Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 07:07
Taxe Rose: pour une TVA à 0% sur les protections périodiques - Libération: Tribune d'Elina Dumont , ancienne SDF, comédienne, candidate aux européennes avec Ian Brossat et le PCF

TRIBUNE

 

Vous trouverez ci-dessous une tribune publiée ce jour sur Liberation.fr, d'Elina Dumont, ancienne SDF, comédienne et candidate aux élections européenne sur la liste "Pour l'Europe des gens, contre l'Europe de l'argent" menée par Ian Brossat.

 

«Taxe rose» : pour une TVA à 0% sur les protections périodiques

J’ai passé quinze ans à la rue, il m’est arrivé d’avoir froid et pourtant le plus dur a été ailleurs : devoir prendre du vieux papier journal comme protection hygiénique certains mois parce que je n’avais pas assez d’argent pour m’acheter des serviettes. Cette sensation sur la peau, cette humiliation, je ne la souhaite à aucune femme. Cela m’a marqué à tout jamais.

Il y a quelques mois, l’Ecosse est devenu le premier pays au monde à rendre gratuites les protections périodiques pour les étudiants. En janvier, l’université de Lille a mis en place des «kits précarité menstruelle». Ces deux exemples ont un grand mérite : mettre au cœur du débat l’injustice que représente l’achat de ces produits indispensables à notre vie de femmes.

Nous sommes la sixième puissance économique au monde et, chaque mois, nous sommes des centaines de milliers de femmes invisibles à devoir nous débrouiller comme l’on peut, faute d’argent. Ces femmes, je connais leur visage : elles sont étudiantes, elles sont mères célibataires, elles sont gilets jaunes. Elles n’arrivent pas à joindre les deux bouts, alors elles se sacrifient.

Elles se sacrifient parce qu’elles n’ont pas le choix, tout simplement, cela a été mon cas à une époque ; elles se sacrifient parce qu’elles doivent arbitrer dans leur budget et, dans ce cas-là, on pense d’abord à ses enfants. Lorsque l’on est à quelques euros près, chaque centime compte pour remplir le frigo.

80 euros par an

La dépense des serviettes est loin d’être négligeable pour beaucoup d’entre nous : c’est entre 5 et 7 euros par mois, un peu plus de 80 euros par an. C’est une dépense obligatoire qui est taxée par l’Etat.

Si les hommes avaient besoin de serviettes hygiéniques, cela ferait longtemps que nous n’aurions plus de taxe sur ces produits-là. Aujourd’hui la «taxe tampon», comme je l’appelle, est de 5,5% en France ; elle reste à 19% en Allemagne et atteint même 27% en Hongrie.

Réduire le taux à 5,5% comme cela a été fait en France, c’est une première étape.

Je formule aujourd’hui deux propositions pour aller plus loin : d’abord une TVA à taux zéro sur les protections périodiques en France, avant une généralisation aux autres pays européens. C’est cela l’Europe que nous voulons.

J’entends déjà certains lecteurs dire : voici une belle idée mais elle est impossible. C’est, au contraire, tout à fait possible et en voici la preuve.

Cette harmonisation européenne sera la stricte application de «la clause de l’Européenne la plus favorisée». Son but : faire valoir dans toute l’Europe la loi qui est la plus favorable aux droits des femmes. Si nous gagnons ce droit en France, nous le gagnons partout en Europe. Ce serait un pas énorme que nous franchirions. Il nous faudra, alors, être attentives et nous assurer que les marques et les supermarchés répercutent bien cette baisse de la TVA comme il se doit et ne se remplissent pas les poches en passant.

C’est tout à fait possible, enfin, parce que c’est déjà appliqué dans plusieurs pays qui ont fait le choix d’une TVA à taux zéro sur ces produits. C’est le cas de l’Australie, du Canada, du Kenya ou encore du Nigeria. Depuis quelques semaines, c’est au tour de la Suisse d’ouvrir le débat.

Il n’est pas digne de la France et de l’Europe d’être à la traîne sur ce sujet. C’est une question de justice, d’égalité et de santé publique. C’est aussi une question de pouvoir d’achat pour de nombreuses femmes.

Elina Dumont, ancienne SDF, comédienne, candidate aux élections européennes sur la liste "Pour l'Europe des gens, contre l'Europe de l'argent",

Paris, le 8 mars 2019.

Partager cet article
Repost0
9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 07:00
Renationalisation des autoroutes : Rejet de la Proposition de loi du groupe Communiste (avec un insoumis et un écologiste) par le Sénat

Renationalisation des autoroutes : Rejet de la Proposition de loi du groupe Communiste (avec un insoumis et un écologiste) par le Sénat

Hier, la majorité sénatoriale ainsi que l’ensemble des groupes parlementaires, avec l’assentiment du gouvernement, ont rejeté ou se sont abstenus sur la proposition de loi des sénatrices et sénateurs du groupe CRCE permettant d’engager la renationalisation des autoroutes. Seuls quelques sénateurs courageux ont voté notre proposition de loi.
Alors que le Sénat avait ouvert la brèche avec son refus de privatiser ADP, s’appuyant sur l’erreur politique, financière et stratégique que fut la privatisation des concessions par le gouvernement de Villepin, il nage aujourd’hui en pleine contradiction.

Pourquoi refuser de s’engager vers la renationalisation des autoroutes si l’on considère qu’il est nécessaire de préserver la maîtrise publique des infrastructures et de ne pas se priver de ressources fort utile notamment pour permettre le financement des infrastructures de transport et leur rénovation, dans le cadre de la transition écologique.

Les autoroutes, comme les aéroports, ont été financées par le fruit de l’impôt donc par l’argent du peuple. Nous ne pouvons supporter que les investissements publics soient captés par les intérêts privés d’actionnaires avides de dividendes. Les « gilets jaunes » ne s’y sont pas trompés en organisant des opérations « péages gratuits » : récupérer la maîtrise de ces infrastructures permettra d’en finir avec cette spoliation de l’intérêt général sur le dos d’usagers captifs condamnés à payer toujours plus, véritables vaches à lait d’un secteur sans risque.
Nous considérons que l’Etat doit reprendre la main et défendre ses intérêts stratégiques de souveraineté et nos concitoyens.
Tout le monde le sait : ces contrats sont tellement bien ficelés qu’ils ne sont pas renégociables. Toute velléité de renforcer les obligations sur les concessionnaires se soldera mécaniquement par des hausses sur les usagers. Il n’y a donc aucune solution dans le cadre contractuel. Pour cette raison, il faut dès maintenant aller jusqu’à la dénonciation de ces contrats. Attendre la fin des concessions laisse en outre le risque de voir ces contrats renégociés et prolongés à l’infini.
Sur tous les bancs, nous avons entendu un seul argument : « trop cher, attendons la fin des concessions ». Nous répondons faux !

