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12 mars 2019 2 12 /03 /mars /2019 16:00

Leïla Shahid, ancienne déléguée générale de la Palestine en France (1994-2005) et ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne (2005-2015)

Chers amis du journal l’Humanité, les journalistes, les administrateurs et même les lecteurs et lectrices, dont je fais partie depuis quarante-cinq ans seulement ! En ces jours si difficiles où le sort de votre journal, qui est un peu aussi notre journal, se joue, je tiens à vous dire de Beyrouth, où je réside dorénavant, combien je suis solidaire avec vous tous et combien j’espère que vous trouverez les solutions qui permettront au journal de continuer à vivre. Comme je vous ai dit, j’ai commencé à lire l’Humanité à mon arrivée à Paris en 1974, comme étudiante. Je n’ai jamais cessé depuis. J’y ai toujours trouvé une couverture et des analyses qui m’ont permis de comprendre les luttes sociales, politiques et culturelles en France, et en même temps l’analyse des questions internationales comme celles de la Palestine et du tiers-monde. L’Humanité est plus qu’un journal, c’est une vision de notre société française, européenne et internationale. L’Humanité participe à créer entre ses lecteurs un désir d’actions citoyennes qui fait de nous des acteurs dans nos sociétés et pas seulement des lecteurs avertis. C’est toute la différence. Dans un moment où les luttes en France témoignent d’une crise politique, sociale, économique profonde, où la lutte essentielle contre l’antisémitisme provoque chez certains des amalgames dangereux, où la scène internationale devient de moins en moins lisible, les analyses et décodages de vos journalistes et chroniqueurs et chroniqueuses sont indispensables pour nous, lecteurs et lectrices. J’émets les vœux les plus sincères pour des solutions réalistes et efficaces pour sauver votre journal, notre journal, de cette crise qui frappe d’ailleurs un grand nombre de titres de la presse française. Je serais très heureuse d’y contribuer, si je peux.

Message de soutien de Leïla Shahid, ancienne déléguée générale de la Palestine en France (1994-2005), pour sauver L'Humanité
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12 mars 2019 2 12 /03 /mars /2019 15:51
Mineurs étrangers. Va t-on enfin en finir avec les tests osseux? - Emilien Urbach, L'Humanité, 12 mars
Mineurs étrangers. Va-t-on enfin en finir avec les tests osseux ?
Mardi, 12 Mars, 2019

Saisi par la Cour de cassation, le Conseil constitutionnel se penche aujourd’hui sur la validité de ces examens, toujours utilisés en France pour déterminer la minorité des jeunes exilés, malgré les nombreuses critiques sur leur fiabilité.

Jugés « invasifs et non fiables » par le Défenseur des droits, les tests osseux, auxquels sont régulièrement soumis les mineurs étrangers non accompagnés, sont-ils constitutionnels ? Les sages doivent se prononcer sur cette question aujourd’hui. Le Conseil constitutionnel a été saisi par la Cour de cassation, qui a lui transmis une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par le cas d’un jeune exilé Guinéen, en décembre dernier.

À son arrivée en France, en 2016, Adama est confié aux services de protection de l’enfance de l’Ain. Il déclare avoir 15 ans. Mais le conseil départemental, en charge de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), doute et souhaite le soumettre à un examen radiologique de la main ou du poignet afin de déterminer s’il est mineur ou non. Adama refuse. Courant 2017, un juge pour enfant en déduit qu’il est majeur et met un terme à sa prise en charge par l’ASE. Le jeune homme fait appel et accepte, cette fois, de subir le fameux test osseux. La cour d’appel de Lyon interprétera les résultats en lui attribuant un âge situé… entre 20 et 30 ans. Adama décide alors de se pourvoir en Cassation et ses avocats de poser la QPC.

Pour Isabelle Zribi, conseil du jeune homme, le recours à ces tests « porte atteinte à la protection de l’enfance, au droit à la santé et à la dignité ». Elle insiste également sur « la très large marge d’erreur » qu’ils comportent, risquant de « priver des mineurs de la protection de l’État et de les livrer à la rue ».

En France, des hôpitaux publics refusent de pratiquer ces tests

Inscrite au Code civil, article 388, par un coup de force, en novembre 2015, de Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, face à la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale qui demandait son interdiction, cette pratique est sévèrement décriée par les associations et par une grande partie du corps médical. Dans leur grande majorité, les médecins jugent ces tests obsolètes car basés sur des données statistiques collectées dans les années 1930-1940, sur une population américaine et bien portante. Ils comporteraient, de plus, une marge d’erreur d’au moins 18 mois pour les 16-18 ans… En Suisse, les radiologues ont décidé de ne plus les pratiquer et, en France, à Nîmes et à Brest par exemple, des hôpitaux publics s’y refusent aussi.

