux une grande autonomie, contrairement aux sections des partis. On remarque une absence de leader, qui marque le refus de la personnalisation. Mais surtout, surtout, il y a une absence totale de contrôle des adhérents sur les dirigeants », analyse Frédéric Sawicki, professeur de sciences politiques à Paris I.

Selon le politologue, l’absence d’intermédiaires est un leurre. « Les intermédiaires existent, mais ils sont désignés par le haut. Ce sont les référents territoriaux, sortes de préfets du parti. » Pour lui, mettre la formation de baronnies sur le compte des statuts, quels qu’ils soient, est une erreur. « Ce ne sont pas les statuts des anciens partis qui ont créé les baronnies, ce ne sont pas eux qui peuvent les empêcher dans les nouveaux partis. Il sera d’autant plus facile pour un maire de faire main basse sur le parti grâce à sa puissance – comme ce qui se passe actuellement à Montpellier – qu’il n’y a pas d’élections internes, pas d’élus qui peuvent rendre compte. Si vous ne précisez pas les droits des adhérents, qui va définir les règles ? Les plus puissants. »

 

« Néogaullisme »

Autre problème soulevé par Frédéric Sawicki, celui de la gratuité de l’adhésion. « Il n’est précisé aucune périodicité pour renouveler son adhésion. N’importe quel élu peut faire adhérer des dizaines de gens en un simple clic pour faire voter des choses, sans aucun contrôle. Si on ajoute la question de la possibilité de double appartenance, En Marche! peut être capté par n’importe quelle autre force politique. Il faut lier ces deux questions avec l’absence de pouvoirs des adhérents », décrypte le chercheur. L’impuissance des comités locaux expliquerait donc leur totale liberté. Cette liberté elle-même expliquerait pourquoi pas un centime des millions d’euros de subventions touchées par le parti après les élections ne sera reversé à ces comités sans passer par un appel à projet… piloté par le national.

« Nous sommes donc dans un système très centralisé, néogaulliste, quasi militaire, fait pour défendre une personne », juge Frédéric Sawicki, qui fait même un parallèle avec « le PC [le Parti communiste] de la grande époque, où les permanents étaient payés pour s’assurer que les militants restaient dans la ligne ». « Les chefs d’entreprise peuvent s’insérer dans ce système, sur le mode “tout le monde derrière le CA [conseil d'administration] !”. Mais pour les ex du parti socialiste, même ceux du Nouveau Centre, ou encore les gens issus du monde associatif, ça va être plus difficile. Cela sera-t-il compatible avec le rapport actuel, critique, aux institutions ? » s’interroge le politologue. À court terme, il doute surtout que le parti puisse se lancer dans les élections municipales sans faire vivre, y compris financièrement, les comités locaux.

 

Lanceurs d’alerte

Cette rigueur formelle a déjà suscité l’explosion publique de trente “marcheurs”. Leurs vaines tentatives de rencontrer les membres du QG, puis Jean-Paul Delevoye, et même Emmanuel Macron lui-même, les poussent à porter leur différend devant la justice, et à le médiatiser. Une seule possibilité pour que les statuts ultra-centralisateurs d’En Marche! ne soient pas adoptés : que la justice l’empêche. Résultats le 1er août. « Si on ne gagne pas, on aura lancé une alerte », estime Rémi Bouton.

 

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6 août 2017 7 06 /08 /août /2017 08:07

 

L'ONG Global Footprint Network a établi au 2 août le jour où l'humanité aura épuisé les réserves naturelles planétaires pour l'année. C'est une situation que nous prenons très au sérieux. Certes chaque consommateur doit adopter des attitudes en conformité avec cet enjeu vital, toutefois l'efficacité commande de vite bâtir un nouveau mode de production beaucoup moins prédateur des ressources naturelles.

Il est urgent d'en finir avec un système qui se fixe comme priorité le seul appât du gain financier pour une minorité. C'est cette pollution financière qui empêche d'avancer vers le changement souhaitable.

