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4 octobre 2018 4 04 /10 /octobre /2018 05:51

 

L'Aquarius de SOS Méditerranée continue sa mission d'intérêt général, sa mission humanitaire dans la Méditerranée malgré les multiples embûches que les gouvernements lui mettent : fermeture des ports, menace de retrait de pavillon du Panama, silence de l'Union Européenne !

Le silence de la France et de son gouvernement est une honte.

Le PCF demande au Panama de reconsidérer sa position sur sa volonté de retrait du pavillon de l'Aquarius autrement la France devrait se faire un honneur de donner la possibilité à l'Aquarius de battre pavillon français, ce qui lui permettrait de continuer ses missions humanitaires visant à sauver de la mort des populations en détresse.

Le PCF  soutient l’appel au rassemblement citoyen de Morlaix  lancé pour le samedi 6  octobre à 14 h 30 place des Otages à Morlaix comme dans les villes de Brest, Quimper, Concarneau.  

N'acceptons pas une conception de la mondialisation qui ne donne la liberté de circulation qu'aux capitaux et aux marchandises et pas aux êtres humains, surtout quand il s'agit de vie ou de mort! Ces jours-ci sera annoncé le nom du lauréat ou de la lauréate du Prix Nobel de la Paix 2018. L'an passé, cette distinction symboliquement très importante fut attribuée à la Coalition internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN). Le Comité Nobel s'honorerait à nouveau en attribuant son prix à l'Aquarius et à l'équipe de SOS Méditerranée qui affrète depuis 2016 ce bateau de sauvetage grâce auquel plusieurs dizaines de milliers de vie ont pu être sauvées.  

 

PCF pays de Morlaix, le 2 octobre 2018 

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4 octobre 2018 4 04 /10 /octobre /2018 05:48

 

 

L'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin. 

Cette fois – parole d’Emmanuel Macron –, nous allons voir ce que nous allons voir ! 

« J’observe, j’écoute, j’entends », a donc déclaré le chef de l’État au journal le Monde, lors de son retour d’un voyage aux Antilles, évoquant tout de même la « mission » pour laquelle il a été élu : « Le devoir de faire. » Car, voyez-vous, Macron-le-sage serait sur la bonne voie. Non seulement il admet ne pas être « parfait » et vouloir se « corriger », mais l’hôte du Palais souhaiterait passer d’une posture « jupitérienne » à un président « du quotidien ». Et nous devons le croire. Affaibli par des sondages en berne, accusé d’être distant et méprisant, l’homme serait en train de redescendre sur terre au point de reconsidérer sa posture et à se réformer lui-même. « Aidez-moi », a-t-il par exemple lancé, en direct des Antilles, « j’ai besoin de vous, journalistes, population, élus ». Quel bel élan, n’est-ce pas ? Quel altruisme, quelle générosité, quel esprit d’écoute en effet… sauf quand il précise que, s’il a « besoin » de tant de monde, c’est bel et bien pour expliquer l’action de l’exécutif. Bref, Emmanuel Macron, devenu son principal ennemi, cherche des volontaires pour son service après-vente. La petite musique devient habituelle : le problème c’est la forme, pas le fond. « Pé-da-go-gie », clame-t-on à l’Élysée.

Seulement voilà, la forme c’est toujours du fond qui remonte à la surface. Ses petites phrases, comme « traverser la rue », « pognon de dingue » et tant d’autres, ne viennent jamais de nulle part. Elles reflètent trait pour trait la politique conduite et sont évidemment perçues pour ce qu’elles sont : l’expression verbale des injustices subies par les contre-réformes. Voilà ce qu’il y a de fondamental ! Dire que Macron sombre dans les sondages uniquement pour son manque de maintien est une explication un peu sommaire. Même Alain Minc, l’un des très proches visiteurs du soir, prend acte du « bonapartisme » du chef de l’État et met en garde contre un « risque de giscardisation ». On croit rêver. Vous connaissez la formule : changer pour que rien ne change. Surtout l’essentiel.

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4 octobre 2018 4 04 /10 /octobre /2018 05:45

(Chronique à paraître dans l’Humanité-Dimanche du 4/10/2018)

Ces jours-ci sera annoncé le nom du lauréat ou de la lauréate du Prix Nobel de la Paix 2018. L'an dernier, cette éminente distinction fut décernée à la Coalition internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), mouvement dont la magnifique campagne avait été à l'origine de l'adoption -historique !- d'un traité d'interdiction de l'arme atomique par 122 Etats, à l'Assemblée générale des Nations Unies. Le Comité Nobel s'honorerait à nouveau en attribuant cette année son prestigieux Prix à "l'Aquarius" et à la très méritoire association "SOS Méditerranée", qui affrète depuis 2016 ce bateau de sauvetage grâce auquel plusieurs dizaines de milliers de vies humaines ont pu être sauvées.

Un tel acte hautement symbolique serait d'autant mieux venu que la décision du Panama, sous la pression du gouvernement d'extrême-droite italien, de retirer son pavillon au navire humanitaire, compromet gravement la poursuite de ses missions si aucun pays ne se résout à l'immatriculer. Gageons que l'hommage du Prix Nobel de la Paix donnerait à ces héros des temps modernes un poids décuplé face aux Etats européens, aujourd'hui plus prompts à livrer les migrants aux pseudo "gardes-côtes" -et vrais criminels- libyens qu'à aider à organiser le secours à leurs victimes !