« C’est surtout leur interprétation soumise à une suspicion généralisée à l’égard de ces jeunes qui fait souci », dénonce Violaine Husson, en charge de la protection des mineurs à la Cimade. Selon la loi, ces examens ne doivent être pratiqués qu’en dernier ressort, avec le consentement des personnes concernées. Leurs « conclusions, qui doivent préciser la marge d’erreur, ne peuvent à elles seules permettre de déterminer si l’intéressé est mineur, précise l’article du Code civil. Le doute profite à l’intéressé ». Dans la pratique, certains départements usent de ces examens de façon systématique et concluent le plus souvent à la majorité des jeunes qui y sont soumis. « Ils peuvent déposer un recours devant un juge pour enfants, continue Violaine Husson. Mais les délais sont longs et, pendant ce temps, ces enfants sont considérés comme des adultes expulsables. »

Les documents d’état civil, présentés par les intéressés, souvent contestés

Les détournements de la loi par les conseils départementaux afin de se débarrasser des mineurs isolés ne concernent d’ailleurs pas que ces tests osseux. Les documents d’état civil présentés par les intéressés sont régulièrement contestés et envoyés au service de la fraude documentaire de la police aux frontières. Certains jeunes se voient même soumis à des évaluations de leur puberté, pourtant bannies par le législateur en 2016. « On m’a demandé de me déshabiller dans une pièce, il y avait deux médecins présents », a relaté Lassana au mois de janvier dernier, devant des journalistes du magazine Regards. L’adolescent explique avoir ensuite subi des palpations des parties génitales. Dans l’Hérault, où se seraient déroulés les faits, l’acharnement du département à l’égard de ces jeunes a conduit à l’emprisonnement, pour escroquerie à l’ASE, d’une trentaine d’entre eux depuis 2016.

Constitutionnels ou non, ces tests osseux sont un des rouages de la violente chasse aux étrangers qui se déroule en France et que l’intérêt supérieur d’un enfant ne saurait freiner.

Émilien Urbach
Quinze ans d’indignité

La dénonciation des tests osseux ne date pas d’hier. Saisi en novembre 2004 pour avis, le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé déclarait : « Il est inquiétant de voir pratiquer, à des fins judiciaires, des examens dont la signification et la validité n’ont pas été évaluées depuis plus de cinquante ans. (…) L’important est de protéger les enfants, non de les discriminer. »

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11 mars 2019 1 11 /03 /mars /2019 15:55
La compagne d'internement de Guy Môquet, la résistante Odette Nilès, sur la liste de Ian Brossat et du PCF aux Européennes

🔴 Elle est la doyenne de notre liste pour les élections européennes et c’est une fierté pour nous

➡️ Odette Nilès, résistante arrêtée par les nazis en août 1941, compagne d’internement de Guy Môquet et militante associative.

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11 mars 2019 1 11 /03 /mars /2019 15:53
Loi anticasseurs. Droite macroniste et droite LR unies contre le mouvement social
Lundi, 11 Mars, 2019

La loi restreignant la liberté de manifester, déposée par la droite sénatoriale et approuvée par les marcheurs à l’Assemblée, devrait être adoptée définitivement demain, au Sénat. Cinquante organisations alertent contre un texte liberticide.

Dans le contexte des gilets jaunes, il fallait délivrer un texte « rapidement » pour « rétablir l’ordre public ». Voilà le principal argument avancé par Bruno Retailleau, patron du groupe « Les Républicains » au Sénat, pour justifier que celui-ci vote la loi dite anticasseurs, demain, au Palais du Luxembourg. Les sénateurs LR et leurs homologues centristes n’apporteront pas la moindre modification au texte adopté par la majorité macroniste de l’Assemblée. Avec une conséquence de taille : cette proposition de loi liberticide sera alors définitivement adoptée par le Parlement. Pour rappel, cette loi visant « à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations », écrite et déposée par la droite sénatoriale, confère aux préfets le pouvoir d’interdire à une personne de manifester. Toute dissimulation volontaire du visage dans un défilé sera passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.

Un « joli coup », s’est empressé d’applaudir le magazine Valeurs actuelles. En refusant de revenir sur les modifications faites à l’Assemblée, Bruno Retailleau a pris de court la majorité macronienne, qui comptait sur le passage en deuxième lecture à l’Assemblée pour modifier ce texte, une fois que la résistance des gilets jaunes aurait perdu de sa vigueur. Cinquante députés LaREM s’étaient abstenus – un record –, lors de l’examen en première lecture et pensaient avoir suffisamment marqué les esprits pour inverser le rapport de forces au sein du groupe LaREM. « Ce vote est un signal en vue de la deuxième lecture », avait même prévenu Sonia Krimi, députée LaREM de la Manche, sûre de son fait.

Les députés LaRem ont durci le texte du sénateur LR Bruno Retailleau

À ces petits jeux politiciens, il semble que les vieux briscards de la droite sénatoriale aient donné une leçon aux députés macronistes… sur le dos des libertés publiques. Car, au-delà des chicaneries parlementaires, ce rebondissement constitue, d’un strict point de vue factuel, une alliance de la droite macroniste et de la droite LR pour attaquer le mouvement social. Loin d’être anecdotique, ce vote témoigne, au fond, d’une réelle communion d’idées sur la nécessité de conjuguer libéralisme économique et autoritarisme politique. Notons, à ce sujet, que cette proposition de loi, promue par Bruno Retailleau, a été durcie par les députés marcheurs, qui ont étendu la période pendant laquelle le préfet pouvait bannir de manifestations un individu (jusqu’à un mois). C’est ainsi qu’une « loi de circonstance », « anti-gilets jaunes », vouée aux gémonies par Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, mais aussi par Jean-Pierre Mignard et François Sureau, deux avocats proches d’Emmanuel Macron, va devenir une loi générale, intemporelle, gravée dans le marbre du Code pénal.