Pour en finir avec la surconsommation, il faut d'abord en finir avec l'obsolescence programmée, vecteur de scandaleux profits, et tendre vers l'éco-conception durable pour chaque produit, ainsi développer les filières de recyclage et l'économie circulaire.

Nous proposons pour limiter la prédation des ressources naturelles d'en taxer le prélèvement. On compenserait ce nouvel impôt par l'octroi de crédits bancaires bonifiés à chaque fois que l'entreprise investit dans des process industriels « propres », qu'elle forme ses salarié-e-s et les rémunère à un bon niveau. Augmenter le pouvoir d'achat de chaque salarié-e, c'est permettre à chaque consommateur l’accès à des produits de meilleure qualité.

Pour cela, il est incontournable de décider un autre partage des richesses produites, de lutter contre l'évasion fiscale afin de développer considérablement la recherche, les services publics, et orienter l'argent vers les biens communs, moteurs d'un véritable développement humain durable.

Parti communiste français,
Paris, le 2 août 2017

 

 

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5 août 2017 6 05 /08 /août /2017 07:00

Les députés Insoumis, communistes et socialistes, associés à deux non inscrits, vont déposer cette semaine un recours au Conseil constitutionnel sur le projet de loi habilitant le gouvernement à réformer par ordonnances le Code du travail, ont-ils annoncé jeudi dans un communiqué commun.

Le recours annoncé par les députés insoumis, communistes et socialistes auprès du Conseil constitutionnel pour tenter d'empêcher une nouvelle casse du Code du travail porte "principalement sur l'imprécision du mandat confié au gouvernement par les ordonnances, et sur le droit à la réparation intégrale du préjudice en cas de licenciement abusif", précisent les présidents Olivier Faure (Nouvelle Gauche), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et André Chassaigne (communistes). Deux des trois députés nationalistes corses y sont associés, selon un élu LFI.

Et il pourrait y avoir d'autres actions communes du même genre

Notant que "cette initiative commune est la seule qui permette à nos groupes d'opposition de saisir le Conseil constitutionnel pour s'assurer de la conformité des projets de loi votés par la majorité", car il faut au moins 60 députés pour une saisine, ils se disent prêts à la réitérer "chaque fois" qu'ils le jugeront nécessaire.

A leurs yeux, le projet de loi porté par la ministre du Travail Muriel Pénicaud contrevient à plusieurs principes et libertés constitutionnels.

Sur la forme, "la procédure d'adoption de cette loi a été marquée par des délais et conditions matérielles ayant empêché le Parlement d'exercer son rôle constitutionnel, et méconnaît notamment l'exigence de clarté et de sincérité du débat parlementaire", plaident notamment les trois présidents de groupe. Sur le fond, ils estiment que cette loi "méconnaît l'exigence de précision des finalités de l'habilitation qui découle de l'article 38 de la Constitution".

"En entretenant le vague sur les mesures à venir, la loi (...) laisse toute latitude au gouvernement pour modifier à sa guise le code du travail, sans garantie du respect des droits fondamentaux des salariés", déplorent Olivier Faure, Jean-Luc Mélenchon et André Chassaigne.

un "fait majeur"

Et "ce recours, qui est un fait majeur, est une manière de dire qu'on n'est pas dupes d'une session extraordinaire qui a servi à une loi de destruction massive du Code du travail, une loi ordinaire qui porte bien son nom sur la confiance (...) et qui fragilise le Parlement, une politique d'austérité sans équivalent", a déclaré Eric Coquerel lors d'une conférence de presse des seuls Insoumis.

(Avec AFP)

 

Communiqué de Pierre Dharréville, député PCF des Bouches-du-Rhône

 

" Dès le début de l'examen du  projet de loi d’habilitation visant à réformer par ordonnances le code du travail, le groupe GDR a envisagé la possibilité de saisir le Conseil constitutionnel. Nous avons très rapidement pris des contacts en vue de faciliter cette saisine qui nécessitait la signature de 60 députés. Les deux autres groupes de gauche de l’Assemblée ayant chacun conçu le même projet de leur côté, nous nous sommes retrouvés pour faire échec à ce texte malgré son adoption le mercredi 2 août par le Parlement.

