Bombe atomique. Trump et Kim Jong-un écartent l’ONU
GAËL DE SANTIS
JEUDI, 10 AOÛT, 2017
L'HUMANITÉ
Sur l’écran, un expert de la télé sud-coréenne montre la distance entre la Corée du Nord et l’île américaine de Guam.
Alors que les Nations unies ont adopté une série de sanctions contre Pyongyang, les dirigeants des deux pays, par leurs déclarations, s’enferment dans un dangereux face-à-face.
Les mots sont lourds de sens dans la bouche de Donald Trump qui, le 7 avril dernier, a fait tirer 59 missiles sur l’armée syrienne et, le 15 avril, fait larguer sur l’Afghanistan la bombe la plus puissante jamais utilisée depuis l’attaque de Nagasaki en 1945. Mardi, le président des États-Unis a déclaré que Kim Jong-un, qui souhaite que la Corée du Nord acquière l’arme atomique, « a proféré des menaces bien trop graves. Il leur sera répondu par le feu, la colère et, franchement, avec une puissance telle que le monde n’en a jamais vu ». Dans la foulée, l’agence de presse du régime nord-coréen KCNA a informé que Pyongyang envisage d’envoyer une fusée balistique « sur les zones situées autour de Guam ». L’armée des États-Unis dispose de bases militaires dans cette colonie américaine du Pacifique, peuplée de 160 000 habitants et distante de 3 300 kilomètres de la péninsule coréenne. À rebours de son ministre des Affaires étrangères, Rex Tillerson, qui s’est voulu apaisant, jugeant que la situation n’avait pas « évolué de manière dramatique », Donald Trump a choisi hier de jeter à nouveau de l’huile sur le feu, fanfaronnant : « Mon premier ordre en tant que président a été de rénover et moderniser l’arsenal nucléaire. Il est maintenant plus fort et plus puissant que jamais. »
Cette montée des tensions intervient après que le Washington Post a, lundi, cité dans un article un rapport de la communauté du renseignement des États-Unis en date du 28 juillet, qui « estime que la Corée du Nord a produit des armes nucléaires qui peuvent être embarquées sur des missiles balistiques » et révèle qu’un rapport japonais juge que Pyongyang est désormais entré dans la « phase finale de son programme nucléaire ». Les spéculations vont bon train sur le fait que la Corée du Nord soit parvenue à développer une bombe atomique miniature. De nombreux experts atomiques estimaient pourtant, hier, que Pyongyang était encore loin d’avoir franchi ce cap technologique.
Sur le plan diplomatique, les vociférations de Trump sont désastreuses
Aux États-Unis, les déclarations de Donald Trump ont fait tout sauf l’unanimité. Ainsi, le représentant démocrate Eliot Engel a déclaré que « la sécurité de l’Amérique est basée non seulement sur la force de notre armée, mais aussi sur la crédibilité de notre commandant en chef ». John McCain, sénateur et figure importante du camp républicain, estime, lui, que des menaces telles que les a prononcées Donald Trump ne doivent pas être proférées à la légère. « Il faut être sûr de pouvoir faire ce que vous avez dit que vous feriez », a-t-il dit.
Or, quelle pourrait être une réaction de la part des États-Unis ? Un bombardement des installations nucléaires nord-coréennes est hasardeux, selon les experts militaires. Même si le système de défense antiaérien est obsolète, il n’est pas sûr que certaines installations nord-coréennes passent entre les mailles du filet, faute d’être identifiées par les services de renseignements.
Sur le plan diplomatique, les vociférations de Trump sont désastreuses. Elles dessaisissent l’Organisation des Nations unies (ONU), qui avait pris en charge le dossier. Samedi, de nouvelles sanctions ont été approuvées contre la Corée du Nord à l’unanimité du Conseil de sécurité. Même Pékin, allié de Pyongyang, a voté, et Wang Ming, ministre des Affaires étrangères, a assuré que « la Chine va assurément appliquer la nouvelle résolution à 100 % ». Il faut dire que les récentes activités de la Corée du Nord inquiètent. Après avoir procédé à six explosions nucléaires l’an dernier, Pyongyang a testé à deux reprises, courant juillet, des missiles intercontinentaux. Si Pyongyang clame être en capacité d’atteindre l’ouest des États-Unis, la fiabilité des engins est encore contestée.
Donald Trump s’enferme dans un tête-à-tête mortifère qui n’est pas sans plaire à Kim Jong-un, qui réclame de pouvoir parler d’égal à égal avec Washington et a, jusqu’ici, refusé le cadre de discussion « à six » proposé par Pékin (Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Japon, Russie, États-Unis). « La partie chinoise appelle toutes les parties à continuer sur la voie d’une résolution pacifique de la question nucléaire dans la péninsule coréenne, et à éviter les paroles et actions susceptibles d’intensifier les contradictions et d’aggraver la situation », a déclaré, hier, le ministère des Affaires étrangères dans une déclaration. Ce n’est pas le chemin qui est pris. À plusieurs reprises, ces derniers mois, Pékin s’est offert comme médiateur, invitant Washington à éloigner du Sud-Est asiatique sa marine, omniprésente au prétexte d’épauler son allié japonais, à stopper le déploiement du bouclier antimissiles Thaad.
La Corée du Sud se trouve, elle aussi, écartée des discussions. Pourtant, son nouveau président, Moon Jae-in, exige que, désormais, Séoul siège à la table des négociations, alors que les conservateurs précédemment avaient jusqu’alors choisi de laisser les mains libres aux États-Unis sur ce dossier.
Sébastien Jumel, un des deux porte-paroles du groupe de députés communistes avec Pierre Darhéville, groupe présidé par André Chassaigne et se composant de 12 députés communistes + 4 députés de gauche d'outre-Mer
Le Journal du Dimanche a publié un classement des groupes de députés en fonction de la durée totale de leurs interventions dans l'hémicycle de l Assemblée Nationale.
C'est legroupe des 16 députés communistes qui arrive en tête avec 4h41 d'interventions cumulées, devant les députés de la France Insoumise avec 4h40. Signalons que l 'armée mexicaine des 351 députés En Marche ne totalise que 2 heures: la rançon du régime ultra-présidentialiste et du manque d'indépendance et d'expérience de ces députés.
Et pourtant les médias dominants ne consacrent que très peu d' audience ou d' articles au groupe des députés communistes et à son opposition totale et farouche à la politique du gouvernement.
Ça s 'appelle une ligne politique en lieu et place d une ligne éditoriale.
