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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 15:45

Cachez cette guerre que nous ne saurions voir. Dans une note adressée ce vendredi aux rédactions, le ministère français des Affaires étrangères demande aux médias de « bien vouloir renoncer à tout projet éventuel » d’envoyer des équipes de reportages en Syrie, en raison d’une « recrudescence de la violence », particulièrement dans la Ghouta orientale et le canton d’Afrin, théâtre d’une offensive de l’armée turque.


Sous l’apparence de simples « recommandations », cette note du Quai d’Orsay consiste en réalité à inciter les rédactions à rester à distance, et pire, à les inciter à ne pas acquérir et diffuser les reportages des journalistes indépendants qui couvrent le conflit sur place. « Une vigilance particulière devrait s’exercer lors de l’acquisition des reportages de journalistes indépendants s’ils ont été réalisés dans des conditions les exposant à des risques disproportionnés » précise en effet dans sa note la porte-parole du Quai d’Orsay Agnès Von der Mühll.


Ce faisant, le ministère fragilise la position de ces reporters, et ouvre la voie à une culpabilisation des confrères qui seraient tentés de faire leur travail, dans les conditions extrêmes qui sont toujours celles des conflits armés.


Les syndicats français de journalistes SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes, membres de la fédération internationale des journalistes (FIJ), dénoncent cet appel à l’autocensure, et une vision rétrograde d’une profession qui serait condamnée, au nom de la sécurité, à se cantonner aux sentiers bien balisés de la communication et du journalisme embarqué.


Le Quai d’Orsay va jusqu’à rappeler aux rédactions « la nécessité de respecter les conditions juridiques d’entrée sur le territoire et d’exercice du métier de journaliste des pays voisins de la Syrie », comme pour donner raison aux autocrates qui ne cherchent qu’à cacher leurs exactions aux yeux du monde, qui emprisonnent et condamnent des journalistes coupables d’avoir voulu simplement exercer leur profession.


Les syndicats SNJ, SNJ-CGT et CFDT-Journalistes appellent les rédactions françaises à prendre leurs responsabilités comme elles l’ont toujours fait, pour informer au mieux les citoyens sur la situation très complexe de ce conflit au long cours dans le nord-ouest syrien.


Paris, le 18 mars 2018
SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes

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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 15:40

Table ronde avec Nicolas Matyjasik, politologue, Sciences-Po Lille, Gérard Aschieri, professeur honoraire, représentant de la FSU au Conseil économique social et environnemental et Claudine Boisorieux, maire (DVG) de Clamecy (Nièvre).

Rappel des faits. Réformes de l’hôpital, du baccalauréat et de l’accès à l’université, casse de la SNCF par ordonnances… le gouvernement démantèle un à un les services publics, citoyens et syndicats se préparent à une forte mobilisation.

Réformes de l’hôpital, du baccalauréat, de la SNCF… comment analysez vous la politique du gouvernement en matière de service public ?

MAYJASYK Nicolas - ASCHIERI Gérard - BOISERIEUX ClaudineMAYJASYK Nicolas - ASCHIERI Gérard - BOISERIEUX ClaudineMAYJASYK Nicolas - ASCHIERI Gérard - BOISERIEUX Claudine

MAYJASYK Nicolas - ASCHIERI Gérard - BOISERIEUX Claudine

Nicolas Matyjasik On remarque une certaine urgence à agir : il faut être dans la démonstration de la modernité. Aller vite, utiliser un champ lexical qui induit la rationalisation, la transformation, allumer différents feux pour être en mouvement et insaisissable pour ses adversaires. Un engrenage de réformes, pointillistes et peu coordonnées, qui manque d’une vision globale sur ce que doivent être les services publics au XXIe siècle. Cette question de l’État, de nos services publics est pourtant essentielle car elle est au carrefour de la réflexion sur notre avenir commun. Elle conditionne ce que nous souhaitons pour le vivre-ensemble, le maillage de nos liens sociaux et de nos territoires. Depuis une soixantaine d’années, les gouvernements successifs se sont empressés de vouloir moderniser l’État, ce que montrent très bien les travaux du politiste ­Philippe Bezes (Réinventer l’État. Les réformes de l’administration française), sans penser ce que devait être l’État. Avec en toile de fond, depuis les années 1980, cette fameuse saillie de Reagan : « L’État est plus le problème que la solution. » Il faut donc réduire les périmètres d’intervention, libéraliser. C’est l’ère des méthodes privées appliquées aveuglément à la sphère publique, le new public management. Les fonctionnaires sont trop souvent et depuis bien longtemps des boucs émissaires, ils sont des chiffres que l’on pourrait baisser à l’infini. Ce culte du chiffre est absurde, il faut le désacraliser. Les fonctionnaires, ce sont des femmes et des hommes engagés, ce sont des visages, ce sont les artisans de la République du quotidien. Car ce sont des métiers et des vocations qui, s’ils étaient supprimés, réduits ou transférés au privé, rendraient notre vie plus coûteuse, plus angoissante. Imaginez si nous devions payer directement, par nous-même, pour notre santé, notre sécurité, l’éducation de nos enfants ou le régime de retraite de nos parents.

Gérard Aschieri Les réformes sont de nature diverse, mais selon moi, elles sont sous-tendues par deux constantes : d’une part la volonté de réduire à tout prix les dépenses publiques, d’autre part la promotion de l’initiative privée et de la concurrence, y compris entre les individus, considérées a priori comme plus efficaces pour répondre aux besoins. Cela ignore ou minore délibérément ce que sont les fonctions des services publics : permettre à chacun où qu’il soit de bénéficier de l’effectivité de ses droits, droit à l’éducation, à la santé, à la sécurité, à la mobilité, etc. ; prendre en compte le temps long, contribuer à l’aménagement du territoire et au développement durable, bref prendre en charge l’intérêt général. C’est pour cela qu’ils se sont construits autour d’un certain nombre de principes, comme l’égalité, la continuité, l’adaptabilité, la laïcité. Et s’ils ont un coût, il ne faut pas oublier ce qu’ils apportent en termes aussi bien économiques, sociaux, environnementaux que politiques : ils sont un des éléments centraux de la cohésion de la société. Certes, ces bénéfices sont difficilement évaluables, mais on ne peut les ignorer.

Claudine Boisorieux Nous constatons au niveau national et plus particulièrement au niveau rural les difficultés de fonctionnement de plus en plus grandes de nos services publics, auxquels nous sommes attachés. Cette notion recouvrant la participation de tous au service de chacun. Quel que soit le secteur, nos services ne correspondent plus aux besoins, à notre époque, à la demande de la population. Des réformes sont nécessaires. Encore faut-il ne pas précipiter les décisions et ne pas supprimer avant d’avoir trouvé les solutions de remplacement. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne la santé, l’enseignement et les transports. Ces réformes, qui mettent en jeu non seulement le service public mais l’organisation de notre société, sont particulièrement complexes. Dans le domaine de la santé par exemple, chaque débat nous montre une complémentarité nécessaire mais difficile à trouver entre service public et médecine libérale.

Justement, face à sa disparition dans les territoires, que reste-t-il de l’esprit du « service public » ?