« Soumettre les participants et les participantes à une manifestation à une fouille systématique, confier aux préfets le pouvoir d’interdire à une personne de manifes ter, y compris sans qu’elle ait connaissance de l’interdiction prononcée et donc sans recours effectif possible, faire d’un visage en partie couvert un délit, voici l’esprit et la lettre de mesures qui sont autant d’empêchements à l’exercice d’un droit essentiel en démocratie : celui de manifester publiquement, collectivement et pacifiquement son opinion. » Telle est l’alerte lancée jeudi par 53 organisations (dont Amnesty International, Attac, la CGT, FSU, Unsa, l’Unef, le Syndicat des avocats de France, le Syndicat de la magistrature, FNE, LDH…) pour appeler « solennellement » le gouvernement et le Parlement « à abandonner ces mesures qui violent les principes les plus fondamentaux de l’État de droit ».

Si la droite sénatoriale, après avoir tenu son rôle de contre-pouvoir dans l’affaire Benalla, maintient sa position demain dans l’Hémicycle, il reviendra au Conseil constitutionnel de juger s’il s’agit d’une loi « anticasseurs » ou « antimanifestants ». « Il est archiprobable qu’elle va nous être déférée », a déclaré son président, Laurent Fabius. Lequel devra en discuter, désormais, avec Alain Juppé, promu à la juridiction suprême. Un homme de droite nommé par le pouvoir macroniste et qui avait appelé les gilets jaunes à « cesser les manifestations » dans sa ville de Bordeaux, où il avait dénoncé les « vandales », « voleurs » et « pillards » lors de l’acte IV du mouvement.

Pierre Duquesne
Loi anticasseurs. Droite macroniste et droite LR unies contre le mouvement social (Pierre Duquesne, 11 mars 2019, L'Humanité)
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11 mars 2019 1 11 /03 /mars /2019 15:48
Gérard Le Puill

Gérard Le Puill

Un week-end d’enfumage sur les retraites pour la sortie du grand débat
Lundi, 11 Mars, 2019

Médiatisés sans précaution, certains propos peuvent faire illusion quelques heures durant. Ce fut le cas ce week-end avec ceux tenus par Stanislas Guérini, délégué général de La République en Marche, le parti de Macron à propos des pensions de retraite. « Il faut revenir sur la sous-indexation des pensions pour les retraités les plus modestes. Pour ceux-là, les retraites doivent être réindexées à l’inflation», a-t-il dit à Chartres et dans le Parisien. Mais il n’a pas donné de chiffre sur le la somme mensuelle à partir de laquelle cette indexation serait souhaitable à ses yeux. Il n’a pas davantage proposé de date pour cette ré-indexation. Il a délibérément occulté les allocations familiales et l’APL  qui, elles aussi, ont été désindexées de l’inflation pour n’augmenter que de 0,3% en 2019 et en 2020, comme les pensions de retraite. 

Samedi  et dimanche, les télévisions  et les radios nous ont a laissé entendre  qu’il y aurait bientôt  une bonne nouvelle pour  les 16 millions de  retraités que compte le  pays.  On sait que plus de dix millions d’entre eux  ont perdu près de 4% de leur pouvoir d’achat en 2018 du seul fait de l’augmentation de la CSG 1,7%  sur les pensions brutes. Cette mesure injuste a diminué les pensions nettes de 1,83%. Et en même temps, comme le dit Macron, l’augmentation moyenne des prix  a été de 1,8% sur un an. Comme si cela ne suffisait pas, le président de la République  et son gouvernement  ont annoncé que les pensions de retraite ne seraient revalorisées  que de  0,3% en 2019 et en 2020. Voilà qui fera encore perdre  aux retraités près de 2% de pouvoir d’achat par an, soit un total proche de  8% sur trois ans après des années que quasi blocage sous la présidence de François Hollande.

Avec Macron, le diable se cache toujours dans les détails

Il fallait avoir ces chiffres en tête en entendant les télévisions et les radios nous dire que Stanislas Guérini, délégué général  de La République en Marche, proposait la ré-indexation des pensions de retraites sur l’inflation. Mais, avec Emmanuel Macron et son parti de supporters, le diable se cache toujours dans les détails. Certains médias laissaient entendre qu’il s’agissait de ré-indexation pour tous les retraités. D’autres notaient que la mesure ne concernerait  que les retraités modestes. Bref, il fallait avoir sous les yeux l’édition dominicale du Parisien pour lire la question du journal et la réponse du petit chef des Marcheurs à la botte de Macron. Cela donnait le dialogue suivant :

« Le malaise des retraités a aussi nourrit la crise des gilets jaunes que faire ?» questionnait le journal. Réponse de Guérini : « il faut revenir sur la sous-indexation des pensions pour les retraités les plus modestes. Pour ceux-là, les retraites doivent être réindexées à l’inflation ». Stanislas Guérini ne précisait pas le niveau de pension en deçà duquel il préconise une indexation sur l’inflation. Comme le Parisien ne l’évoquait pas non plus, on ne sait pas si  Guérini la situe au niveau du SMIC, qui est le salaire minimum des actifs travaillant à plein temps, ou en deçà.