Plus généralement, un tel choix du Comité Nobel allégerait la chape de plomb du discours anti-migrant -tantôt ouvertement xénophobe, tantôt vicieusement ambigüe- qui s'abat depuis des mois sur une opinion publique en plein désarroi. Il aiderait, par exemple, cette majorité absolue de Françaises et de Français, troublés par la campagne ambiante , mais qui conservent une bonne opinion des ONG qui aident les migrants (1) , à reprendre confiance dans les valeurs humaines et à s'engager plus hardiment dans l'action pour les faire vivre au quotidien. "L'Aquarius est un symbole politique -note avec perspicacité un observateur averti de la société française- (...) Il rappelle d'autres bateaux célèbres, comme "l'Exodus", qui transporta en 1947 des juifs rescapés de la Shoah, ou encore "l'Ile de lumière", navire affrété en 1979 pour secourir les boat people en mer de Chine" (2). On pourrait ajouter le cas, odieux et tragique, du "Saint-Louis" , transportant 938 juifs fuyant l'Allemagne en 1939 à destination de l'Amérique, où ils furent refoulés pour être finalement accueillis, après une longue errance, en Hollande, en France et en Grande-Bretagne. Un tiers de ces réfugiés finira dans les camps de la mort...

Vivement un sursaut ! Sinon, nos descendants risquent de nous voir un jour avec le même regard incrédule mêlé de honte que celui que nous portons aujourd'hui sur les "zoos humains" exhibant jusqu'à la seconde guerre mondiale des hommes, des femmes et des enfants "primitifs" ou "sauvages", arrachés à leur terre africaine, sud-américaine ou australienne pour divertir les visiteurs des pays "civilisés".
---------
(1) Voir sondage ODOXA (27/9/2018)

(2) Jérôme Fourquet, Directeur du département Opinion de l'IFOP (Le Figaro, 26/9/2018)

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4 octobre 2018 4 04 /10 /octobre /2018 05:33
Dans la rue pour riposter à Macron (PCF)
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4 octobre 2018 4 04 /10 /octobre /2018 05:25
Défense des retraités: les députés communistes s'engagent

#retraités. Avec Sebastien Jumel, nous avons rencontré les retraités rassemblés devant l'Assemblée nationale pour protester contre les mesures du gouvernement.
Depuis des mois, les retraités disent leur colère et se mobilisent avec leurs organisations pour revendiquer.
C’est la raison pour laquelle, avec le groupe communiste à l’Assemblée, j’ai déposé une proposition de loi visant à garantir le pouvoir d’achat des retraités. Nous leur avons remis un exemplaire du texte.

Pierre Darhéville, député communiste des Bouches-du-Rhône

#retraités. Remise aujourd'hui au 1er ministre des 250 000 pétitions recueillies par 9 organisations pour défendre le pouvoir d'achat des retraités.

#retraités. Remise aujourd'hui au 1er ministre des 250 000 pétitions recueillies par 9 organisations pour défendre le pouvoir d'achat des retraités.

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3 octobre 2018 3 03 /10 /octobre /2018 06:16

Les élus communistes ont dénoncé la communication de Gérard Collomb depuis ce lundi où Gérard Collomb a annoncé avoir proposé sa démission à Emmanuel Macron.

Dans un communiqué, les élus communistes de Lyon ont dénoncé “le bien triste spectacle” donné par Gérard Collomb “depuis 48h” avec son annonce de démission refusée puis sa nouvelle annonce dans les colonnes du Figaro pour confirmer sa démission. “Les Lyonnais peuvent une fois de plus constater que leur vie et leur ville sont le cadet des soucis de leurs principaux édiles”, ont jugé les élus PCF. “Comme son ancien poulain à la présidentielle méprise la République, Gérard Collomb montre combien ses intérêts privés priment sur ceux de notre collectivité, sur ceux des Lyonnais et des grands Lyonnais”, ajoutent-ils.

Lyon n’est pas une petite baronnie médiévale, c’est une grande ville dont les élus devraient consacrer leur énergie à améliorer la vie quotidienne de leurs habitants, à s’attaquer au manque de logements, à accueillir les migrants qui dorment dans nos rues, à développer les services publics... Au lieu de ça, nous assistons une fois de plus à de petits arrangements entre amis pour s’assurer une place au chaud », concluent les élus communistes .

(Lyon Capitale, Justin Boche, 2 octobre) 

Gérard Collomb signe la démission la plus rocambolesque de la Ve République

 

Démission de Gérard Collomb: un triste spectacle selon les élus communistes lyonnais
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3 octobre 2018 3 03 /10 /octobre /2018 06:02

 

Neuf organisations de retraités organisent, ce mercredi, des rassemblements à Paris contre les choix du gouvernement conduisant à la baisse du pouvoir d’achat des anciens. Huit ménages sur dix perdront 700 euros en moyenne à l’horizon 2020, selon une étude (*).

Attention, sujet sensible pour le gouvernement. À l’évocation du pouvoir d’achat des retraités, ses membres laissent voir leur malaise. Le 24 septembre, sur France 2, au soir du rendu de la copie budgétaire pour 2019, le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, était au supplice pour tenter de convaincre que les anciens allaient bénéficier d’un surplus de pouvoir d’achat « comme tous les Français » (sic), grâce à « la baisse de la taxe d’habitation ». La réalité est moins reluisante. Neuf organisations de retraités (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, LSR, UNRPA) qui appellent, ce mercredi, à des rassemblements à Paris (lire ci-contre), dénoncent au contraire le choix du gouvernement « d’appauvrir les retraités ». « Après l’augmentation de la CSG au 1er janvier 2018 (…), le premier ministre a annoncé la désindexation des pensions par rapport à l’inflation avec seulement 0,3 % de revalorisation pour 2019 et pour 2020 », soulignent-elles dans un communiqué commun. Cela, alors que la hausse des prix devrait atteindre, ces deux prochaines années, respectivement 1,7 % et 1,8 %, selon la Banque de France, après une augmentation de 2,1 % en 2018.