Claudine Boisorieux Fixer des seuils de fréquentation pour des installations en secteur d’isolement géographique, peu urbanisé, hors de l’influence des grands pôles donne aux habitants le sentiment d’être abandonnés et de voir diminuer de plus en plus la sécurité à laquelle ils ont droit, comme sur le reste des territoires plus urbanisés. Ceci est un constat et une solution n’est pas facile à trouver. Elle demande discussions, concertation avec les différents partenaires. Ne donnons pas le sentiment aux habitants de nos campagnes qu’ils sont abandonnés par l’État et que leur vie a moins d’importance que celle des habitants des métropoles. Dans notre territoire, où les médecins ne s’installent pas, généralistes ou spécialistes, les urgences de jour et de nuit sont le recours de notre population.

Gérard Aschieri La réduction des moyens des services publics, leur disparition d’un certain nombre de territoires mais aussi la gestion managériale qui s’y est déployée leur rendent de plus en plus difficile d’assurer efficacement ces missions dans le respect de ces principes. L’égalité de traitement est souvent mise à mal, aussi bien pour les agents que pour leurs usagers. Cela fait perdre de vue le sens de leurs missions, sape les fondements du vivre-ensemble et mine la confiance de la société. Le gouvernement est en train de faire voter une loi intitulée « Pour un État au service d’une société de confiance » : la politique qu’il mène envers les services publics va à l’encontre de cette intention affichée. Or, comme le rappelait le Cese dans un avis récent sur ce projet de loi (1), notre « pacte social (…) plonge ses racines dans les principes constitutifs des services publics et de la fonction publique qu’il s’agit de réaffirmer ».

Nicolas Matyjasik Une certaine forme de schizophrénie est palpable : les Français sont attachés à leurs services publics mais ils sont toujours défiants à l’endroit de ceux qui les délivrent. Aujourd’hui, les services publics sont notre bien commun, garants de l’intérêt général. Chaque citoyen doit se retrouver en eux et se sentir considéré. Soyons clairs : quand les services publics faiblissent, la France recule, la République perd du terrain. On le voit bien dans nos territoires, avec une montée du Front national, qui joue sur cet abandon.

En quoi est-il urgent de préserver les services publics et comment les développer ?

Gérard Aschieri Les réactions aux suppressions des services publics montrent l’attachement envers eux et les arguments avancés dans les batailles locales renvoient précisément à la conception des services publics que je viens de développer : derrière ces mobilisations, ces protestations, on perçoit la conscience qu’il existe des besoins collectifs et un intérêt général qui dépasse la somme des intérêts particuliers et que la concurrence ne permet pas d’y répondre de façon efficace. En même temps, il ne faut pas se cacher que les Français sont sensibles à l’idée de réduction des déficits publics et qu’ils ont parfois le sentiment que les services publics ne répondent pas assez bien à leurs attentes, ne prennent pas assez en compte leur situation spécifique. Les batailles à mener doivent en tenir compte : il est urgent de défendre les services publics mais aussi de débattre et d’agir pour qu’ils aient les moyens d’assurer l’ensemble de leurs missions et de s’adapter aux besoins dans leur diversité et leur évolution. Cela implique notamment d’agir pour une fiscalité juste et véritablement redistributive. Et je suis également convaincu qu’il faut en démocratiser la gestion en associant mieux les personnels et les usagers, qui doivent pouvoir faire entendre leur expérience professionnelle et leur expérience d’usage dans les décisions à prendre.

Claudine Boisorieux Je ne me crois pas capable seule de proposer une solution mais je suis convaincue de la nécessité de sauver nos campagnes. Dans un futur proche, sans doute les habitants des villes seront-ils bien heureux de pouvoir s’y réinstaller. Encore faut-il qu’ils y trouvent les écoles pour leurs enfants et les transports en commun indispensables. Arrêtons l’exclusivité des TGV, pensons aux TER et, en règle générale, équilibrons les efforts du pays sur l’ensemble de nos territoires.

Nicolas Matyjasik Il y a une urgence démocratique, celle de reconnecter les citoyens avec la chose publique. Plutôt que de s’enfermer dans des discours techniciens sur le volume de la dépense publique ou le statut des fonctionnaires, il serait préférable de créer un espace public où nous pourrions échanger, dialoguer sur l’action publique de demain, celle du XXIe siècle, la bâtir avec les citoyens. Les collaborations entre services publics et société civile se développent, il faut y être attentif. Sans pour autant que cela soit synonyme d’une diminution irréfléchie du rôle de l’État, comme cela a été le cas au Royaume-Uni avec le programme de Big Society de David Cameron. Il y a une culture nouvelle de l’interaction entre public et privé, de l’expérimentation, de l’évaluation et de l’innovation publique à construire. Se connecter davantage sur les initiatives de la société civile qui viennent compléter et améliorer les politiques publiques. La préservation de nos services publics et leur amélioration sont un enjeu essentiel. Nous devons lutter contre cette « phobie d’État », pour reprendre les mots du philosophe Michel Foucault. L’étendue des possibles est vaste, propulsée par les potentialités numériques. 

(1) Avis « Avant-projet de loi pour un État au service d’une société de confiance », rapporteure Nicole Verdier-Naves, novembre 2017.

Au service de l’intérêt général

En 1911, selon les mots du juriste Léon Duguit, le service public recouvre « toute activité dont l’accomplissement doit être assuré, réglé et contrôlé par les gouvernants parce que l’accomplissement de cette activité est indispensable à la réalisation et au développement de l’interdépendance sociale, et qu’elle est de telle nature qu’elle ne peut être réalisée complètement que par l’intervention de la force gouvernante ».

 

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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 15:38

Alors que le gouvernement a décidé de passer en force en recourant aux ordonnances pour engager des transformations sans précédent de la SNCF, le débat fait rage.
Table ronde avecc Didier Le Reste, Président de la Convergence nationale rail et Daniel Coffin Responsable du Collectif de développement du rail de la région de Montluçon, Thomas Portes Responsable national du PCF en charge du collectif cheminots, Paul Ariès Collectif des syndicalistes et usagers pour un plan B écolo et social à la SNCF et  Matthieu Orphelin Député LREM du Maine- et-Loire.

 

Pour un contrôle démocratique et citoyen

Il s’agit d’une grande question de société. Face aux enjeux environnementaux, d’aménagement du territoire et de mobilité qui se trouvent face à nous, la France a besoin d’un grand service public ferroviaire, de voyageurs comme de marchandises, qui soit sorti de la soumission à l’économie de marché avec pour objectif unique de répondre à l’intérêt général. Après les grands discours sur l’écologie (Grenelle de l’environnement, COP21), il est urgent pour l’avenir de notre planète de mettre les actes en adéquation avec les paroles. Nous devons réfléchir sur le long terme à la façon dont nous transporterons les personnes et les biens. Depuis plus de vingt ans, les réformes qui se succèdent à la SNCF n’ont pas réglé le problème fondamental de la dette du ferroviaire. Pire, en refusant de traiter cette question, les gouvernements successifs ont aggravé la situation, à tel point qu’aujourd’hui la SNCF, du fait qu’elle paie chaque année 1,6 milliard d’euros d’intérêts, n’a plus les moyens d’investir.