Stanislas Guérini ne parlait que des pensions des retraités les plus modestes. Du coup, outre la majorité des retraités qu’il ne classe pas dans cette catégorie, son propos nous disait  en creux que les familles qui perçoivent des allocations familiales pour élever leurs enfants et les locataires qui bénéficient de l’Aide Personnalisée au logement (APL) n’ont rien a attendre du parti du président Macron et du gouvernement. En effet, tout comme les pensions de retraites, il est prévu que ces deux prestations ne seront revalorisées que de 0,3%  en 2019 et en 2020. Or, plus un ménage est pauvre, plus la part de ces prestations est importante pour l’équilibre de ses ressources. Ce sont donc  les pauvres qui continuent de payer les cadeaux faits aux plus riches puisque Guérini laisse clairement entendre que l’on ne rétablira pas l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) supprimé par Macron dès son arrivée au pouvoir.

Qu’attendre de la réforme des retraites dans ces conditions ?

Nous savons aussi que le président de la République a demandé à sa majorité parlementaire de réformer les systèmes de retraites dont les pensions sont jusqu’à présent calculées à partir des annuités de cotisation. Il est prévu de mettre en place un système unique de droits acquis par points. A ce propos, Emmanuel Macron ne cesse de répéter qu’il créera « un système universel des retraites dans lequel un euro cotisé donnera les mêmes droits quel que soit celui qui a cotisé ». On sait que ce système sera défavorable aux personnes qui auront souvent été victimes du chômage dans leur carrière. Mais une autre question de pose déjà. Comment faire confiance à un président de la République qui promet un système de retraite plus équitable aux futurs retraités quand ce même président décide de réduire, de deux manières douteuses et injustes, les pensions des actuels retraités en ne respectant pas les droits acquis par de longues années de cotisation ?

En effet, le pouvoir a augmenté la CSG des retraités de 1,7% sur les pensions brutes pour que les actifs bénéficient d’une petite augmentation du salaire net via la suppression des cotisations salariales pour la maladie et le chômage. Du coup, cette augmentation marginale du salaire net n’a coûte rien aux patrons, à commencer par ceux du CAC 40. Et en même temps, la sous-valorisation des pensions par une augmentation de 0,3% seulement en 2019 et en 2020 a été choisie par Macron et ses ministres de droite que sont Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin pour faire payer par les retraités et par les familles qui perçoivent des allocations familiales et de l’APL les cadeaux faits au riches via la suppression de l’ISF sur laquelle Macron refuse toujours de revenir !

Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Sébastien Lecornu, un autre ministre venu de la droite déclare, qu’en avril, « Emmanuel Macron clôturera le grande débat et précisera sa vision en donnant les grandes axes de réponse et le sens de la direction à suivre pour le gouvernement (…) Il faut rester dans l’épure de l’ADN du macronisme », croit-il utile d’ajouter .

Les retraités comme les gens de condition modeste sont donc prévenus. Seule la lutte fera reculer ce pouvoir au service des riches.

Gérard Le Puill
Un week-end d’enfumage sur les retraites pour la sortie du grand débat (Gérard Le Puill, 11 mars 2019, L'Humanité)
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10 mars 2019 7 10 /03 /mars /2019 19:40

Cher Alain Finkielkraut,

Permettez-moi de commencer par vous dire « salamtak », le mot qui s’emploie en arabe pour souhaiter le meilleur à qui échappe à un accident ou, dans votre cas, une agression. La violence et la haine qui vous ont été infligées ne m’ont pas seulement indignée, elles m’ont fait mal. Parviendrais-je, dans cette situation, à trouver les mots qui vous diront simultanément ma solidarité et le fond de ma pensée ? Je vais essayer. Car, en m’adressant à vous, je m’adresse aussi, à travers vous, à ceux qui ont envie de paix.

Peut-être vous souvenez-vous. Nous nous sommes connus au début des années 1980 à Paris, aux éditions du Seuil, et soigneusement évités depuis. Lors de l’invasion du Liban par Israël, vous n’aviez pas supporté de m’entendre dire qu’un immeuble s’était effondré comme un château de cartes sous le coup d’une bombe à fragmentation israélienne. Cette vérité-là blessait trop la vôtre pour se frayer un chemin. C’est l’arrivée impromptue dans le bureau où nous nous trouvions, de l’historien israélien Saul Friedländer, qui permit de rétablir la vérité. Il connaissait les faits. J’ai respiré. Vous êtes parti sans faire de place à ma colère. Il n’y avait de place, en vous, que pour la vôtre. Durant les décennies qui ont suivi, le syndrome s’est accentué. Vous aviez beau aimer Levinas, penseur par excellence de l’altérité, il vous devenait de plus en plus difficile, voire impossible, de céder le moindre pouce de territoire à celle ou celui que vous ressentiez comme une menace. Cette mesure d’étanchéité, parfaitement compréhensible compte tenu de l’histoire qui est la vôtre, n’eût posé aucun problème si elle ne s’était transformée en croisade intellectuelle. Cette façon que vous avez de vous mettre dans tous vos états pour peu que survienne un désaccord n’a cessé de m’inspirer, chaque fois que je vous écoute, l’empathie et l’exaspération. L’empathie, car je vous sais sincère, l’exaspération, car votre intelligence est décidément mieux disposée à se faire entendre qu’à entendre l’autre.