La CSG va concerner cette année 8,2 millions de retraités

Quant au taux majoré de CSG, qui continuera de s’appliquer l’an prochain, il a concerné cette année 8,2 millions de retraités. Sachant que, selon la direction des études et statistiques du ministère de la Santé (la Drees), le niveau de vie médian des retraités se situe à 1 760 euros par mois pour une personne (c’est-à-dire que 50 % des retraités ont des revenus supérieurs à ce niveau et 50 % des revenus inférieurs), la ponction de CSG atteint 360 euros par an pour un retraité percevant une pension de ce montant. L’an prochain, il faudra ajouter à l’amputation du pouvoir d’achat de ce retraité la part de l’inflation non compensée, soit 295 euros, et même 619 euros en 2020, du fait de l’effet cumulatif des deux années de gel. Bilan de ces deux mesures (CSG et gel des pensions) : un retraité vivant seul avec une pension de 1 760 euros par mois aura perdu 360 euros en 2018, 655 euros en 2019 et 984 euros en 2020, soit 2 000 euros en trois ans. Dans bien des cas, la baisse de la taxe d’habitation (TH) d’un nouveau tiers chaque année d’ici à 2020 (30 % en 2018, 65 % en 2019 et 100 % d’exonération en 2020) ne suffira pas à combler le trou. Ainsi, dans notre exemple, seul un retraité payant au moins 1 025 euros de TH annuelle pourrait équilibrer les pertes et les gains. En comptant une TH plus « réaliste » de 400 euros par an, la perte sera, une fois l’exonération de TH incluse, de 240 euros en 2018, 395 euros en 2019 et 584 euros en 2020, soit 1 220 euros sur trois ans.

Et, logiquement, cette perte ira crescendo avec le montant de la pension. Ainsi, un retraité des deux derniers déciles (les 20 % les mieux lotis), dont le revenu moyen s’élève à 3 726 euros par mois, selon la Drees, perdra, si ce revenu est constitué de pensions de retraite, 760 euros en 2018, 1 384 euros en 2019 et 2 074 euros en 2020, soit 4 218 euros sur trois ans. Pour ce dernier, aucune exonération de TH ne viendra adoucir la facture, puisque les foyers au-dessus de 27 000 euros par an de revenus pour une personne et 43 000 euros pour un couple ne sont pas concernés par cette mesure. Si le gouvernement a certes consenti un geste bienvenu en faveur du minimum vieillesse (833,20 euros mensuels de plafond pour une personne et 1 293,50 euros pour un couple) qui progressera de 100 euros par mois d’ici à 2020 en trois revalorisations annuelles successives (+ 30 euros en 2018, + 35 euros en 2019 et autant en 2020), celui-ci ne concerne que 436 000 bénéficiaires, soit 2,8 % du total des retraités. Les autres se consoleront en échappant à la hausse de la CSG à condition que leurs revenus fiscaux soient inférieurs à 14 404 euros par an pour une personne seule ou, pour un couple, à 22 095 euros. étant entendu que, de toute façon, les retraités déclarant moins de 11 018 euros de revenus annuels pour une personne seule (16 902 euros pour un couple) sont de toute façon exonérés de CSG, tout comme ceux qui touchent moins de 901 euros par mois le sont de la taxe d’habitation. Voilà qui relativise la générosité du gouvernement.

Au final, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), qui a essayé de faire le tri dans ce maquis fiscal, 8 foyers sur 10 (79 %) comptant au moins un retraité seront perdants de 700 euros en moyenne à l’horizon 2020, du fait des mesures du gouvernement. Étalée sur l’ensemble des retraités, y compris les 21 % de « gagnants » (pour 700 euros également en moyenne par foyer, selon l’OFCE), la perte moyenne s’élèvera à 400 euros par foyer. Autrement dit, ce que perdront les mieux dotés ne sera pas compensé par ce que gagneront les plus modestes : on a bien affaire à un appauvrissement global des retraités. Tout le contraire de la justice sociale, qui exigerait d’élever le niveau de vie général des retraités en appuyant plus fortement sur les plus défavorisés, sans prendre aux revenus moyens ou plus confortables. D’autant que l’OFCE précise qu’il n’a pas tenu compte, dans ses calculs, de l’abaissement des impôts sur le capital et sur le patrimoine, dont le bénéfice, pour le tout petit nombre des retraités très fortunés, pourra être largement supérieur aux pertes imputables à la hausse de la CSG et à la sous-indexation des pensions. Eux restent les vrais gagnants des choix fiscaux du quinquennat Macron.

 

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3 octobre 2018 3 03 /10 /octobre /2018 06:00

 

À la suite du Brexit, la Commission européenne a choisi de revoir le tracé des corridors maritimes bordant le continent, en ne retenant aucun port français. Des députés communistes et la CGT montent au créneau.