Développer le rail public, c’est un choix politique. Un choix qui demande des moyens. Aussi, l’État doit, dans un premier temps, reprendre la dette dans son intégralité. Dans un second temps, il faut engager un grand plan de financement pour la régénération et le développement du réseau, afin de répondre aux besoins toujours plus importants de mobilité. Des solutions existent. En appliquant la taxe locale sur les bureaux et la taxe sur les parkings d’hypermarché à l’ensemble du pays, en créant un versement transport payé par les entreprises à toutes les régions et en relançant l’écotaxe poids lourds, ce sont plus de 3 milliards d’euros par an qui pourront être investis dans la SNCF pour assurer la desserte de tout le territoire.

Le réseau ferré français, dont le développement est une priorité incontournable, doit être en capacité d’irriguer l’intégralité du pays, et ainsi jouer son rôle dans l’aménagement du territoire. Cela est incompatible avec une ouverture à la concurrence. Italie, Angleterre… Tous les exemples en attestent, là ou il y a eu ouverture à la concurrence, nous avons constaté une atrophie du réseau. Contrairement à l’entourloupe de communication gouvernementale, qui laisse croire que les 9 000 kilomètres de lignes seront sauvés, rien n’est réglé !

Avec l’évolution des modes de vie, qui éloigne les citoyens des métropoles et entraîne un rallongement des temps de transport entre le domicile et le travail, le rail public doit bénéficier de plus de moyens financiers, matériels et humains pour assurer un service de qualité et sécurisé. Avoir des gares ouvertes, des horaires de train qui répondent aux besoins des usagers, des cheminots qui travaillent en proximité sont autant de conditions pour assurer une prestation élémentaire à la population : le droit au transport.

Nous sommes au pied du mur. Nous avons besoin de faire du fret ferroviaire une priorité. On parle beaucoup d’écologie. Jamais de trains. Or, il s’agit du transport le plus écologique. Il n’y a pas eu un mot là-dessus pendant la COP21. Quant au Grenelle de l’environnement, il plaçait à 25 % l’objectif de transport de marchandises par rail. Nous sommes à moins de 10 % ! Un train de 35 wagons, c’est 55 camions de 32 tonnes en moins sur les routes. Le PCF demande un état des lieux du fret. Tout cela ne sera possible qu’avec le retour à une entreprise unique et intégrée, assortie d’une gouvernance 100 % publique et placée sous un contrôle démocratique et citoyen.

 

Un plan B écologiste et social

Salariés et syndicalistes de la SNCF et usagers de ce service public, mais aussi signataires de l’appel à la convergence antiproductiviste, nous exigeons un grand débat public sur le devenir du chemin de fer. Le statut des cheminots, loin d’être un obstacle à la transition écologique, est la condition du développement d’un grand service public ferroviaire. La France compte déjà deux fois moins de lignes ferroviaires (30 000 km) qu’à la création de la SNCF (60 000 en comptant les lignes locales). La France est en retard par rapport aux autres pays comparables. Le rail ne représente plus que moins de 10 % des trafics de personnes et de marchandises alors que ce mode de transport est le plus écologique, le moins dangereux et, potentiellement, le plus juste socialement. Le rail ne représente que 2 % de l’énergie consommée par les transports et 1 % seulement des émissions de gaz à effet de serre. Au moment où le gouvernement abandonne le projet de Notre-Dame-des-Landes, il est incompréhensible qu’il s’en prenne aux chemins de fer. Nous proposons d’ouvrir un grand débat national autour de dix questions :

1) Le développement prioritaire du fret ferroviaire. La part du ferroutage est passée sous les 10 % en raison des choix politiques favorables au transport routier. Nous défendons le transport combiné rail-routes comme nous défendons le transport fluvial et par oléoduc.

2) Le retour au maillage du territoire. Nous exigeons l’abandon du projet de suppression de 9 000 km de lignes, la réouverture des lignes locales abandonnées et la création de nouvelles.

3) L’instauration de la gratuité des transports dans les TER. L’instauration de la gratuité dans les TER, comme dans les transports en commun urbains, est la bonne solution, car les transports collectifs sont le seul choix écologiquement et socialement responsable, la gratuité étant la seule façon de réussir la transition écologique dans l’égalité. L’augmentation constante des tarifs a abouti en effet à écarter les milieux populaires, déjà victimes de la gentrification urbaine, du ferroviaire, TER compris, et à privilégier les milieux aisés.

4) L’abandon du système hypercapitaliste de tarifs variables (« yield management »).

5) Le retour aux trains de nuit contre la grande vitesse. Les pays du nord de l’Europe comme la Norvège, la Suède mais aussi l’Autriche prouvent le succès de ces trains. Le train de nuit est la meilleure alternative à l’avion. Nous soutenons le réseau européen au train de nuit Back on track.

6) La démocratisation de la SNCF avec une réelle participation des cheminots et des usagers aux choix d’équipements ferroviaires afin d’avancer vers une société des usagers maîtres de leurs usages.

7) la priorité absolue aux trains locaux sur les TGV. La SNCF doit être un vecteur de la relocalisation nécessaire. Une rame TGV coûte entre 40 et 50 millions d’euros. Une rame TER coûte entre 1,5 et 15 millions d’euros. Moins de grande vitesse mais plus de ferroviaire.

8) Le retour du TER au ferroviaire contre l’autobus. On compte aujourd’hui 260 lignes trains et 240 autobus.

9) Le maintien de la SNCF comme établissement public.

10) La défense des droits des salariés de la SNCF et d’ailleurs, contre la division créée par le pouvoir et la majorité des médias.

 

Osons la transformation

Nous avons besoin d’un service public du rail enfin centré sur les mobilités du quotidien, soutenable financièrement, innovant et répondant aux enjeux de la transition écologique. Les Français sont profondément attachés au service public ferroviaire, qui transporte chaque jour plus de 4 millions de voyageurs. Il est un gage de la cohésion entre les territoires, de la compétitivité de nos entreprises, de l’attractivité du pays. Il est urgent d’engager sans tarder une refondation de notre système ferroviaire. Sortons des postures et regardons en face la réalité de la situation du système ferroviaire. Les trains circulent sur un réseau vieux et inadapté au transport de masse qui explique les retards fréquents (nos voisins européens font mieux) et les grands incidents de ces derniers mois. Après quarante ans où seules les lignes TGV semblaient compter aux yeux des grands élus, accordons enfin la priorité à la modernisation du réseau pour améliorer la qualité de service. C’est pourquoi SNCF Réseau va consacrer 36 milliards d’euros en dix ans pour la modernisation et la rénovation du réseau : c’est 50 % de plus que la dernière décennie.

On a souvent entendu ces derniers jours que le gouvernement voulait fermer « les petites lignes » : c’est faux ! Chaque ligne répondant à un besoin particulier, il faut une analyse locale et une discussion avec les territoires. Renforçons certaines lignes, envisageons pour d’autres des moyens d’améliorer le service public (par exemple avec des navettes électriques avec des fréquences plus nombreuses).

Pour être durable, le service public doit être soutenable, ce n’est pas le cas aujourd’hui. La dette de SNCF Réseau a augmenté de 15 milliards d’euros entre 2010 et 2016, pour atteindre 45 milliards d’euros fin 2016. Elle augmente mécaniquement de 2,5 milliards par an (dont 1,3 milliard d’euros juste pour les intérêts financiers, ce qui pose question sur le rôle des banques…) : cette situation n’est plus tenable, ceux qui prétendent le contraire prennent une lourde responsabilité.