Le plus clair de vos raisonnements est de manière récurrente rattrapé en chemin par votre allergie à ce qui est de nature à le ralentir, à lui faire de l’ombre. Ainsi, l’islam salafiste, notre ennemi commun et, pour des raisons d’expérience, le mien avant d’être le vôtre, vous a-t-il fait plus d’une fois confondre deux milliards de musulmans et une culture millénaire avec un livre, un verset, un slogan. Pour vous, le temps s’est arrêté au moment où le nazisme a décapité l’humanité. Il n’y avait plus d’avenir et de chemin possible que dans l’antériorité. Dans le retour à une civilisation telle qu’un Européen pouvait la rêver avant la catastrophe. Cela, j’ai d’autant moins de mal à le comprendre que j’ai la même nostalgie que vous des chantiers intellectuels du début du siècle dernier. Mais vous vous êtes autorisé cette fusion de la nostalgie et de la pensée qui, au prix de la lucidité, met la seconde au service de la première. Plus inquiétant, vous avez renoncé dans ce « monde d’hier » à ce qu’il avait de plus réjouissant : son cosmopolitisme, son mélange. Les couleurs, les langues, les visages, les mémoires qui, venues d’ailleurs, polluent le monde que vous regrettez, sont assignées par vous à disparaître ou à se faire oublier. Vous dites que deux menaces pèsent sur la France : la judéophobie et la francophobie. Pourquoi refusez-vous obstinément d’inscrire l’islamophobie dans la liste de vos inquiétudes ? Ce n’est pas faire de la place à l’islamisme que d’en faire aux musulmans. C’est même le contraire. À ne vouloir, à ne pouvoir partager votre malaise avec celui d’un nombre considérable de musulmans français, vous faites ce que le sionisme a fait à ses débuts, lorsqu’il a prétendu que la terre d’Israël était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Vous niez une partie de la réalité pour en faire exister une autre. Sans prendre la peine de vous représenter, au passage, la frustration, la rage muette de ceux qui, dans vos propos, passent à la trappe.

Vous avez cédé à ce contre quoi Canetti nous avait brillamment mis en garde avec "Masse et puissance". Vous avez développé la « phobie du contact » à partir de laquelle une communauté, repliée comme un poing fermé, se met en position de défense aveugle, n’a plus d’yeux pour voir hors d’elle-même. Cette posture typique d’une certaine politique israélienne, et non de la pensée juive, constitue, entre autre et au-delà de votre cas, la crispation qui rend impossible l’invention de la paix. C’est d’autant plus dommage qu’il y a fort à parier que le monde dont vous portez le deuil est très proche de celui d’un nombre considérable de gens qui vivent en pays arabes sous la coupe de régimes mafieux et/ou islamistes. Pourquoi ceux-là comptent-ils si peu pour vous ? Pourquoi préférez-vous mettre le paquet sur vos ennemis déclarés que donner leur chance à de potentiels amis ? Le renoncement à l’idéal, dont j’évoque longuement la nécessité dans mon dernier livre sur Edward Said, est un pas que vous ne voulez pas franchir. J’entends par idéal la projection de soi promue au rang de projet collectif. Or, le seul rêve politique qui vaille, on peut aussi l’appeler utopie, c’est celui qui prend acte de la réalité et se propose d’en tirer le meilleur et non de la mettre au pas d’un fantasme. C’est précisément le contraire de l’idéal en circuit fermé qui fonctionne sur le mode d’une fixation infantile et nous fait brusquement découvrir, à la faveur d’une mauvaise rencontre, qu’il nourrit la haine de ceux qui n’ont pas les moyens de ne pas haïr. Cet homme qui vous a injurié a tout injurié d’un coup : votre personne, les Juifs et ceux que cette ignominie écœure. Il ne suffit toutefois pas de le dire pour le combattre et moins encore pour épuiser le sujet. À cet égard, je vous remercie d’avoir précisé à la radio que l’antisémitisme et l’antisionisme ne pouvaient être confondus d’un trait.

Peut-être aurez-vous l’oreille du pouvoir en leur faisant savoir qu’ils ne cloueront pas le bec des opposants au régime israélien en clouant le bec des enragés. On a trop l’habitude en France de prendre les mots et les esprits en otage, de privilégier l’affect au mépris de la raison chaque fois qu’est évoquée la question d’Israël et de la Palestine. On nous demande à présent de reconnaître, sans broncher, que l’antisémitisme et l’antisionisme sont des synonymes. Que l’on commence par nous dire ce que l’on entend par sionisme et donc par antisionisme. Si antisioniste signifie être contre l’existence d’Israël, je ne suis pas antisioniste. Si cela signifie, en revanche, être contre un État d’Israël, strictement juif, tel que le veulent Netanyahu et bien d’autres, alors oui, je le suis. Tout comme je suis contre toute purification ethnique. Mandela était-il antisémite au prétexte qu’il défendait des droits égaux pour les Palestiniens et les Israéliens ? L’antisémitisme et le négationnisme sont des plaies contre lesquelles je n’ai cessé de me battre comme bien d’autres intellectuels arabes. Que l’on ne nous demande pas à présent d’entériner un autre négationnisme – celui qui liquide notre mémoire – du seul fait que nous sommes défaits. Oui, le monde arabe est mort. Oui, tous les pays de la région, où je vis, sont morcelés, en miettes. Oui, la résistance palestinienne a échoué. Oui, la plupart desdites révolutions arabes ont été confisquées. Mais le souvenir n’appartient pas que je sache au seul camp du pouvoir, du vainqueur. Il n’est pas encore interdit de penser quand on est à genoux.