Nous nous félicitons qu'une telle convergence ait pu se concrétiser face à un projet d'une gravité extrême pour le monde du travail, portant atteinte aux fondements de notre pacte républicain. L’état d’esprit qui a animé cette démarche sera celui des députés communistes tout au long de cette législature. Nous voulons travailler à la construction d’une gauche combative face au libéralisme et ses déclinaisons modernes, et rechercher des convergences avec d'autres dans le respect des sensibilités et de l’histoire de chacun.

Nous escomptons l’aboutissement de ce recours afin de faire reculer la majorité et d’alimenter les mobilisations à venir."

 

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5 août 2017 6 05 /08 /août /2017 05:50

LES GRANDS ENJEUX POUR NOTRE PLANÈTE, PAR GÉRARD LE PUILL

 

Macron, adepte de la « destruction créatrice », omet que nous entrons dans un monde de rareté...

Le seul but de la Cop21, l'obtention d'un accord et d'une ratification, quel qu'en soit le prix. Relever l'ambition des négociations, peu importe... 

Dans son discours d'investiture prononcé le 14 mai à l'Élysée, Emmanuel Macron a rendu hommage à de Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande, qui l'ont précédé à la présidence de la Ve République. Après tout, pourquoi pas ? Toutefois, glorifier François Hollande du succès de la COP21 est plutôt grotesque. Depuis qu'il fait de la politique, Hollande ignore les enjeux climatiques. En témoignent son parcours de parlementaire comme celui de premier secrétaire du PS. Le sujet ne l'a pas davantage passionné durant la préparation de la COP21, qui s'est tenue au Bourget en décembre 2015. Seule l'intéressait la conclusion d'un accord, quel qu'en soit le contenu, histoire d'obtenir un succès diplomatique à dix-huit mois de la fin de son mandat. Il y voyait un atout pour en solliciter un second auprès des électeurs. Dans le livre publié par les deux journalistes du « Monde » qui ont eu des années d'entretiens avec lui, François Hollande confie : « Je me suis intéressé à ce sujet tardivement, quand on a eu la COP21 (...), je pensais que l'écologie était un sujet mais il n'y avait pas de traduction électorale » (1).

Ces propos ont le mérite de la franchise. Emmanuel Macron n'est pas plus écologiste que François Hollande (lire la chronique de l'« HD » n° 562). Sa vision de l'économie est fondée sur ce que certains appellent la « disruption permanente ». C'est l'accélération de la théorie de la « destruction créatrice », conceptualisée dans la première moitié du XXe siècle par l'économiste autrichien Joseph Schumpeter, lequel observait ­ d'un oeil parfois plus critique qu'enthousiaste ­ l'usage fait des progrès technologiques pour rendre obsolètes des biens et des outils de production afin de les remplacer par d'autres plus performants.

RELIRE SCHUMPETER

Comme les économistes libéraux, Macron fait du Schumpeter puissance dix en ce début de XXIe siècle marqué par le réchauffement climatique. Sans voir que nous entrons dans un monde de rareté qui nous invite à économiser toutes les matières premières fossiles avec le double impératif d'en laisser aux générations futures et de freiner le réchauffement.

Ceux qui citent sans cesse Joseph Schumpeter n'ont pas bien lu leur idole. Car il écrivait aussi, dans son dernier livre (2), peu avant de mourir en 1950 : « Il y a beaucoup de chance, semble-t-il, pour que la concurrence "bienfaisante" du type classique fasse place à une concurrence destructrice, à "une guerre au couteau", ou, simplement, à des luttes pour des prises de contrôle menées sur le terrain financier. Or de telles manœuvres constituent autant de sources de gaspillage social. » Nous sommes dans cette « guerre au couteau » depuis plusieurs décennies. Mais, vu les intérêts qu'ils défendent, Macron et ses semblables ne veulent pas le voir.

glepuill@humanite.fr

(1) « Un président ne devrait pas dire ça ». Stock.