Repenser la mobilité de demain, c’est aussi faciliter la multimodalité, en connectant de façon simple l’ensemble des services de transport accessibles sur un territoire donné, y compris pour la billettique. La gare doit devenir un lieu privilégié d’échanges intermodaux et un lieu de services multiples. Les plateformes de services ont besoin de lieux physiques (lieux de rendez-vous pour le covoiturage notamment, aménagements vélo) qui doivent devenir une composante de l’espace public urbain. La mobilité de demain doit être mise au service de la vie quotidienne des Français, et notamment de l’emploi : l’an dernier, un jeune sur quatre a refusé un emploi faute de moyen de transport, cela n’est pas admissible !

Enfin, l’innovation sera au cœur de la mobilité de demain, avec notamment le déploiement du train hydrogène et du train solaire, des « RER des grandes aires urbaines », ou encore avec la révolution des véhicules autonomes, en priorité pour les zones rurales. Comme nous l’avons recommandé dans le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures remis à la ministre Borne en février, il est urgent d’expérimenter dès les prochains mois la circulation de véhicules autonomes en sites propres entre des gares sur d’anciennes voies de chemin de fer. Cela permettra une offre nouvelle de mobilité, en particulier dans les zones rurales, où la voiture est trop souvent la seule solution.

Osons cette transformation vers un nouveau service public du rail ! Dans dix ans, les citoyens diront que la SNCF est redevenue notre fleuron national, le modèle d’un service public performant et d’une société publique qui a su se remettre en question et innover.

 

Sauvons notre bien commun : la SNCF !

Dans la société du libéral Macron où la norme doit être pour le monde du travail la précarité et l’ubérisation, le mensonge est érigé en mode de communication. Si certains ont encore des doutes sur la nature des politiques poussées à marche forcée par Emmanuel Macron et son gouvernement, celles-ci s’inspirent grandement de celles qu’ont conduites Reagan aux États-Unis et Thatcher au Royaume-Uni. Bien que la SNCF, qui fête ses 80 ans aujourd’hui, transformée en groupe public ferroviaire (GPF), soit à peine sortie de la réforme de 2014, devant régler les dysfonctionnements récurrents et s’attaquer à l’endettement du système, Macron décrète l’urgence, en appui du rapport Spinetta, pour pousser une nouvelle réforme à coups d’ordonnances.

Alors que des associations d’usagers, des syndicats de cheminots, des élus n’ont pas manqué ces dernières années de dénoncer l’abandon du réseau classique, la détérioration de la qualité du service, les opérations capitalistiques à risques à l’étranger du groupe SNCF, aujourd’hui Macron-Philippe-Pepy, veulent faire payer aux usagers et aux cheminots les « erreurs » des politiques passées.

L’enfumage du premier ministre à propos de l’avenir des « petites lignes » (9 000 km !), dont le futur, dit-il, ne peut se décider à Paris, masque mal la volonté de l’État de confier la gestion de celles-ci aux collectivités territoriales… ou du moins à celles qui le pourront !

Dans le sillage de Guillaume Pepy qui développe depuis des années les activités routières au détriment du train, Emmanuel Macron met en marche une politique antiferroviaire, anti-service public. Transformer la SNCF en société anonyme, faisant passer l’État de propriétaire à actionnaire, ce sont là les conditions d’une future privatisation partielle ou totale… au seul bénéfice des intérêts privés !

Face à cette entreprise de démolition du bien commun, il y a lieu de se mobiliser pour la mettre en échec et imposer les conditions d’un véritable plan de développement du service public ferroviaire porté par une entreprise publique, unique, intégrée, permettant de répondre aux enjeux d’aménagement du territoire, de mobilité, de développement économique, d’environnement, de réponse aux besoins sociaux. Comme l’a fait l’Allemagne à deux reprises, l’État doit reprendre sa dette (46 milliards d’euros) et s’attaquer à la concurrence déloyale entre les modes de transport.

Afin d’être en adéquation avec nos engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique, il nous faut relancer le transport de marchandises par rail, réactiver les trains de nuit et le dispositif auto-train ainsi qu’il convient de revitaliser les trains d’équilibre du territoire (TET, trains Corail…). Une stratégie de volume, à savoir que plus de personnes utilisent le train, suppose de mettre en œuvre une politique tarifaire de service public basée sur la référence kilométrique et de revenir à une TVA à 5,5 %.

Nos associations soutiennent un certain nombre de propositions de financement comme la création d’un versement additionnel pour les régions, ou encore la création d’un fonds de développement européen financé par la BCE dont une des missions serait de financer les investissements nécessaires.

Ce qui se joue aujourd’hui ne concerne pas que les cheminots et les usagers du rail : c’est d’un choix de société dont il est question ! Si on veut éviter la casse d’un bien commun, vital, une catastrophe sociale, écologique, tout commande à se mobiliser pour défendre le chemin de fer, le rail public.

Didier Le Reste

Président de la Convergence nationale rail et Daniel Coffin Responsable du Collectif de développement du rail de la région de Montluçon

Thomas Portes

Responsable national du PCF en charge du collectif cheminots

Paul Ariès

Collectif des syndicalistes et usagers pour un plan B écolo et social à la SNCF

Matthieu Orphelin

Député LREM du Maine- et-Loire

 

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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 06:32
Syrie. La ville d’Afrin occupée par l’armée turque et les islamistes
PIERRE BARBANCEY
LUNDI, 19 MARS, 2018
L'HUMANITÉ
Depuis mercredi soir, près de 250 000 personnes ont quitté Afrin, empruntant un couloir dans le sud de la ville menant vers des territoires tenus par les Kurdes ou le pouvoir syrien. Bulent Kilic/AFP
 

Les troupes d’Erdogan et ses supplétifs ont pris possession de la ville. Les combattants kurdes annoncent qu’ils vont passer d’une guerre de confrontation directe à une tactique d’attaques éclairs.

Que veut Ankara ? Hier, l’armée et ses supplétifs islamistes ont pris le contrôle de la ville d’Afrin et le premier geste des militaires a été de hisser le drapeau turc sur l’un des bâtiments principaux de cette cité du nord-ouest de la Syrie. Les soldats turcs et les djihadistes se sont déployés dans l’ensemble des quartiers, tirant en l’air et paradant pour célébrer leur victoire, ont rapporté des correspondants de l’AFP. Perchés sur le balcon d’un bâtiment public, des soldats ont fièrement brandi le drapeau turc. Plus loin, des rebelles syriens se sont rassemblés au pied d’une statue d’une figure historique de la résistance kurde, déboulonnée.