Certes ce rachat a un coût mais celui-ci premièrement se négocie, y compris devant les tribunaux pour dénoncer des contrats viciés et déséquilibrés. Mais quand bien même il faudrait réinvestir, la puissance publique peut s’en donner les moyens, y compris parce que ce sont les péages qui financeront l’emprunt. Nous trouvons 40 milliards pour financer cette année seulement le CICE et nous n’aurions pas 50 milliards à investir sur le long terme. L’Espagne s’est engagée dans cette voie, preuve de la faisabilité d’une telle démarche.

Les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE regrettent cette occasion manquée. Ils sont déterminés à continuer de proposer la renationalisation des autoroutes, y compris dans le cadre du débat sur la LOM à compter du 19 mars prochain.

Sénat. Quand l’autoroute passe par la nationalisation
Jeudi, 7 Mars, 2019

La proposition de loi de renationalisation examinée au Palais du Luxembourg à l’initiative des élus communistes trouve un écho nouveau avec les gilets jaunes.

On ne pourra pas reprocher aux parlementaires communistes l’inconstance : la proposition de loi (PPL) de nationalisation des sociétés d’autoroutes, examinée aujourd’hui au cours de la niche au Sénat, fait écho à la campagne que les mêmes sénateurs avaient menée en 2014, puis en 2016. À l’heure des gilets jaunes, la PPL pourrait trouver cette fois un écho nouveau. « La question du droit au transport et de son coût, de la place du service public, en lien avec la nécessaire transition écologique, relance l’intérêt de l’opinion, chez les élus et bon nombre d’observateurs, pour une renationalisation des autoroutes », ont plaidé les sénateurs du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE).

Par quelque bout qu’on le prenne, tout dans le dossier des sociétés d’autoroutes suinte le scandale. En 2006, Jacques Chirac et son premier ministre Dominique de Villepin ont vendu la part de l’État qui restait contre 15 milliards d’euros. Brader serait plus exact, puisque la Cour des comptes a ensuite estimé que les trois opérations d’ouverture du capital avaient abouti à une sous-évaluation de 10 milliards d’euros. En 2016, après avoir fait quelque temps les gros yeux, François Hollande devait prolonger les concessions accordées à trois géants du secteur, l’espagnol Abertis, et les deux français Eiffage et Vinci.

L’État organise sa propre spoliation

Derrière les sociétés d’autoroutes, on trouve en effet de gros acteurs du BTP vivant de la commande publique – un secteur dont l’implication dans les campagnes électorales fut notoire par le passé. Les autoroutes croisent souvent le politique, ainsi le conseiller officieux de plusieurs présidents, Alain Minc, fut nommé en 2011 à la tête de la Sanef. En investissant dans l’autoroute, les entreprises du BTP se créaient en somme un marché captif. Mieux, l’ensemble des niches fiscales dont elles bénéficient équivaut… aux 3 milliards d’euros d’investissement promis. Soit une opération blanche pour lesdites sociétés. Dit autrement, ce régime fiscal fait qu’il est plus intéressant de distribuer des dividendes et de financer les investissements par l’emprunt. Ainsi, en 2015, les Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) déclaraient un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros, pour une dette de plus de 8 milliards. Mauvaise gestion ? Au contraire, en créant de la dette, les sociétés concessionnaires font coup double : rémunérer l’actionnaire tout de suite, la dette accumulée étant dissuasive pour que la puissance publique la rachète en cas de nationalisation. L’État doit un an de préavis, s’il souhaite reprendre la main.

Les 3,2 milliards d’euros d’investissement auxquels se sont engagées les sociétés en échange d’une prolongation des concessions accordées, et dont la fin théorique s’étale, pour le viaduc de Millau par exemple, de 2027 à… 2079, se transformeront, à la toute fin des contrats en cours, en 14,7 milliards de recettes nettes. Pour 100 euros de péages payés par les utilisateurs, entre 20 et 24 euros sont du bénéfice net pour les concessionnaires, rappelait la sérieuse Autorité de la concurrence en 2013. Et après ? Rien, il ne s’est rien passé en dépit de ces alertes officielles. L’État continue d’organiser sa propre spoliation. Car la privatisation des autoroutes, tout comme celles de la Française des jeux et d’Aéroports de Paris, en cours, ne répond en réalité pas à une nécessité économique. L’État pourrait tout aussi bien emprunter l’argent de la renationalisation. Les ressorts seraient plutôt idéologiques : en 2014, le ministre de l’Économie qui a validé le plan de prolongation des concessions s’appelait Emmanuel Macron.

Lionel Venturini, L'Humanité, 7 mars 2019
Partager cet article
Repost0
9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 06:32
Partager cet article
Repost0
8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 16:11

 

En dépit du vote de la loi Egalim promise par le président  de la République le 11 octobre 2017 à Rungis et votée par le Parlement le 2 octobre 2018, les négociations annuelles, qui viennent de se terminer entre les distributeurs et leurs fournisseurs, ont été aussi difficiles que les années précédentes. Résultat : les prix agricoles demeurent anormalement bas en ce début d’année 2019 dans la plupart des secteurs.

Le Salon de l’agriculture a fermé ses portes hier soir. Durant neuf jours, les bêtes de concours et les produits transformés dans les stands des régions de France comme dans ceux de l’outre mer ont donné une belle image du savoir faire paysan. Mais ces hommes et ces femmes exercent un métier dans lequel le travail n’est pas payé à la hauteur des efforts fournis par la profession. Plusieurs statistiques publiées ces derniers jours nous montrent une situation complexe, dans laquelle une vache aurait du mal à retrouver son veau, comme on dit à la campagne.

L’INSEE nous apprenait la semaine dernière que l’augmentation moyenne des prix sur un an a été de 1,3%. L’augmentation moyenne des prix alimentaires serait de 2,7% sur la même période, tirée par les « produits frais » dont les prix seraient en hausse de 8,3% sur douze mois. Dans une autre étude, l’INSEE indique que de novembre 2018 à janvier 2019 inclus, « le chiffre d’affaire réalisé par les grandes surfaces alimentaires augmente de 1% par rapport à  la même période un an plus tôt. Toujours sur ces trois mois, les clients des grandes surfaces ont consacré 0,5% d’argent de plus que durant la même période un an plut tôt aux achats de nourriture, ce qui veut dire qu’ils ont acheté moins en volume compte tenu de la hausse moyenne des prix alimentaires de 2,7% sur cette période par rapport aux mêmes mois un an plus tôt. Ils ont dépensé 1,1% de moins pour l’achat de produits non alimentaires. Mais c’est sans doute parce qu’ils ont dépensé 7,8% de plus durant ces trois mois que durant les mêmes mois un an plus tôt pour l’achat de carburants. Voilà des chiffres qui expliquent aussi le départ de l’action revendicative des « gilets jaunes » en novembre 2018.