En marche !. La casse sociale et démocratique comme si de rien n’était
LOLA RUSCIO ET AURÉLIEN SOUCHEYRE
VENDREDI, 4 AOÛT, 2017
L'HUMANITÉ
Laurent Pietraszewski (à gauche), lors d’un débat sur le projet de loi de moralisation de la vie polit ique, à l’Assemblée nationale, le 28 juillet dernier. Jacques Demarthon/AFP
Les députés de la majorité, totalement soumis à l’exécutif, se sont signalés en multipliant les bourdes et en déroulant le tapis rouge aux mesures antisociales, liberticides et antidémocratiques. Le tout en été et avec précipitation.
La première session parlementaire du quinquennat doit s’achever la semaine prochaine. En seulement quelques semaines, les députés de la République en marche se sont déjà distingués, en votant au pas de charge des mesures antisociales et liberticides, entre ordonnances pour la casse du Code du travail et prorogation de l’état d’urgence (la loi de « confiance dans l’action publique », elle, épargne la finance qui phagocyte l’État). Loin de renouveler ou de rafraîchir le rôle du parlementaire, les élus de la majorité ont souvent voté comme un seul homme, en se soumettant complètement au gouvernement, sans oublier toute une série de couacs, de bourdes et d’errements qui ont parfois rendu les débats chaotiques, voire ridicules. « Ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis en allant au-devant de la volonté d’Emmanuel Macron de bâillonner le Parlement », s’alarme le député PCF Stéphane Peu, qui dénonce aussi « la politique unilatérale, pour les plus riches », mise en place.
Tout est parti très vite en vrille. Mercredi 28 juin, la nouvelle Assemblée nationale vient à peine de se rassembler qu’un premier psychodrame frappe l’Hémicycle. La majorité au pouvoir, après des débats houleux, s’attribue tous les postes de vice-présidents de l’Assemblée nationale (cinq pour la République en marche – LREM –, un pour le Modem), alors que la coutume réserve des places à l’opposition. Les trois postes de questeurs, aussi, sont réservés à des soutiens de l’action gouvernementale (deux LREM et un « constructif »). L’opposition crie au déni de démocratie et l’Assemblée, déjà, convulse. Le pire est pourtant à venir.
« Je ne suis pas contre la justice sociale, ma grand-mère était couturière »
Les députés En marche !, dans la foulée, prolongent l’état d’urgence et promettent d’y mettre fin une fois qu’il sera inscrit dans la loi ordinaire… Présents en masse ce 6 juillet dans l’Hémicycle, seuls 150 parviennent à voter, à la plus grande surprise du président de l’Assemblée nationale, François de Rugy. « Vous n’avez pas eu le temps d’appuyer sur le bouton ? » interroge-t-il. En plein été, ce couac et cette mesure liberticide passent relativement inaperçus. Les nouveaux députés, plus jeunes, tout heureux du coup de balai qui les a portés, sont sur un nuage. « L’Assemblée est plus diverse : il y a plus de jeunes et de femmes et c’est tant mieux. Mais elle a perdu en diversité sociale. Les catégories les plus aisées sont plus présentes. Il n’y a jamais eu autant d’avocats, de chefs d’entreprise », mesure le député PCF Stéphane Peu. Et c’est cette troupe qui s’est attaquée, très vite, au premier grand chantier législatif du quinquennat : une nouvelle loi travail. « Un projet pire que le précédent, qui détruit le Code du travail aux dépens des salariés et au profit des actionnaires. Cela se fait par ordonnances, en signant un chèque en blanc à Macron. On assiste à une offensive antisociale et antidémocratique de grande ampleur », dénonce Pierre Dharréville (PCF).
Déterminés à imposer le débat, les députés communistes et insoumis, à force d’arguments, déstabilisent très vite une majorité monolithique qui n’a pas grand-chose à dire, et esquive la confrontation. « Je ne fais pas de commentaire sur la loi », « je préfère ne pas parler à la presse », lancent-ils régulièrement dans la salle des Quatre Colonnes. Dans l’Hémicycle, les arguments les plus improbables sortent du chapeau. Répondant à l’insoumis François Ruffin, la députée LREM Olivia Grégoire lance : « Je ne suis pas contre la justice sociale, ma grand-mère était couturière. » Une saillie qui est à la lutte des classes ce que l’argument « j’ai un ami noir » est au racisme. Les bourdes du genre s’accumulent alors, entre des députés indisponibles le mercredi matin, d’autres qui disent attendre d’être sollicités pour venir, ou encore une qui raconte apprécier « des cocktails chez des ministres et dans de beaux endroits. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est qu’on nous sert essentiellement du vin et du champagne ». Autant de péripéties qui font dire à un assistant parlementaire : « On est quelque part entre la conjuration des libéraux et la conjuration des imbéciles. C’est très déroutant. » À se demander si ce n’est pas voulu. « L’incompétence est érigée en système de gouvernance », affirme même Sébastien Jumel, pour le PCF.
Mutiques, voire passifs, des députés LREM expliquent garder le silence dans « un souci d’efficacité ». « Ça ne sert à rien de prendre la parole pour répéter dix fois les mêmes choses ou d’essayer de convaincre l’opposition », lâchent certains. « Mes collègues ne souhaitent pas répondre de manière systématique, car c’est un dialogue de sourds », tranche Aurélien Taché (LREM). Se défendant d’être godillot, il estime qu’il n’y a pas « matière à amender » le projet de loi travail, au motif qu’il a déjà été « légitimé par l’élection d’Emmanuel Macron ». « Cet argument du “le président l’a dit”, cette manière d’affaiblir le Parlement est très inquiétante sur l’état de santé de notre République », prévient Pierre Dharréville. « Macron veut un Parlement aux ordres. Il ne veut pas de micro pour les députés, juste un tampon pour valider les lois », ajoute Adrien Quatennens (FI).
« La majorité a tendance à confondre la conduite du pays avec celle d’une start-up. Elle a peu d’appétence pour le débat démocratique, relève Stéphane Peu. Il y a un déni du rôle du parlementaire, avec très peu d’amendements déposés, et un mépris de l’opposition : quasiment tous ceux proposés par les autres groupes politiques sont rejetés. » C’est que le groupe LREM est soumis à un règlement de groupe très strict. Ses députés doivent avertir leur président, Richard Ferrand, s’ils « souhaitent déposer des propositions de lois, des questions écrites ou des questions d’actualité ». Pire, « les projets d’amendements » doivent être soumis à l’avis des responsables du groupe, alors qu’il s’agit d’un droit individuel propre à chaque député.