(2) Citation extraite du dernier livre de Gérard Le Puill : « Devant l'urgence climatique, bousculons les politiques », Éditions du Croquant.

 

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5 août 2017 6 05 /08 /août /2017 05:41

Le FMI a tressé des louanges à la politique du gouvernement français le 17 juillet dernier, à la grande satisfaction des deux locataires de Bercy. Mais ces conclusions s'opposent complètement avec les analyses passées de l'institution. 

Le 17 juillet dernier, le Fonds monétaire international (FMI) publiait les conclusions de la « mission de consultation » annuelle que l’institution mène au titre de l’article IV de ses statuts sur la France. Ces conclusions sont souvent assez convenues et suscitent assez peu l’intérêt. Mais celles-ci vont attirer l’œil. Le FMI réalise en effet en deux pages un éloge appuyé du programme – plus que des mesures réellement annoncées – d’Emmanuel Macron.

Selon le Fonds, « l’ambitieux programme de réformes du gouvernement pourrait fortement contribuer à résoudre les défis économiques auxquels la France se heurte de longue date ». Le reste est à l’avenant : éloge de la « priorité accordée à la réduction des dépenses publiques », à la « stratégie de réforme du marché du travail » qui est « vaste et ambitieuse » et aux « réformes projetées dans les domaines de la fiscalité des entreprises, des revenus du capital et du travail » qui devraient « stimuler l’investissement et l’emploi ». N’en jetez plus ! Tout se passe effectivement comme si la politique économique du gouvernement d’Édouard Philippe avait réalisé le rêve des équipes de l’institution de Washington.

Du reste, les deux locataires de Bercy, Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, et Gérald Darmanin, se sont fendus le jour même d’un communiqué pour « saluer » les conclusions du Fonds et se féliciter de cette « appréciation du FMI » qui « conforte la stratégie du gouvernement pour accroître notre compétitivité : engager des réformes structurelles et réduire la dépense publique tout en allégeant la fiscalité pour les Français ». Et de fait, pour qui s’en tient à n’observer que l’éloge d’une institution internationale sans s’intéresser à son bilan désastreux en termes de politique économique, ce soutien peut avoir un certain poids dans la stratégie de communication du gouvernement. Ce dernier aime en effet à se présenter comme porteur d’une stratégie « réaliste » et « rationnelle » dans la droite ligne de cette doctrine énoncée par Emmanuel Macron à Versailles le 3 juillet : « faire face au réel ».

 

Communiqué de presse de Bercy sur les conclusions du FMI.

 

N’empêche que ce beau tableau ne résiste guère à l’analyse. Pour plusieurs raisons. D’abord, ces conclusions apparaissent plus politiques qu’économiques du fait de la chronologie de sa publication. De 2013 à 2015, les conclusions de la consultation au titre de l’article IV sur la France ont été publiées en mai et juin. Sans doute, en 2017, compte tenu des élections présidentielles puis législatives, une telle publication était-elle délicate. Mais dans ce cas, le FMI devait-il les publier dès juillet, c’est-à-dire sur la seule foi des intentions du gouvernement et non de ses réalisations ? En 2012, lors de la précédente alternance politique, le FMI avait, en tout cas, pris davantage de temps. Ses conclusions avaient été finalisées fin octobre, prenant en compte les premières décisions du nouveau gouvernement. Du reste, ces conclusions apparaissent beaucoup plus mesurées que celles publiées en 2017 avec une évaluation des premières mesures prises et des recommandations pour l’avenir. On est loin de celles du 17 juillet où l’on a principalement une opinion du FMI sur un programme dont on ignore encore la réalité de la mise en œuvre.