Les prix payés aux paysans ne suivent pas ceux payés en magasin

S’agissant des prix payés aux paysans, ceux du porc charcutiers n’étaient que de 1,17€ le kilo de carcasse le 25 février dernier contre 1,40€ en Allemagne. Celui des veaux de boucherie était inférieur de 2,8% au prix de l’an dernier à la même époque. Le prix de la tonne de blé tendre après voir tenu le cap des 195€ durant les mois d’automne est tombé à 189€ depuis deux semaines. Celui du blé dur, qui sert à fabriquer des pâtes, est tombé à 215€ la tonne alors qu’il se vendait 244€ en 2016. Le prix de la betterave à sucre est en chute libre depuis la sortie des quotas de production, victime des conséquences de la surproduction mondiale. L’Union européenne a contribué à ce désastre qui débouche sur des fermetures de sucreries en France. Elle n’a tenu aucun compte du précédent stupide que fut la sortie des quotas laitiers en avril 2015. Depuis cette date, le prix des 1.000 litres de lait au départ de la ferme - qui était tombé à 270€ en 2016-  est encore entre 330 et 350€ selon les laiteries contre 370€ de moyenne en 2014 alors que les coûts de production ont sensiblement augmenté depuis.

Emmanuel Macron a voulu une loi inefficace

En 2017, le président Macron avait promis une loi qui devait, selon lui, aboutir à mieux rémunérer le travail des paysans. Cette loi a été votée le 2 octobre 2018. Elle devait se traduire en mars 2019  par une remontée des cours au départ de la ferme suite aux négociations commerciales entre les distributeurs et leurs fournisseurs qui se sont terminées le 28 février dernier. Mais, au dernier jour de cette négociation qui a duré trois mois, l’Association nationale  des industries alimentaires (ANIA) déclarait que « les dernières remontées des box de négociations ne sont pas à la hauteur des espoirs soulevés. Selon l’ANIA les négociateurs des centrales d’achat de la grande distribution pratiquaient toujours « un chantage pour le prix le plus bas avec des menaces de déréférencement effectifs pour la majorité des entreprises. Les PME sont la variable d’ajustement au cours de ces négociations commerciales », déplorait l’ANIA le 28 février.

En effet, les grandes entreprises comme Lactalis pour les produit laitiers et Bigard pour la viande, peuvent tenir tête aux grandes enseignes qui ont besoins de leurs gros volumes de produits siglés « Président » ou « Lactel » par Lactalis, mais aussi Charal » par Bigard. Mais les PME n’ont pas cette puissance, surtout quand elles travaillent à façon pour des marques de distributeurs. D’où cette conclusion de Richard Girardot, président de l’ANIA : «pour la grande majorité des 18.000 entreprise, la déception est grande», au terme de cette négociation annuelle.

Invité hier matin sur la chaîne d’information en continu CNEWS, Didier Guillaume, ministre de l’agriculture, a concédé que le prix du lait en ce début d’année est loin du « prix d’objectif » de 39 centimes permettant couvrir les coûts  de production et de rémunérer le travail des producteurs. Il a fait la mêle remarque concernant le prix d’objectif de la viande bovine qui est de 4,90€ le kilo de carcasse alors que le prix moyen payé actuellement n’est que de 3,50€. «Une marche a été franchie, mais nous ne sommes pas monté à l’étage» a commenté le ministre.

 

Partager cet article
Repost0
8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 16:02

 

A moins de trois mois de l’élection des députés au Parlement européen, la lettre d’Emmanuel Macron aux citoyens des pays membres de l’Union européenne contient tous les éléments d’une opération d’enfumage. Mais c’est aussi  une façon d’occulter les attentes auxquelles le pouvoir est confronté en France, notamment depuis la mi-novembre. Ainsi, lors de sa rencontre du 28 février à Pessac près de Bordeaux avec des mères de familles monoparentales,  Emmanuel Macron a occulté une injustice sociale qu’il aurait fallu mettre en exergue. Ces familles, pour qui les allocations familiales et l’aide personnalisée logement comptent beaucoup dans l’équilibre du budget mensuel, verront ces prestations n’augmenter que de 0,3% en 2019 et en 2020. C’est cinq à six fois moins que l’inflation prévisible sur deux années.

 

Dans la lettre du président français aux citoyens européens, on peu lire beaucoup de phrases aussi banales qu  fausses. Emmanuel Macron nous dit que « l’Europe n’est pas qu’un marché, elle est un projet. Un marché est utile, mais il ne doit pas faire oublier la nécessité de frontières qui protègent et les valeurs qui unissent », écrit-il, occultant les accords de libre échange sur fond de dumping social et environnemental; tout comme les délocalisations de productions dans les pays à bas coûts de main d’œuvre. Outre qu’elles créent du chômage en France, ces délocalisations industrielles servent à justifier le blocage des salaires dans les entreprises et la perte de pouvoir d’achat des retraités dont les pensions n’augmenteraient que de 0,3% en 2019 comme en 2020, tout comme les allocations familiales et les aides personnalisées au logement.

A ce propos, il convient de revenir sur le débat qui s’est tenu à Pessac, près de Bordeaux, entre le président Macron et 400 femmes qui élèvent seules leurs enfants. Les chaînes d’information en continu avaient longuement diffusé cette soirée du 28 février. La réunion se tenait dans « un centre social qui aide les projets professionnels des parents isolés en difficulté», nous fut-il dit. On a même vu une militante du mouvement des « gilets jaunes » tenter de décorer le président de la République d’un collier avec un gilet jaune en pendentif, ce que le chef de l’Etat refusa poliment mais fermement. Comme la secrétaire d’Etat Marlène Chiappa était du voyage, on imagine que la réunion, bien que non annoncée avant sa tenue, avait été minutieusement préparée comme pouvant être une bonne opération de communication pour le chef de l’Etat.

Si l’ambiance de cette réunion a été relayée sur de sites internet, ce ne fut guère le cas dans la presse écrite. Il y avait pourtant un angle de traitement très intéressant pour les journalistes. Mais il semble que même les personnes qui ont dialogué avec le chef de l’Etat ne l’ont pas vraiment abordé. Emmanuel Macron et son gouvernement ont pour 2019 et 2020 décidé de baisser prioritairement le pouvoir d’achat de trois catégories de Français. Dans ces catégories maltraitées par le pouvoir politique figurent les retraités, les locataires de logementssociaux qui bénéficient de l’Aide personnalisée au logement et les familles qui perçoivent des allocations familiales pour élever leurs enfants. Pour ces trois catégories de Français, la hausse de la pension de retraite et des deux autres prestations ne sera que de 0,3% cette année et il est prévu de leur infliger la même punition l’an prochain. Au point que le Conseil constitutionnel a fait observer qu’il n’y avait pas lieu de mettre en avant des mesures prévues pour 2020 avant l’élaboration du budget de l’Etat pour cette année là.