« On a un groupe qui dort, qui ne sait pas monter au créneau, qui est vautré »
Très soudés, parfois trop, les « marcheurs » finissent même par développer de drôles de réflexes. Le député Jean-Michel Fauvergue s’est agacé d’avoir été applaudi pendant qu’il se dirigeait vers la tribune. « Je n’ai encore rien dit », a-t-il sèchement lancé une fois au micro. Édouard Philippe, lors de son discours de confiance, a été applaudi 55 fois en une heure et cinq minutes. Pire, les députés LREM, très pavloviens, ont repoussé un article de leur propre loi de moralisation au motif que la France insoumise venait d’annoncer son soutien...
L’examen de la loi de « confiance dans la vie publique » a donné lieu à d’autres scènes invraisemblables. « On a un groupe qui dort, qui ne sait pas monter au créneau, qui est vautré. (…) On a une responsable de texte qui est inexistante, c’est comme si elle était à Nouméa sur une chaise longue », a soufflé la présidente LREM de la commission des Lois en pleine séance, sans se rendre compte que son micro était allumé. Comble de la confusion, trois votes ont parfois été convoqués, notamment pour sauver le verrou de Bercy, jusqu’à organiser des votes assis-debout pour réveiller et obliger l’assistance. Rouge d’émotion, le député PS Olivier Dussopt a taclé : « Lorsque le vote est appelé, si les députés de la majorité ne lèvent pas la main lorsque vous appelez les votes contre, l’amendement est adopté. Il n’y a pas lieu de recompter, et nous ne sommes pas là pour rappeler les uns et les autres à leurs obligations ou leur volonté de participer ou non à un vote. Ce mode de fonctionnement à l’occasion des votes est totalement inédit. » Reste que, justement sur le verrou de Bercy, plusieurs députés LREM ont pour la première fois montré les dents au gouvernement. « J’espère que cette volonté de faire respecter les prérogatives du Parlement va s’amplifier, conclut Stéphane Peu. Car pour l’instant, ils sont en train de brutaliser les plus pauvres, en plus de se soumettre complètement à Macron qui veut ligoter la représentation nationale. »
Pourquoi qualifie-t-on de « godillots » des députés qui soutiennent inconditionnellement leur gouvernement ?
Depuis leur élection, cet adjectif colle aux basques des parlementaires LREM. À l’origine, il s’agissait du nom du manufacturier qui inventa les souliers de l’armée française sous Napoléon III, utilisés d’abord durant la guerre de Crimée (1853) et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Depuis, il a désigné par extension tous les souliers de manière indifférenciée. Ce n’est qu’à la fin des années 1950 que les députés gaullistes revendiquent leur soutien inconditionnel à De Gaulle en se qualifiant eux-mêmes de « godillots », en référence au passé de résistant du général. Aujourd’hui, le terme désigne des députés qui votent systématiquement ce que propose le gouvernement.
Jacques Morel : « Le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais »
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LOLA RUSCIO
VENDREDI, 21 JUILLET, 2017
L'HUMANITÉ
Le 20 juillet, Emmanuel Macron aux côtés du général François Lecointre, lors d’une visite de la base militaire d’Istres . Jean-Paul Pelissier/Reuters
Le chef de l’Etat a nommé François Lecointre chef d’état-major des armées, alors que celui-ci a fait partie de l’opération Turquoise au Rwanda. Le spécialiste de la politique française en Afrique, Jacques Morel, revient sur ses missions sur le terrain.
Emmanuel Macron a désigné François Lecointre nouveau chef d’état-major des armées. Quel a été son rôle dans l’opération Turquoise au Rwanda, en 1994, lors du génocide des Tutsis ?
Jacques MorelIl était capitaine d’infanterie de marine. François Lecointre était affecté au groupement Nord Turquoise, où il était responsable du secteur de la commune de Gisovu. Responsable des troupes, il collaborait avec le directeur de l’usine à thé, Alfred Musema, un des organisateurs du génocide dans la région de Bisesero. Nous en avons des preuves. Au moment de son procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir), où il a été condamné à perpétuité pour génocide, une pièce à conviction déposée par sa défense est une lettre du capitaine Lecointre adressée à Musema. Dans cette missive datée du 18 juillet 1994, il l’informe qu’il va changer de secteur et qu’il laisse la région à un subordonné. Ce document montre que leurs relations étaient cordiales. Au lieu d’enquêter et de l’arrêter, Lecointre a collaboré avec lui. Ce ne sont pas les seuls éléments. Dans une lettre rédigée dans l’Ancre d’or datée du 18 juillet, le capitaine évoque les sauvetages d’enfants tutsis cachés chez des Hutus. Il y décrit des opérations de sauvetage qui se déroulaient la nuit, sans lampe, pour ne pas être repérés par les miliciens, qui, dit-il, « poursuivent leurs patrouilles de nuit ». Preuve que les Français ont laissé les miliciens opérer librement dans la zone « humanitaire sûre » décrétée par l’Hexagone début juillet. Cette zone humanitaire était sûre pour les miliciens, car ils pouvaient continuer à opérer sans être attaqués par le Front patriotique rwandais (FPR). De fait, le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais.
Pendant sa campagne, Emmanuel Macron s’était engagé à« réconcilier les mémoires ».Avec la nomination de François Lecointre, dans quelle tradition idéologique s’inscrit-il ?
Jacques MorelIl poursuit la ligne de Jean-Yves Le Drian, ex-ministre de la Défense sous François Hollande. Ce professeur d’histoire-géographie couvrait sans cesse le génocide rwandais. Il disait notamment que la France devait être fière de ce qu’elle avait fait là-bas. Pourtant, les documents publiés par la mission d’information parlementaire de 1998 sont extrêmement compromettants. L’armée française est mouillée jusqu’au cou. On est dans le pire mensonge. D’ailleurs, l’actuel sous-chef d’état-major « opérations », Grégoire de Saint-Quentin, était l’un des premiers sur les lieux du crash de l’avion du président rwandais, Juvénal Habyarimana, lors de l’attentat du 6 avril 1994.
Quel signal cette nomination envoie-t-elle quant à la conception des missions de l’armée française, notamment en Afrique ?
Jacques MorelFrançois Lecointre, un officier des troupes de marine, autrement dit des troupes coloniales, a été nommé à la tête des armées. Signe que l’armée française intervient pour contrôler des pays africains, motivée par des raisons de puissance et d’enjeux pétroliers. C’est une vision postcoloniale. Emmanuel Macron justifie les opérations françaises au Sahel, entre autres l’opération Barkhane commandée par le général Bruno Guilbert, ex-adjoint du colonel Hogard impliqué dans le génocide des Tutsis, au motif de lutter contre le terrorisme et d’assurer notre sécurité, alors que des commandants ont collaboré avec les pires assassins. La France se porterait mieux si elle rapatriait ses troupes d’Afrique.