Un dernier mot avant de vous quitter. Je travaille au Liban avec des femmes exilées par la guerre, de Syrie, de Palestine, d’Irak. Elles sont brodeuses. Quelques-unes sont chrétiennes, la plupart musulmanes. Parmi ces dernières, trois ont perdu un fils. Toutes sont pratiquantes. Dieu est pour ainsi dire leur seul recours, leur seule raison de vivre. Réunies autour d’une grande table, sur laquelle était posée une toile de chanvre, nous étions une douzaine à dessiner un cargo transportant un pays. Chacune y mettait un morceau du sien. L’une un tapis, l’autre une porte, une colonne romaine, un champ d’olivier, une roue à eau, un coin de mer, un village du bord de l’Euphrate. Le moment venu d’introduire ou pas un lieu de culte, la personne qui dirigeait l’atelier a souhaité qu’il n’y en ait pas. Face à la perplexité générale, il a été proposé que ces lieux, s’il devait y en avoir, soient discrets. À la suggestion d’ajouter une synagogue, l’une des femmes a aussitôt réagi par ces mots : « S’il y a une église et une mosquée, il faut mettre une synagogue pour que chacun puisse aller prier là où il veut. Et elle a ajouté avec le vocabulaire dont elle disposait : « Nous ne sommes pas antisémites, nous sommes antisionistes. » Toutes ont approuvé, faisant valoir que « dans le temps », tout ce monde-là vivait ensemble.

Cher Alain Finkielkraut, je vous demande et je demande aux responsables politiques de ne pas minorer ces petites victoires du bon sens sur la bêtise, de la banalité du bien sur la banalité du mal. Préférez les vrais adversaires qui vous parlent aux faux amis qui vous plaignent. Aidez-nous à vous aider dans le combat contre l’antisémitisme : ne le confinez pas au recours permanent à l’injonction, l’intimidation, la mise en demeure. Ceux qui se font traiter d’antisémites sans l’être ne sont pas moins insultés que vous. Ne tranchez pas à si bon compte dans le vécu de ceux qui ont une autre représentation du monde que vous. Si antisionisme n’est plus un mot adapté, donnez-nous-en un qui soit à la mesure de l’occupation, de la confiscation des terres et des maisons par Israël, et nous vous rendrons celui-ci. Il est vrai que beaucoup d’entre nous ont renoncé à parler. Mais ne faites pas confiance au silence quand il n’est qu’une absence provisoire de bruit. Un mutisme obligé peut accoucher de monstres. Je vous propose pour finir ce proverbe igbo : « Le monde est comme un masque qui danse : pour bien le voir, il ne faut pas rester au même endroit. »

Dominique EDDÉ est romancière et essayiste. Dernier ouvrage: « Edward Said. Le roman de sa pensée » (La Fabrique, 2017).

 

(Lire aussi : Antisionisme et antisémitisme, le sens des mots)

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Note de l’auteure

 

Rédigée le 23 février dernier, cette lettre à Alain Finkielkraut a été acceptée par le journal Le Monde qui demandait qu’elle lui soit « réservée », puis elle a été recalée, sans préavis, 9 jours plus tard alors qu’elle était en route pour l’impression.

L’article qui, en revanche, sera publié sans contrepoids ce même jour, le 5 mars, était signé par le sociologue Pierre-André Taguieff. Survol historique de la question du sionisme, de l’antisionisme et de « la diabolisation de l’État juif », il accomplit le tour de force de vider le passé et le présent de toute référence à la Palestine et aux Palestiniens. N’existe à ses yeux qu’un État juif innocent mis en péril par le Hamas. Quelques mois plus tôt, un article du sociologue Dany Trom (publié dans la revue en ligne AOC) dressait, lui aussi, un long bilan des 70 ans d’Israël, sans qu’y soient cités une seule fois, pas même par erreur, les Palestiniens.

Cette nouvelle vague de négationnisme par omission ressemble étrangement à celle qui en 1948 installait le sionisme sur le principe d’une terre inhabitée. Derrière ce manque d’altérité ou cette manière de disposer, à sens unique, du passé et de la mémoire, se joue une partie très dangereuse. Elle est à l’origine de ma décision d’écrire cette lettre. Si j’ai choisi, après le curieux revirement du Monde, de solliciter L’Orient-Le Jour plutôt qu’un autre média français, c’est que le moment est sans doute venu pour moi de prendre la parole sur ces questions à partir du lieu qui est le mien et qui me permet de rappeler au passage que s’y trouvent par centaines de milliers les réfugiés palestiniens, victimes de 1948 et de 1967.

Alors que j’écris ces lignes, j’apprends qu’a eu lieu, cette semaine, un défilé antisémite en Belgique, dans le cadre d’un carnaval à Alost. On peine à croire que la haine et la bêtise puissent franchir de telles bornes. On peine aussi à trouver les mots qui tiennent tous les bouts. Je ne cesserai, pour ma part, d’essayer de me battre avec le peu de moyens dont je dispose contre la haine des Juifs et le négationnisme, contre le fanatisme islamiste et les dictatures, contre la politique coloniale israélienne. De tels efforts s’avèrent de plus en plus dérisoires tant la brutalité ou la surdité ont partout des longueurs d’avance.

Que les choses soient claires : l’antisémitisme n’est pas, de mon point de vue, un racisme comme un autre. Il est le mal qui signe la limite irrationnelle de l’humain dans notre humanité. Le combattre de toutes nos forces n’est pas affaiblir la Palestine, c’est la renforcer. Alerter un certain milieu intellectuel et politique sur les dangers d’une mémoire sioniste exclusive, c’est l’alerter sur la grave injustice qu’elle signifie, mais aussi sur le désastreux effet d’huile sur le feu antisémite que peut produire cette occultation de l’autre.