Or la hâte du FMI pour encenser la politique envisagée par le gouvernement français pose problème. En effet, depuis le début du mois de juillet, cette politique a pris un tournant nouveau qui met en doute le caractère équilibré du programme Macron : priorité a été donnée à la réduction des dépenses publiques et des impôts. Une coupe pour 2018 de 20 milliards d’euros, soit 1 point de PIB, a été annoncée, notamment pour financer des baisses d’impôts massives sur les plus fortunés. Cette politique est très différente de celle promise puisque désormais la partie investissement et soutien à la demande est essentiellement mise en doute par cette priorité. Le FMI ignore cependant entièrement ce fait, tout en donnant une importance notable au plan d’investissement de 50 milliards d’euros sur le quinquennat dont on ignore ce qu’il sera et quel sera son financement. Bref, comme en 2012, le FMI eût sans doute été plus prudent et plus avisé d’attendre les premières mesures pour émettre ses conclusions. Ici, tout se passe comme si le FMI se contentait d’une évaluation d’un programme électoral, ce qui n’est pas tout à fait son rôle au titre de l’article IV de ses statuts.

 

 

Mais l’essentiel n’est sans doute pas ici. Il est bien dans le contenu de ces conclusions qui, en réalité, sont en désaccord complet avec l’évolution intellectuelle du Fonds. Depuis 2012, le FMI a en effet engagé une réflexion sur ses priorités à la suite des très lourdes erreurs commises lors de la crise européenne et particulièrement lors de la crise grecque. En janvier 2013, l’économiste en chef du FMI d’alors, Olivier Blanchard, avait publié un article avec un autre économiste du Fonds, Daniel Leigh, où ils reconnaissaient les erreurs de prévisions dues à la sous-estimation du « multiplicateur budgétaire », autrement dit de l’impact de la consolidation budgétaire sur la croissance. Cette erreur avait, à nouveau, été pointée du doigt en juillet 2016 lorsque le Bureau d’évaluation indépendant du FMI (IEO) a publié un rapport mettant au jour les principales erreurs commises lors de la crise européenne. L’IEO soulignait alors que « les programmes du FMI pour la Grèce et le Portugal ont inclus des projections de croissance largement trop optimistes ». Et d’ajouter que des « projections plus réalistes auraient rendu évidents les impacts sur la croissance et la dynamique de la dette de la consolidation budgétaire »

Cette réflexion a conduit les chercheurs du FMI à aller fort loin dans la remise en cause de ce qu’on a pu appeler dans les années 1980 le « consensus de Washington », qui défendait une politique mêlant libéralisation et consolidation budgétaire. En juin 2016, trois économistes du Fonds, Jonathan Ostry, Prakash Loungani et Davide Furceri ont publié un texte devenu célèbre et titré « Le néolibéralisme est-il survendu ? » (« Neoliberalism : Oversold ? ») où étaient remis en cause les grands principes de ces politiques. Certes, ce texte ne représente pas la pensée du FMI en tant qu’institution, mais il s’agissait d’un message appelant à une vraie prise de conscience des limites des recettes utilisées depuis des années par le Fonds.

Comment le FMI oublie ses propres études

Tous ces travaux, toutes ces études semblent, dans le cas de l’analyse sur la France, être jetés par pertes et profits. La question du multiplicateur de la politique française n’est ainsi absolument pas abordée. Dans ses conclusions, le Fonds défend la « théorie du choc » en indiquant qu’« un effort majeur de réductions des dépenses est nécessaire dès le début ». Tout cela pour permettre à la dette de « repartir sur une trajectoire descendante » et de disposer de « marges de manœuvre budgétaire » en cas de crise à venir.

Quel sera l’impact sur la croissance de cet effort ? Aucun, si l’on en croit le FMI qui se contente d’indiquer que la croissance française « devrait pouvoir se hisser à 1,5 % cette année et accélérer l’an prochain ». L’impact pourrait donc être même favorable puisque, parallèlement, le FMI adopte l’idée d’une consolidation budgétaire d’un point de PIB en 2018. Il reconnaît que cet effort est « exceptionnel d’un point de vue historique » et il réclame ouvertement la baisse du nombre de fonctionnaires, la réduction des dépenses des administrations locales, la réduction des dépenses sur le logement et la santé, ainsi qu’une réforme des retraites. Et tout cela permettra à la croissance d’accélérer. Le FMI adoube à nouveau l’idée de « l’austérité expansive », autrement dit celle que la contraction de la demande de l’État soutient la demande globale.