Dans une lettre adressée à la Ministre du travail, le député communiste du Nord, Alain Bruneel demande que soit clarifier le sort qui pourrait être réservé aux emplois aidés (CAE, CIE…). Le milieu associatif en alerte.
Dans un courrier daté du 4 août, le député
du Nord, Alain Bruneel interpelle la Ministre du travail, Muriel Pénicaud quant au devenir des emplois aidés. « Ce lundi, vous avez déclaré vouloir lancer une réflexion sur l’avenir des contrats aidés. Vous avez également annoncé devant la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale avoir « obtenu une rallonge budgétaire pour pouvoir continuer à avoir des contrats aidés pour les mois qui viennent », rappelle l’élu communiste à la Ministre. Des propos qui ont de quoi inquiéter le député qui relève que les choses se gâtent déjà dans le Douaisis : « Dans ma circonscription, des responsables associatifs se voient signifier par pôle emploi que l’agence de services et de paiement (A.S.P.) n’honorerait plus les aides financières accordées pour les contrats aidés à compter du 1 Août 2017, y compris pour les contrats déjà validés par l’état », explique celui-ci.
Une suite logique à la politique d'austérité choisie par Emmanuel Macron ?
« Sans budget pour le second semestre, ce dispositif ne pourrait donc plus être débuté ni reconduit. Cela priverait de nombreuses associations de recrutements indispensables à leur fonctionnement. Déjà largement fragilisé financièrement par les baisses récurrentes de subventions de la part des collectivités - elles-mêmes victimes de l’austérité imposée par l’Etat, beaucoup devraient renoncer à leurs projets pourtant vitaux pour les habitants et les territoires », analyse Alain Bruneel.
L’élu communiste demande au Ministère de « clarifier au plus vite cette situation », sachant que « bien que le dispositif des contrats aidés ne soit pas idéal, il représente un outil important pour le secteur non-marchand dont les structures sont soumises à l’asphyxie financière ».
La guerre idéologique ne prend pas de vacances. Ainsi nous venons d'assister il y a quelques jours à un déferlement de commentaires et d'analyses où l'ignorance crasse était en compétition avec l'imbécillité pour faire adopter l'idée que ce 29 juillet était le jour de... la « libération fiscale ». Ce concept, aussi vieux que les contributions, a émergé aux États-Unis en 1948 et a été relancé ici par une sombre association dite « des contribuables associés ». Il a été repris en choeur par tous les médias bienpensants ayant en sainte horreur ce que nos concitoyens pourraient posséder en commun, qu'il s'agisse de la protection sociale, des hôpitaux, des écoles comme des chemins de fer. Même Wikipédia se croit obligé de reprendre ces balivernes relancées par des instituts économiques de droite.
De quoi s'agit-il au fond ? Ce jour dit de la « libération fiscale » serait le premier jour où les Français travailleraient enfin pour « eux » et non plus pour une pieuvre anonyme loin d'ici baptisée « l'État ». Ainsi, insidieusement, l'État devient « étranger » au pays, à celles et ceux qui y vivent. L'utilisation de ce mot « libération » est encore plus odieuse puisqu'il qualifie souvent la fin de l'occupation allemande. L'État est donc assimilé ici, par ces faussaires, à un corps étranger qui, contre notre gré, nous ponctionnerait impôt sur le revenu, impôt local, cotisations sociales. Aucun républicain ne peut laisser sans réagir et sans les combattre ces fausses thèses qui visent à glorifier le laisser-faire, l'individualisme et la loi de la jungle, qui écrasent d'abord les plus faibles.
Laisser prospérer cette folle idée selon laquelle les salariés et les entreprises ne travaillent pas pour eux quand une partie de la valeur créée ou du salaire sert à la société commune est extrêmement dangereux.
On n'a pas entendu ces perroquets de la pensée libérale se plaindre quand ce même État a répondu aux suppliques des institutions financières pour les sauver lors de la récente crise financière dont elles étaient elles-mêmes à l'origine. Ni non plus quand il transfère davantage de valeur issue du travail vers le capital avec les exonérations fiscales et sociales diverses ou des mécanismes comme le Cice ou le pacte de solidarité du précédent quinquennat, qui pourtant n'ont pas créé les emplois promis. Cette rengaine lancée la semaine même où la majorité de nos concitoyens protestaient contre le rabotage de l'aide personnalisée au logement ne doit évidemment rien au hasard. Le projet des libéraux droitiers est de détruire jusqu'à l'idée de « biens communs », voire de l'organisation des sociétés à partir de la justice et de la solidarité.
Il n'est pas question ici de défendre ce qui existe, d'approuver la manière dont l'argent public est utilisé, pas plus que l'injustice fiscale, autant d'enjeux qui appellent de profondes transformations progressistes. Mais elles ne pourraient voir le jour si nous laissions l'idéologie libérale transformer la participation de chacune et de chacun au bien commun, la cotisation ou l'impôt, en « prélèvements » et en « charges ». C'est l'inégale répartition des richesses, c'est l'injustice, c'est l'État de moins en moins social qui produisent des laissés-pour-compte que nous combattons. Suivre les officines de la pensée libérale voudrait dire moins d'infirmières pour soigner tout le monde dans des hôpitaux publics, pas d'enseignants pour éduquer, former nos enfants, plus de sapeurs-pompiers pour aller combattre les feux de forêt, ou pour se porter au devant d'un accident de la route, moins de magistrats pour rendre la justice, de policiers pour assurer la sûreté et moins de routes, moins de trains, moins de théâtres, d'écoles de musique ou de clubs de sport. Laisser prospérer cette folle idée selon laquelle les salariés et les entreprises ne travaillent pas pour eux quand une partie de la valeur créée ou du salaire sert à la société commune est extrêmement dangereux.
Certes, elle permet à ses promoteurs de se dispenser de poser la question cruciale de l'augmentation des salaires en ouvrant la voie à la grande béance des inégalités, à la destruction définitive d'un projet de nouveau contrat social et de nouveau pacte républicain.