Plus de 1 500 combattants kurdes auraient été tués

Il s’agit donc bel et bien d’une occupation au terme d’une opération lancée le 20 janvier. Près de 250 000 personnes ont quitté Afrin depuis mercredi soir, empruntant un couloir dans le sud de la ville menant vers des territoires tenus par les Kurdes ou le pouvoir syrien. Les communications téléphoniques ainsi qu’Internet ont été coupés, et il est difficile de savoir exactement ce qui se passe. Des informations ont fait état du bombardement d’un convoi de bus dans lequel se trouvaient près de 300 personnes. Le bilan serait des plus lourds. La veille, l’hôpital central de la ville avait été visé, faisant au moins 16 morts. Des exactions contre les civils ont été rapportées. Un « grand nombre » des combattants kurdes ont « fui la queue entre les jambes ! » a lancé le président turc, Recep Tayyip Erdogan. « Notre travail n’est pas fini (...). Mais les terroristes sont finis à Afrin », a renchéri le porte-parole du gouvernement turc, Bekir Bozdag. Dimanche matin, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a indiqué que plus de 1 500 combattants kurdes auraient été tués, ainsi que 400 islamistes. L’armée turque a de son côté fait état de 46 soldats tués et 225 blessés dans ses rangs.

« Pendant 58 jours, l’armée turque a attaqué la population et la région d’Afrin, dans un objectif de génocide et de dépopulation. C’est une attaque commune, préparée et soutenue par la Russie et les pouvoirs internationaux, a dénoncé Osman Cheikh Issa, coprésident du comité exécutif du canton d’Afrin. Ce n’est pas une attaque seulement sur Afrin, mais sur tout le peuple du nord de la Syrie. La résistance des peuples du nord de la Syrie a été une résistance commune. » Pour sa part, Brusk Hesêkê, porte-parole des Unités combattantes kurdes (YPG), a insisté : « Nous ne nous sommes pas retirés d’Afrin, nous avons pris des précautions pour sauver la vie des civils qui ont été soumis à des massacres illimités. Des combattants des YPG YPJ sont présents dans tous les districts d’Afrin et vont continuer le combat. » Il a également prévenu que, « dans tous les secteurs d’Afrin, nos forces vont devenir un cauchemar permanent » pour les soldats turcs et leurs alliés. « Notre guerre contre l’occupation turque (...) est entrée dans une nouvelle étape : nous passons d’une guerre de confrontation directe à une tactique d’attaques éclairs. »

L’incapacité et la lâcheté de l’Union européenne

Depuis le début de l’opération militaire, la Turquie a bénéficié de la mansuétude des puissances internationales et régionales, laissant bien seules les populations de ce canton alors qu’il y avait moyen d’empêcher l’armée turque d’entrer en Syrie. La Russie a laissé les avions d’Erdogan bombarder Afrin et l’armée syrienne n’est pas intervenue malgré la demande des dirigeants civils et militaires du canton. Quant aux États-Unis, ils préfèrent renforcer leurs positions à Manbij, au plus près des puits de pétrole. Ce faisant, les uns et les autres ont laissé se dégarnir le front existant encore dans la vallée de l’Euphrate où demeurent des poches de Daech, combattues par les YPG. Et l’Union européenne (UE), elle, a une fois de plus fait preuve de sa lâcheté et de son incapacité, se bornant à quelques vagues et frileuses déclarations à l’encontre d’Ankara. Seul le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, s’est ému de la situation à Afrin et s’en est ouvert au secrétaire général de l’Otan – dont est membre la Turquie –, rappelant notamment dans une lettre « qu’il n’y a pas de solution militaire pour le conflit en Syrie ».

Censure sur les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux pratiquent la censure contre les Kurdes. Les informations diffusées sur compte Twitter @ICafrinresist sont ainsi inaccessibles sous prétexte qu’elles comporteraient « un contenu potentiellement offensant ». Régulièrement les messages du Conseil démocratique kurde en France (CDKF) sont censurés. Enfin, Facebook vient de fermer, pour trente jours, la page de Sylvie Jan, présidente de l’association France-Kurdistan.

Grand reporter
Syrie. La ville d’Afrin occupée par l’armée turque et les islamistes (L'Humanité, Pierre Barbancey, 19 mars 2018)
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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 19:31
Grève dans la fonction publique le jeudi 22 mars, les rassemblements bretons: ensemble, résistons à la politique de casse des services publics de Macron!
Grève dans la fonction publique le jeudi 22 mars, les rassemblements bretons: ensemble, résistons à la politique de casse des services publics de Macron!
  • Grève dans la fonction publique le 22 mars

L’Intersyndicale fonction publique CFTC, CGC, CGT, FAFP, FO, FSU et Solidaires appelle à la grève et à participer aux manifestations le jeudi 22 mars pour défendre un service public de qualité, l’emploi et le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Dans le secteur de l’éducation, c'est toujours moins de moyens (-33 emplois pour la rentrée 2018 en Bretagne pour le second degré public). Les réformes se succèdent, au collège, au lycée, avec un renoncement aux objectifs de démocratisation, avec une autonomie accrue des chefs d'établissements, avec un bac « local », avec un frein à l’accès de tous à l’enseignement supérieur...

Le temps de la riposte est venu : agissons dans l’unité, faisons converger les luttes déjà engagées (étudiants, lycéens, EHPAD, cheminots...). Tous ensemble, montrons à la population que ce qui se passe dans la Fonction publique et dans l’éducation est alarmant tant les changements envisagés sont profonds et touchent non seulement aux conditions de rémunération et de travail de 20% des salariés, mais aussi au modèle de société. 

Les organisations CFTC, CGC, CGT, FAFP, FO, FSU et Solidaires appellent les agent-es à se mobiliser massivement le 22 mars pour :

  • Une négociation salariale immédiate pour le dégel de la valeur du point d’indice, le rattrapage des pertes subies et l’augmentation du pouvoir d’achat ;

  • L’arrêt des suppressions d’emplois et les créations statutaires dans les nombreux services qui en ont besoin et non un plan destiné à accompagner de nouvelles et massives suppressions ;

  • Un nouveau plan de titularisation des contractuel.le.s, de nouvelles mesures pour combattre la précarité et non pour favoriser son extension comme le préconise le gouvernement ;

  • Des dispositions exigeantes pour faire respecter l’égalité professionnelle ;

  • L’abrogation du jour de carence ;

  • La défense et la pérennisation du système de retraite par répartition et des régimes particuliers ;

  • La défense du statut général des fonctionnaires, et des statuts particuliers, qui permet de répondre aux besoins de la population sur l’ensemble du territoire et qui garantit l’égalité
    entre les usagers.

  • Les appels, lieux et horaires des rassemblements et manifestations en Bretagne 

      Cotes d’Armor    Grève, rassemblements et manifestations à l’appel de CFE-CGC, CGT, FO, FSU et Solidaires

  • Saint-Brieuc, 10h30 parc des Promenades

  • Lannion, 11h devant l’ancien Tribunal

  • Dinan, 11h esplanade de la Résistance

      Finistère          Grève, rassemblements et manifestations à l’appel de CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires et UNSA Territoriaux. 

                                 Les quatre parcours feront étape devant les gares SNCF.

  • QUIMPER 10h30 place de la Résistance

  • BREST 10h30 place de la Liberté

  • MORLAIX 10h30 place de la Otages

  • QUIMPERLE 10h30 place des Écoles

               Ille-et-Vilaine     Grève, rassemblements et manifestations à l’appel de CGT, FSU, FO et Solidaires

 

  • RENNES 10 h 30 esplanade Charles de Gaulle.