Macron enlève du pour voir d’achat aux ménages modestes …

Les mères qui élèvent seules leurs enfants verront leurs allocations familiales augmenter quatre à cinq fois moins que l’inflation cette année et subiront peut-être la même punition l’an prochain. Si elles bénéficient de l’APL, ce qui est plus souvent le cas pour elles que pour la moyenne des Français, la perte de solvabilité de cette autre prestation s’ajoutera à celle des allocations deux années de suite. C’est donc une double peine qui a été infligée par Emmanuel Macron et par le gouvernement d’Edouard Philippe aux parents isolés qui, souvent, occupent aussi des emplois plus précaires et plus mal payés que la moyenne des Français.

Mais pourquoi le chef de l’Etat et son gouvernement ont-ils fait le choix de n’augmenter les APL que de 0,3% deux années de suite ? Cette mesure est d’autant plus injuste que le taux d’effort des ménages pauvres pour le logement était déjà égal à 33,6% de leurs ressources en 2013 contre 26,3% en 2001 selon l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale ! Pourquoi infliger à ces mêmes familles monoparentales une perte sensible du pouvoir d’achat des allocations familiales deux années de suite ? C’est d’autant plus injuste que plus les revenus tirés du travail sont faibles, plus la part de cette prestation est importante dans le budget mensuel des ménages.

… Et c’est pour compenser la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune

On ne sait si ces questions ont été posées au chef de l’Etat le 28 février à Pessac. Mais des indiscrétions données à certains journaux sous couvert d’anonymat l’automne dernier par des membres de plusieurs cabinets ministériels qui avaient travaillé durant l’été sur l’élaboration du budget 2019, voire celui de 2020, révélaient qu’ il était plus simple  de prendre de l’argent aux ménages les moins susceptibles de se défendre faute de pouvoir bloquer le pays a travers des actions fortes comme la grève. Telle est la raison principale qui a conduit de  gouvernement à annoncer une hausse de seulement 0,3% des allocations familiales, des APL et des pensions de retraite en 2019 et en 2020.

Pour dire les choses simplement, c’est par une réduction sensible de pouvoir d’achat pendant deux années de suite que ces trois catégories de Français qu’Emmanuel Macron a décidé de faire cadeau aux plus riches de la suppression de l’Impôt de solidarité sur la fortune. C’est aussi, en bonne partie pour cette raison, qu’il a vu se lever le 17 novembre 2018 le  mouvement des « Gilets jaunes», tant la vie quotidienne devenait difficile pour des millions de Français.

Voilà aussi qui montre que la politique européenne voulue par Emmanuel Macron doit toujours être au service exclusif  des plus riches.

 

 

Partager cet article
Repost0
8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 15:58

La scène se passe à Plomodiern, petit bourg breton. Ce jour-là, Edouard Philippe est venu apporter sa pierre au « grand débat », en échangeant avec des élus locaux et des dirigeants de PME. Soudain, le Premier ministre lance à la cantonade qu'il serait peut-être temps de mettre en place des « contreparties » aux aides sociales. Et de préciser sur le ton de la confidence : «Qu'est-ce qu'on demande à ceux qui bénéficient de la solidarité, est-ce qu'on demande quelque chose, et si oui, quoi ?A mon sens c’est une belle question politique. » Fin de la leçon de morale, dont le Premier ministre assume le caractère « explosif».

 

Édouard Philippe n'est pas homme à s'aventurer sur des chemins incertains sans boussole ni repères. A défaut de connaître le poids des maux, il connaît celui des mots. Il sait ce qu'il fait. En l'espèce, il recycle une antienne de sa famille politique d'origine reprise depuis belle lurette par celle où il s'est exilé, la Macronie, cette machine à recycler tous les poncifs du néolibéralisme décomplexé, quitte à y ajouter au besoin une dose de jargon branchouillard.

 

En avant donc pour une nouvelle épreuve de ce sport de combat qu'est la chasse aux pauvres. Chargée d'assurer le service après-vente de la pensée philippienne, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, déclarera à propos de la mise en place d'éventuelles contreparties aux aides sociales : « Il ne faut pas le faire de façon punitive et il ne faut pas en faire une idéologie. » Bien sûr, bien sûr... On désigne d'un doigt accusateur les plus démunis des citoyens, ceux qui sont au fond du trou, mais c'est pour leur bien, pour qu'ils s'en sortent. Les pauvres ne sont pas forcément tous des tricheurs, des filous, des truqueurs, des glandeurs, des fraudeurs ou des assistés. Encore faut-il qu'ils en apportent la preuve et donnent quelques signes extérieurs de bonne volonté.

 

De tout temps, les puissants ont considéré que le désordre social était dans l'ordre des choses, et que ceux du bas de l'échelle n'avaient à s'en prendre qu'à eux et à prier le ciel pour adoucir leur sort. Le retour en grâce médiatique des «contreparties » est de la même veine. Il sous-entend que le chômeur est responsable de ne pas avoir d'emploi, que celui qui touche le RSA se complaît dans le confort de sa situation et que les diverses allocations vont à des gens qui ne les méritent pas, alors que les « aides sociales » sont des droits pour lesquels les salariés paient des cotisations. Bref, les premiers de cordée, nés avec une cuillère d'argent dans la bouche, se croient habilités à demander des comptes aux malheureux qui ont à peine de quoi s'acheter une cuillère en plastique.

 

Edouard Philippe prouve ainsi qu'il est plus proche du déni de réalité que de la prise de conscience. Albert Einstein disait : « La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent. »Plutôt que de chercher des poux dans la tête des premières victimes de la crise, mieux vaudrait demander des comptes à l'élite des affaires, aux assistés de la finance, aux rois du CAC 40, bref, aux décideurs dont les résultats tiennent plus du dépôt de bilan que de la réussite.

 

Au fil des changements d'équipes gouvernementales, tout a été fait pour leur offrir le marché du travail sur un plateau. Les droits sociaux ont reculé. Le « coût du travail», comme ils disent, a été ratiboisé. Les salariés ont été fragilisés. L'ubérisation s'est généralisée. Les journaliers ont refait leur apparition. Résultat : les grands groupes privés sont florissants, les actionnaires sont rétribués rubis sur l'ongle, et les PDG s'assurent des trains de vie dignes de Carlos Ghosn, sans pour autant que la situation économique du pays s'améliore. Et à qui demande-t-on des comptes ? Aux victimes de ce jeu de massacre né de la priorité au business, à la spéculation, à la délocalisation et à l'envol vers des cieux (fiscaux) plus cléments.

 

Mais pourquoi n'y a-t-il aucune « contrepartie » aux fonds publics versés par l'Etat (donc par le contribuable) aux stars de la Bourse via le CICE ? Pourquoi se priver de vérifier que cet argent ne parte pas vers un paradis fiscal situé à l'autre bout du monde ? Pourquoi certains auraient-ils un devoir de « solidarité » et les autres, un droit à l'exemption permanente ? Pourquoi demander des comptes aux gens ordinaires et laisser les autres se livrer à des mécomptes ? Tant que ces questions « explosives ». comme dirait Edouard Philippe, ne seront pas sur la table, le chantage à la contrepartie ne sera qu'une partie de cons.