Ce dernier devrait porter un processus de justice fiscale et sociale, la lutte contre l'évasion fiscale qui représente un manque à gagner de 80 milliards d'euros pour notre pays, 1 000 milliards pour l'Union européenne. On parle bien peu d'un prélèvement privé, celui des taux d'intérêt bancaires, qui, selon leur niveau, sont bien une entrave à l'investissement et à la satisfaction des attentes des particuliers. Or ces taux de prélèvements enrichissent les banques et les fonds financiers. Ils handicapent d'autant le développement des entreprises, qui, dans ces conditions, réduisent les rémunérations du travail ou l'emploi.
En vérité, il y a bien une « libération » à obtenir : celle du carcan vorace de l'argent roi contre nos concitoyens, leurs biens publics, leur travail, la production et la consommation. Telle serait la voie pour concilier le mieux-vivre, le projet individuel de chacun avec un grand projet commun de vie en société susceptible de remobiliser nos concitoyens.
LE REPLI SUR L'ENTREPRISE SERAIT UNE RÉGRESSION DES RELATIONS SOCIALES.
IL FAUT PENSER À UNE NOUVELLE FAÇON DE PRODUIRE.
Le gouvernement profite des vacances d'été pour rédiger les ordonnances visant à réformer le Code du travail. Les dernières entrevues des organisations syndicales avec le premier ministre sur le sujet n'ont pas vraiment éclairé sur les arbitrages à venir. Ce dont on est sûr, c'est que le président tranchera avant la fin août.
Pendant ce temps, gouvernement et patronat ressassent le même argumentaire. L'excès de règles collectives inscrites dans le Code du travail pénaliserait le développement de l'emploi. Flexibiliser le contrat de travail et contourner les syndicats permettraient dès lors de mieux lutter contre le chômage. Face à cette attaque, il peut être tentant de défendre le statu quo, en oubliant que la crise a aussi révélé les faiblesses de l'organisation du marché du travail à la française.
La précarité a gagné du terrain. Le travail et l'emploi sont bien « malades ». D'où le besoin de repenser la manière dont se crée la richesse, la place du travail et son contenu.
Le danger du recours à la procédure expéditive des ordonnances se trouve en tous points confirmé. Le retour à une croissance soutenable exige une mobilisation sans précédent des capacités humaines. C'est dès maintenant qu'il faut mettre en oeuvre une politique globale tendant vers un nouveau plein-emploi. Et ce n'est certainement pas par une mise en concurrence accrue des salariés qu'on atteindra cet objectif. On attend toujours un véritable débat public permettant de faire un état des lieux et d'organiser la confrontation des analyses.
Au lieu d'organiser le repli sur l'entreprise qui consacrerait une régression des relations sociales, le Code du travail a besoin de s'enrichir de nouvelles dimensions. Les évolutions du travail et des technologies supposent de mettre l'individu et le travail au coeur d'une nouvelle manière de produire. Il faut donc protéger les capacités humaines et développer le travail de qualité, reconnu, bien payé, dans une perspective de développement humain durable. Il y a bien un nouveau système à construire qui implique de nouvelles logiques de solidarité, constitutives d'une véritable « sécurité sociale professionnelle ».
On ne peut se contenter de déplorer les suppressions d'emplois. Il faut bâtir un droit d'intégration dans l'emploi. C'est-à-dire à un système cohérent de garanties permettant au salarié d'acquérir une qualification professionnelle, de faire valoir ses compétences dans l'entreprise, d'exercer une activité compatible avec sa vie personnelle, de retrouver un travail s'il perd son emploi. Cela suppose d'assurer une vraie rupture avec la vision du salaire comme coût à réduire et avec la fatalité du passage par la case chômage. Cela justifie de s'attaquer à la croissance financière et de promouvoir les conditions d'un nouveau type de productivité.
Le travail n'est pas une marchandise, mais une richesse collective à protéger et à développer. L'échange sur lequel porte le contrat de travail ne concerne pas un bien ou un service. Il met en jeu l'homme, la personnalité et les capacités du travailleur, et doit prendre en compte le temps long de la vie. La puissance publique est légitime à le garantir, notamment en compensant, via le Code du travail, l'inégalité de la relation dans l'entreprise entre travail et capital.
Tels sont les enjeux d'une bataille sociale qui porte loin et que les salariés sauront rapidement s'approprier, « trêve estivale » ou pas.
Chaque incendie est une occasion, pour les responsables politiques, d'adresser de vibrants messages de soutien aux soldats du feu. Mais les sapeurs-pompiers, financés par les collectivités, sont directement victimes des coupes budgétaires. Ils dénoncent le danger qu'elles leur font courir sur le terrain.
Var, envoyée spéciale.– L’horloge indique huit heures du matin, ce 25 juillet, quand Samuel part relever ses camarades, qui se sont battus contre les flammes toute la nuit. Cela fait vingt-quatre heures qu’il n’a pas fermé l’œil : il était de garde à la caserne. Toute la journée, il enchaîne les brasiers : Artigues le matin, Tourves l’après-midi, et Bormes-les-Mimosas le soir. Samuel a « fait » les incendies de 2003. Lorsqu’il a vu le panache de fumée assombrir, au loin, un ciel orangé, il a su que « ça allait prendre de l’ampleur ».
Toute la soirée, Samuel et trois de ses camarades défendent, avec leur camion, des « points sensibles » : des maisons habitées ou pas, des vignes, des champs, des campings et des lotissements. À la nuit tombée, ils sont envoyés vers un endroit isolé pour défendre un bâtiment. Peu à peu, les flammes piègent Samuel et son équipage. Elles atteignent 10, parfois 15 mètres de haut, mais ils ne disposent que d’un camion de 4 000 litres d’eau. Un ruisseau, quand il faudrait un fleuve pour éteindre le bûcher.
Encerclés, les hommes regagnent à la hâte la cabine du véhicule. Les flammes lèchent le camion, les hommes pleurent, la fumée leur brûle les yeux et les poumons. À l’intérieur, les pièces de plastique se distillent dans des « pschhiiit » infernaux. Paniqués, ils déclenchent le système d’autoprotection du camion contre le feu. L’un d’entre eux prend le volant, et conduit à l’aveuglette à travers le brasier. Le feu les poursuit, jusqu’à ce qu’ils trouvent répit dans un champ de vignes.
Quand le collègue qui vient les relever, au petit matin, rencontre leur regard, il y trouve « du vide ». Entend à plusieurs reprises : « on a failli y passer ». Frôler la mort a des conséquences psychiques, et l’équipage, sonné, se voit proposer un passage par le cabinet du psychologue, afin d’amoindrir le risque du syndrome de choc post-traumatique. L’un d’eux est hospitalisé, pour avoir respiré des fumées.