D.E.

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10 mars 2019 7 10 /03 /mars /2019 13:34
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10 mars 2019 7 10 /03 /mars /2019 13:25
Syndicalistes de choc - ils se battent avec le PCF pour défendre les intérêts des travailleurs en Europe: Frank Saillot, Marie-Hélène Bourlard, Nacim Bardi (La voix du nord)
Syndicalistes de choc - ils se battent avec le PCF pour défendre les intérêts des travailleurs en Europe: Frank Saillot, Marie-Hélène Bourlard, Nacim Bardi (La voix du nord)

➡️ Franck Saillot a occupé son usine pour la sauver,
➡️ Marie-Hélène Bourlard, ouvrière du textile, s'est battue toute sa vie pour faire respecter le monde du travail,
➡️ Nacim Bardi se bat pour Ascoval.
Ils sont tous 3 candidats sur notre liste aux européennes. Quelle fierté !

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9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 07:27

Européennes

Vendredi 5 avril: Maryam Madjidi à Morlaix, Local du PCF, 2 petite rue de Callac, à 18h: 

"Marx et la poupée: devenir écrivain dans l'exil, avec l'héritage du combat communiste en Iran et des blessures de la révolution islamique". 

Samedi 6 avril, à 11h: Maryam Madjidi à la rencontre des lecteurs à la librairie Dialogues Morlaix

Samedi 6 avril: l'écrivaine Maryam Madjidi (candidate en 8ème position sur la liste Européenne de Ian Brossat et du PCF) sera l'invitée des communistes brestois-es. Aprés avoir rencontré les lecteurs à 14 h 30 à la petite librairie et visité la médiathèque des Capucins elle particpera à une rencontre débat sur le thème de la solidarité envers les réfugiés à 18 h à la Fac Segalen.
Maryam Madjidi, écrivaine, professeur de Français Langues Etrangères travaillant avec les réfugiés, fille de militants communistes iraniens contraints à l'exil, militante pour le droit d'asile, auteur de "Marx et la poupée", un magnifique roman sur l'exil, son découverte de la France, son rapport avec l'Orient et les illusions de l'orientalisme, et l'engagement de ses parents qui a reçu le Prix Goncourt du Premier Roman en 2017 et le prix Ouest-France Etonnants Voyageurs en 2017, le prix Soroptimist de la romancière francophone 2018 !

Européennes: Il est important et essentiel que les artistes s'engagent dans ce monde: Maryam Madjidi, candidate sur la liste de Ian Brossat, à la rencontre des Finistériens le 5 et le 6 avril

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9 mars 2019 6 09 /03 /mars /2019 07:18
Rétablissement de l'ISF - la proposition de loi des députés communistes rejetée à l'Assemblée Nationale
La proposition des députés communistes rejetée à l’Assemblée nationale

vendredi 8 mars 2019

La proposition de loi des députés communistes visant à rétablir l’impôt sur la fortune (ISF), a été rejetée le 7 mars à l’Assemblée (par 58 voix contre 45 et 2 abstentions).

Outre le rétablissement de l’ISF, le texte proposait également d’instaurer une plus grande progressivité de l’impôt sur le revenu en créant des tranches supplémentaires.

Le rapporteur du texte Jean-Paul Dufrègne considère cette proposition comme "une première étape vers une meilleure justice fiscale", malgré "les insuffisances de l’ISF", auquel pouvaient échapper des grandes fortunes. Il a déploré que la majorité "prive" l’hémicycle "d’un débat de fond".

La majorité refuse le débat que tout le monde réclame. Comment ne pas y voir du mépris ? a dénoncé le député de l’Allier

- Lire également l’intervention de F. Roussel lors de la discussion générale, député du Nord

Rétablissement de l’ISF, la majorité présidentielle s’y oppose.

Intéressant à travers le contenu de cette dépêche de l’AFP de voir les positionnements et les explications des uns et des autres...les masqués tombent face à l’exigence populaire à une véritable justice sociale.

La proposition de loi des députés communistes visant à rétablir l'impôt sur la fortune (ISF), l'une des principales revendications des "gilets jaunes", a été rejetée jeudi par l'Assemblée nationale, malgré le soutien de l'ensemble de la gauche.

"Idéologique" pour la majorité, "démagogique" et "contre-productif" pour LR, ou "prématuré" selon UDI-Agir, le premier texte de la "niche parlementaire" PCF a été retoqué par 58 voix contre 45 et 2 abstentions, avant même l'examen de ses amendements.

Le rapporteur du texte Jean-Paul Dufrègne s'est défendu de verser dans l'idéologie, considérant cette proposition comme "une première étape vers une meilleure justice fiscale", malgré "les insuffisances de l'ISF", auquel pouvaient échapper des grandes fortunes. Il a déploré que la majorité "prive" l'hémicycle "d'un débat de fond".

Outre le rétablissement de l'ISF, dont la transformation en IFI (impôt sur la fortune immobilière) au début du quinquennat reste selon le député de l'Allier "le symbole d'une politique injuste", le texte proposait d'instaurer une plus grande progressivité de l'impôt sur le revenu en créant des tranches supplémentaires.

Selon la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher, ce "vieux totem de l'ISF" n'a "pas résolu le chômage de masse" ni même "permis une meilleure redistribution" des richesses. Elle a aussi souligné "son impact défavorable sur notre économie".