 

 

Or, que disait l’étude de remise en cause du libéralisme publiée par le FMI en juin 2016 ? « Le bénéfice de la réduction de la dette en terme d’assurance contre une future crise budgétaire se révèle extrêmement faible même à des niveaux élevés de dette relativement au PIB. » Voilà l’argument principal du gouvernement français et de ses soutiens au FMI effacé. Et, du reste, ajoute la même note, « même si le bénéfice de cette baisse de la dette est faible, elle pourrait en valoir la peine si le coût est suffisamment faible ». Or, ajoute ce même texte, « le coût pourrait être élevé, beaucoup plus élevé que le bénéfice ». Et de conclure : « Le coût de la hausse des impôts ou des coupes dans les dépenses nécessaire pour réduire la dette peut être plus élevé que la réduction du risque de crise écartée par la réduction de l’endettement. » Voilà tout le discours du FMI et du gouvernement français détruit par des chercheurs… du FMI !

Mais il y a pire. Le texte de 2016 réglait son compte à l’austérité expansive : « Les politiques d’austérité (…) réduisent la demande et ainsi dégradent l’emploi. » Et d’ajouter : « En pratique, les épisodes de consolidation budgétaire ont été suivis, en moyenne, par des baisses plutôt que par des expansions de la production. » Les trois économistes évaluaient qu’en moyenne, un point de PIB de consolidation budgétaire conduit à une augmentation à long terme du chômage de 0,6 point. « Dans les exemples de consolidation budgétaire, les coûts à court terme de la baisse de la production et des transferts sociaux ainsi que du chômage le plus élevé ont été sous-estimés », ajoutaient les chercheurs. Cela est plutôt cohérent avec l’état de la recherche actuelle sur les effets négatifs durables de l’austérité budgétaire qui, notamment, ont été mis en lumière par Antonio Fatás et Lawrence Summers dans une étude qui, précisément, utilisaient les corrections de 2013 apportées par Blanchard et Leigh.

Autrement dit, la recherche économique actuelle pose un vrai problème à la politique économique menée par le gouvernement français. Il n’est pas possible de valider aveuglément l’idée que la baisse du déficit sera bénéfique à l’économie hexagonale sans prendre en compte ces objections et en se contentant des habituels discours moraux sur la dette « laissée à nos enfants » et l’effet bénéfique et magique de la neutralité ricardienne (qui estime que la baisse attendue des impôts induite par la consolidation budgétaire favorise la demande)… Il est donc assez étonnant de voir les conclusions du FMI refuser de soulever la question de l’impact de cette consolidation et nier ouvertement tout effet multiplicateur sur la croissance de l’austérité française, sans explications. L’argument (non évoqué par le FMI dans ses conclusions…) d’un meilleur environnement mondial ne saurait tenir. Rappelons qu’en 2010, avant que l’Europe ne se lance dans sa spirale austéritaire, la croissance mondiale paraissait plus solide qu’aujourd’hui…

Par ailleurs, la politique envisagée par le gouvernement français est profondément inégalitaire par deux leviers. D’abord, la réforme du marché du travail qui vise à imposer la modération salariale et, donc, à transférer de la richesse du travail vers le capital. Les conclusions de la revue du FMI sont sans appel sur ce point puisqu’elles réclament que cette réforme « aille de pair avec le maintien de la modération salariale ». D’ailleurs, tous les pays qui ont flexibilisé l’emploi ont vu leurs inégalités se dégrader, comme le soulignait une étude de l’OCDE d’octobre 2016, qui remarquait que, pour la première fois, et par la grâce conjuguée de l’austérité et des réformes, les inégalités continuaient à se creuser en dépit de la reprise de l’économie.