Cette nuit-là, comme celles d’après, les pompiers du Var seront occupés à diverses tâches. Noyer les lisières de l’incendie pour éviter que le feu ne reprenne, constituer des lignes de véhicules pour prévenir son avancée, monter des tuyaux de 500 mètres pour étouffer les flammes…
Après le feu, la colère
Une semaine plus tard, à la terrasse d’un PMU toulonnais, la peur du feu a laissé place à la colère. Autour de la table, quelques pompiers professionnels veulent témoigner, pleins d’amertume face à ce qu’ils appellent le « cinéma » du premier ministre et du ministre de l’intérieur, venus rendre hommage aux sapeurs-pompiers le 26 juillet dernier. « Parce qu’on en a marre de la belle image qu’on donne de nous au moment des feux de forêt », lancent les pompiers professionnels.
Mis à part Sébastien Jansem, le représentant syndical de la fédération autonome, majoritaire dans le département, aucun d’eux ne veut voir son identité dévoilée, par peur des représailles que pourrait exercer le commandement. « Avant, on s’engueulait un bon coup, on réglait les histoires, et puis c’était fini. Maintenant, c’est plus pernicieux, on vous refuse des stages, on vous bloque dans votre progression », justifie Éric. Pourtant, lui comme ses camarades ne veulent pas rester muets. Tous ont en tête le terrible accident de 2003, dans lequel trois pompiers sont morts brûlés dans leur camion, à La Garde-Freinet. Parler, pour éviter que cela recommence.
« S’il y avait eu plus de véhicules, notre gestion de ces incendies aurait pu être bien meilleure », jure Sébastien Jansem. Le camion n’est pas le moindre des emblèmes du « monde pompier ». Mais même dans le Var, dont le service départemental d’incendie et de secours (SDIS) est l’un des plus importants de France, la maintenance des machines rouges et rutilantes s’est beaucoup dégradée. « À la caserne de La Seyne-sur-Mer, seul un camion sur trois était en état de marche au moment du déclenchement des incendies. L’un d’entre eux était en réparation depuis juin, pour une histoire de plaquette de freins. Et l’année dernière, c’était le même cirque : les camions sont revenus du garage le 25 juillet », s'offusque Jean-Jacques. Le manque de budget retarde les formations, qui interviennent de plus en plus tard. Les camions, très anciens, tombent en panne. Les réparer prend un nombre de jours lui aussi allongé par la baisse de moyens du SDIS 83. Et ils ne sont pas prêts à temps pour la saison des incendies.
Parc vieillissant
Un camion permet de créer un « groupe d’intervention en feux de forêt » (GIFF), l’unité de base de l’armée des soldats du feu. Sur chacun d’eux sont affectés quatre pompiers. « En 2003, il y avait 32 groupes d’intervention en feux de forêt. Aujourd’hui, on n'en compte plus que 25 », se désole Sébastien Jansem. Fin juillet, 10 camions étaient déployés sur l’incendie d’Artigues, et 14 sur Bormes-les-Mimosas. « Or dix camions sur un incendie pareil, ça ne suffit pas. Du coup, il y a plus de reprises de feu », poursuit Jean-Jacques.
Le parc vieillit. « L’échelle de remplacement de La Seyne-sur-mer a 46 ans, illustre Lionel. Quand l’incendie est puissant, et que l’eau met quelques secondes de plus que d’habitude à sortir de la lance, vous les sentez passer. À Artigues, on a entendu les gars crier très fort. Et la peur est mauvaise conseillère : on perd nos réflexes, on fait des erreurs qui peuvent avoir des conséquences graves », explique Jean-Jacques. Le manque de matériel est tel que les pompiers ont dû appeler l’équipementier Euromaster pour changer les pneus d’un camion durant le feu d’Artigues. Les véhicules seront mis au rencart en 2019. Et bien souvent, non remplacés.
Côté avions, la situation n’est pas meilleure. Le 15 juin, pour le début de la saison, manquaient à la flotte du groupement aérien de la sécurité civile quatre Canadair, un Tracker et un Dash, des avions qui larguent de l’eau ou des produits retardants sur le feu. Un mois plus tard, quand les incendies ont commencé, la situation n’avait pas bougé d’un pouce. En cause : la Sabena, société de maintenance, a emporté en 2014 le marché de la maintenance des Tracker et des Dash, en plus de celle des Canadair. Selon Stéphan Le Bars, représentant Syndicat national du personnel navigant de l'aéronautique civile, elle n'aurait pas honoré le contrat qui la liait à la sécurité civile. « Et c’était la même chose l’année dernière. Il a fallu qu’on fasse tout un tapage médiatique pour que notre directeur général frappe du poing sur la table et obtienne ces avions », explique le syndicaliste, après avoir tiré la sonnette d’alarme sur France Info, au cœur de la crise. Sur le papier, la sécurité civile peut traiter deux incendies distants de 300 kilomètres avec un groupe de six avions sur chaque feu. En juillet, il y avait seulement quatre Canadair sur le continent, et deux en Corse. « Résultat, alors que l’on arrive à circonscrire les incendies à 800, 900 hectares habituellement, le feu de Biguglia en Corse a dévasté 2 200 hectares. C’est énorme », raconte Stéphan Le Bars.
Un personnel à sec
Les incitations à la baisse sur les financements de ce service relié au ministère de l’intérieur a aussi des conséquences sur le personnel. Depuis 2010, le service a perdu 27 pilotes de ligne et totalise 73 pilotes au lieu des 84 nécessaires. Or les pilotes ne peuvent conduire que pendant huit heures d’affilée. « Comme nous n’avions pas d’équipage de réserve, nous avons été obligés de retarder les départs. Et tant que nous n’intervenons pas, le feu fait sa vie », explique Stéphan Le Bars. Et met celle des sapeurs-pompiers, au sol, en danger.
À terre aussi, la question du personnel est un point sensible. « Toute l’année, on tourne avec les effectifs qu’on devrait avoir en temps de grève. À la caserne de Toulon, la plus grosse du Var, on est 23 pompiers de garde la journée, 21 la nuit. En 2009, nous étions 960 sur le département, nous ne sommes plus que 905 aujourd’hui », relève Sébastien Jansem. Ce sous-effectif a des conséquences sur l’organisation de la caserne. « Avant, il y avait un groupe affecté à chaque véhicule. Aujourd’hui, il n’y a pas assez de pompiers. On peut être affecté à plusieurs véhicules en même temps, un camion incendie, une ambulance, et un véhicule léger par exemple. Et on sort avec le premier qui sonne. Ce qui fait que pendant l’incendie, il a fallu remplacer du personnel sur le camion de pompiers parce que ceux qui y étaient affectés étaient sur une autre mission », détaille le représentant syndical. Le problème est le même dans l’autre sens. Quand les pompiers se ruent sur le feu, au moment des incendies, il n’y a plus personne en caserne pour assurer l’entretien des véhicules et leur inventaire. Et plus grand monde non plus pour assurer les urgences du quotidien.