  • SAINT MALO 10h30 médiathèque

  • REDON 17h sous-Préfecture

                Morbihan    Grève, rassemblements et manifestations à l’appel de CFTC, CGT, FO, FSU, SOLIDAIRES et UNSA Territoriaux

  • VANNES 10h30 départ Hôpital – Préfecture

  • LORIENT 10h30 départ Maison des syndicats- Sous-préfecture

  • BELLE-ILE 10h30 Le Palais

 

 

 

 

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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 18:14
Le Comité du Tregor des Amies et amis de la Commune - 1871 organise une visite du Château du Taureau où fut enfermé Blanqui le 18 avril 2018
Inscription pour la visite du Château de Taureau le 18 avril et réservation pour le concert du 3 juin à Lannion de la chorale "Peuple et chansons" ouvertes sur le site.
Nombre de places pour la visite : 30 maximum (Tarif = 50 euros).
Nombre de places pour le concert : 300 (PT = 10 euros).
 
Exposition à la Médiathèque ; Les Décrets de la Commune du 3 au 8 avril.
 
 

Blanqui "l'Enfermé", selon le surnom que lui donne son biographe Gustave Geffroy, ami de Monet, critique et théoricien d'art de l'impressionnisme, proche de Jaurès, qui fréquenta assidûment la région de Morlaix (sa biographie de Blanqui date de 1892). 

Blanqui (février 1805- janvier 1881) , théoricien et homme politique socialiste ou communiste (à l'époque, ces concepts sont souvent interchangeables) naît à Puget-Théniers dans les Alpes-Maritimes où son père est sous-préfet. Il fut élevé à Paris dans une institution où enseignait son frère aîné Adolphe (futur économiste libéral).

Etudiant en droit et en médecine, il adhéra en 1824 à la Charbonnerie autrement appelée la société secrète des Carbonari (organisation subversive qui complotait contre la monarchie); il fut blessé en 1827 dans les manifestations d'étudiants au Quartier Latin... 

En 1830, lors des barricades de juillet, il prend le fusil et arbore la cocarde tricolore révolutionnaire contre Charles X. 

Deux ans plus tard, il entra au journal "Le Globe", mais sa vie militante se partagea entre conspirations et emprisonnements... (1832, 1836-1837, condamné à mort en 1840, il fut finalement emprisonné au Mont-Saint-Michel puis à Tours jusqu'en 1844). 

En 1848, après avoir fondé la Société Républicaine Centrale que fréquente Baudelaire. Il prône une"République égalitaire" qui fera "disparaître la dernière forme d'esclavage, le prolétariat". Il s'oppose au gouvernement provisoire bourgeois de la IIe République, réclame l'ajournement des élections qui pourraient donner une majorité au camp réactionnaire en organisant des manifestations en mars et avril 1848.   

Il est de nouveau arrêté et passe dix ans en prison à la citadelle de Belle-Ile...

A la prison de Sainte-Pélagie, en 1861, il reçoit de nombreux jeunes dont Gambetta, Clémenceau. Certains de ses disciples vont l'aider, après son évasion et son exil à Bruxelles, à jeter les bases d'un parti clandestin, véritable armée secrète composée de professionnels de la révolution.  

Après la chute de Napoléon III, il revient à Paris pour créer le journal: "La Patrie en danger". Son organisation révolutionnaire compte en septembre 1870 entre 2000 et 3000 membres et recrute dans tous les milieux, inspirée par la figure charismatique du Vieux.  

Sa filiation: la Révolution Française, le Manifeste des Egaux de Babeuf et Philippe Buonarotti qu'il côtoie. Mais Blanqui se méfie des constructions échafaudées par le socialisme utopique. Si la dictature révolutionnaire qui doit naître de la révolution a pour but ultime d'instaurer le "communisme", celui-ci ne saurait être le produit d'un système conçu d'avance: "Le Communisme est une résultante générale et non un oeuf pondu et couvé dans un coin de l'espace humain par un oiseau à deux pieds". 

Thiers le fait arrêter dans le Lot où il se repose... le 17 mars 1871 à la veille du début de la Commune.

Il était en fuite, pourchassé après sa participation aux émeutes du 30 octobre 1870 à Paris. 

Il est enfermé dans la prison de Cahors, puis au château du Taureau où il occupe une pièce voûtée appelée "salle de discipline".

C'est là que Blanqui rédige L'Eternité par les astres, un essai philosophique sur l'univers et la condition humaine, le seul livre publié de son vivant. 

Blanqui est élu membre du comité d'honneur de la Commune de Paris pendant qu'il est au château du Taureau mais Thiers, chef du gouvernement de Versailles, refuse de le rendre contre 74 otages de la Commune, dont l'archevêque Darboy. 

En 1872, Blanqui est condamné par le Conseil de guerre et enfermé à la centrale de Clairvaux, sa dernière prison, pendant sept ans. Finalement amnistié, il se consacrera jusqu'à sa mort à son journal Ni Dieu, ni maître fondé en 1840. 

Blanqui passera en tout dans sa vie 37 ans en prison. Il sort de prison à 74 ans après avoir été élu député de Bordeaux sous les barreaux, mais le scrutin a été invalidé. 

A sa mort, une foule de plus de 100 000 personnes se présente au père Lachaise.  

 

Extrait de l'Eternité par les astres de Blanqui qui nie la nécessité d'un progrès irréversible et rejoint ainsi, en dépit de l'exotisme de la thèse de la pluralité des mondes, des perspectives très contemporaines sur l'histoire:   

" Et puis, jusqu'ici, le passé nous représentait la barbarie, et l'avenir signifiait progrès, science, bonheur, illusion! Ce passé a vu sur tous nos globes-sosies les plus brillantes civilisations disparaître sans laisser une trace, et elles disparaîtront encore sans en laisser davantage. 

L'avenir reverra sur des milliards de terres les ignorances, les sottises, les cruautés de nos vieux âges! (...).

Ce que nous appelons le progrès est claquemuré sur chaque terre, et s'évanouit avec elle. Toujours et partout, dans le champ terrestre, le même drame, le même décor, la même scène étroite, une humanité bruyante, infatuée de grandeur, se croyant l'univers et vivant dans sa prison comme dans une immensité, pour sombrer bientôt avec le globe qui a porté dans le plus profond dédain, le fardeau de son orgueil.

Même monotonie, même immobilisme dans les astres étrangers. L'univers se répète sans fin et piaffe sur place. L'éternité joue imperturbablement dans l'infini les mêmes représentations".  

Extrait de la défense de Blanqui en Cour d'Assise en 1832:

"Oui, Messieurs, c'est la guerre entre les riches et les pauvres: les riches l'ont voulu ainsi; ils sont en effet les agresseurs. Seulement, ils considèrent comme une action néfaste le fait que les pauvres opposent une résistance; ils diraient volontiers, en parlant du peuple: cet animal est si féroce qu'il se défend quand il est attaqué". 

Autre extrait de l'oeuvre de Blanqui qui prône la voie révolutionnaire et la grève générale par opposition à l'idéal d'une transformation progressive par la voie des coopératives de production: 

"Jamais le capital ne consentira à l'abandon de la moindre parcelle de sa puissance. Moins traitable et moins résigné que les rois absolus, il ne veut pas, il ne peut pas faire des concessions. Il entend ne connaître que la loi de son bon plaisir. 