Les vagues provoquées par le Brexit n’ont pas fini d’être utilisées par les instances de l’Union européenne pour libéraliser et désorganiser l’économie et l’activité des pays membres. Cette fois, la lame touche les ports français. En effet, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), entamée le 29 mars 2017, a conduit la Commission européenne à modifier les trajets des navires marchands dans les océans et les mers qui entourent le continent. Une révision censée éviter d’isoler l’Irlande de la partie continentale de l’UE. C’est ce qu’a annoncé le 1er août dernier Violeta Bulc, la commissaire européenne aux Transports, en présentant le projet de modification du corridor du réseau central transeuropéen entre la mer du Nord et la Méditerranée. Sauf que, si de nouvelles liaisons sont ajoutées entre les ports irlandais de Dublin et Cork et les ports belges de Zeebrugge et Anvers ou encore celui de Rotterdam (Pays-Bas), aucun port français n’est prévu dans ce nouveau plan. Une situation que dénoncent les députés communistes Jean-Paul Lecoq et Pierre Dharréville dans une lettre au premier ministre. Relayant « la stupéfaction et l’incompréhension de la communauté maritime et portuaire nationale », les parlementaires, dont les circonscriptions comprennent notamment les ports du Havre et de Marseille-Fos-sur-Mer, rappellent l’évidence : « Il suffit de prendre une carte pour s’apercevoir que vouloir créer des corridors maritimes entre les ports irlandais et les ports belges et néerlandais en écartant nos ports nationaux (…) constitue un non-sens. »

« Affaiblir économiquement la Grande-Bretagne pour la punir du Brexit en misant sur l’Irlande »

Xavier Bertrand, président (LR) du conseil régional des Hauts-de-France, dont les ports de Calais et de Dunkerque sont également exclus du nouveau corridor, a également réagi, estimant que « la Commission européenne doit revoir sa copie et le gouvernement réagir ». Un risque pour les ports français de regarder passer les navires plutôt que de les voir accoster, et ce, alors que l’efficacité y est parfois supérieure aux autres places portuaires. C’est le cas au Havre, qui traite 23 conteneurs à l’heure, contre 16 seulement pour le port de Rotterdam, pourtant automatisé en grande partie. Jean-Paul Lecoq y voit aussi une volonté d’« affaiblir économiquement la Grande-Bretagne pour la punir du Brexit en misant sur l’Irlande et en faisant de ce pays une plateforme portuaire majeure reliée à des autoroutes maritimes vers le cœur de l’Europe ». Un « jeu dangereux », juge le député havrais, « parce qu’ici ce n’est pas l’intérêt général qui prime, celui des États membres et des peuples de l’Union, mais un intérêt économique, de guerre économique, de dumping économique ». Si Pierre Dharréville et lui se sont associés avec d’autres députés pour saisir la commissaire européenne et lui réclamer d’intégrer les ports français au corridor, ils ont également demandé à Édouard Philippe de quelle façon une telle proposition a pu être élaborée sans que le gouvernement et la communauté portuaire n’y soient associés. En outre, comment ce dernier a-t-il pu ne pas voir que le financement des ports français par l’Europe dans le cadre des investissements prévus pour le futur réseau transeuropéen de transport (RTE-T) serait remis en cause ?

Des marchandises qui devront être acheminées par route avec un impact écologique désastreux

Pour Serge Coutouris, secrétaire général adjoint de la fédération CGT des ports et docks, la réponse est à chercher du côté du lobbying exercé à Bruxelles par « des places portuaires qui ont déjà bénéficié largement des aides de l’Europe ». Il y a dix ans, le port de Rotterdam bénéficiait déjà de 900 millions d’euros de fonds européens alors que les ports français devaient se partager seulement 174 millions d’euros. Le syndicaliste pointe aussi l’inertie du gouvernement, auquel la CGT réclame la création d’un véritable ministère de la Mer, afin de « promouvoir une politique d’investissement ambitieuse et à la hauteur du statut de la France et de sa particularité géographique ». Le gouvernement préfère orienter l’économie sur le tourisme, plutôt que de valoriser ses atouts industriels, dont les ports sont une pièce maîtresse, selon Serge Coutouris. Certains petits ports français seraient même mis en danger, et avec eux « toute l’économie du territoire environnant », fait-il remarquer. L’inquiétude est d’autant plus grande que les marchandises, qui devront être acheminées par route des ports belges et néerlandais vers la France au lieu d’y arriver directement par bateaux, auront un impact écologique catastrophique. Dans un communiqué commun, la CGT des ports et docks et celle des douanes sollicitent elles aussi le gouvernement et réclament qu’il obtienne des modifications de ce projet, exprimant leur refus de « subir les conséquences de décisions des technocrates de l’Europe sous le diktat des lobbyings ». Chez les travailleurs portuaires et dockers, la date de la mobilisation du 9 octobre sera un premier pas pour faire entendre la voix des ports et de ceux qui les font vivre.

 

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3 octobre 2018 3 03 /10 /octobre /2018 05:59

 

Stéphane Travert, a présenté hier après-midi devant quelques journalistes le budget du ministère de l’Agriculture pour 2019. Selon le ministre, ce budget est orienté pour « libérer la capacité d’entreprendre des agriculteurs, protéger les consommateurs et unir les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les consommateurs ». Mais, avec 4,7 milliards d’euros, les crédits de paiement sont en baisse de 10% par rapport à 2018.