Le volontariat a des limites
Pour compenser ce sous-effectif, le SDIS a recours aux pompiers volontaires, qui constituent le gros de ses troupes. « À la caserne du Luc, qui compte 80 volontaires en tout, ils envoient chaque jour 25 pompiers au feu. Ces gens ont un autre travail à côté ! Ça ne peut pas tenir très longtemps comme ça ! », fulmine Éric. Un constat qui fait écho à celui de Romain Pudal, auteur de l’ouvrageRetour de flamme à La Découverte. Pour la première fois, il a entendu à la télévision, un responsable des pompiers demander aux employeurs de la région de libérer les pompiers volontaires de leurs tâches professionnelles. « Cela montre les limites du volontariat. Il y a un discours sur le côté noble, magnifique, de l’engagement citoyen. Mais être volontaire est de plus en plus difficile », constate Romain Puidal. En effet, les pompiers volontaires proviennent pour la plupart de classes populaires, ont une carrière de plus en plus heurtée, faite de CDD et d’intérim. « Le volontariat est certes un engagement, mais cela devient aussi une source de revenus. Les pompiers sont en permanence en train de dealer d’un côté avec la caserne, de l’autre avec leur travail. C’est pour cela que le modèle de sécurité civile à la française peut rapidement atteindre ses limites. Dans ces conditions, l’efficacité des sapeurs est déjà de l’ordre du miraculeux », estime le chercheur.
Chaque année, les chiffres du volontariat baissent. « Il y a surtout une difficulté à fidéliser les volontaires : c’est une activité exigeante, fatigante, qui demande de jongler entre plusieurs vies. Alors quand les sapeurs partent faire leurs études, ont des enfants ou un boulot, ils arrêtent », explique encore Romain Pudal. D’autant qu’avec le gel des embauches de pompiers professionnels, le passage par les pompiers volontaires ne représente plus un tremplin vers le statut de fonctionnaire. « Cette année, un millier de jeunes vont perdre le bénéfice du concours qu’ils ont obtenu il y a trois ans, faute de recrutement. Dans le Var, ils doivent être une quarantaine à être dans cette situation », regrette Sébastien Jansem.
Une hiérarchie nostalgique du commandement militaire
Dernière doléance : le rapport avec la hiérarchie. « Certains officiers se comportent comme si la caserne était leur propre entreprise. Ils confondent management et commandement, et certains voudraient nous faire continuer sur un mode paramilitaire. Or, cela, avec les jeunes, ça ne passe plus », explique Lionel. Ces gradés ont souvent moins d’expériences sur le terrain que les hommes du rang, devenus professionnels après des années de volontariat. « Il leur manque parfois la légitimité du terrain. Et les plus intransigeants sont loin d’être les plus exemplaires. Ce décalage est difficile à accepter », confirme Éric.
La départementalisation a, semble-t-il, accentué cette défiance. « Avant, le directeur était à l’étage au-dessus. Aujourd’hui, il est à une heure et demie de route, à Draguignan, et il faut lui envoyer 300 mails pour espérer le contacter. En parallèle, ils nous ont mis, dans chaque centre, un chef de service qui n’a pas les mêmes pouvoirs, qui ne prend pas d’initiatives, et qui est là uniquement pour faire appliquer les ordres », remarque encore Éric.
Mais pour comprendre la colère provoquée par les grands feux, il faut avoir une vision globale, sur l’année, de l’activité des pompiers. Dans le Var, le nombre d’interventions a augmenté de 1,6 % en 2013/2014, de 2,42 % en 2014/2015, et de 4,87 % en 2015.
Les pompiers sont le service public de la dernière chance. Handicap, détresse sociale, SDF, ils sont sur tous les fronts délaissés par l’État. Depuis le début de l’année, par exemple, l’Agence régionale de santé a cessé de financer les ambulances privées sur 20 communes du Var. Les pompiers assurent désormais cette mission. Ils sont aussi au service du SAMU, à qui ils reprochent parfois de les obliger à se déplacer alors qu’il n’y a pas d’urgence, pour faire de la « bobologie ». Ils se substituent à la police, quand il s’agit de s’occuper de personnes en état d’ébriété. Sans oublier les commerçants qui les appellent pour des malaises devant leur échoppe, lorsqu’ils veulent simplement faire fuir le SDF qui y a trouvé place.
Informatisation
L’informatisation du système d’appels a aussi modifié l’exercice du métier. « En salle opérationnelle, les appels sont désormais enregistrés. Du coup, il y a moins de tri : dans le doute, on envoie toujours un véhicule pour vérifier qu’il n’y a pas de danger, par peur du contentieux », explique Sébastien. Les systèmes de téléalarme pour personnes âgées, qui redirigent automatiquement vers les pompiers si deux proches n’ont pas répondu à leurs appels, participent aussi à l’engorgement du service.
Enfin, les pompiers déplorent un « changement de mentalité ». « Les gens nous appellent en nous disant qu’ils ont repéré une personne allongée sur la route. Lorsqu’on leur demande ce qu’elle a, ils nous répondent qu’ils ne se sont pas arrêtés pour savoir, et qu’en appelant les pompiers, ils exercent déjà leur devoir de citoyen », raconte Éric.
« Où est l'argent ? »
Face à cette augmentation de l’activité, les financements ne suivent pas. Sur le Var, ils n’avaient, jusqu’à cette année, jamais baissé. Mais au conseil d'administration du 22 juin dernier, juste avant les grands feux, le couperet est tombé : moins 600 000 euros dans l’escarcelle du SDIS. « L’État a supprimé 32 millions d’euros l’année passée à l’ensemble des conseils départementaux de France. Pour justifier cette coupe, il a expliqué que 20 millions seraient alloués à la création d’un service de gestion unique des appels, et reviendraient donc aux SDIS par un autre biais. Seulement voilà, on nous a annoncé au printemps que la création de ce dispositif était repoussée sine die. Je demande donc au gouvernement de M. Macron : où est l’argent ?», tempête Françoise Dumont, présidente du SDIS 83 et conseillère départementale Les Républicains.