Désarmer la bourgeoisie, armer le peuple, c'est la première nécessité, le seul gage de salut de la révolution (...)

La grève, malgré ses inconvénients, est le moyen naturel, à la portée de tous, auquel tous participent. La coopération n'est qu'un moyen accessible seulement aux plus instruits, suspects ou indifférents, ou même inconnus de tout le reste. La grève est la seule arme vraiment populaire dans la lutte contre le Capital. Appuyées provisoirement sur la grève comme moyen défensif contre l'oppression du Capital, les masses populaires doivent concentrer tous leurs efforts vers les changements politiques, reconnus seuls capables d'opérer une transformation sociale et la répartition des produits selon la justice.

L'état social étant gangrené, pour passer à un état sain, il faut des remèdes héroïques; le peuple aura besoin, pendant quelques temps, d'un pouvoir révolutionnaire".    

Et encore cet "Avis au peuple, le toast de Londres" (25 février 1851): 

"Le devoir d'un révolutionnaire, c'est la lutte toujours, la lutte quand même, la lutte jusqu'à l'extinction. " Qui a du fer, a du pain" (...) Pour les prolétaires qui se laissent amuser par les promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours" 

 

Sources: 

Article de Bernard Duraud dans le numéro spécial de L'Humanité "1871-2011: Ils étaient les Communards"

Revue de la Bibliothèque du Travail (BT 2), décembre 1973: "Utopistes et précurseurs du communisme"

Le Taureau Forteresse Vauban- Baie de Morlaix - Guillaume Lécuillier, avec les dessins du dessinateur de BD Pellerin (chez Skol Vreizh)

Le Comité du Tregor des Amies et amis de la Commune - 1871 organise une visite du Château du Taureau où fut enfermé Blanqui le 18 avril 2018
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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 17:13
Formation PCF BRETAGNE à Concarneau ce week-end du 17 et 18 mars 2018: ça co-gite bien ensemble pour redresser la barre!
Formation PCF BRETAGNE à Concarneau ce week-end du 17 et 18 mars 2018: ça co-gite bien ensemble pour redresser la barre!
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Formation PCF BRETAGNE à Concarneau ce week-end du 17 et 18 mars 2018: ça co-gite bien ensemble pour redresser la barre!
Formation PCF BRETAGNE à Concarneau ce week-end du 17 et 18 mars 2018: ça co-gite bien ensemble pour redresser la barre!

Quand St Patrick te permet de digérer des heures de formation et d'échanges passionnants sur l'histoire du PCF, sa stratégie et sa visée, sa communication et la bataille des idées avec Guillaume Roubaud-Quashie Yann Le Pollotec Olivier Mayer et 26 camarades des Côtes d'Armor, du Morbihan et du Finistère. De très bons moments à l'auberge de jeunesse de Concarneau, en compagnie des scientifiques du Marinarium spécialisés dans la faune marine, et des chantiers de notre "Rêvolution"! C'était ce samedi 17 et dimanche 18 mars à l'auberge de jeunesse de Concarneau dont l'accueil a été excellent. Quand on a ce niveau d'exigence politique, de réflexion critique sur nos choix et notre histoire passée, l'état de la société, ses possibles, ses contradictions, les moyens de l'humaniser et de réduire les exploitations, cette fraternité dans les échanges, le communisme est toujours la jeunesse du monde même avec 80 décennies de plus que celui que connaissait Paul Vaillant Couturier. Merci aux intervenants, participants, organisateurs de cette belle formation régionale PCF Bretagne!

I. Dupont

Photos Ismaël Dupont et Florence Lelieu

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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 16:47
Amoco Cadiz: ce qu'en disait le PCF en mars 1978 - des documents collector des archives de Jean-Yvon Ollivier !

En cette période de commémoration des 40 ans de la marée noire de l'Amoco Cadiz, merci à notre ami Jean-Yvon Ollivier de nous avoir communiqué ces archives précieuses sur les positions du PCF à l'époque et l'analyse qu'on faisait des causes structurelles, capitalistes, de cette marée noire dont le cinéaste militant communiste finistérien René Vautier allait tirer le chef d'oeuvre de documentaire militant "Marée noire, colère rouge" !   

Le département du Finistère comptait alors plusieurs centaines d'élus communistes et des dizaines de mairies à direction communiste, à Douarnenez, Concarneau, plusieurs ports et communes du Pays Bigouden, Le Relecq Kerhuon, Scaër, le Centre-Finistère autour de Carhaix, Huelgoat, Scrignac, Berrien.

Et la fédération, très forte et organisée, comptait des milliers d'adhérents.   

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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 16:36
18 mars 1871: Début du soulèvement de la Commune de Paris: un gouvernement et un mouvement émancipateur par le Peuple, pour le Peuple!
18 mars 1871: Début du soulèvement de la Commune de Paris: un gouvernement et un mouvement émancipateur par le Peuple, pour le Peuple!

18 mars 1871 : Début du soulèvement de la Commune de Paris
Il y a 147 ans, au printemps de 1871, les quartiers populaires parisiens se soulèvent pour s’engager dans une forme inédite de gouvernement démocratique : la Commune de Paris.
PARIS ASSIÉGÉ, PARIS RÉSISTE
En septembre 1870, la Prusse écrase la France de Napoléon III à Sedan. La République est proclamée, mais la moitié nord de la France est envahie et la capitale est assiégée. Alors que Paris connaît la famine et le froid, le peuple de Paris résiste, combat et s’organise dans la Garde nationale.
Le 18 mars 1871, Paris se rebelle. L’Assemblée nationale, élue en février, est dominée par des notables hostiles à la République. Se méfiant de Paris, qui a voté massivement républicain, elle choisit de s’installer à Versailles. Le gouvernement d’Adolphe Thiers entend mettre fin à la fronde de la capitale et de sa Garde nationale. Le 18 mars, il veut récupérer les canons installés à Montmartre. Il se heurte à la résistance du peuple de Paris. La ville se couvre de barricades. Le soir, le Comité central de la Garde nationale s’installe à l’Hôtel de Ville. La Commune commence! 

 


UN GOUVERNEMENT DU PEUPLE, PAR LE PEUPLE, POUR LE PEUPLE
La Commune a rêvé d’un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple. L’idéal de démocratie directe la porte vers « l’intervention permanente des citoyens dans les affaires communales ».
Les politiques mises en œuvre par la Commune sont diverses : un logement pour tous, constituer une « République démocratique et sociale » en se souciant du respect du travailleur, et de la dignité au travail, octroyer une place aux femmes dans la société, en amorçant notamment leur droit au travail, l’égalité des salaires avec les hommes, et la promotion de l’instruction des filles. La Commune a pour principe absolu la liberté, elle prône l’éducation et la laïcité.
L’expérience est brève et s’achève dans un bain de sang. Mais sa mémoire marque en longue durée la double histoire du mouvement ouvrier et de la République.