 

Par Jack Dion

Partager cet article
Repost0
8 mars 2019 5 08 /03 /mars /2019 15:55

Ce gouvernement ne demande nullement aux adeptes de l’optimisation fiscale de retrouver le sens de l’impôt.

 

Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, vient de donner au Journal du dimanche (JDD) d’Arnaud Lagardère un long entretien dans lequel elle formule ce que cette serviable publication présente comme des « propositions surprenantes sur la fiscalité, les aides sociales et les services publics ».

Par exemple, Jacqueline Gourault considère qu’Édouard Philippe, Premier ministre (qui se trouve donc être son chef et qui, suppose-t-on, ne lui tiendra aucun grief de cette menue flagornerie), a complètement « raison » de proclamer qu’« il faut des “contreparties” aux aides sociales ». Car, explique-t-elle, si « la collectivité » a « le devoir » de proposer un « accompagnement » aux nécessiteux qui ont véritablement « besoin d’aide », ces derniers doivent de leur côté faire la preuve qu’ils méritent réellement cette aumône, en se « responsabilisant » et en « consacrant » par exemple « quelques heures de leur temps aux autres, en contrepartie des aides sociales ».

Surtout, Jacqueline Gourault expose dans cette interview ce que les obligeants journalistes du JDD appellent « une idée explosive » : elle « propose que les 53 % de Français qui ne paient pas l’impôt sur le revenu » – et dont elle omet opportunément de préciser que ce n’est bien sûr pas par choix qu’ils ne l’acquittent pas, mais bien parce que leurs revenus sont trop modestes  « y soient assujettis à la hauteur de leurs moyens, “même de manière très symbolique” ». Car cela, précise-t-elle, leur « redonnerait le sens de l’impôt ».

Et maintenant : quelques rappels.

Petit un : le gouvernement dans lequel sert Jacqueline Gourault vient encore de distribuer, sous la forme d’une énième baisse de ses charges, 20 milliards d’euros d’aides publiques (payées par la collectivité) au patronat – qui n’a jamais tenu sa promesse de créer, en échange de ces gigantesques largesses, des millions d’emplois.

Petit deux : ce gouvernement vient, en abolissant l’ISF, de dégrever encore de 3,2 milliards d’euros (payés par la collectivité) l’imposition des contribuables les plus aisés.

Petit trois : ce gouvernement vient d’alléger l’exit tax – un dispositif destiné, au moins en théorie, à lutter contre l’évasion fiscale dans laquelle excellent des possédants (aux frais, il va de soi, de la collectivité).

Liste non exhaustive.

Or, à ces diverses catégories d’assistés, Jacqueline Gourault n’administre aucun sermon ni n’inflige aucune insulte, fût-elle seulement implicite – en suggérant par exemple, comme elle fait avec les pauvres, que leurs représentants seraient d’inciviques (et irresponsables) pique-assiettes. À ces bénéficiaires d’aides étatiques dont le montant cumulé se chiffre par centaines de milliards, elle ne réclame aucune contrepartie. À ces adeptes de l’optimisation fiscale, comme on dit joliment, elle ne signifie nullement qu’il serait temps – oh oui – qu’ils retrouvent le sens de l’impôt.

Mais il est vrai aussi qu’il serait risqué de fâcher ces riches clientèles – quand il est si facile d’humilier les plus humbles.

Sébastien Fontenelle (Politis)

Partager cet article
Repost0
7 mars 2019 4 07 /03 /mars /2019 20:15
Patrick Le Hyaric fait le compte rendu de son débat sur les enjeux et conséquences du Brexit, l'avenir de Europe, à Roscoff le 2 mars
Patrick Le Hyaric fait le compte rendu de son débat sur les enjeux et conséquences du Brexit, l'avenir de Europe, à Roscoff le 2 mars
 
Café-débat à Roscoff
sur le Brexit
 
Mes amis de la fédération du Finistère du Parti communiste ont organisé samedi dernier une rencontre-débat sur les enjeux de la sortie du Royaume-Uni pour la région de Roscoff.
 
Avant cette réunion, je retrouvais les militants CGT et communistes et le collectif de défense de la ligne SNCF Roscoff-Morlaix. Beaucoup de monde dans ce rassemblement avec le maire ainsi que des élus locaux et le sénateur socialiste. Autant les actions de ce type sont indispensables, autant clarté doit être faite sur les responsabilités des uns et des autres. Il est facile de pleurer localement contre des orientations législatives qu’on a soi-même votées au Parlement européen et à l’Assemblée nationale.
 
 
 
 
 
 
L’après-midi, dans un restaurant face à la mer, le débat a été passionnant avec Ismaël Dupont, secrétaire départemental communiste, ainsi que Glenn Le Saout et Cindérella Bernard, conseillère départementale des Côtes d’Armor, tous deux candidats sur la liste de rassemblement populaire que conduit Ian Brossat pour les élections européennes. J’y ai retrouvé des militants, et d’autres, studieux et combatifs, très au fait des enjeux. J’ai donné en introduction quelques éléments de repères que je résume ici.
 
♦ Repères

D’abord, un débat existe aujourd’hui au Royaume-Uni sur les suites à donner au vote des populations sur la sortie de l’Union européenne. La proposition européenne vise à préserver le maximum des intérêts communs notamment ceux mis en avant par nos camarades du Sinn Féin pour l’Irlande du Nord.

Venons-en au sujet : les conséquences d’une sortie du Royaume-Uni sur la région de Roscoff et ses habitants. Si cette sortie était confirmée elle pourrait être redoutable pour la région Bretagne.

• La France est la première destination commerciale du trafic maritime irlandais avec près de 40 % des échanges.
• Les poids lourds d’Irlande traversent généralement la mer pour rallier Liverpool et atteindre le continent via le détroit de Calais-Douvres, par tunnel ou ferry.
4,4 millions de camions ont traversé la Manche en 2017. Un million transitent entre l'Irlande et l'Angleterre dont une bonne partie continue ensuite vers le continent. 
 
Dès lors que le Royaume-Uni ne sera plus dans l’Union européenne, il faudra adapter les infrastructures des ports pour les contrôles et taxes des camions venant du Royaume-Uni et en établir de nouvelles pour la diversion du trafic Irlande-Royaume-Uni-Continent vers des axes Irlande-Continent.

Pour les contrôles, de nouveaux bureaux des douanes, des équipements pour les services vétérinaires et phytosanitaires sont nécessaires. Des bornes pour la récupération de la TVA et formalités fiscales doivent être installées. De nouveaux parkings sont nécessaires pour gérer les files d’attentes dues aux nouvelles for
malités. 700 douaniers supplémentaires doivent être déployés dans les ports français.
 