Dans son introduction consacrée à la présentation du budget de son ministère pour 2019, Stéphane Travert a fait référence à la nécessité de « rechercher des compromis, de retrouver de la cohérence et de l’éthique dans les relations commerciales conformément à la charte signée le 14 novembre 2017 », entre les fournisseurs de matière premières que sont les paysans, les transformateurs de l’industrie agroalimentaire et les distributeurs ». Il évoquait ainsi la loi promise voilà un an dans le cadre des Etats Généraux de l’Alimentation, laquelle n’est toujours pas votée en ce début d’automne alors qu’elle était promise pour le début du printemps.

Toutefois, on sait déjà que la majorité LaREM à l’Assemblée nationale, exige que cette Loi alimentation, ne puisse pas fonctionner comme promis , s’il n’y a pas consensus entre les paysans , les transformateurs et des distributeurs sur l’évolution des coûts de production . En cas de non accord sur les chiffres au sein des interprofessions, le gouvernement et sa majorité refusent que soient utilisés ceux que fournit chaque année « l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires » qui produit un rapport tous les ans sur le sujet et dont les syndicats paysans demandaient l’arbitrage en cas de désaccord.

 

La sécheresse augmente sensiblement les coûts de production

On sait que les conséquences de la sécheresse estivale vont augmenter durablement le prix de revient de chaque litre de lait et de chaque kilo de viande au départ de la ferme. En raison du manque de fourrage et de l’augmentation des prix pour le foin , la paille et les céréales qui entrent dans l’alimentation des bovins , des ovins , ces caprins , des porcins et des volailles , on aurait besoin de calculer mois par mois l’augmentation des coûts de production dans tous les types d’élevage. Mais on sait déjà que la nouvelle loi ne le permettra pas contrairement à ce que laissait entendre Emmanuel Macron quand il déclarait le 11 octobre 2017 à Rungis : « Nous modifierons la loi pour inverser cette construction des prix qui doit pouvoir partir des coûts de production(…) les prix seront construits à partir des coûts de production et je souhaite que les négociations commerciales qui commencent dès novembre puissent refléter l’esprit de la loi à venir et faire l’objet d’un engagement de toutes les parties à ces négociations sous l’autorité des ministres », ajoutait-il ce jour-là.

Ce ne fut jamais le cas dans les négociations commerciales annuelles qui se déroulèrent entre novembre 2017 et février 2018.Ce ne sera pas le cas cette année encore, même si la loi est enfin votée en octobre 2018. Car, comme l’ont rappelé ces derniers jours Michel Raison et Anne-Catherine Loisier , rapporteurs sur cette loi au Sénat, «le texte voulu par la majorité gouvernementale risque d’accroître le déséquilibre du rapport de force commercial au détriment de agriculteurs ».

 

C’est dans ce contexte, que Stéphane Travert a présenté hier son budget qui sera « de 4,6 milliards d’euros en autorisation d’engagements et de 4,7 milliards en autorisation de paiement », ce qui donne une baisse de 11% par rapport au budget de 2018 en autorisation d’engagement et de 10% en autorisation de paiements. Le ministre affirme néanmoins que ce budget en baisse permettra de préserver « le soutien aux agriculteurs et aux filières (…) la sécurité sanitaire de la chaîne alimentaire (…) la préparation de l’avenir, via la formation des jeunes et l’innovation ». 

 

Une aide de 114 millions d’euros d’allègement de charges supprimée en 2019

 Quelques jours avant la présentation du budget de ministère de l’Agriculture, le monde paysan apprenait que le gouvernement avait décidé de supprimer en 2019 « le dispositif d’exonération de charges pour les Travailleurs Occasionnels et Demandeurs d’Emploi (TO/DE)». Les travailleurs occasionnels sont embauchés au coup par coup notamment pour la cueillette, des fruits de saison, des tomates et autres légumes dans les serres ainsi que pour les vendanges. 

Pour comprendre les raisons qui amenèrent la mise en place de ce dispositif, il faut avoir en tête que nous sommes dans une Europe où le dumping fiscal, social et environnemental est utilisé par une majorité de pays membres pour gagner en compétitivité. En Espagne, principal pays exportateur de fruits et légumes, les travailleurs clandestins sud américains sont nombreux dans les serres et les vergers en plus des saisonniers venus d’Europe centrale et du Maroc. En Allemagne, on compte énormément de travaillés détachés avec des charges salariales alignées sur celles du pays d’origine, ce qui fait baisser le coût de la main d’œuvre pour les employeurs. En Europe centrale, les immigrés ukrainiens sont moins payés que les travailleurs locaux. En Italie, le travail non déclaré continue d’être pratiqué à grande échelle.

Dès lors, même avec des travailleurs payés au SMIC horaire, les coûts de production des arboriculteurs et des serristes français sont plus élevés que ceux de leurs concurrents puisque cette suppression augmente le coût de la main d’œuvre de 189€ par mois. Producteurs de tomates en Loire Atlantique, Laurent Bergé estime que 78.000 contrats de travail saisonniers sont ainsi menacés en 2019 dans la seule région des Pays de la Loire. Pour les entreprises de la région qui emploie cette main d’œuvre occasionnelle le coût supplémentaire s’élèverait à 20 millions d’euros.

 

Ce surcroît de dépense ne poserait pas de problème si les maraîchers et les arboriculteurs pouvait intégrer cette hausse des charges des le prix de vente de leurs produits. Mais , répétons le , la grande distribution sait de longue date privilégier de l’achat de forts contingents de produits frais importé en pariant sur le fait que ces importations, en réduisant leur demande en produits français fera toujours chuter les cours dans les salles de vente au cadran de tout l’Hexagone.