18 mars 1871: Début du soulèvement de la Commune de Paris: un gouvernement et un mouvement émancipateur par le Peuple, pour le Peuple!
18 mars 1871: Début du soulèvement de la Commune de Paris: un gouvernement et un mouvement émancipateur par le Peuple, pour le Peuple!
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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 15:45
Biodiversité: le réchauffement menance près d'une espèce sur deux dans les écosystèmes remarquables (L'Humanité, 15 mars 2018)
Biodiversité. Le réchauffement menace près d’une espèce sur deux dans les écosystèmes remarquables
MARIE-NOËLLE BERTRAND
JEUDI, 15 MARS, 2018
HUMANITE.FR

Selon une étude portant sur 35 régions emblématiques de par leur biodiversité, un réchauffement global de 4,5°C conduirait à voir disparaître localement jusqu’à 48% des espèces. Les plantes et les amphibiens sont les plus menacées.

Le réchauffement climatique ne fera pas de quartier aux écosystèmes les plus singuliers de la planète. C’est le résultat inquiétant de la recherche réalisée par le WWF et le Tyndall Centre for Climate Change de l’Université d’East Anglia, en Grande Bretagne, et publiée ce 14 mars dans la revue scientifique Climatic Change.

Selon les projections réalisées dans 35 régions du monde, sélectionnées pour leur biodiversité emblématique, un réchauffement global de 4,5°C, soit celui vers lequel nous nous dirigeons si rien n’est entrepris, pourrait conduire à voir disparaître localement jusqu’à 48% des espèces vivant dans ces zones. Même limité à 2°C, comme le préconise l’Accord de Paris sur le climat conclue en 2015, le réchauffement global pourrait engendrer une perte de 25% de ces espèces.

69% à des espèces de plantes d’Amazonie Guyane courent le risque de disparaitre localement dans le cas d’un réchauffement global de 4,5°C

Entre ces deux scénarios – le pire et le moins pire -, chercheurs et écologistes ont étudié une multitude de cas de figures. Tous confirment des perspectives maintes fois exposées scientifiquement : plus le réchauffement sera rapide et conséquent, plus le nombre d’espèces impactées sera important. Les moins mobiles et les plus lentes – à savoir les plantes, les amphibiens et les reptiles - s’éteindront les premières, dans une proportion qui dépendra aussi de notre capacité à ne pas en rajouter avec, par exemple, de la déforestation.

Partout, des températures saisonnières à la hausse

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont étudié 35 « Ecorégions prioritaires », ciblées par le WWF pour leur richesse variétale, le nombre d’espèces en voie de disparitions qu’elles abritent ou encore celles qui leur sont endémiques (que l’on ne trouve nulle part ailleurs). Parmi ces écorégions, on retiendra pêle-mêle l’Australie, l’Amazonie, l’Est de l’Himalaya, les Galápagos ou encore le bassin du Yang-Tsé-Kiang.

S’appuyant sur les niveaux de réchauffement global envisagés selon l’importance des actions menées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ils ont ensuite modélisé les conditions climatiques futures spécifiques à chacune de ces régions. « Dans un grand nombre d’Ecorégions prioritaires, il est prévu que les températures saisonnières moyennes dépassent celles qui n’avaient été préalablement observées qu’à l’occasion des années les plus chaudes des cinquante dernières années », relate la synthèse de l’étude réalisée par le WWF. Dans certains cas, ces coups de chaud pourraient se produire « dès 2030 », avec à la clé, une pluviométrie plus faible et des épisodes de sécheresses plus longs.

A Madagascar, la température a déjà augmenté de 0,4°C depuis 1961. A +2°C, 31% des espèces d’amphibiens pourraient disparaitre localement.

Des bouleversements, rappellent les chercheurs, surviendront même si la hausse des températures moyennes à l’échelle mondiale est contenue à 2°C d’ici la fin du siècle, soit l’engagement minimal qu’ont pris les Etats dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat (l’ambition forte étant de limiter le réchauffement à 1,5°C). L’intensité du branle-bas météorologique, en revanche, empirera pour chaque degré en plus qui n’aura pas pu être empêché.

Ainsi, si le réchauffement mondial atteint en moyenne 3,2°C à l’horizon 2080 - soit la température envisagée si les Etats se contentent des promesses d’actions actuellement mises sur la table (et les tiennent) -, 28% des espèces d’oiseaux de Madagascar courent, localement, un risque d’extinction. Si la hausse est au contraire limitée à 2°C, ce risque est divisé par deux, tombant à 14%. Si, au contraire, résolument rien n’est entrepris et que les températures grimpent en moyenne de 4,5°C, ce sont 40% des espèces d’oiseaux de l’île qui courent un grave danger.

La capacité à fuir, déterminante mais inégale

Encore est-ce là les perspectives les moins douloureuses, soit celles qui envisagent que les espèces disposeront d’une capacité de dispersion. Autrement dit, d’une possibilité de migrer vers d’autres zones moins hostiles et de s’y acclimater, le tout dans un laps de temps relativement rapide.

Or, cette capacité à fuir face au réchauffement est loin d’être garantie dans tous les cas de figures. « Ces déplacements se heurtent à d’importantes difficultés », relève ainsi l’étude. Des obstacles naturels, telles que les chaînes montagneuses, peuvent l’empêcher. L’artificialisation des habitats, surtout, peut freiner le cheminement. « L’habitat adapté vers lequel se déplacer peut ne pas exister, avoir déjà été converti en terres agricoles ou faire l’objet d’une autre forme d’utilisation des terres qui s’avère incompatible avec la survie d’une espèce donnée. » En d’autres termes avoir été bétonné, déboisé ou pollué d’une quelconque façon. Et là encore, cela change tout : « En l’absence de possibilité de dispersion, la part d’espèces exposées à une extinction au niveau local progresse de 20 % à près de 25 % » dans le cadre d’un réchauffement de 2°C. Le pire des scénarii, celui qui conjuguera une absence de dispersion et une hausse de 4,5°C, voit ce chiffre bondir jusqu’à 50 %.

Si les Etats se contentent de limiter la hausse des températures globales à 3,2°C, 55% des espèces de plantes et 43% des espèces d’amphibiens courent le risquent de disparaitre de la Méditerranée.

Toutes les espèces, en outre, n’ont, intrinsèquement, pas les mêmes capacités à se sauver. Anthropique, c'est-à-dire induit par l’activité humaine, le réchauffement auquel nous assistons se produit dans un délai bien plus court que les précédents bouleversements géologiques. De fait, plantes et animaux disposent, pour migrer, d’un temps bien plus limité que par le passé. Sans surprises, ce sont donc les espèces les plus « lentes », celles dépendant du vent pour se disséminer ou dont les aptitudes physiques n’offrent pas la possibilité de se mouvoir sur des distances très longues, qui ont le plus de risques de disparaître. Dans ces courses, les grands perdants sont, dans l’ordre d’arrivée, les reptiles, les plantes et les amphibiens. L’exemple de la région Amazonie Guyane est en ce sens éloquent. Dans le cas d’un réchauffement à 2°C avec possibilité de dispersion, 0% des espèces de mammifères et d’oiseaux courent, localement, un risque d’extinction. Ce taux monte à 35% pour les reptiles, à 43% pour les plantes et à 47% pour les amphibiens.

Chef de rubrique Planète
Biodiversité: le réchauffement menance près d'une espèce sur deux dans les écosystèmes remarquables (L'Humanité, 15 mars 2018)
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