Si le conseil départemental finance le SDIS à hauteur de 47 %, les 53 % restants sont abondés par les communes. Auparavant, chaque commune finançait son service de secours et d’incendie. En 2001, le service est transféré au niveau départemental. Depuis, les communes sont en désaccord sur la répartition des contributions. « Un manque à gagner de 5 millions d’euros » pour le SDIS, regrette Sébastien Jansem.
« J’appelle l’État, le premier ministre, celui de l’intérieur, à prendre leurs responsabilités. Ils peuvent bien venir serrer la main des pompiers, ça ne règle pas le problème de fond. Les pompiers sont au bord de la rupture. Les communes sont de bonne volonté, mais elles ne peuvent plus payer certains services. Et les 300 millions d’euros de coupe annoncés dernièrement ne vont pas aider les collectivités à financer leur service incendie », poursuit l’élue, dont le candidat aux présidentielles, François Fillon, proposait, rappelons-le, une économie de vingt milliards d’euros sur les collectivités.
« J’ai entendu, notamment dans un rapport sénatorial, que les pompiers coûtaient trop cher, que les professionnels étaient trop payés, parce qu’ils ne faisaient que deux heures d’intervention sur leurs 24 heures de garde », relève Romain Pudal. Un raisonnement qui, selon lui, ne tient pas. L’intervention constitue le climax des activités des pompiers, mais pas la seule. Pensons au sport, à l’entraînement qu’exige la discipline, à la formation continue, aux manœuvres, à l’entretien des camions… « J’ai l’habitude de dire que nous sommes payés : “au cas où” », ironise Romain Pudal. Et il ajoute : « Oui, les pompiers ont un coût. Et la plupart du temps, la forêt ne brûle pas. Mais on ne peut pas avoir une vision court-termiste, en disant, puisque ça ne brûle pas depuis x années, il faut réduire le budget. Parce que le jour où il y a un attentat ou un feu, tout le monde est content que des moyens soient disponibles à trois minutes de la maison. »
1,8 million de tonnes de blé en 2015 ; 1,4 million de tonnes en 2016... après la canicule de juin dernier, la récolte poursuivra-t-elle sa baisse ?
Les aléas climatiques qui ont frappé l'agriculture française depuis la tenue de la COP21 de décembre 2015, à Paris, doivent être observés avec la plus grande attention afin d'en tirer toutes les leçons. En 2016, la récolte de céréales à paille a diminué de 30 % par rapport à une année normale. Des pluies importantes et un manque de luminosité ont fait de sorte que beaucoup d'épis n'ont pu se remplir de grain. Cette année, les jours de canicule de la troisième semaine de juin ont desséché les tiges de blé encore vertes, lesquelles n'ont pu faire monter les nutriments destinés au remplissage des épis. Des baisses importantes de rendement sont redoutées dans plusieurs régions céréalières.
Les pluies de 2016 comme les températures élevées de 2017 sont deux conséquences différentes du changement climatique, avec un réchauffement global moyen de + 1°C depuis le milieu du XIXe siècle. Mais ce réchauffement n'est pas linéaire et ses conséquences sont multiples. Cette année, un hiver trop doux a fait prendre de l'avance à la végétation au début du printemps. Du coup, deux à trois nuits de gelées tardives ont brûlé les bourgeons des vignes dans plusieurs régions de France. Des vignerons ont perdu jusqu'à 80 % de leur potentiel de récolte avant même la formation des grappes.
Il faut que les états généraux de l'alimentation mènent à de nouveaux mode de vie et de culture.
Du côté des éleveurs, le rendement herbager des prairies est déjà largement amputé du fait de la sécheresse printanière et de la canicule de juin. Quand l'herbe manque, il faut acheter du grain et d'autres fourrages pour nourrir les bêtes. Le prix de revient du litre de lait et du kilo de viande augmente sans que suive le prix de vente sur un marché mondialisé.
À la suite de son élection, le président Macron avait demandé à plusieurs ministres d'organiser dès cet été des états généraux de l'agriculture et de l'alimentation. Ils ont débuté le 20 juillet. A priori l'idée est séduisante. N'oublions pas toutefois que l'énarque Macron fut, en 2007-2008, le rapporteur de la commission Attali, qui préconisait le pillage du travail des paysans pour, soi-disant, permettre aux grandes surfaces de nous proposer des prix bas. Ce rapport servit à définir le contenu de la loi de modernisation économique (LME) votée par la droite et appliquée depuis 2009.
Cet été, les assises voulues par Macron auront une certaine utilité si elles servent les intérêts des générations appelées à traverser le siècle en cours. Pour produire de la nourriture, il faut réapprendre aux humains à coopérer avec la nature sans lui demander plus qu'elle ne peut donner de manière durable. Planter des arbres dans les plaines céréalières, refaire du maraîchage autour des villes, manger moins de viande, stocker de l'eau de pluie sont des orientations à mettre en place dès maintenant si nous voulons que les natifs du XXIe siècle aient de quoi manger d'ici à l'an 2100. Mais, bien que Nicolas Hulot soit devenu le ministre d'État chargé de la transition écologique et solidaire, rien ne nous prouve que ces priorités sont celles du gouvernement dirigé par Édouard Philippe.
Quand bien même la condamnation en appel de Cédric Herrou à quatre mois de prison avec sursis est inférieure aux réquisitions du parquet, ce jugement est une étape de plus dans le harcèlement dont est victime ce militant de la solidarité aux exilés et aux migrants à la frontière franco-italienne.
Alors que la France vient d'être rappelée à l'ordre par la Cour européenne des droits de l'homme pour les traitements indignes infligés aux migrants, Cédric Herrou, comme l'ensemble des militants des droits humains, agit dans le sens de ce que l'Etat devrait faire. Le délit de solidarité n'existe pas. Le devoir d'humanité n'est-il pas inscrit au fronton de nos bâtiments publics...FRATERNITÉ.
Sur une telle question, seule une réponse plaçant l'être humain au centre des préoccupations est acceptable. Le "plan migrants" tel que présenté par le ministre de l'Intérieur serait une grave rupture avec les valeurs et les principes de notre République.
Aujourd'hui, c'est l'Etat qui devrait être condamné et Cédric Herrou remercié pour son engagement solidaire et humaniste auprès de femmes, d'hommes et de très nombreux enfants qui vivent un enfer quotidien.
Quand il était ministre, E.Macron avait voulu se démarquer du premier Ministre Valls en appelant à la compassion des Européens à l'égard des réfugiés. C'était avant.
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Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste.
Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale.
Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.