Hier matin, entre 150 et 200 paysans de l’Ardèche, de la Drôme et de l’Isère ont manifesté devant la préfecture de Valence. « Le gouvernement ne nous écoute pas. Nous voulons lui expliquer que nous avons besoin des TO/DE sur l’ensemble des filières arboricole viticole et maraîchage, sans oublier les semences, les pépinières et l’horticulture », a déclaré Jérôme Volle, vice président de la FNSEA et viticulteur dans l’Ardèche.

 

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3 octobre 2018 3 03 /10 /octobre /2018 04:55
Ian Brossat

Ian Brossat

"A partir de la deuxième moitié des années 1970 et durant toute une décennie, , les Brigades de la défense étaient en fait une milice de hors-la-loi financée par l'argent public. Jusqu'à 1985, leur chef, Rifaat al-Assad (le frère de Hafez), était un chabbih au plein sens du terme. Un homme vulgaire, grossier, violent, cupide et débauché dont la cruauté et la corruption étaient sans limites. Il détenait en grande partie le monopole de la contrebande des antiquités. C'était un homme impulsif, contrairement à son frère, calculateur et patient. Rifaat a été l'acteur principal du massacre de Hama en 1982, et deux ans plus tôt de celui de la prison de Palmyre. Quand à Hafez, il "excellait" en tout. La preuve était la torture sauvage des prisonniers politiques islamistes durant une vingtaine d'années, dans la prison de Palmyre..." 

(Yassin Al-Haj Saleh, intellectuel communiste syrien, opposant au régime)

 

Yassin al-Haj Saleh nous fait pénétrer au coeur du système fasciste et criminel d'une cruauté sans limites du pouvoir des Al-Assad dans "La question syrienne"

"La question syrienne" de Yassin Al-Haj Saleh - La révolution des gens ordinaires face au pouvoir fasciste et mafieux du clan Assad

"La révolution des gens ordinaires", extraits d'un article de juin 2011 de Yassin Al-Haj Saleh (La question syrienne)

 

 

Rifaat Al Assad poursuit Ian Brossat en diffamation pour avoir estimé que la propriété parisienne du Syrien, exproprié, a été « obtenue avec de l’argent volé au peuple ».

«Le bien mal acquis, obtenu avec de l’argent volé au peuple syrien par l’un des pires régimes au monde, va servir à l’intérêt général. » Cette phrase qu’aurait prononcée Ian Brossat (PCF), rapporte RTL en 2016, n’a pas plu à Rifaat Al Assad. L’oncle de l’actuel dirigeant syrien a intenté un procès en diffamation contre l’adjoint parisien au logement et le journaliste à l’origine de l’article, Rémi Sulmont. L’audience se tient aujourd’hui au tribunal correctionnel de Nanterre (L'Humanité, 1er octobre 2018)

 

Emission de France Inter le 2 septembre 2017: 

L’oncle du président syrien, Rifaat Al-Assad, est dans le collimateur de la justice française. Elle enquête sur son patrimoine immobilier évalué à 90 millions d’euros.

Enquête de Benoît Collombat

C’est un véritable « Monopoly » en plein Paris. Rifaat Al-Assadpossède deux luxueux hôtels particuliers (dont l’un de plus de 3000 mètres carrés, avenue Foch), ainsi qu’une quarantaine d’appartement dans les beaux quartiers parisiens. Il est également propriétaire d’un château de 45 hectares à Bessancourt, dans le Val d’Oise, de deux terrains, à Paris et dans l’Ain. Il possède encore 7 300 mètres carrés de bureaux à Lyon.

 

Des biens acquis entre 1984 et 1988. Un patrimoine estimé à plus de 90 millions d’euros par le fisc.

Suite à la plainte de deux associations (« Sherpa » et «Transparency international France ») une information judiciaire a été ouverte en avril 2014 sur l’origine de ce patrimoine considérable. Le juge Renaud Van Ruymbeke instruit cette enquête.

En juin 2016, Rifaat Al-Assad est mis en examen pour :

  • blanchiment de fraude fiscale en bande organisée
  • détournement de fonds publics
  • travail dissimulé

Une enquête à l’échelle européenne

L’enquête s’étend à toute l’Europe : en Espagne d’abord, où des perquisitions ont eu lieu dans la station balnéaire de Marbella. Là aussi, Rifaat Al-Assad dispose d’un patrimoine impressionnant, évalué à plus de 600 millions d’euros. Investigations en Angleterre également autour d’une luxueuse propriété londonienne dont il semble être le propriétaire à travers un trust.

« Cette instruction ne concerne pas seulement Rifaat Al-Assad, mais aussi la façon dont les autorités françaises ont validé ces opérations de blanchiment », estime l’avocat de « Sherpa », Marie Dosé.

Mais avant d’être inquiété par la justice, Rifaat Al-Assad a longtemps été protégé par la France.

Un exil doré

Dans les années 1970, il est le bras droit de son frère, Hafez Al-Assad, qui dirige la Syrie. Il est à la tête d’une brigade spéciale chargée de museler toute contestation dans le pays. L’homme est également un intermédiaire incontournable dans de nombreux marchés.