Pour le port Boulogne-Calais, on a prévu 6 millions d'euros de travaux d’adaptation des infrastructures, 3,5 millions d'investissements d'urgence pour Dunkerque. Ces travaux le sont pour parer à l’urgence. Dans un second temps c’est l’appropriation des flux Irlande-Continent qui est en jeu. Le port de Roscoff pourra-t-il continuer à être un lieu de transit des marchandises dès lors qu’il n’a pas de service de douanes pour les denrées agro-alimentaires de pays « hors Union européenne » ?

L’impact peut être lourd dans la région de Roscoff notamment pour les débouchés vers les ports de Pormouth de la zone légumière de Saint-Pol-de-Léon. A ceci peuvent s’ajouter les modifications monétaires pouvant être défavorables à la France.
 
 
 
 
♦ Les Routes maritimes : Zeebrugge-Anvers-Rotterdam contre les ports français ?

Afin d’assurer la connexion Lalande-Continent, la Commission est allée au plus simple. Elle a proposé le 1er aout 2018 d’amender les cadres des réseaux transeuropéens RTE-T maritimes (« autoroutes de la mer ») pour y introduire de nouvelles liaisons Irlande-Continent. Le problème c'est que ce sont des connexions entre les ports de Dublin et Cork en Irlande et de Zeebruges, Anvers et Rotterdam qui sont proposées. Les ports français sont délaissés au profit des grands ports de mer du Nord, plus à même d'absorber le transfert de flux de marchandises.

L’inscription dans le corridor RTE-T de la mer du Nord permet l’accès à des subventions européennes pour moderniser les infrastructures. Les budgets pour le Mécanisme pour l’interconnexion en Europe sont de 24 milliards d'euros pour la période 2014 et 2020, et autour de 30 milliards pour 2021-2027 (toujours en discussion).

Au Parlement européen, un rapport de mon amie Karima Delli (EELV) a été adopté en commission transport le 10 janvier 2019. Il modifie la proposition de la Commission en incluant 
les ports de Calais, du Havre et de Dunkerque au corridor mer du Nord-Méditerranée et les ports de Brest, Roscoff, Saint-Nazaire, Saint-Malo, Cherbourg, Caen, Le Havre, Rouen, Nantes, Paris et Boulogne au corridor atlantique.
Avec ce rapport, qui doit encore être voté bientôt en plénière, et la pression de la France au Conseil, le tir devrait être corrigé concernant les subventions européennes. Mais il reste encore à voir qui dans les faits va bénéficier du transfert de trafic.

Les ports français ont des atouts. Ce sont les plus proches géographiquement, leur nombre donne un plus grand choix de lieu de débarquement et de destination du transport et ils sont soutenus par l’association des ports irlandais.
Potentiel : une infrastructure portuaire dynamique donne un signal positif aux investisseurs, des espaces de stockage, des potentiels de rayonnement logistique peuvent servir de base pour des industries tournées vers l’intérieur des terres comme l’extérieur.
 
 
♦ La pêche
 
La Politique de Pêche Commune PCP, met en commun la ressource halieutique et l’encadre avec des quotas nationaux (totaux admissibles de capture TAC) par zone de pêche et espèces. Concrètement, on ouvre l’accès à la ressource à tous, tout en limitant son utilisation.

Or les eaux britanniques et celles de leur zone économique exclusive ZEE (200miles nautiques depuis les côtes -370km) sont très poissonneuses : 40% des prises européennes sont faites dans les eaux britanniques. La dépendance est très forte pour les Néerlandais, Belges et Suédois, mais aussi certaines régions françaises : 30% des captures françaises y sont effectuées, dont 50 % pour les pêcheurs bretons et 75 % pour les Hauts-de-France, selon le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM). La dépendance est quasiment totale sur certaines espèces-filiales comme le lieu noir ou le hareng, pêchés essentiellement dans la ZEE britannique.

La dépendance n’est pas réciproque : de 2011 à 2015, 760 000 tonnes de poisson ont été prélevés par les pêcheurs européens dans les eaux britanniques contre 90 000 par les britanniques hors de leurs eaux. Les pêcheurs britanniques ont donc largement à gagner de l’exclusivité, raison pour laquelle ils ont massivement soutenus le Brexit (à 92%). Seule contrepartie : 75% des poissons pêchés par les Britanniques sont écoulés de l'autre côté de la Manche et circulent librement grâce au marché unique.
Tout doit donc encore être décidé dans les négociations sur la future relation. En attendant, c’est l’accord de transition (s’il est ratifié avant le 29 mars) qui s’applique : maintien de l’accès aux eaux britanniques, puis conclusion d’un accord de pêche avant le 1er juillet 2020.
 
 
 
 
 
Partager cet article
Repost0
7 mars 2019 4 07 /03 /mars /2019 19:41
Européennes: 22 partis et organisations politiques lancent un appel pour une Europe des travailleurs et des peuples au côté du PCF et de la liste Pour l'Europe des gens, contre l'Europe de l'argent conduite par Ian Brossat

Internationaliste, le PCF et la liste "L'Europe des gens", s'engage aux côtés de ses alliés dans la campagne européenne. Nous sommes la liste bénéficiant du plus grand réseau européen de soutiens.

Déjà 22 partis et organisations politiques ont mis en commun leurs forces!

A l'initiative de plusieurs partis, dont le PCF, 22 forces ont déjà mis en commun leurs idées et leur forces pour présenter un appel européen:

Pour une Europe des travailleurs et des peuples

Les élections au Parlement européen mettent les travailleurs et les peuples des États membres de l’Union européenne (UE) face à d’énormes difficultés et impasses. Les travailleurs sont confrontés à la précarité et à l'insécurité sociale, aux inégalités, à la pauvreté et à l'attaque contre les salaires, les retraites et leurs droits. Les populations, et en particulier les jeunes, subissent le chômage, une migration économique forcée, un accès de plus en plus restreint à l’éducation, à la santé et au logement. Une réalité qui exprime l'intensification des politiques d'exploitation et d'appauvrissement de l'UE.

Les asymétries et les inégalités de développement entre les États membres de l'UE se sont aggravées. L'UE elle-même reste en crise et confrontée à de graves troubles.

L'UE, les classes dirigeantes et les forces qui les représentent ne peuvent plus dissimuler le mécontentement social croissant provoqué par leurs politiques: néolibéralisme dans l'économie, structure non démocratique et centralisée de son fonctionnement, militarisme et interventionnisme dans les relations internationales. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui admettent que les déclarations et les promesses de l'UE et des forces qui la dirigent ont été réfutées. La réalité à laquelle les peuples de nos pays sont confrontés est très différente.

- Au lieu de "prospérité", les peuples de l'UE comptent des millions de chômeurs, de sans-abri et de pauvres, alors que des milliards d'euros sont consacrés au sauvetage des banques. Les services publics et les entreprises publiques sont en cours de privatisation et les biens sociaux commercialisés. Les pertes des banques sont transformées en dette publique sur le dos des travailleurs.