 

Effet redistribution sur les classes de revenus des mesures fiscales du gouvernement. © OFCE

 

 

Le deuxième pilier de ce renforcement des inégalités est la politique fiscale du gouvernement. L’OFCE a bien montré, dans une modélisation récente, le caractère profondément inégalitaire des mesures fiscales envisagées et notamment de la transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière (IFI) et de la mise en place d’un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 % sur les revenus du capital. Là encore, il s’agit d’un transfert de richesse vers le capital et vers les 1 % les plus riches. Une telle politique ne peut se justifier que par la fameuse théorie du « ruissellement », selon laquelle lorsque les plus riches s’enrichissent encore, ils en font bénéficier le reste de l’économie. Dans ses conclusions du 17 juillet, le FMI adoube cette logique en affirmant que la réforme de la fiscalité des entreprises et des revenus du capital « devrait stimuler l’investissement et l’emploi ».

Le problème, c’est qu’aucune étude sérieuse ne valide cette théorie. Les études ont plutôt tendance à montrer qu’il faut, pour pouvoir bénéficier pleinement des baisses d’impôts, cibler les ménages peu riches ou endettés. L’évasion fiscale, l’attractivité des marchés financiers et la liberté de circulation des capitaux conduiraient même à penser que de tels cadeaux fiscaux aux plus riches coûtent au bout du compte très cher : le bénéfice en termes de consommation et d’investissement est limité et le coût budgétaire est lourd et pèse principalement sur les plus fragiles. Du reste, une note de discussion des équipes du FMI de juin 2015 titrée « Causes and Consequences of Income Inequality » (« Causes et conséquences des inégalités de revenus »), considérait comme nulle et non avenue la théorie du ruissellement. « Si la part des revenus des 20 % les plus riches augmente, alors la croissance du PIB décline à moyen terme », en déduisaient les économistes du FMI. Cette conclusion conduirait alors à penser que la politique du gouvernement français est dangereuse. L’optimisme du FMI dans ses conclusions sur la France semble donc peu crédible au vu même des travaux du FMI et demanderait, du moins, quelques explications.

 

Évolutions des coefficients de Gini dans l'OCDE de 2007 à 2014 © OCDE

 

 

Ces louanges du FMI au gouvernement français sont d’autant plus incompréhensibles que le Fonds, à l’image de la Banque mondiale et de l’OCDE, insiste de plus en plus sur le problème que posent les inégalités croissantes pour l’économie. « Il existe désormais de fortes preuves que les inégalités peuvent significativement abaisser et le niveau et la soutenabilité de la croissance », affirmaient en juin 2016 les trois économistes du FMI qui remettaient en cause le néolibéralisme. C’est aussi le fruit des travaux de nombreux économistes. Et les études citées du FMI de juin 2015 et juin 2016 soulignent l’importance de la politique fiscale dans la réduction des inégalités. Exactement l’inverse des politiques envisagées par la France. Or, rappelons-le, contrairement au discours libéral ambiant, la France n’est pas « championne de l’égalité ». L’étude citée de l’OCDE montre que son niveau d’inégalité demeure plus important que celui du Benelux et de l’Europe nordique et germanique, même si, précisément en raison des transferts sociaux, le niveau d’inégalité s’est moins dégradé qu’ailleurs pendant la crise. Elle n’a donc pas besoin de « davantage d’inégalité », mais sans doute de moins encore d’inégalités, ce que le FMI nie absolument dans ses conclusions.

In fine, ces conclusions du FMI sont fort étranges. Prématurées et univoques, elles nient la plupart des éléments de la recherche du Fonds. Tout se passe comme si, concernant la France, le « consensus de Washington », qui bat en retraite partout ailleurs, était toujours valable. En cela, elles ressemblent davantage à un soutien politique aux dirigeants français qu’à une analyse approfondie de la situation. La présence de Christine Lagarde, ancienne ministre de l’économie et des finances de la France, à la tête du FMI, pourrait-elle expliquer cette position ? En tout cas, ces conclusions posent clairement à nouveau un des problèmes pointé du doigt par le réquisitoire de l’IEO : celui de l’indépendance du FMI vis-à-vis des politiques nationaux et, notamment des politiques de la zone euro. Sous peine de voir de nouveau des risques économiques apparaître. Décidément, les leçons sont difficiles à retenir dans l’immeuble de la 19e rue de Washington…