« Dans les années 70, la Syrie bénéficie d’une aide exceptionnelle de la part des pays du Golfe dans le cadre de la lutte contre Israël,explique le spécialiste du Proche-Orient, Fabrice Balanche. Ça représente quasiment 40% du PIB syrien. C’est la grande époque des achats d’usines, clés en mains, à la Tchécoslovaquie, à la Roumanie ou à la Russie… avec de confortables commissions pour les dirigeants syriens. »

Mais à partir des années 1980, les choses se gâtent. Rifaat Al-Assad tente de renverser son frère. Son coup de force est un échec. En 1984, il doit quitter la Syrie. Direction : la Russie, la Suisse, puis la France, où il est accueilli à bras ouverts.

« À cette époque, la famille Al-Assad était assez proche des dirigeants français, notamment du président de la République, François Mitterrand », se souvient l’ancien ministre des affaires étrangères, Roland Dumas.

Le 28 février 1986, Rifaat Al-Assad est fait Grand-Croix de la Légion d’Honneur par le président Mitterrand. Il est également invité aux chasses présidentielles, comme le révèle un courrier rédigé par le responsable des chasses et « l’homme de l’ombre » de l’Elysée, François de Grossouvre. Voici ce qu’il lui écrit le 19 décembre 1988 :

« Monseigneur, Le président de la République m’a confié le soin d’organiser en votre honneur, une chasse à Rambouillet, le vendredi 20 janvier 1989. Je vous accueillerai en tant que représentant du Président de la République à 9h30 au château de Rambouillet. Des battues se dérouleront de 10h à 13h (faisans, canard), suivies d’un déjeuner. Souhaitant que cette invitation vous agréez, permettez-moi, Monseigneur, de vous assurer de ma très haute considération et de mes meilleurs sentiments. »

Rifaat Al-Assad n’est pas seulement proche du pouvoir socialiste. Il soigne également ses réseaux à droite, avec l’entourage deJacques Chirac, président du RPR et Premier ministre de 1986 à 1988. Le 20 janvier 1988, Rifaat Al-Assad reçoit, par exemple, les bons vœux du ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua.

Malgré son exil en France, il maintien des liens avec le régime de Damas. Il garde même le titre de vice-président syrien jusqu’à la fin des années 1990.

Le « deal » secret avec les services secrets français

Pour comprendre pourquoi toute la classe politique est « aux petits soins » avec lui, il faut se plonger dans le contexte politique de l’époque.

Dans les années 1980, la France est visée par de nombreux attentats, au Liban. L’ambassadeur de France est même tué dans un attentat à Beyrouth, en septembre 1981. Les « services » français soupçonnent alors le régime syrien. Ils décident donc de faire passer un message à Rifaat Al-Assad. Une rencontre est organisée, à l’été 1983, près de Genève.

« Nous avons fait comprendre à Rifaat Al-Assad qu’il fallait arrêter de lancer des bombes et d’assassiner des diplomates, se souvient l’ancien chef du service de renseignement de la DGSE, Alain Chouet. Sinon, il y aura des représailles contre lui. Il a immédiatement compris. Un « téléphone rouge » a été mis en place. Et les attentats se sont arrêtés. »

 

Une sorte de « deal » est donc conclu : plus d’attentats, et en échange, on le laisse faire tranquillement des affaires.. D’autant plus que l’oncle de Bachar Al-Assad peut donner un « coup de pouce » dans certains gros contrats de matériels militaires, comme dans cette vente d’hélicoptères à l’Arabie saoudite, à l’été 1988.

Voilà ce que Jean-Claude Sompairac, le patron de la SOFRESA (la société chargé d’exporter l’armement français en Arabie saoudite) écrit, à l’époque, à Rifaat Al-Assad :

« Excellence, ainsi que vous le savez, le contrat d’hélicoptères pour l’Arabie saoudite dont nous avions parlé lors de notre dernier entretien a été signé il y a quelques semaines. Je tiens à vous remercier de l’aide que vous avez pu apporter à la France dans la conclusion de cette opération qui va resserrer les liens qui la lient à la nation arabe. »

Un homme très protégé

La France profite également de son carnet d’adresses au Moyen-Orient. L’ex-homme fort du régime syrien bénéficie même de la protection des services secrets français.

« Nous n’avions aucun intérêt à lui faire des misères, reconnaît Alain Chouet. On préférait le mettre à l’abri d’un certain nombre de choses. C’est une décision qui a été couverte par le pouvoir politique. »

Cette protection va durer un long moment, comme l’ont constaté les habitants de la commune de Bessancourt, dans le Val d’Oise, où se situe le château de Rifaat Al-Assad.

« Lorsque j’ai été élu maire de Bessancourt en 2001, deux membres des Renseignements généraux sont venus me faire passer un message, se souvient Jean-Christophe Poulet. Rifaat Al-Assad est pour nous un partenaire, il ne faut rien faire contre lui. »

Jusque dans les années 2000, des hommes en arme ont même circulé autour du château, braconnant parfois à l’arme de guerre.

Petits arrangements entre amis

À l’origine, le château de Bessancourt était la propriété de la famille royale saoudienne, qui l’a cédé au début des années 1980 à Rifaat Al-Assad. Lors de leurs investigations, les enquêteurs ont d’abord découvert d’étranges pratiques avec la municipalité de l’époque. Lorsque les Saoudiens ont voulu agrandir le château, ils ont versé 2 millions de francs à la commune pour mieux faire passer leur permis de construire.

« Les saoudiens ont fait un don à la commune qui a permis de financer la construction d’un gymnase pour les arts martiaux,confirme un ancien élu aux enquêteurs, le 23 mai 2016.L’opposition aurait pu dire quelque chose mais il y a eu des consignes de l’Elysée pour taire ces faits. »

Quant à Rifaat Al-Assad, il aurait également versé de l’argent aux associations locales pour être tranquille.