- Au lieu de "démocratie et liberté", de nouveaux mécanismes de classement des citoyens et de contrôle d'Internet sont mis en place. Les libertés démocratiques, y compris les droits syndicaux, sont attaquées. L'ultra-droite et le néofascisme, vaincus par la lutte des peuples du XXe siècle, réapparaissent en Europe, tandis que l'anticommunisme et la falsification de l'histoire européenne revêtent un caractère institutionnel. Dans certains États membres, les forces d'extrême droite participent au gouvernement, alors que le système leur permet de répandre le poison de la haine raciste, de la xénophobie, du chauvinisme, du sexisme et de l'homophobie, en remettant en question l'idée d'égalité.

- Au lieu d'oeuvrer pour la "paix", l'UE militarise et approfondit constamment son lien organique avec l'OTAN. Aujourd'hui, avec la création d'une coopération structurée dans le domaine militaire (PESCO), une nouvelle phase du militarisme a été annoncée, qui implique notamment une augmentation des dépenses militaires et un "transfert d'investissement" vers l'industrie et le commerce des armes. Dans le même temps, l'Union européenne est impliquée dans une escalade d'interventions et d'agressions contre des États et des peuples, illustrée par sa complicité avec Israël face au drame vécu par le peuple palestinien.

- Au lieu de défendre l'environnement, l'UE subordonne ses politiques environnementales aux lois du marché. Les scandales des industries multinationales qui violent la législation sur l'environnement et l'incapacité de prendre les décisions nécessaires pour lutter contre le changement climatique et les conséquences dramatiques des problèmes environnementaux pour les peuples témoignent du fossé qui sépare les déclarations des actions.

- Au lieu de faire preuve de solidarité et de lutter contre les causes qui poussent des millions de personnes à quitter leur pays, l'Union européenne poursuit des politiques qui aggravent et détériorent la situation. Son implication dans les interventions impérialistes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a multiplié le nombre de réfugiés. Les fardeaux du passé colonial, associés aux politiques néocoloniales d’exploitation des pays d’Afrique et d’Asie, ont créé un cercle vicieux de pauvreté et de sous-développement qui conduit leurs peuples à rechercher une vie meilleure en Europe. Dans le même temps, le grand capital dans les pays européens fait face aux réfugiés et aux migrants en tant que main-d’œuvre peu coûteuse qu’elle souhaite exploiter afin de saper les relations de travail. Personne ne doute que la migration et la crise des réfugiés constituent un problème complexe et multidimensionnel. Cependant, le militarisme, le racisme et la xénophobie ne peuvent jamais être la réponse. Les forces progressistes sont appelées à lutter dans chaque État membre de l'UE afin de donner et faire prévaloir des réponses conformes au droit international et à la primauté des principes de solidarité, d'internationalisme et l'unité de classe des travailleurs.

Les peuples veulent et ont besoin d'une autre Europe - Une autre Europe est possible!
Outre le cadre des traités, des politiques communes et du pacte de stabilité, l'UE a créé au cours des dernières années un mécanisme draconien permettant d'exercer un contrôle suffocant sur les budgets et les politiques budgétaires des États membres par le biais du traité fiscal, de la « gouvernance économique » et du « Semestre européen ». L'Union économique et monétaire se renforce, les relations de dépendance économiques et politiques sont en train de s'institutionnaliser, la souveraineté nécessaire pour exercer une politique différente au niveau national est en train d'être annulée, la démocratie et le droit du peuple au développement socio-économique compromis. "L'union bancaire" prône une concentration gigantesque de capitaux et le contrôle des systèmes financiers des États. Les accords de libre-échange avec les puissants centres du monde (tels que le CETA avec le Canada), en combinaison avec le commerce néocolonial, les politiques avec les périphéries en développement dans le monde, constituent l’aspect extérieur d’un modèle économique profondément injuste et exploiteur.

La démocratie, l’État et la souveraineté des peuples sont remis en question par l’imposition de relations de domination politique et économique dictées par le directoire des grandes puissances et déterminées par les intérêts des groupes économiques et financiers. Les gouvernements élus subissent des menaces flagrantes et font l'objet de chantage. Les référendums sont ignorés ou répétés jusqu'à ce que les citoyens votent conformément à ce que souhaite l'UE.

Les avertissements émis par les forces du progrès sur le caractère, les politiques et le cours de l'UE - tels que définis par ses traités et approfondis avec les politiques mises en œuvre par la droite et la social-démocratie en Europe - se sont révélés vrais. Cependant, non seulement l’UE n’écoute pas les voix des peuples, mais elle intensifie les attaques contre le niveau de vie et les droits de nos peuples. Avec le slogan "Plus d'Europe", les dirigeants de l'UE ne discutent pas d'une autre voie ou d'une autre Europe, mais de la rapidité avec laquelle l'UE continuera de renforcer ses monopoles, sa militarisation et ses diktats. D'autre part, non seulement le nationalisme et le racisme d'extrême droite ne constituent pas une alternative, mais ils représentent le visage le plus réactionnaire du capitalisme, rappelant les époques les plus sombres de l'Europe.

La crise dans l’UE - résultat du capitalisme et de ses contradictions - a mis en évidence de manière dramatique tous les problèmes et a montré que la construction de l’UE n’est pas réformable dans son essence, car ses traités définissent une structure et un processus néolibéraux et militaristes. Une voie de coopération efficace en Europe devra nécessairement reposer sur les principes de souveraineté, de liberté, de démocratie, de progrès social et de paix.

Une autre Europe est possible, nécessaire et plus que jamais à l'ordre du jour. Une autre Europe - une Europe qui servira les travailleurs, les peuples et leurs besoins - peut naître d’un changement radical des fondements sur lesquels l’Union européenne a été construite. Un changement radical conçu et décidé par les travailleurs et les peuples d'Europe.

L’histoire du continent européen est riche d’héritages militants et révolutionnaires. Cela prouve que les peuples - avec les travailleurs et les jeunes comme force pionnière - peuvent, avec leurs luttes, mettre un terme aux attaques et aux mesures barbares actuelles; barrer la route à l'extrême droite et au fascisme; ouvrir la voie à des transformations sociales majeures de caractère anti-impérialiste et anti-monopoliste: apporter une alternative au capitalisme et à ses impasses; de projeter une fois de plus la vision de la construction de nouvelles sociétés, du progrès, de la paix et de la justice sociale.

Nous unissons les forces
Nous renforçons les luttes

Les forces communistes, progressistes, anticapitalistes, anti-néolibérales, de gauche et écologistes qui ont co-signé cet appel considèrent que les prochaines élections au Parlement européen en mai prochain représentent une occasion importante d'exprimer notre lutte pour le présent et l'avenir de nos pays et du continent.