 

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4 août 2017 5 04 /08 /août /2017 05:37

 

Voilà connus les choix gouvernementaux en matière de gestion des finances publiques pour les cinq années qui viennent. Le plan prévoit une réduction globale des impôts de 14 milliards dès l'année prochaine. Au-delà d'un discours quelque peu embrouillé, le gouvernement a fait miroiter aux ménages un quasi-effacement de la taxe d'habitation et, aux salariés, une baisse substantielle des cotisations sociales. De quoi lever les réticences d'une grande partie de la population ? Tromperie, car le programme poursuit un objectif qui n'a pas grand chose à voir avec la justice fiscale et sociale. Examinons de plus près la stratégie proposée.

Le but d' Emmanuel Macron est d'éliminer ce que ce dernier nomme « les blocages et les rigidités qui freinent l'économie ». Ainsi, la réduction de l'impôt sur la fortune (l'ISF) et sa transformation en impôt sur l'immobilier (l'IFI) ont pour but de décourager les placements dans la pierre, ce qui est considéré comme un comportement de « rentier » et, à l'opposé, d'encourager le financement des entreprises et la prise de risques par les investisseurs. L'objectif est aussi d'attirer des investissements étrangers. Emmanuel Macron mise sur un « choc » fiscal et social qui renforcera l'attractivité de la France et soutiendra la croissance, et donc l'emploi. Somme toute, une démarche assez voisine de celle que Nicolas Sarkozy proposait dans le débat de la primaire de la droite, l'année dernière.

Les commentaires ont beaucoup porté sur l'équilibre économique d'un tel programme. Comment concilier de telles baisses d'impôts avec l'engagement de réduire le déficit public à 2,7 % du PIB en 2018 et à 0,5 % en 2022 ne signifie-il pas un programme plus drastique de coupes budgétaires ? Certains experts avancent le chiffre de 80 milliards d'euros ! La contradiction est évidente. Le gouvernement parie en fait sur un chômage à 7 % à la fin du quinquennat. Mais cet objectif pâtira, entre autres, des mesures d'austérité visant à combattre les déficits publics. La décrue du taux de chômage sera ralentie, fragilisant toute la construction financière gouvernementale.

Mais ce programme de réductions d'impôts se caractérise par son injustice. Un chiffre choc ressort des évaluations réalisées par l'Institut français des conjonctures économiques, l'OFCE : « 46 % des gains liés aux baisses d'impôts iront vers les 10 % de ménages les plus riches. » L'analyse est solide. L'institut estime même que 280 000 ménages parmi les plus favorisés vont être les principaux bénéficiaires d'une cascade de mesures allant de la sortie des actions de l'assiette de l'ISF à un allègement de la fiscalité de l'épargne, dont les différents régimes seront remplacés par un prélèvement forfaitaire unique (PFU) très favorable d'environ 30 %. Le gain représentera jusqu'à 2 200 euros en moyenne par ménage.

46 % DES GAINS LIÉS AUX BAISSES D'IMPÔTS IRONT AUX 10 % DE MÉNAGES LES PLUS RICHES. 280 000 SERONT LES PREMIERS BÉNÉFICIAIRES.

Par contre, les allègements d'impôts, notamment la quasi-suppression de la taxe d'habitation, seront, pour les autres catégories de ménages, contrebalancés par des mesures défavorables comme la taxe sur le tabac et l'alignement de la fiscalité du diesel... le prélèvement supplémentaire variant entre 450 et 700 euros par ménage et par an.

L'affichage de réductions d'impôts est censé créer, selon l'expression du premier ministre lui-même devant le Parlement, « un effet de souffle ». Soyons sûrs que la masse des ménages ne mettra pas longtemps à percevoir l'injustice des choix fiscaux gouvernementaux et à le faire savoir

(*) Économiste et syndicaliste.

 

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