Logement précaire et argent noir

De l’argent liquide circule également autour du château pour payer les nombreux Syriens à son service. Quatre cents personnes sont ainsi venues de Syrie dans les années 1980. Il en resterait entre 60 et 70 aujourd’hui : des soutiens ou des employés de Rifaat Al-Assad, logés dans d’anciens haras, sur une quinzaine d’hectares, autour du château de Bessancourt, dans des conditions parfois précaires.

« Nous avons constaté des problèmes d’asthme sur certains enfants en bas âge, à cause de l’humidité et de la moisissure, raconte le directeur du Centre communal d’action social de Bessancourt, Elie Domergue. Nous avons relogé une famille. »

La plupart des employés étaient payés au noir. Selon un ancien responsable du personnel entendu par les enquêteurs, la famille Al-Assad retirait chaque mois 200 000 euros en espèces. L’enquête a en effet montré qu’entre 80 000 et 120 000 euros étaient retirés chaque mois sur un compte Société Générale d’une de ses épouses. Ces paiements en espèces auraient duré, selon les investigations, jusqu’en novembre 2010, avant d’être réalisés par virement.

Dans les paradis fiscaux

D’où vient tout cet argent ? Comment Rifaat Al-Assad a-t-il pu acquérir son patrimoine immobilier ? Il affirme que c’est essentiellement grâce à l’aide de la famille royale saoudienne qu’il a acheté ses biens.

« Notre client a bénéficié d’une aide massive de l’Arabie saoudite qui lui a permis de se constituer son patrimoine », expliquent à la justice française les avocats. L'un de ses fils, Siwar, affirme :« L’Arabie saoudite a financé la lutte de mon père pour pousser l’État syrien à entamer des réformes sérieuses en Syrie ».

Rifaat Al-Assad a notamment fourni aux enquêteurs un chèque de 10 millions de dollars de l’Arabie saoudite, encaissé en juillet 1984. Mais pour les enquêteurs, cet argent ne permet pas de financer tous ses achats immobiliers, dans les années 1980.

Les avocats ont également produit à la justice trois virements saoudiens effectués, à la fin des années 2000, soit un total de 40 millions d’euros versés à Rifaat Al-Assad entre 1984 et 2010.

Selon un rapport de synthèse des enquêteurs, « la volonté de dissimulation de Rifaat Al-Assad relative à son patrimoine est caractérisée ».

Aucun achat n’est effectué à son nom, mais à celui de proches ou de sociétés dont l’oncle de Bachar Al-Assad est le bénéficiaire. A chaque fois le circuit de l’argent révèle le passage par des sociétés offshore, dans des paradis fiscaux : sur l’île de Curaçao (dans la mer des Caraïbes), au Liechtenstein, au Panama, à Guernesey ou à Gibraltar.

Un budget syrien qui explose

Les enquêteurs ont également recueilli le témoignage d’anciens dignitaires du régime syrien qui accusent Rifaat Al-Assad d’avoir récupéré de l’argent du régime, mais aussi de l’argent libyen.

Un ancien ministre des affaires étrangères syrien explique, par exemple, qu’Hafez Al-Assad aurait versé 300 millions de dollars à son frère, dont 200 millions viendraient des caisses de l’Etat et 100 millions d’un prêt libyen.

Autre témoignage : celui de l’ancien ministre de la défense, Mustafa Tlass (qui est mort en juin 2017, à 85 ans). Il affirme sur procès-verbal que Rifaat Al-Assad aurait « vidé la banque centrale syrienne » et empoché « 200 millions de dollars américains en liquide, par avion, à Damas. » Des témoignages jugés « erronés » et « orientés » par ses conseils.

Les enquêteurs ont également constaté qu’au moment où il quittait la Syrie en 1984, les dépenses de la présidence syrienne quadruplaient, de façon exceptionnelle, accréditant ainsi la piste d’argent public détourné.

Entendu à plusieurs reprises par le juge Renaud Van Ruymbeke, Rifaat Al-Assad explique qu’il ignore tout de son patrimoine. Ce n’est pas la conviction de la justice pour qui il possède « la complète maîtrise de l’intégralité de son patrimoine ».

Des soupçons de trafic archéologique

Selon nos informations, l’enquête sur le patrimoine immobilier s’est récemment élargie à un possible détournement du patrimoine archéologique syrien.

Un avocat syrien, exilé en Suède, affirme auprès de la justice française avoir été spolié d’un trésor découvert par les hommes de Rifaat Al-Assad en 1975.

L’histoire est la suivante : son grand-père, agriculteur, était le maire d’un village, dont les terres auraient été confisquées par Rifaat Al-Assad pour construire un aéroport militaire. Des travaux sont lancés, lorsque les ouvriers du chantier font alors une découverte incroyable. « Ils ont découvert sous un rocher un trésor archéologique romain sublime, explique l’avocat du plaignant syrien, Joseph Bréham. Il y avait des statues d’hommes et de chevaux à taille réelle en or, des pièces d’or… Rifaat Al-Assad a rapidement débarqué en hélicoptère pour récupérer ce trésor. Les syriens ont été spoliés d’une part de leur patrimoine. »

Des accusations qualifiées de « fantaisistes » par les avocats de Rifaat Al-Assad, qui rappellent qu'en 2015 le journal Le Mondeavait été condamné pour diffamation après avoir relayé ces mêmes accusations

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