Pour Cendra Motin (LREM), le retour de cet impôt "serait de nature à refroidir les plus grands et riches amoureux de la France", avec pour conséquence "une attractivité affaiblie".

Lise Magnier (UDI-Agir) a elle jugé "prématuré" de rétablir l'ISF avant même d'avoir pu évaluer les effets de sa transformation.

Véronique Louwagie (LR) a fustigé un texte "dangereusement démagogique" et "contre-productif", pour ressusciter "un impôt moribond" qui "a touché davantage les classes moyennes supérieures que les grandes fortunes" et "fait fuir les capitaux hors de France".

"Seuls 0,2% des contribuables assujettis à l'ISF quittaient le territoire" par an, a affirmé, chiffres d'économistes à l'appui, le numéro un des communistes Fabien Roussel, estimant que l'on est "loin de l'hémorragie".

"L'argument selon lequel l'ISF ferait fuir est trompeur", a renchéri Christine Pirès-Beaune (PS).

Pour le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, la fin de l'ISF est "arrivée au moment le pire", celui où "vous demandiez aux gens de payer plus". L'ex-candidat à l'élection présidentielle a sommé la majorité de cesser de "cajoler les plus riches qui ne renvoient jamais l'ascenseur".

Assemblée nationale. La majorité refuse de rétablir l’ISF et d’augmenter le Smic
Vendredi, 8 Mars, 2019

Les députés communistes ont défendu des revendications portées par les gilets jaunes et plébiscitées par une majorité de Français, jeudi, alors que l’ordre du jour leur était réservé au Palais-Bourbon. La Macronie les a renvoyés dans les cordes.

Rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et augmenter le Smic ? Certainement pas. Ces deux propositions déposées par les députés PCF ont été balayées d’un revers de main, jeudi, à l’Assemblée nationale. C’est que le retour de l’ISF constituerait « un frein pour nos entreprises », selon la secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher, en nuisant à l’accumulation de capital, et donc à l’investissement et à l’emploi. L’ISF serait même « de nature à refroidir les plus grands et riches amoureux de la France », a argumenté la députée LaREM Cendra Motin. « Les mythes ont la vie dure en matière de fiscalité. Pour justifier l’injustifiable, vous avez inventé que l’ISF ferait fuir les riches. Mais aucune évaluation ne le prouve ! » a martelé Jean-Paul Dufrègne. L’élu PCF a eu beau rappeler que « les inégalités de patrimoine sont les plus importantes et les plus structurantes » en France, puisque celui des plus riches est « 180 fois plus important que celui des dix pour cent les plus modestes », rien n’y a fait. Le rappel que la suppression de l’ISF a bénéficié aux 150 000 ménages les plus aisés, soit 0,5 % d’entre eux, au moment où la France se serrait la ceinture n’a pas non plus ému la majorité macroniste.

La hausse du Smic a elle aussi été envoyée au tapis

« Il y a un problème de méthode, de calendrier », a également attaqué Agnès Pannier-Runacher. Rappelant qu’un grand débat national est actuellement en cours, elle a accusé les parlementaires PCF de vouloir en « préempter » les conclusions, ce qui reviendrait à « mépriser les Français ». C’est pourtant le président de la République, Emmanuel Macron, qui a lui-même estimé que le rétablissement de l’ISF était hors sujet dans sa lettre aux Français, quand bien même les gilets jaunes et 77 % des citoyens du pays le réclament. « Il y a un paradoxe à proposer une augmentation des impôts au moment où les Français ont exprimé un ras-le-bol fiscal », a enfin asséné le gouvernement. Drôle de façon de contrer le retour de l’ISF et la volonté du PCF de renforcer la progressivité de l’impôt sur le revenu. L’objectif était de passer de cinq à neuf tranches, pour « moins faire payer les couches populaires et les classes moyennes, et plus faire payer les gros et très gros revenus ». Il n’a pas été retenu.

La hausse du Smic a elle aussi été envoyée au tapis. Si la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a reconnu que « les revenus tirés du travail ne permettent pas à tous de faire face aux dépenses du quotidien », elle a dans la foulée affirmé qu’une hausse « forte et soudaine » du Smic aurait « des effets négatifs sur l’emploi et la compétitivité des entreprises ». Aucune étude ne le prouve, a répondu Stéphane Peu, en s’appuyant sur les travaux de l’OFCE. L’élu PCF a ajouté que cette hausse du Smic était prévue en trois fois, pour atteindre les 1 800 euros brut (soit 1 400 euros net) au 1er janvier 2022. « France Stratégie dit que le Cice est un échec. Votre cabinet l’a confirmé. Il a coûté 111 milliards d’euros en cumulé pour 100 000 emplois créés ou préservés », a-t-il détaillé. Puis il a proposé d’éteindre progressivement ce dispositif pour allouer 10 milliards d’euros par an au soutien des PME et TPE, afin que la hausse du Smic ne les fragilise pas. Mieux, selon l’élu, augmenter le salaire minimum permettra d’augmenter tous les salaires, ce qui alimentera la consommation des ménages pour devenir « le principal levier de relance de l’activité économique du pays ». Un bon investissement, « qui ne partirait ni dans la finance, ni dans les paradis fiscaux », et viendrait renforcer le financement de la Sécurité sociale, a-t-il exposé. Sans être entendu.

Aurélien Soucheyre, L'Humanité, 8 mars 2019
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