Nous savons que le danger de l'extrême droite représente aujourd'hui une menace majeure pour notre continent et ses peuples, également encouragée par l'administration Trump aux États-Unis. Les forces au pouvoir et les intérêts de l'Union européenne ne peuvent enrayer cette menace, car ce sont leurs politiques qui cultivent le terrain qui la génère, alors que certains collaborent même ouvertement avec l'extrême droite. Seules les forces du progrès, les forces qui luttent pour les droits du travail et les droits sociaux, ainsi que pour la souveraineté des peuples, peuvent être le rempart de la résistance à l'extrême droite et au fascisme. C’est pourquoi leur renforcement doit être l'option pour chaque citoyen démocrate et progressiste de chacun de nos pays.

Nous appelons les travailleurs, les jeunes, les femmes et, en général, les peuples des États membres de l'UE à exprimer leurs revendications, leurs aspirations, leurs luttes et leurs visions lors du vote aux élections au Parlement européen, en renforçant les forces qui - comme nous, les partis signataires du présent appel - sont à l'avant-garde des luttes sociales et syndicales et s'engagent à poursuivre la lutte:

Pour une Europe des droits sociaux

Qui soit utile à ceux qui produisent la richesse et font vivre l'économie, à savoir les travailleurs; qui assure des emplois permanents, stables, à plein temps et dignes pour tous; qui rétablit et favorise les acquis et les droits sociaux; qui défend et promeut les services publics; qui garantisse le droit à l'éducation et au travail de la jeune génération et un niveau de vie digne des personnes âgées et des groupes sociaux vulnérables; qui reconstruit et élargit les infrastructures sociales offrant un soutien aux familles, aux enfants et aux personnes handicapées;

Pour une Europe de progrès économique, social et écologique durable

Pour une voie de développement social et économique pour notre continent qui favorise une convergence réelle et de plus en plus croissante entre les différents pays; cela devrait être basé sur des programmes d'investissements publics pour les politiques sociales, l'utilisation durable des ressources naturelles et la protection de l'environnement; qui prenne des mesures radicales contre le changement climatique, tout en assurant la justice sociale; qui favorise le potentiel productif de chaque pays, dans le respect du droit au développement et d'un modèle de développement durable; qui assure la souveraineté et la sécurité alimentaires; qui défende le caractère public des secteurs stratégiques de chaque pays et soutient les petites et moyennes entreprises; qui met fin aux paradis fiscaux, aux mouvements de capitaux libres et déréglementés et qui combat et taxe les activités spéculatives du capital.

Pour une Europe de paix et de coopération avec tous les peuples du monde

Une Europe qui respecte la Charte des Nations Unies et le droit international, y compris les principes à l'autodétermination des peuples, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté des États; qui rejette la course aux armements et la militarisation des relations internationales; qui agit pour la fin des interférences agressives externes et des agressions extérieures; qui mette fin aux alliances militaires agressives telles que l'OTAN et à l'existence de bases étrangères et lutte pour le désarmement, y compris le retrait de toutes les armes nucléaires du territoire des États membres et l'abolition totale des armes nucléaires. Pour une Europe qui promeuve la coopération et l'amitié entre les peuples du monde entier - coopération politique, économique, sociale et culturelle, égale et mutuellement bénéfique.

Pour une Europe de la démocratie, de la coopération entre États souverains égaux en droits

Pour une Europe qui respecte la démocratie et la participation démocratique, la souveraineté et l'égalité des droits de ses États, la diversité culturelle et l'identité de chaque peuple, les droits des minorités; une Europe qui ne sera pas gouvernée par des directoires, des lobbies et les États les plus puissants, mais par les peuples.

Pour une Europe de la liberté, des droits et de la solidarité

Pour une Europe qui défende les libertés démocratiques, comme les droits syndicaux, civils et sociaux - y compris les droits numériques des citoyens, la vie privée, la protection des données à caractère personnel et la neutralité d’Internet; qui rejette les mécanismes répressifs, de classement et de surveillance; qui garantisse dans la pratique l’égalité de toutes les personnes sans distinction de sexe, d’appartenance ethnique, de couleur, de religion, de handicap ou d’identité sexuelle; qui combatte toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et consolider leurs droits, y compris leurs droits sexuels et reproductifs.

Nous travaillons ensemble et renforçons le groupe de gauche au Parlement européen

À cette fin, nous développerons davantage notre coopération et nous nous engageons à poursuivre les travaux du groupe de la Gauche unitaire/Gauche verte nordique (GUE/NGL) au Parlement européen sur la base de l'égalité et du respect mutuel de nos différences, chemins, expériences et particularités; nous poursuivons notre action commune à travers le groupe GUE/NGL en tant que lieu de coopération centré sur les nombreuses choses qui nous unissent dans la lutte pour une autre Europe.

Nous réaffirmons le caractère et l'identité de ce groupe parlementaire en tant qu'espace confédéral de coopération entre forces communistes, ouvrières, progressistes, de gauche et écologiques, dont l'objectif commun est de donner voix au sein du Parlement européen aux luttes des travailleurs et des peuples; d'affirmer, proposer et défendre des politiques progressistes et nettement différentes de celles que la droite et la social-démocratie ont poursuivies et continuent de poursuivre; de donner expression et contenu à la lutte pour une autre voie pour l'Europe.

En signant cet appel, nous nous engageons à défendre ces objectifs et ces lignes directrices. Plus nous avons de force, plus les luttes pour une Europe de la coopération, du progrès social et de la paix seront intenses.

Partis signataires de l'appel conjoint en vue de l'élection de 2019 au Parlement européen:

1. Parti progressiste des travailleurs – AKEL
2. Parti communiste du Portugal – PCP
3. Parti communiste d'Allemagne – DKP
4. Die Linke (Allemagne)
5. Parti communiste d'Autriche – KPÖ
6. Parti du travail de Belgique – PTB-PVDA
7. Parti communiste de Bohème Moravie – KSČM
8. Parti communiste du Danemark – DKP
9. Parti communiste au Danemark – KpiD
10. Parti communiste d'Espagne – PCE
11. Izquierda Unida – IU
12. Izquierda Unida i Alternativa (EuiA)
13. Anova Irmandade Nacionalista – anova
14. Communistes de Catalogne
15. Parti communiste de Finlande – SKP
16. Parti communiste français – PCF
17. Parti communsite italien – PCI
18. Parti de la refondation communiste – PRC
19. Convergence socialiste
20. Parti communiste du Luxembourg – KPL
21. Parti communiste de Malte – PKM
22. Parti communiste britannique – CPB

L'appel commun reste ouvert aux nouveaux signataires.

EUROPE / Appel conjoint pour les élections au Parlement européen

EUROPE / Bilan des élus européens Front de gauche / PCF : Patrick Le Hyaric, Marie-Christine Vergiat et Marie-Pierre Vieu.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
7 mars 2019 4 07 /03 /mars /2019 19:07
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le chiffon rouge - PCF Morlaix/Montroulez
  • : Favoriser l'expression des idées de transformation sociale du parti communiste. Entretenir la mémoire des débats et des luttes de la gauche sociale. Communiquer avec les habitants de la région de Morlaix.
  • Contact

Visites

Compteur Global

En réalité depuis Janvier 2011